ATTI DELLA SOCIETÀ LIGURE DI STORIA PATRIA Nuova Serie - Vol. XVIII (XCII) - Fase. II MICHEL BALARD Maître de conférences à l’Université de Reims LA ROMANIE GÉNOISE (Xir - DÉBUT DU XV" SIÈCLE) II GENOVA — MCMLXX Vili NELLA SEDE DELLA SOCIETÀ LIGURE DI STORIA PATRIA VIA ALBARO, 11 LA ROMANIE GÉNOISE (Xir - début du XV' siècle) II - . TROISIÈME PARTIE L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE TIPOLITOGRAFIA FERRARIS - VIA OBERDAN - ALESSANDRIA « (Les Génois) ne chassèrent pas seulement les Romains des routes et du commerce de la mer, mais ils éclipsèrent aussi les Vénitiens en fortune et en marchandises ». (G. Paciiymère, éd. de Bonn, t. I, p. 419). « Ils décidèrent de dominer sur mer, sans permettre aux Byzantins d’y naviguer, comme si cette mer leur appartenait seuls ». (J. Cantacuzène, éd. de Bonn, t. III, p. 69). « Ils rêvaient de s’emparer de l’hégémonie sur toute la mer ». (N. Grégoras, éd. de Bonn, t. III, p. 194). Le jugement est unanime. Les trois chroniqueurs byzantins constatent avec amertume le prodigieux enrichissement de ceux qu’ils abhorraient et dont ils voyaient se manifester l’arrogance triomphante, au détriment de leurs compatriotes et même des Vénitiens. Il importe de comprendre comment les Génois ont pu exploiter les ressources de l’empire et des régions voisines, à partir de leurs trois grands comptoirs d’Orient, promus au rang de grands emporia du commerce international; comment aussi ils sont devenus les intermédiaires obligés entre des régions aux ressources complémentaires et ont tiré de cette fonction d’énormes bénéfices; comment enfin ils ont détourné à leur profit des courants commerciaux qui faisaient avant le XIIIe siècle la richesse de Byzance et, ce faisant, ont contribué à vider le grand corps de l’empire de sa substance. Car l’exploitation génoise de la Romanie, si profitable pour l’essor de la Superbe et, dans une moindre mesure, pour toute la vie d’échanges dans l’Occident médiéval, est un aspect non négligeable du déclin de Byzance, obligée de compter sur des « alliés » occidentaux qui ne servent que leurs intérêts propres. La mise en oeuvre d’une politique exclusivement mercantile dans l’Orient byzantin suppose que les Génois ont pu réunir un certain nombre de conditions favorables: avoir des hommes et des capitaux, utiliser des techniques et une pratique commerciales éprouvées, disposer enfin des moyens de navigation appropriés. Des hommes, car en dehors des besoins de l’émigration qui fournit aux comptoirs orientaux une partie de leur peuplement, la régularité des échanges requiert des agents de la vie commerciale fort nombreux: hommes d’afïaires audacieux, facteurs suppléant un marchand resté en métropole, marins constituant les équipages des galères et nefs de Romanie. Quoique densément peuplée, Gênes, à elle seule, n’aurait pu pourvoir à tous ces besoins; mais la ville commande, plus ou moins directement, une vaste région, les Riviere ligures, de Monaco au cap Corvo et de la mer aux crêtes de l’Apennin; ce large contado participe à l’exploitation de la Romanie génoise. 502 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Des capitaux considérables sont aussi nécessaires. Lorsque s ouvrent aux Génois les routes de Constantinople, nos marchands ont déjà accumulé une fortune mobilière grâce au commerce du Levant (Syrie-Palestine, Alexandrie) et de Berbérie. Les capitaux disponibles s’investissent aisement dans le commerce romaniote qui laisse espérer des profits au moins aussi grands à 1 aristocratie marchande. Celle-ci entraîne à son tour ses agents qui, tout en continuant à servir leurs maîtres, investissent pour leur propre compte les bénéfices qu’ils ont obtenus. Cette dynamique financière touche aussi des couches plus humbles de la société: des marins, des artisans, des paysans déracinés apportent quelques sous à ceux que tente l’aventure orientale. Comme dans le commerce du Levant, les bénéfices obtenus au retour de Constantinople et des régions pontiques sont aussitôt réinvestis dans de nouveaux voyages. Tout cela suppose une pratique et des techniques commerciales bien au point. La pratique, les Génois l’ont acquise sur les côtes syro-palestiniennes dès la première croisade; l’expérience des marchés levantins est essentielle et, en Romanie, l’objectif est le même: obtenir un quartier privilégié, une exemption des droits de douane, permettant un développement sans entrave des affaires. Les techniques, elles, s’adaptent aux nécessités du moment. Avec le concours des notaires, intermédiaires si méconnus des transactions commerciales, les hommes d’affaires choisissent les conventions les mieux appropriées à leurs besoins; on voit ainsi évoluer l’usage des divers types de contrats, certains tombent en désuétude, d’autres connaissent une faveur constante, d autres enfin naissent tardivement mais sont promis à un brillant essor. L i_tude de ces techniques commerciales et de leur évolution nous retiendra longuement. Enfin, les hommes et les capitaux ne serviraient à rien, si nos hommes d’affaires, qui sont aussi bien armateurs que marchands, ne pouvaient disposer de moyens de navigation perfectionnés. Ces navires, ce sont d abord ceux que le commerce du Levant a rendus nécessaires pour le transport des croises, des pèlerins et des fournitures requises par les Francs de Syrie. Les commandes de Philippe-Auguste puis de Louis IX ont stimulé la construction navale et accru la capacité des moyens de transport. Lorsqu’en 1261 les Génois reprennent les routes de la Romanie, ils disposent d un outil satisfaisant qu’ils améliorent sans cesse; aussi à la fin du XIVe siècle, ont-ils les plus gros tonnages utilisés en Méditerranée et sur la route des Flandres: coques et galères répondent à des besoins spécifiques de transport et se complètent. Ces conditions réunies, le commerce romaniote de Gênes peut se développer, non sans subir les à-coups de la conjoncture; il s’ordonne autour des trois grands comptoirs que rattachent à l’Occident des routes directes vers l’Angleterre et les Flandres ou indirectes par Gênes, mais qui sont liés aussi L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 503 à un vaste arrière-pays continental et maritime, à la fois client et fournisseur des établissements génois. Aussi serait-il faux de réduire les relations économiques de Gênes avec l’Orient byzantin au seul grand commerce Orient-Occident, comme il serait erroné d’examiner ce dernier sans parler de la redistribution en Italie et dans les pays d’Outre-Mont des produits orientaux. Ainsi se forme une vaste unité économique étendue de l’Angleterre et des Flandres au lointain Cathay. S’il ne peut être question, dans le cadre de cette étude, de suivre les Génois de PEcluse à Khanbalig, au moins faut-il tenir compte de l’extension continentale et maritime du réseau d'affaires, dans lequel s’insèrent les échanges entre Gênes, la Romanie et la mer Noire. CHAPITRE Vili LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE A Gênes, l’essor des activités commerciales a connu trois phases successives. Au cours d’une première période, qui s’achève vers 1160, la participation au commerce est limitée à la noblesse foncière dont les revenus viennent de la vente de produits agricoles et de la collecte des péages et de taxes diverses: les vieilles familles vicomtales — della Volta, Burone, Mallone, Usodimare, Vento — dominent le commerce oriental et sont assistées par des agents qui, grâce aux profits acquis par le négoce, forment peu à peu une classe marchande A la fin du XIIe siècle, le monopole des cinq grandes familles tombe et les petits marchands accroissent leur participation au commerce méditerranéen, en même temps qu’apparaissent dans les contrats commerciaux beaucoup de gens qui ne sont pas des marchands professionnels, mais qui désirent risquer quelques économies dans le négoce 2. Le commerce d’Ou-tre-Mer est alors largement ouvert et le reste tant que dure « la révolution commerciale » qui assure à tous les investisseurs, grands et petits, de substantiels bénéfices 3. Au cours du XIV1- siècle, l’élan s’essouffle, l’aristocratie marchande se sédentarise, des facteurs établis à demeure la représentent sur les marchés éloignés et, les marges de profit se réduisant, les petites gens sont progressivement écartés des activités commerciales, qui sont désormais le fait de marchands professionnels. Ce schéma classique s’applique-t-il au commerce romaniote? Quels sont les agents des échanges entre Gênes et l’empire byzantin? I - Au xiic srÈCLE Le groupe des marchands intéressés par le trafic avec la Romanie au XIIe siècle reste très mal connu. Les minutes notariales, peu nombreuses, 1 E. II. Byrnc, Genocse trade, op. cit., pp. 191-219; H. C. Krueger, Genoese Mer-chants, their partnerships and investments, 1155 to 1164, dans Studi in onore di A. Sapori, t. I, Milan, 1957, pp. 257-272. 2 II. C. Krueger, Genoese merchants, their associations and investments, 1155 to 1230, dans Studi in onore di A. Fanjani, t. I, Milan, 1962, pp. 415-426. 3 R. S. Lopez, La révolution commerciale dans l’Europe médiévale, Paris, 1974, pp. 136-137. 506 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE donnent un échantillon limité. Plus intéressantes sont les listes confiées par la Commune à son ambassadeur Grimaldi en 1174: elles comportent les noms des marchands lésés lors du pillage de Yembolos de S. Cruce en 1162 et de celui de Coparion, quelques années plus tard. Retenons la première liste plus longue et plus détaillée4. On y remarque d’abord que les membres de trois familles de l’aristocratie féodale et marchande — della Volta, Mallone et Usodimare — ont investi à eux seuls 3.472 hyperpères, soit 118 0/o du total des pertes subies par les Génois 5. Beaucoup d’hommes d’affaires, tenant le haut du pavé à Gênes, ont délégué à Constantinople des facteurs souvent originaires de leur propre famille: fils et neveux représentent les intérêts de leur père ou de leurs oncles, en même temps qu’ils font leur apprentissage des affaires. D’autre part, rares sont les marchands venus d’autres villes que Gênes, et même des Riviere ligures6: le commerce romaniote est une activité de citadins, marchands professionnels, auxquels s’ajoutent quelques artisans, tentés par l’aventure fructueuse du négoce. Le cercle des marchands itinérants, au nombre de 74 selon la Ratio remise à l’ambassadeur Grimaldi7, ne s’est guère ouvert aux non-Génois. Le commerce romaniote est encore limité aux membres de la noblesse vicomtale et à un groupe social en formation, celui des marchands professionnels. II - De 1261 À 1408 Lorsqu’en 1261 reprennent les relations économiques entre Gênes et l’Orient byzantin, les conditions sociales de l’activité commerciale ont bien changé. A côté de l’élite de la fortune et, dans sa dépendance, se sont fait une place les petits marchands qui réussissent souvent à s’élever dans l'échelle sociale, en devenant eux-mêmes investisseurs et non plus seulement facteurs des grands. La révolution commerciale, alors à son apogée, attire en ville 4 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 389-397. 5 Sur le rôle économique des grands lignages à Gênes, cf. D. 0. Hugues, Vrban growth and Family Structure in Medieval Genoa, dans Past and Present, n° 66, février 1975, pp. 16-17; J. Heers, Le clan familial, op. cit., pp. 101-104, et 234-236. 6 Un Milanais et un Novarais (G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 395), sont une exception, de même peut-être que Ribaldo di Saraphia et Blancardo, longtemps tenus pour des Juifs Orientaux et qui semblent bien être originaires du Sud de la France (cf. V. Slessarev, I cosidetti Orientali nella Genova del Medioevo, dans ASLI, n.s., t. VII, fase. I, pp. 39-85). 7 Le calcul a été fait par V. Slessarev, The pound-value, op. cit., d’après les manuscrits du fonds de l’ASG. Materie Politiche, mazzo 1-2720, qui donnent une liste plus complète et meilleure que l’édition de Bertolotto. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 507 des hommes originaires des bourgades ligures et séduits par l’attrait de 1 Outre-Mer. Leur participation au commerce oriental précède souvent une émigration plus ou moins définitive. En outre des marchands non-professionnels, nombreux mais pourvus de faibles capitaux, se joignent aux professionnels du négoce. al L’origine géographique des agents du commerce oriental. Comme les minutes notariales instrumentées en Orient indiquent la provenance des migrants, les contrats commerciaux rédigés à Gênes précisent d’où viennent les socii stantes ou bailleurs de fonds et les socii procertantes, preneurs ou marchands itinérants8. Aussi pour déterminer l’origine géographique des investisseurs et des marchands avons-nous soumis à un traitement automatique plus de 3.500 actes commerciaux concernant la Romanie. Chaque bourgade ligure ou étrangère à la Ligurie a été codifiée, et les résultats ont été regroupés par zones géographiques larges: Gênes, les Riviere du Ponent et du Levant, l’Apennin ligure, l’Italie padane, l’Italie péninsulaire, l’Outre-Mont et les autres régions étrangères à l’Italie. 1 - Les investisseurs. Les bailleurs de fonds qui financent le commerce romaniote se répartissent comme suit: 19 - L’origine géographique des bailleurs de fonds Zones Nombre Capitaux °/o % de Moyenne géographiques d’actes d’actes capitaux par acte (en livres) Gênes et périphérie immédiate 2.474 708.344 70,17 85,36 286 Riviera du Levant 324 33.910 9,19 4,09 105 Riviera du Ponent 163 15.374 4,62 1,85 94 Apennin ligure 287 22.540 8,14 2,72 79 Italie padane 76 7.163 2,16 0,86 94 Italie péninsulaire (centre et sud) 34 10.973 0,96 1,32 323 Outre-Mont 4 101 0,11 0,01 25 Mors d'Italie 20 8.387 0,57 1,01 419 Indéterminés 144 23.039 4,08 2,78 160 Total 3.526 829.831 100,00 100,00 235 s Les principes d’identification sont semblables à ceux qui ont été définis ci-dessus, pp. 230. Il subsiste cependant quelque doute d'une part en ce qui concerne des toponymes 508 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE la ROMANIE L’écrasante prépondérance génoise est manifeste: plus des deux tiers des contrats commerciaux intéressant la Romanie sont passés par des gens qui se disent cives lanuae et qui, même s’ils sont des citadins de fraîche date, ne précisent pas leur lieu d’origine antérieur à leur venue en ville. Plus remarquable encore est le fait que ces Génois de souche ou d’adoption apportent plus de 85 % des sommes investies dans le commerce romaniote. Celui-ci est donc avant tout un fait urbain; les hommes d’affaires, les artisans, les petites gens qui suivent presque quotidiennement le mouvement des bateaux, qui constatent les bénéfices que procure la « marchandise » et le rapide enrichissement de ceux qui s’y adonnent, sont les premiers à investir une part de leur fortune mobilière ou leurs maigres économies dans le commerce oriental. La soif de l’or gagne d’abord ceux qui le voient ou qui imaginent le voir dans les cales des navires ou dans les volte des marchands. On aurait pu attendre une participation plus grande des gens des Riviere et de l’Apennin au financement du commerce oriental: la grande métropole ligure aurait pu drainer vers son port les surplus des revenus agricoles et les capitaux disponibles dans le contado qu’elle domine. De fait, 22 % des contrats sont passés par des Ligures, plus d’ailleurs par les villageois du Levant et de l’Apennin que par ceux du Ponent. Pour ces derniers, peut-être, intervient la concurrence de Savone, dont l’importance est encore loin d’être claire9. Mais, au total, les fonds venus du contado ne dépassent pas 2,5 % des sommes investies dans le commerce romaniote. Les gens des Riviere et de l’Apennin viennent, relativement nombreux, à Gênes mais avec des capitaux très faibles, les plus modestes de tous ceux qui s’investissent en Orient. Au XIVe siècle, surtout, les revenus fonciers de la Ligurie, où la nature est peu propice à l’essor de l’agriculture, laissent peu d’excédents disponibles pour des activités extérieures au monde rural. Les Ligures de la côte et de l’intérieur n’apportent bien souvent que la force de leurs bras, lorsqu’ils quittent leur bourgade d’origine pour gagner Gênes. Les cartes n° 20 et 21 permettent de voir plus précisément l’origine des investisseurs ligures et le montant des capitaux qu’ils fournissent. Les bail- non-identifiés (4 % environ du total), d’autre part au sujet de toponymes qui au cours du XIVe siècle se transforment en noms de famille et parfois même en noms de clan su-prafamilial ou albergo (cf. J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 564-566; Idem, Le clan familial, op. cit., pp. 93-94). Les principales incertitudes viennent des de Savignone, des de Promontorio et des de Moneglia. 9 I. Scovazzi, F. Noberasco, Storia di Savona, 3 vol., Savone, 1926-1928; N. Cerisola, Il porto di Savona, Savone, 1968, pp. 28-29 et 40-43; cf. également J. Heers, Gênes au XV* siècle, op. cit., pp. 136, 139, 353. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 509 20 - L’origine géographique des bailleurs de fonds 510 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 511 leurs de fonds s égaillent de Vintimille à Portovenere mais les bataillons les plus denses se trouvent aux portes de Gênes: Savone, Varazze, Arenzano, Vol-tri, Pegli sur la Riviera du Ponent et pratiquement, toutes les bourgades littorales jusqu à Moneglia, sur la Riviera du Levant. Les capitaux ne sont pas exactement proportionnels au nombre d’hommes: les Savonais, les gens de Cogorno et de Moneglia se distinguent par l’ampleur relative des sommes investies. Dans 1 intérieur, si Ion met à part Savignone et Promontorio10, les bailleurs de fonds viennent de quelques bourgades installées au coeur de vallées descendant vers Gênes — Bobbio, Rovegno, Voltaggio — ou sur les grands axes fluviaux traversant l’Apennin, comme le Val Trebbia, le Val di Taro, la Magra ou la Vara. Les hommes et les capitaux suivent les routes maritimes littorales ou les voies terrestres de l’Apennin. Parmi les investisseurs, la faiblesse numérique des non-Ligures est tout aussi surprenante: ces derniers n interviennent que dans 3,8 ®/o des contrats et n apportent que 3,2 °o des capitaux. L’Italie padane envoie quelques marchands d Asti, de Parme, de Plaisance, de Còme, de Bergame, de Crémone, de Milan, de Reggio d Emilie, de Casale Monferrato et de Pavie, c’est-à-dire les principales villes qui entretiennent avec Gênes des relations commerciales suivies, grâce aux routes qui traversent l’Apennin. Les représentants de l’Italie centrale et méridionale sont encore moins nombreux: quelques Pisans, Florentins, quelques habitants de Pistoia, de Cecina, de Cortona et de Salerne, ce sont là des investisseurs tout à fait secondaires que rejoignent à l’occasion quelques Catalans, Corses et Provençaux. Quoique le montant moyen de l’investissement soit plus élevé quand le bailleur de fonds vient de régions éloignées, l’apport financier des non-Ligures au commerce romaniote n'en reste pas moins dans l’ensemble négligeable; comme l’émigration outre-mer, le financement des activités commerciales en Orient reste un fait « national »; sont incités à y participer non les gens de passage, mais les Génois qui peuvent plus sûrement que d’autres contrôler leurs placements et en recueillir les fruits, qu’ils réinvestissent à la première occasion. 2 - Les marchands itinérants. Les facteurs temporaires des hommes d’affaires ont des origines plus variées encore que leurs mandants. Voici leur répartition par grandes zones géographiques: 10 Cf. supra note 8. 512 l’exploitation ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 22 - L’ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES PRENEURS DE FONDS Zones Nombre % % de Moyenne géographiques d’actes Capitaux d’actes capitaux par acte (en livres) Gênes et périphérie immédiate 2.278 707.631 64,61 85,27 311 Riviera du Levant 331 25.934 9,39 3,13 78 Riviera du Ponent 375 21.770 10,64 2,62 58 Apennin ligure 216 21.403 6,13 2,58 99 Italie padane 111 10.659 3,15 1,28 96 Italie péninsulaire (centre et sud) 22 3.801 0,62 0,46 173 Outre-Mont 2 17 0,05 0,00 8 Hors d’Italie 41 2.383 1,16 0,29 58 Indéterminés 150 36.233 4,25 4,37 242 Total 3.526 829.831 100,00 100,00 235 Parmi les marchands itinérants, les Génois d’origine sont un peu moins nombreux que parmi les bailleurs de fonds; ils interviennent néanmoins dans près des deux tiers des contrats commerciaux et surtout font fructifier en Romanie 85 % des capitaux investis. Tout se passe comme si les hommes d affaires cherchaient leurs facteurs et mandataires de préférence parmi les citadins de vieille souche, parmi ceux qui inspirent confiance. La bonne marche des affaires veut qu’on en laisse le soin à des proches ou tout au moins a des hommes connus sur la place de Gênes et dont on pourra aisément contrôler la conduite; hier, comme aujourd’hui, les familles solidement enracinées jouissent d’une honorabilité sans laquelle les conventions écrites les plus méticuleuses paraissent être chiffons de papier pour l’homme d’affaires génois. Aussi confie-t-on à ceux que l’on connaît les sommes les plus fortes: la moyenne par contrat est de 311 livres, alors que la moyenne générale nest que de 235 livres. Le commerce romaniote attire vers Gênes davantage de marchands itinérants venus des Riviere et de l’Apennin que d’investisseurs originaires de ces régions. Les Ligures prêtent leur concours à 26 % des transactions commerciales, mais n’emportent en Romanie qu’un peu plus de 8 % des capitaux investis. Ils proviennent davantage des bourgades littorales que de l’intérieur, de la Riviera du Ponent que de celle du Levant. Presque tous les villages côtiers de quelque importance ont envoyé à Gênes des candidats au voyage; LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 513 23 - L’origine géographique des preneurs de fonds 514 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 24 - Sommes emportées par les marchands ligures en Romanie LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 515 a 1 exception de San Remo et de Finale, ce sont surtout, ici encore, les bourgs proches de Gênes qui l’emportent par le nombre de leurs représentants: Arenano, Voltri, Pegli à l’ouest, Quarto, Sori, Recco, Camogli, Rapallo et Chiavari à l’est. Dans l’intérieur se signalent encore les gens de Bobbio, de Varese, du Val Trebbia, du Val di Taro et, accessoirement, ceux de Gavi. L’importance des capitaux reçus n est pas toujours proportionnelle au nombre des hommes: malgré un effectif réduit, les marchands itinérants de Savone, de Cogorno, de Moneglia et de Levanto emportent en Orient des capitaux fort élevés. Les non-Ligures interviennent comme preneurs dans 5 % des contrats mais ne réunissent que 2 0 o des fonds investis. Ce sont ici les plus proches de Gênes qui l’emportent: Astesans, Pisans, Milanais, gens de Casale Monferrato, de Crémone, de Fossano, de Ceva, de Pavie, de Plaisance, de Reggio, alors que les Toscans (Florence, San Gimignano, Sienne) ont un rôle très médiocre. Il en est de même pour les gens d’Outremont: leurs affaires s’arrêtent à Gênes même et ne les conduisent pas au-delà. Le port ligure est ainsi à la jonction de deux courants commerciaux tout à fait distincts, l’un qui mène vers 1 Orient et que dominent les hommes d’affaires d’origine presque exclusivement ligure, 1 autre qui conduit vers les pays d’Outremont par les passes des Alpes, la vallee du Rhône ou le détroit de Gibraltar et où Flamands et Français disputent aux Génois la prééminence, au moins jusqu’au début du XIVe siècle I ant du cole des bailleurs que des marchands itinérants, le commerce romaniote est donc solidement aux mains des Génois et des Ligures. Il reste peut-être à se demander si le milieu physique crée des solidarités économiques, si par exemple un Génois engage ses fonds de préférence auprès d’un Génois, si un habitant de Varazze ou d’Arenzano choisit comme mandataire un concitoyen. Dans 55 % des contrats commerciaux, bailleurs de fonds et preneurs ont même origine. Cette identité varie néanmoins selon les zones géographiques considérées: 11 Sur la présence des Ultramontains à Gènes aux XIIIe et XIVe siècles, cf. R. Dœ-haerd, Les relations commerciales entre Gênes, la Belgique et l’Outremont, d’après les Archives notariales génoises aux XIIIe et XIV' siècles, 3 vol., Bruxellcs-Rome, 1941, t. I, pp. 149-186. A la fin du XIIIe siècle, le groupe des marchands ultramontains s'efface et l’initiative des opérations commerciales vers l’Outremont passe aux hommes d’affaires génois: cf. L. Li agre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I. pp. XLIVXLV. 516 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 25 - Origine géographique commune des bailleurs et preneurs de fonds Zones géographiques Nombre d’actes Capitaux % d’actes % de capitaux (par rapport au tableau des bailleurs) Moyenne par acte (en livres) Gênes et périphérie 83,35 359 immédiate 1.644 590.415 66,45 Riviera du Levant 93 11.503 28.70 33,92 124 Riviera du Ponent 87 6.861 53,37 44,62 79 Apennin ligure 65 6.333 22,65 28,10 97 Italie padane 11 919 14,47 12,83 Italie péninsulaire 11,39 1.250 (centre et sud) 1 1.250 2,94 Outre-Mont --- --- --- --- Hors d’Italie 4 363 20,00 4,33 91 Indéterminés 24 9.610 16,67 41,71 400 Les liens d’affaires sont donc très étroits entre Génois et Ligures du Ponent, moyens entre gens de l’Apennin et de la Riviera du Levant et tres mediocres entre non-Ligures. Les solidarités économiques naissent des relations de voisinage et sont naturellement très fortes en milieu urbain, ou beaucoup de gens participent à l’activité commerciale. b/ L’origine professionnelle des agents du commerce orienta!. Dans les contrats commerciaux, il arrive fréquemment aux clients du notaire d’indiquer à quel corps de métier ils appartiennent. L étude de ces don nées par l’informatique permet de préciser quelle part prennent les artisans à l’activité commerciale. 1 - Les bailleurs de fonds. Parmi les investisseurs, les deux tiers (67,95 %) ne mentionnent pas leur appartenance à un « art »; cela ne signifie pas nécessairement qu’ils soient des professionnels du négoce, mais on peut admettre que beaucoup parmi eux ont fait de la « marchandise » leur activité principale. Ce groupe apporte en effet aux marchands itinérants 91,29 % des capitaux investis dans le commerce oriental. Il comprend tous les hommes d’affaires de haut rang, membres des alberghi génois en formation, les armateurs, les possesseurs de LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 517 parts de la dette publique, les participants des compere ou des mahones, les titulaires de charges gouvernementales. Il faut mettre à part également le cas des femmes qui interviennent dans 202 contrats commerciaux (5,8 0/o des actes) et apportent 3,1 % des sommes investies. Elles agissent soit au nom d’un mari absent de Gênes, soit en tant que veuves et tutrices d’enfants mineurs dont elles entendent faire fructifier 1 héritage, soit encore, mais plus rarement, à titre individuel. Elles disposent, pour ce faire, d’une grande liberté, car l’obligation qui leur est faite d être assistées par des consiliatores qui sont des voisins ou des proches, n est guère contraignante pour des veuves ou des femmes seules, alors que 1 autorisation du conjoint, accordée sous forme de procuration, est requise pour les femmes qui investissent une part de la fortune mobilière familiale l2. Quelques hommes d’Eglise, chanoines, prêtres diocésains, religieux du monastère du Saint-Sépulcre à Sampierdarena et surtout l’archevêque de Gênes lui-même, frère Porcheto, n’hésitent pas à confier des sommes plus ou moins importantes à des facteurs; entre 1313 et 1315, l’archevêque place en sept contrats 1746 livres dans le commerce oriental13. La part des clercs dans les investissements reste cependant modique: avec onze contrats (0,32 % des actes) ils n’apportent que 0,22 % des capitaux. En dehors des marchands professionnels, des femmes et des clercs, la participation des gens de métier au financement du commerce romaniote s’établit comme suit M: Sur le rôle économique de la femme à Gênes, cf. en dehors de l’ouvrage général de M. Bcllomo, Ricerche sui rapporti patrimoniali tra coniugi - Contributo alla storia della jainiglia medievale, Milan, 1961, et de l'article ancien de G. Salvioli, La condizione giuridica delle donne a Genova nel secolo XI, dans Riv. di stor. e filos. del diritto, t. I, 1897, pp. 198-206, l'artidc de G. Forcheri, I rapporti patrimoniali fra coniugi a Genova nel secolo XII, dans Bollettino ligustico, 1970, pp. 3-20, celui de D. Hugues, Urban Growth, op. cit., pp. 1415 et l'étude de G. Jehel, Le ròte des femmes, op. cit., qui, à partir d'un échantillon d’actes notariés malheureusement trop limité, conclut que les femmes participent à environ un cinquième des contrats de commande instrumentés à Gênes dans la première moitié du XIIIe siècle. IJ ASG. Not. cart. n° 211, ff. 4v-5r, 8v, 83r, 91 v, 107v. 14 L’cxprc-Mon gens de métier est comprise ici au sens large, puisqu’elle inclut aussi bien les artisans que les banquiers et notaires. Nous n’avons retenu que les professions dont les membres investissent plus de 100 livres ou interviennent au moins dans cinq contrats. Mais vingt huit autres corps de métiers sont signalés parmi les bailleurs de fonds. 518 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 26 - L’origine professionnelle des agents du commerce oriental a - Les bailleurs de fonds Professions Nombre d’actes Capitaux u/o d’actes % de capitaux Moyenne par acte (en livres) Dra perii 126 11.862 3,62 1,44 94 Bancherii 23 8.545 0,66 1,03 371 Notarii 38 6.235 1,09 0,75 164 Iudices 26 3.112 0,75 0,38 119 Spatarii 27 1.641 0,77 0,20 61 Merzarii 205 1.393 5,89 0,17 6 Cultellerii 39 1.199 1,12 0,15 30 Medici 5 1.075 0,14 0,13 214 Speci arii 17 844 0,49 0,10 49 Osbergerii 8 635 0,23 0,08 79 Lanerii 20 621 0,57 0,08 31 Legum doctores 4 544 0,11 0,07 135 Capsiarii 19 490 0,55 0,06 25 Pelli parii 9 481 0,26 0,06 53 Ferrarii 13 377 0,37 0,05 28 Fixici 3 375 0,09 0,05 125 Guainerii 40 369 1,15 0,04 9 Fabri 8 358 0,23 0,04 44 Boterii 2 322 0,06 0,04 161 Corrigiarii 28 290 0,80 0,03 10 Tinctores 9 285 0,26 0,03 31 Tornatores 11 285 0,32 0,03 25 Calegarii 51 278 1,46 0,03 5 Scribae 13 277 0,37 0,03 21 Calzolarii 7 208 0,20 0,03 29 Barberii 10 194 0,29 0,02 19 Filatores 12 186 0,34 0,02 15 Batifolii 2 183 0,06 0,02 91 Paterii 22 179 0,63 0,02 8 Corrazarii 14 160 0,40 0,02 11 Fornarii 6 158 0,17 0,02 26 Acimatores 5 144 0,14 0,02 28 Taliatores 4 138 0,11 0,02 34 Cervelarii 3 108 0,09 0,01 35 Tabernarii 8 78 0,23 0,01 9 Calafati 8 46 0,23 0,01 5 LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 519 Au total, les gens de métier interviennent comme bailleurs de fonds dans 26 % des contrats commerciaux intéressant la Romanie, mais ils n’apportent qu un peu plus de 5 % des capitaux. Leur investissement moyen est donc très faible, font exception les « professions libérales » — banquiers, notaires, juges, médecins et docteurs en loi — qui occupent les premiers rangs de la liste avec un apport moyen par acte comparable à la moyenne générale des investissements. Elles sont toutefois précédées, au moins pour le nombre des actes, par les drapiers qu il faut considérer davantage comme des négociants que comme des gens de métier s’adonnant à la fabrication des draps de laine . Derrière les « professions libérales », quelques arts se distinguent par la fréquence de leur participation au commerce oriental: les merciers, les fabricants de chausses, de gaines et d’épées, les couteliers, les corroyeurs; les articles qu ils fabriquent dans leurs échoppes comptent d’ailleurs parmi les principaux produits d exportation. Mais la valeur moyenne de ces investissements est très faible: chaque membre de ces métiers confie à des facteurs quelques paires de chausses, quelques douzaines de couteaux, quelque épées produites au rythme lent de la fabrication artisanale. 2 - Les marchands itinérants. La composition professionnelle du groupe des marchands itinérants est assez différente de celle des investisseurs. En premier lieu, les spécialistes du négoce, attachés au service des hommes d’affaires ou agissant pour leur propre compte, ont une place beaucoup plus grande; ils interviennent dans 88,9 °/o des contrats et emportent avec eux 96,6 % des capitaux investis dans le commerce romaniote. 11 y a donc une domination absolue des marchands professionnels, ou du moins de tous ceux qui avouent devant le no-tiare n’exercer aucune autre activité que le négoce. En revanche, le rôle des femmes et des hommes d'Eglise se réduit à très peu de chose: cinq femmes seulement sont accomanditaires pour des sommes inférieures à cent livres et trois clercs partent pour l'Orient avec un total de vingt-deux livres. Il s’agit vraisemblablement d’épouses de migrants allant rejoindre un mari déjà 15 J. Heers, Céne s au XVe siècle, op. cit., p. 234. Sur l'organisation de l’industrie drapante en Italie, cf. F. Mclis, Aspelli della vita economica medievale, Sienne, 1962, l’article de M. Aymard, Producimi, commerce et consommation des draps de laine du XIP au XVIIe siècle, dans Revue Historique, t. 499, 1971, pp. 5-12, résumant les travaux de la Seconde Semaine d'Etudes de Prato, publiés par M Spallanzani, Produzione, commercio e consumo dei panni di lana (nei secoli XH-XVIll), Florence, 1976. 520 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE installé en Orient et d’hommes d’Eglise détachés dans les comptoirs orientaux. La participation directe des gens de métier à la « marchandise » n est dans ces conditions pas très grande. Professions libérales et artisans sont preneurs de fonds dans 10,8 % des contrats commerciaux, mais Us n’emportent en Romanie que 3,8 % des capitaux. La liste comporte cinquante-neuf corps de métier, mais seulement vingt-neuf d’entre eux reçoivent plus de cent livres ou interviennent dans cinq contrats au moins. Ce sont les suivants. 27 - L’ORIGINE PROFESSIONNELLE DES AGENTS DU COMMERCE ORIENTAL b - Les marchands itinérants Nombre Capitaux % o/o de Moyenne par acte Professions d’actes d’actes capitaux (en livres) Notarii 42 7.616 1,21 0,92 181 Scribae 11 3.814 0,32 0,46 346 Bancherii 10 2.954 0,29 0,36 295 Draperii 14 2.147 0,40 0,26 153 Iudices 10 1.602 0,29 0,19 Speciarii 12 1.290 0,34 0,16 107 Ferrarii 14 1.208 0,40 0,15 Pelliparii 25 1.058 0,72 0,13 42 Barberii 15 678 0,43 0,08 Balistarii 3 503 0,09 0,06 168 Canavacerii 2 500 0,06 0,06 250 Magistri axie 23 499 0,66 0,06 21 Osbergerii 2 490 0,06 0,06 245 Spatarii 5 403 0,14 0,05 80 Filatores 13 382 0,37 0,05 29 Merzarii 16 351 0,46 0,04 22 Macellarii 4 320 0,11 0,04 80 Calafati 14 249 0,40 0,03 17 Acimatores 3 224 0,09 0,03 74 Cultellerii 6 186 0,17 0,02 31 Fixici 2 160 0,06 0,02 80 Textores 18 130 0,52 0,02 7 Calegarii 20 105 0,57 0,01 5 Marinarii 7 65 0,20 0,01 9 Corrigiarii 6 53 0,17 0,01 9 Guainerii 7 52 0,20 0,01 7 Taliatores 6 44 0,17 0,01 7 Tornatores 5 33 0,14 0,004 6 Paterii 6 30 0,17 0,004 5 LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 521 Il est facile de constater qu’en dehors de quelques « professions libérales », la liste comporte peu d artisans abandonnant leur échoppe pour se lancer sur les routes de l’Orient. Viennent en tête en effet les notaires et les scribes, c’est-à-dire des « fonctionnaires » nommés dans les offices gouvernementaux d’Orient ou préposés sur les galères de Romanie à la tenue des livres de bord. Le voyage est pour eux l’occasion d’arrondir leur pécule et Ion sait que les scribes des navires ne se privaient pas d’effectuer des transactions commerciales aux escalesI6, et les notaires quelques bonnes affaires pendant la durée de leur mandat. On retrouve ensuite les drapiers et les banquiers, moins nombreux toutefois parmi les marchands itinérants que parmi les bailleurs de fonds. Ils sont suivis par quelques corps de métier dont l’exercice est lié au commerce oriental: marchands d’épices et pelletiers emportent des fonds confiés par des tiers pour aller s’approvisionner à meilleur compte en Romanie et en mer Noire. On signalera enfin quelques professions dont les membres sont indispensables dans les comptoirs d’Orient: maîtres de hache, calfats, marins qui, pour se constituer une pacotille, empruntent quelques sous avec l’espoir d’ajouter à leurs gages de jolis bénéfices n. Il n en faudrait toutefois pas exagerer l’ampleur. La moyenne très faible des sommes confiées aux gens de metier indique bien que les artisans n ont qu un rôle d appoint qui ne modifie en rien les caractères du commerce oriental. A mesure que 1 on avance vers la fin du XIVe siècle, les activités commerciales sont de plus en plus le fait des professionnels du négoce, tant au stade de la mobilisation des capitaux que de leur utilisation: les hommes d’affaires apportent de 1261 à 1270 85 % des capitaux, mais 97 % de 1341 à 1350; les sommes confiées à des marchands professionnels passent de 97 % à 99 % d'une période à l’autre. On peut donc considérer qu’à partir des années 1350 il est très difficile à un nouveau venu de se faire sa place dans le monde du négoce. Il faut appartenir de près ou de loin au groupe des hommes d’affaires pour tenter l'aventure. Les artisans, les petites gens n’ont alors plus guère de chance. 16 J. Day, Prix auricola en Mediterranee à la fin du XIVe siècle, dans Annales E. S.C., 1961, p. 631 ; M. Balard, Escdes génoises, op. cit., pp. 256-257. 17 Pour leurs contrats, les marins recourent de préférence aux scribes de bord: cf. ASG. Not. cart. n* 208, (T. 154 162 (prêts conclus à bord d’une galère). 522 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE c/ L’origine familiale des agents du commerce oriental. Parler des liens familiaux tissés entre les marchands peut paraître un paradoxe, alors que l’individualisme en affaires est généralement admis comme la caractéristique habituelle du Génois. Celui-ci répugnerait a se lier par des contrats de longue durée, confierait ses capitaux à un grand nombre de marchands itinérants, choisis hors du cercle familial, bref agirait seul pour préserver le secret de ses réussites comme de ses échecs. On tend aujourd’hui à revenir sur cette image simpliste qui ne tient pas compte des associations formées pour l'exploitation marchande d un produit — l’alun ou le mastic — non plus que des sociétés constituées par deux ou plusieurs frères qui s’unissent, non de manière éphémère, mais parfois pour de longues années de négoce l8. Dès le XIIe siècle d’ailleurs, des compagnies familiales existent déjà: la domination d’une douzaine de gros marchands, qui monopolisent le commerce avec la Syrie, la Palestine et Byzance, n exclut pas la formation de sociétés à base familiale, dans lesquelles des enfants de facteurs viennent remplacer leur père, pour acquérir l’expérience du commer ce19. L’usage croissant de la commande à la fin du XIIe siècle facilite la participa tion des petits marchands au commerce méditerranéen et permet aux jeunes membres d’un groupe familial d’obtenir plus aisément des fonds d un père ou d’un oncle, qui renoncent à entreprendre eux-mêmes le voyage. La solida rité familiale en affaires sort renforcée de l’évolution des techniques commer ciales. Pour étudier ces liens de famille, il nous a paru utile de soumettre à un traitement automatique les contrats notariaux portant sur le commerce roma niote, en choisissant une période suffisamment large et bien documentée, |wur que les conclusions ne soient pas trop tributaires du hasard affectant la récolte des données. Ont été retenus tous les actes commerciaux instrumentes entre 18 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 200-204, 544-549; Idem, Le clan familial, op. cit., pp. 234-236. En ce qui concerne le commerce romaniote, 1 exemple le plus illustre est celui des deux frères Benedetto et Manuel Zaccaria, lies I un à I autre par toute une série de procurations renouve'ahles: cf. R. S. Lopez. Les méthodes commerciales des marchands occidentaux en Asie du XIe au XIVe siècle, dans Su c giù per la Storia, op. cit., pp. 299-300 et infra p. 525. 19 E. H. Byrne, Genoese trade, op. cit., pp. 213-215; H. C. Krucgcr, Gcnoesc mer-chants, their partnerships, op. cit., pp. 263-265. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 523 1261 et 1315, soit 2747 contrats, portant sur des investissements de 449.788 livres de monnaie courante. L’activité de deux générations d’hommes d’affaires ressoit ainsi des tris que 1 ordinateur a effectués: un premier classement nous donne la liste des bailleurs de fonds, et les liens d’affaires qu’ils entretiennent avec leurs facteurs ou mandataires; un second tri porte sur les marchands itinérants et fournit, pour chacun d’eux, la liste chronologique de leurs mandants et des sommes qui leur ont été confiées Le groupe des marchands s’est beaucoup renouvelé par rapport à ce qu’il était dans la seconde moitié du XIIe siècle. On ne peut absolument plus parler du monopole de quelques grandes familles dans le commerce oriental: la liste des bailleurs comporte 1588 noms, soit une moyenne de 1,73 acte par personne et celle des preneurs 1720 noms; chaque marchand itinérant conclut ainsi en moyenne 1,59 acte en 55 ans. Il y a donc une très large participation de gens qui ne sont pas des marchands et qui n’interviennent que dans un seul contrat, deux tout au plus: la tendance, notée au début du XIIIe siècle, s’affirme encore ici*". Cependant, à côté de ces non-professionnels, existe une forte oligarchie marchande, composée de nombreux clans familiaux dont quelques-uns déploient une activité remarquable. Ce ne sont plus les grandes familles d origine vicomtale du XIIe siècle: les Burone se sont totalement effacés; les Vento ne sont plus que trois parmi les bailleurs et un seul parmi les preneurs; leurs investissements — moins de 130 livres — sont infimes. Seuls se sont maintenus les della Volta, les Usodimare et surtout les Mallone. Les della Volta, chefs de la faction dominante à Gênes avant la troisième croisade21, sont encore bien représentés parmi les bailleurs de fonds: les douze membres du clan investissent 6.547 livres dans le commerce romaniote, soit 1,45 % des sommes totales. Les Usodimare, au nombre de onze, viennent assez loin derrière, avec seulement 2.706 livres et 0,60 °/o du montant total des investissements. Les Mallone occupent un rang honorable: vingt d’entre eux apportent 8.395 livres, soit 1,86% des sommes investies. Mais de nouvelles familles viennent bouleverser la hiérarchie ancienne des fortunes. Ce ne sont pas nécessairement celles qui tiennent la tête du classement des alberghi, établi selon la répartition des charges publiques au XV siècle . La liste des clans familiaux participant au commerce romaniote est la suivante: * H. C. Krucger, Genocse mer chants, tbeir associai ions, op. cit., t. I, pp. 423425. 21 E. Bach, La cite de Gènes, op. cit., p. 156. 22 E. Grcndi, Profilo storico, op. rit., p. 251. 524 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 28 - La PARTICIPATION DES CLANS FAMILIAUX AU COMMERCE ROMANIOTE Noms des clans Nombre de membres Investissements dans le commerce romaniote familiaux bailleurs | preneurs en valeur j en % Zaccaria 5 12 36.503 livres 8,11 Di Negro 36 30 27.931 livres 6,21 Lomellini 26 12 23.263 livres 5.17 Ghisoliì 19 21 17.220 livres 3,82 Vivaldi 10 9 14.477 livres 3,21 Spinola 31 26 11.160 livres 2,48 Pinelli 10 5 10.640 livres 2,36 Mallone 20 23 8.395 livres 1,86 Squarciafico 10 5 7.363 livres 1,64 de Savignone 15 13 6.974 livres 1,55 de Mari 17 18 6.904 livres 1,53 Lercari 27 23 6.599 livres 1,46 della Volta 12 6 6.548 livres 1,45 Marini 10 5 6.302 livres 1,40 Grillo 16 10 5.950 livres 1,32 Cimemaris 4 _ 5.912 livres 1,31 Cattaneo 4 4 5.632 livres 1,25 Rosso 13 9 5.190 livres 1,15 Dona 17 16 4.851 livres 1,07 Saivago 12 9 4.411 livres 0,98 Maniavacca 11 _ 3.873 livres 0,86 Piccamiglio 11 8 3.842 livres 0,85 Longo 1 4 3.226 livres 0,72 Usodimare 11 6 2.706 livres 0,60 Malocello 10 11 2.285 livres 0,51 Cibo 8 5 2.207 livres 0,49 Cigala 10 12 2.089 livres 0,46 Dans cette liste quelques absences sont notables. Les Fieschi et les Grimaldi, classés parmi les plus grands au XVe siècle, ont une participation insignifiante au commerce romaniote: 702 livres pour les cinq Fieschi représentés parmi les bailleurs, 509 livres pour les quatre Grimaldi, aucun Fieschi parmi les marchands itinérants et cinq Grimaldi qui emportent près de 800 livres. Il est vrai qu’à l’époque de la dyarchie, ces deux familles anti gibelines, sont plus fréquemment en exil qu’admises en ville; leur fortune vient davantage de leurs possessions foncières des Riviere que du négoce23. Les deux autres 23 V. Vitale, Breviario, op. cit., t. I, pp. 83-84, 87 et 99; T. O. De Negri, Storia di Genova, op. cit., pp. 402, 403, 406-407. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 525 grands clans familiaux, Doria et Spinola, n’apparaissent pas aux tout premiers rangs de la liste. Les investissements des Doria proviennent de dix-sept membres de l'albergo et n’atteignent que 1,07 % du total; seul Babilano Doria, avec un apport de 1.112 livres, réparties sur plusieurs commandes passées entre 1281 et 1315, paraît s’intéresser d’assez près au commerce romaniote; ses collatéraux se contentent d investissements modiques. Chez les Spinola, trente-et-un membres du clan fournissent un peu plus de 11.000 livres, mais aucun d entre eux ne peut être considéré comme un bailleur de fonds permanent: les plus grosses sommes sont apportées par Lanfranco Spinola qui, entre 1284 et 1286, fournit 1765 livres à trois facteurs différents. Cette participation modeste des deux grandes familles gibelines au commerce romaniote est d’autant plus surprenante qu’à l’époque considérée, elles se partagent les charges de l’Etat et les offices outre-mer: entre 1261 et 1315, huit Spinola et trois Doria sont podestats de Péra et l’on sait le rôle qu’ont joué Paolino et Oliverio Doria comme consuls des Génois à Trébizonde et à Caffa vers 1289-1290 24. Ce relatif effacement vient-il du hasard de la documentation? il faut en tout cas reconnaître que la participation financière des Doria et des Spinola au commerce romaniote n’est pas à la hauteur du rôle politique que jouent alors ces deux vastes clans familiaux. En tête de la liste, viennent deux groupes d’origine « populaire », les Zaccaria et les di Negro15. A lui seul, Benedetto Zaccaria, avec un apport de 21.455 livres, soit 4,77 % du total des sommes investies, domine largement tous les autres négociants de son temps; associé avec son frère Manuel, qui fournit à titre personnel 7.191 livres, les deux hommes l’emportent sur l’ensemble du clan di Negro. La complexité des liens d’affaires qui unissent les deux hommes à un grand nombre de facteurs est assez bien connue pour qu’il n’y ait pas lieu d’insister tout au plus, peut-on remarquer que les deux frères sont aussi accomanditaires: ils reçoivent d’autres bailleurs de fonds 4.402 livres, soit 15 % seulement des sommes qu’ils confient eux-mêmes à leurs dépendants; parmi ceux-ci, on relève la présence de collatéraux, Oddoardo, Tom-masino, Andreolo et Leonardo, dont on ne peut connaître les liens exacts de 24 Cf. en appendice la liste des podestats de Pera et des consuls de Caffa. 25 En 1364, les di Negro entrèrent dans Y albergo Giustiniani, l'un des plus importants des clans familiaux parmi les populares (cf. E. Grcndi, Profilo storico, op. cit., p. 255). Quant aux Zaccaria. R. S. Lopez (Genova marinara, op. cit., pp. >-4) rappelle que l’origine de la famille est inconnue; seuls sortent de l’ombre Fulcone di Castello et Giulietta, parents de Benedetto (cf. également Idem, Familiari, procuratori, op. cit., p. 3311. 26 R. S. Lope7., Familiari, procuratori, op. cit., pp. 329-370. 526 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE parenté avec le chef de file de la famille, tandis que d’autres Zaccaria comme Giovannino, fils d’Ambrogio, Opicino, Baldassarre et Nicolino agissent pour leur propre compte 11. Quant à Paléologue, fils de Benedetto, il est étroitement associé aux affaires de son père jusqu’en 1302-1303, date à laquelle il commence à bénéficier d’une certaine autonomie, tout en maintenant des liens étroits avec son oncle Manuel, après la mort de Benedetto. L exemple des Zaccaria illustre la solidarité économique profonde de la parentèle: frères, neveux et cousins participent aux affaires du chef de famille qu assistent de temps en temps ses gendres, Paolino Doria et Andreolo Cattaneo, ainsi qu une armée de procureurs et de facteurs, choisis hors du groupe familial et, de préférence, dans des milieux relativement modestes :s. Les Zaccaria, en effet, financent rarement les entreprises des clans rivaux. Les liens avec les di Negro sont une exception. Ce groupe familial occupe en effet dans le commerce romaniote une place prépondérante: trente-six bailleurs de fonds apportent 23.263 livres et trente marchands actifs prennent la route de la Romande. Parmi eux, Bonifacio et Pietro ont reçu un mandat général de Benedetto Zaccaria; les deux frères ont aussi conclu plusieurs commandes avec Carlotto, Luchetto et Guideto di Negro, ce dernier étant parfois associé a\ec Paolino Doria, gendre de Benedetto29. Le commerce de l’alun rapproche aussi les deux groupes: en 1286, les frères Zaccaria forment avec Carlotto, Andalo di Negro et Delomede Pinello une societas pour charger de l’alun à Phocée et le transporter à Majorque30. Le clan di Negro est plus largement ouvert que celui des Zaccaria aux membres des autres grandes familles: des Lomellini, de Mari, Grillo, Doria, Malocello, Lercari s’associent en affaires avec certains de ses membres. 27 D’après R. S. Lopez (Genova marinara, op. cit., tableau généalogique, p. 280', Oddoardo, Leonardo, Opicino, Baldassarre, Andreolo sont des petits-cousins de Benedetto. Tommasino et Giovannino, fils d’Ambrogio, n’apparaissent pas sur l’arbre généalogique de la famille. 28 R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., p. 335 et Idem, Les méthodes commerciales, op. cit., pp. 299-300 nous paraît trop insister sur le rôle des tiers dans 1 organisation de la vaste entreprise commerciale et financière qu’anime Benedetto Zaccaria: en effet, entre 1280 et 1300, la plupart des commandes, societates et contrats de nolisement sont passés conjointement par les deux frères, Benedetto et Manuel, et huit contrats de commandes réunissent des collatéraux. La procuration n’est donc pas le seul lien juridique faisant tenir ensemble l’entreprise des Zaccaria, dont le fondement familial doit être fortement souligné. 29 R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., p. 336; ASG. Not. cart. n° 72, ff. 20 v, 22 r; cart. n° 40/1, f. 67 r; cart. n° 81, f. 99 r. 30 ASG. Not. cart. n° 41, f. 4r-v. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 527 La liste des groupes familiaux intéressés par le commerce romaniote comprend à peu près tous les alberghi nobles en formation31. On remarquera par exemple la place importante des Lomellini, celle des Vivaldi qui rassemblent de fortes sommes pour 1 expédition de 1291 32, en principe dirigée vers la Romanie, mais aussi pour des voyages postérieurs à cette date; celle des Ghisolfi, que l’on rencontre sur les routes de Tabriz et qui, de 1271 à 1315, ne cessent pas de s intéresser aux échanges avec la Romanie. Toutefois, parmi les plus glands, manquent à 1 appel les Gentile, dont la formation en albergo remonte au moins à 1302, et, parmi les clans d’importance moyenne, les Imperiale et les Centurione, les premiers étant réunis en albergo dès 1308 33. De même, les familles qui vont constituer dans la seconde moitié du XIVe siècle les alberghi « populaires » ne s’illustrent guère dans le négoce avec l’Orient: quelques de Rocca, de Castro, Campi, Boccanegra, Pagano, Persi font exception. La fortune de ces clans de populares ne s’affirme vraiment qu’après 1339, lorsque la societas populi, née en 1270, élit Simone Boccanegra « dux populi » et partage ensuite les charges de l’Etat entre marchands et artisans M. L’accès aux fonctions publiques ouvre aussi les voies du grand commerce aux popolani. Mais de 1261 à 1315, si l’on excepte le cas des Zaccaria et des di Negro, c’est encore l’oligarchie marchande des alberghi nobles qui domine le commerce romaniote: les 376 bailleurs de fonds appartenant aux vingt-sept clans familiaux de notre liste représentent à peine 24 °/o des investisseurs, mais fournissent 52,5 0/o des sommes envoyées en Romanie. Il y a donc eu, par rapport à la fin du XIIe siècle, un renouvellement et un élargissement de cette oligarchie marchande qui a laissé de nouveaux venus prendre une place non 31 L'albergo génois est une création de la fin du XIIIe siècle et surtout du XIVe siècle, la première mention connue étant de 1267: cf. E. Grendi, Profilo storico, op. cit., pp. 271-272. 32 G. Moorc, La spedizione dei fratelli Vivaldi e nuovi documenti d’Archivio, dans ASU, n. s., t. XII, fase. 2, 1972, p. 396 évalue à 14.500 livres le montant des investissements réunis pour financer l’expédition; ces sommes étant contractueliement envoyées en Syrie (ibidem, pp. 401-402) ne figurent évidemment pas dans la liste des investissements du commerce romaniote. 33 E. Grendi, Profilo storico, op. cit., p. 271. 34 Sur ces événements, cf. en dernier lieu G. Forcheri, La « societas populi » nelle costituzioni genovesi del 1%) e del NI3, dans Ricerche di Archivio e Studi storici in onore di Giorgio Costamagna, Rome, 1974, pp. 50-72. 528 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE négligeable dans le financement du commerce oriental35. Il n’en reste pas moins vrai qu’au XIVe siècle, l’oligarchie composée des vieilles familles nobles et de quelques clans nouveaux contrôle la plus grande partie du commerce génois 36. En même temps se renforcent les solidarités économiques au sein des clans familiaux. Avec les Zaccaria, nous avons vu se former des associations temporaires entre frères, neveux, gendres et cousins. Deux autres exemples révèlent la force des liens familiaux dans le monde des affaires. Le cas des Lomellini et des Mallone est à cet égard exemplaire. Les Lomellini, avec un apport de 23.263 livres, viennent sur notre liste au troisième rang des clans familiaux. Entre 1261 et 1315, les vingt-six membres du groupe concluent 75 contrats commerciaux; quarante ne sortent pas du cercle familial. Les étrangers reçoivent 11.446 livres, soit 49 % des investissements, le reste allant à des collatéraux qui se partagent des sommes un peu plus faibles que celles qui sont dévolues à des tiers. Mais il faut relever que parmi ceux-ci, deux facteurs permanents, Guideto Rosso et Matteo Mignardo, jouissent de la confiance du clan et reçoivent de nombreuses commandes. A l’intérieur du groupe familial, les liens d’affaires les plus fréquents unissent les pères à leurs fils, les oncles à leurs neveux ou des frères entre eux: c’est ainsi que les entreprises du jeune Simonino sont financées par son père Pietro, son oncle Ughetto, sa tante Cigolina et sa cousine Brandelina; Simonino ne reçoit qu’une seule commande d’un étranger37. Il en est de même chez les Mallone où vingt bailleurs de fonds interviennent dans 48 contrats, dont trente-cinq sont conclus avec des membres du groupe familial. Les tiers se partagent 1001 livres, à peine 12 % des investissements du clan. Les exemples pourraient être multiplies: chez les di Negro, cinquante affaires sur quatre-vingt-quinze lient entre eux 35 Entre 1155 et 1164, 12 gros marchands, soit 6,6% des socii stantes connus font 40,4 % des investissements du commerce génois (H. C. Krueger, Genoese nierchants, tbeir partnerships, op. cit., pp. 260-261). Entre 1261 et 1315, les bailleurs appartenant aux trois groupes les plus puissants — Zaccaria, di Negro, Lomellini — représentent 4,2 ° o des investisseurs et apportent 19,5 % des capitaux disponibles. On ne peut donc plus parler du monopole de quelques marchands dans le commerce oriental. 36 La même remarque a été faite par B. Z. Kedar, Merchants in crisis. Genoese and Venetian Men of Ajfairs and the Fourleenth-Century Dépression, New Ha\en - Londres, 1976, pp. 50-55, étudiant le registre de douanes de 1376: l’activité commerciale est aux mains des nobles dont les familles sont engagées dans le commerce depuis des générations et qui acquittent 64 % des taxes douanières. Voir également M. L. Chiappa Mauri, Il commercio occidentale di Genova nel XIV secolo, dans Nuova Rivista Storica, t. 57, 1973, pp. 573-574. 37 ASG. Not. cart. n° 74, ff. 150 r et 158 v; cart. n° 71, f. 230 r, 230 v, 231 r. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 529 des membres du groupe familial; les Ghisolfi et les Lercari ont également une prédilection pour les associations conclues à l’intérieur de la parentèle. De telles solidarités familiales, que l’on retrouve à d’autres époques et dans d autres types de négoce38, obligent à revenir sur le célèbre individualisme du marchand génois. S’il n’y a pas eu à Gênes de sociétés familiales tacites, comme les fraterne que l’on rencontre à Venise, ou de sociétés familiales contractuelles, comme les compagnies toscanes, les liens familiaux dans les affaires ne sont pas aussi temporaires et exceptionnels qu’on le retient d’ordinaire. Les membres d’un clan cherchent d’abord à l’intérieur de la parentèle ceux qui, par leur talent personnel, leur énergie ou leurs capitaux, peuvent aider leur entreprise. Les associations financières entre collatéraux renforcent la cohésion du clan: travaillant côte à côte, faisant fructifier l’argent confié par des proches, ses membres apprennent à vivre ensemble et acceptent plus aisément les regroupements au sein d’un même albergo. Les liens complexes des procurations, des commandes et des societates contribuent à former au sein d’une même famille une vaste communauté économique, grâce à laquelle les jeunes font leur apprentissage des affaires et se constituent, sous l’autorité d’un père ou d’un onde, un pécule leur permettant ensuite de choisir à leur tour leurs partenaires. La solidarité économique du clan familial est tout aussi vivace et profonde que l’individualisme en affaires, que l’on a sans doute exagéré. La force des liens familiaux n’exclut toutefois pas le recours à des facteurs étrangers au clan. En effet les vingt-sept groupes familiaux que nous avons distingués ne fournissent que 302 marchands itinérants, soit 17, 5 % des facteurs dénombrés entre 1261 et 1315, alors que la proportion des bailleurs s’élève à près de 24 0/o. C’est dire que l’oligarchie marchande fait appel à de nombreux mandataires. Ils sont 1.720 à se répartir entre 2.747 contrats: aussi la grande majorité d’entre eux n'intervient qu’à l'occasion d’une ou de deux affaires et ne laisse pas d’autre trace dans les minutiers. Cependant la progressive sédentarisation des marchands a pour contre-partie l’essor d’un groupe permanent de facteurs, considérés comme les assistants habituels des grands négociants. Benedetto Zaccaria, par exemple, est entoure d’une cohorte de procureurs auxquels il délègue le soin de gérer tout ou partie de ses affaires pendant quelques mois ou quelques années Oberto de Casellis effectue plusieurs J. Hccrs, Le dan familial, op. cit., pp. 235-236; D. Hugues, Urban growth, op. dt., pp. 16-17. 59 En dehors de* membre» de m propre famille, Benedetto choisit Daniele de Mari, Giovanni di Rovegno, Giovanni Barbiere, Pietro et Bonifacio di Negro, Tommaso di 3 530 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE voyages en Romanie entre 1271 et 1290, au service d un di Negro, dun Lercaro, d’un Negrone et de quelques autres accomandants de moindre renommée40. Pietro de Domo, entre 1279 et 1299, sert les intérêts des Marione et des de Vedereto41. Guglielmo Ferrario est attaché aux affaires des Ghisolfi de 1271 à 1291 42. Andriolo Gambone, de 1296 à 1314, Luchino Gambone, de 1284 à 1290, parcourent la Romanie, au service de plusieurs bailleurs de fonds. Matteo Mignardo, de 1282 à 1292, est le facteur attitré des Lomellini, alors que Guideto di Negro défend les intérêts de divers membres de son clan familial ainsi que des frères Zaccaria. De 1274 à 1286, Andriolo Specia emporte en Romanie 17 commandes confiées par divers bailleurs, dont les Zaccaria, tandis que son fils Raffo prend le relais de 1296 à 1310 4Î- Bref, il y a là tout un groupe de marchands itinérants attachés au service aes grands clans familiaux, mais qui ne dédaignent pas les fonds d’accomandants de modeste origine. Les bénéfices acquis leur permettent-ils de franchir la barrière et de figurer parmi les bailleurs de fonds, au soir de leur existence? Buonsignore Caffa-raino, actif facteur des Zaccaria et des Doria en Crimée dans les années 1289-1290, devient l’accomandant des héritiers de Sorleone di San Remo, avec lequel il s’était lié en affaires à Caffa44. Raffo Specia peut en 1317 confier 809 livres 13 sous 7 deniers à Giovannino Bianco, après avoir été, on l’a vu, marchand itinérant de 1296 à 1310 45. Andreolo Pelato, tout en servant les Doria et les Zaccaria, avance des fonds à plusieurs mandataires, entre 1287 et 1291 . Benedetto Scotto, agent des Zaccaria, devient le financier de son fils Argono Murta, Andreolo Pelato, Guglielmo Rosso, Lorenzo Bonaventura, Simone de Bulgaro et Guglielmo di Castiglione (R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit.). 40 ASG. Not. cart. n° 70, f. 73 r; n° 9/1, f. 89 v; n° 84, ff. 80 r, 107 v; cart. n° 88, ff. 67 r, 75 r, 77 v; cart. n° 74, f. 206 r. 41 ASG. Not. cart. n° 120/11, f. 132 v; cart. n° 123, f. 90 v; cart. n° 94, f. 121 r; cart. n° 74, f. 149 r; Not. ign., B. 4, fr. 55, ff. 3v, 5v; cart. n° 87, f. 179 r et v; cart. n° 148, f. 37 r. 42 ASG. Not. cart. n° 68/11, f. 32 r; cart. n° 64, ff. 164 r, 167 v. 43 ASG. Not. cart. n° 63/1, f. 25 r; cart. n° 84, f. 112 v; Not. ign., B. 22, fr. 3, f. 47 r; cart. n° 85, ff. 62 v, 63 v; cart. n° 113, f. 84 r; cart. n° 80, f. 58 r; cart. n° 94, ff. 120 v, 122 r et v; cart. n° 133, ff. 127 v, 133 r, 148 r. 44 Cf. supra p. 340 et ASG. Not. cart. n“ 148, f. 120 v. 45 ASG. Not. cart. n° 140, f. 100 v. 46 ASG. Not. cart. n° 74, f. 153 v; cart. n° 64, ff. 107 v, 162 v, 178 r. LES AGENTS DE L’ACTIVITÉ COMMERCIALE 531 et de deux proches parents 47. Quant à Guidetto Rosso, facteur des Lomellini, il lui arrive d être aussi l’accomandant d’un de ses protecteurs, par ce jeu d alternance dans les deux rôles de la commande, assez fréquent dans les actes génois . Ce sont là des réussites éclatantes, qui prouvent qu’avec un peu d adresse et de chance le facteur, parti de rien, pouvait s’élever dans l’échelle sociale et jouir d une bonne aisance, sinon rivaliser avec l’ancienne oligarchie marchande. Le commerce romaniote, aussi bien que tout autre forme de négoce, provoque ainsi un intense brassage social. Les petites gens descendent de leur bourgade de l’Apennin ou quittent leur petit port des Riviere pour tenter l’aventure: rassembler quelques sous, se mettre au service des nantis, partir pour 1 Orient et profiter des hasards des escales pour arrondir le pécule, revenir puis repartir avec des sommes un peu plus fortes, telle dut être l’ambition de tous ces ruraux et pêcheurs attirés par le mirage d’une fortune vite acquise. Le goût du risque atteint toutes les couches sociales: nobles et gens de rien, hommes et femmes, clercs ou laïcs, artisans et marins cherchent dans les échanges avec 1 Outre-Mer de bonnes occasions de placements et de bénéfices. Dans cette aventure, les citadins I emportent aisément sur les nonGénois: ce sont eux qui fournissent la presque totalité des investissements, eux qui prennent en majorité la route de 1 Orient. Le commerce romaniote de Gênes est d’abord le fait des Génois, une entreprise des citadins, qui concerne tous les groupes sociaux de près ou de loin. Tant que dure la révolution commerciale et que les profits restent élevés, le courage et la chance suffisent aux petits pour progresser. Mais il ne faut point s’arrêter: gare aux familles jadis enrichies par le négoce qui se retirent des affaires, achètent des terres ou des immeubles, dont elles croient pouvoir vivre; la valeur de la rente foncière décline devant la hausse des prix que stimule l'activité commerciale; alors les biens fondent au soleil. D’autres, au contraire, investissent sans cesse dans le négoce et réussissent à s’élever au niveau des plus grands: l’ascension des Zaccaria en est un exemple éclatant. Ainsi, l’oligarchie marchande s’accroît sans cesse et se renouvelle tout en gardant la maîtrise du commerce romaniote. Le clan familial sert d’assise au développement des affaires que facilite l’évolution continuelle des techniques. Celles-ci cherchent à concilier les besoins des marchands et les interdits de l’Eglise limitant le commerce de l’argent. 47 ASG. Not. cart. n" 74, f. 153 r; cart. n* 87, f. 188 v.; cart. n° 134, f. 57 v; cart n° 136, f. 239 v. ** Dans cc cas, les deux parties sont à tour à tour socius stans et socius portator: cf. R. S. Lopez, Les méthodes commcrcidcs, op. cit., p. 297. Sur Guidetto Rosso, cf. ASG. Not. cart. n* 63/1, f. 112 r; cart. n° 74, (f. 143 v, 144 r. CHAPITRE IX LES TRANSPORTS MARITIMES L histoire des transports maritimes a été beaucoup renouvelée au cours des trente dernières années. L’intérêt des chercheurs s’est porté vers l’étude des constructions navales, des types de bateaux et de leur utilisation, des tonnages des navires et des risques divers, ceux de la mer et des hommes, qu’affronte la navigation médiévale. Venise surtout a bénéficié de ces recherches, mais aussi Florence et ses débouchés maritimes, Marseille, Barcelone et la Catalogne, pour nous limiter à l’espace occidental de la Méditerranée '. L’histoire ma- 1 Parmi une bibliographie considérable on retiendra d’abord les Actes des colloques internationaux d'histoire maritime publics sous la direction de M. Mollat (le dernier en date Course et Piraterie, 2 vol. dactylographiés, Paris, 1975), les travaux de G. Luzzatto (Studi di storia economica veneziana, Padoue, 1954), de F. C. Lane (Navires et constructeurs à Venise pendant la Renaissance, Paris, 1965; Venice and bis tory, Baltimore, 1966; Progrès technologiques et productivité dans les transports maritimes de la fin du Moyen Age au début des temps modernes, dans Revue Historique, n° 510, 1974, pp. 277-302) d’U. lucci (Lì navigazione veneziana nel Duecento e nel primo Trecento e la sua evoluzione tecnica, dans Venezia e il Levante fino al sec. XV - Actes du Congrès tenu à la fondation G. Cini (1968), 2 vol., Florence, 1973, t. II, pp. 821-841), d’A. Tenenti (Venezia e la pirateria nel Levante 1)00 c. - 1460 c., dans Ibidem, t. II, pp. 705-771; Course et Piraterie en Méditerranée de la fin du Moyen Age au XVIIIe siècle avec la collaboration de M. Fontcnay, dans Course et Piraterie, op. cit., t. I, pp. 76-136), de J. C. Hocquet (Histoire économique et sociale du sel à Venise XIe-XVIe s. Le commerce du sel, Thèse pour le doctoral ès-Iettres, Paris, 1975, t. I, pp. 118-152) pour Venise; de M. E. Malle» (The Florentine Galleys in thè Fifteenth Century, Oxford, 1967) et de F. Melis (Werner Somkart e i problemi della navigazione nel medioevo, dans L’Opera di Werner Sombart nel Centenario della Nascita, Milan, Biblioteca della rivista « Economia e Storia», n” 8, 1964, pp. 87-149; Il fattore economico nello sviluppo della navigazione alla fine del Trecento, dans Actes du (tèrne Colloque international d’Histoire maritime (Venise 1962), Florence, 1970, pp. 99-105) pour Florence et la Méditerranée occidentale; d’E. Ba-ratier et F. Reynaud (Histoire du commerce de Marseille. De 1291 à 1480, t. II, Paris, 1951) pour Marseille; de Ch. E. Dufourcq (L’Espagne catalane et le Maghrib aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1966) et de Cl. Carrère (Le droit d’ancrage et le mouvement du port de Barcelone au milieu du XVe siècle, dans Estudios de Historia Moderna, t. III, 1953, pp. 67-156; Barcelone centre économique à l’époque des difficultés 1)80-1462, 2 vol., Paris, 1967) pour la Catalogne. 534 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ritime génoise n’a pas été délaissée: les travaux de l’école américaine, à la suite de Byrne, les recherches de Mme Doehaerd, la thèse de J. Heers ont apporté d’utiles contributions2. Mais, la réflexion n’est pas neuve, le XIV siècle génois est resté dans l’ombre, si 1 on excepte les quelques remarques pie sentées par Mme Liagre de Sturler3. Or, dans l’histoire des transports maritimes, cette époque a une importance capitale; c’est l’âge de la « révolution nautique du Moyen Age », pour reprendre l’expression de F. C. Lane , révolution marquée par des innovations techniques fondamentales: 1 usage des tables de navigation, de la boussole à pivot, des portulans, facilita la navigation à l’estime, tandis que de nouveaux bâtiments à gréement carre et à gouvernail d’étambot accrurent les capacités jusque-là limitées des transports maritimes et en abaissèrent les coûts, grâce aux économies de main-d oeuvre qu ils permi rent de réaliser. La transformation des bateaux ronds suivie par la substitution des trirèmes aux birèmes augmenta sensiblement la productivité des trans ports maritimes. Ces changements, communs à l’ensemble du monde méditerranéen occi dental, ont eu, l’on s’en doute, des conséquences certaines sur les navicati0115 orientales de Gênes. Il est donc nécessaire de les observer de plus près. Le minutes notariales, les livres provenant des différents offices gouvernementaux intéressés aux problèmes de la navigation, fournissent à cet égard une documen tation abondante, sinon toujours précise. En ce qui concerne les bateaux, la re cherche se heurte à plusieurs difficultés. Un problème d onomastique d abor Chaque bâtiment de la flotte génoise, navire marchand ou galère armée, est désigné par un sobriquet, un nom auguratif ou un nom de saint sous la protec tion duquel se placent les propriétaires du navire. Aux XIIe et XIII siècles, 2 E. H. Byrne, Genoese shipping in thè twelfth and thirteenth centuries, Cambridge (Mass.), 1930; V. Slessarev, The pound-value, op. cit.; R. Doehaerd, Les galères génoises dans la Manche et la Mer du Nord à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, dans Bu letin de l’institut historique belge de Rome, t. XIX, 1938, pp. 5-76, Les relations commercia les, op. cit.; R. Doehaerd et Ch. Kerremans, Les relations commerciales entre Gênes, la Belgique et l’Outremont d’après les archives notariales génoises, 1400-1440, Bruxelles-Rome, 1952; J. Heers, Le Commerce des Basques en Méditerranée au XIVe siècle, dans Bulletin Hispanique, t. LVII, 1955, pp. 292-324; Idem, Types de navires, op. cit., pp. 107-117, Idem, Il commercio nel Mediterraneo alla fine del sec. XIV e nei primi anni del XV, dans ASI, t. CXIII, fase. 2, 1955, pp. 157-209; Idem, Gênes au XVe siècle, op. cit. 3 L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit. 4 F. C. Lane, Progrès technologiques, op. cit., p. 287. LES TRANSPORTS MARITIMES 535 les noms auguratifs et les sobriquets sont les plus fréquents5. Après 1261, on rencontre encore sur les routes maritimes de l’Orient, la Dona de Bonifacio Lercan, Y Ale grancia d’un Spinola et de Percival di Portovenere, la Paradisus d’un Lomellini, la Dominica de Tedisio Doria. Quant aux Zaccaria, les noms de leurs navires proclament leur magnificence: la Rida, la Divida, la Bonaventura, la Benedicta, la Rosa, la Tariana, la Stella portent sur toutes les mers les cargaisons d’alun et de produits orientaux des deux frères, Manuel et Benedetto6. Si l’on trouve encore en 1306, les Spinola à la tête de Y Anguilieta, nom bien évocateur pour leur rapide galère, le besoin de s’en remettre à la pro tection des intercesseurs célestes conduit à abandonner noms auguratifs et sobriquets au profit des noms de saints. Le choix des saints patrons reflète sans doute les penchants de la piété populaire, dans leurs variations au cours du XIV siècle. Avant 1300, quelques saints peu nombreux ont la préférence des Génois, saint Antoine, saint Jean, saint Martin, saint Nicolas, protecteurs des égarés et des faibles . A partir des annees 1290, l’on recherche davantage le patronage de la Vierge, seule ou associée à d’autres saints. Beaucoup de navires, entre lesquels la distinction n est guere aisée, portent le nom de Sainte Marie. En même temps, la dévotion au Christ souffrant et miséricordieux fait apparaître sur les vaisseaux des noms comme Sancta Crux, Corpus Christi et lhesus Christus8. Enfin, dans la seconde moitié du XIVe siècle, on recourt à plusieurs protecteurs, un second nom de saint, parfois même un troisième, vient s’associer au premier ou à celui de la Vierge, tandis que la liste des bienheureux intercesseurs s allonge et porte des noms comme ceux des saints Na-zaire, Celse, Christophe, Raphael, Catherine, Anne, Marie Madeleine, Julien, Jean Baptiste, Barthélémy, Pierre, François, Ambroise, Paul, Georges 9. Comme 5 G. Balbi, I nomi di nave a Genova nei secoli XII e XIII, dans Miscellanea di Storia ligure in memoria di Giorgio Falco, Gênes, 1966, pp. 65-86; B. Z. Kedar, Noms de saints, op. cit., pp. 429-446; L. Balletto, Navi nel Mar Nero (1289-90, 1343-44, 1361), in Genova, Mediterraneo, op. cit., pp. 127-129. 6 ASG. Not. ign., B. 12, fr. 113, f. 70 r; cart. n° 40/1, f. 59 r; n° 81, ff. 99 r, 102 r-v; n° 41, ff. 4 r, 20 r, 12 bis r, 26 r; n° 94, f. 49 v; n° 71, f. 114 v; n° 68/1, f. 32 v; n° 87, f. 20 r; Not. ign., B. 25, fr. 1, pièce 17, f. 3v; cart. n° 118, f. 89 v. Sur la flotte des Zaccaria, cf. également R.S. Lopez, Genova marinara, op. cit., pp. 29-30. 7 B. IL. Kedar, Noms de saints, op. cit., p. 445. 8 ASG. Not. cart. n° 42/11, f. 55 v; n° 229, ff. 164 v, 184 v; Not. Donato de Chiavari 1394, doc. n° 152. 9 Sur la diffusion de la dévotion mariale et le culte des saints on trouvera un bon résumé dans F. Rapp, L’Eglise et la vie religieuse en Occident à la fin du Moyen Age, 536 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE chaque albergo génois, chaque navire a désormais son protecteur attitré . Si l’on pouvait ainsi identifier la plupart des bâtiments de la flotte génoise, il serait facile d’en suivre les voyages et de préciser la duree de leur utilisation. En fait, il n’en est rien, car l’on connaît par leur nom à peine 5 % des bâtiments de cette flotte. Généralement le navire est désigné par le nom de son patron, qui ne se confond pas toujours avec celui du ou des propriétaires. Une même unité peut être commandée par des patrons différents à chacun de ses voyages successifs ou porter le nom tantôt d’un associe, tantôt d’un autre. C’est ainsi qu’entre 1278 et 1291, la galère Alegrancia change quatre fois de patron, sans que l’on puisse préciser si elle a fait 1 objet de plusieurs ventes ou s’il s’agit de plusieurs galères portant le même nom A la fin du XIVe siècle, et particulièrement dans les lettres de la Compagnie Datini l’usage se répand de désigner le navire par sa raison sociale: la Lo- T * 12 A4” * meliina est propriété d’un Lomellini comme la Lercaria d un Lercari . aïs est-on certain que des alberghi comme ceux-là ne possédaient qu un seul \ ais seau marchand? Pour éviter les confusions résultant de l’onomastique incertaine, peut on recourir à la dénomination du type de navire telle qu elle est donnee par les textes? Mais ici encore bien des incertitudes subsistent. En 1276, 1 unité de Benedetto Panzano est qualifiée de navis sive galeota; dix ans plus tard, la Paris, 1971, pp. 149-152 et dans E. Delaruelle, La pietà popolare alla fine del Medioevo, dans Congrès international des Sciences Historiques - Relazioni, Rome, 1955, t. III, pp. 515-537 ; mise au point récente in R. Manselli, La religion populaire au Moyen Age. Problèmes de méthode et d’histoire, Conférence Albert le Grand 1973, Montréal - Paris, 1975, pp. 60-83. 10 Sur les cinquante navires de la flotte génoise en 1458 et 1465-1466 identifiés par J. Heers, neuf seulement sont placés sous le patronage d’un saint unique ou de la Vierge seule: cf. J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 639-644. 11 ASG. Not. cart. n° 63/1, f. 85 v; n° 80, fi. 14 r, 20 v; Not. ign., B. 6, fr. 69, f. 61 r. Les Vivaldi partirent en 1291 sur une galère Alegrancia pour leur expédition sans retour. Sur cette expédition, cf. en dernier lieu G. Moore, La spedizione dei fratelli Vivaldi, op. cit.; F. Surdich, Gli esploratori genovesi del periodo medievale, dans Miscellanea di storia delle esplorazioni, Gênes, 1975, pp. 41-61 (historiographie de la question). 12 II en est de même à Venise où l’usage simultané d’un nom de saint et de la raison sociale gêne l’identification des nefs: cf. les divergences entre R. Romano, La marine marchande vénitienne au XVIe siècle, dans Les sources de l’histoire maritime en Europe du Moyen Age au XVIIIe siècle, Actes du 4e colloque international d’Histoire maritime (Paris, 1959), Paris, 1962, pp. 33-68 et J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., pp. 753-754 à propos des nefs vénitiennes de 1547 à 1570. LES TRANSPORTS MARITIMES 537 Lomellitta est une galère pour un notaire, une nef pour un autre. En 1312, au moment ou les coques commencent à prendre le relais des nefs latines, le bâtiment de Leonardo Riccio est appelé navis sive cocha, ce qui à cette date n’est pas exactement la même chose u. A la fin du XIVe siècle, le terme navis se substitue au mot cocha jusque-là prépondérant, quoiqu’aucune modification ne soit alors intervenue dans le type des vaisseaux marchands: la coque est devenue le navire par excellence et le mot navis a perdu son sens générique pour désigner désormais les gros bâtiments aux formes arrondies qui constituent l’essentiel de la flotte génoise au XVe siècle 14. Du côté des unités plus modestes, les risques de confusion ne sont pas moins grands: en 1370, Giovanni Campanario se dit propriétaire d’un linh ou taride de deux mâts et, en 1293, Mondino Boneto met en vente le 5. Iulianus, qualifié de « linh ou taiide ou panfile », hésitation terminologique surprenante de la part d’un notaire qui ne peut rédiger le contrat hors de la présence et des indications des parties in-teressees . Le vocabulaire maritime laisse place à bien des incertitudes. Reste une autre série de difficultés, qui tient à l’imprécision des tonnages. Celle-ci n’est pas moins grande au XIVe qu’au XVe siècle. Les actes des offices gouvernementaux, les registres de douane et les minutes notariales ne signalent jamais le tonnage des vaisseaux. L’estimation ne peut être faite qu’à partir des pactes de nolisement, parfois des contrats d’assurances, lorsque ces textes contiennent la liste et les quantités de marchandises que les contractants s’engagent à embarquer. Encore faut-il qu’un seul contrat règle le voyage du navire; or bien souvent les propriétaires frétaient leur unité à plusieurs groupes de marchands qui ne s’adressaient pas obligatoirement au même notaire. D’autre part l’armateur avait tendance à surestimer la capacité de son matériel et les affréteurs se gardaient bien d’indiquer des quantités précises, leurs achats étant soumis aux aléas du marché. Enfin certains contrats prévoyaient seulement de charger tout ce que le navire affrété pourrait contenir, ce qui sous-entend que les patrons n’étaient pas toujours en mesure d’en apprécier exactement la portée. Dans ces conditions, le montant total des denrées mentionnées dans un acte de nolisement ne correspond jamais exactement au tonnage du navire; le chiffre obtenu ne constitue qu’une approximation minimale des portées. Celles-ci sont exprimées à Gênes en unités fort diverses, mais de préféren- 13 ASG. Not. cart. n° 16/11, f. 280 v; n° 10, f. 18 v; Not. ign., B. 22, fr. 9, f. 5 v; cart. n° 135, f. 56 v. 14 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 272. 15 ASG. Not. cart. n° 309/11, f. 81 r; Not. ign., B. 14, fr. 127, f. 183 r. 538 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ce en cantares plutôt qu’en unités de capacité 16. Le choix du cantare, qui vaut à Gênes 47,65 kg.17, est significatif d’un trafic portant davantage sur des marchandises pondéreuses que sur des produits chers mais de faible encombrement. Les transports de grain commandés par les autorités communales sont évalués en mine de Gênes, mesure valant 82 kg., 43 au début du XIVe siècle et près de 91 kg. à la fin du Moyen Age 18. De nombreux contrats de nolisement concernent le trafic du vin et de l’huile; s’il est impossible de connaître la capacité des jarres d’huile, et difficile d’apprécier celle des vegete de vin, en revanche les autres unités utilisées, barils ou mezerole ont une valeur plus assurée, le baril oscillant de 47 1., 65 au début du XIVL siècle à 51 1., 75 à la fin du Moyen Age et la mezerola, équivalent de 1 antique metreta grecque, valant deux barils 19. L’incertitude est plus grande en ce qui touche à la botte, que Luzzatto définit comme l’unité de mesure de la cargaison sotto coperta, sous le pont20. A Gênes, la botte, que J. Heers fait équivaloir à 10 cantares soit 476 kg.21, n’est guère utilisée dans l’estimation des tonnages; on la rencontre en 16 II est inutile d’insister, après tant d’autres auteurs, sur la distinction entre tonne et tonneau de jauge (unité de capacité de 2,83 m3): cf. M. Mollat, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Age, Paris, 1952, pp. 338-339; Y. Renouard, Recherches complémentaires sur la capacité du tonneau bordelais au Moyen Age, dans Annales du Midi, t. 68, 1965, pp. 195-207; G. Luzzatto, Per la storia delle costruzioni navali a Venezia nei secoli XV e XVI, dans Studi di storia economica veneziana, 'Padoue, 1954, pp. 37-52; F. Melis, Werner Sombart, op. cit., p. 95, n. 31; J- Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 269; F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 222-223. Sur la détermination du tonnage des navires, cf. P. Gille, Jauge et tonnage des navires, dans Le Navire et l’économie maritime du XVe au XVIIIe siècle, Actes du lLr Colloque international d’Histoire maritime, Paris, 1956, pp. 88-102; F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 239-243 et Tonnages Medieval and Modem, dans Venice and his-tory, op. cit., pp. 345-370. 17 P. Rocca, Pesi e misure, op. cit., p. 110. Cf. notre tableau des poids et mesures, p. 897. 18 Ibidem, p. 110 et Guerra e commercio nell’evoluzione della marina genovese tra XV e XVII secolo, t. I, Gênes, 1970, pp. 10-11. 19 P. Rocca, Pesi e misure, op. cit., p. 108; Guerra e commercio, op. cit., p. 10. Sur 1 équivalence de la vegete en unité de poids, deux textes permettent de résoudre la difficulté de manière décisive: deux contrats de nolisement de 1393 prévoient que la vegete de vin pleine sera comptée comme équivalant à 11 cantares de Gênes, soit 524 Kg. (ASG. Not. cart. n° 313, f. 142 v; n° 319, f. 79v-80v). 20 G. Luzzatto, Per la storia delle costruzioni, op. cit., p. 43 et J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 119. 21 J- Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 269; Idem, Le livre de comptes de Giovanni Piccamiglio, homme d’affaires génois, 1454-1459, Paris, 1959, pp. 15, 16 et 23. les transports maritimes 539 îevanche, dans la correspondance adressée à Francesco di Marco Datini, dont les facteurs évaluent généralement les coques ou nefs génoises en botti; quoi-qu il soit hasardeux de convertir cette mesure de capacité en une unité de poids, on peut retenir la valeur modale de la botte, telle qu’elle résulte des calculs de F. Melis, soit 630 kg. 2\ Comme les unités de poids sont préférées à Gênes aux mesures de capacité, il vaut mieux calculer le plus souvent possible le port en lourd des navires, c’est-à-dire le poids total des marchandises qui y sont chargées. I - Les constructions navales Il n y a pas lieu de refaire ici l’histoire des chantiers navals génois, sinon d’en relever les principaux caractères. F. Braudel et M. Lombard, tout en se référant à des époques bien différentes, ont magistralement expliqué le succès des provinces maritimes de la Méditerranée « adossées à des montagnes forestières », et le déclin des pays dépourvus de bois23. A vrai dire, sur la Riviera genoise, le lien entre la localisation des massifs forestiers, celle des chantiers navals et la construction des navires est étroit mais n’est plus fondamental aux XIII et XIV siècles, au moins en ce qui concerne les chantiers de quelque importance . Les relations commerciales, la maîtrise des techniques et la 22 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., p. 96. Toutefois une lettre des archives Datini qui semble avoir échappé à la sagacité de F. Melis donne la capacité de la nef de Gianotto Maruffo à la fois en botti et en cantares: 1.600 botti et 18.000 cantares, ce qui établit un rapport de 11,25 entre la botte et le cantare de Gênes. En pareil cas, il faudrait donc réduire à 536 kg. la valeur de la botte, ce qui ferait correspondre à peu près exactement la botte a la vegete (cf. supra note 19), unité de capacité fréquemment utilisée dans les textes génois; cf. AS. Prato, Carteggio Pisa da Genova n° 520, 25 mai 1396. 23 F. Braudel, La Méditerranée, op. cit., t. I, pp. 129-131; M. Lombard, Arsenaux et bois de marine dans la Méditerranée musulmane (VIIe-XIe siècles), dans Le Navire et l’Economie maritime du moyen âge ait XVIIIe siècle principalement en Méditerranée, Actes du 2’ colloque international d’Histoire maritime (Paris 1957), Paris, 1958, pp. 53-106. réimprimé dans Espaces et réseaux du Haut Moyen Age, Paris, 1972, pp. 108-151, et Ibidem, pp. 152-176, Le bois dans la Méditerranée musulmane VIIe -XIe siècles - Un problème cartographié. 24 M. Calegari, Legname e costruzioni navali nel Cinquecento, dans Guerra e commercio nell’evoluzione della marina genovese tra XV e XVII secolo, t. II, Gênes, 1973, pp. 79-148; M. Quaini, I boschi della Liguria e la loro utilizzazione per i cantieri navali, dans Rivista geografica italiana, 1968, fase. III, pp. 508-536; Idem, Boschi e cantieri navali nella Liguria medievale e moderna, dans Liguria, t. 27, 1970, pp. 9-12, montre 540 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA' ROMANIE puissance de l’organisation suppléent à l’insuffisance de la production locale: marchands et armateurs font venir le bois de régions lointaines et poussent les autorités communales à conclure des accords leur réservant le monopole de ^exploitation de larges zones forestières. En 1246 et en 1269 Louis IX, en réservant à Gênes les commandes des bateaux nécessaires à la croisade, fait confiance à une organisation expérimentée et lui donne par là-même une force encore plus grande, qui ne peut plus se satisfaire des ressources ^forestières limitées de l’Apennin ligure; dès le XIIIe siècle, sans doute, Gênes a recours à des importations systématiques de bois de construction, de plus en plus nécessaires à mesure que la déforestation s’accentue 23. Le lien entre le milieu naturel et l’essor des techniques s’est alors distendu. La localisation des chantiers navals n’est guère différente à notre époque de ce qu’elle est au XVe ou au XVIe siècle: chaque plage, chaque abri naturel de la côte possède son sçario. Déjà Sampierdarena l’emporte sur les autres, on y voit construire entre 1273 et 1376 toutes sortes de bâtiments, panfiles, nefs et coques, aussitôt lancés sur le routes de l’Orient26. Sur la Riviera du Ponent, les chantiers de Varazze et de Savone arment nefs et galères aux mesures e Romanie; à Gênes même, la construction navale est active en contre-bas de Sarzano, à Fontanella, à l’embouchure du Bisagno et près du môle, dans 1 es pace qui sera plus tard réservé aux réparations. Sur la Riviera du Levant, es chantiers de Sori, Recco et Sestri Levante, qui lancent habituellement de pe tites imités servant au cabotage, reçoivent des commandes de galères, lorsque la Commune arme une flotte de guerre pour soutenir sa politique orientale néanmoins que les chantiers de Taggia, Varazze, Sampierdarena, Chiavari, Portovenere utilisent les bois de leur arrière-pays immédiat. L. Gatti, Costruzioni navali in Liguria fra XV e XVI secolo, dans Studi di Storia navale, Centro per la Storia della Tecnica in Italia, s. 1., 1975, pp. 25-72, spécialement pp. 28-33, met en valeur 1 activité des chan tiers de Varazze et de Sampierdarena au XVe siècle. 25 A. Jal, Pacta naulorum des années 1246, 1268 et 1270 recueillis, publiés et an notés in Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites de la bibliothèque^ Royale, par J. J. Champollion-Figeac, Paris, 1841, t. I, pp. 507-615, qu’on préférera à l’édition de L. T. Belgrano, Documenti inediti riguardanti le due Crociate di S. Ludovico IX re di Francia, Gênes, 1859, où les erreurs de transcription abondent; R- S. Lopez, Capitalismo genovese, in Studi dell’economia italiana, éd. C. M. Cipolla, t. I, Florence, 1959, p. 297; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 285-287; M. Calegari, Legname e costruzioni navali, op. cit., pp. 126-131, 138-148. 26 ASG. Not. ign., B. 22, fr. 2, f. 6 r; B. 11, fr. 109, f. 11 v; B. 12, fr. 112, pièce III; cart. n° 232, f. 71; n° 118, f. 49 r; n° 233, f. 275 r; n° 310, f. 155 r. 27 ASG. Not. cart. n° 72, f. 190 r; n° 74, f. 104 r; n° 80, f. 169 v; n° 70, f. 35 r; n° 285, f. 71 r; Not. ign., B. 8, fr. 95, ff. 103 v, 154 r, 178 r; B. 12, fr. 112, ff. 57 r et 87 r; B. VIII, pièce 2, fr. 5. LES TRANSPORTS MARITIMES 541 En effet, Gênes ne possède pas plus au XIVe qu’au XVe siècle de flotte permanente. L’envoi d’un ambassadeur en Orient, la nécessité d’une démonstration navale, à plus forte raison les guerres vénéto-génoises contraignent la Commune à mettre rapidement en chantier de nombreuses galères et à faire réparer celles qui peuvent encore servir. Les besoins sont importants, même en temps de paix: cinq galères en 1314 sous le commandement d’Acelino Grillo, dix en 1336 sous les ordres d’Oddoardo Doria, neuf en 1337 et en 1339 sous la conduite de Francesco de Marini et de Simone di Quarto28. Rien de comparable pourtant avec l’effort que représentent les campagnes vénéto-génoises: entre 1261 et 1267, les sources mentionnent les flottes commandées par Marino Boccanegra (six nefs et dix galères), Ottone Vento (dix galères), Pietrino Grimaldi e Pesceto Mallone (vingt-cinq galères, une saiète, cinq barques), Pietro Avvogario (trente-huit galères), Simone Grillo (vingt galères), Simone Guercio (dix galères), Lanfranco Borborino (vingt-sept galères, une nef), Obertino Doria (vingt-cinq galères), Lucheto Grimaldi (vingt-cinq galères), soit au total 203 bâtiments en sept ans 29. Encore plus surprenants sont les préparatifs de la guerre de Curzola, tels que les présente dans sa chronique Jacques de Varagine: selon cet auteur, fort enclin à l’exultation patriotique, deux cents galères furent armées en juillet et août 1295, parmi lesquelles cent soixante-cinq allèrent attendre les Vénitiens au large de la Sicile. En 1297, soixante-quinze bâtiments prirent la mer et, à la bataille de Curzola, Lamba Doria se trouvait à la tête de quatre-vingt-sept galères, chiffre que le continuateur anonyme de la chronique de Jacques de Varagine 28 ASG. Not. cart. n° 209, f. 156 r; n° 219, f. 8v; n° 267/1, f. 174 r; G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., pp. 127, 128, 134. En 1323, l’expédition des Guelfes de Gênes contre leurs compatriotes gibelins de Péra requiert l’armement de dix galères: cf. G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., pp. 105-106; G. Villani, Cronica, op. cit., t. II, p. 291; ASG. Not. cart. n° 212, f. 73 r; C. Manfroni, Le relazioni, op. rit, pp. 698-699; A. E. Laiou, Constantinople, op. cit., pp. 300-301. 29 Annali Genovesi, t. IV, pp. 42-43, 49, 51, 54, 68, 89, 91-92, 103; ASG. Not. cart. n° 129, f. 85 r; n° 61, lî. 58 r, 155 r; n° 30/1, (ï. 114 r, 121 r-v, 132 r, 137 r, 140 v; n° 69, fï. 36 v, 43 v, 46 r-v, 45 r-v, 47 r, 50 r, 52 v; n° 36, f. 202 r; n° 82, f. 143 r. Les mises en chantier sont naturellement inférieures à ce chiffre, en raison de la réutilisation des galères ayant échappé aux tempêtes et aux Vénitiens. Mais il ne faut point oublier que la flotte de Lanfranco Borborino fut toute entière perdue; sur ce point, cf. notre notice Borborino Lanfranco dans Dizionario biografico degli Italiani, t. XII, 1970, pp. 500-501. 542 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE réduit à soixante-six30. Lors de la guerre des Détroits, la Commune confie quatorze galères à Nicola de Magnerri en 1350 puis soixante galères à Paga-nino Doria en 1351, sur lesquelles quarante-quatre peuvent rentrer à Gênes l’année suivante; en 1355 enfin, soixante galères participèrent à la bataille d’Alghero31. Le quatrième conflit vénéto-génois, connu sous le nom de guerre de Chioggia, nécessita le lancement de plusieurs flottes: quatorze galères sous les ordres d’Aron di Struppa en 1377, vingt-quatre sous ceux de Luciano Doria et dix au commandement de Lodovico Fieschi en 1378, vingt-trois galères dirigées par Ambrogio Doria en 1380 et vingt par Isnardo de Guas co32. Dernier exemple: en 1403, l’expédition de Boucicault en Orient com porte neuf galères, sept nefs et un huissier33. De tels efforts d’armement ne peuvent être soutenus que s ils sont re partis entre les diverses bourgades des Riviere: de fait en 1350-1351, la Commune impose l’armement d’une galère à chaque ville de Ligurie placée sous sa protection: Diano, Savone, Albenga, Varazze, Finale, Recco, Chiavati, Sestri Levante doivent fournir un bâtiment de guerre34. A d autres moments où les besoins sont moins pressants, la Commune se contente de lever sur les différentes universitates de Ligurie une avaria extraordinaire pour financer l’armement naval: en 1373, la flotte de Pietro di Campofregoso envoyée en Chypre bénéficie d’une levée de 116.497 1. 14 s. 1 d. versée par les communautés de la Riviera, alors que les populares de Gênes sont imposes au taux de 15.409 1. 10 s. 4 d. et les nobles de la ville à 20.885 1. 19 s. 30 G. Monleone, Iacopo da Varagine, op. cit., t. II, pp. 102, 106, 110; V. Promis, Continuazione, op. cit., p. 499-500. 31 ASG. Antico Comune, reg. n° 630, 631, 690, 692; G. Stella, Annales Genuen ses, op. cit., p. 152. Sur la guerre des Détroits, cf. A. Sorbelli, La lotta fra Genova e Ve nezia per il predominio del Mediterraneo (1350-1355\ dans Memorie della R- Accade mia delle scienze di Bologna, t. IV, série 1 (1910-1911), Classe di Scienze Morali, sezione storico-filosofica, pp. 87-157; notre article, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., M. M. Costa, Sulla battaglia del Bosforo (1352), op. cit. 32 ASG. Antico Comune, reg. n° 713, 717, 722, 723; G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., pp. 169, 170, 173, 183. A noter que les chiffres donnés par l’annaliste sont sensiblement différents de ceux que fournissent les registres Galearum introytus et exitus cités supra. Nous nous sommes tenus à ces derniers. 33 F. Surdich, Genova e Venezia, op. cit., p. 248. 34 ASG. Antico Comune, n° 690, Galearum marinariorum introytus et exitus; cf. notre article A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., pp. 435-436. Lors de la guerre de Chioggia, il en est de même: chaque communauté ligure, chaque comptoir oriental doit armer un ou plusieurs bâtiments envoyés in Gulfo, dans l’Adriatique. LES TRANSPORTS MARITIMES 543 4 d. . En d autres termes, le financement de la politique orientale génoise repose en grande partie sur les bourgades figures qui, à l’occasion de l’expédition e Chypre fournissent 67 % des taxes extraordinaires, sans compter les emprunts levés par 1 'Officium Monete pour un total de 54.500 livres 36. Des solutions plus économiques peuvent parfois se présenter: la Commune rachète à des armateurs quelques galères qu’elle fait remettre en état ou bien laisse se développer l’initiative privée, comme lors de l’expédition de 1346 qui aboutit a 1 occupation de Chio par Simone Vignoso et ses compagnons. lina été question jusqu’ici que des armements pour le compte de la Commune. La construction des navires marchands échappe aux autorités publiques dont le droit de regard se limite à faire respecter les mesures de sécurité indispensables. Les chantiers de Sampierdarena, de Varazze, de Sarzano ou du port même de Gênes lancent concurremment galères et bateaux tonds, dont les propriétaires traitent directement avec les différentes corporations concernees, auxquelles ils fournissent le bois et les différents matériels utiles a 1 équipement. Malheureusement les sources genoises sont avares de détails sur ces négociations entre particuliers et maîtres des corporations, alors qu abondent les contrats prévoyant la division de la propriété du navire et les ventes de « carats »37. 35 ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 56, ff. 35, 141. 36 Ibidem, f. 145. D’autres exemples pourraient être fournis: nous avons estimé à près d’un million de livres les frais de la campagne de Paganino Doria en 1351-1352 (A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 459) à l’exclusion des dépenses d’armement au départ de Gênes. Celles-ci coûtent en 1380 329.139 1. 4 s. 8 d. pour les vingt-trois galères placées sous le commandement d’Ambrogio Doria, soit environ 14.310 livres par bâtiment (ASG. Antico Comune, Galearum introytus et exitus n° 722). Il faut compter à peu près 1.300 livres par mois pour la solde de l’équipage à la fin du XIVe siècle (ASG., Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 84, ff. 143-144). 37 Mêmes remarques pour une époque postérieure in M. Calegari, Legname e costruzioni navali, op. cit., p. 128, qui annonce la prochaine publication des rares documents concernant la construction navale privée retrouvée dans les minutiers notariaux génois (1450-1600). Il ne sera pas traité ici en détail du régime de la propriété des navires. On sait (E. H. Byrne, Genoese Shipping, op. cit., pp. 12-21; R. Di Tucci, Studi sull’economia genovese del secolo XII - La nave e i contratti marittimi - La banca privata, Turin, 1933, pp. 24-39; M. Chiaudano, I « loca navis » nei documenti genovesi dei secoli XII e XIII, dans Studi in onore di E. Besta, t. 4, Milan, 1938, pp. 413-446; A. Scialoja, « Partes navis et loca navis», dans Saggi di storia del diritto marittimo, Rome, 1946, pp. 7-65; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 288-291) que pour diviser les frais de construction et les risques de mer, un navire, quel que soit son type, appartient généralement à plusieurs marchands-armateurs qui se réunissent pour le faire construire et l’affréter. Dans ces conditions, la propriété d’un bateau est répartie en autant de parts ou loca que de frac- 544 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Les chantiers génois ne sont pas les seuls à travailler pour les besoins de la navigation orientale. Très tôt, chacun des grands comptoirs d Orient s’est doté de cales sèches, d’ateliers de réparation et peut lancer des bâtiments aussi gros que ceux qui quittent la plage de Sampierdarena. Une des premières mentions de cette activité de construction date de 1288: Guideto di Negro, lié en affaires avec la famille Zaccaria, engage alors à son service deux maîtres charpentiers qui l’accompagnent à Péra, où on le retrouve établi en 1289 3S. L’année suivante, Giovanni Manente, non sans difficultés, fait construire un linh à Péra où les Génois ont sans doute utilisé 1 emplacement de l’ancien arsenal byzantin, connu sous le nom d’Exartysis 39. Les chantiers de Péra sont actifs dès les années 1300 et fournissent une aide navale aux Génois de la métropole lors de la guerre de Curzola, puis au moment de la bataille des Détroits à l’amiral Paganino Doria 40. A la fin du XIV siècle, pour affronter les forces de Bajazet, enserrant la capitale byzantine, galères, galiottes, brigantins et huissiers sont armés à Péra41. Ajoutons enfin qu en dehors de ces bâtiments de guerre, toute une flottille de petites unités marchandes sort des chantiers du comptoir génois: dans la liste des dédommagements que requiert l’ambassadeur Niccolò Spinola auprès d Andronic II, tions du capital réuni pour son armement de sorte que d’un bâtiment à 1 autre, le nombre des loca est différent: 16 loca pour la galère S. Anthonius en 1278, 64 pour la nef S. Michael en 1266 (ASG. Not. cart. n° 79, f. 270 v et n° 81, f. 57 r). A la fin du XIIIe siècle un autre système, correspondant à une plus grande concentration de la Jrichesse, tend à se répandre: un navire devient la propriété commune — prò indiviso dans les textes — de deux ou trois personnes qui eri détiennent chacune la moitié ou le tiers. Lors qu’il s’agit de bâtiments importants, dant l’armement nécessite des sommes élevées, le patron s’associe à des prêteurs qui reçoivent une participation aux bénéfices; le navire est alors divisé en 24 carati dont certains reviennent au patron, selon l’importance de son investissement et de son travail et d’autres aux prêteurs; le système en vigueur à Caffa dès 1290 (M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 585) se généralise au cours du XIVe siècle. Il favorise le fractionnement des investissements et les transferts de parts, aussi facilement négociables que des valeurs mobilières (cf. J. Heers, Gênes au XVe siede, op. cit., p. 291). 38 ASG. Not. cart. n° 43, ff. 157 v et 161 r; M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., n° 226, p. 110. 39 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 527-528; R. Janin, Constantinople byzantine, op. cit., p. 457. Sur la flotte de Péra en 1281, cf. L. Balletto, Genova, Mediterraneo, op. cit., pp. 97423. 40 G. Monleone, Iacopo da Varagine, op. cit., t. II, p. 27-28; M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit.,, p. 445. 41 ASG. Massaria Peire 1390, ff. 89 r, 100 r; Massaria Peire 1402, ff. 12 v -14 r, 76 v; Sindicamenta Peire, t. II, f. 40 r. LES TRANSPORTS MARITIMES 545 les linhs, vachete, barques et tarides l’emportent largement sur les gros bâtiments, galères et nefs provenant sans doute de la métropole, alors que les petits tonnages sont plus vraisemblablement un armement local42. A Caffa, également, l’essor de la construction navale a suivi de peu l’installation des Génois: une baie bien protégée des vents du Nord, un môle construit dès le début du XIVe siècle, les besoins provoqués par la défense et le ravitaillement du comptoir, toutes ces conditions sont favorables à la création d’un arsenal. Dès 1289-1290, une multitude de petites unités, tarides, linhs et barques, sont utilisées pour le cabotage en mer Noire43. Il est hors de doute que certaines ont pu être acquises auprès de Grecs ou d’Armé-niens; d’autres, en revanche, ont dû être construites sur place, car il est peu probable que ces petits tonnages viennent des chantiers de Ligurie et aient affronté les tempêtes de la Méditerranée alors que, d’après nos textes, on se garde bien à cette date de les utiliser hors de la bouche d’Abydos. A la fin du XIVe siècle, le chantier, ou « scario » de Caffa, se trouve près du pesage. C’est là que sont lancées galères et galiottes; barques et brigantins qui contribuent à la sécurité du comptoir, sont envoyés aux bouches du Danube lors du conflit contre Dobrotitch ou même dans l’Adriatique, au moment de la guerre de Chioggia, et surveillent enfin les communications avec les autres places de la mer Noire, tout en assurant le ramassage des produits pontiques, l’importation du grain, du sel ou du bois nécessaire à l’arsenal44. Les Génois utilisent aussi les services d’autres chantiers répartis en mer Noire: dès 1313, un linh est lancé au lieu dit Gone; quant à Cembalo, on y voit construire un panfile et même une nef, sous la direction de bourgeois de Caffa 45. Enfin, dès leur installation à Chio, les compagnons de Simone Vignoso n’ont pas tardé à se doter de chantiers navals; en même temps que des colons, ils attirent dans l’île calfats et maîtres de hache46. En 1351, ils arment une galère qui est adjointe à la flotte de Paganino Doria et mettent à la mer 42 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 517-520. 43 Voir en appendice la composition de la flotte de Caffa en 1289-1290 et les quelques remarques de L. Balletto, Genova, Rediterraneo, op. cit., pp. 125441. 44 ASG. Massaria Caffa 1381, ff. 85 r, 246 r, 391 r; Massaria 1386, f. 183; Massaria Caffa 1375, ff. 36 v, 82 v, 256 v, 258 v, 323 v. 45 ASG. Not. cart. n° 8, ff. 50v-51r; n° 322, f. 88 r; Arch. Segreto, Diversorum Comunis Ianue n° 3021 (mars 1392). 46 ASG. Not. cart. n° 176, ff. 144 v, 145 v; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 43; D. Gioffrè, Atti rogati in Chio, op. cit., p. 352. 546 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE quatorze autres bâtiments pour la défense de Nicaria et des îlots de 1 Archipel déjà passés sous la domination de la Mahone4,. Jusqu au début du XVe siècle, l’activité des chantiers de Chio ne faiblit pas: réparations de bâtiments pris aux Turcs, lancements de galiottes et de galères légères sont cités dans les textes 48. Il est donc incontestable que dans les trois grands comptoirs génois d’Orient, on a éprouvé le besoin non seulement d’assurer 1 indispensable protection maritime — jusqu’à réquisitionner en cas de nécessité des bateaux marchands rapidement transformés en unités combattantes mais de disposer en dehors des grands mouvements maritimes provoques par 1 arrivée des convois de la métropole, de bâtiments pouvant se livrer au cabotage en Orient même et contribuer en morte saison au stockage des produits orientaux, et surtout au ravitaillement régulier des comptoirs. Tout en collaborant avec les armateurs indigènes, grecs, arméniens et même tatars, les autorités coloniales ne se sont pas satisfaites d’une radicale division des tâches, laissant aux Orientaux le ramassage des denrées locales et aux marchands génois le grand commerce d’exportation. Elles ont incité leurs compatriotes à armer une flotille de petits bâtiments, dont l’activité incessante est nécessaire à la bonne organisation des échanges entre l’Orient et 1 Occident. II - Les types de bateaux Ces échanges reposent sur la navigation simultanée de deux types de bateaux qui caractérisent à notre époque les flottes des grandes villes maritimes méditerranéennes: vaisseaux longs, équipés essentiellement de rames, et vaisseaux ronds marchant surtout à la voile, utilisés aussi bien dans les opérations militaires que dans les entreprises commerciales. Mais ces deux types, dont F. C. Lane fait remonter la tradition jusqu’aux Phéniciens 49, ont beaucoup évolué entre les XIIIe et XIVe siècles, marqués, on le sait, par la « révolution nautique du Moyen Age ». Il convient donc de distinguer les bâtiments en usage sur les routes de l’Orient génois avant les années 1300, et 47 ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium, n° 49, f. 37; M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 436; C. Hopf, Chroniques gréco-romanes, op. cit., p. 510; E. Armao, In giro per il mar Egeo con Vincenzo Coronelli, Florence, 1951, p. 153. 48 ASG. Not. Gregorio Panissaro doc. n° 76; Ph. Argenti, The Occupation of Chios, op. cit., t. Ili, pp. 539, 540, 541. 49 F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., p. 2. LES TRANSPORTS MARITIMES 547 postérieurement à cette date, tout en rappelant bien sûr que les innovations technologiques qui transforment les bâtiments s’imposent lentement, et que circulent concurremment types anciens et nouveaux pendant une période de transition assez longue. al Les vaisseaux longs. Galère ou galèe, les historiens ont traduit indifféremment par l’un de ces deux termes le mot galea, désignant bien souvent tout bâtiment à rames, quel que soit son type 50; pour ne point ajouter à la confusion, il vaut mieux utiliser le mot galère, puisque ce bâtiment appartient aussi bien à l’Etat qu à des particuliers et qu’il passe facilement aux XIIIe et XIVe siècles de la flotte marchande à la flotte de guerre. Le mot recouvre en fait une grande diversité de types, moins connus par leurs dimensions et leurs caractéristiques sur lesquelles les textes du XIIIe siècle sont avares de détails, que par leurs prix. Avant les années 1300, la valeur la plus haute, atteinte par Y Alegrancia de Tedisio Doria — ce bâtiment qui se perdit corps et biens dans la malheureuse expédition des Vivaldi — est de 1050 livres, alors qu’une autre unité, qualifiée elle aussi de galea est vendue, vétuste peut-être, pour une somme dérisoire de 55 livres51. Ces galères du XIIIe siècle étaient généralement des birèmes pourvues de 100 à 120 rameurs et de quelques dizaines d’autres marins; leur capacité de chargement était fort réduite: en 1278, trois galères transportent 1297 cantares d’alun, soit 618 quintaux, environ 20 tonnes et demie chacune 52. D’après ce que l’on peut connaître des 50 La confusion terminologique a même été poussée plus loin, puisque comme le rappelle J. Heers (Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 267), d’éminents historiens comme A. A. Ruddock ou Mme R. Doehaerd ont parlé des galères génoises assurant au XVe siècle le trafic de Flandre et d’Angleterre, lorsque les textes utilisent le mot navis et que la galère est alors pratiquement inconnue des marchands. Nous nous rangeons volontiers aux arguments de L. Liagre de Sturler (Les relations commerciales, op. cit., p. CLXVI) pour ne retenir que le mot galère selon un usage que justifie l’utilisation de ce bâtiment au XIVe siècle. 51 ASG. Not. ign., B. 6, fr. 69, f. 61 r (1291); Not. ign., B. 21, fr. 1, pièce 5, f. 18 r (1284); en 1264 la galère Oliva de Guglielmo di Castello et d’Ugolino Sardena vaut 472 livres (Not. cart. n° 36, f. 79 v), le prix moyen se situant entre 500 et 600 livres, aldrs que dans les dernières décennies du XIIIe siècle, plusieurs naves sont achetées à des prix supérieurs à 2.000 livres. Il y a donc un écart de 1 à 2,5 environ entre le prix des galères, sans doute diminué par la crise des frets ayant suivant la fin des croisades, et celui des naves qui bénéficient de leurs fortes capacités de transport en produits lourds comme l’alun, les grains ou le sel. 52 ASG. Not. ign., B. 12, fr. 113 (éd. par Mme Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., texte n° 1356). Ces données tirées des minutes notariales génoises (ASG. Not. 548 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE contrats passés entre la Commune et les envoyés de saint Louis venus organiser la croisade de 1270, ces galères de la fin du XIII siècle avaient une quarantaine de mètres de long sur 5 m., 50 de large; elles etaient « gréées de deux mâts à voile latine, pourvues de magondaux à l’avant, de pavois en abord, et renforcées au besoin d’un château autour du mât du milieu »53. La propulsion à rames donnait à ces bâtiments une grande facilité de manoeuvre à l’entrée et à la sortie des ports et facilitait la progression en calme plat, tandis que la voilure latine leur permettait de mieux remonter au vent. Au début du XIVe siècle, d’importantes transformations affectent la construction des galères. D’une part on commence a distinguer les galères légères, sottili, poussant à l’extrême les avantages du vaisseau long à rames, finesse et rapidité, et bientôt spécialisées, en dehors de leur utilisation à a course ou à la guerre, dans le transport des marchandises legères, mais e grand prix, et les grandes galères, ou galee grosse, dont les constructeurs s’efforcent de combiner les avantages de la galère et ceux du vaisseau ron — grande capacité de chargement — afin d’accroître la productivité des ports maritimes. D’autre part, à Gênes, comme à Venise, les autorités é a o-rent des normes sévères de construction, contrôlent le recrutement des equi pages, l’appareillage et l’armement de bord; le Liber Gazarie, qu ouvre en 1314 le règlement de 1 'Officium Gazane récemment constitué, contient toute une série de dispositions, échelonnees de 1330 à 1340, et définissant les normes du trafic des galères sur les routes du Levant54. En ce qui concerne ign., B. 19, fr. 2, pièce 1; B. 21, fr. 1, pièce 3, f. 18 r; B. 8, fr. 93, f. 57 r) correspondent tout à fait aux chiffres retenus par F. C. Lane qui estime que les galères vénitiennes d’avant 1300 portaient une cargaison d’environ un septième de tonne par homme (Progrès technologiques, op. cit., p. 292). C. Manfroni, Storia della marina italiana, ^ 1453, op. cit., t. I, p. 132, parle de 108 à 130 rameurs sur les galères génoises du XIII' siècle. En 1281, la galère Alegrancia de Buonsegnore Caffaraino et de Bonifacio di Piazza-lunga a un équipage de 120 rameurs, 5 officiers et un scribe: cf. G. I. Bratianu, Actes notaires, op. cit., pp. 128-129. Le Liber Gazarie considère qu’une galère a nécessairement plus de 100 rameurs, puisque ce nombre permet au législateur de distinguer les galères des linhs de teriis dont il sera question plus loin (V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 73 et 158). 53 R. Bastard de Péré, Navires méditerranéens du temps de Saint Louis, dans Revue d’Histoire économique et sociale, t. 50, 1972, pp. 349-350. Sur la forme de ces galères, voir les graffiti de Finale Ligure in M. Bonino, A medieval graffito at Tinaie Ligure, dans The Mariner’s Mirror, 1975, pp. 291-292. 54 Imposicio Officii Gazarie, op. cit., pp. 313-320; J. M. Pardessus, Collection de lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle, Paris, 1845, t. IV, pp. 587-595; V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 133-136. Un commentaire de ces normes a ete reœm- LES TRANSPORTS MARITIMES 549 la construction des galères légères, YOrdo jactus super mensuris galearum de Romania et Syria, daté de 1333, définit avec précision leurs dimensions: Longueur totale = 40 m., 19 (54 goda de 0m., 744) — de quille = 33 m., 492 (45 goda) Largeur médiane à la bocca (c’est-à-dire largeur maximale) = 5 m., 024 Hauteur maximale « au creux » (c’ept-à-dire au milieu du bateau) = 2 m., 066 soit une finesse de coque voisine de 8 55. L'Off cium Gazarie n’en autorise pas moins la construction de galères légères plus petites, sans doute plus aptes au transport des dépêches et à la surveillance côtière qu’à la navigation du Levant. La transformation des nefs dans les premières décennies du XIVe siècle incita à construire des galères plus grosses, plus aptes au transport des marchandises et dont les dimensions furent fixées par un règlement de 1 'Officium Gazarie de 1340: Longueur totale = 40 m., 19 (identique à celle des galères légères) Largeur médiane à la bocca = 5 m., 954 Hauteur non indiquée 56 ment publié par G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit. L’auteur fait cependant remarquer que ces dispositions sont antérieures à l’institution de YOfficium Gazarie-, en effet, en mai 1310, un maître de hache originaire de Recco s’engage à construire pour le compte de Tommasino Grillo une galère « selon les mesures fixées par les statuts de Gênes ». On ignore quelle commission gouvernementale pouvait exercer un contrôle sur les chantiers navals à cette date: cf. ASG. Not. ign., B. 5, fr. 63, f. 65 v. 55 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 124; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 138. Rappelons que le coefficient de finesse est le rapport des mesures de longueur et de largeur prises à la flottaison: cf. R. Bastard de Péré, Navires méditerranéens, op. cit., p. 331, n. 11. En 1383, durant le dogat de Leonardo Montaldo, furent mises en chantier dix galères aux dimensions suivantes: 37 m,28 de longueur* 4 m,21 de largeur et 1 m,74 de hauteur au niveau du pont; cf. R. Di Tucci, Costruzione di galee genovesi durante il dogato di Leonardo Montaldo, dans Miscellanea di Studi storici in onore di A. Luzio, t. I, Florence, 1933, p. 333 et V. Borghesi, Informazioni sulle galee di Andrea Doria nelle carte strozziane (1552), dans Guerra e Commercio, op. cit., t. I, pp. 119-120. 56 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 163; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 139. La finesse de coque serait voisine de 6. 550 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Un des premiers exemples de grosse galère mentionnée comme telle est un bâtiment envoyé en Flandre en 1329 57; sur les routes du Levant, les grosses galères n’apparaissent que vers 1343, les autorités génoises s étant efforcées de réserver le trafic des marchandises de prix aux galères légères, dont se préoccupe surtout 1 'Officium Gazarie. En ce sens, les remarques de F. C. Lane sont tout à fait fondées: pendant la première moitié du XIVe siècle, la distinction entre les deux types se situe à l’intérieur du groupe des galères marchandes; elle repose sur les mesures spécifiques de chacun et sur la nature différente des cargaisons transportées 58. A partir des années 1350, les textes distinguent plus fréquemment grosses galères et galères légères, ajoutant parfois que celles-ci sont armées: progressivement les premières deviennent donc les seules galères marchandes communément utilisées, alors que les secondes se spécialisent dans une fonction d’escorte et de patrouille 59. L’accroissement de la largeur n’est pas la seule transformation que subit la galère dans les premières décennies du XIVe siècle: les birèmes sont progressivement remplacées par des trirèmes, à une date que Marino Sanudo Torsello place en 1290, mais qui en fait s’échelonna à Venise de 1290 à 1320 . Cette substitution fut sans doute un peu plus tardive en mer Tyrrhénienne; elle y était moins nécessaire dans la mesure où les besoins de la navigation génoise ont été assurés par l’usage des coques, introduit bien plus tôt qu à Venise61. Ce n’est qu’en 1334 qu’est faite obligation aux patrons des galè- 57 R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. III, p. 1162. 58 F. C. Lane, Tonnages, op. cit., pp. 367-368. 59 Grandes galères: ASG. Not. cart. n° 229, f. 132 r; cart. n° 233, f. 102 r; n° 330, f. 1 v; n° 379, f. 30 r; n° 310, f. 23 r; n° 322, f. 167 r; n° 380, f. 53 r. Galères légères: ASG. Not. cart. n° 331/1, f. 283 v; Antico Comune, Magistrorum rationalium, n° 55, f. 278; n° 57, f. 131; Not. ign., B. Bbis, n° 335; Antico Comune, Massaria Cornu-nis Ianue, n° 15, f. 7 r; Not. cart. n° 542, doc. 292; n° 322, f. 190 r (tous ces exemples sont antérieurs à 1380). 60 Marino Sanudo Torsello, Liber Secretorum Fidelium Crucis super Terrae Sanctae recuperatione et conservatione, dans Gesta Dei per Francos, Hanovre, 1611, p. 57; cf. F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit. p. 12; Idem, From Biremes to Triremes, dans Venice and History, op. cit., pp. 189-191; Tonnages, op. cit., p. 367; Venetian Seamcn in thè nautical Revolution of thè Middle Ages, dans Venezia e il Levante, op. cit., t. I, p. 414; U. Tucci, La Navigazione veneziana, op. cit., p. 825; R.S. Lopez, Storia delle colonie genovesi, op. cit., pp. 54-55 prétend sans autre preuve que les Zaccaria inaugurèrent à Gênes l’usage des trirèmes vers 1300. 61 Cf. infra p. 556. LES TRANSPORTS MARITIMES 551 res de Romanie d emporter au moins 185 rames et terzolli ou terzaroli62, ce qui suppose que les rameurs soient trois par banc63. En fait, la pratique dut précéder de beaucoup le règlement qui l’entérine. En 1296, la galère S. Iobanes de Marchisio Bonaventura est encore équipée de 120 rames, comme les grandes galères du XIIIL siècle: trente bancs de part et d’autre de la coupée M. Vers 1350, la transformation est définitive: la galère d’Antonio di Negro en 1351 est à 27 bancs de trois rameurs — quatorze à bâbord et treize à tribord, i espace vide étant occupé par le portillon de la cuisine65. Désormais, et jus-qu au début du XVe siècle, la galère génoise comporte un effectif de 168 à 180 rameurs disposés sur vingt-huit à trente bancs, dirigés en oblique par rapport aux lisses de plat bord. Elle est en outre munie de quelques arbalétriers, de quatre en temps de paix à une trentaine en cas de guerre, et commandée par une équipe composée de l’armateur ou patronus, de deux chefs de la chiourme, cornes et subcomes, de deux scribes, d’un serviteur et parfois d’un nauclerus aux fonctions purement techniques exercées sous la responsabilité du patron, quand ce dernier ne les assume pas lui-même6o. La rapidité de navigation, rendue possible par un si nombreux équipage, était encore accrue par d’autres détails de l’armement. Les galères génoises du XIVe siècle conservaient en effet un gréement latin, deux mâts avec leurs an- 62 Le terzollo est la troisième rame, plus courte, confiée au rameur placé contre le flanc de la galère (cf. A. Guglielmotti, Vocabolario marino e militare, Rome, 1889, p. 1894; A. Jal, Glossaire nautique, Paris, 1848, p. 445). 63 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 91; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 142. Le premier texte législatif mentionnant « les galères de Romanie armées à trois rames par banc » est le Statuto di Gazaria de 1403 (V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 198). 64 ASG. Not. ign., B. 19, fr. 2, pièce 1. De ce point de vue le travail de E. H. Byrne, Genoese Shipping, op. cit., est extrêmement succinct; il apporte davantage de renseignements sur les nefs latines que sur les galères (pp. 5-6). 65 ASG. Not. cart. n° 237, f. 67 v. En août 1343, la galère Sancta Catalina de Daniele Usodimare et de Niccolò Pinello a un équipage de rameurs disposés à raison de trois hommes par banc (ASG. Not. cart. n° 230, ff. 182 v-183 r). Sur cette disposition, cf. F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., p. 9, n. 1. 66 Quelques exemples d’effectif: 168 rameurs sur la galère de Simone Lecavela en 1352 (M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 468); 168 également sur celle de Pietro di Cozardo de retour de Romanie en 1390 (ASG. Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 101, f. 98 r); 166 sur celle d’Elliano Centurione en 1391 (Ibidem, n° 85, f. 184); 172 sur celle de Quilico de Tadeis la même année (Ibidem, f. 84 et 143-144). En 1385, La Commune arme 12 galères comprenant chacune un équipage de 172 marins, 35 arbalétriers d’origine génoise et 5 officiers (ASG. Man. n° 856, Officium Monete, f. 31 r-v). 552 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE tennes, équipés des voiles que le Liber Gazarie imposait à boid, 1 artimon, le tersarol et le « papafico », ce dernier étant, semble-t-il, utilise comme voile de mauvais temps 67. Ainsi les galères marchandes pouvaient utiliser la force des vents, comme les nefs latines, mais se mouvoir plus aisément que celles ci par grand calme ou pour sortir d’un port. La manoeuvre était en outre faci litée par un double jeu de gouvernails, deux gouvernails latéraux, selon les traditions du XIIIe siècle, et deux gouvernails courbes fixés à l’étambot et que les inventaires génois dénomment « timons bayonnais », en souvenir de leur introduction en Méditerranée par des marins de Bayonne . Finesse de lignes, voilure latine, utilisation des rames et plus grande sécurité de navigation, tels sont les avantages qui distinguent les galères marchandes du XIV siècle, aptes à des transports rapides et réguliers. Il faudra se demander, à la suite de F. C. Lane, si ces changements technologiques correspondent toujours à des gains réels de productivité. A la famille des galères peuvent être rattachés quelques autres types de bâtiments utilisés sur les routes du Levant. Quoi qu en dise A. Jal , il ne semble pas que la galéasse se distingue beaucoup de la galère commune par ses plus grandes dimensions: en 1400, nous voyons naviguer une galcasse de vingt-cinq bancs, qui serait donc plus courte que la galère marchande et quel ques années plus tôt une galéasse S. Georgius, dont on ne précise pas les me sures ni la capacité, a un prix tout à fait voisin de celui que valent alors les ga lères 70; la même ambiguïté existe à Venise pour les galéasses du XIV siècle, que F. C. Lane considère comme équivalant aux grosses galères, alors que U. Tucci leur attribue un équipage plus réduit et des dimensions moindres Le diminutif galiotte prête moins à confusion: il s agit d une petite galère birème, ayant de 16 à 22 bancs, deux mâts et au moins deux gouvernails latéraux72. 67 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 111; sur le « papafico », cf. A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., pp. 1125-1126 et F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 19-20. 68 F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., p. 35. Plusieurs inventaires de l’armement des galères sont publiés par G. G. Musso, Armamento e navigazione a Genova tra il Tre e Quattrocento, dans Guerra e Commercio, op. cit., t. II, pp. 5-77. 69 A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., pp. 737*738. 70 ASG. Not. cart. n° 324, f. 55 r; n° 409, f. 307 v. 71 F. C. Lane, Naval architecture ahout Î550, dans Venice and Hi story, op. cit., p. 172; U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., p. 827. 72 A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., pp. 759-760 attribue 16 à 20 bancs à la galiotte qui selon une minute notariale de 1305 en possède 22 (ASG. Not. cart. n° 420, f. 168 r). les transports maritimes 553 Avec la saiète, l’on s’éloigne beaucoup de la galère commune. Il en existe à Gênes de toutes sortes, depuis des unités légères de 14 rames jusqu’à des bâtiments plus importants manoeuvrés par quatre-vingt rameurs, vraisemblablement disposés sur vingt bancs; un mât à voile latine, une forme élancée conféraient une grande rapidité à ces petits navires propres aux coups de main des pirates et à la surveillance côtière 73. A Caffa, l’on rencontre un autre type de bâtiment, hérité des traditions byzantines, le xandalum. Le mot peut-être rapproché du grec cravSàXiov, qualifiant d’abord un petit dromon puis une barque de pêche 74. En 1289-1290, il ne s’agit pourtant pas d’une petite embarcation, puisque son patron s’engage à transporter 700 muids de grains jusqu à Trébizonde, d’où l’on déduit que le xandalum avait une capacité d environ 197 tonnes métriques75.C’est d’ailleurs là sa limite de charge car, d après le contrat de nolisement, le maître du bateau n’est pas certain de pouvoir prendre à bord les cent derniers muids, s’il veut assurer le transport dans des conditions normales de sécurité. Dans ce cas, le même mot couvre des réalités différentes résultant de l’évolution progressive des types de navires, pas toujours mesurée par les contemporains avec suffisamment de clarté pour que la terminologie change. b/ Les vaisseaux ronds. Avec le xandalum nous entrons déjà dans la catégorie des bateaux de charge, principalement illustrée par les nefs et les coques. La nef latine, utilisée pour les transports vers l’Outre-Mer jusqu’à la fin du XIIIe siècle, est assez bien connue grâce aux contrats de nolisement passés par les émissaires de Louis IX avec la Commune de Gênes76. Il s’agit d’un bâtiment de 23 à 73 En dehors des indications de A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., pp. 1306-1307, voici quelques références sur ce type de navire utilisé aussi bien au XIIIe qu’au XIVe siècle: ASG. Not. cart. n° 36, f. 302 v; n° 62, f. 13 v; n° 79, f. 48 v; n° 82, f. 321 v; n° 69, f. 37 v; n° 265, f. 55 v; n° 397, f. 88 v; Not. ign., B. 12, fr. 112, f. 105 r. 74 H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 409-410; H. Antoniadis-Bibicou, Etudes, op. cit., p. 166. 75 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 404 et 502. Dans le calcul, il a été admis que le muid de Trébizonde correspond à peu près au muid de Caffa. Pe-golotti ne mentionne pas le muid de Trébizonde qu’il n’a pas été possible non plus de définir exactement d’après nos documents. 76 En dehors de A. Jal, Archéologie navale, Paris, 1840, t. II, pp. 417-437 et Glossaire nautique, op. cit., p. 1061, dont les mesures sont sujettes à caution, en raison d’une erreur portant sur la coudée génoise, on se référera surtout à E. H. Byrne, Genoese Ship- 554 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 37 mètres de long, dérivé du vaisseau marchand de l’Antiquité, à cette différence près que les Anciens, tout en ayant connu plusieurs types de voiles latines, accordaient leur préférence à la voile carrée. Aux XII et XIII siècles, les nefs ont généralement deux mâts, Yarbor de prora, plus lourd et égal à la longueur hors tout du navire et Yarbor de medio, légèrement plus court; selon la force du vent on y adapte différentes voiles latines triangulaires 77, soutenues par une longue antenne oblique dressée vers 1 arrière du bateau. Les descriptions des nefs vénitiennes, comme la célèbre Roccaforte qui résista vaillamment aux Génois près de Saseno78 et les mesures précisés résultant des commandes de Louis IX nous mettent en présence de gros vaisseaux ronds, de deux ou trois couvertes, exhaussés à leurs extrémités pour former des gaillards élevés à l’avant et à l’arrière, eux mêmes surmontes d une plateforme occupée par les chambres des hôtes d’élite et par les châteaux crénelés et bretèchés. Les passagers du commun s’entassaient très précairement dans l’entrepont principal79, à proximité des écuries aménagées sur demande, tandis qu’approvisionnements et marchandises étaient arrimés en cale, au-dessus d’un lest de cailloux ou de matières pondéreuses. Ces lourds vaisseaux, dirigés grâce à deux timons latéraux requéraient un équipage de plus de cent hommes occupés à la manoeuvre incessante des voiles, l’emploi de ris étant sut les nefs latines techniquement impossible80. Dans la seconde moitié du XIII ping, op. dt., pp. 6-7; F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., fip. 33-34; R. Bas-tard de Péré, Navires méditerranéens, op. cit., pp. 333-347; U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., p. 824; J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 131; J- E. Dotson, Jal’s nef X and Genoese naval architecture in thè lith century, dans The Mari-ner’s Mirror, 1973, pp. 161-170. D’après le tableau de R. Bastard de Péré, op. cit., p. 334, les nefs génoises commandées en 1268 pour la croisade de saint Louis avaient les dimensions suivantes: Longueur totale 34,08 m. à 37,05 m. Largeur au milieu : 9,13 m. à 10 m. Hauteur de cale 3,70 m. à 4,32 m. Coefficient de finesse: 3,73. 77 Sur l’origine de la voilure latine, cf. P. Paris, Voile latine? Voile arabe? Voile mystérieuse? dans Hespéris, t. 36, 1949, pp. 69i96. 78 L. G. Carr Laughton, The Roccafortis of Venise, 1268, dans The Mariner's Mirror, t. XLII, 1956, pp. 267-278; F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 4-5. 79 Sur la vie à bord des nefs, la meilleure description est celle de Ch. de la Ron-cière, Histoire de la marine française, 6 vol., Paris, 1903-1932, t. I, pp. 273-297. 80 C’est du moins l’opinion de R. Bastard de Péré, Navires méditerranéens, op. cit., pp. 345 et 347. Deux contrats de nolisement nous conduisent cependant à minimiser l’importance de l’équipage: sur la Sancta Maria nolisée en 1282 aux deux frères LES TRANSPORTS MARITIMES 555 siècle, les grandes nefs utilisées sur les routes de l’Orient génois valent plus de 2.000 livres, soit plus du double des prix qu’atteignent alors les galères. Elles convenaient aux incessants transports de croisés et de pèlerins, d’armes et de chevaux, de ravitaillement et de renforts, qui unissaient l’Occident aux Etats francs de Syrie-Palestine. Par la grande capacité de leur cale, elles facilitaient le trafic des produits lourds d’Orient, alun, sel ou grains, passés sous le contrôle des Génois. Toutefois la crise des frets qui suivit la fin de la croisade et le marasme de la construction navale amenèrent armateurs et marchands à réfléchir en termes de productivité sur les problèmes des gros tonnages, toujours indispensables. On chercha moins à construire plus gros qu à réduire le coût du transport, en réalisant des économies sur les frais d’exploitation et en particulier sur la main-d’oeuvre, « le poste le plus onéreux dans les transports maritimes » (F. C. Lane). De cet effort sortit un changement capital de la technique nautique, le remplacement des nefs latines par les coques au gréement carré. A partir des années 1300, la nef latine disparaît pratiquement des actes génois: celle de Segurano Mariono, mentionnée en 1345, est une survivante égarée au milieu des coques triomphantes 81. Il n’y a pas lieu de rappeler de manière détaillée ce qui distingue ce nouveau type de bâtiment de la nef latine: adoption d’un gréement à traits carrés, facilitant la navigation par vent arrière, remplacement des timons latéraux par un gouvernail d’étambot et surtout économie de main-d’oeuvre rendue possible par l’usage de bonnettes maillées ou de garcettes de ris qui évitent de changer constamment de voiles selon la force du vent. Tous ces avantages ont été maintes fois soulignés82. Il importe plus de savoir à quel moment apparaissent les coques dans la flotte génoise et les raisons de leur rapide succès. D’après Giovanni Villani, c’est en 1303-1304 que des pirates de Bayonne introduisirent en Méditerranée la cocha, construite selon les tradi- Zaccaria, le maniement des cinq voiles prévues dans l’acte est assuré par quarante marins et dix mousses, effectif que l’on retrouve la même année sur la nef S. Nicolaus appartenant à Nicolino Mallone (ASG. Not. cart. n° 93, f. 104 r; n° 80, f. 213 v; n° 123, f. 13 v; n° 40/11, f. 11 r). Mais en 1295, la nef Paradisus de Benedetto Zaccaria a un équipage de cent marins (Not. ign., B. 25, fr. 1, pièce 17, f. 3 v) et en 1298 la S. Maria de Gaspare Doria un effectif de 80 marins et 15 serviteurs pour transporter 214 tonnes d’alun (ASG. Not. cart. n° 148, f. 46 r). 81 ASG. Not. cart. n° 228, f. 61 v. 82 F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 35-38 et bibliographie ivi cit.; Idem, Venetian maritime Law and Administration 1250-3350, dans Vertice and History, op. cit., pp. 233-234; Progrès technologiques, op. cit., pp. 289-292. 556 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE tions des koggen hanséatiques, et démontrèrent par leur habileté les commodités de ce nouveau type de vaisseau 83. En fait les Génois le connaissaient bien avant cette date, non pas en 1232, comme le rappelle U. Tucci sur la foi d’un document notarial, cité par Jal: il n’est alors question, à propos du naufrage d’un navire génois, que du sceau de La Rochelle, qui porte la représentation d’une cochaM. Mais en 1286, un bâtiment qualifié de navis sive cocha et appartenant à Arnaldus de Mongoano de Bayonne transporte l’alun des Zaccaria de Majorque jusqu’en Flandre, pour le compte des deux maîtres de Phocée et celui de Carlotto et Andalo di Negro, souvent liés en affaires avec les Zaccaria85. L’hésitation terminologique du notaire montre bien que l’on n’était pas encore habitué à ce type de navire. Six ans plus tard, les mêmes di Negro possèdent une cocha, la S. Syrus, avec laquelle ils entreprennent le voyage de Phocée pour se rendre ensuite, avec une cargaison d’alun, à Cadix puis à Bruges 86. Dans les premières années du XIV1 siècle, les mentions des coques se multiplient et concernent le plus souvent des transports d’alun de Phocée, ou, ce qui revient au même, les affaires des Zaccaria 87. Il est donc clair que l’adoption précoce à Gênes de la coque s est faite sous l’impulsion du groupe des marchands d’alun, sinon des Zaccaria memes, désireux de transporter aux moindres frais une cargaison lourde, mais de valeur réduite, sur des itinéraires reliant la mer Egée aux ports des Flandres. Bien avant le XVe siècle, la flotte génoise des vaisseaux ronds est donc avant tout la flotte de l’alun. A partir des années 1310, la coque supplante progressivement la nef latine qui, vingt ans plus tard, a totalement disparu sur les routes de l’Orient génois, ne laissant en concurrence que galères marchandes et coques. La pénurie de main-d’oeuvre provoquée par la Peste noire ne 83 G. Villani, Cronica, op. cit., t. II, p. 101: ce passage est rappelé par F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., p. 35, U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., p. 839, J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 132. 84 A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., p. 483; U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., p. 839; cf. également R. S. Lopez, Majorcans and Genoese, op. cit.; R. Doehaerd, Les galères génoises, op. cit., p. 10. 85 ASG. Not. cart. n° 41, f. 4r-v; le document n’est pas connu de R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit. Sur les di Negro, cf. R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., p. 336. 86 ASG. Not. cart. n° 71, ff. 93v-94r; le document est inédit. 87 ASG. Not. cart. n° 99, f. 206 v; n° 200, f. 13 v; n° 33, f. 191 r; Not. ign., B. 9, fr. 97, f. 144 v; n° 104, f. 159v; n° 134, f. 154 r (exemples antérieurs à 1310). les transports maritimes 557 peut donc expliquer le triomphe des coques, puisque celui-ci était acquis, au moins à Gênes, près de vingt ans avant la grande pandémie 8j. De ces coques, il en est de divers types. Les mesures précises nous échappent; elles ne sauraient guère s’éloigner du rapport 1:3,6 entre largeur et longueur, tel que 1 établit à Venise vers 1410 le manuscrit de la Fabrica di gaUic . Vaisseau rond, court, haut sur l’eau, à peu près aussi profond que large, recourbé à ses deux extrémités, et plus encore à l’avant qu’à l’arrière, terminées toutes deux par des châteaux élevés, tel devait être l’aspect de la coque. Mais, selon ses proportions, le bâtiment pouvait être d’une, de deux ou de trois couvertes, de sorte que les prix des coques s’échelonnent de 800 livres en 1318 pour une unité d’un seul pont à 4.000 livres en 1334 pour une autre de trois couvertes 90. Parfois, dans les textes, le qualificatif baonesca vient rappeler l’origine du navire, doté d’un gouvernail d’étambot à la ba-yonnaise91 ; mais les Génois ont perfectionné le modèle pour en faire, tout en affinant ses proportions, la plus grosse unité naviguant au XIVe siècle, sous la conduite d’un équipage réduit à une cinquantaine d’hommes, protégés par quelques arbalétriers. Elle devient même le navire marchand par excellence, au point que pendant les deux dernières décennies du XIVe siècle, le mot cocha disparaît progressivement des textes pour être supplanté par le terme très général de navis auquel on adjoint encore, mais davantage dans les actes officiels que dans les documents privés, l’expression complémentaire sive cocha. La précision est superflue: la coque du début du XVe siècle est le seul navire marchand digne de ce nom, le bâtiment sans doute le plus imposant de l’époque92. 88 On pourra comparer avec l’évolution, plus lente, des types de navires à Venise, où la première coque rencontrée dans les sources connues date de 1312; cf. F. C. Lane, Le navi raffigurale nello Zibaldone, in A. Stussi, Zibaldone da Canal: manoscritto mercantile del sec. XIV, Fonti per la storia di Venezia, Sect. V, Fondi vari, Venise, 1967, pp. LXI-LXH et J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 132. 89 F. C. Lane, Navires et constructeurs, op. cit., pp. 40 et 219. 90 ASG. Not. ign., B. IV, pièce 47; B. VII, fr. 5, f. 1 r. En 1393, la coque de trois ponts de Giovanni Morando de Savone atteint la valeur de 4.150 livres: ASG. Not. cart. n° 319, f. 51 v. 91 ASG. Not. cart. n° 228, ff. 13 v -14 v; n° 425, f. 147 r; n° 285, f. 1 r. 92 Cf. le tableau célèbre de Cristoforo Grassi du Civico Museo Navale de Pegli, illustrant les descriptions de J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 322. 558 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE c/ Autres types de navires. On hésite à classer dans la catégorie des vaisseaux ronds un certain nombre d’autres types de navires utilisés aux XIIIe et XIVe siècles dans les relations avec l’Orient. Ainsi en est-il du lignum. Le terme désigne en Catalogne un bâtiment modeste mû à la rame et à Venise un vaisseau de charge93. Qu’en est-il à Gênes? On y distingue des ligna de bandis qui résultent peut-être de la transformation de petites galères en nefs, dont les plats-bords sont surélevés de bandes ou de remparts analogues à ceux des vaisseaux ronds; au début du XIVe siècle, on les voit porter des cargaisons variant de 50 à 100 tonnes métriques, ce qui correspond également au chargement de sel que peuvent emporter de Sardaigne les linhs d’Amalfi, quelques décennies plus tard . Les ligna de orlo ne sont guère autre chose, puisque Yorlum est la pavesade ou le bastingage dont ils sont munis et qu’en ce sens banda et orlum sont synonymes; le Liber Gazarie d’ailleurs utilise indifféremment lignum de bandis et lignum de orlo pour désigner de petits bâtiments à voile 9S. Au contraire, les ligna de teriis semblent être plus proches de la galère, puisque le Liber Gazarie, comme les Statuts de Péra, entendent par là un bâtiment doté de tolets sur lesquels s’accroche l’estrope de l’aviron. Une minute notariale assimile d’ailleurs lignum de teriis à panfile %. Quand le mot lignum n’est pas précise 93 C. Carrère, Barcelone, op. cit., p. 278; J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 124. 94 Sur le mot banda, cf. Nouveau glossaire nautique d’Augustin Jal, fase. 2, Paris, 1972, p. 70, s. v. bandin. Exemples de linhs de bandis: ASG. Not. cart. n 147/11. f. 133 v; Not. ign., B. 3, fr. 38, f. 83 r et vraisemblablement cart. n° 319, f. 33 v (linh de deux mâts); M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 843. Sur la capacité des linhs amalfitains, cf. R. H. Bautier, La marine d’Amalfi dans le trafic méditerranéen du XIVe siècle. A propos du transport du sel de Sardaigne, dans Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1715) du Comité des Travaux historiques et scientifiques 1958, Paris, 1959, p. 189; Idem, Le sel de Sardaigne et l’activité portuaire de Cagliari. Quelques données chiffrées (1349-1413), dans M. Mollat, Le rôle du sel dans l’histoire, Paris, 1968, pp. 218-221. 95 A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., pp. 932-933; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 38. 96 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 73; V. Promis, Statuti, op. cit., p. 214; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 38, n. 2; ASG. Not. filza n° 225, doc. n 66. R. Bastard de Péré, Navires méditerranéens, op. cit., p. 352 note encore que l’expression de teriis a un sens incertain. Il est hors de doute qu’il s’agit d’un petit bâtiment à rames: en 1302, le linh S. Anthonius est équipé de 64 avirons (ASG. Not. cart. n° 98, f. 233 v), celui d’un habitant de Diano de 40 (cart. n° 127, f. 303 r) et contrairement à LES TRANSPORTS MARITIMES 559 par un qualificatif, il est certain que sous ce nom viennent se ranger des bâtiments très divers de dimensions sinon de type. A preuve, le fait qu’à Caffa en 1343-1344, 1 échelle des valeurs de quatre linhs, que rien apparemment ne distingue, va de 1 à 6 91. Devant de telles disparités de prix, il serait tentant d’écrire que le mot lignum désigne de manière fort imprécise, tout bâtiment moyen ou même léger, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas nef, coque ou galère: aussi le rencontre-t-on comme synonyme de panfile et de taride. Sur les panfiles, les historiens sont encore loin de s’accorder; le nom vient du grec 7uà(x-ping, op. cit., pp. 85-89. 122 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 141; AS. Prato, B. 1171, 30 juillet 1401: deux galères de Romanie ont un chargement de 330 tonnes d’alun et de coton; elles portent en outre 88 pondi d’épices diverses, 75 caisses de mastic, des pains de cire et diverses autres marchandises, de sorte qu’on peut leur attribuer une capacité de port d’au moins 200 tonnes chacune. 566 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE avec 160 vegete de vin, soit environ 83 tonnes, chiffre qui correspond au port des unités très moyennes de la flotte génoise à la fin du XIIIe siècle l23. En fait, l’accroissement des tonnages a surtout concerné les coques et les naves, sur lesquelles la correspondance Datini et les documents génois donnent des informations beaucoup plus abondantes. Le rapprochement de ces deux sources autorise quelques conclusions. F. Melis, dans un article remarqué, avait mis en valeur la supériorité génoise dans les gros tonnages et établi qu’à la fin du XIVe siècle plus du quart des unités avait une capacité supérieure à 1.000 botti, c’est-à-dire à environ 536 tonnes métriques, la valeur modale de la série étudiée s’établissant à 800 botti, soit 428 tonnes métriques. A l’exception de deux coques catalanes, tous les bâtiments dépassant 1.200 botti sont alors génois, la palme revenant à Giovanni Lomellini, patron d’une nef de 2.000 botti soit 1.072 tonnes métriques 124. D’après les sources génoises, voici comment se répartissent les nefs et coques par classes de portée entre 1381 et 1408 (en tonnes métriques): moins 101-200 201-300 301-400 401-500 501-600 601-700 701-800 801-900 Total de 100 1 9 9 8 8 4 3 1 43 Ces résultats sont légèrement inférieurs à ceux qu’avait établis F. Melis. Ce n’est guère étonnant, puisqu’ils résultent non pas de l’appréciation portée par les facteurs de Francesco di Marco Datini sur la capacité des navires génois, mais des cargaisons réellement embarquées, telles que les indiquent les contrats de nolisement ou les reçus délivrés par les offices gouvernementaux aux importateurs de céréales. Selon ces données, un cinquième des navires marchands a une portée supérieure à 500 tonnes métriques et trois cinquièmes une capacité comprise entre 200 et 500 tonnes. Par rapport aux tonnages des années 1300, la nouveauté réside dans l’utilisation de très gros bâtiments, d’une portée supérieure à 600 tonnes et qui peut atteindre jusqu à 1.100 tonnes. Ceux-ci sont encore rares à la fin du XIVe, puisqu’en trente ans la correspondance de Francesco di Marco Datini n’en mentionne que cinq'“\ En re- ASG. Not. cart. n° 322, f. 124v; n° 407, f. 9r-v. 124 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., pp. 97-102. 125 Ibidem, p. 97. Cf. également les chiffres cités par F. Braudel, La Méditerranée, op. cit., pp. 274-275. LES TRANSPORTS MARITIMES 567 vanche, au XVe siècle, ces grosses unités se sont multipliées: selon Benedetto Dei, Gênes posséderait en 1424 soixante-trois grands navires de plus de 1.000 botti et en 1458, la portée moyenne des vingt-six bâtiments identifiés par J. Heers s établit à 623 tonnes l26. En d’autres termes, les nefs de la fin du XIII siècle viendraient se ranger parmi les bâtiments moyens de la flotte génoise vers 1400 — entre 700 et 800 botti-, les linhs et tarides équivaudraient aux unités de 150 à 350 botti, les plus petites que signale la correspondance Datini. La comparaison est donc nette: le plus gros bâtiment des années 1300 ne serait un siècle plus tard qu’un navire très moyen, alors que les unités moyennes du XIIIe siècle seraient vers 1400 rangées parmi les plus petites. Faut-il enfin rappeler qu’il n’a été ici tenu compte que des navires parcourant les itinéraires de la Méditerranée orientale, alors que les plus gros bâtiments de la flotte génoise sont, dès la fin du XIVe siècle, utilisés surtout sur les routes des Flandres et de l’Angleterre127. L’accroissement des tonnages en est donc encore plus significatif. b/ Spécialisation des navires. La variété des types et des dimensions vouait les navires à des utilisations différentes. Il est généralement admis que seuls les gros bâtiments, nefs, coques ou galères, pouvaient affronter les périls de la haute mer et la longueur des voyages menant vers l’Orient. Les petites unités, elles, seraient réservées au cabotage et à la desserte régionale des grands ports. Il faut en fait y regarder de plus près. En effet vaisseaux ronds et vaisseaux longs ne répondent pas aux mêmes besoins et prennent à leur bord des marchandises souvent différentes. D’autre part, même si leur participation au commerce oriental est moindre, tarides, linhs, saiètes, panfiles et autres unités moyennes se risquent également sur les routes de l’Orient. Enfin l’on doit tenir compte des trafics propres aux régions orientales, unissant les divers comptoirs génois ou reliant ceux-ci aux débouchés maritimes des grands itinéraires continentaux: 126 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 280-281, 639-642. 127 M. T. Ferrer i Mallol, Dos registres de /’« Officium Maris » de Genova, dans Atti del I Congresso Storico Liguria -Catalogna, Istituto Internazionale di Studi Liguri, Bordighera, 1974 pp. 269-271, souligne que les coques partant pour l’Orient et enregistrées par YOffictum Maris en 1402 ne dépassent pas une portée de 4.000 mines, c’est-à-dire 350 tonnes, et en 1408 une portée de 7 à 8.000 mines, soit 577 à 660 tonnes. Les plus gros navires prennent la direction des Flandres. 568 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE pour assurer ce commerce inter-régional, moins bien connu que les échanges entre l’Orient et l’Occident, les Génois d’Outre-Mer disposent de petits tonnages qui animent les routes de la mer Noire ou de la mer Egée, plus régulièrement que les gros bateaux liés aux longues distances et, par conséquent, souvent absents de ces mers lointaines. Au XIIe siècle, alors que les Génois viennent seulement de s’installer au coeur de l’empire byzantin, les gros tonnages monopolisent les voyages vers l’Orient. Que ce soit sur l’itinéraire de Constantinople par les Détroits, ou le long de la côte micrasiatique, il n’est question que de nefs et de galères dans les instructions confiées en 1174 à l’ambassadeur génois Grimaldi: la galère de Marchio Landola est au service du basileus contre les Coumans et les nefs naufragées ou pillées par des sujets grecs ou vénitiens visitent Chio, Almyros, Pasechia, Rhodes, Sattalia et Adramyttion l28. Les petits tonnages ne sont pas sur la liste de l’ambassadeur, car les Génois n’ont pas encore des bases romaniotes assez sûres pour se passer d’intermédiaires orientaux et animer avec des embarcations propres au cabotage les trafics régionaux en Orient. La situation est bien différente après 1261. A côté des très gros navires, apparaissent des flotilles de petites unités commandées par des sujets génois. Nefs et galères sont parfois utilisées pour le trafic en mer Noire: à Caffa, en 1289-1290, la S. Nicolaus est affrétée pour un voyage à Trébizonde, ainsi que la S. Michael et la nef de Riccobono di Finale . De même deux galères sont retenues à Caffa pour naviguer en mer Noire, la S. Salvator vers La Copa et Constantinople, la galère d’Andrea di Pagano vers Conestasi, sur la côte de Crimée et Trébizonde 13°. Ce ne sont là qu exceptions. Nefs et galères servent surtout pour les gros transports de cire, de cuirs, d’alun ou de grains vers l’Occident, en effectuant une escale à Péra, et, au XIVe siècle, à Mytilène ou à Chio. Parmi les multiples exemples de ces longs voyages, on peut retenir celui de la nef S. Matheus appartenant a Montano Squarciafico: le pacte de nolisement permet aux marchands de choisir le but de leur voyage, la côte syrienne, la Sicile, Pise, Gênes, la Provence ou deux ports espagnols m. Incontestablement, surtout au XIV siècle avec l’adoption des coques, les gros tonnages triomphent sur ces voyages in* 128 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 370, 371, 383, 386, 388, 389, 399, 400. 129 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 585, 586, 625, 797. 130 Ibidem, doc. n° 7 et 470. 131 Ibidem, doc. n° 886. LES TRANSPORTS MARITIMES 569 terminables qui mènent de La Tana à Gênes, de Phocée en Flandre ou en Angleterre. Les unités moyennes au contraire forment la flotte de cabotage: activité intense, si 1 on en juge par les demandes de dédommagement adressées par 1 ambassadeur de la Commune, Niccolò Spinola, au basileus Andro-nic II. En 1290-1291, ont été lésés treize propriétaires de nefs et de galères qui s apprêtaient à naviguer en mer Noire, exportaient les grains de Rodosto ou suivaient les longs itinéraires d’Alexandrie et de Rhodes vers Constantinople. Mais à côté de ces gros navires, la liste de l’ambassadeur ne comporte pas moins de quatre-vingt-trois linhs surpris par des pirates grecs soit en mer Noire, soit au long des côtes de Grèce et d’Asie mineure; s’y ajoutent quelques tarides, vachete 132 et même des barques circulant en mer de Marmara ou entre les îles de l’Egée 133. Treize grosses unités, quatre-vingt-dix-huit bâtiments moyens ou petits, il y a là un contraste qui invite à nuancer les schémas traditionnels limitant le rôle des Génois d’Outre-Mer à l’organisation des grands voyages entre l’Orient et l’Occident. On le vérifie également à Caffa, à la fin du XIIIe siècle. Les petits tonnages, légèrement plus nombreux que les gros 134, sont partout présents. Us partent de Caffa pour charger des marchandises à Tana, La Copa ou Ci-prico et les porter ensuite à Péra, Simisso, Sinope ou Trébizonde. L’on ne voit que deux linhs franchir les Détroits pour se rendre à Smyrne 13\ Encore ne s’agit-il que d’une possibilité accordée par les patrons, au cas où les marchands ne pourraient vendre à Trébizonde ou à Constantinople la totalité de leur cargaison. De même une seule taride dépasse Abydos pour gagner Chio ou Thessalonique, à condition néanmoins qu’elle hiverne à Péra l3é. Ainsi s’établit une distinction entre des navires de moyenne importance que l’on réserve au cabotage en mer Noire et des bâtiments plus lourds, nefs et galères, utilisés pour les transports vers l’Occident. « Gros navires seuls, la conjoncture est maussade; gros navires entourés de multiples petits voiliers, la conjoncture est sûrement favorable ». Ce 132 II s’agit d’un petit navire à rames dont on ignore les caractéristiques exactes: cf. A. Jal, Glossaire nautique, op. cit., p. 1515; U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., p. 827. 133 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 511-530. 134 Cf. en appendice le tableau de la flotte de Caffa à la fin du XIIIe siècle. 135 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 442 et 788. 136 Ibidem, doc. n» 28. 570 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE critère, retenu par F. Braudel U7, nous paraît vérifié par l’étude de l’activité maritime à la fin du XIIIe siècle. L’essor du petit tonnage, particulièrement autour des deux grands comptoirs génois d’Orient, est le signe d une « large montée des échanges ». Autour de Péra et dans toute la mer Noire, les Génois se rendent sur les lieux de production: grains, sel, poissons et peut-être même les traditionnelles denrées orientales sont recueillis sur leurs petites unités, venues d’Occident, construites ou achetées sur place. Us sont ensuite acheminés vers Caffa et Péra, promus au rang de marchés internationaux. En ce sens, l’activité des Génois d’Outre-Mer s’insinue partout. Elle anime jusqu’aux plus petites places d’affaires et contribue à insérer dans les liens du grand commerce international des régions qui, sans la présence des Italiens, vivraient dans la léthargie d’une économie de subsistance. Mais en est-il toujours ainsi? Poser la question c’est aborder, par le biais des tonnages, le problème de l’évolution de la conjoncture. Sans vouloir anticiper sur des conclusions qui trouveront une meilleure place dans cette étude, on remarquera que les petits tonnages génois sillonnent encore les mers orientales vers 1350. En 1343, deux linhs quittent Gênes pour la Romanie, sur un effectif de vingt-quatre navires recensés; quatre autres en 1348, contre vingt galères ou coques; trois panfiles et un linh en 1350, contre dix-neuf gros tonnages. A Caffa en 1344, les Génois utilisent plusieurs linhs pour se rendre à Tana, Simisso, Savastopoli et Péra; sur ce dernier itinéraire, les coques concurrencent les petits vaisseaux IJS. A Chio, les liaisons inter-regio-nales sont assurées jusqu’en 1360 par des unités de dimensions modestes: panfiles, galiottes et linhs qui se rendent à Péra, Phocée, Rhodes ou Fama-gouste 139. Mais à cette date, la crise générale des tonnages, relevée à propos d autres ports I4°, est devenue également à Gênes une réalité. Un des premiers signes en est la disposition prise en 1339 par YOfficium Gazarie, sous le titre Devetum rerum et mercium subtiliuml41. Elle interdit aux marchands de 137 F. Braudel, La Méditerranée, op. cit., t. I, p. 274. 138 ASG. Not. ign., B. XII, fr. 1; G. Balbi-S. Raiteri, Notai genovesi, op. cit., pp. 54, 68, 79, 89. 139 Ph. P. Argenti, The occupation oj Chios, op. cit., t. III, pp. 522, 528, 539, 540, 541. 140 J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 523. 141 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 85-88; G. Forcheri, Navi e Mitigazione, op. cit., pp. 76-78. LES TRANSPORTS MARITIMES 571 charger sur tout autre navire que les galères légères armées par la Commune, les marchandises suivantes: vers la Romanie et la mer Noire: toiles, cendats, toiles de chanvre, étamines, fourrures, safran, ambre, corail, draps français, lombards et d’Outre-Mont, dune valeur supérieure à 10 livres la pièce, chiffre porté à 12 livres en août 1340; — de la Romanie et de la mer Noire vers l’Occident: bougran, bocassin, soie, brocart, tissus damasquinés, cendats, vair, hermines, bois de brésil, laque, indigo, encens. Toutes les marchandises de prix sont donc réservées aux galères armées et ce n’est point tant le souci de sécurité qui dicte le choix des autorités que le désir de rentabiliser les convois organisés par la Commune vers le Levant, convois sur lesquels les taux de fret étaient largement supérieurs à ceux que l’on exigeait à bord des gros vaisseaux ronds désarmés. A Gênes, comme à Venise, à partir des années 1340, les marchandises à bas prix sont exclues des galères que leurs avantages militaires et leur rapidité rend cependant compétitives pour le transport de chargements relativement précieux 142. En outre, pour remédier à la crise des frets, YOfficium Gazarie interdit aux ressortissants génois d’utiliser les navires d’armateurs étrangers pour le transport des marchandises, les voyages de passagers ou de pèlerins restant cependant libres de toute entrave 143. De telles dispositions, liées au fléchissement du commerce oriental, devaient amener rapidement la disparition des petits et moyens tonnages sur les routes du Levant. Quelques linhs et panfiles y circulent encore jusqu’à la guerre de Chioggia. Compte non tenu des flottes de galères armées par la Commune, quinze linhs et panfiles partent pour l’Orient entre 1355, date du rétablissement de la paix entre Gênes et Venise, et 1370 où est institué un devetum général de la navigation144: ces petits tonnages représentent 11 °/o des départs que nous avons pu dénombrer. La fin de la guerre de Chioggia ne marque pas, pour eux, un nouvel essor: selon F. Melis, les petites unités, inférieures à 300 botti, ne forment qu’un peu plus de 10 % de la flotte génoise entre 1383 et 1411 l45. Surtout à partir de 1386-1387, linhs et panfiles disparaissent totalement du trafic du Levant, assuré uniquement par les coques et les galères. En Orient, la situation n’est guère meilleure 142 F. C. Lane, Progrès technologiques, op. cit., pp. 292-296. 145 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 87; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 78. 144 ASG. Archivio Segreto n° 496, f. 15 v. 145 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., p. 97. 572 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE pour les petits tonnages, abandonnés généralement aux soins des Grecs, des Arméniens et des Tatars14é. Parmi la masse considérable des actes instrumentés à Chio entre 1403 et 1408, nous n’avons rencontré que des naves, en dehors des galères armées par la Mahone pour la défense de 1 île. La disparition des petits tonnages est le signe incontestable d’une dépression dans le commerce oriental. En définitive, si la nature de la marchandise dicte le choix du moyen de transport, la spécialisation des navires suit l’évolution de la conjoncture. Est-elle favorable? les constructions navales ne suffisent pas aux besoins et les denrées s’entassent dans les premiers bateaux disponibles, quels que soient le type et le coût du transport. A la fin du XIIIe siècle il n’est pas rare de voir des marchandises encombrantes comme des vegete de vin et des cantares d’alun, être chargées sur les premières galères en partance H7. Les petits tonnages suivent les gros, car pour le marchand affairé il est plus rentable d y avoir recours sur le champ que d’attendre plusieurs mois les prochains mouvements des nefs et des galères. Au contraire, lorsque le rythme des affaires se ralentit, que les chantiers navals languissent et que les navires vieillissent à quai, les petites unités sont les premières touchées par la crise, particulièrement sur les itinéraires au long cours qui mènent en Orient. Les gros tonnages ne sont pas plus épargnés et les autorités communales doivent mettre bon ordre dans l’utilisation des navires: aux galères armées les marchandises de prix, aux coques et aux nefs les produits pondéreux. Les crises du XIVe siècle ont accru la spécialisation des navires et éliminé, au moins sur les routes de l’Orient, petits et moyens tonnages. c/ Les conditions de la navigation. 1 - Le recrutement et la solde de l’équipage. Les modalités de recrutement diffèrent, selon qu’il s’agit de 1 équipage d’un navire marchand ou d’une galère armée par la Commune, la rigueur des 146 Des Grecs et des Sarrasins commandent la plupart des unités qui relient Caffa aux autres ports de mer Noire en 1410-1411 (cf. ASG. Caffa Massaria 1410, ff. 10 r, 22 r) alors qu’en 1386 les petits tonnages assurant le ravitaillement de Caffa — linhs, monent, panfiles, griparie — étaient à peu près également partagés entre Génois de Caffa et Orientaux; la supériorité des Latins était au contraire éclatante dans les grands tonnages (ASG. Caffa Massaria 1386, ff. 65 r, 93 v, 125 v, 206 r, 217 v, 360 r - v, 369 r, 371 r, 400 r, 457 r). 147 ASG. Not. ign., B. 12, fr. 113, f. 70 r; cart. n° 104, f. 123 r. T LES TRANSPORTS MARITIMES 573 règlements étant plus forte dans ce dernier cas. Les patrons des nefs et des coques s’entendent directement avec les matelots; les conditions de l’engagement sont couchées par écrit sur le livre de bord confié au scribe du navire, un acompte est versé à la recrue qui doit toutefois trouver deux garants solvables et prêts, en cas de désertion de leur protégé, à rembourser le double de 1 avance, à moins que l’homme enrôlé ne se fasse remplacer avant l’embarquement l4\ Aux escales, toujours fort longues, les patrons s’efforcent de ne garder qu’un effectif minimum, afin de diminuer les frais; ils recrutent à nouveau au moment du départ. Aussi les grandes escales, échelonnées de la mer Tyrrhénienne à la mer Egée, abritent-elles toute une population misérable venue d’horizons très divers et vivant chichement du passage des ba- 149 teaux . Nous connaissons mieux les conditions de recrutement quand la Commune arme une flotte pour les besoins de sa politique orientale. Elle a recours au tirage au sort et à l’appel de volontaires. En 1262, par exemple, pour répondre aux engagements pris lors du traité de Nymphée, Gênes impose à chaque communauté ligure passée sous sa domination de désigner un certain nombre d’hommes pour monter à bord des galères de Romanie: ceux qui échappent à ce tirage au sort doivent contribuer aux dépenses, comme le précise une minute notariale de mars 1263, évoquant l’adequamentum factum inter homines potestacie Sigestri occasione galearum que iverunt in Roma-niam l?0. De même, lors de la guerre des Détroits, chaque conestagia génoise doit par tirage au sort fournir des rameurs, en proportion sans doute du chiffre de sa population 151. L’effort de guerre est encore plus lourd lors du quatrième conflit vénéto-génois: en 1379, en ville, dans toutes les communautés ligures et dans tous les fiefs de la Commune, le tirage au sort a désigné un tiers des hommes âgés de 17 à 70 ans, et, l’année suivante, le doge et 1’Officium Guerre ordonnent de recruter la moitié de ceux qui ont été épargnés en 1379; des commissaires sont envoyés sur les Riviere et tout pouvoir leur est donné pour contraindre à l’embarquement les hommes ainsi désignés ,52. 148 A Barcelone les modalités de recrutement sont identiques: cf. Cl. Carrère, Barcelone, op. cit., t. 1, p. 220. 149 M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 439; Escales génoises, op. cit., p. 253; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 292-293. ,5° ASG. Not. ign., B. III, fr. 10, 4 mars 1263. 151 ASG. Galearum Marinariorum Soluciones, n° 628; cf. M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 436. 152 ASG. Archivio Segreto, Diversorum registri, n° 496, ff. 18v-19r, 33 r, 46r-v. 574 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE L’appel aux volontaires complète la conscription. Il en vient de partout, de Gênes même et des Riviere mais aussi d’autres régions d’Italie, des Espagnes, des îles de l’Egée ou des comptoirs génois d’Orient. Chaque arrêt aux escales est l’occasion de désertions, de licenciements, mais aussi de levées de suppléants I53. En définitive, au moins sur les galères armées, les équipages ne comprennent qu’une minorité de Génois d’origine; ils proviennent surtout des Riviere et en premier lieu de la Riviera du Ponent, plus peuplée et peut-être davantage tournée vers les ressources de la mer que celle du Levantl54. La part des Orientaux dans la chiourme n’est pas négligeable, surtout au moment de la guerre de Chioggia. Mais les autorités génoises prennent soin de ne recruter les arbalétriers que parmi des éléments sûrs, toujours d origine 1 * ISS ligure . Envoyer des galères en Orient coûte très cher. La solde des conscrits est de l’ordre de deux livres par mois à la fin du XIIIe siècle, trois livres lors de la guerre des Détroits; elle passe à 4 livres en 1390-1392. Les volontaires reçoivent des gages plus élevés que les recrues, et également plus diversifiés selon leur emploi et leur aspect physique: ils touchent jusqu à 8 livres 15 sous par mois en 1351-1352, tandis que les arbalétriers se voient remettre 10 livres par mois à la fin du XIVe siècle l56. A cela s’ajoutent biscuit et vin, l’essentiel de la nourriture de l’équipage; le Liber Gazarie oblige le patron à remettre au marin 30 onces de biscuit par jour, soit environ 800 grammes, quantité demeurée inchangée à la fin du siècle, puisque sur les galères de Romanie, les marins reçoivent trois rubi de biscuit par mois, c’est-à-dire 23,8 kg.157. Les marins bénéficiaient de quelques autres avantages; ils pouvaient 153 M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., pp. 437-439. Le Tractatus Marinariorum de 1339 prévoit les licenciements dans certains ports, Pise, Naples, Messine, Trapani, Péra et Famagouste, pour ne parler que des escales jalonnant les routes du Levant, mais étend le droit de licenciement en cas d’hivernage ou de réparation du navire: cf. V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 66«67. 154 M. Balard, Escales génoises, op. cit., p. 252; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 292. 155 Les remarques précédentes résultent du dépouillement des registres Galearum Marinariorum Soluciones et Introytus et exitus (ASG. Antico Comune, nn. 628-664, 690-730). 156 Solde en 1262, de 7 1. 10 s. à 9 I. pour 4 mois: ASG. Not. cart. n° 32, ff. 58 v, 61 r; Not. ign., B. 5, fr. 61, ff. 4 r, 5v. Solde en 1296, 2 1. par mois: ASG. Not. cart. n° 133, f. 117 r; solde en 1351-1352: cf. M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 436; solde en 1391: ASG. Magistrorum Rationalium n° 85, f 184. 157 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 65; ASG. Magistrorum Rationalium n° 85, f. 184. LES TRANSPORTS MARITIMES 575 transporter gratuitement des marchandises, se transformer en hommes d’affaires aux escales 158 et surtout participaient au partage d’un éventuel butin 159. Malgré tout, 1 augmentation relative des gages au XIVe siècle demeurait insuffisante. A Gênes, comme à Venise 16°, la condition des rameurs se dégrade. En témoignent la rigueur des lois sur la désertion ou sur la rébellion 161, la création en 1351 d’un Officium fugitivorum 162 et surtout les mentions plus fréquentes de révoltes à bord des galères génoises: en 1326, en 1339 et surtout en 1351, lorsque les marins de Nicolino Pichono firent rébellion au large ae la Calabre et obligèrent les officiers à faire demi-tour 163. A preuve enfin, le recrutement massif de rameurs orientaux, à partir de la guerre de Chioggia: parmi la chiourme, leur proportion passe de 3,3 % avant 1378 à 12,2 °/o en 1379-1381 et s’élève jusqu’à 16,4 % à la fin du siècle. Vers 1400, le sixième de l’équipage des galères de la Commune est d’origine orientale 164. Ainsi Orient et Occident échangent leurs pauvres: rameurs d’un côté, émigrés sans ressources de l’autre. A la fin du XIVe siècle, les frais de main-d’oeuvre qui s’élèvent au minimum à 1300 livres par mois165, et la difficulté du recrutement conduisent les autorités génoises à limiter les envois en Orient de galères armées, ou bien à conclure avec des armateurs privés des contrats prévoyant un arme- 158 Cf. par exemple les affaires conclues par Giacomo di Compagnono, scribe de la galère Saint Antoine en 1382, in M. Balard, Escales génoises, op. cit., pp. 256-257. Il en était de même pour les équipages catalans: cf. Cl. Carrère, Barcelone, op. cit., t. I, p. 225. 159 Le quart du butin pris sur un navire ennemi de Gênes revient à l’équipage: cf. V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 182. 160 F. C. Lane, Venetian Scarnai, op. cit., pp. 416419 et p. 423 !n. 4; sur les galères vénitiennes, les rameurs recevaient 6 1. 4 s. de piccoli par mois au début du XIVe siècle, 10 livres vers 1400. A Gênes, la solde a doublé, passant de 2 1. en 1296 à 4 1. en 1392. 161 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 67-71; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., pp. 129-133. 162 ASG. Antico Comune, Galearum Fugitivorum n° 625 et Galearum Introytus et exitus n° 699. 163 G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 111; ASG. Antico Comune, Galearum Marinariorum Soluciones n° 360; F. C. Lane, Venetian Seamen, op. cit., p. 427. 164 Cf. note 155. 165 ASG. Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 84, ff. 143-144; en 1369, i! n’en coûtait que 1.100 livres (Ibidem, n° 55, f. 165). 576 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ment à prix forfaitaire166. La crise des frets à la fin du XIVe siècle peut rendre cette solution séduisante pour des patrons de navires inutilisés. 2 - Le rythme de la navigation. La lenteur des communications maritimes avec l’Orient a déjà été soulignée 167. Soumise aux aléas des conditions climatiques, aux mauvaises rencontres de pirates ou d’ennemis, aux arrêts prolongés dans les grands ports, la galère génoise, et à plus forte raison la lourde coque, n’est pas rapide. Le navire serre au plus près la côte, pour pouvoir se réfugier dans quelque baie abritée en cas d’intempérie; il hésite à proximité des ports et des confluences maritimes par crainte des pirates qui peuvent s’y embusquer; il s arrête la nuit, quand il le peut, sauf s’il doit franchir de grands espaces marins vides de terres. Il s’attarde surtout aux escales: en 1369, la galère de Pelle-gro Maraboto relâche 52 jours dans une cinquantaine de ports, alors qu elle passe 83 journées en haute mer. La Saint-Antoine que dirige Silvestro de Marini vers Alexandrie est plus lente encore: 143 jours d’arrêt contre 104 jours de navigation. En vain, YOfficium Gazarie s’efforce-t-il de limiter les temps morts aux escales: 8 à 10 jours au plus à Péra, dix jours à Trébizonde et à Tana, arrêt obligé d’une journée au moins à Caffa l6S. En fait les délais ne sont pas respectés; ils s’allongent même à la fin du siècle lorsque la langueur des affaires oblige les patrons à attendre le fret de retour: la galère Saint-Antoine s’arrête 43 jours à Alexandrie en 1382 et les galères du passa-gium Romanie de 1387 relâchent 22 jours à Caffa 1M. En réalité les temps morts sont beaucoup plus longs, comme le fait ressortir le tableau suivant: 166 ASG. Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 104, f. 34 r (mai 1395). 167 Cf. supra p. 473. 168 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 114, 144. 169 M. Balard, Escales génoises, op. cit., p. 252; ASG. Magistrorum Rationalium n° 99, fï. 18 et 157. Des études récentes ont éclairé le problème des temps de navigation en Méditerranée; on consultera par exemple J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 296-297; Idem, Rivalité ou collaboration de la terre et de l'eau. Position générale des problèmes, dans Les grandes voies maritimes dans le monde, Actes du VIIe Colloque international d'Histoire maritime, Paris, 1965, pp. 26-31; F. Braudel, La Méditerranée, op. cit., t. I, pp. 329-333; E. Grendi, Aspetti della navigazione per Genova 16)0-d650, dans Guerra e Commercio, op. cit., t. II, pp. 234-239; A. Medina, Tempi di navigazione delle galee genovesi nel Mediterraneo, dans Ibidem, pp. 395-406; G. G. Calcagno, La navigazione convogliata a Genova nella seconda metà del Seicento, dans Ibidem, pp. 334-335. LES TRANSPORTS MARITIMES 577 29 - LurÉF. DES VOYAGES VERS L’ORIENT DE QUELQUES NAVIRES GÉNOIS Date Type de Départ de Direction Retour à Gênes Temps navire Gênes total 1282 Galère début mai Romanie décembre 7 mois 1291 Galère août Romanie avril 1292 8 mois 1293 Galère février Romanie décembre 10 mois 1294 Galère novembre Petite Arménie août 1295 9 mois 1309 Galère janvier Romanie décembre 11 mois 1312 Coque février Péra novembre 9 mois 1314 5 Galères septembre Romanie 14 juillet 1315 10 mois 1317 Galère février Romanie août 6 mois 1351 Galère 30 août Péra 11 août 11 mois 1/2 1374 Grande Galère juin Romanie décembre 6 mois 1384 Coque août Rhodes 27 mai 1385 9 mois 1391 Galère légère 22 mai Romanie 23 novembre 6 mois 1398 Navis septembre Chio 13 septembre 1399 12 mois 1401 Navis mars Romanie octobre 7 mois 1402 2 Galères mars Famagouste novembre 8 mois 1409 Navis 13 février Caffa août 6 mois Etant donné que les temps de navigation de Gênes à Péra varient de un à deux mois, qu’il faut au minimum soixante jours pour gagner la côte de Crimée, les temps morts représentent au moins la moitié de la durée totale du voyage, parfois même jusqu’à 65 à 70 %, lorsque des galères ne reviennent à Gênes que dix et onze mois après leur départ170. Les exceptions viennent des galères armées par la Commune dans la seconde moitié du XIVe siècle: certaines d’entre elles réussissent à effectuer le périple oriental en six mois et seraient donc théoriquement aptes à réaliser deux voyages vers la Romanie en une année; en réalité le dépouillement des minutes notariales génoises et de la correspondance Datini nous a fourni seulement quelques exemples de navire ayant effectue deux rotations en l’espace de douze mois 171. 170 Même à une époque plus tardive que la nôtre, les temps morts dans la navigation peuvent atteindre jusqu'à 83 % de la durée totale des voyages (cf. G. C. Calcagno, La navigazione convogliata, op. cit., p. 335). 171 Lorsqu’une même unité est mentionnée deux fois en l’espace de quelques mois, l’on ne peut être absolument certain qu’il s’agit de deux voyages différents: c est le cas des galères de Gavino Tartaro en 1296, de Giovanni Ghisolfi en 1302, de Pietro di 6 578 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Plus que « l’éventail ouvert, l’écart considérable des durées les unes par rapport aux autres » (F. Braudel), l’important en matière d échanges commerciaux est cette extrême lenteur des navigations médiévales et la faiblesse de la productivité des navires. Un autre facteur pourrait contribuer à briser le rythme de la navigation, l’arrêt hivernal. Le navire génois réussit-il sur les routes de 1 Orient à vaincre les embûches de la mauvaise saison et à éviter l’hivernage imposé aux navigateurs méditerranéens depuis l’époque romaine 17‘? Pour certains, la pratique aurait été abandonnée au XIIIe siècle, les nefs latines étant capables de naviguer par tous les temps, et remise en vigueur au XIV siècle, à la faveur de la généralisation du gréement carré: les lourdes coques affrontent mal les brusques tempêtes hivernales et doivent rester au port pendant la mauvaise saison m. En est-il bien ainsi pour la navigation génoise? Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, aucun contrat de nolisement ne prévoit un départ pour l’Orient avant le mois de février; en revanche certains navires, rares certes, rentrent à Gênes en novembre et même en décembre M. Seul le mois de janvier paraît exempt de toute navigation au long cours: c est le moment où armateurs et marchands s’entendent en vue des départs du printemps. En revanche, en Orient, l’arrêt hivernal semble mieux observé. A Caffa, les patrons des nefs et des galères dirigées sur Gênes promettent tous aux marchands de partir dans les premiers jours du mois d août. Montano Squarcia-fico, dont la nef se trouve encore en mer Noire le 9 août, n a d autre ressource que de laisser aux marchands le choix entre un départ retardé de quelques jours et l’attente d’un moment plus favorable, au printemps suivant 5. Aucun pacte de nolisement n’est conclu pendant les mois d’hiver; le notaire n enre- Savignone en 1303, de Percival de Vivaldo en 1306, etc. ... (ASG. Not. cart. n 97, f. 178 v; n° 133, f. 161 v; n° 134, f. 28 v; n° 98, f. 175 v; n° 144, f. 203 v; n° 104, f. 129 v; Not. ign., B. II, fr. 41, f. 1 r; cart. n° 99, ff. 43 r et 237 r; n" 42/11, f. 73 r, n° 200, f. 81 r). 172 E. de Saint-Denis, Mare clausum, dans Revue des Eludes latines, t. 25, 1947, pp. 196-204; J. Rougé, La navigation hivernale sous l'Empire romain, dans Revue des Etudes Anciennes, t. 54, 1952, pp. 316-325; F. Braudel, La Méditerranée, op. cit., t. I, PP 227-232. 173 J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., pp. 182-183. 174 ASG. Not. cart. n° 129, f. 130 r (retour de la nef Lomellina en décembre 1272). 175 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n” 886. LES TRANSPORTS MARITIMES 579 gistre alors que quelques rares commandes. On se hâte, pendant les beaux jours, de faire fructifier l’argent confié en commande; on s’expliquerait mal, sans la crainte de l’hiver, le nombre élevé des contrats commerciaux passés entre la fin juillet et le 15 août. Dès l’été, les patrons établis à Caffa prévoient 1 hivernage de leurs navires: Fulcone di Albenga exige en mai 1289 que sa taride, la S. Michael, passe l’hiver à Péra, après un voyage à Chio ou à Thes-salonique; Buonsignore Caffaraino vend, début juin, la moitié de son linh, le S. Franciscus, mais en garde l’usage pendant la bonne saison; il promet de le livrer à l’acquéreur, au moment de l’arrêt hivernal, vraisemblablement à Trébizonde l76. La navigation dans les régions pontiques est si dangereuse que les patrons des unités moyennes ou petites sont incités à la prudence, alors que les nefs peuvent encore partir pour l’Occident, assez tard dans la saison, sans trop de risques. A la fin du XIIIe siècle, l’arrêt hivernal n’est donc observé que pendant quelques semaines et plus rigoureusement en mer Noire qu’en Occident. La généralisation du gréement carré au cours du XIVe siècle change-t-elle les données du problème? En mer Noire, des précautions sont toujours observées: un compte de la Massaria de Caffa mentionne les bateaux qui siverna-verunt in schario; en 1402, Bernabò di Groto refuse au capitaine général, Gianotto Lomellini, de quitter Péra pour naviguer en mer Noire quia erat tempus hyemale; contraint au départ et ayant essuyé avec sa nef une tempête terrible le 17 novembre, il réclame aux sindicatores un dédommagement qu’il obtient; en 1412, obligation est faite aux patrons de navires de quitter Caffa pour Gênes avant le mois de novembre l77. Autant d’indices que la mer reste hostile et que les navigateurs génois s’astreignent à l’inaction, au moins pendant quelques mois. Mais en est-il ainsi en mer Egée et en Tyrrhénienne? Pour répondre à la question, il fallait établir avec précision le mouvement des bateaux qui partent de Gênes pour l’Orient ou qui reviennent de Romanie. Entre 1382 et 1403, période sur laquelle la correspondance Datini nous donne des informations détaillées, la navigation vers l’Orient connaît des fléchissements saisonniers, jamais d’interruption totale. Les départs ont lieu principalement en fin d’hiver et dans les premiers mois du printemps, s’espacent en juin et 176 Ibidem, doc. n° 28, 615, 616, 617. 177 ASG. Caffa Massaria 1386, f. 32 r; Sindicamenta Peire, t. II, f. 30 r; Not. La-baino Giovanni, filza 1, doc. n° 50. 580 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE juillet et reprennent en août, septembre et au début du mois d octobre 8. En novembre et décembre, la navigation chôme presque totalement, car les bateaux qui partiraient de Gênes en arrière saison pourraient courir de gros risques à leur arrivée en Orient. En janvier, l’on hésite encore à prendre la mer; les départs ne deviennent nombreux que dans le courant du mois de février. En ce qui concerne les retours, ils s’échelonnent tout au long de 1 année, marquée néanmoins de quelques temps forts: mars et avril et surtout les mois d’automne, d’octobre à décembre. En revanche peu de bateaux rentrent à Gênes en plein été. Reste à se demander si cette navigation pérenne est le fait de tous les types de bâtiments, galères et coques ou si la louideur de ces dernières les exclut de la navigation hivernale. En fait on voit des naves et des coques revenir d’Orient en décembre, janvier, février, mois au cours desquels le mouvement des bateaux est ralenti, et d autres prendre la mer en novembre et janvier, l’inaction étant générale au mois de décembre. Il en est de même pour les galères, au moins lorsqu elles appartiennent à des armateurs privés; en revanche, les galères armées par la Commune partent de Gênes au début du printemps ou à la fin de 1 été; elles servent de protcc tion aux navires marchands et forment avec eux les convois, plus réguliers en ces temps difficiles de la fin du XIVe siècle qu aux époques antérieures. Hor mis ce cas précis, le rythme des départs et des retours ne répond a aucune norme particulière; le bateau génois affronte la mer en toutes saisons, et au rait presque vaincu l’hiver s’il ne s’abstenait de parcourir la mei Noire par mauvais temps, moins pour des raisons techniques qu’à cause de la prudence des marchands armateurs 1/9. 178 Le notaire Raimondo Medico (ASG. Not. cart. n” 5, (î. 12) r et 256 r) note dans son minutier les départs pour l’Orient: « Naves Alexandriae et UUratttarinis iverunt in festo s. Michaelis, scillicet in die dominico » ou bien « Kalendas octubris intravit in die sabato. Et naves quae iverunt Ultramare moverunt de portu Ianuae ultimo die septembris circa terciam et fuit die venerdì et ivit (sic) cum eis naves 1res quae iverunt Sciciliam c» taridas duas et bucium unum ». 179 On se souviendra de l’éloge amèrement décerné aux Génois par Pachymcre (De Michaele Paleologo, livre V, ch. 30, éd. de Bonn, t. I, p. 419): « du jour cm par une concession du basileus, les Génois devinrent maîtres du Pont Euxin et y naviguèrent en toute liberté et franchise de taxes, s’y risquant même en plein hiver sur des navires d une longueur restreinte, appelés par eux tarides, non seulement ils fermèrent aux Romains les voies du commerce maritime mais ils surpassèrent les Vénitiens en richesses et en arme- LES TRANSPORTS MARITIMES 581 « La navigation génoise n’aurait-elle pas de calendrier » (J. Heers)? En réalité, les tableaux du mouvement des navires mettent en évidence le rythme bi-annuel des échanges entre Gênes et la Romanie, rythme particulièrement bien observé, lorsque les circonstances imposent l’organisation de convois sur les itinéraires orientaux. Ce sont les hommes d’affaires qui en prennent l’initiative, avant que la Commune n’intervienne par des dispositions réglementaires. En 1289-1290, les patrons des nefs et des galères s’entendent pour quitter Caffa dans les premiers jours du mois d’août et arriver en octobre à Gênes; le convoi de printemps part de Crimée en février ou début mars et se retrouve en mer Tyrrhénienne fin avril ou dans les premiers jours du mois de maiIS0. Dans la direction inverse, un des premiers exemples que nous ayons rencontrés, en dehors des flottes armées par la Commune à des fins militaires, date de 1308: Manuel et Paléologue Zaccaria s’obligent à quitter Gênes le 15 mars avec la caravana galearum que iture sunt de presenti ad partes Romanie 181. Dans les années suivantes s’impose le terme de conserva, dont l’usage remonte à la Table d’Amalfi; les dommages subis par un navire sont partagés entre tous les marchands-armateurs qui se sont groupés pour former un convoi182. Ce qui était à l’origine une association volontaire d’assurance mutuelle devient une norme avec les dispositions prises par 1 'Officium Gazarle en 1330. Il est alors interdit aux galères légères de naviguer seules vers le Levant au delà de la Sicile: deux galères au moins doivent s’associer, sous le commandement d’un capitaine choisi par les autorités communales parmi les patrons ou les marchands; elles ne doivent point s’éloigner l’une de l’autre de plus d’un mille. L’organisation d’un convoi n’est point obligatoire pour la navigation en mer Noire, sauf si plusieurs galères se trou- ment ». L’examen attentif du mouvement des bataux montre que l’assertion de Pachvmère s’applique davantage au trafic des nefs et des galères qu’à celui des unités moyennes de la flotte génoise. 180 Les sources sont moins précises sur le convoi de printemps que sur celui d’automne: dans les actes de Caffa instrumentés entre le 15 et le 27 mars 1290 il n’est jamais question de nefs et de galères mais de linhs et de tarides. Les plus gros bâtiments ont déjà quitté Caffa à cette date pour l'Occident. L’arrivée du convoi de printemps est signalée par la correspondance Datini: par ex. AS. Prato, Carteggio 550: 11 avril, 7 mai 1383; Busta 1171: 21 mai 1396, 21 mai 1397, 17 mai 1401. 181 ASG. Not. cart. n° 212, ff. 34 v - 36 r. 182 Sur le sens juridique du mot conserva, cf. G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., pp. 87-88. 582 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE vent ensemble prêtes à partir de Constantinople pour les régions ponti-ques. Afin d’assurer l’application du règlement lors du voyage de retour, le podestat de Péra exige des patrons le versement d une caution de mille livres au moment de leur départ pour l’Occident183. Le 25 octobre 1334, un amendement du Liber Gazarie précise que deux convois seront organisés chaque année vers Constantinople, l’un entre le 1" février et le 1 mars, l’autre entre le 15 août et le 15 septembre; en revanche les dates de retour ne sont pas précisées l84. Le texte utilise l’expression passagium Romanie, par laquelle seront désormais désignés les convois de galèies partant pour Péra. Dans quelle mesure fut-il effectivement appliqué a partir de 1334? Le tableau des « passages de Romanie » fait ressortir 1 extrême irrégularité dans l’organisation des convois. A Gênes, rien de systématique comme à Venise où les mude — expression qui désigne à la fois les flottes de navires marchands faisant voile ensemble sous la protection éventuelle de navires de guerre et les périodes au cours desquelles s effectuent les chargements tant à Venise qu’en Orient — rythment 1 activité maritime et le calendrier des foires18s. A Gênes, au contraire, la fréquence annuelle et saisonnière des convois est fort irrégulière. L’organisation en est suspendue certaines années, soit que des conflits obligent la Commune a armer une flotte de guerre pour des opérations navales de grande ampleur (de 1351 à 1355 lors de la guerre des Détroits, en 1373 à l’occasion de 1 envoi en Chypre de la flotte de Pietro di Campofregoso, de 1378 à 1381 lors de la guerre de Chioggia), soit que les autorités génoises décrètent un devetum interdisant à leurs ressortissants toute navigation vers des régions réputées dangereuses,8é. La suppression des convois de Romanie provoque 183 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 102-107; G. Forcheri. Navi e navigazione, op. cit., pp. 85-93. 184 y Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 110; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., pp. 93-94. 185 G. Luzzatto, Storia economica di Venezia dall’XI al XVI secolo, Venezia, 1961, pp. 22, 25, 38; F. C. Lane, Fleets and fairs, dans Venice and History, op. citi., pp- 128-141; U. Tucci, La navigazione veneziana, op. cit., pp. 828-829; J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 184. 186 Ce fut le cas le 29 décembre 1379 à Gcnes, à cause du conflit opposant la Commune à Venise (ASG. Archivio Segreto n° 496, f!. 15 v, 193 v), à Chio en 1381 sans doute pour la même raison (ASG. Not. cart. n° 176, fï. 123 r, 125 r), de nouveau à Gênes en janvier 1388 (ASG. Manoscritti, n° 104, ff. 133 v-134 r). LES TRANSPORTS MARITIMES 583 alors une hausse des prix d’autant plus rapide que les denrées de la mer Noire et les épices d’Orient faisaient vivre le commerce de redis^ibution génois et, pour certains de ces produits, la ville elle-même. En dehors de ces périodes de crise où les relations commerciales avec l’Orient sont incertaines, l’organisation des convois répond-elle aux normes fixées par 1 'Officium Gazarie? Le double « passage » annuel n’existe guère qu’avant 1350, par exemple en 1343, lorsque six galères partent en avril et cinq autres le 3 août, et en 1348 où sont signalées en mars cinq galères « in comitiva » et en juillet trois bâtiments « de conserva », prêts à appareiller pour la Romanie 187. Après la guerre des Détroits et en raison du déclin du commerce oriental, le rôle de la Commune se limite à préparer un seul convoi. Le nombre des galères passe à deux; la date de départ est très irrégulière: début du printemps ou fin de l’été, mais parfois le 1er juin ou dans le cours du mois d’octobre. Pour assurer néanmoins la protection des intérêts génois, les autorités communales décident après 1390 de passer contrat avec des armateurs privés qui s’engagent à envoyer chaque année deux galères en Romanie et en mer Noire 18\ L’effort de redressement mené par Boucicault ne change guère cet état de fait: dans les premières années du XVe siècle, le « passage de Romanie » se réduit encore à deux galères et n’a lieu qu’une fois par an. L’organisation d’un convoi a pour but de protéger les navires faisant route vers l’Orient et d’assurer dans de bonnes conditions le transport des denrées les plus précieuses. Les frais étant élevés, la charge en repose sur les hommes d’affaires qui utilisent les services de ces galères armées. Si l’on en juge par le montant des nolis encaissés, la concurrence des coques vide les cales des galères: en 1346, le patron d’une galère armée par la Commune n’a touché que 663 livres 4 sous 2 deniers pour le fret qu’il a embarqué, alors que les seuls gages des marins versés pour une période de trois mois s’élèvent à 2.100 livres, plus du triple de l’argent 187 ASG. Not. cart. n° 33, ff. 266 v, 269 r-v; n° 230, f. 98 r; n° 233, ff. 97 r, 253 v, f. 9 v. L’expression « in comiliva » est synonyme de la conserva: elle insiste davantage sur le fait que le convoi est placé sous le commandement d’un seul capitaine. 188 Par exemple Gotiffrcdo et Giovanni Lomellini qui reçoivent 5.100 livres en mai 1395 « pro pacto seu partito jacto pro Comune lanue pro mictendis duabus gaïïeis predictis dicti passagli ad partes Romanie et in mare Maius, que sunt pro pressenti tercio anno seu lercio viagio » (ASG. Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 103, f. 34 r). 584 l’exploitation ÉCONOMIQUE PE LA ROMANIE 30 - Les « passages de Romanie » 189 !-f o Années Mois n Janvier Février Mars Avril Mai G Juillet Août B Octobr e B précisé '3 ---» eu > § 167; C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., pp. 639-643; W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. 1, pp. 238-240; A. Schaube. Handelsgeschichte, op. cit., pp. 254-255; J. K. Fotheringham, Genoa and the fourth crusade, op. cit., pp. 29-32; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., pp. 76-79; H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 289-290; Ch. M. Brand, Byzantium confronts the West, op. cit., pp. 213-214. 206 M. Balard, I^es Génois en Romanie, op. cit., p. 475. 207 Sur la distinction entre course et piraterie, cf. A. Tenenti, Venezia e la pirateria, op. cit., t. II, pp. 708J709; M. Fontenay - A. Tenenti, Course et piraterie, op. cit., t. I, pp. 78-79. 208 Annali genovesi, op. cit., t. II, pp. 93, 98-99. 590 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE rico Pescatore, comte de Malte, lance ses galères contre les bateaux venitiens et occupe pendant cinq ans l’île de Crète, achetée par Venise à Boniface de Montferrat: dans cette entreprise, il est aidé par des fonds génois gagés sur les revenus de l’île de Malte 209. D’autres Génois arment pour la course contre les Vénitiens. Guglielmo Porco vient aider Enrico Pescatore à défendre la Crète, Alamanno Costa prend le relais après l’échec du comte de Malte et Leone Vetrano attaque en vain Corfou 2I0. La course est donc, avant 1218, la seule arme permettant aux Génois de s’opposer à la domination vénitienne sur le nouvel empire latin de Constantinople. Les bulletins de victoire, si nombreux dans les Annales génoises, disent bien que toute une ville suit avec passion les exploits de ses corsaires et regrette qu ils soient obligés de s’incliner devant les flottes vénitiennes. Ainsi se développe une piraterie officielle, encouragée par les autorités communales; elle dure peu, puisque le traité conclu entre Gênes et Venise en 1218 y mer un terme, au moins provisoire211. La domination vénitienne sur les mers byzantines rétablit la sécurité de la navigation en mer Egée jusqu’en 1258, lorsque renaît l’antagonisme vénéto-génois, à la suite de la guerre qui oppose à Acre les deux républiques maritimes 2I2. La reconquête byzantine de 1261 exacerbe les rivalités entre Occidentaux sans pour autant rétablir au profit de Michel VIII une thalassocratie, trop coûteuse pour les moyens réduits dont disposait l’empire restauré. La course reprend opposant Grecs, Génois, Vénitiens et Pisans et toutes les puissances riveraines de la Méditerranée, ainsi livrée à une piraterie généralisée et permanente que des accords bi-latéraux ne réussissent pas à limiter 2I3. Par le traité de Nymphée, le basileus s’engage à poursuivre et à punir 209 G. Gerola, La dominazione, op. cit., pp. 1-44; M. Balard, Les Génois en Romanie, op. cit., pp. 473-474. Cf. aussi le texte de Nicétas Choniatès, éd. de Bonn, p. 843 (attaques des Génois contre la Crète) et W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. I, pp. 277-278. 210 G. Tafc-1 - G. Thomas, Urkunden, op. cit., t. II, pp. 54-55. Cf. W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. I, p. 279; J. K. Fotheringham, Genoa and the jourth cru-sade, op. cit., pp. 56-57; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., pp. 54 et 79; M. Balard, Les Génois en Romanie, op. cit., pp. 474-475. 211 Ce traité prévoit le dédommagement des Vénitiens lésés par les attaques d’un pirate génois: G. Tafel - G. Thomas, Urkunden, op. cit., t. II, p. 197. 212 Cf. les lettres de Michel Choniatès, éd. Sp. Lampros, Miyar,X ’Ay.o|i.tvàTOU toü Xovlcctou tè owÇôjjlevï, Athènes, 1879-1880, t. II, pp. 194, 238, 275 et H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., p. 310. 213 H. Ahrweiler, Course et piraterie, op. cit., p. 20. LES TRANSPORTS MARITIMES 591 les pirates portant tort aux Génois, mais il n’est pas question des méfaits commis par les Génois eux-mêmes. Or, ayant obtenu la concession d’Ania sur la côte micrasiatique, des ressortissants de la Commune font de cette place un repère de pirates pendant plusieurs années. Gênes ne promet d’agir contre eux qu en 1272, lorsque Michel VIII rend la Commune responsable des dommages subis par les sujets de l’empire et se donne le droit de punir selon les lois byzantines tout Génois coupable du délit de piraterie ou passé au service des ennemis de Byzance214. Mais dans le même temps, pour s opposer aux flottes vénitiennes et angevines, Michel VIII prend à son service des pirates indépendants et en fait les cadres des deux flottes qu il met en chantier sitôt après son entrée à Constantinople, et dans les années suivant la conclusion du traité de Viterbe. Aidées par les Zaccaria, les flotilles impériales font la chasse aux corsaires latins, dont certains, d’origine génoise, infestent les îles de l’Egée, Samos, Samothrace, Thasos, Sko-pelos, Chio, Rhodes et surtout Négrepont 2I\ Ont-elles extirpé la piraterie de la mer Egée, comme s’en vante Michel VIII dans son autobiographie 216? En fait le recours à des pirates pour assurer la sécurité des mers ne pouvait être qu’un expédient provisoire et dangereux; on put le constater lorsque Andronic II, débarrassé par les Vêpres Siciliennes des menaces angevines, 214 C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., p. 794; G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 501. 215 Aux dires de Marino Sanudo l’Ancien, plus de deux mille pirates furent mis hors combat, cf. Istoria del Regno di Romania, dans C. Hopf, Chroniques gréco-romanes, op. cit., p. 146. Un document vénitien de 1278 énumère plus de quatre-vingt-dix pirates: G. Tafel - G. Thomas, Urkunden, op. cit., t. III, pp. 159-281; cf. C. Hopf, Geschichte Griechenlands vont Beginn des Mittelalters bis auf unsere Zeit, in Ersch et Grüber, AIl-gemeine Encyklopâdie, t. 85, Leipzig, 1867, p. 310; W. Miller, The Latins in the Levant, Londres, 1908, p. 156; P. Charanis, Piracy in the Aegean, op. cit., pp. 129-136; H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 363-370. Les annales génoises fournissent plusieurs exemples de participation des Génois à la course: Annali genovesi, op. cit., t. IV, pp. 48-49, 80; t. V, pp. 9, 44, 48, 73. 216 lmp. Michaelis Palaeologi, De vita sua, éd. H. Grégoire, dans Byzantion, t. 29/30, 1959-1960, p. 461: « Nous purgeâmes la mer de tous les pirates; nous fîmes entrer dans l’Egée plus de navires, ou presque, que cette mer n’en avait reçu depuis nombre d'années; et ainsi, nous avons à la fois libéré les iles qui subissaient la tyrannie et garanti la sécurité de ceux qui naviguaient partout dans cette mer »; cf. P. Charanis, Piracy in the Aegean, op. cit., pp. 135-136; H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., p. 370; Course et piraterie, op. cit., p. 20. 592 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE décida, par mesure d’économie, de désarmer la flotte byzantine 2I?; le renoncement de Byzance à la maîtrise coûteuse de ses mers provoque la recrudescence de la piraterie. A partir de la fin du XIIIe siècle, la mer Egée et le Levant deviennent une zone d’instabilité où, en matière de course et de piraterie, se juxtaposent les initiatives individuelles d’aventuriers pirates, les rivalités commerciales et politiques des Occidentaux, les heurts entre chrétiens et Turcs dont la marine est souvent renforcée par des éléments grecs; la mer « constitue un no man’s land, une dimension permanente d’insécurité » (A. Tenenti), où la course et la piraterie régnent de façon confuse et saccadée. Il importe surtout ici de voir la part qu’y prennent les Génois, agresseurs et victimes à la fois. La course est liée à un état de guerre; aussi la voit-on florissante, lorsque les rivalités vénéto-génoises dégénèrent en conflit ouvert: guerres de Curzola, des Détroits, de Chioggia offrent l’occasion d’utiliser bateaux et capitaux, quand le commerce, activité normale, est interrompu. En 1296, les Génois répliquent à l’attaque de Ruggiero Morosini contre Péra en s’emparant d’un navire vénitien 2IS. Lors de la guerre des Détroits, des armateurs, appartenant aux meilleures familles de l’aristocratie marchande, s’associent pour aller en course, partageant profits et pertes219; des galères armées par la Commune pillent des bateaux de ressortissants vénitiens, lesquels se saisissent à leur tour de galères génoises, pillées puis brûlées 220. C’est l’alternance classique des représailles exercées sans retenue lors des conflits ouverts. Malgré le devetum général de toute navigation proclamé en décembre 1379, la guerre de Chioggia voit le renouvellement de telles exactions: des galères vénitiennes s’embusquent près de Portovenere pour surprendre des bateaux génois partant pour l’Orient, d’autres s’emparent au large de Rhodes de la nef de Niccolò Bechignono, portant une cargaison estimée 400.000 livres; les Génois répondent en se saisissant de marchandises et de coques 217 N. Grégoras, éd. de Bonn, t. I, pp. 174-175; G. Pachymère, éd. de Bonn, t. II, pp. 69-71. Sur l’abandon de la flotte et ses conséquences, cf. H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 375-379. 218 ASG. Not. cart. n° 133, f. 111 v; G. Monleone, Iacopo da Varagine, op. cit., p. 143. 219 ASG. Not. cart. n° 190/1, f. 129 v; n° 238, ff. 38 v, 42 r; n° 331/1, f. 202 r; n° 332/1, f. 186 r; n° 239, f. 119 r. 220 M. Balard, A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., p. 439; ASG. Not. cart. n° 237, ff. 54 r, 157 v. LES TRANSPORTS MARITIMES 593 vénitiennes . Avec les Catalans, les mêmes exactions se produisent, quoi-qu elles aient lieu plutôt en Méditerranée occidentale qu’en mer Egée 222. Mais les ennemis peuvent être aussi ceux de l’intérieur; les exilés de Gênes qui ne se reconnaissent pas liés par les obligations contractées par la mère-patrie, poursuivent les nefs de l’adversaire et, entre guelfes et gibelins, une véritable guerre de course se déroule dans les années 1320-1330, dont les méfaits pèsent sur le trafic oriental 223. En dehors de ces temps de guerre civile ou étrangère, règne une piraterie endémique. Elle est le fait d’aventuriers de toutes origines: des gens d’Ischia, des sujets des rois angevins, des pirates de Biscaye, des Catalans surtout qui s’associent souvent avec bonheur à la piraterie turque 224. Leurs attaques contre les établissements génois d’Orient sont innombrables jusqu’à la fin du XIVe siècle; les gens de Chio se plaignent fréquemment des exactions catalanes qui gênent la navigation 223. Les coups de main ont lieu le long des grandes routes maritimes suivies par les nefs et les galères marchandes: les bases des pirates sont nombreuses au sud du Péloponnèse, à Négrepont et sur le littoral de la Carie, tenu par les émirs d’Aydin dont les flotilles rançonnent les navires occidentaux 226. Les Grecs des îles et 221 ASG. Archivio Segreto n° 496, f. 17 v; n° 497, f. 153 r; Antico Comune Magistrorum Rationalium, n° 77, f. 29 v; G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 178. 222 Exemples de course contre les Catalans: G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 124; ASG. Not. Don. di Chiavari, 1394, sans n°; Not. Giovanni Balbi doc. n° 396; Not. cart. n° 232, f. 33 v; n° 311, f. 145 r, etc. Exemple de piraterie catalane in G. G. Musso, Navigazione e commercio, op. cit., pp. 103-104. m En 1325 une coque transportant les marchandises de Carlo Cibo et de Gabriele Ultramarino est prise par les Gibelins et l’année suivante cinq galères guelfes s’emparent d’une galère chargée de marchandises appartenant à des Gibelins: ASG. Not. filza n° 272, doc. n° 41; G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., pp. 109-110. 22,1 ASG. Antico Comune, Galearum introytus et exitus n° 736 (année 1398); Not. cart. n° 314, (F. 140 r, 192 v; n° 312, f. 8 r; Fonds Famiglie, Cassale 12 (1393); n° 230. f. 178 v. Cf. P. Lemerle, L’émirat d’Aydin, op. cit., pp. 79 et 96; Pli. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. I, pp. 55, 74, 83, 92 et 166. 225 ASG. Not. Donato di Chavari 1394, 22 août 1394; Not. Giovanni Balbi, doc. n° 395 à 397; D. GiofTrò, Atti rogati in Chio, op. cit., p. 360. Dans les lettres envoyées à Francesco di Marco Datini, les méfaits attribués aux pirates catalans st>nt fréquemment mentionnés: AS. Prato, Carteggio n° 508 (18 sept. 1386, 1er avril 1386); n° 509 (30 mars 1387); n° 507 (27 mai 1385); n° 513 (12 décembre 1390); n° 514 (26 janvier 1392); n° 658 (13 juin 1395); n” 521 (16 mars 1401); B 1171, 1395. Cf. également Cl. Carrère, Barcelone, op. cit., t. I, pp. 251-252. 226 P. Lemerle, L’émirat d'Aydin, op. cit., p. 58, 123, etc.; F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., pp. 244-246. 7 594 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE de terre ferme s’adonnent aussi à la piraterie au detriment de nos maichands; en 1356, Niccolò Pinello obtient d’exercer des représailles contre la communauté de Ténédos et vingt ans plus tard, les partisans de Jean V se saisissent d’un brigantin génois passé peut-être au service de 1 usurpateur, Andronic IV 227. La mer Noire n’est guère plus sûre: des Grecs de Trébizonde s’en prennent en 1313 aux Génois de Caffa, tandis que les galères de l’émir de Sinope perturbent la navigation ~8. Sur les côtes septentrionales du Pont-Euxin, les anfractuosités nombreuses favorisent 1 essor de la piraterie: des coups de main audacieux livrent aux seigneurs de Solgat, d Ato, de Lo Teodoro et de Zichie quelques bâtiments génois. Le consul de Caffa doit les racheter et autoriser les patrons spoliés à se dédommager sur les agresseurs 229. Mais les Génois ne sont pas toujours victimes; des éléments incontrôlables s’adonnent à la piraterie, le plus souvent au détriment des Vénitiens. Les Libri commemoriali égrènent la litanie des plaintes adressées par le gouvernement ducal à la Commune: autour de Constantinople, à 1 Aïas, au large de Mytilène, près de Rhodes et de Chypre, entre la Crète et Alexandrie, près de Coron, des marchands vénitiens ont été attaqués par des pirates génois 230. A d’autres moments, des ressortissants de la Serénissime s’associent en course à des Génois; certains patrons de galères, à court de fret, n’hésitent pas à devenir pilleurs des mers, parfois au détriment de leurs propres compatriotes; c’est ainsi qu’en 1394 Andrea Lomellini a arraisonné dans les parages de Cythère la coque d’Andalò de Mari, qui se rendait de Barcelone à Alexandrie; le capitaine détroussé dut gagner Chio avec un 227 ASG. Not. cart. n° 278/11, f. 133 v; Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 80, f. 49 r. On rappellera également la longue liste de dédommagements présentés à Andronic II par l’ambassadeur Niccolò Spinola: les Génois ont été victimes de pirates grecs venant de Thessalonique, Naxos, Monemvasie, Mytilene, Pochi, fenedos, Chio. Lemnos (p. 523: lire Stalimene et non Potalimene), Passechia, Rhodes et Ania: cf. G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 512-530. 228 ASG. Not. cart. n° 127, f. 241 r; n° 319, ff. 11 v -12 r. 229 G. Balbi-S. Raiteri, Notai genovesi, op. cit., pp. 61-62; G. Airaldi, Studi, op. cit., pp. 103-104; ASG. Caffa Massaria 1381, f. 65 v. 230 R. Predelli, I libri commemoriali della Repubblica di Venezia - Regesti, 8 vol., Venise, 1876-1914, t. I, 1. 1, n° 25 et 108; t. 1, I. 2, n° 121 et 457, n° 252; t. 1, 1 3, n° 209 et 256, etc. Cf. A. Tenenti, Venezia e la pirateria, op. cit., pp. 724-741; T. C. Hoc-quet, Histoire économique, op. cit., p. 156 (attaques de pirates génois contre les Vénitiens allant charger du sel en Chypre). LES TRANSPORTS MARITIMES 595 équipage réduit, pour se refaire231. L’action de ces aventuriers a souvent des conséquences fâcheuses pour la communauté des hommes d’affaires: en 1401 Antonio di Guarco s’est emparé d’une nef sarrasine et, par rétorsion, le soudan a fait arrêter tous les marchands chrétiens se trouvant à Alexandrie et au Caire et les a dépouillés de leurs biens 232. Il faut aussi tenir compte de quelques potentats locaux contre lesquels la Commune est impuissante: que faire contre Domenico Cattaneo della Volta, maître de Phocée, qui en 1339 pille le bâtiment du Vénitien Negro Cocco ou contre un Grimaldi qui surprend des marchands vénitiens près de Coron en 1355 233? Les menaces sont de même sans effet sur les Gattilusio, installés à Mytilène, et qui tirent de la course le plus clair de leurs revenus. Plus grave enfin est la course officielle, celle que favorisent les autorités génoises d’Orient ou à laquelle elles vont même jusqu’à participer; en 1386, Niccolò di Grappo est autorisé par le consul de Caffa à armer pour la course, licence que l’état de guerre justifie peut-être 234. En 1402, les trésoriers de Péra sont accusés de recevoir le dixième du butin amassé par ceux qui se livrent à la piraterie, et les témoins à charge citent Raffaele di Angelo qui a pris aux Turcs la coquette somme de 30.000 aspres. L’année suivante, avec la complicité du Capitaine général Gianotto Lomellini, Pietro Falaca, entre deux missions officielles, mène en course son huissier (usche-rius), pour ne point rester inactif à Caffa 235. Le mal est donc profond, puisqu’il atteint ceux-là même qui devraient le réprimer. La course est devenue à la fin du XIVe siècle une entreprise rentable pour ceux qui s’y livrent, presque impunément, dans un espace méditerranéen où s’affrontent chrétiens et musulmans, alors que des conflits entre Occidentaux donnent à des armateurs en chômage l’occasion de partir en course et d’aggraver par leurs méfaits l’insécurité des grandes voies 231 G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 132; ASG. Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 152. En 1396, Giovanni Spinola s’empare de la nef de son compatriote Luigi Vento (AS. Prato, Carteggio n° 520, 23 mai 1396) et quelques années plus tard on déplore les ravages du pirate Niccolò di Moneglia (A. Tenenti, Venezia e la pirateria, op., cit., p. 741, n. 1). En fait ce dernier a agi sur les ordres de Boucicault mais a provoqué des représailles contre des marchands génois (ASG. Archivio Segreto, n° 501, ff. 130 v -134 v). 232 AS. Prato, Carteggio n° 521, 29 novembre 1401. 233 F. Thiriet, Régestes du Sénat, op. cit., t. I, n° 89, p. 40; R. Predelli, I libri commemoriali, op. cit., t. II, 1. V, n° 89). 234 ASG. Caffa Massaria 1386, ff. 184 v et 283 r. 235 ASG. Peire Sindicamenta, t. I, f. 108 r; t. II, ff. 28 r, 41 v. 596 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE maritimes. Les conséquences sont graves. D’une part, les hommes d affaires subissent des retards importants car les capitaines refusent de prendre la mer, quand des pirates sont signalés à proximité du port. D autre part, le coût des assurances maritimes s’accroît et alourdit les fiais de transport.^ en mai 1398, Angelo de Montenigro assure sa nef pour 1.200 ducats auprès d Ambrogio Giustiniani, pour un voyage entre Chio et la Nouvelle-Phocée, alors que la brièveté du trajet aurait permis en d autres temps que 1 on se dispensât de prendre une assurance 236. Les autorités communales peuvent-elles reagir, et de quelle façon? L’on sait qu’à Venise, le gouvernement ducal ne permet pas à ses sujets d’armer des navires pour la course et punit très sévèrement les pirates qui tombent en son pouvoir_37. A Gênes, les mesures sont du même ordre: le bref de la Compagna en 1157, comme les statuts de Péra, interdisent à tout ressortissant génois d’armer pour la course, sans 1 autori sation de l’Etat, et obligent les patrons à verser une caution, avant le de-part du navire238. En Orient, lorsque les autorités coloniales sanctionnent 1 émancipation d’un mineur, celui-ci doit promettre de ne point aller en course pendant une période de trois ans 239. D’autre part, les règlements de 1 Officium Ga zarie imposent aux galères légères de se rendre en convoi en Romanie; elles doivent être pourvues d’armes et d’arbaletriers et leur départ n est autorisé qu’après inspection par des représentants du dit Off cium, de fortes amendes sont infligées aux capitaines qui ne se conformeraient pas à ces dis positions 240. En 1388, YOffcium Romanie étend ces obligations à tous les types de bâtiments naviguant ultra insulam Sicilie: les patrons doivent pren dre à bord trois arbalétriers par millier de mines de portée, en plus du nom 236 D. Giofirè, Alti rogali in Chio, op. cit., pp. 394-395. 237 A. Tenenti, Venezia e la pirateria, op. cit., pp. 713 et 761-763. 238 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 73-80 (De securitatibus); V. Promis, Statuti, op. cit., tiré à part pp. 155-158, 187-188; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit, pp. 36-37. A Péra, l’armateur qui veut aller en course doit obtenir l'accord du podestat et des deux tiers des membres de son conseil: cf. V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 36. 239 ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 41, 58. 240 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., pp. 89-92 et 114; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., pp. 81-82. En 1350 deux patrons partis pour la Romanie sans autorisation sont condamnés à 750 livres d’amende par les consules maris: ASG. Not. filza n° 350, doc. n° 42, 46, 49. LES TRANSPORTS MARITIMES 597 bre d’hommes d’armes fixé par YOfficium Gazarie 241. Enfin, si la Commune ne peut tenir en mer une flotte permanente de protection, elle arme régulièrement une ou deux galères de garde, qui accompagnent les galères de Romanie jusqu’à Portovenere ou les y attendent; de même chaque comptoir d’Orient dispose en permanence d’une galère de garde 242. Contre les pirates eux-mêmes, les mesures répressives sont moins nettes: en temps de paix, les autorités génoises restituent à leurs propriétaires les bâtiments qui ont pu être récupérés, alors que ceux-ci sont considérés comme de bonnes prises de guerre, s’ils appartiennent à un sujet d’un Etat en conflit avec la Commune "43. Si le sort des pirates étrangers arrêtés ne fait guère de doute, je n’ai pu trouver aucune preuve que les autorités génoises punissent avec la même rigueur leurs ressortissants surpris en course. Peut-être s’était-on habitué à la fin du XIVe siècle à cette activité marginale et para-économique que constituait la piraterie, maladie inévitable des échanges dans une des zones névralgiques du commerce international, la mer Egée, où l’ancienne thalassocratie de Byzance n’est pas encore remplacée par une nouvelle domination, celle des Turcs. On s’accommode de l’existence des pirates, dont les dommages sont couverts par la généralisation de l’assurance maritime. S’ils perturbent la navigation et incitent les gouvernements à des mesures de prudence, il n’est pas certain qu’ils aient nui gravement au trafic oriental de Gênes. A lire les lettres de Datini, la piraterie est devenue à la fin du XIVe siècle une monotone partie d’échecs, où chacun gagne à son tour, marchands et anti-marchands, souvent les mêmes hommes 244. Les biens volés sont revendus au port le plus proche ou rachetés par leur propriétaire: ils rentrent de manière ou d’une autre dans le circuit des échanges, grevés par le prélèvement du pirate, un intermédiaire de plus dont le marché tient compte. En définitive, comme aurait pu le montrer F. Melis, 241 ASG. Manoscritti n° 104, f. 144 r. De même, sous le gouvernement de Bouci-cault, l’obligation de la navigation en renvoi est étendue aux coques et aux nefs, astreintes à partir de la Sicile, à voyager « in societate et conserva » jusqu’à Chio: cf. ASG. Archivio Segreto, n° 501, f. 148 r-v. 242 ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 45, f. 10; n° 47, f. 44; n° 98, f. 78 r; sur la défense maritime des comptoirs d’Orient, cf. supra p. 448. 243 ASG Archivio Segreto, n° 501, f. 136 v. 244 « Sicché vedete bella compagnia fcciono dachordo in fra loro » s’exclame un des facteurs de Francesco di Marco Datini, en relatant les méfaits de Giovanni Spinola parti en course: AS. Prato, Carteggio n° 519, 25 mai 1395. On voit même un pirate venir vendre à Gênes du grain volé sur la galère d’un Génois: Ibidem, carteggio n° 516, 16 octobre 1392. 598 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE l’incidence économique de la piraterie est certainement moindre qu’on ne l'a cru longtemps. Les Génois qui s’intéressent plus que d’autres au trafic des marchandises lourdes, que négligent les corsaires, sont peut-être moins victimes de pirates que leurs rivaux vénitiens ou catalans; en revanche ils souffrent davantage vers les années 1400 d’une conjoncture défavorable et du déclin général du commerce oriental que des dommages provoqués par la piraterie, simple épiphénomène, dont il ne faut pas exagérer l’ampleur. En deux siècles, les Génois ont perfectionné l’instrument de leurs échanges maritimes. Abandonnant le plus souvent aux flottes auxiliaires des Orientaux ou des étrangers le trafic de cabotage, ils ont fait de la coque le plus gros navire de la fin du XIVe siècle, apte au transport des grains, de l’alun ou du sel, marchandises avantageuses pour le négoce à condition qu’elles se vendent par grandes quantités; à côté de la coque, les grosses galères et les galères légères transportent les denrées de prix ou veillent à la sécurité des liaisons maritimes. Celles-ci se déroulent à peu près par tous les temps, ne se ralentissant qu’en hiver, sans jamais s’interrompre tout à fait; lente, mais régulière, telle est la navigation orientale de Gênes, au moins jusque vers 1350. Car, à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, les guerres entre Occidentaux, les troubles dans les Etats mongols, l’avance ottomane provoquent, sans conteste, le déclin du trafic romaniote. Les techniques commerciales sans cesse renouvelées montrent à quel point les Génois s’adaptent avec souplesse et habileté à ces fluctuations. Années i m 1583 1384 im 1386 1387 13SS »389 1390 1391 1392 1393 1394 1395 1396 1397 1398 1399 1400 1401 1402 1403 Total 31 - Dates des départs des navikes de Romanie (Les nombres en mmla représentent les nefs ou coquet; les nombres en italique les galères ou panfiles; les P les «passages» de Romanie). Janvier 1 P Février 2 1 1 1 II Mars 2 P 1 2 P 2 l J 1 2 1 2 P 1 2 P Mois non Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre précisé Total 1 2 P 1 2 P 2 P 2 P 2 P 2 1 1 I 10 1 I P 2 P 2 2 P 2 P 1 flotte 2 P 1 1 P 2 P 1 2 2 1 2 P 5 nef- 6 fKî» 15 nef* 9t*cf» 5 nef» 7 nef* 1 nef 5 nefs 10 nefs 2 nefs 2 nefs 13 fratóne-. 6 galere» lisière» 9 galère» 10 galère* 6 galènes 7 galères 2 galères 1 galère 1 12 2 1 11 19 5 26 6 4 9 5 2 8 3 13 6 3 4 4 5 6 4 1 5 5 1 nef 5 nefs 73 nefs 17 galères 82 galères (Souites: ASG. Not et Antico Comune; AS. Prato, Gatteggio). \m 1)84 l >85 im 1387 1388 1389 1390 1391 1392 1393 1394 1395 13% 1397 1)98 1399 1400 1401 1402 )2 - Dates des retours des navires de Romanie .»ns un article remarqué, R. S. Lopez a brossé en termes vigoureux le portrait de l’homme d’affaire génois. Opportunisme, tolérance, individualisme effréné, indifférence aux privilèges de naissance, recherche avide du gain dam les activités commerciales, qui remportent de loin sur les autres termes de la vie urbaine, voilà ce qui caractérise une clause marchande dont 1 esprit d entreprise influence même les citadins qui ne font pas du négoce leur activité principale'. La réussite de ce groupe tient aussi à sa prodigieuse faculté d’adaptation, à la soupière qu'il a introduite dans les méthodes commerciales et dans les techniques de recherche et d'emploi des capitaux disponibles Gênes est ainsi devenue un marché permanent, où la fidélité à d’anciennes traditions commerciales se juxtapose à un esprit d’innovation étonnant. Dans l'élaboration des techniques du négoce, le notaire tient à Gênes une place éminente; il est là pour répondre aux besoins d'une clientèle d'hommes d'affaires et pour adapter le formulaire juridique des contrats aux nécessités du moment. Aussi, comme on l'a souvent souligné, les minutes notariales sont-elles la principale source pour l'étude des techniques commerciales*. Le moindre investissement, sous forme de commande ou de prêt, donne lieu à la rédaction d'un contrat notarié et la minute suffit à témoigner de la réalité de la transaction effectuée, sans qu'il soit besoin de • R. S Lopez, Le manhanj génon Un profil collectif, dan» Annètti ESC, 1958. pp 501-515. rérdiic dam Su e pii per la noria Ai Cenava, op. cit., pp 17 )3. Sur le profil du marchand geno»*. d également K L. Reynolds, In irareh of a Jiu>incfs Clan in Tbirurnfh CcHJunr Genoa. dan» journal of lieonomie Hntoij. 1945, pp 119, V, Vitale, Vita e cv-'i«tento nei notai fjrnoveii Jet fecali XII e XIII, dans ASM, t, LXXII, 1949, e* G. Pittarino, Genita »,tedinole ira Onente c CkaJcnlc. dan» Rivula Slonca Italiana, t LXXX1/I. 1969. pp 4+73. i G 0»umagna, Il notaio a Genova, op di IJ bibliographie donnée par l'auteur noua dispense de cilct tou* le» ouvrage» qui »c fondent sur l'étude de* archives notariale» génoise* l'ixploitatiün ïconomkjii ni i a romani i délivrer une grosse aux parties en présence. La remarque vaut pour les Xir et X11L siècles, âge d‘or du commerce à Gênes, comme dans les autres républiques maritimes italiennes. En effet. à partir des années 1300, et de manière insensible, le notaire tend à perdre son rôle d’intermédiaire obligé dans les relations commerciales: progressivement se répand l’usage de Wipo-dixia, acte sous seing privé; les hommes d'affaires prennent l’habitude de tenir des livres de comptes particuliers, en même temps que croit l’importance du scribe qui tient le livre de bord des navires. Les investissements, la nature et la valeur des marchandises peuvent être enregistrés par ce personnage en termes plus simples et plus rapides que ceux du langage notarial \ Est-ce à dire que le tabellion disparait totalement du monde du négoce? Ce serait trop vite conclure, car le notaire est toujours indispensable pour rédiger les contrats d’assurances maritimes, et utile lorsque les investissements commerciaux portent sur des sommes élevées, à l’engagement desquelles les parties concernées souhaitent obtenir délivrance d’une grosse. A l'inverse, de petites gens étrangers au monde des affaires, mais qui veulent investir quelques économies, continuent à faire davantage confiance au notaire qu’à l'acte sous seing privé. En un mot, à la fin du XIVe siècle, le notaire n’intervient plus guère dans les transactions de routine conclues entre marchands de profession. Son rôle demeure décisif dans les autres cas. I - La commande Parmi les différents types de contrats utilisés dans le commerce oriental, « la commande, aceomendacia, a connu à Gênes une vogue extraordinaire» (R. Doehaerd)4. Point n'est besoin d’insister sur la nature bien connue J Très peu de livre» de bord genou nous sont parvenu»; ceux du XIV* siècle ont été utilisés par J Dty. Prix agricoles en Méditerranée. op. cit.. et par nousmême. dans A propos de la bataille du Bosphore, op. cit., et Escales gènohes. op. cit. En ce qui concerne les sacs sou» seing prive, leur usage était déjà répandu i la fin du XIII' siècle. pour les transactions commerciales: cf. ASG. Noi ign . B 4. fr. 55. f. 4 r * R. Doehaerd. Les relations commerciales, op. cil., t. I, p 119. A la bibliographie citée par cet auteur, ibidem, p. 119, n. 2, il convient d'aÿoutcr M. Chiaudano, Contrat n commerciali gcnoeeti del secolo XII - Contribulo alla stona dell'’accomendatio e della societas. Turin, 1925; G. Luzzatto, La commenda nella tua economica dei secoli XIII e XIV, con particolare riguardo a Venezia, dans Sludi di stona economica vene-ziana, Padouc, 1954, pp. 59-79; A. Scialo ja. La commenda nel diritto comune del Medi-terraneo dei secoli Xll e XIII. dans Saggi di stona del diritto maritiimo, Rome. 1940; LES TECHNIQUES COMMERCIALES 601 de ce contrat fiduciaire qui associe un bailleur de fonds ou accomandanti à un marchand, ou accomanditaire, le plus souvent dépourvu de capitaux propres, mais décidé à payer de sa peine pour faire fructifier les fonds qui lui sont confiés et en tirer un intérêt proportionnel au bénéfice de l’affaire. La souplesse de cette formule contractuelle en assura le succès durable, au moins depuis la fin du XIIe siècle. Vers les années 1160, les capitaux investis dans le commerce romaniote le sont plutôt sous forme de societates et de prêts maritimes. Les actes de Giovanni scriba ne contiennent que trois accomen-Jaciones conclues a cet effet pour une somme totale de 108 livres 4 sous, mais en revanche douze societates et six prêts maritimes représentant un capital de 2.230 livres 18 sous1 Autant dire que la commande est encore une forme très secondaire d'association, utile à de petits investisseurs, mais négligée par les grands qui dominent alors le commerce avec Constantinople, tout autant que les échanges avec la Syrie6. A partir du dernier quart du XIIe siècle, la commande tend à l’emporter sur les autres formes de contrats: dans le minutier d’Oberto scriba de Mercato, huit societates, sept commandes et un prêt maritime concernent le commerce romaniote en 1186; cinq ans plus tard, chez Guglielmo Cassinese, la proportion passe à vingt-cinq commandes sur un total de trente-huit actes se rapportant aux échanges avec Constantinople7. La prépondérance des commandes devient écra- P Vacori. Ai< <'mendacio e societas negli atti dei notai liguri del secolo XIII, dans Ri- rista di storia del diritta itabam, t. 26-27. 1953*1954, pp. 85-97; J. Mecrs. Gênes au XV* liède, op, cit., pp 198-199; L. 1 .iapre de Srurler, Les relations commerciales, op. cil., t 1. pp LXVILXX; M. Balard, Gênes et ïOutrc-Mcr, op. cit., pp. 36-39. J. H. Prvor, The origtns of the commenda contract. dans Speculum, 1977, pp. 5-37, rattache la commande surtout â la mactas romaine de travail et de capital, mais note que la chreokai»oni4 byzantine, Yisqa hébraïque et le qirad musulman ont apporté à la commande quelquct-unc* de leur* caractéristiques pour en faire le contrat le plus utilisé et le plu* unie à la communauté marchande du .Moyen Age. ‘ M Chtaudano • M Moresco, Il cartolare di Giovanni scriba, op. rit., doc. n° 244, 248 et 1256. 6 E H Byrne. Commercial cemtracts of the Genoese in the Syrian trade of the Xllth Century, dan* Thr Quarterly journal nf Economies, t. XXXI, 1916, pp. 128-170; Idem, Geneme trade, op, cit.; V. Slessarev, The pound vdue, op. rit. 7 M Chiaudano, Ohcrto scriba de Mercato 1186, Turin, 1940; M. W. Hall - IL C. Kmeycr - R. L Reynolds, Guglielmo Cassinese, op. cit.; cf. E. Badi, La cité de Gênes, op. ci( . pp. 222 224 En 1190, en raison du passage de la troisième croisade par Constantinople aucun investissement n’est dîectue dans le commerce romaniote: cf. M. Chiaudano et R Moroa» Della Rocca, Oberto scriba de Mercato 1190, Gênes, 1938, et E Bach, La ciié de Genet, op. cit., pp. 201-209. 602 t‘EXPLOITATION I i'ONOMIQUE DE LA ROMANIE sante au début du XI IL siècle, comme l’atteste le minutier du notaire Lanfranco*; mais alors s'interrompt le trafic des Génois avec la Romanie: il ne reprend qu’après la longue parenthèse de 1 empire latin de Constantinople. Alors s’affirme vraiment le succès de Yaccomendacio. De 1261 à 1408, sur 3.532 contrats d’investissements dans le commerce romaniote, la commande arrive largement en tête avec 2.590 actes, soit 73,3 °b des documents examinés. Elle est donc la forme dominante d’association pendant près de 150 ans et continue d’avoir la faveur des Génois jusqu'au XVe siècle. Les capitaux reunis par l’intermédiaire de la commande s’élèvent à 573.830 livres 19 sous 4 deniers, soit 69,45 °o du total des investissements enregistres. Avec une moyenne de 225 livres par transaction, 1 accomendacto se situe, en revanche, loin derrière la sodelas et le contrat de change et ne précède que de peu le prêt maritime. Cette constatation aide à comprendre les raisons de son succès. En effet la commande peut tout aussi bien servir à un marchand sédentaire qui fait travailler l’argent accumulé au cours de longues années d’errance, en le prêtant à des associés plus jeunes et plus actifs, qu’à de petites gens, artisans, clercs, veuves, qui s adressent i des hommes d'affaires pour faire fructifier quelques économies. Aussi, les sommes investies sont-elles très inégales: entre 1270 et 1280, par exemple, elles vont d'un minimum de 1 livre 4 sous, confiés par un artisan, à un maximum de 5.123 livres 2 sous, remis par un marchand alors bien connu, Obcrto di Serra, à un accomanditaire mis en possession de perles, d'une galère et de marchandises diverses \ Quelques années plus tard, les frères Zaccaria confient en une seule commande jusqu’à 8.635 livres à deux facteurs dont l’un, Paolino Doria, est le propre gendre de Benedetto **. La souplesse de ce type de contrat est donc remarquable. La commande permet à deux, voire à trois, accomandanti de se grouper, à une veuve de placer au nom de scs fils une panie de l'avoir de son mari, à un marchand * H. C Krucgcr ■ R. L. Reynold». l^njrtnco, op. cil.; d. E. Bach. EtmJet genat ta Le minutier Je Lmfrjitco, dam StuJi Sépon. t. I. Milan, 1957. pp. 37} J89 L'auteur note le petit nombre de loaetéiei et de contrai» de change nuntime, face i l'abondance de» accomenjadottei A Cene» comme i Veni»c (G Luscaito, l^é commettila, op cil., p 61), la commande devient ni XIIIe siècle le moyen préféré d'utilisation de la r»cbe»c mobilière. * ASG. Noi. can. n* 79, (. 120r; n* 6J/I, f. Il2v. “ ASG. Sot can n* 81. f 99 r LES TECHNIQUES COMMERCIALES 603 pourvu de capitaux propres d’accroître encore son investissement en s’adressant a plusieurs prêteurs, à des fils de famille de faire leur apprentissage des affaires en faisant fructifier des sommes confiées par un père ou un oncle, à la fortune déjà bien assise. Certains accomanditaires réunissent pour une entreprise commune des capitaux obtenus auprès de divers bailleurs de fonds: la commande est alors conclue iti mea comuni r adone, sans qu’il soit nécessaire au marchand de préciser quels sont ses différents prêteurs. Des hommes d’affaires sont au même moment accomanditaires et accoman-dants vis-à-vis d’une même personne: ces transactions en apparence incompréhensibles, n’ont d’autre but que de partager entre plusieurs marchands les risques ou profits éventuels d’investissements commerciaux effectués dans des conditions différentes. Enfin, comme les sommes confiées en commande doivent subir pertes et gains « pro lira », c’est-à-dire en proportion du capital investi, le facteur peut porter des fonds qui lui sont propres, sans enregistrement préalable devant le notaire. Bref, à partir d’une trame identique et de points communs, dont le plus important est encore le caractère éphémère de l'association commerciale, conclue pour un seul voyage, la commande admet de multiples variantes L'une des plus fréquentes concerne la répartition du bénéfice. Selon le schéma traditionnel, la commande est conclue ad quartam partem lucri, l’ac-comandam se reservant donc les trois quarts des profits éventuels. Dans la majorité des contrats intéressant le commerce oriental, il en est bien ainsi, comme en témoigne le tableau suivant portant sur 1.472 actes, dans lesquels la part de bénéfice revenant au marchand est explicitement prévue: " On peut encore citer, i U suite de L liagrc de Sturler, Les relations commer-aalei. op o( t 1, p LXIX 1* commande in nave implicata, dans laquelle l’investisse-mmi porte »ur l'armement d'un navire, l'accomandi taire étant alors le patron du bâtiment; un de» premici» exemple* date de 1 >68, et concerne Venturino Bosenga di Levanto, patron d'un pantile armé pour la Romanie (ASG Not, cart n* 319. f. 31 r-v)1. La souplesse de la commande e*t telle que ce contrat, en principe conclu pour un seul voyage, est «auvent tccrmduit entre le» mémo partenaire* qui forment ainsi un véritable groupement d'intérêt ri notnaque prodic de* compagnies que connaissent les autres villes italiennes. C’c*t le ta* par exemple de* associations conclue* entre les frères Zaccaria et leurs divo» facteur* (cf. R S Lopez, Famâiari, procuratori, op. cit., et B. Z. Kedar, Merchant s in ermi, op cit, p 26) L'activité commerciale génoise n’est donc pas si morcelée qu’on le pcn*e généralement f/3 69 13 112 4,6» 3.53 190 1/8 9 12.072 0,61 325 1 341 1/2 226 7.605 15.35 2,04 33 1/7 2 7250 0.13 1.95 3625 Total 1.472 371206 100,00 100.00 252 La commande au quart de profil représente donc trois quarts des contrats d’accomendacio, et plus des deux tiers des sommes investies: ccst la formule la plus communément adoptée; elle convient pour des placements « de père de famille *, dont la moyenne, 229 livres, est très proche de la moyenne générale des sommes confiées en commande, 252 livre*. Vient ensuite, par le nombre d’actcs, Yaecomendaao ad dimidiam partem lucri: il s’agit ici de contrats portant sur des sommes très modiques. 33 livres en moyenne, et conclus généralement entre artisans ou gens de peu de moyens, qui se risquent à entreprendre un voyage en Orient pour faire fructifier les maigres économies d’un proche. Très souvent, dans ce cas, la commande ne porte pas sur du numéraire mais sur des marchandises précises, qui viennent généralement de la production artisanale de l’accomandant : des couteaux. des tuniques, de la mercerie, de menus objets de cuir ou de métal, parfois quelques pièces de draps et de toiles, ou bien quelques mctrctc de vin. donnent lieu à une rétribution supérieure qui permet au marchand de gagner en profit ce qu’il perd en liberté, puisqu'il ne peut investir à sa guise les biens qu’on lui confie. Les mêmes remarques s’appliquent à la commande ad terciam partent lucri, beaucoup moins fréquente à Gênes qu'en mer Noire où les profits du marchand sont dans l'ensemble plus élevés, sans doute en raison des risques plus grands qu’encourent les transactions com- LI S TECHNIQUES COMMERCIALES 605 merciales '*. Avec soixante-neuf actes seulement, la commande au tiers de profit a une importance très modeste. Ce sont là, malgré tout, les formes traditionnelles de l’accomendacio, telles qu elles existaient déjà dans le commerce oriental au XIIe siècle ’3. A partir des années 1260, des variantes notables s’introduisent dans la pratique. Il y a d abord Vaccomendâcio confiée gratis ou sine quarto lucri, ce qui signifie que la totalité du bénéfice revient au bailleur de fonds. Le facteur travaillerait-il pour rien? 11 est possible, comme l’a souligné E. H. Byrne, qu’il s’agisse d’investissements réalisés au profit de parents proches, de jeunes fils de famille faisant leur apprentissage des affaires en négociant pour le compte de leur père ou de leur oncle. Il est probable, comme le rappelle R. Doehaerd, que la formule convienne à des transactions simulées, cachant le prêt usuraire. Il est aussi certain que l’accomandant pouvait ainsi se faire payer un service rendu à son facteur, en confiant à celui-ci des capitaux sine quarto lucri et, en même temps, mais dans un contrat différent, d’autres sommes a des conditions plus avantageuses De même, lorsque le bailleur de fonds se réserve le droit de fixer au retour la part de bénéfice revenant au marchand, il est vraisemblable qu’existent entre les deux parties des liens d’affaires complexes sur lesquels les minutes notariales conservées ne permettent guère de faire la lumière. Il faut enfin parler des autres formules de répartition des bénéfices, formules qui, en apparence du moins, désavantagent l’accomanditaire auquel n’est réserve qu'un cinquième, voire un huitième des bénéfices. Il s’agit toujours de très gros contrats mettant en jeu des sommes considérables, dont u A Cafla en 1289 1290, quarante-cinq commandes sur un total de 133 actes de cc type «*nt «t>nduc» aJ terctam pariem lucri: d. M Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. rit., p. 38. U E. H Byrne, Commereto! contracts, op rit., pp. 152-170; Idem, Genoese trade, op cit., p. 213; E Badi, Lt cité Je Gênes, op. cit., p. 38. 11 E, H Byrne, Commercial eontracts, op. cit., pp. 162-163; Genoese trade, op. cit., p 214; R Doehaerd. La relations commerciales, op. cit., t. I, p. 124; M. Balard, Gênes et l’Outrc-Mer. op cit., p. 38. Quelque* exemples confirment ces diverses explications: en 1302 CUrixia di Negro confie 694 livre* 17 sous 6 deniers gratis à son fils Cassino di Nprio (ASG. Not cari n" 137. f. 18r), de même qu’Andriolo Strcggiaporco remet en 1268 265 livre* 2 *ou* 11 denier* à *on fil* Silvcstrino dans les mêmes conditions (Not. can. n* 72, f. 21 v), Une commande de 1281, portant sur un rubis « balais * et 13 pctlc* cache peut-être un prêt u*urairc (Not. cart. n* 78, f. 131 v). En revanche, les liens d'aflairc* entre Oberto di Serra et Giovannino Mu**o en 1278, et entre Obertino Lotnel-lini et Matteo Mignardo en 1282 con*i*tent en une commande gratis et en d'autres au quart de profit (Not. cart. n* 63/1, f. 112v; n" 71, f. 223r-v). 606 I.IXPLOITATIÜN tlOSUMtQl'l m IA HOMANIi: la moyenne atteint 3.625 livres dans les deux commandes négociées ad sep-timam partem lucri. Les risques étant élevés, le bailleur de fonds, qui n hésite pas à se dessaisir au profit d'un seul facteur de capitaux importants, exige en contre-partie une part des bénéfices plus grande que celle qu il obtiendrait par des placements répartis entre de nombreux facteurs. L acco-manditaire ne profite pas ici d’une marge bénéficiaire avantageuse, mais de la liberté d’investir que lui apporte la mise à sa disposition en une fois de sommes importantes. A mesure que s’accroît l’investissement moyen, la part de bénéfice réservée au marchand diminue. D'autres systèmes de répartition du profit sont parfois utilisés lorqu’il n’agit de gros placements accordés à un proche parent: la rétribution, fixée ad quartam partem, ne concerne qu’une partie de la somme confiée en commande, l’excédent de bénéfice revenant intégralement au bailleur de fonds La reddition des comptes s’effectue en un lieu que précise toujours le contrat: le plus souvent au retour du voyage, c’est-à-dire à Gene», mais parfois au terme de la navigation orientale à Chio, Péra, Caffa ou tout autre place de mer Noire, où l’accomandant peut se faire représenter par un procureur. Grâce aux reçus rédigés par les notaires, ou aux annotations figurant en marge d’un acte annulé, il est possible de connaître la durée de certains contrats de commande et par là-méme d’évaluer la vitesse de rotation des capitaux. Les délais de remboursement sont fort variable». D’après une centaine d'indications recueillies, ils s’échelonnent de quatre moi* à onze ans. Laissons de côté cinq remboursements très tardifs — plus de quatre ans après la rédaction du contrat — qui sont lié» à de* problème* de succession. Ces cas mis à pan. le délai moyen de restitution des fond* est de 15 mois. Encore faut-il souligner que les reçus qui nous sont parvenus correspondent souvent à des accords ayant donne lieu à de* difficulté* particulières. Généralement, le notaire se contentait d’annuler d’un trait de plume l’acte ayant donné lieu à remboursement, sans indiquer nécessairement la date et le* motifs de l’annulation. Aussi, comme le* deux lier* de* actes mentionnent des accomandants satisfaits moins de seize moi» après avoir avancé les fonds, on peut estimer que la rotation de» capitaux s’effectue normalement en moins d’un an, soit le temps nécessaire au voyage aller et 15 Sur un invesiistetnent de 2 917 livra 10 tous reçu de ton père. Arguivo di Guai-reno ne touchera de bénéfice que sur 1 000 livra, de même que Daniele Uliramarino qui emporte 5620 livra confiée» par wn fière (ASG. Noi. can n* 9/1, fî. 116v-117r; n* 229, f. 2-42 r). LES TECHNIQUES COMMI RCIALES 607 retour de 1 accomanditaire vers la Romanie: remarquable synchronisme des pratiques financières et du rythme de la navigation. La bonne adaptation de la commande aux besoins du commerce maritime lit le succès de ce type de contrat, au moins aussi longtemps que bailleurs et preneurs de fonds s’adressèrent aux notaires. Toutefois, l’utilisation de la commande tendit à se restreindre, dans la seconde moitié du XIVe siècle, à mesure que s’affirmait le rôle du contrat de change. Le déclin relatif de la commande est mis en valeur par le tableau suivant: 34 • L'utilisation du contrat de commande aux XIIIe-XIVe siècles Moyenne Dcoennic-s Nombre de Capitaux #/o de % de par commandes investis commandes capitaux commande (en livres) 1261 1270 161 11.443 90,44 88,33 71 1271-1280 357 38.157 89,92 87,96 106 1281-1290 776 108.799 91,72 83,94 140 1291-1300 537 78.236 87,18 88,86 145 1301 1)10 301 73.811 57,55 63,07 245 1311-1320 119 49.361 60,41 73,72 414 1321-1330 11 2.787 55,00 21,79 253 1331 1340 52 22.478 75,36 89,70 432 1341-1330 140 121.810 51,66 65,97 870 1351-1360 19 10.402 32,76 43,55 547 1361 1370 15 8.046 34,88 66,18 536 1371-13*0 U 5.952 27,50 29,64 541 1381 1390 24 12.266 44,44 70,06 511 1391 1400 62 3)912 32,80 46,05 546 1401-1408 5 1.197 27,78 35,86 239 Avant 1300, la commande est de très loin le contrat commercial le plus populaire: elle regroupe plus de 85 °/o des accords se rapportant au commerce romaniote, plus de 80 % des capitaux. Elle sert aussi bien aux petits épargnants qu'aux hommes d’affaires tenant le haut du pavé; aussi la valeur moyenne de \accomcnâacio demeure-t-elle assez basse. Dans la première moitié du XIV* siècle, la commande représente encore plus de 50 “b des contrats commerciaux et rassemble plus de 60 % des sommes investies dans les échanges avec la Romanie. Mais déjà la valeur moyenne de chaque contrat s’élève; la hausse très rapide ne tient pas seulement à L'EXPLOITATION F.CONOMIQUt 01 LA ROMANIE l’érosion monétaire mais à des changements structurels profonds: peu à peu, les petits épargnants sont éliminés des profits du commerce lointain qui est désormais affaire de professionnels. La petite épargne trouve plus de sécurité dans les parts de la dette publique, alors que les profits du grand commerce se réduisent. Les maintenir en valeur, sinon en proportion, implique d’invc-stir davantage et seuls les marchands ont les ressources suffi-sanies pour le faire. Ils savent aussi beaucoup mieux que les petites gens utiliser les techniques nouvelles, contrat de change, lettre de change, actes sous seing privé, conclus dans un climat de confiance né de relations d’affaires suivies entre spécialistes du négoce. Aussi, après 1350, la place de I 'acco m endaci o dans les contrats commerciaux diminue-t-elle sensiblement: environ un tiers des actes et 40 0 » des capitaux, alors même que la valeur moyenne s’établit à plus de 500 livres, soit environ sept fois ce qu elle était un siècle plus tôt. Le déclin de la commande et l'élévation corrélative de sa valeur moyenne sont, à notre sens, des signes d’une professionnalisation des activités commerciales II - La societas maris Entre la commande et la societas maris, la différence n est souvent pas très grande. Le notaire hésite parfois cl certains actes sont qualifiés de « commenda sive societas » n. En principe, la societas maris fait intervenir un socius stans qui apporte les deux tiers du capital et un sonus portator, ou marchand actif, qui fournit l’autre tiers, les bénéfices de I association étant répartis par moitié ". Ce contrat élimine donc tous les petits investisseurs désireux de placer une épargne modeste et les jeunes pourvus d ener- ** A Gênes, b commande n'est p» utilisée comme è Veni*c au XIV® «tède pour cacher un contrai de prêt (G. Luzzatto, Lé commenJé. op. dL, pp 77-78). Elle rette un •etc essentiellement commercial; sur le déclin de la commande au XIV» m«Ic. cf. R-S. Lopez. Les méthodes commeradet. op cil.; M Z. Kedar, Aienhênli >n ehm, op. cit., note (-gaiement pp. 61-63, que la commande a perron aux artisans, nix clerc», aux femmes de participer k l’aventure commerciale, au moin* jusque vers 1)50. Après cette date, les emprunts d'Eiat rapportent aux petites pms un intérêt plu» constant que le bénéfice des commandes, qui décline ” ASG. Noi. cui. n* 9/1. ff. 85 v, 89 r, 89 v. u R. Doehaerd, Les reUlioni comnercides, op. rit. t I, p 124, J. Heer». Cténes au XV* siècle, op. rit, pp. 199-200; L. Lia*re de Sturler, Les reiastont nmmerekUt, op cit., t. I, pp. LXX-LXX1; M. Balard, Gênei et t'Outre-Mer, op. rit., pp. )940 LES TECHNIQUES COMMI'BCIALES 609 gie, mais pas nécessairement de capitaux, lorsqu’ils font leur apprentissage des affaires. En revanche, il convient à des marchands d’expérience soucieux de diviser les risques ou d’accroître un capital insuffisant. C’est bien ainsi que le schéma s’applique au XIIe siècle; la societas est alors la forme dominante d association dans les échanges avec la Romanie, comme dans le commerce avec la Syrie douze societates dans le minutier de Giovanni scriba, entre 1156 et 1164, huit chez Oberto scriba de Mercato en 1186, douze encore chez Guglielmo Cassinese en 1191. Mais à cette date, déjà, la societas a subi quelques modifications: elle unit désormais plusieurs associés, souvent issus d'une même famille; le contrat permet au marchand actif d emporter « ultra societatem * soit des sommes propres, soit même des capitaux venant de gens extérieurs à la societas. En un mot, le cadre juridique a éclaté et le contrat se prête à de multiples variantes, en s’adaptant aux besoins particuliers des marchands. Après 1261, la societas est assez peu représentée dans les minutiers notariaux: trente-cinq actes seulement, soit 1 °/o des contrats, en près de cent cinquante ans; mais, avec 93.778 livres, les societates réunissent 11,35 "o des capitaux investis dans le commerce romaniote et leur valeur moyenne, 2.679 livres, est la plus forte de toutes. Certes, il subsiste encore de petites <* sociétés * traditionnelles, comme celle que forment en 1319 Giovannino Tenacia et Facino de Campis: le premier apporte 167 livres 11 sous 6 deniers, le second 85 livres 5 sous, sommes investies en trois balles de toiles Mais la plupart des contrats portent sur des sommes élevées, réunissent plusieurs associés entre lesquels la répartition des capitaux n’obéit .i aucune regie particulière: tantôt bailleurs et preneurs ont des parts égales1, tantôt le socius s tam apporte moins d’argent que son partenaire tantôt encore les bailleurs fournissent plus des deux tiers des fonds r Autre innovation, certaines societates ont une durée su- ,f E H Byrne. Commrrnal crwtracl», op cit, pp. 135-143; F. Bach, La cité de Cinti, op. cit., p. 1819. » ASC; Noi cart n* 12/11, f. 119 v * ASG. Noi cart n* 63/1, f. 85 r. a ASG Not. can n* 72, f. 236v. 2» ASG Not cart. n* 81, f. Wr-v le» deux frères Zaccaria apponent 8.635 livre* Gwdcto di Ncf:iO 1 100 livre* et Pa '.ino Dnria 1 100 livres. Autre rscmpic: can. n* 74, f. 205 v. 610 t'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA RUMAMI périeure à celle d'un seul voyage et regroupent des associés qui sont à la fois pourvoyeurs de capitaux et marchands Actifs. Ainsi, en 1313, Tommaso, fils d'Ansaldo di Domoculta, forme avec Guglielmo Ma ru flo une soiietjs, dont la durée est fixée à trois ans; Tommaso part pour la Romanie avec un lot de draps, fera fructifier les capitaux comme bon lui semblera, ne rendra ses comptes qu'au terme du contrat **. Lorsque plusieurs associés se réunissent, leur participation à Ia societas est cessible au même titre par exemple que des parts de la dette publique: en H46, lommasino Longo, Leonardo Giudice, Luchino Palamide et Niccolò Maruffo ont formé une societas à Péra pour une valeur de 14.000 hyperpères. Leonardo Giudice a mis dans la société sa cocba de deux ponts, Tommasino 2.300 hyperpères en numéraire, Luchino une part de 2.000 hyperpères, cédee ensuite 500 hyperpères à Giacomo Longo, et Niccolò un fonds de 4.200 hyperpères que rachète l’année suivante Luchino Gbo au prix de 1.200 hyperpères. Le 8 mars 1348 les associés ou leurs mandataires se donnent réciproquement quittancea. Cette forme de soàetas aurait pu conduire à la création de ces vastes associations ou compagnie, si florissantes en loseane, mais pratiquement inconnues à GênesPeut-être l’homme d affaires génois, à l’esprit individualiste, répugnait-il à s’engager dans des sociétés de longue durée et préférait agir dans le cadre de contrats limités à un seul voyage, même si, d’une année à l'autre, scs partenaires restaient les mêmes. Le' seules ententes durables que nous avons rencontrées ont été formées pour défendre des monopoles d’exploitation ou de vente, comme ceux de I alun et du masticv: il ne s'agit plus alors de societates maris, mais dissociations complexes faisant appel à des capitaux importants, telles ces sociétés « a carati », très fréquentes dans la vie économique de Gènes au XV' siècleM. En fait, Ia societas maris a suivi la même évolution que la commande. L’usage de ce contrat s'est progressivement perdu, comme le montre le tableau suivant: * ASG. Noi. cari, n* 140, f. 125 w; autre exemple Noi. cart. n* 230. f. 206 v (societas de 2 ans). ° ASG. Noi. «n. n* 233, f. 73v-74r. * Ci. b bibliographie dans A. Sapori, Le marchand italien du More* Age. Pari*. 1952, cl Y. Rcnouard, Les hommes d'a § aires italiens du Moyen Age. 2e éd.. Pari*. 1968, » Ci infra pp 746 et 777. 8 J. Hem, Gènes au XV* tiède, op. df., pp. 200-204. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 611 35 - L UTILISATION DU CONTRAT DE ’ SOCIETAS MARIS ’ AUX XIIIe-XIVe SIÈCLES Moyenne Décennies Nombre de Capitaux % de % de des societates investis societates capitaux societates (en livres) 1261-1270 3 197 1,68 1,62 65 1271-1280 4 4.138 1,01 9,54 1.034 1281-1290 3 5.921 0,35 4,56 1.973 1291-1300 1 787 0,16 0,89 787 1301-1310 5 25.250 0,96 21,58 5.050 1311-1320 9 10.917 4,57 16,31 1.213 1321-1330 1 9.700 5,00 75,85 9.700 1331-1340 --- ___ _ 1341-1350 8 28.850 2,95 15,63 3.606 1351-1360 _ __ _ _ 1361-1370 _ __ _ _ _ 1371-1380 1 8.017 2,50 39,92 8.017 1381-1390 --- --- _ _ _ 1391-1400 _ --- _ _ _ 1401-1408 --- - - - - La societas n’a donc jamais dépassé le seuil de 5 % de l’ensemble < contrats, même si clic réunit une fraction non négligeable des capitaux investis dans le commerce oriental. Sa disparition à peu près totale après 1350 est lice à l'usage devenu normal des actes sous seing privé. Seuls des accords donnant lieu à des difficultés particulières nécessitaient désormais l'intervention du notaire. III - Le contrat d’achat et le prêt Réunir dans une même rubrique ces deux types de contrats peut paraître surprenant. En fait leur objet, en ce qui concerne le commerce maritime, est identique: il s’agit de marchés conclus à terme et à crédit, dans le cas du contrat d’achat, d'une avance de fonds, dans le cas du prêt, le règlement intervenant à une date déterminée, le plus souvent au retour du voyage que l’emprunteur effectue en Romanie. Par le contrat d’achat, ce dernier reconnaît avoir reçu une quantité déterminée de marchandises à un prix convenu, qu’il paiera au terme du voyage. De même, par le mutuum, l’emprunteur déclare avoir reçu d’un préteur de l’argent monnayé qu’il res- 612 I l XPLOITATIQN ÉCONOMIQUE DI I a KOMANIE «ilucra à son retour de Romanie; l'intérêt est camouflé dans le prix de la mar chandise. supérieur au prix du marché, ou dans le montani du remboursement. plus élevé que le prèi réellement consenti”. Quelle importance peuvent avoir ces deux types de contrats dans le commerce oriental? Leurs caractéristiques les réservent à l'usage des petites gens, qui affrontent, sans avoir de grandes ressources, les hasards du commerce. ou à celui des marins désireux d'emporter quelque pacotille qu’ils ne peuvent payer comptant Aussi n'est-il pas étonnant que les 342 actes de ce type, que nous avons reconnus, ne rassemblent que 1,12% des capi-taux investis dans le commerce oriental, même s'ils représentent 9,82 °o de l'ensemble des contrats. Leur valeur moyenne. 27 livres, est la plus basse de toutes: un huitième, à peine, du montant des commandes. D'autre part, ces contrats fon nombreux à la fin du XIIIe siècle, tendent & disparaître après 1350: les marchands ont désormais des livres de comptes et peuvent se passer des services du notaire pour enregistrer leurs achats ou leurs ventes à terme. Enfin, dans la seconde moitié du XIV* siècle, les gens d'humble origine sont pratiquement écartés des activité commerciales, tandis que les marins recourent au scribe de bord, lorsqu'ils achètent h terme ou à crédit quelques marchandises. Les contrats de vente disparaissant, seuls subsistent à la fin du XIVe siècle les accords de prêt, bien que d'autres formules, comme le dtpositum ou le change sec, soient venus relayer le mutuum gratis et amore du XIII* siècle. IV - Lr. prêt maritime et le change maritime Ces deux types de contrats qui ont connu une grande popularité au XIII* siècle mettent en évidence l'importance du risque de mer au Moyen Age Celui qui prenait à sa charge une entreprise aussi hasardeuse qu'un ** Sur ces contrat», cf. R. Doehaerd. Les rcUnont commerciales. op cit.. t 1. pp 106-108, 116-118; L Lia#rc de Sturler. Les relations commerciales, op cil., t. I. pp. L1X-LX11 et LXX1. Sur les problèmes de l'intérêt et de l’imire. cf surtout le» travaux de R. De Raovcr. en dernier lieu. Ijt marchi monétaire au Moyen Age cl au début des tempi modernes. Problèma et méthodes. dan» Revue llitlonque, i 495. 1970, pp 5-40 et la pensée économique des scoUstiques, doctrines el méthodes, Montréal • Pari*. 1971. * E. Ben va. Il contralto di assKuravone ne! medio evo. Gènes, I8S4; R rV>e-haerd. Les relations commerciales, op rit., t. 1. P 135; J. Hecn, Cènes au XV* siècle, op. cit., pp 208-20%. L. l.ujfTc de Sturkr. Les relations commerciales, op. cit., t. I. pp LXIX-XC; L. A. Boueux. La fortune de mer Le besoin de sécurité et les débuts de l’assurance maritime. Pari*. 1968, pp. 77*83; C B Honvcr, The Sea ïjian t» Cenoa m the Xlllh eentury, dan» Quarterly Journal of Economie t. t. 40. 19251926, pp. 495-529. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 613 transport maritime devait-il être dédommagé par la perception d’un intérêt? Dès l’Antiquité, la solution était trouvée: le prêt à la grosse, dans lequel la somme empruntée n’était restituée que si un navire ou une cargaison arrivait à bon port. Au XIIe siècle, le foenus nauticum, qui répond à cette définition connaît un succès certain: le prêteur est remboursé de son avance, en même monnaie, à condition que le navire transportant certaines marchandises données en gage, arrive à bon port3I. Comme la somme à rembourser est la seule que mentionne le contrat, il est impossible de connaître l’intérêt perçu par le créancier, au terme de l’opération. Les canonistes ayant assimilé cette pratique à celle du prêt à intérêt, considéré comme usure, l’E-glise par la promulgation de la décrétale Naviganti vel eunti ad nundinas condamna en 1234 le prêt à la grosse, qu’on ne rencontre plus guère dans les minutes notariales génoises avant le milieu du XIVe siècle 32. Le prêt maritime sur gages étant prohibé, l’on eut recours à une formule voisine, celle du change maritime qui tient à la fois du prêt et du change u. Comme le premier, il constitue un prêt lucratif, le débiteur reconnaissant avoir reçu une certaine somme, libellée en monnaie génoise, qu’il s'engage à rembourser « sana tamen eunte nave », c’est-à-dire à la conclusion heureuse d'un voyage maritime, au cours duquel sont transportées des marchandises que le preneur assigne en gage au prêteur. Mais, par ailleurs, ce contrat suppose une opération de change monétaire, avec remise de place, puisque la créance est remboursable en une autre monnaie, par exemple celle qui a cours dans le lieu atteint au terme du voyage, hyperpères à Constanti-nople, aspres ou sommi à Caffa. La valeur du gage — des pièces de drap, des toiles ou des cotonnades — doit correspondre au montant de l’avance. Le 11 M. Ghiaudano-M Moresco, 11 cartolare di Giovanni scriba, op. cit., doc. n* 219, 458, 468, 615. 666, 676 : 4J6 livres investies. Un seul prêt maritime concernant la Ro- manie chez Obcrto scriba de Mercato (1186) et chez Guglielmo Cassincsc (1191). M R. De Rrtovcr, Le marché monétaire, op. cit., p. 10; L. Liagre de Sturler, Les rations commerciales, op. cit., t. 1, p. LXXX. En fait, le prêt maritime ne joue plus aucun rôle dans le* investissements orientaux des Génois qui préfèrent utiliser le change maritime ou le contrat de change sous forme notariée: cf. également R. S. Lopez, Les méthodes commerciales, op. cit., p, 346. ** Sur ce contrat, cf. R De Roover, The « cambium maritimum » contract according to the Genoese notarial Records oj the Xlith and Xlllth centuries, dans Explorations in Economie Ihstory, t. VU, 1969, pp. 15-33. o 14 L't XPLOITATION ÉCONOMIQUE U» LA ROMANIE prêteur consent généralement au preneur un délai de quelques jours après l’arrivée du navire, délai nécessaire pour que celui-ci vende quelques marchandises et puisse taire face à ses obligations. Dans les échanges entre Gênes et la Romanie, une variante du contrat de change maritime doit être signalée: au lieu de préciser la somme exacte que doit rembourser le preneur, l’acte fait correspondre le montant de la créance au prix de vente d’une cargaison déterminée, après arrivée du navire à destination. Ainsi une somme confiée à Cafïa doit être remboursée à Gènes avec le profit quelle aurait procuré au préteur, si elle avait été investie dans un chargement de diverses denrées — fourrures, soie, cire, cuirs, — transportées de Caffa à Gènes. Le contrat mentionnant le prix unitaire de ces marchandises en Crimée, il ne reste plus au prêteur ou à son correspondant qu’à toucher, après la vente de ces biens à Gènes, une somme proportionnelle au bénéfice normalement obtenu du négoce des denrées orientales M. Dans l'autre sens, ce sont des livres-poids d’argent, transportées vers Péra ou Caffa, qui, vendues sur ces places, fixent le montant de la créance et par là-mèmc du bénéfice, étant entendu que la valeur de l’argent à Gênes est établie par contrai à un prix assez bas pour que le préteur rentre largement dans ses débours *. Peut-être cette formule cache-i-elle sous la fiction d’un prei, une pratique d’assurance, l’emprunicur, propriétaire de la marchandise ou des barres d'argent transportées, s’engageant à distraire une partie de scs bénéfices pour payer la prime à son créancier, quelque temps après avoir atteint le but de son voyage? Malgré tout, le change maritime n’a pas une place considérable dans les investissements des Génois en Orient: avec 97 contrats, il représente 2,79 °o des actes et seulement 2,02 °/o des capitaux investis, le moniani moyen — 172 livres — étant nettement inférieur à celui des commandes ei des contrats de change. A mesure d’ailleurs que s’imposent ces derniers, le change maritime est délaissé, comme Patteste le tableau suivant: M Cf. G. I Braïunu. Actei da notaires, op. cil., p 50, ci M Balard, Gênes et VOutre fAer. op. cil., p. 51. » ASG. Not. cm n* 71, ff 111 r. llJv, 114v; n* 63/11, ff. 59 r, 202v; n* 74, ff 153 r. 154v; n* 64. ff. !}2r. 139r, 145 r. 157v, 153 r, 154v, 155 r, 160v, 168v, 170r-v, etc. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 615 36 • L’utilisation du contrat de change maritime aux XIIIe-XIVe siècles Moyenne Décennies Nombre de Capitaux °/o de % de des changes investis changes capitaux changes mariâmes maritimes maritimes (en livres) 1261 1270 14 289 7,86 2,23 20 12711280 5 50 1,26 0,12 10 1281-1290 28 8.195 3,30 6,32 292 1291-1300 22 3.410 3.57 3,87 155 1301-1310 5 2.406 0,96 2,06 481 1311-1320 5 277 2,54 0,41 55 1321 1330 7 299 35,00 2.34 42 1331-1340 9 1.225 13,04 4,88 136 1341-1350 --- _ --- --- --- 1351 1360 --- - --- --- --- 1361 1370 2 572 4,65 4,70 286 1371 1408 --- --- --- --- - A partir de la seconde moitié du XIVe siècle, le contrat de change sous forme notariée et l'assurance maritime, camouflée derrière l’apparence d’une venie simulée, prennent le relais du change maritime Les trois opérations, prêt, change et assurance, tendent à se distinguer au lieu d’être réunies en un seul type de contrat. V Le contrat de change et la lettre de change Dès le milieu du XIIe siècle, lorsque s’instaurent les relations commerciales entre Gènes et la Romanie, et que les premiers minutiers notariaux conserves en garden» témoignage, Y instrumentum ex causa cambii ou contrat de change sous forme notariée, existe avec toutes scs caractéristiques, sa souplesse et ses possibilités d’évolution qui, en grande partie, mèneront à la lettre de change Le cambium évitait le portage des monnaies, procu- * L. Liajtrc de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I, p. LXXXVI, a n r h dispariti*» du change maritime avec page à partir des années 1340-1350. 17 R Doehaerd, Les relationi commerciales, op. cit., t. I, p. 127; R. de Roover, L’évolution Je la lettre Je chante XIVe - XVilIe siècles, Paris, 1953, PP 26-27; Idem, L~ marché monétaire, op cit., p 9. M6 l'exploitation economici de la Romanie rail aux hommes d’affaires des capitaux sur les places étrangères, en monnaies ayant cours sur ces mêmes places, et permettait au donneur de change de retirer un intérêt de son débours en faveur du preneur: comme 1 oni forcement souligné Mme Doehaerd ei R de Roovcr, la fusion du change et du crédit caractérisent le contrat de change \ La diffusion très rapide en a été favorisée par les besoins de liquidités des marchands génois aux foires de Champagne, mais aussi sur les grandes places de commerce d Orient, comme le montrent les minutes de Giovanni scriba. Le 8 juin 1156, les deux frères Ribaldo et Raimondo reconnaissent avoir reçu de Ribaldo Boleto 115 livres de Gênes, dont ils promettent de rembourser la contre-valeur, 460 besanis, un mois après leur arrivée à Constantinople ou à la cour du basileus. 11 s’ensuit que la livre vaut quatre bêlants ou que le besant correspond h cinq sous en monnaie de Gênes. Si les débiteurs font défaut à Constantinople, ils seront lenus de payer 500 besanis dans le Levant à la Toussaint, ou encore 10 sous par besant impayé à Gènes même, au plus tard le 1er août 1157. Dans ce dernier cas. le créancier loucherait 250 livres de Gênes, plus du double de l’avance consentie. La fixation d'un taux de change aussi élevé devait inciler les débiteurs à régler leur deite à Constantinople. L'analyse de ce contrat mei surtout en évidence 1 intérêt que perçoit le créancier et qui fait du contrai de change un véritable instrument de crédit; d’autre part, se révèle la pratique du rechange, qui parait très courante dès le milieu du XII* siècle*. La généralisation de Yinstrumentum ex causa carnbii ne date vraiment que des années 1250, lorsque les grands marchands, au lieu d accompagner eux-mêmes leurs marchandises, commencèrent à recourir à des représentants permanents à l’étranger et à des facteurs. Le recours à des mandataires, tant de la pari du créancier que du débiteur, facilite le paiement et le recouvrement des contrats de change, mais exige la rédaction d'une lettre de paiement, effectuée à Gènes par le notaire qui donne à celle-ci une force probatoire. No* marchands restèrent longtemps fidèles à ces pratiques, alors que les compagnies toscanes, pour plus de facilité, les remplacèrent par de simples cédilles, servant à constater et à exécuter le contrat: la lettre de change était née4*. * R. DocHjctJ. Le t r citi toni comment Je t. op. cil, l. I. p 129, R de Roovcr. L'ivO-lu/ion de la lettre de chante, op. cil., p 30. w M. Chüudano - M. Moresco, Il cartolare di Giovanni scriba, op dl. doc. n* W. Cet «etc a été également analrtc por R. de Room. L évolution de ta lettre de change, op. cit., p. 27. * Sur ce» problèmes, cf. R. Doehaerd. Les relationi commerciala, op cit., t. I, pp. 129-133, et R. de Roovcr, L'évolution de U lettre de change, op. cil., pp 40-45 LES TECHNIQUES COMMERCIALES 617 A Gênes, jusqu’à la seconde moitié du XIVe siècle, le contrat de change utilisé pour le financement du commerce oriental revêt la forme d’une reconnaissance de dette par laquelle le preneur reconnaît avoir reçu une quantité non spécifiée de livres de Gênes (tot de tua moneta, tantum de tua peccunia ianuinorum, tot de tuis denariis) dont il promet de rembourser la contre-valeur à Chio, à Péra ou à Caffa en une certaine somme fixée d’avance et libellée, selon la ville choisie, en ducats, en hyperpères, en aspres ou en sommi d’argent. Le contrat laisse au preneur la faculté de restituer la créance quelques jours après la présentation de la « lettre de paiement » sur ces places étrangères: 1’« usance à vue » est de 8 jours à un mois à Péra, de vingt jours à un mois à Caffa, ou bien, ce qui revient à peu près au même, 1’« usanza di fatta * est fixée à 2 ou 3 mois après le départ de Gênes 41. Si le remboursement ne peut avoir lieu en Orient, le preneur a la possibilité de satisfaire son créancier à Gênes par une opération de rechange, à un cours déterminé par le contrat et naturellement plus avantageux pour le donneur. L’application de cette clause supprime en fait le change et fait du contrat un prêt à intérêt déguisé, puisque le remboursement s’effectue à Gênes, en monnaie génoise et à un cours sur lequel créancier et débiteur s’accordent à l’avance: on parle alors d’un change fictif ou d’un change sec42. Malgré leur fidélité à des formules traditionnelles et l’importance qu’ils attachaient à l'écrit notarial, les hommes d’affaires génois ne pouvaient ignorer les facilités qu'offrait à leurs confrères toscans l'usage de la lettre de change. Cclle-ci commence à se répandre à Gênes dans la seconde moitié du XIV* siècle, mais la rareté des documents privés parvenus jusqu’à nous ne permet guère d’en suivre l’expansion. Toutefois, des protêts notariaux font parfois allusion à la circulation des lettres de change; un des premiers exemples rencontres date de 1 353: Solognis di Negro a refusé de payer une lettre présentée à Péra pour un montant de 313 hyperpères 2 keratia dus à Quirico Mignardo. Le mandataire génois de Solognis et le bénéficiaire chargent alors deux arbitres de régler leurs différendsEn octobre 1368, un autre protêt pour défaut de paiement à Péra oppose Benedetto di Donde-deo et Leonello Cattaneo*4. Mais c'est surtout à partir des années 1385-1390 » ASG. Noi. art. n# 74, ff. 133 v, 225 v; n° 8, f. 75 v; n’ 331/1, f. 198 r (usance de 2 et 3 moi* aprê» lemi»»ion); n’ 319, ff. 25 v, 26 v; n® 314, ff. 69 v„ 81 r, 124 r; n* 409, ff 112 r, 159 v; n* 321, ff. 176v, 284 r, 84 r; n* 312, ff. 14 r, 36 v (délais de 8 jour» à 1 moi» après présentation de la lit t era pagamenti à Pera et Caffa). R. de Roovcr, L'évolution Je la lettre Je change, op. cit., p. 34; L. Liagre de Sturler, Lei rclatbns commerciales, op. cit., t. 1, pp. LXXIV et LXXXIII. « ASG. Not. cart. n* 238, f. 89r. M ASG. Not. cart. n" 379, f. 93 r. 618 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE que protêts et rechanges deviennent réguliers, que s’instaure entre Gênes d’une part, Péra et Caffa, et dans une moindre mesure, Chio, un véritable commerce des lettres de change, opérations purement financières et spéculatives, qui se détachent de tout mouvement commercial45. Même les autorités coloniales s’y livrent, pas toujours avec bonheur: en 1386, le registre de la Massaria de Caffa avoue une perte de 92 sommi 14 saggi pour des changes tirés sur Gênes, pour un montant de 692 sommi 14 saggi: la perte est donc de l’ordre de 13 % 4é. L’établissement d’un marché monétaire implique des règles précises pour la cote des changes, une place donnant le certain et l’autre lui rendant l’incertain 47. A la fin du XIVe siècle, lorsque Gênes traite avec ses comptoirs du Levant, l’expression des cours relève encore de la plus grande fantaisie: en 1393, Gênes semble donner le certain à Péra, en établissant le change sur la base de deux hyperpères 4 keratia par livre; mais en 1400, Péra donne aussi le certain à Gênes, à raison de six sous par hyperpère, alors qu’en 1402 dans les registres de la Massaria, Péra rend à Gênes l'incertain, soit 2 hyperpères 8 keratia par livre48. D’autre part, entre Péra et Caffa on donne toujours la valeur en une quantité variable d’hyperpères et de keratia pour un sommo d’argent49. Peut-être ces aberrations, par rapport au système immuable de cotation en vigueur au XVe siècle 50, viennent-elles d’une organisation encore embryonnaire: le trafic des cambiali avec l’Orient n’a de toute 43 L’exposé le plus clair est encore celui de R. de Roover, L’cvolution de la lettre de change, op. cit., pp. 43-64, résumé par Y. Renouard, Les hommes d'affaires, op. cit., pp. 259-261. Sur le trafic des lettres de change à Gênes, cf. J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 74-88 et R. Doehaerd - Ch. Kerremans, Les relations commerciales, op. cit., p. XV. Gamme il est très difficile de distinguer les opérations de change réelles des changes fictifs, les sommes afférentes ont été regroupées en une même rubrique, dont l’importance à la fin du XIVe siècle vient davantage, répétons-le, du commerce des lettres de change, en plein essor, que d’investissements commerciaux proprement dits. Exemples de protêts à la fin du XIVe siècle: ASG. Not. cart. n° 321, f. 207 r (1384), f. 350 r (1388), f. 330 v-331 r (1388); n° 320, f. 133 r (vers 1392); n° 312, ff. 72 v, 73 v, 74 v (janvier 1393); n° 313, ff. 53v-54r (mai 1393); n° 402, ff. 73v-74r (nov. 1395). 46 ASG. Caffa Massaria 1386, f. 319 r. 47 Rappelons avec R. de Roover, Le marché monétaire, op. cit., p. 17, que « donner le certain signifie que le cours du change est coté en monnaie étrangère sur la base d’une unité fixe en monnaie locale. L’incertain est l’cpposé: le change varie en monnaie locale par rapport à une quantité immuable en monnaie étrangère ». 48 ASG. Not. cart. n° 462, f. 25 r et n° 324, f. 44 v; Peire Massaria 1402, f. 133 v. 49 ASG. Peire Massaria 1391, f. 185; Peire Massaria 1402, f. 50 v; Caffa Massaria 1386, f. 320 r; Caffa Massaria 1832, ff. 226 v, 317 r; Caffa Massaria 1374, f. 275 r. 50 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 78. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 619 façon jamais eu 1 ampleur qu’il a avec les grandes places financières de l’Oc-cident. Peut-on à partir de ces cours ou des valeurs du rechange déterminer 1 intérêt prélevé par le donneur? A la fin du XIIIe siècle, le change sur Péra, après avoir été pendant 15 ans de 8 sous par hyperpère, se stabilise à 10 sous entre 1282 et 1310, alors que les premières valeurs du rechange, connues en 1282, sont de 12 sous: autant dire que l’intérêt prélevé lors de chaque opération est de l’ordre de 10 %. A partir de 1310, le cours du change sur Péra n est plus connu qu’occasionnellement, alors que le rechange s’élève dès 1313 à 15 sous et passe à 18 sous entre 1339 et 1343: c’est la conséquence de l’affaiblissement de l’hyperpère dans les dernières années du règne d’Andronic II, peut-être aussi d’une tension sur le marché monétaire, puisque l’intérêt prélevé dans le rechange en 1343 est d’environ 23 %, le cours du marché s’établissant à 14 sous par hyperpère51. En 1357, deux contrats de change tirés l’un sur Péra, l’autre de Péra sur Gênes, permettent de comparer les taux du rechange: 16 sous par hyperpère sur Gênes, 12 sous par hyperpère sur Péra, alors que la valeur moyenne de la monnaie byzantine s’établit à 13 sous52. Il faut en conclure que le rapatriement des fonds coûte beaucoup plus cher qu’un investissement en Orient, ce qui doit inciter les preneurs de change à rembourser leur dette à Péra, ou bien à investir leurs liquidités dans des marchandises sur lesquelles ils sont certains d’obtenir un bénéfice suffisamment élevé pour ne pas perdre trop sur le taux de rechange. Celui-ci oscille entre 15 et 16 sous jusque vers 1385, date à laquelle l’abandon du monnayage d’or se traduit par un abaissement à 12 et même à 11 sous dans les dernières années du siècle53. Entre Caffa et Gênes, le rechange passe de 8 livres 10 sous à 7 livres 10 sous par sommo, entre 1370 et 1400, exceptionnellement à 9 livres, alors que le cours du change de Caffa sur Gênes est de 6 livres 8 sous en 1398, et la valeur moyenne du sommo de 7 livres 7 sous en 1388: l’intérêt est donc de 13 à 15 % 54. A Chio, le cours du change est en 1402 de 105 flo- 51 Cf. infra p. 653. 52 ASG. Not. cart. n° 23/11, f. 4r; n° 366/11, f. 116 r. En 1368-1370 le rechange de Péra sur Gcnes procure au donneur un intérêt de 18 %: cf. ASG. Not. cart. n° 319, ff.21 v, 26 v; filza n° 393> doc. 48. '3 On remarquera, par exemple, qu’en 1388, le rechange est de 16 sous pour une somme libellée en hyperpères d’or et de 12 sous pour des hyperpères nominaux d’argent: ASG. Not. cart. n° 321, f. 83 v; n° 401, f. 36 v. 54 ASG. Not. cart. n° 425, ff. 141 r, 144 r; n° 321, f. 84 r; n° 471, ff. 6v, 9v; filza n° 497, doc. 140; n° 321, f. 325 r. En 1289-1290, l'intérêt prélevé par le donneur 620 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE rins pour 100 ducats d’or, soit 5 %. Le retour des fonds à Gênes est beaucoup plus onéreux: en 1382, il coûte 30 sous par ducat, soit un intérêt de 20 % et en 1402, 28 sous par ducat, soit 12 % H. L’intérêt le plus faible semble donc correspondre aux relations commerciales les plus intenses, celles qui relient Gênes à ses comptoirs d’Orient, alors que les rechanges sur Gênes coûtent cher: tout incite le preneur à rembourser en Orient ou à investir le montant de sa créance en marchandises. D’autre part, le développement de liens directs entre l’Orient et les Flandres, laissant Gênes à l’écart, explique aussi sans doute le coût élevé des rechanges. Entre Gênes et l’Orient, les transferts de fonds sont si nombreux, surtout dans la seconde moitié du XIVe siècle, que les contrats de change viennent au second rang de l’ensemble des actes commerciaux notariés, immédiatement après les contrats de commande: ils portent sur une somme de 121.118 livres en 447 documents, soit 14,66 °o des investissements pour 12,84 % des actes. La valeur moyenne des contrats de change s’établit à 270 livres, chiffre légèrement supérieur à celui des commandes. Entre 1261 et 1408, la répartition des contrats est la suivante: 37 - L’utilisation du contrat de change aux XIIIe-XIVe siècles Décennies Nombre de Capitaux °/o des % des iMoyenne contrats investis actes capitaux 1271-1280 18 847 4,53 1,95 47 1281-1290 12 6.371 1,41 4,91 530 1291-1300 29 4.478 4,71 5,09 154 1301-1310 26 4.617 4,97 3,95 177 1311-1320 23 5.466 11,68 8,16 237 1321-1330 1 2 5,00 0,02 2 1331-1340 4 1.174 5,80 4,68 293 1341-1350 96 31.092 35,42 16,84 323 1351-1360 35 12.062 60,34 50,50 344 1361-1370 20 3.127 46,51 25,72 156 1371-1380 26 5217 65,00 25,97 200 1381-1390 29 5.211 53,70 29,77 179 1391-1400 116 39.311 61,38 53,38 338 1401-1408 12 2.141 66,67 64,11 178 à Gênes dans un change sur Caffa est de l’ordre de 15 % également, tandis que le coût du rechange de Péra sur Caffa atteint 17 °/o: cf. M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., pp. 52 et 53. 55 ASG. Not. cart. n° 311, f. 22 r; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 93; Antico Comune, Expensae Darsinae, n° 211, f. 68, et lettre de change insérée entre ff. 105 et 106. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 621 La généralisation du contrat de change date donc des années 1340; elle est si rapide que dans les dernières décennies du siècle, près de la moitié des sommes investies dans le commerce romaniote le sont par l’intermédiaire de ce contrat. Cette affirmation devrait être cependant nuancée, puisque l’on ignore dans quelle mesure le preneur utilisait la clause du rechange faisant du contrat une forme de prêt très raffiné et une opération financière sans grand rapport avec les circuits commerciaux. A contrario, l’usage généralisé du contrat de change dans les années précédant 1400 met en évidence le déclin des formules traditionnelles d’investissement, telles que la commande, la societas et le prêt maritime, et peut-être l’essor, dans le domaine commercial, de l’acte sous seing privé qui, dans le monde bien établi des professionnels de la mercatura, acquiert une force probatoire presque égale à celle de l’écrit notarial. VI - Les contrats de nolisement Le commerce maritime implique la collaboration des armateurs de navires et des hommes d’affaires; leurs rapports sont régis par les actes de nolisement, rédigés par un notaire. Les clauses de ces contrats, qui répondent aux besoins précis des marchands, sont autant de mesures particulières dont les points communs se limitent à peu de chose. Ces documents comportent généralement trois parties. La première précise les obligations des propriétaires du navire: ils s’engagent à mettre à la disposition des marchands à une date déterminée leur bâtiment bien armé et équipé, servi par un nombre précis de marins et d’hommes d’armes, guidé éventuellement par un pilote. Les diverses étapes de l’itinéraire donnent lieu à de minutieuses prescriptions: date de départ, temps d’arrêt aux escales, modifications du parcours à la demande des marchands; toutefois, le temps de navigation, soumis aux risques de la mer et des hommes, n’est pas précisé. Les patrons du navire promettent en outre de prendre à leur bord telle cargaison, à un taux déterminé, et à ne pas conclure, sauf exception, d’accord avec d’autres marchands. Les obligations des affréteurs, annoncées dans le texte par la formule « versa vice et nos predicti mercatores », répondent aux précédentes. Le contrat contient la liste des marchands, le poids ou le volume de la cargaison qu’ils s’engagent à embarquer à leurs frais avant une date-limite, le délai de paiement du nolis [naulum), exigible le plus souvent au terme du voyage, mais parfois en partie avant le départ du navire. Des garanties sont 622 L'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE enfin accordées aux deux parties: un dédommagement, dont le montant est prévu par la convention elle-même, devra être versé par les patrons, si leur bâtiment n’est pas prêt à la date voulue, ou par les marchands si ces derniers ne réunissent pas la totalité de la cargaison dans le délai fixé ou imposent un arrêt prolongé du navire à l’escale. De 1261 aux premières années du XVe siècle56, la structure du contrat de nolisement est restée à peu près celle que nous venons de décrire. En revanche, de grandes modifications sont intervenues dans la nature des transports, dans le mode de fixation et dans le coût du nolis. Vers le milieu du XIIIe siècle, lorsque les échanges avec les places franques de Syrie-Palestine étaient intenses, le profit des armateurs venait surtout des nolis payés par les marchands lors des voyages de retour, et non pas lors des départs de Gênes. Les patrons des navires accordaient même à leurs clients une franchise de frêt, dans certaines limites, pour les voyages vers l’Orient, à condition que les marchands s’engagent à revenir de Syrie sur le même bateau et à y charger des cantares de marchandises proportionnels au poids de celles pour lesquelles ils avaient bénéficié d’une franchise à l’aller: clause étonnante qui reflète le déséquilibre des échanges entre l’Occident et I’Orient, tant en poids qu’en valeur. Au contraire, si l’accord ne porte que sur un voyage, les cargaisons sont évaluées ad cantaratam îanuc et les marchands acquittent un nolis, en monnaie génoise, avant même le départ. Décident-ils en Syrie de revenir sur le même bateau? la somme qu’ils ont payée à Gênes est déduite du nolis de retour57. Des conditions aussi favorables ne s’expliquaient que par l’intensité des échanges entre les villes maritimes italiennes et les Etats francs de Syrie-Palestine. L’affaiblissement des positions génoises sur la côte syrienne, dès les années 1260, puis la fin des croisades laissaient disponible une flotte marchande que le commerce avec la Romanie, lent à se développer, ne réussissait pas à utiliser totalement. Aussi n’est-il guère étonnant que les armateurs aient fait supprimer les clauses de franchise et imposé d’autres modes de calcul des nolis. 56 Les minutiers notariaux antérieurs à 1204 ne contiennent aucun pacte de nolisement se rapportant au commerce de Gênes avec la Romanie. En 1251, l’expédition en Romanie du marquis Bonifacio del Carretto donne lieu à deux contrats de nolisement l’un pour l’affrètement d’une saiète, l’autre pour la location de la nef Damixella, appartenant à la famille Gattilusio; le texte ne nous en est pas parvenu: cf. M. Balard, Les Génois en Romanie, op. cit., pp. 495 et 499. 57 E. H. Byrne, Genoese shipping, op. cit., pp. 33-42, 49-58. les techniques commerciales 623 Deux systèmes sont alors en usage: un marchand ou un groupe de marchands peut retenir un bateau entier pour une somme donnée, ou bien n occuper qu une partie de la cale et payer alors un nolis au poids, ad canta-ratam. La première méthode est assez rarement utilisée aux XIIIe et XIVe siècles. Le nolis versé ad scarsum représente alors une somme fixe payée pour un seul voyage soit en numéraire, soit même en nature: il assure au patron un revenu minimum. Ainsi, à Caffa en 1290, Buonsignore Caffaraino nolise la moitié du linh S. Franciscus pour un voyage vers Trébizonde; il promet de payer 1.250 aspres comnénats à l’arrivée; puis avec deux de ses associés, il affrète pour un transport de sel la nef S. Nicolaus et s’engage à verser 11.000 aspres baricats à Trébizonde58. A Gênes en 1295, Baliano Quatuordecim et Benedetto Zaccaria nolisent à Manuel et à Paléologue Zaccaria leur nef Paradisus pour aller charger de l’alun à Phocée et se rendre ensuite à Gênes ou à Majorque: les deux Zaccaria paieront, quel que soit le lieu de destination, une somme forfaitaire de 3.300 livres 59. En 1344, le consul de Caffa et son conseil affrètent la galère S. Maria pour un voyage à Péra: ils verseront aux patrons un nolis de 775 hyperpères, dans les huit jours suivant l’arrivée à Constantinople, somme qui sera réduite à 500 hyperpères si des marchandises appartenant à des tiers sont chargées à bord; les autorités coloniales bénéficient d’une priorité et d’un tarif préférentiel60. Plus étonnant est le versement d’un nolis en nature: sans doute pour réduire les délais de recouvrement, le patron trouve-t-il avantage à prélever une part de la cargaison, dès l’arrivée du bateau à bon port. Ce mode de paiement est surtout fréquent en mer Noire: en juin 1290, Francesco di Quarto transporte sur sa taride de Ciprico à Sinope une cargaison de sel dont il touchera la moitié à titre de nolis le mois suivant; le propriétaire d’une autre taride a droit à 17 % d’une cargaison de blé et de mil, déchargée à Trébizonde 61. Si le versement d’un nolis en nature tend à disparaître après les années 1300, l’affrètement ad scarsum subsiste jusqu’au XVe siècle: il garantit au patron un revenu sûr et aux marchands une plus grande rapidité d’exécution du contrat62. 58 M. Balard, Gênes et l’Oulre-Mer, op. cit., doc. n° 586 et 617. 59 ASG. Not. ign., Busta 25, fr. 1, pièce 17, f. 3v. 60 G Balbi - S. Raiteri, Notai genovesi in Oltremare, op. cit., pp. 33-35. 61 M. Balard, Gênes et l'Outre-Mer, op. cit., doc. n° 629 et 703. 62 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 311. Autre exemple de nolis ad scarsum-, en 1382, Thobia Piccamiglio et Simone Cigala ont affrété pour une somme forfaitaire le panfile de Costantino Adorno (ASG. Not. cart. n° 381, ff. 17 v, 18 r). 624 L'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Lorsque le pacte de nolisement concerne de long voyages fractionnés par plusieurs escales, met en présence un ou plusieurs transporteurs et un grand nombre de marchands désireux de charger des denrées très diverses, il n’est plus possible d’exiger des loueurs une somme fixe. Le nolis est alors payé au poids, ad cantaralam, ce qui permet au patron, sans être lésé par une surcharge non prévue au moment de l’accord, de ne pas imposer au marchand d’autre maximum que la capacité même du navire. Peu à peu des habitudes se créent, des tarifs se précisent, qui tiennent compte de la quantité du chargement, mais aussi de la qualité des produits et de la longueur des voyages. On peut dès lors parler de nolis différenciés, au sens où l’entendait F. Melis; selon cet auteur, la fixation de tarifs proportionnels à la valeur de la marchandise transportée est une des plus importantes innovations dans la technique des transports maritimes à la fin du XIV1 siècle63. Jusqu’alors, comme l’atteste la Pratica della Mercatura de Pegolotti, le nolis ad valorem ne pesait que sur quelques denrées de prix, comme la soie, l’or filé et la cochenille; les valeurs extrêmes des nolis ad cantaratam ne s’écartaient pas du rapport de 1 à 20, de sorte que l’on pouvait parler d’une « rigidité structurelle des nolis », particulièrement en ce qui concerne les voyages de l’Orient vers Venise64. La fixation des nolis difïéienciés à la fin du XIVe siècle est due à l’action des hommes d’affaires: les marges élevées de bénéfices obtenues sur les denrées de prix permettent de diminuer le coût du transport pour les produits de moindre valeur; puis, en affrétant tout un navire, les marchands obtiennent des taux de frêt plus réduits que s il s’agissait de cargaisons fractionnées; enfin, tous ceux qui s adonnent au commerce, grands et petits, bénéficient de ces coûts de transport abaissés et fixés par des coutumes locales qui s’imposent ensuite a 1 ensemble de la navigation occidentale en Méditerranée65. Dans l’évolution vers des nolis différenciés, les Génois ont joué un rôle de tout premier plan, en raison de la nature de leurs échanges avec la 63 La thèse de F. Melis esquissée dès le Congrès International des Sciences Historiques de Rome, a été affirmée avec force surtout dans deux articles, Il fattore economico, op. cit., pp. 99-105, et Werner Sombart, op. cit., pp. 119-149. 64 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., pp. 123-124. 65 Un document de 1393 précise qu’une nef est affrétée «ad la zenoeyse secundum morem lanue », un autre de 1304 que le nolis est fixé selon Ia « consuetudinem naulorum »: cf. ASG. Not. cart. n° 319, ff. 79v-80v; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 118. Les exemples pris par F. Melis dans les Archives Datini montrent que la différenciation des nolis est admise par l’ensemble des marchands et des armateurs en Méditerranée occidentale dans les années 1385-1410, cf. Werner Sombart, op. cit., p. 133. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 625 Romanie. Dès la fin du XIIIe siècle, ceux-ci portent davantage sur des marchandises pondéreuses et de valeur modeste que sur des produits de luxe. La longueur du voyage a d’abord été un premier facteur de différenciation. Ainsi, en J290, Baliano Cigala affrète le linh S. Anthonius pour aller charger des poissons à Tana et les porter ensuite à Constantinople, Trébizonde ou Smyrne; selon la destination choisie, le nolis est de 10 hyperpères, 100 aspres comnénats ou 13 hyperpères par milliaire (un millier de livres-poids). Deux autres marchands, pour un même chargement de poissons, acceptent de payer 13 hyperpères à Constantinople et 18 hyperpères à Smyrne66. Un contrat de nolisement portant sur 5.000 mines de blé laisse aux loueurs la possibilité de se rendre en Syrie, à Tunis, Bougie, Gênes, Pise, en Provence et en Espagne. Les nolis sont ainsi fixés: 10 sous de Gênes par mine pour la Syrie, 6 sous et un supplément de 400 doubles, si le déchargement a lieu à Alméria ou à Malaga61. Il en est de même pour les voyages vers l’Orient: en 1348, Dangano et Leonello Piccamiglio affrètent la coque Sa Catalina, pour charger 500 végètes de vin ou d’huile à Naples et les porter à Péra ou à Caffa: il leur en coûtera dans un cas 2 hyperpères 18 keratia par végète, dans l’autre 3 hyperpères 8 keratia soit 17,5 % de frais supplémentaires, si le voyage s’achève en Crimée68. En 1339, l'Officium Gazarie prend acte de la différenciation des nolis selon la distance, en fixant des taux applicables aux marchands qui utilisent les galères de Romanie. Comme il s’agit d’un service officiel assuré par des navires armés offrant une sécurité plus grande, le coût du transport est certainement plus élevé que sur les nefs et les coques, la majoration constituant, comme le remarquait F. Melis à propos de la muda vénitienne de Flandre, une assurance implicite69. Les tarifs sont les suivants: 66 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 788 et 442. 67 Ibidem, doc. n° 886. 68 ASG. Not. cart. n° 233, f. 280 r. En 1379, il en est encore de même pour un chargement de vin transporté à Péra ou à Caffa: les loueurs paieront 7 hyperpères 12 keratia ou 8 hyperpères 12 keratia, selon la destination choisie (ASG. Not. cart. n° 396, ff. 108 bis v -109 v). L’écart des nolis n’est plus que de 12 %, ce qui confirme la conclusion de F. Melis ( Werner Sombart, op. cit., p. 137) et J. Heers (Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 315), selon laquelle les variations des nolis selon la distance parcourue sont minimes. 69 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., p. 124. Le supplément de prix payé pour l’utilisation des galères armées peut être estimé à environ 30 0/o, puisqu’en 1308, le nolis pour le transport de balles de marchandises de Gênes à Constantinople est de 5 626 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE I.A ROMANIE — de Gênes à Péra: 7 livres par balle. — de Gênes à Trébizonde, Tana, Caffa ou tout autre port de Gazarie: 8 livres par balle. _ de Trébizonde, Tana, Caffa ou tout autre port de Gazarie à Gênes: 2 livres 10 sous par cantare. — de Trébizonde, Tana, Caffa ou tout autre port de Gazarie à Péra: 1 livre 5 sous par cantare. — de Péra à Gênes: 2 livres par cantare70. On remarquera la diversité des mesures de référence: la balle pour les voyages d’Occident en Orient, le cantare pour les voyages de retour. Diversité qui reflète la nature des denrées transportées: des textiles vers 1 Orient, des produits pondéreux vers l’Occident. Comme d autre part un règlement de 1’Officium du 16 septembre 1344 fait équivaloir 275 balles à 1000 cantares71, le rapprochement entre les coûts de transport est possible; les voyages Orient-Occident sont de 4 à 12 % plus chers que les transports dans 1 autre sens. Tout se passe comme si, dès les années 1340, les autorités gouvernementales, prenant conscience d’un certain déséquilibre des échanges, avaient favorisé l’exportation des draps et toiles d’Occident, en abaissant le coût du transport sur ces produits et compensé cette diminution par une hausse relative du frêt sur les produits pondéreux, de toute manière indispensables à l’industrie et à la consommation occidentales. Ainsi s’établissait une différenciation des nolis selon la nature de la marchandise transportée. Ce n’était que la confirmation officielle d une pratique en usage dès la fin du XIIIe siècle. Ainsi, de Pera à Gênes, le cout du transport était de 5 hyperpères 12 keratia par milliaire de cuir, de 5 hyperpères par milliaire de cire, et de 1 à 2 0 o ad valorem pour les autres marchandises, telles que poivre, laque, soie et fourrures 72. De Caffa à Genes, les tarifs n’étaient guère différents: 5 hyperpères 12 keratia par milliaire de cuir, 4 hyperpères 12 keratia par milliaire de cire et 2 sous 10 deniers livres par balle sur la galère des Zaccaria (ASG. Not. cart. n° 212, fî. 34 v, 36 r). En 1343, le coût du transport d’une balle de draps de Gênes à Messine est de 30 sous (ASG. Not. cart. n° 230, f. 182 v). 70 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 113; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 95. Le texte de 1339 ajoute que les nolis sont partagés entre les armateurs du convoi de Romanie. 71 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 141; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 59. 72 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 128-129 et 140-142. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 627 par cantare dalun73. Vers l’Orient le transport de vin depuis Marseille jus- qu à Caffa revient de 4 à 5 sous par metreta (95,3 litres) et seulement à deux sous si le chargement a lieu à Gênes; quant aux balles de draps, le coût du fret s élève à 5 livres, de Gênes à Constantinople74. En 1339, 1'Officium Gazarie applique également des taux particuliers selon les catégories de marchandises: pour la soie: de Trébizonde ou Tana à Gênes: 2 livres 10 sous par centenarium (poids de 100 livres), de Péra à Gênes: 2 livres le centenarium. de Tana ou Trébizonde à Péra: 1 livre 5 sous le centenarium. pour la cire: de Péra à Gênes: 1 livre le cantare, pour le cuir: de Péra à Gênes: 16 sous le cantare, pour 1 alun: de Péra à Gênes: 18 sous le cantare75. En d autres termes, selon le tarif officiel, à poids égal, le transport de 1 alun coûte trois fois moins cher que celui de la soie. Il y a donc ici, en 1340, une tentative du gouvernement génois pour favoriser le transport des marchandises de vil prix comme l’alun, et d’augmenter corrélativement le coût du frêt des denrées les plus chères, comme la soie, l’incidence du transport sur la valeur du produit étant dans ce dernier cas limitée par le prix élevé de la vente. Cette politique des transports qui se justifiait lorsque l’écoulement des denrées orientales chères s’effectuait sans difficulté, était totalement inadaptée en temps de crise, qu’elle se traduise par d’âpres concurrences ou par 1 affaissement de la demande en moyens de transport. Aussi, dans la seconde moitié du XIVe siècle, assiste-t-on à un renversement complet de la politique maritime: le gouvernement cherche à favoriser l’utilisation des galères armées, plus sûres que la navigation libre; la différenciation des nolis s’exerce désor- 73 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., p. 46. En 1298, les nolis de Caffa à Gênes s’établissent comme suit par cantare: 6 sous pour l’alun, 8 sous pour le cuir, 9 sous pour la cire (ASG. Not. n° 148, ff. 46 r, 48 r). 74 ASG. Not. cart. n° 64, ff. 27 v, 28r; n° 89, f. 87 v; n° 109, ff. 236 r-237 r; n° 212, ff. 34 v, 36 r. 75 V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 113; G. Forcheri, Navi e navigazione, op. cit., p. 96. Les tarifs applicables sur les galères armées sont idi presque le double de ceux que prélèvent les armateurs des nefs et des coques; pour nous en tenir à l’alun, le transport coûte en 1350 10 sous au cantare entre Gênes et l’Ecluse, alors que le tarif officiel de 18 sous ne concerne que le transport de Péra à Gênes (cf. L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I, doc. n° 257, p. 328). 628 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE mais au détriment des denrées alimentaires et des produits lourds et de peu de valeur. L’importation des céréales coûte plus cher, donc 1 ensemble des citadins subventionne indirectement les exportations à des prix plus bas des produits textiles et l’importation des denrées orientales traditionnelles. Un manuale naulorum de 1391, applicable aux galères de Chypre, a valeur d e-xemple à cet égard '6. Les tarifs sont les suivants de Gênes en Syrie (ou viceversa): — 1 pièce de drap teinte à l’écarlate et valant plus de 60 florins: 25 sous. — 1 pièce de drap valant plus de 40 florins: 18 sous. — 1 pièce de drap de Malines ou de Florence valant de 30 a 40 florins: 16 sous. — 1 pièce de drap de Courtrai ou de Vervicq: 14 sous. — 1 pièce de drap de Gênes, de Beauvais ou de Barcelone: 11 sous. — 1 pièce de saie: 2 sous 6 deniers. — 1 cantare de toiles de Reims: 2 livres 10 sous. — 1 » » de Campanie: 30 sous. — 1 » » de Neufchâteau: 20 sous. — 1 » de canevas: 10 sous. — 1 » de corail: 20 sous. — 1 » de fer: 5 sous. — 1 » d’étain: 8 sous. — 1 » de poivre: 20 sous. — 1 » de sucre: 24 sous. — 1 » de poudre de sucre: 14 sous. — 1 » de coton filé: 14 sous. — 1 » de coton: 30 sous. — 1 » de bocassin: 30 sous. — 1 pièce de camelot de Famagouste et de Nicosie valant plus de 40 besants: 4 sous. — 1 pièce de camelot de Nicosie valant de 30 à 40 besants: 4 sous. — 1 pièce de camelot « Malaba »: 2 sous. — drap d’or, bijoux, fil d’or, argent, or (par 100 livres de valeur): 15 sous. Il s’agit, répétons-le, d’un tarif officiel qui ignore les denrées les plus précieuses comme les perles ou la soie et celles qui entrent dans les trafics de 76 ASG. Archivio Segreto n° 3021, 10 avril-3 mai 1391. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 629 base de la navigation génoise d’Orient en Occident, comme l’alun. Ce manuale met en évidence la différenciation des nolis et aide à préciser l’incidence du coût du fret sur le prix de revient des marchandises. Si l’on tient compte qu’une balle de draps français contient en moyenne huit à neuf pièces 77 et que, d après le Liber Gazarie, 275 balles équivalent en poids à 1.000 cantares, le coût du transport des draps écarlates, denrée la plus chère de la liste, parmi celles dont on peut déterminer les poids, est à poids égal 12 fois plus élevé que celui d’un cantare de fer, marchandise la plus vile. L’écart des nolis est du même ordre que celui qu’a relevé F. Melis78. Les marchands génois, tout comme leurs concurrents vénitiens, florentins ou catalans, mais sans doute avant eux, ont adapté le coût du transport à la valeur du produit échangé. Toutefois, cette adaptation favorise certains types de trafic et en pénalise d’autres. Pour le préciser, il faut connaître l’incidence du naulum sur les prix de revient à la fin du XIVe siècle. Autant de cas particuliers qu’il y a de produits; la documentation très fragmentaire ne permet de donner que quelques exemples: le blé de Romanie vaut environ 45 sous la mine entre 1390 et 1392, et le coût du transport est de 18 sous, soit 40 % du prix de vente '9. Le poivre qui vaut en avril 1391, 33 livres le centenarium, soit 49 livres 10 sous le cantare, est transporté à Gênes à un prix correspondant à 2 % de son prix de vente 80. Le prix du coton s’établit à 15 livres le cantare: le naulum qui est de 30 sous, représente 10 % du prix. Le sucre de Damas vaut en 1391, 45 livres le centenarium, soit 67 livres 10 sous le cantare. Le coût du transport, 24 sous, s’élève à 1,8% du prix de vente81. La proportion 77 Cette moyenne est obtenue à partir des documents publiés par R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. III, doc. n° 1553, 1568, 1675, 1731, 1757, et L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I et II, doc. n° 36, 271, 300, 312 et 583. 78 F. Melis, Werner Sombart, op. cit., tableau V, pp. 138-140: 1,20 sous pour le transport de 100 livres de fer, au poids de Florence, et 17,95 sous pour celui de 100 livres-poids de draps de haute qualité. 79 ASG. Not. cart. n° 448, f. 145 v. II faut, il est vrai, déduire des frais de transport une prime de trois sous par mine versée par la Commune aux importateurs; le coût du frêt est ainsi réduit à 33 % du prix de vente du blé: cf. ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 100, ff. 35 v, 61 r; n° 101, ff. 35 r-v, 72 v; n° 102, ff. 17 r, 39 r. 80 AS. Prato, Carteggio n° 514, 19 avril 1391. 81 Tous les prix indiqués proviennent des Archives Datini, Carteggio n° 513 et 514. On les comparera avec ceux que fournissent les mercuriales étudiées par J. Heers, 11 commercio nel Mediterraneo, op. cit., ou publiées (F. Melis, Documenti per la Storia, op. cit., pp. 304-306). 630 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE augmente beaucoup, dans le cas de l’alun, produit bon marché: vers 1390, il vaut 36 sous le cantare sur les lieux de production (Phocée); le coût du fret est de 13 à 14 sous sur l’itinéraire Chio-l’Ecluse, soit 36 à 38 % du prix d’achat, mais seulement de six sous pour un transport jusqu’à Gênes, où il est alors vendu 45 sous; le naulum représente moins de 14 °o du prix de vente8-. Ainsi donc, la part des transports dans l’établissement des prix va de 1 à 20 selon qu’il s’agit des épices, de produits pondéreux, comme 1 alun, ou de denrées alimentaires, comme le blé. Tout se passe comme si les grains et l’alun, à l’exemple du sel à VeniseSî, étaient requis pour subventionner le commerce des épices et des autres produits de luxe, dans la conjoncture déprimée de la seconde moitié du XIVe siècle. Il n’en reste pas moins qu’à l’exception des céréales et de 1 alun, le coût des transports sur les itinéraires orientaux reste dans 1 ensemble très réduitw. C’est le résultat d’une politique maritime qui cherche constamment à s’adapter à la conjoncture. L’essor des gros tonnages au début du XIVe siècle mettait à la disposition des hommes d’affaires le moyen de transport — la coque — capable de rapporter d Orient de grosses cargaisons d’alun, de blé et accessoirement de sel. Le coût très bas de ces produits permettait de faire peser sur eux des nolis de plus en plus lourds et en conséquence de diminuer les frêts grevant les autres marchandises en particulier les épices et les tissus précieux d’Orient, dont les difficultés d écoulement deviennent sensibles après 1350. Pour lutter contre les concurrences vénitiennes et catalanes, les hommes d’affaires génois firent des produits lourds et de peu de valeur et des denrées alimentaires, de toute mamère indispensables, le moyen de rentabiliser la navigation et de subventionner le trafic des marchandises orientales traditionnelles, et aussi des produits textiles exportés en Orient, à des prix très bas 8S. Il est caractéristique, d’après les données recueillies, que le coût du transport de l’alun sur l’itinéraire le plus fréquenté, de Chio à l’Ecluse, soit d’autant plus élevé que le produit est cher sur les marchés occidentaux: 25 sous le cantare en 1384; au contraire, lorsque la demande diminue, et que le prix 82 Cf. infra p. 781. 83 J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 430. 84 II en est de même au XVe siècle, cf. J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 318-319. 85 D’après L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., p. CXXVI, une pièce de drap de Malines vaut environ 40 livres en 1354. Le coût du transport, 16 sous, correspond donc à 2 % du prix de vente de la pièce à Gênes. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 631 de 1 alun s abaisse à la fin du siècle, le nolis revient à des prix voisins de 13 à 14 sous le cantareH<’. La différenciation des nolis, effective à Gênes dès les années 1350, 1 augmentation du frêt grevant le transport de l’alun et la réduction des nolis pesant sur les autres marchandises sont autant de signes évidents de la prodigieuse et constante adaptation des techniques commerciales et maritimes à la situation du moment, c’est-à-dire en fin de compte, aux lois du marché. VII - Les assurances maritimes Une des utilisations du contrat de change maritime nous a introduit aux pratiques de l’assurance fort anciennes à Gênes et longtemps empreintes d’archaïsme. Si l’on ne peut encore décider en quelle ville d’Italie et à quelle date est née l’assurance, du moins sait-on quelles solutions successives ont t'té données au problème du risque maritime, que se posait déjà l’Antiquité; Rome avait crû le résoudre, en mettant au point le foetius nauticum, qui tient davantage du prêt que de l’assurance à prime, au sens moderne du terme87. Une des premières formes d’assurance par acte notarial dérive du contrat de change maritime: un marchand s’engage à rembourser une créance, non pas en une somme fixée à l’avance, mais selon le prix d’une cargaison déterminée, confiée en gage au prêteur et vendue après l’arrivée à bon port du navire transportant la marchandise. Le prix d’achat au lieu d’origine étant 86 L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 388 et 526; D. Gioffrè, Atti rogati in Chio, op. cit., pp. 382-384; ASG. Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 118; J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 209. 87 Sur les origines de l’assurance maritime, cf. E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit.; R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., pp. 138-141; F. Edler, Early examples of marine insurance, dans The Journal of Economie History, 1945, pp. 172-200; R. Doehaerd, Chiffres d'assurance à Gênes en 1427-1428, dans Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. XXVII, 1949, pp. 736-756; J. Heers, Le prix de l’assurance maritime à la fin du Moyen Age, dans Revue d’Histoire économique et sociale, 1959, pp. 7-18; Idem, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 206-217; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I, pp. XC - CXXIII; L A. Boiteux, La fortune de mer, op. cit., pp. 59-89; D. GiolTrè, Note sull'assicurazione e sugli assicuratori genovesi tra medioevo ed età moderna, dans Mostra storica del documento assicurativo XIV-XVI secolo, Gênes, 1969, pp. 11-37. F. Melis n’a pu achever la vaste synthèse qu’il préparait sous le titre Origini e sviluppo delle assicurazioni in Italia (secoli XIV-XVI) dont seul le premier chapitre a été publié; I - Le fonti, Istituto Nazionale delle Assicurazioni, Rome, 1975. 632 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DI'. LA ROMANIE connu, le bénéfice du prêteur équivaut au profit que ce dernier aurait tiré d’un investissement, à condition que la cargaison arrive saine et sauve à destination; des fourrures, des cuirs, de la soie et de la cire servent de gage lors des voyages entre Caffa et Gênes, des barres d’argent et des draps entre Gênes et Caffa “. Généralement au XIIIe siècle, l’assurance adopte la formule du change maritime simple: le propriétaire met en gage une marchandise à un tiers qui lui en avance le montant et reçoit à terme une certaine quantité de monnaie ayant cours légal au lieu de destination; l’opération de change ainsi prévue est annulée, si la marchandise n’arrive pas à bon port. Ainsi, en cas de sinistre, le marchand se trouve remboursé d’avance, et, si le voyage est heureux, l’assureur touche un gros intérêt sur le change 89. Vers la fin du XIIIe siècle, l’on a recours à Gênes à un second procédé, masquant lui aussi le prêt, la vente de marchandise avec faculté de rachat par le vendeur au lieu de destination, à un prix convenu d’avance. Ainsi procède Paléologue Zaccaria en 1298: il déclare avoir reçu 3.000 livres pour 650 cantares d’alun livrés à Enrico Suppa et à Baliano Grillo, mais s’engage à faire parvenir gratuitement la marchandise d’Aigues-Mortes à Bruges sur son propre navire, aux risques de ses deux créanciers, et à la racheter au prix de 3.360 livres tournois, à l’arrivée à Bruges. Un change de Bruges sur Gênes transfère en métropole le remboursement à un taux déterminé à l’avance, à condition encore qu’une marchandise, mise en gage lors du second voyage, arrive à bon port. Le change et le rechange qui couvrent deux pratiques d’assurance successives laissent à Enrico et à Baliano un bénéfice de 780 livres, équivalant à 26 % d’intérêt*°. De telles formules ne permettaient pas à l’assureur de bénéficier d’un dédommagement, à savoir le versement anticipé de la prime. Aussi, à partir des années 1340, l’usage s’établit à Gênes de recourir à un prêt fictif. L’assureur reconnaît avoir reçu de l’assuré « gratis et amore » une somme qu’il promet de lui restituer dans un délai fixé par contrat, sauf si la marchandise ou le bateau assurés arrivent à bon port. En fait l’assureur n’a touché que le montant de la prime, que l’acte notarial ne signale jamais, et doit, en cas de 88 Cf. supra notes 34 et 35, et ASG. Not. cart. n° 91, ff. 173 r et 174 v. 89 R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. I, p. 138; D. Gioffrè, Noie sull’assicurazione, op. cit., p. 14; E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit., pp. 33-45. 90 R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 1530. Ce texte est analysé par R. Doehaerd, ibidem, t. I, pp. 140-141, et par L. A. Boiteux, La fortune de mer, op. cit., pp. 78-79. les techniques commerciales 633 sinistre, verser au marchand la somme qu’il s’est engagé à lui rembourser91. Cette formule notariale qui donne naissance au contrat d’assurance est utilisée à Gênes dès 1343: nous en avons trouvé les premiers exemples, que F. Melis se proposait d étudier dans son ouvrage laissé inachevé92. Les garanties des deux parties se précisent encore, lorsqu’à la formule du prêt fictif se substitue celle de la vente fictive vers les années 1368. L’assureur déclare avoir acheté à l’assuré « tot de suis rebus » qu’il promet de payer à un prix fixé d’avance, à moins que les dites marchandises n’arrivent à bon port; en ce cas le contrat serait « cassum et irritum et nullius valons » 9\ Bien entendu, rien n’a été vendu, acheté ou transféré, mais la vente fictive permet d’éviter la condamnation pour usure, toujours menaçante, en dépit de l’intervention du législateur « contre ceux qui allèguent que changes et assurances sont usuraires » 9\ Par rapport au procédé du prêt fictif, l’assureur et l’assuré trouvent ici plus d’avantages: le premier peut éventuellement faire valoir ses droits sur les épaves, le second ne risque plus de voir la partie adverse se dérober à ses obligations, en prenant pré- 91 E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit., pp. 192-193; R. Doehaerd - Ch. Kerremans, Les relations commerciales, op. cit., pp. XX-XXVII; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., pp. XCI-XCII; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 209-210; L. A. Boiteux, La fortune de mer, op. cit., p. 81; D. Gioffrè, Note sul-1‘assicurazione, op. cit., p. 15; F. Melis, Origini e sviluppo, op. cit., p. 7. 92 ASG. Not. cart. n° 229, f. 67 v (cité en régeste par D. Gioffrè, Note sull’assicurazione, op. cit., p. 41 et édité par F. Melis, Origini e sviluppo, op. cit., pp. 184-185), f. 257 r (transport de vin de Naples à Péra en avril 1343). Ces deux premiers contrats d’assurance connus ne sont pas isolés. Les minutes du notaire Tommaso di Casanova en conservent de nombreux exemples.: ASG. Not. cart. n° 231, ff. 17 r et 20 r (mars 1344); cart. n° 232, ff. 112 r-v (décembre 1346), 269 r, 275 r-v, 326 r (1347); f. 333 v (ce dernier, du 23 octobre 1347, fut édité par E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit., p. 192, et considéré jusqu’à une date récente comme le plus ancien contrat d’assurance connu); cart. n° 234, ff. 22v-23r, 144r, 170v-171 r,213 v (1348), etc. 93 E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit., p. 60; E. Edler, Early examples, op. cit., pp. 184-186; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., pp. XCVII-XCVIII; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 210; Idem, Le prix de l’assurance maritime, op. cit., p. 11; D. Gioffrè, Note sull’assicurazione, op. cit., p. 13; F. Melis, Origini e sviluppo, op. cit., pp. XXII-XXIII. 94 Décret du doge Gabriele Adorno du 22 octobre 1369, publié par E. Bensa, Il contratto di assicurazione, op. cit., pp. 149-151; F. Melis, Origini e sviluppo, op. cit., p. 231. 634 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE texte d’une prétendue usure. Sous la forme de la vente fictive, le contrat d’assurance notarial est constamment utilisé jusqu’au XVe siècle, quoique s’introduise alors l’usage du contrat d’assurance conclu sous seing privé « ad florentinam », par l’intermédiaire d’un courtier, comme cela était le cas dans les milieux d’affaires toscans et catalans, dès la fin du XIVe siècle95. Mais, sans doute par souci de cacher l’existence de la prime derrière de prudentes formules, les marchands génois restèrent longtemps fidèles, en matière d’assurance, à des pratiques anciennes, devenues, avec le temps, archaïques. Au XIVe siècle, le contrat d’assurance maritime revêt encore à Gênes la forme du prêt fictif ou de la vente fictive. Il met en présence un assuré et un nombre d’assureurs pouvant s’élever jusqu’à une vingtainela légèreté de la prime versée par le marchand vient en effet du fractionnement du risque entre plusieurs assureurs, dont certains parfois sont étrangers à la ville; ainsi se forment des groupements qui solidairement assurent la couverture de plusieurs risques maritimes distincts. Il ne s’agit pas encore d’associations spécialisées, l’assurance n’étant qu’une des nombreuses activités financières pratiquées par les hommes d’affaires génois. Courtiers et notaires se chargent de trouver des clients parmi tous ceux qui fréquentent la piazza Banchi, où se retrouvent assureurs et assurés 97. Les contrats sont parfois très brefs: souvent le notaire s’est contenté d’enregistrer les noms des parties et les sommes mises en jeu, et a laissé dans son minutier des espaces blancs qu’il n’a jamais complétés. Mais le formulaire donne souvent de nombreux détails sur la marchandise assurée, le type de navire utilisé, l’itinéraire suivi, les escales, la durée de couverture du risque. Aussi, dans la seconde moitié du XIVe siècle, les produits et les directions du commerce maritime sont-ils mieux mis en valeur par les contrats d’assurance que par les commandes ou les pactes de nolisement, dont le nombre se restreint alors dans les minutes notariales. 95 E. Bensa, II contratto di assicurazione, op. cit., p. 64; J. Heers, Le prix de l'assurance maritime, op. cit., p. 11; Idem, Le livre de comptes, op. cit., p. 137; CI. Car-rère, Barcelone, op. cit., pp. 206-207; F. Melis, Origini e sviluppo, op. cit., pp. XXVII-XXVIII. 96 Sur plus d’un millier de contrats étudiés, nous n’avons rencontré que trois actes mentionnant deux assurés. Vingt-et-un assureurs interviennent dans un contrat de 1399: cf. ASG. Not. cart. n° 321, f. 68 r. 97 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 210-211. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 635 L objet du contrat peut être double; dans certains cas, l’assurance est dite sur « corps »: elle s’applique au corps du navire. L’assuré est alors le propriétaire du bâtiment, dont l’assureur assume les risques pendant une période pouvant aller de quelques mois à un an. L’armateur est libre dans le choix de son itinéraire qui n’est donc pas précisé par contrat, sinon par la formule vague « quo Deus ei melius administraverit »98. La clause la plus importante est celle qui concerne la durée de couverture du risque, qui ne correspond pas nécessairement avec le temps de navigation, puisque l’assurance couvre aussi le remboursement des nolis dus au patron du navire. Sur les itinéraires orientaux, le délai généralement fixé de six à huit mois est suffisant pour que s’achèvent le voyage et les transactions financières qui le concluent. Dans la majorité des contrats, l’assurance porte sur les marchandises transportées: on parle alors d’assurance sur « facultés». Le texte précise la valeur de la cargaison et parfois la nature exacte des produits, nombre de balles de draps, de metrete de vin ou de cantares d’alun par exemple. Le contrat peut s’appliquer à un voyage aller et retour, la valeur de la marchandise assurée étant dans les deux cas équivalente. Grâce au regroupement de ces données, éparses dans plusieurs centaines de contrats, une géographie des trafics et des itinéraires se dessine. En effet, le contrat d’assurance porte sur les marchandises les plus variées: les objets précieux comme les produits de vil prix. Pour nous en tenir au commerce romaniote, plusieurs denrées de luxe font l’objet d’assurances: de l’argent porté à Caffa et des ceintures d’argent envoyées à Péra ", des fils d’or travaillés à Gênes et vendus en Orient et des bijoux rapportés de Péra l0°. Les deux grandes exportations de Chio, le mastic et l’alun de Phocée, sont fréquemment citées, le premier à l’occasion de transports vers Gênes, le second pour des expéditions vers la métropole et surtout vers l’Ecluse101. Les produits métalliques sont également couverts par des assurances: l’étain 98 Sur ces deux formes d’assurance, voir surtout L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., pp. XCVI-C, et J. Heers, Le prix de l’assurance maritime, op. cit., pp. 11-12. 99 ASG. Not. cart. n° 321, f. 348 v. et n° 356, f. 137 v. 100 ASG. Not. cart. n° 310, f. 138 r et n° 321, f. 301 v. 101 ASG. Not. cart. n° 313, f. 215 r; n° 321, ff. 253 v, 278 v; n° 328, f. 10 r. 636 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE porté de Gènes à Chio, le fer et l’acier, les armes envoyées à Péra et à Caffa 102. Beaucoup de contrats portent sur des denrées alimentaires: le vin, sur le parcours Naples ou Tropea - Péra ou Caffa le miel que Caffa reçoit de la métropole 104, les grains chargés à Phocée et à Caffa 105, l’huile portée de Séville et de Gaëte à Chio et à Péra l06. Il n’est pas jusqu’au sel, de valeur réduite, qui ne fasse l’objet de contrats pour des transports, il est vrai limités, entre Hyères et Gaëte 107. Enfin, il faut ajouter les deux grands produits du commerce international: les épices et les tissus. Du bois de brésil venant de Péra et du poivre chargé à Chio 10S, des draps et des toiles partant de Gênes pour ses trois comptoirs ou chargés en Flandre pour être portés directement à Chio, sont cités par de nombreux contrats 1W. Bref, dans la seconde moitié du XIVe siècle, l’usage de l’assurance maritime se généralise et concerne à peu près toutes les marchandises faisant l’objet d’échanges entre l’Orient et l’Occident no. Par là-même, les contrats d’assurances permettent d’esquisser une géographie des itinéraires maritimes. Us mettent en évidence l’importance de la ligne directe joignant les comptoirs génois d’Orient et les Flandres. Us soulignent aussi le relatif déclin du commerce romaniote à la fin du XIVe siècle. Si l’on capitalise la valeur des marchandises assurées, on peut déterminer la part du trafic avec la Romanie dans l’ensemble du commerce génois, au moins à partir de 1370, lorsque des notaires « spécialisés » comme Andriolo Caito, Teramo di Maggiolo et Giovanni Bardi nous livrent un grand nombre de contrats d’assurance. Les résultats sont les suivants: 102 ASG. Not. cart. n° 314, f. 5 r; n° 313, ff. 38 v, 58v; n* 320, f. 126r; n° 324, f. 179 r. 103 ASG. Not. cart. n° 229, f. 257 r-v; n° 311, f. 68 r; n° 380, f. 42 v. 104 ASG. Not. cart. n° 322, f. 162 r; n° 380, f. 3 v. 105 ASG. Not. cart. n° 310, f. 78 v; n° 321, ff. 240 r, 247 v; n° 322, f. 166 r. 106 ASG. Not. cart. n° 309/11, f. 144 v; n° 311, ff. 63 r, 73 r; n° 380, f. 42 v. 107 ASG. Not. cart. n° 310, f. 182 r. 108 ASG. Not. cart. n° 311, ff. 80 v, 94 v, 96 r, 117 v- 109 ASG. Not. cart. n° 319, f. 57 r; n° 380, ff. 19 r-21 r, 42 v, 123 v, 124r-v; n° 398, f. 15 r; n° 324, ff. 213 v, 214 r; Not. ign., Busta N bis, octobre 1374. 110 Les esclaves sont également l’objet de contrats d’assurance, particulièrement lorsqu’il s’agit de femmes enceintes, pour lesquelles le risque de mortalité en couches est élevé: ASG. Not. cart. n° 313, f. 174 v; cart. n° 381, f. 116 v (risque assumé par le vendeur, lors du transport d’une esclave de Caffa à Gênes). Sur « l’assurance-vie », cf. D. Gioffrè, Note sull’assicurazione, op. cit., p. 31. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 637 38 - La PART DE LA ROMANIE DANS LES ASSURANCES MARITIMES (1370-1409) Assurances concernant Années Montant des capitaux la Romanie assurés (en livres) en % de en capital l’ensemble 1370 19.325 1. --- 2.300 1. --- 11,9 1374 18.825 1. --- 1.537 1. 10 s. 8,2 1376 11.272 1. 10 s. 2.700 1. --- 23,9 1377 5.625 1. --- 375 1. --- 6,7 1378 5.562 I. 10 s. 562 1. 10 s. 10,1 1382 3.312 1. 10 s. 562 1. 10 s. 17,5 1383 9.337 1. 10 s. 150 1. --- 1,6 1384 29.438 1. --- 5.787 1. 10 s. 19,7 1385 16.887 1. 10 s. 6.062 1. 10 s. 35,8 1386 11.500 1. --- 1.437 1. 10 s. 12,5 1388 15.406 1. 5 s. 4.200 1. --- 27,2 1393 96.324 1. --- 10.975 1. - 11,4 1394 2.640 1. 100 1. 3,7 1395 10.813 1. --- --- --- --- 1396 8.815 1. 5 s. 2.562 1. 10 s. 29,1 1398 33.062 1. 10 s. --- --- --- 1399 9.093 1. 15 s. --- --- --- 1400 11.426 1. 5 s. 4.562 1. 10 S. 39,9 1405 4.970 1. 10 s. --- --- --- 1409 51.200 1. 15 s. 1.062 1. 10 s. 2,1 Ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Il ne peut être question d’affirmer qu’en 1393 le montant des assurances realisees par les Génois est de 96.324 livres et de rapprocher ce chiffre des 213.000 florins d’or auxquels R. Doehaerd évalue les capitaux assures en 1427, d après les seules minutes du notaire Branca de Bagnara 1U. Les pourcentages nous paraissent avoir plus d’intérêt, quoique d’une année à 1 autre les fluctuations soient importantes. Il est toutefois significatif qu en 1395, 1398 et 1399 aucune assurance ne concerne la Romanie, au moment où les troupes de Ba-jazet bloquent Constantinople et font courir des risques tels aux marchands que les assureurs se découragent. On relèvera aussi qu’après chaque conflit de quelque importance, au cours duquel le trafic romaniote s est interrompu, 111 R. Dcehacrd, Chiffres d'assurances, op. cit., p. 751; cf. les critiques exprimées par J. Heers, Gênes au siècle, op. cit., p. 211. 638 L'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE les contrats d’assurance se font très nombreux, comme si les marchands s’ef-forçaient de compenser les diminutions ou l’interruption des affaires subies les années précédentes: c’est le cas après la guerre de Chioggia et en 1400, alors que Boucicault vient de chasser les bandes turques qui infestaient les environs de Constantinople et de laisser pour la défense de la ville une garnison sous les ordres de Châteaumorant112. En ce sens, les contrats d’assurance maritime reflètent davantage les espérances des hommes d’affaires que la réalité des échanges. Ils constituent un baromètre très approximatif de l’activité commerciale. La formule de la vente fictive, longtemps adoptée à Gênes, cache, on l’a vu, l’existence de la prime. Il faut donc recourir à d’autres types de documents pour en évaluer le taux: quelques actes notariés et les « memoriali » conservés par les archives Datini. En 1391, une cargaison de 200 muids de grain, achetés à Caffa 700 livres 12 sous 6 deniers, a supporté une assurance de 6 sommi 11 saggi, soit au taux de change alors en vigueur, 47 livres 10 sous. La prime correspond donc à 6,8 % de la valeur de la marchandise, pour un voyage: le taux est très proche des tarifs appliqués au XVL siècle sur les routes de l’Orient113 et paraît très modeste si on le rapproche du coût du transport, 602 livres 3 sous, soit 86 % du prix du grain à Caffa "4. Les « memoriali » des Archives Datini confirment le faible coût de l’assurance à la fin du XIVe siècle: 4 0 o de Gaëte à Chio sur la nef d’Antonio Centurione, 5 % de Caffa à Gênes pour un fardeau de soie chargé sur l’une des galères du « passage » de Romanie, 5 % également de Chio à Gênes pour la cargaison de la nef de Gianotto di Pino "5. Les taux prélevés pour des voyages à Alexandrie et en Syrie sont du même ordre, alors que de Caffa à Chio, la prime tombe à 1,5 % de la valeur de la marchandise llé. Même au cours de la dernière décennie du XIVe siècle, où la situation politique est si instable en Romanie, les exigences des assureurs restent très 112 W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 265; F. Surdich, Genova e Venezia, op. cit., p. 237. A noter aussi le grand nombre de contrats intéressant la Romanie en 1396; les espoirs placés dans la « croisade » du roi de Hongrie et du duc de Bourgogne devaient s’effondrer à Nicopolis en septembre 1396. 113 J. Heers, Le prix de l’assurance, op. cit., p. 17, et Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 213. 114 ASG. Not. cart. n° 448, f. 145 v (2 mai 1391). 115 AS. Prato, Memoriali da Genova n° 734, ff. 334r-v (mars 1397). 116 Ibidem, f. 334 v. En 1392, toutefois, le taux oscille de 2 à 4 % pour des transports entre Gênes et Famagouste ou Alexandrie (AS. Prato, Memoriali da Genova n° 733, ff. 135 v, 137 r, 138 v), LES TECHNIQUES COMMERCIALES 639 modestes. La généralisation de l’assurance maritime fait largement contribuer le capital au soutien de l’activité commerciale, rend le mouvement des affaires plus sûr et, en dépit de techniques restées archaïques, renforce la puissance des financiers et des marchands spécialisés. Le commerce d’Outre-Mer échappe ainsi de plus en plus aux marchands occasionnels, qui s’effacent devant les professionnels du négoce. VIII - Reçus et quittances Aux contrats commerciaux et financiers, il convient d’ajouter les reçus et quittances que déüvrent à leurs débiteurs des créanciers satisfaits. Mais il faut souligner qu’une notule n’était pas indispensable pour constater le remboursement d’une dette: il suffisait au notaire de canceller d’un trait de plume le contrat de commande, de prêt ou de change, à l’origine de la créance, en ajoutant parfois en marge de son minutier une annotation portant la date et les témoins du remboursement. Plus simplement encore, la constatation du paiement pouvait donner lieu à la rédaction d’une apodixia, d’un acte privé, surtout si les parties en présence avaient eu recours à ce même type de document pour stipuler les obligations pécuniaires du débiteur. Les reçus et quittances concernent tous les aspects de la vie commerciale et financière. Leur portée est parfois générale, lorsqu’un créancier se déclare satisfait de tout ce que pouvait lui devoir un débiteur « jusqu’à ce jour». Plus souvent, la quittance concerne l’extinction d’une dette particulière, le remboursement d’un change maritime ou d’une lettre de change, le paiement du capital et du bénéfice d’une commande, la réception d’un héritage ou d’un legs venus d’une succession ouverte par la mort d’un marchand en Romanie. Des reçus attestent la remise d’objets confiés en garde à Péra ou à Caffa, de marchandises diverses dues à un tiers. Des mandataires s’acquittent du montant de loyers perçus dans les comptoirs génois d’Orient et reçoivent de leur mandant un reçu en bonne et due forme. Un homme parti pour la Romanie envoie quelques sous à sa femme ou le montant d’une dot à son gendre: ces paiements donnent lieu à la rédaction d’une quittance. Si les reçus ne disparaissent pas des minutiers notariaux à la fin du XIVe siècle, la clientèle qui les requiert ne fait plus partie du cercle des grands marchands. Il s’agit de petites gens, intéressés occasionnellement au commerce oriental, et qui tiennent à garder trace des dettes dont ils se sont acquittés. En revanche, les hommes d’afîaires qui tiennent quotidiennement leurs livres de comptes peuvent se passer des services du notaire; il leur suffit de noter 640 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE dans la colonne Recepimus la créance qui leur est remboursée: le nom du débiteur, la raison et le montant du paiement sont des preuves suffisantes. Ces documents privés sont rares dans les archives de Gênes: nous sont parvenus quelques feuillets du notülarium de Niccolò Pinello U7, le livre de comptes de la famille Adorno et, pour le XVe siècle, celui de Giovanni Picca-miglio 119. IX - Mandats et procurations Les mandats et procurations sont le complément indispensable des contrats financiers et commerciaux. Pour des marchands qui accompagnent encore leurs ballots de marchandises, comme pour les hommes d’affaires disposant de facteurs temporaires ou permanents dans les comptoirs d’Orient, il est indispensable de pouvoir se servir d’intermédiaires prêts à se substituer à leurs mandants pour leurs affaires, en l’absence de ceux-ci. Grâce aux missi, nuncii, procuratores, a pu être mis en place un système d’échanges coordonné entre Gênes et la Romanie, activée la circulation des capitaux, évitées les difficultés nées de la lenteur des déplacements et des transports d’espèces monétaires, toujours dangereux. Le mandat a une place essentielle dans les relations entre gens d’affaires, qu’il fasse l’objet d’un accord particulier, ou qu’il apparaisse implicitement dans tout autre contrat où les parties en présence désignent leurs mandataires respectifs. Le mandat est parfois de portée générale: un marchand quittant un des comptoirs d’Orient désigne un homme de confiance pour liquider les affaires qu’il n’a pu mener à bien avant son départ. De même, un envoyé peut se substituer à une personne empêchée de quitter Gênes et conclure, en son nom, tout accord en Orient. De telles procurations, formulées sans restriction, ne sont pas les plus nombreuses. Généralement, le mandant impose des limites à la délégation de ses pouvoirs, sans en modifier la nature. Limite de temps: la procuration est valable la durée d’un voyage en Orient, deux, trois ou même cinq ans. Limite de lieu: le mandataire ne peut agir qu’à Péra, Chio, Caffa, en Gazarie ou toute autre place de la mer Noire. Ces mandats accompagnent alors les transactions commerciales: après s’être procuré 117 ASG. San Giorgio 37/16, année 1350. 118 J. Day, I conti privati della famiglia Adorno (1402-1408), dans Miscellanea di Storia Ligure, t. I, Gênes, 1958, pp. 43-120. 119 J. Heers, Le livre de comptes, op. cit. LES TECHNIQUES COMMERCIALES 641 les moyens de commercer en concluant des contrats de commande et des pactes de nolisement, un marchand confie à un mandataire le soin de régler ses affaires, ou, mandataire lui-même, il se charge de veiller aux intérêts d’un tiers, au terme de son voyage l3#. Le champ d’application des mandats est souvent plus restreint. Le recouvrement d’une créance constitue une des tâches les plus courantes des mandataires: c’est l’objet d’une bonne moitié des procurations délivrées pour la gestion d’affaires en Orient. Un nuncius remplace le bailleur de fonds pour le recouvrement de sommes investies en commande à Péra ou en mer Noire. La veuve ou les héritiers d’un marchand mort en Romanie se font représenter pour obtenir le rapatriement de la succession: près du quart des mandats concerne des problèmes d’héritage ouverts en Orient. Des envoyés sont chargés de vendre des maisons à Péra ou d’encaisser le loyer des biens immobiliers que le mandant possède outre-mer; de faire valoir des droits à dédommagement, particulièrement dans l’empire de Trébizonde; de représenter un marchand dans un litige porté devant les autorités coloniales; de recevoir des marchandises, d’emprunter ou de conclure un contrat de change, d’accorder une quittance ou de recouvrer en Orient des écrits indispensables à la bonne marche des affaires du mandant. Bref, il n’est pas d’affaire où n’intervienne quelque intermédiaire dûment délégué. En ce sens, le mandat sert à nouer des liens étroits entre marchands génois d’Orient et d’Occident; il donne une grande souplesse à la vie commerciale et financière et contribue à former une vaste communauté d’hommes d’affaires, où chacun peut agir pour le compte d’autrui ou se faire représenter sur les places les plus éloignées de la métropole. L’individualisme du marchand génois, élément essentiel d’un portrait collectif1'1, trouve dans le réseau très dense des mandats et des procurations, de singulières limites. 120 Cf. l’activité de Buonsignorc Caffaraino à Caffa en 1290: M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., p. 59. 121 R. S. Lopez, Le marchand génois, op. cit. 10 CHAPITRE XI LES PROBLÈMES MONÉTAIRES Après avoir étudié les acteurs des échanges entre Gênes et la Romanie et les moyens techniques qu’ils utilisent, il faut tourner notre attention vers les principaux supports de la vie de relations, et en premier lieu vers l’étude des instruments monétaires. Contrairement à ses concurrentes dont la monnaie s’est imposée sur les marchés régionaux et internationaux, Gênes, en dépit d’une expansion économique remarquable à partir du XIIe siècle, n’a jamais réussi à faire de son genovino le « dollar du Moyen Age », l’instrument privilégié des échanges dans ses comptoirs du Levant. Il n’y a pas lieu d’examiner dans le détail les causes de cet échec: absence du sens de la communauté chez les hommes d’affaires, impuissance chronique de l’Etat, difficultés financières incessantes dont les conséquences sont notoires dans les établissements génois d’Orient, amenuisement de la valeur intrinsèque de la monnaie génoise aux XIIIe et XIVe siècles, alors qu’au contraire le gouvernement vénitien réussit à maintenir intacts le poids et le titre du ducat et à faire évoluer d’heureuse façon le rapport entre sa monnaie d’or, le gros d’argent et les monnaies divisionnaires ‘, toutes ces raisons expliquent qu’une zone monétaire dominée par le genovino n’ait jamais pu se développer. Les modalités d’implantation des Génois en Orient n’y étaient guère favorables non plus. Lorsque ceux-ci apparaissent sur les rives de la Corne d’Or, l’hyperpère byzantin est encore une espèce dominatrice, jouissant d'un grand prestige, au moins jusqu’en 1180 2; au contraire la petite monnaie gé- 1 G. Luzzatto, Storia economica di Venezia, op. cit., pp. 93-99 et 213-219; F. Thi-riet, La Romanie vénitienne, op. cit., pp. 306-307; Ph. Grierson, La moneta veneziana nell'economia mediterranea, dans Civiltà veneziana del Quattrocento, s.l.n.d. (Florence, 1957), pp. 77-97. 2 Sur la monnaie des Comnènes. cf. en dernier lieu le travail de M. Hendv, Coinage and money in the Byzantine Empire, 1081-1261, Dumbarton Oaks Studies XII, 1969 et les remarques critiques de T. Bertelè, Moneta veneziana e moneta bizantina in Venezia e il Levante fino al secolo XV, Atti dd I Convegno internazionale di Storia della Civiltà Ve-1 neziana (Venezia, 1968), Florence, 1973, t. I, pp. 83-194. 644 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE noise, deniers d’argent frappés à partir des années 1140, répond mieux aux besoins de l’économie domestique qu’à ceux des échanges internationaux. Au XIIIe siècle, la situation monétaire a changé: Gênes, sans doute depuis la fin du XIIe siècle, possède des gros d’argent et émet une monnaie d or, le genovino, à partir de 1252 \ Mais l’hyperpère byzantin, de poids réduit, et dont l’aloi oscille entre 18 carati sous Jean Vatatzès et 15 carati dans les premières années du règne de Michel VIII Paléologue, reste encore une monnaie dominante; d’autre part, les traités conclus avec Gênes, sous Michel Paléologue et son successeur, ne comportent jamais cet abandon de souveraineté que constituerait l’attribution d’un droit de monnayage à une communauté étrangère établie dans l’empire. Le gouvernement génois n insiste d ailleurs aucunement pour l’obtenir: dans les statuts de Péra de 1304 figure une clause interdisant aux autorités génoises d’outre-mer de battre monnaie en quelque lieu que ce soit. Dans la capitale de l’empire, on ne passa outre a cette interdiction qu’au XVe siècle, lorsqu’il n’y eut plus d’Etat à Byzance pour la faire respecter4. Jusque vers 1420, les Génois de Péra utilisent la mon naie de l’empire. Les textes, livres de comptes et minutes notariales, permet 3 R. S. Lopez, Settecento anni fa: il ritorno all’oro nell'Occidente duecentesco, dans Rivista storica italiana, t. LXV, 1953, pp. 19-55 et 161-198, réimpr. Naples, 1955; Idem, Back to Gold, 1252, dans Economie History Review, 2e s., t. IX, 1956, pp- -19-40, Idem, Prima del ritorno all’oro nell’Occidente duecentesco: i primi denari grossi d tfr gemo, dans Rivista storica italiana, t. LXXIX, 1967, pp. 174-181. Sur la monnaie génoise, à côté du livre tout récent de G. Pesce-G. Felloni, Le Monete genovesi - Storia arte ed economia delle monete di Genova dal 1139 al 1814, Gênes, 1975, il faut encore avoir recours au Corpus Nummorum italicorum, vol. III (Liguria - Isola di Corsica) Rome, 1912, à C. Desimoni, Introduzione alle Tavole descrittive delle monete della zecca di Gl nova dal MCXXXIX al MDCCCXIV, dans ASLl, t. XXII, 1890, à compléter par les études plus récentes de C. Astengo, Il denaro primitivo della zecca di Genova nei due secoli di sua emissione, dans Atti del Congresso internazionale di Numismatica (1961), t. II, 1965, pp. 583 et sq.; G. Pesce, Monete genovesi, Milano, 1962; Idem, Contributo inedito al Corpus Nummorum per la zecca di Genova, dans ASLl, n.s., t. Vili (LXXXII), fase. 1, 1968, pp. 77-107; Idem, Le varianti al grosso I tipo per la zecca dal 1172 a prima del 1252, dans Rivista Italiana di Numismatica„ 1967, pp. 131-138, ainsi que par le catalogue Monete di Genova e della Liguria 1139-1814, Gênes, 1974. L étude de P. F. Casaretto, La moneta genovese in confronto con le altre valute mediterranee nei secoli XII e XIII dans ASLl, t. 55, 1928, doit être utilisée avec prudence. Le livre de G. Pesce - G. Felloni, Le Monete genovesi, op. cit., nous dispense d’une plus longue bibliographie. 4 V. Promis, Statuti, op. cit., p. 513; G. Schlumberger, Numismatique, op. cit., t. I, pp. 453-454. LUS PROBLÈMES MONÉTAIRES 645 tent au moins de préciser les rapports existant entre la monnaie génoise et l’hyperpère, monnaie réelle puis monnaie de compte. En mer Noire, les problèmes ne sont pas du même ordre. Dans le kha-nat de la Horde d’Or, principal partenaire commercial des Occidentaux, les monnaies de substitution ont une place importante; entendons par là qu’une large part des échanges s’effectue selon un système de troc, les biens de consommation, comme les pièces de draps ou de toiles constituant l’instrument de mesure des produits apportés par les caravanes des marchands tatars, avec lesquels l’usage de « baratare » est communément répandu5; ainsi une partie du commerce avec les Etats mongols échappe à l’empire de l'instrument monétaire et à toute évaluation quantitative. L’autre secteur, celui où les espèces sont l’instrument privilégié des échanges, est dominé par l’étalon-ar-gent. L’unité de référence est le saum, en italien sommo, poids d’argent constant obtenu à partir de barres de ce même métal; dans un sommo est frappé un nombre déterminé d’aspres d’argent, 202, à l’époque où écrivait Pegolotti, sur lesquels douze sont retenus pour les frais d’émission et le bénéfice de l’atelier6. Dans ces conditions, l’or des républiques italiennes est une marchandise comme une autre, et il est plus utile à nos marchands d’introduire en mer Noire des barres d’argent qui facilitent leurs échanges avec les Tatars que de proposer à ceux-ci des espèces ne répondant pas aux besoins de leur marché intérieur7. Toiles et draps d’un côté, métal blanc de l’autre, tels sont dans les régions pontiques les principaux instruments monétaires. La situation en mer Egée est encore plus complexe. Y circulent concurremment des espèces sur le déclin et des monnaies conquérantes, au milieu desquelles la monnaie génoise réussit difficilement à trouver sa place. Parmi les premières, les gros d’argent de Venise qui ont été la principale monnaie de l’espace égéen au temps de l’empire latin de Constantinople, et les hyperpères estimés aux poids locaux de Clarence, de Chio ou de Négrepont. Parmi les secondes, le florin et le ducat ou leurs avatars, serviles imitations des 5 Dans une lettre écrite de Tana à Gianotto di Negro, Antonio Maccia déclare avoir voulu « baratare » les toiles qui lui avaieni etc confiées contre de la soie: « J’ai vu la soie, eux (sans doute les marchands tatars) virent les toiles et ils n’en voulurent pas ». (ASG. Not. cart. n° 268/1, insérée entre ff. 44 v et 45 r, mai 1336). Sur le troc dans les pays de la Horde d’Or, cf. B. Spulcr, Die Gddcne Horde, op. cit., p. 400. 6 F. B. Pegolotti, U pratica della mercatura, op. cit., p. 25; B. Spuler, Die Goldene Horde, op. cit., pp. 330-331. 7 Sur ces exportations d’argent vers la mer Noire, cf. M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., ad indicem, s. v. argent et A. W. Watson, Back to Gold and Silver, dans The Economie History Revicw, 2e s., t. XX, 1967, p. 16. 646 l’exploitation économique de la komanie pièces d’or de Venise, et des pièces calquées sur le gigliat des Angevins, monnaie complémentaire du ducat d’or dans la circulation internationale au XIVe siècle8. Malgré la plénitude des droits de souveraineté exercés par les Génois sur l’île de Chio, il était difficile à la Mahone d’imposdr la monnaie de la métropole. Elle se contenta d’ajouter aux espèces en circulation soit des monnaies divisionnaires et complémentaires, soit des pièces imitant les bonnes monnaies, tout en se différenciant de celles-ci par un léger affaiblissement de leur valeur intrinsèque. Avant détudier les espèces en circulation, il faut évoquer les difficultés qui s’opposent à une analyse précise. Malgré quelques études de détail, dont le bilan a été dressé par J. Yvon9, il faut bien reconnaître que 1 on n a pas ajouté grand chose au livre de Schlumberger l0. Or celui-ci est plus attentif à la description des types monétaires qu’aux précisions portant sur le poids et l’aloi des pièces, données sans lesquelles l’histoire de la circulation monétaire est vaine et superficielle. Les séries de quelques médailliers locaux musées de Chio ou de Lisvori, au centre de Mytilène — n ont pas été vraiment étudiées. Bref, il y a là tout un matériel qui aurait besoin d être republié scientifiquement. Bien plus l’analyse chimique des espèces génoises ayant circulé aux XIIIe et XIVe siècles n’a guère été réalisée: si le poids des exemplaires conservés est bien connu, la valeur intrinsèque devrait être plus solidement établie, en dépit des études récentes ", Restent les sources écrites. Les renseignements complémentaires qu elles pourraient apporter sont trop souvent incertains. D abord, la plupart des données concernent des opérations de change; or les rapports entre deux monnaies, la livre génoise de monnaie courante et l’hyperpère, la livre et le sommo tatar, se situent simultanément à deux niveaux au moins: les changes commerciaux qui dépendent des oscillations du marché, de facteurs multiples tels que l’abondance ou la rareté de l’argent et donc la baisse ou la hausse du taux de l’intérêt, la quantité des marchandises jetées sur le marché par l’arrivée ou le départ des galères d’Orient, la régularité saisonnière de ces échanges ou bien le retard et même parfois la suspension du trafic, en 8 Ph. Grierson, La moneta veneziana, op. cit., pp. 84-85; Idem, Le gillat ou carlin de Naples-Prcvence: le rayonnement de son type monétaire, Catalogue de l’Exposition Centenaire de la Société Française de Numismatique 1865-1965, Paris 1965, pp. 43-56. 9 J. Yvon, dans Congresso Internazionale di Numismatica, vol. I, Relazioni France, Italie et Orient Latin, Rome, 1961, pp. 355-356. 10 G. Schlumberger, Numismatique, op. cit. 11 G. Pesce-G. Felloni, Le monete genovesi, op. cit. t LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 647 raison de menaces extérieures. En un mot, rien de plus fluctuant que ces changes commerciaux; rien de plus décevant non plus pour connaître la valeur réelle des monnaies ainsi transférées. Le second niveau est celui des changes officiels utilisés dans les actes administratifs: ils comportent une surprime qui prémunit le gouvernement génois contre une éventuelle dévaluation de la monnaie byzantine et désavantagent les fonctionnaires d’Outre-Mer, gratifiés de sommes inférieures à celles qu’ils obtiendraient aux cours du marché. Seconde difficulté: les habitudes des scribes et des notaires. Dans les registres comptables, comme dans les minutes notariales, les traces d’archaïsme et les ambiguïtés sont fréquentes. Quand, après 1390, se rencontrent encore les mentions d’hyperpères d’or, s’agit-il d’une monnaie réelle, frappée par exemple pour célébrer l’avènement de Manuel II, ou bien de la répétition routinière d’une formule ancienne désormais vidée de toute signification? Par ailleurs, lorsque dans un acte notarial une des parties exige que le paiement soit fait en espèces « bonnes et nouvelles », est-ce le signe d’une récente émission de pièces jusqu’alors inconnues ou bien le créancier souhaite-t-il seulement être payé en espèces de bon aspect dont le poids n’est pas amoindri par le frai12? Il faut donc porter au vocabulaire monétaire des scribes une attention très critique. I - Monnaie génoise et hyperpère Ces précautions prises, on doit reconnaître que les textes génois apportent d’intéressantes précisions sur la monnaie de Byzance et conduisent à nuancer les conclusions apportées par les dernières études de T. Bertelè 13. Ils soulignent d’abord la circulation parallèle d’espèces de valeur intrinsèque différente. Ainsi, en mai 1264, Giovanni Guercio remet à Pagano Cavaronco 49 pièces d’hyperpères estimés 47 hyperpères 11 keratia. En d’autres termes, le bailleur utilise les dernières pièces émises par Michel VIII Paléologue, à un titre voisin de 620 millièmes d'or et les fait correspondre aux premières émissions du régne réalisées à un titre de 640 millièmes, le poids étant identique; ou bien, et cette seconde hypothèse ne peut être rejetée, les 49 hyperpères sont d’un poids inférieur à celui des pièces d’une précédente 12 Voir à ce sujet les remarques très justes de P. Toubert, Les structures du Latium, op. cit., p. 561. 15 T. Bertelè, Moneta veneziana, op. cit. 648 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE la ROMANIE émission, l'affaiblissement étant de l’ordre de 1 °/o, à titre égal . De même en 1281, d’après une commande instrumentée à Péra, 100 hyperpères veteres équivalent à 107 hyperpères ad sagiti/n constantinopolitanutn. Le poids restant ici semblable, il faut entendre que les 107 hyperpères sont les pièces de 14 carati mises en circulation à la lin du regne de Michel VIII, alors que les hyperpères veteres, de poids égal, proviennent des premières émis-sons du règne, faites à un titre de 15 caratil5. Il y a donc sur le marché de Constantinople des apparitions tardives de pièces de bon aloi, que les marchands reconnaissent au poids et à la couleur. Ce phénomène de circulation-retard, constaté dans d’autres régions au Moyen Age, est particulièrement important à Byzance sous les Paléologues: rappelons que Pegolotti ne distingue pas moins de douze types d’hyperpères. Même si, selon les conclusions de Ph. Grierson, la liste en a été composée en deux temps, d abord vers 1290, puis après 1320, en une ultime mise à jour, il est incontestable que la plupart des pièces citées devaient circuler simultanément dans les premières décennies du XIVe siècle I6. Les variations de poids n’étaient pas moins importantes que les différences de titre. L’on sait que pour s’en prémunir, les marchands s attribuaient le droit de contrôler le poids des pièces d’or byzantines; leur balance devait attester que le poids des espèces reçues correspondait au poids d un nombre égal d’étalons ou saggi, le saggio ou è^àyiov étant la 72 partie de la livre romaine ou le sixième d’une once. La référence est donc un poids réel, cons tant de 4, 426 gr., lorsque la mesure s’effectue en poids de Constantinople . 14 ASG. Not. cart. n° 70, f. 18 v; cf. T. Bertelè, Moneta veneziana, op. cit., p. 66. Malheureusement, en dehors du texte célèbre de Pachymère sur la dévaluation de 1 h\ perpère (éd. de Bonn, t. II, 1. VI, 8, p. 494), on ne possède aucune source écrite sur l'affaiblissement de la monnaie byzantine entre 1261 et 1282. 15 G. I. Bratianu, Recherches sur Vicina, op. cit., n° 31, p. 168; cf. I. Bertelè, Moneta veneziana, op. cit., p. 116. Ces hyperpères veteres appartiennent sans doute à la meme émission que la monnaie de Michel VIII récemment publiée par O. Iliescu, I ezaurul de perperi bizantini de la Isaccea, dans Studii si Cercetari de Numismatica, t. VI, Bucarest, 1975, p. 240. 16 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 288-289; cf. Pli. (irierson, The coin list of Pegolotti, dans Studi Sapori, t. I, iMilan, 1957, pp. 483-492; T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., p. 41, note 1. En 1288 et 1289 sont cités dans les minutes génoises les hyperpères paialogi (ou paglialocatli de Pegolotti, p. 288) et les hyperpères des trois saints (Pegolotti, p. 280): cf. ASG. Not. cart. n° 131, f. 103 r et n° 10, f. 105 v. 17 Sur le sens du mot sagium qui n’est en aucun cas le titre de la monnaie, cf. T. Bertelè, Moneta veneziana, op. cit., pp. 112-113. On trouvera un exemple des balances un- Ll-S PROBLÈMES MONÉTAIRES 649 Jusquaux premières années du XIVe siècle, les paiements en hyperpères se réfèrent au saggio de Constantinople: l’on rencontre dans les minutes notariales des expressions comme yperperos bonos ad pondus Constantinopolis, yperperos ad generale pondus Constantinopolis, ou bien yperperos boni et iusti ponderis ad saium Constantinopolis. Aucun doute n’est possible: les hommes d affaires génois utilisent la monnaie byzantine et l’évaluent au poids de Constantinople. En 1263, d’après une minute notariale, 2.315 hyperpères représentent un poids de 350 onces 3 deniers, soit 3,99 gr. par hyperpère; cette valeur est l’exacte moyenne des trois spécimens, frappés sous Michel VIII, qu’analyse T. Bertelè: le poids de ces pièces s’échelonne en effet de 3,85 gr. à 4,15 gr. 18. Les textes s’accordent donc parfaitement avec les mesures relevées par les numismates. A partir de la première décennie du XIVe siècle, l’usage s’établit chez nos marchands d’utiliser non plus le saggio de Constantinople, mais celui de Péra qui lui était légèrement inférieur (4 gr., 40); on rencontre encore en 1312 la mention d’hyperpères ad saium Constantinopolis, mais très vite se généralise la référence au poids de Péra 19. Faut-il rappeler en effet que par le chrysobulle de mars 1304, Andronic II a accordé aux Génois « omnimodam libertatem et jranchisiam ad ponderandum merca-ciones eorum » et le règlement de 1317 revient sur le droit qu’ont les autorités de Péra d’utiliser leurs propres poids20. L’hyperpère reste bien entendu le même, mais son poids est exprimé en chiffres légèrement différents, en raison de l’écart de 0,5 % existant entre les étalons de Constantinople et de Péra. Suivre l’évolution à long terme de l’hyperpère sur le marché commercial génois suppose que soient établis la valeur du sou de Gênes en grammes d’argent, l’équivalent-or de cette valeur, c’est-à-dire le rapport or-argent à irne date déterminée. En ce domaine, nos connaissances sont encore très limitées comme en témoigne le tableau suivant: lisées pour peser les hyperpères à Vicina in P. Diaconu, Cintare pentru verificat grentatea perperitor de Vicina, dans Studii si Cenerari de Numismatica, t. VI, Bucarest, 1975, pp. 243-245. 18 ASG. Not. cart. nn 30/1, f. 58 v; cf. T. Bertelè, Moneta veneziana, op. cit., p. 66. 19 A notre connaissance la première mention du saium Peyre est de 1309 (ASG. Not. cart. n° 147/11, f. 139 bis). 20 L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., pp. 106 et 119. 650 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 39 - Le rapport or-argent à Gênes (1261-1405) Poids Equivalent Rapport or-argent Années d’argent-fin or à Gênes 22 à Venise23 du sou 21 du sou21 1261 2,71 gr 0,299 gr 1 : 9,06 --- 1268 2,71 gr 0,257 gr 1 : 10,54 --- 1275 2,75 gr 0,257 gr 1 : 10,70 --- 1281 --- 0,247 gr --- --- 1286 2,70 gr 0,252 gr 1 : 10,71 1 : 10,64 1287 2,71 gr 0,252 gr 1 : 10,75 --- 1289 2,70 gr --- --- --- 1291 2,74 gr 0,251 gr 1 10,91 --- 1302 --- 0,209 gr --- --- 1305-1306 2,41 gr 0,179 gr 1 13,46 --- 1311 --- 0,167 gr --- 1 : 13 1327-1328 2,16 gr 0,145 gr 1 14,88 1 : 14,18 1335 2,08 gr 0,143 gr 1 14,54 --- 1340 1,71 gr 0,143 gr 1 11,95 --- 1349-1350 1,49 gr 0,143 gr 1 10,41 1 : 9,45 1365 1,51 gr 0,143 gr 1 10,56 --- 1390 1,50 gr 0,143 gr 1 10,48 --- 1404-1405 1,47 gr 0,143 gr 1 10,27 Que conclure de ces données? On remarquera d abord la dévaluation sou d’argent à partir de la fin du XIIIe siècle, 21 °/o de 1291 à 1327, 32 /o de 1327 à 1405. L’amenuisement du gros génois, comme la diminution du contenu métallique du denier de Pavie deux siècles auparavant est la conséquence plutôt d’une accélération du rythme de l’économie que des perturbations dans les finances des villes et des Etats provoquées par les séquelles des guerres, des pestilences, des troubles politiques et sociaux. Comme 1 21 Sources: ASG. Not. ign., B. 22, fr. 3, ff. 39 v, 48 v; cart. n° 41, f. 26 r et v; cart. n° 330, f. 9 v; C. Desimoni, Le prime monete d'argento della zecca di Genova, e il loro valore (1139-1493), dans ASLl, t. XIX, 1887; Idem, Tavole dei valori, dans L. T. Bei-grano, Vita privata dei Genovesi, Gênes, 1875; G. Pesce-G. Felloni, Le Monete genovesi, op. cit., pp. 223-224. 22 On comparera avec le tableau d’A. M. Watson, Back lo Gold and Silver, op. cit., pp. 23-25, qui n’utilise que les données connues de C. Desimoni. 23 Source: G. Luzzatto, Storia economica di Venezia, op. cit., pp. 97 et 215. 24 P. Toubert, Les structures du Latium, op. cit., p. 556-557, notes 1 et 2 (bibliographie des travaux de R. S. Lopez, Ph. Grierson, C. Cipolla, D. Herlihy). LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 651 montré C. Cipolla, une période de prospérité coïnciderait avec la dévaluation progressive de la monnaie divisionnaire d’argent ou de cuivre, en raison de l’augmentation des prix nominaux et des besoins accrus en moyens de paiement. Au contraire, une phase de stagnation ou de régression économique serait marquée par la stabilité et parfois même par la réévaluation de la monnaie d’argent. Dans les périodes d’intense activité économique, se fait sentir le besoin d’une plus vive circulation des monnaies divisionnaires pour les échanges internes et le paiement des salaires et des services 25. Le tableau ci-dessus confirme ce schéma général. Jusqu’en 1328, la courbe descendante de la valeur intrinsèque du gros d’argent est forte et le rapport entre l’or et l’argent s’élève jusqu’à plus de 1:14, atteignant même 1:14,88 en 1327-1328. Venise alors prend acte de la diminution du prix de l’argent et décide de modifier le rapport entre le ducat et le gros d’argent, dont la valeur passe de 1/18 à 1/24 de la monnaie d’or, le poids et le titre des deux monnaies restant inchangés. Au contraire, à partir de 1328 et jusqu’aux premières années du XVe siècle, la dévaluation du gros d’argent est plus lente, car dans toute l’Europe on assiste à une hausse du prix de l’argent. Le génois d’or, équivalant à 25 sous, se stabilise à partir de 1339 et le rapport entre les deux métaux change du tout au tout, pour se fixer à 1:10 environ à la fin du XIVe siècle. En tenant compte de ces fortes variations, il est possible maintenant de comprendre l’évolution de l’hyperpère par rapport à la livre de monnaie courante de Gênes. Dans leurs calculs, marchands, comptables publics et notaires ne prêtent attention qu’à des hyperpères-étalons définis par leur poids au saggio de Constantinople ou de Péra. Les variations du titre, bien connues dans le monde des affaires, influencent donc seules les paiements et le marché des changes. Pour connaître alors la valeur réelle de l’hvperpère en monnaie génoise à une date déterminée, il faut essayer d’établir une moyenne entre la valeur indiquée dans les opérations de change sur Constantinople et 25 C. Cipolla. Studi di Storia della moneta, op. cit. Toutefois les fluctuations du rapport entre l'argent et l'or n'ont pas que des causes purement économiques; à côté des besoins du commerce, il faut faire intervenir la production plus ou moins grande des mines argentifères ou aurifères. Au Moyen Age l’exploitation des mines de Sardaigne, du Harz, de Bohême, de Serbie et de Bosnie, comme aux temps modernes celle du Potosi, a dû faire varier considérablement la valeur de l’argent. Sur ces problèmes complexes, cf. D. Kovacevic, Les mines d'or et d’argent en Serbie et Bosnie, dans Annales E.S.C., t. XV, 1960, p. 248-258; R. H. Bautier, L'or et l'argent en Occident de la fin du XIIIe siècle, au début du XIVe siècle, c.r. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1951, pp. 169-170; A. M. Watson, Back to Gold and Silver, op. cit., pp. 15, 17,18, 31, minimise l’importance de l'exploitation minière comme cause des troubles monétaires. 652 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE sur Péra, transactions qui donnent lieu à une surprime en faveur de la livre de monnaie courante de Gênes, et celle que fournissent les rechanges sur Gênes ou bien les reçus de prêts, de parts d’héritage, qui impliquent eux aussi un change sur Gênes, favorable cette fois à l’hyperpère. La valeur moyenne est, à notre avis, la plus proche du rapport réel entre les deux monnaies. Elle s’établit comme suit: 20 40 - Valeur de l’hyperpère en livres de monnaie courante Années Valeur moyenne de l’hyperpère Sources en livres de monnaie courante 1261 1 hyperpère d’or = 10 s. ASG. Not. Cart. n° 69, ff. 17 r, 29 v, 30 r. Not. ign. B. 6, fr. 69, ff. 17 v, 21 v. 1264 1 hyperpère d’or = 9 s. ASG. Not. Cart. n° 62, f. 189 v; n" 36, f. 56 r. 1268 1 hyperpère d’or = 9 s. 6 d. ASG. Not. Cart. n“ 62, ff. 62, 88 r. 1274 1 hyperpère d’or = 10 s. 1 d. ASG. Not. Cart. n° 63/1, ff. 19 r, 26 r, 41 v. 1275 1 hyperpère d’or = 10 s. 2 d. ASG. Not. Cart. n° 86, f. 49 r; n° 111, f. 92 v. 1278-1279 1 hyperpère d’or = 10 s. 2 d. ASG. Not. Cart. n* 76, f. 227 r; Not. ign. B. 22, fr. 5. 1282 1 hyperpère d’or --- U s. ASG. Not. Can. n° 40/11, f- 70 r; n° 73, f. 97 r; n" 123, f. 13 r; n° 93, f- 104 r. 1287 1 hyperpère d’or = 10 s. 6 d. ASG. Not. Cart. n° 63/11, ff- 25v. 26r; Not. ign. B. 21. fr. 1, picce 4, f. 14 r. 1291 1 hyperpère d’or = 11 s. ASG. Not. Cart. n° 89, f. 78 v; n° 64, ff. 69 v, 175 r. 1292 1 hyperpère d’or = 11 s. ASG. Not. Cart. n° 71, f. 78 v; n’ 63/1, f. 207 v; n° 88, f. 133 v. 1294 1 hyperpère d’or = 10 s. 6 d. ASG. Not. Cart. n° 135, f. 17 r; n° 121, f. 191 v; n° 137, f. 93 r. 1296 1 hyperpère d’or - 11 s. ASG. Not. Cart. n° 90, ff. 52 r, 86 r; n° 133, f. 140 r. Pour le XIIe siècle, cf. le tableau présenté par M. Chiaudano, La moneta di Genova nel secolo XII, dans Studi Sapori, t. I, 1957, p. 211. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 653 \ aleur moyenne de I hyperpere Annees .. . en livres de monnaie courante 1300 1 hyperpère d’or = 11 s. 1301 1 hyperpère d’or = 11 s. 1302 1 hyperpère d’or = 11 s. 9 d. 1305 1 hyperpère d’or = 12 s. 2 d 1309 1 hyperpère d’or = 11 s. 6 d 1311 1 hyperpère d’or = 13 s. 4 d. 1312 1 hyperpère d’or = 13 s. 4 d. 1313-1314 1 hyperpère d’or = 13 s. 9 d 1323 1 hyperpère d’or = 12 s. 2 d (à Péra) 1330 1 hyperpère d’or = 16 s. 1334-1335 1 hyperpère d’or = 15 s. 1336 1 hyperpère d’or = 14 s. 11 d. 1338 1 hyperpère d’or = 15 s. 1339 1 hyperpère d'or = 15 s. 3 d. 1343-1344 1 hyperpère d’or = 14 s. 1346 1 hyperpère d’or = 14 s. 1348 1 hyperpère d'or = 15 s. 6 d. Sources ASG. Not. Cart. n° 75/11, f. 244 r; V. Promis, Statuti, op. cit., p. 269. ASG. Not. Cart. n° 136, f. 16 v; n° 46, f. 30 v. ASG. Not. Cart. n° 137, ff. 7 r, 12 v, 23 v, 106 r, 119 r, 126 r. ASG. Not. Cart. n° 137, f. 162 v; n° 67, f. 106 r. ASG. Not. Cart. n° 147/11, f. 139 bis r, 141 r; Not. ign. B. 3, fr. 38, f. 24 r. ASG. Not. Can. n° 149/11, ff. 7 r, 22 r, 86 v; Not. ign. B. 8, fr. 93, f. 231 r. ASG. Not. Cart. n° 67, f. 172 r; n° 33, ff. 136 r et 160 r. ASG. Not. Cart. n° 8, ff. 75 v, 114 r, 160 r; n° 203, f. 107 v. T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., p. 42. ASG. Not. Cart. n° 278/11, f. 15 r. ASG. Not. Cart. n° 242, ff. 109 v, 117 r; filza n° 272, doc. 122; Not. ign. B. VIII fr. 1,4. ASG. Not. filza n° 225, doc. 43; Not. ign. B. VII, fr. 6,2. ASG. Not. Qrt. n° 280, f. 72 r; n° 187, f. 30 v. ASG. Not. Cart. n° 110, f. 179 v; Not. ign. B. VIII, pièce 2, fr. 5. ASG. Qrt. n" 229, ff. 18 v, 47 r; n° 231, ff. 14 r, 53 r, 68 r. ASG. Cart. n° 232, ff. 108 v, 119 r; n° 333, f. 43. ASG. Not. Cart. n° 233, ff. 7 r, 13 v, 14 v, 62 v, 72 v. 654 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Années Valeur moyenne de l’hyperpère en livres de monnaie courante 1349 1 hyperpère d’or = 15 s. 1350 1 hyperpère d’or = 14 s. 5 d. 1351 1 hyperpère d’or = 14 s. 1353 1 hyperpère d’or = 15 s. 1357-1358 1 hyperpère d’or = 13 s. 1361 1 hyperpère d’or = 14 s. 3 d. 1364 1 hyperpère d’or = 13 s. 1367 1 hyperpère d’or = 12 s. 6 d. (à Péra) 1369 1 hyperpère d’or = 13 s. 9 d. 1370 1 hyperpère d’or = 14 s. 1 d. 1374 1 hyperpère d’or = 14 s. 6 d. 1376 1 hyperpère d’or 16 s. rechange sur Gênes = 1377 1 hyperpère d’or : 16 S. rechange sur Gênes = 1378 1 hyperpère d’or : 16 S. rechange sur Gênes = 1383 1 hyperpère d’or : 14 S. 3 d. moyenne = 1384 1 hyperpère d’or : 13 S. 8 d. moyenne = Sources ASG. Not. Cart. n° 331/1, ff. 64 v, 106 r, 164 v. ASG. Not. Cart. n° 235, ff. 95 v. 242 r, 298 v, 300 r; n° 236, ff. 62 r, 63 r. ASG. Not. Cart. n° 237, ff. 4 r, 58 r, 95 r, 113 r; Antico Comune n° 49, f. 48; n° 625, f. 1. ASG. Not. Cart. n° 238, ff. 133 r, 136 v; n° 331/1, ff. 234 v, 254 r, 257 v; n° 330, f. 87 v. ASG. Not. Cart. n° 223/11, f. 4r; Ant. Comune, n° 8, f. 7 v; n° 52, £. 49. ASG. San Giorgio Gabella grani 1361, f. 11 r. ASG. Ant. Comune n° 69, f. 64. T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., p. 124. ASG. Not. Qrt. n° 410/11, f. 154 v; n°367, f. 124 v; filza n°464, doc. 41. ASG. Not. filza n° 293, doc. 48; n* 320, ff. 201 r, 210 r; n° 425, ff. 141 r, 144 r. ASG. Not. Cart. n° 314, f. 95 r. ASG. Not. Qrt. n" 397, f. 138 v; n° 314, f. 69 v. ASG. Not. art. n° 322, f. 92r-v. ASG. Not. art. n° 380, f. 125 r. 409, ff. 140 r, 159 v. 184 r; Antico Comune n° 58, ff. 27 et 145. Années 1385 1388 1389 1390 1391 1393 1395 1396 1398 1401 1402 1404 LES PROBLEMES MONÉTAIRES 655 Valeur moyenne de l’hyperpère en livres de monnaie courante 1 hyperpère d’or moyenne = 13 s. 5 d. 1 hyperpère d’or rechange sur Gênes = 16 s. 1 hyperpère d’or nominal argent = 12 s. 1 hyperpère nominal argent (change officiel) = 12 s. (à Péra) 1 hyperpère nominal argent moyenne = 10 s. 11 d. 1 hyperpère = 11 s. 3 d. nominal argent moyenne 1 hyperpère = 10 s. 9 d. nominal argent moyenne 1 hyperpère = 13 s. rechange sur Gênes 1 hyperpère = 10 s. 11 d. nominal argent 1 hyperpère = 10 s. nominal argent 1 hyperpère = 9 s. 6 d. nominal argent 1 hyperpère = 9 s. 6 d. nominal argent 1 hyperpère = 9 s. 8 d. nominal argent 1 hyperpère = 8 s. 8 d. nominal argent (à Péta) Sources ASG. Not. Cart. n° 311, ff. 55 r, 74 r, 88 v. ASG. Not. Cart. n° 401, f. 36 v. ASG. Not. Cart. n° 321, f. 83 r. ASG. Antico Comune n° 66, f. 67. ASG. Antico Comune n° 20, f. 17. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. 12, 14, 20. ASG. Mass. Péra 1390, f. 8v; Not. Donato di Chiavari 1389, doc. 65. ASG. Not. Cart. n° 448, f. 145 v. ASG. Not. Cart. n° 312, ff. 28 r, 103 r, 194 r. ASG. Not. Qrt. n° 451, ff. 232 r, 260 v; n° 324, f. 85 r. ASG. Cart. n° 320, f. 141 r; n° 313, f. 215 v; Antico Comune n° 23, f. 111. ASG. Not. filza n° 444, doc. 191. ASG. Not. filza n° 413/III, doc. 35. ASG. Not. filza n“ 487, doc. 44; Mass. Péra 1402, f. 133 v. ASG. Sind. Péra, t. II, f. 74 v. 656 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE L’interprétation de ces chiffres n’est pas toujours aisée. Il nous semble qu’en une première période allant de 1261 aux premières années du XIV' siècle, les valeurs du sou et de l’hyperpère suivent des courbes descendantes parallèles. Entre les pièces frappées sous Michel VIII et les émissions d Andronic II antérieures à 1294 (à partir de cette date, l’empereur associé Michel IX figure au côté de son père sur des pièces dont le titre s altère rapidement), la baisse de valeur est de l'ordre de 5,4 0 o. De 1275 à 1288, le poids d argent fin du sou de Gênes diminue de 6,3 %. Il y a donc entre les deux monnaies un ajustement constant, corollaire probable d’un certain équilibre dans les échanges entre Gênes et l’Orient byzantin. A partir des années 1305, 1 amenuisement du sou s’accélère, alors que l’hyperpère a atteint le bas de la courbe avec les dernières émissions d'Andronic II associé à Michel IX, cest-à-dire entre 1310 et 1320. Quoique l’on soit encore mal renseigné sur les émissions d’Andronic III, de Jean V et d’Anne de Savoie, il semble, a la lecture des tableaux de Bertelè, que la monnaie d’or byzantine, dont le titre se stabilise désormais aux alentours de 11 carati, ait un poids légèrement supérieur à celui de la période précédente: alors que le mode des monnaies d Andronic II est à 3,84 gr., il s’établit à 3,98 gr. entre 1325 et 1343 ‘7. Cette légère revalorisation explique sans doute, en même temps que l’abaissement du prix de l’argent, que le rapport entre la monnaie génoise et 1 hyperpère soit le plus favorable à ce dernier de 1330 à 1340. Mais à partir de cette date, la tendance se renverse de manière durable. Le renchérissement de l’argent en Occident provoque la hausse de la valeur du sou par rapport à 1 hyperpère: ce dernier ne résiste qu’autour des années 1353-1355, lorsque l’atelier de Constantinople frappe des pièces d’un excellent aloi, portant l’effigie du seul Jean V Paléologue, émission probablement exceptionnelle et connue par un seul exemplaire conservé au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale. Ce devait être d’ailleurs les dernières pièces d’or de Byzance, si 1 on excepte celles qui furent frappées sous Manuel II et sur lesquelles la lumière est encore loin d’être faiteM. Tout en continuant à circuler encore pendant 27 T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., pp. 66-67. On rappellera avec Schil-bach (Byzantinische Metrologie, Munich, 1970, p. 167) que la valeur modale des poids des hyperpères émis de Jean III à Manuel II est comprise entre 2,95 gr. et 4,02 gr. et que 16 % des 62 pièces utilisées pour ce calcul se situent entre ces deux limiies. Malheureusement certaines des attributions faites par T. Bertelè sont aujourd’hui discutées: c’est ainsi, comme a bien voulu nous le confirmer C. Morrisson, que l’hyperpère attribué à Michel VIII et Andronic II (La moneta veneziana, op. cit., p. 66, n° 25) est en fait un hyperpère d’Andronic II et de Michel IX. 28 T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., p. 22, n. 1. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 657 de nombreuses années, l’hyperpère d’or est progressivement évincé par le métal blanc; la frappe de Phyperpère s’effectue en quantités de plus en plus réduites à partir de 1328 et cesse tout à fait après la dernière émission •— probablement exceptionnelle — de Jean V (vers 1354). L’évolution est achevée au plus tard en 1376 lorsque, comme le rappelle Bertelè, l’on voit circuler une monnaie exclusivement d’argent 29. Que nous apprennent les textes génois sur 1 avènement du nouveau système monétaire? Jusqu’en 1383, seuls sont mentionnés les hyperpères d’or; le premier « oubli » par un scribe de la référence au métal jaune n’est guère significatif: on le rencontre dans un contrat de change qui prévoit le même taux de rechange qu’un autre contrat où figure la référence à l’or30. Ce n’est vraiment qu’en 1388 que se distinguent hyperpères d’or et hyperpères nominaux d’argent, lorsque le taux de rechange sur Gênes est pour le premier de 16 sous et pour le second de 12 sous . Enfin, en octobre 1389, sont mentionnés en toutes lettres les « hyperpères d argent » dans les minutes du notaire Donato di Chiavari32. C’est dire que, d après nos textes, l'avènement d’un système monétaire fondé sur le monométallisme-argent devrait être retardé de quelques années par rapport à la date communément admise; si les premières pièces d’argent d’Andronic IV ( 1376-13/ 9) entrent parfaitement dans les normes du nouveau système, les hyperpères d’or ont continué à circuler bien des années après la disparition du protégé des Génois: T. Bertelè en donne quelques exemples, auxquels il faudrait ajouter des minutes notariales de 1393, de 1395 et même de 1402 faisant référence à l’or Les années 1386-1388 sont une période charnière dans le passage d'un système à un autre: en 1386, le Sénat de Venise prend s Ibidem, pp. 22-25, 1)8-139; Idem, L'ipcrpero bizantino, op. cit., pp. 9-11. 30 ASG. Not. cart. n# 409, ff. 112r et 159v. 31 ASG. Not. cart. n® 321, f. 83 v; cart. n” 401, f. 36 v. 3: ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 12. La remarque en a été faite par T. Bertele, dans L'ipcrpero bizantino, op. rit., p. 81, et La moneta veneziana, op. cit., p. 25. 3J ASG. Not. cart. n° 312, f. 252 v; n 324, ff. 85r, 88 r; filza n’ 487, doc. -R Cf. T. Bertele, La moneta veneziana, op. cit., p. 22, note 1. Plutôt que de voir dans ces documents la répétition d’une formule ancienne désormais privée de sens, ou la référence à une petite émission d'hyperpères d'or, faite a l’occasion du début du règne de Manuel II, il parait plus judicieux de considérer qu’il s’agit d'une référence à des espèces anciennes par rapport auxquelles les nouvelles monnaies d’argent servent pendant quelque temps de monnaies divisionnaires avant de se substituer totalement aux pièces d’or, thésauri-sces ou exportées vers l'Occident, en raison du déséquilibre de la balance des paiements de l’empire byzantin. 11 658 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE acte du fait en majorant le cours du gros d’argent par rapport à Phyperpè-re34 et, deux ans plus tard, les hommes d’affaires génois, en prévoyant deux taux de rechange pour l’hyperpère, considèrent que pièces d’or et d argent circulent concurremment, avant que ne s’imposent ces dernières à partir des années 1390 3\ Dès lors, et jusqu’au début du XVe siècle, 1 évolution des changes est défavorable à Phyperpère, tant sur le marché vénitien que sur le marché génois; par rapport au sou, l’hyperpère retrouve autour des années 1405 la valeur qu'il avait au début du règne de Michel VIII Paléologue, mais ce n’est plus qu’une monnaie nominale. Selon nos textes, 1 hyperpère comparé au sou de Gênes a perdu 46 % de sa valeur entre 1334 et 1404, alors que, dans le même temps, le sou génois passait de 2,08 gr. à 1,29 gr., soit une dépréciation de 37,5 %. Le décalage réel n’est donc que de 8,5 % si 1 on se réfère au poids d’argent du sou. Mais il ne faut pas oublier que le genovino d’or maintient sa valeur pendant la même période; y référer 1 hyperpère permet mieux de mesurer la débâcle des finances et de 1 Etat à Byzance, dont l’abandon de la frappe de l’or puis le glissement régulier de la monnaie d argent byzantine sont des signes certains; au contraire, la stabilisation de la monnaie génoise et du rapport or-argent après 1350 sont le corollaire dune récession temporaire de l’économie génoise, précédant les nouveaux essors du XVe siècle36. II - L’aspre de Gazarie Dans les pays sous domination tatare, en dehors des monnaies de substitution dont il a été parlé, circule une monnaie d’argent divisionnaire du saum ou sommo\ l’aspre dont le qualificatif varie selon 1 atelier dont il pro- 34 F. Thiriet, Régestes du Sénat, op. cit., t. I, n° 709. 35 Cf. les comptes de la Massaria de Péra, dans L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p 165. Il est significatif que dans un reçu de 1395 le notaire ait écrit « yperperos auri » puis se soit repris en rayant le mot « auri »: cf. ASG. Not. cart. n° 402, t. 35 r. 36 II n’était pas dans notre propos d’étudier les sequins frappés au XVe siècle à Péra (cf. G. Schlumberger, Numismatique, op. cit., pp. 453-454). Peut-être cette émission a-t-elle pour origine le désir des autorités pérotes de se prémunir contre 1 avilissement de la monnaie byzantine, en se dotant de moyens de paiement répondant aux besoins du grand commerce international. Ce n’est pas un hasard si ces pièces sont frappées à l’imitation du ducat vénitien; cf. J. Yvon, Monnaies et sceaux de l’Orient latin, dans Revue numismatique, 6e s., t. VIII, 1966, pp. 100-101. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 659 vient. A Caffa, a la fin du XIIT siècle la monnaie est l’aspre baricat, du nom du premier khan du Kiptchak converti à l’Islam, Berke-Khan (1257-1267) qui fit mettre des légendes arabes sur ses monnaies37; en 1290, l’on tirait 120 aspres d’un sommo. Que représente celui-ci en poids d’argent? D’après Pegolotti, un sommo au poids de Caffa équivaut à 8 onces 1/2 de Gênes et son titre est de 11 onces 17 deniers par livre38. Comme la livre sottile de Gênes, utilisée pour les métaux précieux est de 316,75 grammes39, un simple calcul nous donne le poids d’argent fin du sommo-. 218,911 grammes soit 1)824 grammes pour 1 aspre baricat40. Or en 1288, le gros génois, valant un sou, contenait 2,80 grammes d argent fin; l’aspre baricat vaudrait donc théoriquement 7,82 deniers de Gênes. En appliquant les principes utilisés pour déterminer la valeur moyenne de l’hyperpère, on déduit d’après deux minutes notariales de 1286 et 1287 que l’aspre baricat correspond à 8 deniers de Gênes, c’est-à-dire à peu près exactement la valeur théorique ci-dessus définie . En d autres termes, a la fin du XIIIe siècle, l’aspre baricat est une bonne monnaie d argent, qui constitue un excellent instrument dans les échanges entre les pays tatars et l’Occident. Il ne le reste pas très longtemps. En effet, dès 1329, un acte notarié vénitien instrumenté à Caffa parle d’aspres « boni et expendibiles de cunio novo », expression qui nous paraît signifier davantage que l’habituelle précaution prise par les créanciers désirant être payés en bonne monnaie42. Quelques années plus tard, en 1333, on tire en effet 150 aspres, et non plus 120, d’un sommo et Pegolotti signale vers 1340 que l’on met en circulation 190 aspres à partir d un sommo*'. En 1343-1344, lorsque de nouvelles minutes 37 G. Schlumbcrgcr, Numismatique, op. cit., p. 462; B. Spuler, Die Goldene Horde, op. cit., p. 331. On trouvera quelques remarques sur les monnaies en usage à Caffa in L. Balletto, Genova, Mediterraneo, op. cit., pp. 179-194. a F. B. Pegolotti, Lì pratica della mercatura, op. cit., pp. 52 et 223. 39 P. Rocca, Pesi e misure, op. cit., p. 110. 40 Les calculs de G. Schlumberger se réfèrent à l’aspre tatar du début du XVe siècle auquel l’auteur attribue un poids allant de 0,84 à 1,10 gramme, sans parler aucunement du titre de la monnaie. 41 ASG. Not. cart. n° 41, f. 26 v; n° 74, f. 149 r. 42 AS. Venise, Cancelleria inferiore, B. 181, Not. Conrado de Sidulo, 28 juillet 1329. 41 F. Thirief, La Romanie vénitienne, op. cit., p. 307, note 4; F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 25. L’information de Pegolotti sur le système moné- 660 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE notariales instrumentées à Caffa donnent quelque lueur sur ces problèmes monétaires 44, on ne parle plus guère de l’aspre baricat, mais d aspres vieux, taillés à raison de 200 par sommo, c’est-à-dire pesant chacun 1,09 gramme d argent fin 45. Cela signifie que l’aspre s’est déprécié de 40 % en une cinquantaine d’années. Il est progressivement remplacé par des aspres uovi ou boni de cuneo novo 46, dont il est assez difficile de connaître la valeur exacte. Un seul texte d’interprétation délicate nous y aide. Le 6 janvier 1344, Francesco da Pegli vend un esclave au vicaire du consul de Caffa, pour un prix de 300 aspres nouveaux. Giovanni Longo, l’acheteur, ne verse pas 1 argent mais en compensation paie, au nom de Francesco, une dette de 5 sommi et demi envers un tiers47. Si l’équivalence est exacte, comme le suggère le texte, on tirerait d’un sommo 55 aspres nouveaux, pesant chacun 3,08 grammes d’argent fin, soit plus de trois fois et demie la valeur de 1 aspre baricat. C’est dire qu’en Crimée et dans les Etats de la Horde d’Or, la croissance économique a engendré la dépréciation constante de l’aspre, seule solution possible pour répondre aux besoins accrus en moyens de paiement métallique, mais que, par ailleurs, ces espèces dépréciées sont progressivement remplacées par d’autres, dotées d’une valeur intrinsèque plus élevée. Faute de pouvoir jouer des rapports entre or et argent, les autorités tatares, peut-etre sous la pression des marchands occidentaux, ont accepté la circulation simultanée de bonnes et de mauvaises espèces d’argent à l’intérieur des pays placés sous leur domination48. Le processus ainsi décrit se renouvelle dans la seconde moitié du XIV siècle et l’aspre retourne à ses errements anciens. Son titre varie d une annee taire en usage au Kiptchak ne date pas de 1290, comme le pense Ph. Grierson, The coin list of Pegolotti, op. cit. En effet l’équivalence entre 190 aspres et un sommo représente le terme d’une évolution commencée sous Berke-Khan: l’aspre s’est progressivement affaibli de 37 %. 44 G. Balbi - S. Raiteri, Notai genovesi in Oltremare, op. cit. 45 Ibidem, p. 70. 46 Ibidem, p. 141. 47 Ibidem, p. 38. 48 Ces remarques doivent beaucoup à l’analyse du système monétaire du Latium médiéval (P. Toubert, Les structures de Latium, op. cit., t. I, pp. 585-601) où les mécanismes de dépréciation compensée font intervenir des espèces monétaires dominantes d’origine étrangère, deniers de Pavie, de Lucques et de Provins. Au Kiptchak, au contraire, la relève des espèces dépréciées est assurée par des émissions réalisées par les ateliers tatars eux-mêmes. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 661 à 1 autre . Aussi les trésoriers de Caffa tiennent-ils leurs comptes en sommi, lorsqu il s agit de paiements importants pour travaux, approvisionnements, achats de matériel ou salaires des principaux fonctionnaires; la monnaie réelle n’intervient dans les registres que pour les paiements journaliers ou de faible valeur. Lorsqu’ils passent de celle-ci à la monnaie de compte, les trésoriers prennent soin de préciser le taux de cette conversion « prout comuniter valebant quando ipsos solvit »50. Précaution utile, car l’aspre ne cesse de se déprécier: en 1374-75, l’on taille 139 aspres 1/4 dans un sommo d’argent, c’est-à-dire que, pour reprendre les équivalences données par Pegolotti, l’aspre équivaudrait à 1,57 grammes d’argent fin, soit un affaiblissement de 61 % en une trentaine d’années51. Sa valeur est légèrement diminuée en 1381-1382, puisqu alors 142 aspres sont frappés dans un sommo52-, mais surtout elle se dégrade de beaucoup quatre ans plus tard, lorsque la guerre menée par les Génois contre les Tatars de Solgat provoque de grosses dépenses militaires et conduit les autorités de Caffa à affaiblir leur monnaie ou bien à adopter la monnaie tatare affaiblie pour les mêmes raisons. En 1386-1387, le taux varie de 145 à 160 aspres par sommo et même 172 aspres, lors du règlement de la solde d’un arbalétrier qui dut accepter de la mauvaise monnaie53. Le rétablissement de la paix entre les Génois et les Tatars n’a aucune conséquence monétaire immédiate; l’aspre continue de se deprécier à un rythme rapide: en 1391, on tire 150 aspres d’un sommo, en 1399, 193 aspres, en 1409, 200 aspres au change officiel des autorités de Caffa, alors que dans les paiements courants, on admet jusqu’à 237 aspres H. En vain, dans l’accord conclu entre le consul de Caffa et le seigneur de Solgat, Cot-tolboga, représentant le khan, les Génois ont-ils demandé au prince de « faire frapper de la monnaie de bon aloi, comme elle l’était auparavant, et 49 On ne peut toutefois accepter l’équivalence donnée par F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., p. 307, n. 1: 1 ducat = 38 aspres; l’auteur en effet utilise les chiffres de Pegolotti et les applique à un texte de 1358 qui ne parle que de ducats, de sommi et d’hyperpères, sans donner l’équivalence entre sommi et aspres. 50 ASG. Caffa Massaria 1386, f. 62 v. 51 ASG. Caffa Massaria 1374, f. 11 v. 2 ASG. Caffa Massaria 1381, ff. 28 v et 317 r; ces deux comptes donnent les équivalences suivantes: 5 florins = 1 sommo-, 5 florins = 142 aspres. 53 ASG. Caffa Massaria 1386, ff. 53 v, 62 v, 325 r. 54 ASG. Not. cart. n° 420, f. 181 r; Not. Cristoforo Rcvellino n° 422, manuale de Pietro di Fontancggio; Not. Giovanni Labaino, filza 1, doa 9, 15 et 32; Caffa Massaria 1410, f. 28 v. 662 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE cela en quantité suffisante pour les besoins du commerce » 55. Voyant leurs revendications insatisfaites et la gêne considérable qu’apportait à leur commerce la circulation d’espèces dépréciées, les Génois se décidèrent à partir de 1423 à frapper des aspres bilingues portant sur une face le portail génois (ianua: la porte, selon une étymologie contestée) et le nom de Caffa, sur l’autre le tamga ou chiffre des khans tatars et une légende écrite en caractères arabes énumérant les noms et titres du khan régnant56. D’un poids de 1,10 gramme, ces aspres correspondaient au change officiel des années 1409-1410, 200 aspres par sommo, ce qui signifie qu’entre cette date et 1423, 1 aspre avait continué à se déprécier. Dans ces conditions, le cours de la monnaie tatare sur le marché génois devait être extrêmement irrégulier. Aussi nos marchands préfèrent-ils négocier des barres d’argent dont l’importation à Caffa est régulière et déterminer le cours au jour le jour. Un autre expédient consiste à fabriquer des sommi d’argent à la zecca de Gênes: un curieux accord de mars 1375 nous fait assister à l’association de deux orfèvres qui s’engagent à partager les profits de sommi d’argent fabriqués soit à l’atelier public, soit dans l'échoppe de l’orfèvre, qui s’oblige à garder les secrets de fabrication, transmissibles seulement aux membres de sa propre famille57. Les nécessités des affaires imposent néanmoins le recours au change des espèces. Jusque vers 1330, il s’agit de l’aspre baricat dont le cours évolue de huit deniers de Gênes en 1286-1287 à 5 deniers 3/4 en 1307, les valeurs extrêmes étant de 12 deniers dans un reçu délivré pour une caution et de 4 deniers 1/2 dans un reçu accordé à la suite d’une opération de change58. A partir de 1330, et sans doute pour se prémunir d’éventuelles dévaluations de l’aspre, les contrats font référence au sommo. Ici encore, la valeur réelle en livres de Gcnes doit être la moyenne entre le cours fixé par le rechange qui donne au sommo une surprime par rapport à la monnaie génoise et l’évaluation indiquée dans les reçus qui majorent le prix relatif de la livre, puisqu’ils supposent un change de Caffa sur Gênes. Le tableau ci-dessous rassemble les valeurs connues: 35 ASG. Materie Politiche, Busta 10/25 (P. Lisciandrelli, Trattati, op. cit., n° 677, p. 132) et Gênes, Bibl. Universitaire, Manuscrit E VII, 9, f. 48: traité du 12 août 1387. 56 G. Schlumberger, Numismatique, op. cit., pp. 465466. 37 ASG. Archivio Segreto, Diversorum filze n° 3021, 22 mars 1375. 58 ASG. Not. cart. n° 41, f. 26 v; n° 74, f. 149 r; Not. ign. Busta 5, fr. 63, f. 43 r; cart. n° 78, f. 228 v; n° 137, f. 119 v. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 663 41 - Valeur du ’ sommo ’ de Caffa en livres de monnaie courante Valeur du sommo de Caffa Années en livres en Sources de monnaie hyperpères courante 1343-1344 7 1. 10 s. 8 hyp. 6 ker. ASG. Not. Cart. n° 229, ff. 66 r, 96 v. G. Balbi, Notai genovesi, op. cit., pp 76-77. 1351 8 1. 7 s. ASG. Not. Cart. n° 237, f. 143 r. 1358 10 hyp. F. Thiriet, Régestes Sénat, op. cit., t. I, n° 328. 1361 9 1. ASG. Gabella grani 1361, f. 13 r. 1374-1375 7 1. 15 s. 11 hyp. 12 ker. ASG. Not. Cart. n° 320, f. 176; Anti¬ co Comune n° 57, f. 205; Caffa Massa¬ ria 1374. 1377 7 I. 15 s. ASG. Not. Qrt. n° 322, f. 75 v; n° 380, ff. 44 r, 106 v. 1381-1382 7 1. 2 s. 6 d. 12 hyp. 12 ker. ASG. Not. Cart. n° 381, f. 80 v; Caf¬ fa Massaria 1381, ff. 317 r, 6v. 1385-1386 7 1. 10 s. 12 hyp. ASG. Caffa Massaria 1386, ff. 93 v, 320 r, 325 r, 398 r. 1388 7 1. 13 s. ASG. Not. Cart. n° 321, ff. 84 r, 320 v, 325 r; Antico Comune n° 66, f. 67. 1391 7 1. 15 s. 12 hyp. 12 ker. ASG. Not. Cart. n° 448, ff. 105 v, 145 v; Peyre Massaria 1391, f. 185. 1393 7 1. 10 s. ASG. Not. Cart. n° 320, ff. 130 v, 136 r; n” 312, ff. 14 r, 36 v. 1395 7 !. 7 s. ASG. Not. Cart. n° 451, f. 233 r; n° 324, ff. 88 v, 99 v. 1399-1400 7 1. 5 s. ASG. Not. filza n° 444, doc. 191, 255; Cart. n° 404/1, ff. 9 v, 17 v, 18 v. 1401 7 1. 9 s. 14 hyp. ASG. Not. Labaino Giovanni 3, doc. 55; Cart. n" 471, ff. 83 v, 52 v; Peyre Massaria 1402, ff. 50 v, 209 v. 1409-1410 7 I. 5 s. 13 hyp. 6 ker. ASG. Not. Labaino Giovanni 1, doc. 9, 15, 32, 45; Caffa Massaria 1410, f. 146 r. 664 L'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE A la lecture de ce tableau, deux faits ressortent. D abord 1 équilibre qui s’établit entre la livre de monnaie courante de Genes et le sommo ta-tar. Certes, entre les années 1350 et 1360, la monnaie génoise fléchit, peut-être en raison d’une relative rareté de l'argent, au moment où la valeur du métal blanc se redresse vigoureusement par rapport à 1 or. Mais a partir de 1370, les oscillations sont négligeables et la valeur moyenne de 7 livres 10 sous par sommo peut être retenue 59. En second lieu le fléchissement de 1 hyperpère est tout à fait notable: il tient au renchérissement de 1 argent par rapport à l’or, puis, lorsque se stabilise le rapport entre les deux métaux, à l’abandon du monnayage d’or à Byzance. Ainsi, par référence au poids fixe d’argent que constitue le sommo, l’hyperpère a perdu 41 de sa valeur en une soixantaine d’années. III - Les autres aspres L’aspre, on le sait, n’est pas uniquement la monnaie de Caffa et du Kiptchak. Dans les autres Etats mongols, dans les émirats turcs et même dans l’empire de Trébizonde, circule une monnaie d’argent de même type, par fois seule, parfois concurremment avec une monnaie d’or: elle porte le nom d’aspre (aqce en turc) complété par un qualificatif désignant 1 atelier dont elle est issue. Les rapports commerciaux intenses entre Caffa et 1 empire des Grands Comnènes font intervenir fréquemment dans les actes génois la monnaie de Trébizonde, l’aspre comnénat60. Il s’agit d’une pièce d argent 39 Le relatif fléchissement du sommo à partir de 1395 semble explicable par les désordres que connaît le Kiptchak, à la suite des ravages de Timour. L’état languissant du commerce occidental avec les Tatars diminue les besoins en moyens de paiement appropriés et, par voie de conséquence, renchérit la livre de monnaie courante, au dé- triment de la monnaie du Kiptchak. Il faut toutefois être prudent car en juillet 1397, le change officiel s’établit à 5 1. 16 sous par sommo. La décote par rapport au change com- mercial est donc de l’ordre de 20% (cf. ASG. Massaria Comunis Ianuc n° 23, f. 126 r). 60 Sur l’aspre comnénat, en dehors des quelques lignes que consacre E. Janssens, Trébizonde en Colchide, op. cit., p. 122, à cette monnaie, l’on doit encore se reporter à des travaux anciens: F. de Pfaffenhoffen, Essai sur les aspres comnénals ou blancs d’argent de Trébizonde, Paris, 1847; B. von Koehne, Die Komnenischen Silbermiittien, dans Mémoires de la Société d’Archéologie et de Numismatique de Saint-Pétersbourg, t. 3, 1849, p. 103; V. Langlois, Un aspre inédit de David Comnène, dans Revue ar- chéologique, t. 6, 1849, p. 115; O. Retowski, Die Münzen der Komnenen von Tra- LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 665 d’excellent aloi, à l’origine émise vraisemblablement sur le type des aspres <’1, mais dont l’affaiblissement paraît avoir été plus rapide. En 1289-1290, dans les actes de Caffa, comme en 1296 dans un contrat génois, l’as-pre comnénat vaut 1,6 aspre baricat et est donc à peu près équivalent à un sou de Gênes"-. En 1313-1315, la moyenne entre les cours d’un change et d’un rechange donne à la monnaie des Grands Comnènes une valeur d’environ 10 deniers 1/2. Les comptes des dommages subis par les Génois à Trébizonde font apparaître qu’à cette date l’aspre comnénat équivaut à deux aspres baricats et qu’un hyperpère est estimé 14 aspres comnénatsé3. Mais lorsque disparaissent les aspres baricats vers 1344, 135 aspres comnénats équivalent à un sommo, alors que celui-ci est accepté pour 200 aspres vieux64: c’est dire que la dépréciation de l’aspre comnénat a été supérieure de 12 % à celle de l’aspre baricat entre 1290 et 1344. Dans les années suivantes, les mentions de l’aspre comnénat sont moins fréquentes dans les actes génois, mais l’on sait que beaucoup de monnaies d’Alexis III, empereur de Trébizonde de 1350 à 1390, ont été conservées: elles sont très voisines par leur poids des aspres turcs 65. pezunt, dans Numismatichesky Sbornik, t. I, Moscou, 1911, pp. 113-302; W. Wroth, Catalogue of the Coins of thè Vandali, Ostrogoths and Lombards and of the Empires of Thessalonica, Nicaea and Trebizond in the Britisb Muséum, Londres, 1911, pp. 230-231. 61 M. Kursanskis, L'usurpation de Thcodora Grande Comnène, dans Revue des Etudes byzantines, t. 33, 1975, p. 195, rappelle que «les Mongols apportèrent des restrictions à la frappe de la monnaie d’argent dans les pays tributaires », en exigeant que les aspres soient émis au nom des princes issus de Gengis-Khan, ce que confirme Al-Umari, Voyages des yeux dans les Royaumes de différentes contrées, dans Notices et Extraits des manuscrits de la bibliothèque du Roi, t. XIII, Paris, 1838, p. 374, cité par l’auteur de cet article, p. 195, n. 30. a M. Balard, Gênes et l'Outre-Mer, op. cit., doc. n° 104, 117, 167 et 427; ASG. Not. cart. n° 133, f. 126 v. D'après W. Wroth, les pièces de Jean II (1280-1297) ont un poids moyen de 43 grains, soit environ de 2,80 go., ce qui représente bien un poids supérieur de 60 % à celui de l’aspre baricat en 1289-1290 (W. Wroth, Catalogue of the Coins, op. cit., pp. 259-276). 61 ASG. Not. cart. n° 8, f. 224 v; n° 203, f. 70 v; n° 220, ff. 48 v-49r. En 1338, un aspre comnénat est donné pour l’équivalent d’un sou de Gênes dans un contrat de dot: ASG. Not. filza n® 225, doc. 59. M G. Balbi • S. Raiteri, Notai genovesi in Oltremare, op. cit., p. 107. En 1344, les aspres de Michel Comnène ont un poids moyen de 25,9 grains, soit de 1,68 gr. (W. Wroth, Catalogue of the Coins, op. cit., pp. 293-301). 65 E. Jansscns, Trébizonde en Colcbide, op. cit., p. 122; W. Wroth, Catalogue of the Coins, op. cit., pp. 293-301. 666 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Dans les Etats des Il-Khans de Perse, le système monétaire repose sur la circulation simultanée de pièces d’or et d’argent. Pegolotti nous informe que l’atelier de Tabriz frappe une pièce d’or d’excellent aloi 23 carati 1/8 — dénommée casininus et valant de 28 à 29 aspres d argent. Quant au métal blanc, il sert à l’émission de gros, a raison de 63 gros par livre et de « petits » à raison de 190 « petits » par livre, de telle sorte que le rap port entre les deux pièces est de un à trois. Deux gros sont comptés pour un besant de Tabriz, qui équivaut donc à six « petits » . ^os textes véri lient les assertions de Pegolotti, tout en les précisant. Entie 1290 ei 12J7, a monnaie usuelle est l’aspre abagatus ou abagainus, dont le nom vient sans aucun doute du deuxième souverain de Tabriz, Abaga (1265-1282). cette pièce d’argent est échangée contre 12 deniers de Gênes, de sorte que a valeur de cet aspre est supérieure d’un bon tiers à celle de la monnaie khanat voisin, le Kiptchak67. On peut en rapprocher deux autres aspres, l’aspre casaninus dont le nom évoque le règne du sixième II- an> _ (1295-1304), de même que le nom attribué par Pegolotti à la monnaie de Perse, et l’aspre carpentanus signalé en 1311 et dont 1 origine est inc taine68. Le métal jaune est représenté par le besant casaninus qui oit considéré comme une monnaie divisionnaire du casininus de Pego otti, i qu’il vaut six fois plus que l’aspre d’argent, le « petit », que mentionne facteur des Bardi: en 1307, en 1308 et en 1314, le taux moyen e c ange est en effet de 6 sous par besant casaninus, soit six fois la valeur e asp casaninus ou carpentanus®. Quant au casaninus d’or, il n est jamais ment né; il est possible que cette pièce de bon renom ait été thésaurisee et q seules apparaissent dans les transactions commerciales des espèces de moin valeur. 66 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 27. Sur la mon”^_ ^es Il-khans, cf. J. M. Smith et F. Plunkett, Gold money in Mongol Iran, dans JE • 11, 1968 et J. M. Smith, The silver currency of Mongol Iran, in JESHO, t. 12, 1969 et Ashtor, A social and economie History of the Near East in the Middle Ages, Lon r«> 1976, pp. 255-257, selon lequel il existerait deux types de pièces d'or, les unes c un poids d’un mithkal (4,3 gr.), les autres de deux mithkals (8,6 gr.). 67 ASG. Not. ign., B. 8, fr. 93, f. 49 v, et B. 20, fr. 5, f. 30 r. 68 ASG. Not. cart. n° 33, f. 226 r; Not. ign., B. 8, fr. 93, f. 269 r. La première de ces minutes notariales fait de l’aspre casaninus une monnaie d’or en 1307; ccst tout à fait invraisemblable; le taux de change étant à peu près le même que pour 1 aspre abagatus (11 deniers pour 1 aspre), il s’agit là aussi d’une monnaie d’argent qui tire son nom du souverain qui l’a fait frapper. 69 ASG. Not. cart. n° 33, f. 226 r; n° 49, f. 79 r; n° 219, f. 8v. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 667 A 1 ouest des Etats des Il-Khans s’étendent les émirats turcs. Leur monnaie, 1 aqcc, est bien connue des marchands génois à la fin du XIIIe siècle; elle circule à Caffa en 1289-1290 et a alors une valeur intermédiaire entre celle de 1 aspre baricat et celle de l’aspre comnénat: elle équivaut à 1,38 aspre baricat et à 9 deniers 1/2 de Gênes70. Quelques années plus tard, le taux de change officiel s’établit à 16 deniers par aspre turc, sans que l’on puisse déterminer si ce nouveau rapport vient du glissement rapide de la monnaie divisionnaire de Gênes à la fin du XIIIe siècle ou au contraire de nouvelles émissions par les ateliers turcs d’espèces au poids et au titre améliorés Au cours du XIV"- siècle, Yaqce s’affaiblit considérablement, à peu près au même rythme que l’hyperpère: en 1391, il équivaut à 2 keratia de Péra, alors qu’en 1289-1290, d’après les rapports monétaires qu’indiquent les actes de Caffa, il représentait un poids d’argent de 2,517 gr., soit à peu près en valeur 2 keratia-, il est vrai que l’argent n’a pas exactement la même valeur par rapport à l’or en 1289-1290 et un siècle plus tard72. On comprend que pour faire face aux besoins du commerce international, les émirats turcs aient cherché à imiter les espèces les mieux appréciées dans le bassin méditerranéen; Umur à Ephèse, Saruhan à Magnésie du Sipyle, Orhan à Palatia firent frapper des monnaies au type des gigliats de Robert d’Anjou, et en 1370 l’émirat d'Aydin alla même jusqu’à imiter le ducat vénitien73. 70 M. Balard, Gênes et l'Outre-Mer, op. cit., doc. n° 619 et 624. (l V. Promis, Statuti, op. cit., col. 269. Entre 1286 et 1305, l’affaiblissement de la monnaie d’argent est à Gênes de l’ordre de 15 %. 72 ASG. Peire Massa ri a 1391, f 68; M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., p. 53. 73 P. Lemerle, L'émirat d'Aydin, op. cit., p. 13, n. 1; F. W. Hasluck, On imitations of thè Venetian sequin struck for the Levant, dans Annusi of the British School at Athens, t. XIII, 1911, pp. 261-264, et t. XIX, 1912-1913, pp. 174-181; Ph. Grierson, Le gillat, op. cit.. pp. 48, 51-52; H. E. Ives, The Venetian, op. cit., p. 25; G. Majer, Imitazioni e contraffazioni dello zecchino veneziano, dans Actes du Congrès international de Numismatique (Paris, 195)), Paris, 1957, t. II, pp. 391-399; en dernier lieu G. Gorini, Le imitazioni orientali dello zecchino veneziano. Considerazioni stilistiche, dans Studi veneziani, t. X, 1968, pp. 587^597, très bref sur les imitations orientales. Une sentence d'arbitrage rendue en 1388 estime à 2,35 °/o l’affaiblissement du ducat turc par rapport à la monnaie d’or de Venise: Raffaele Doria qui devait remettre à Gianotto Besacia 204 ducats d’or à la frappe de Venise et qui a versé 204 ducats turchesci est condamné à rembourser à son créancier 10 hyperpères 6 keratia d’or ou 6 livres de Gènes, à titre de dédommagement (ASG. Not. cart. n” 321, f. 332 r). Sur les nombreuses imitations du ducat, cf. T. Bertelè. La moneta veneziana, op. cit., p. 8, note 3, et Ph. Grierson, La moneta veneziana, op. cit., p. 92. 668 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Dans les autres comptoirs génois de mer Noire circulent de petites monnaies d’argent frappées sans doute par des ateliers locaux et dont la valeur n’est guère brillante: à Simisso en 1386, l’aspre ne contient plus que 0,80 gr. d’argent fin; à Sinope, cinq ans plus tard, le poids des espèces locales est tombé à 0,60 gr. d’argent fin et en 1402, d’après un compte de la Massaria de Péra, 1 keration équivaut à 1 aspre 1/3 de Sinope '4. Il est donc vraisemblable que ces aspres sont des monnaies turques avilies répondant aux exi gences des échanges de la vie quotidienne, mais certainement pas à ceux du grand commerce. Seul Savastopoli a conservé une monnaie de bon aloi.^ en 1386, on frappe encore 125 aspres dans un sommo, alors qu’à Caffa à la même date, la valeur moyenne du sommo est de 160 aspres . IV - Monnaies en mer Egée En mer Egée domine la monnaie vénitienne qui a pris le relais de 1 h\ perpère constamment dévalué. Cette prépondérance s exerce même dans es comptoirs génois où la monnaie locale ne réussit à s’imposer qu au prix imi tâtions, volontairement affaiblies du ducat vénitien. Lorsque Benedetto ac caria s’empare de Chio, le système monétaire en vigueur dans 1 ile était ce ui de Byzance. Il fut conservé; on ne connaît aucune monnaie frappée par e nedetto ou par son fils, Paléologue; en revanche, les contrats notariés de ce temps sont libellés en hyperpères d’or ad sagium Syilb. Comme 1 a montré T. Bertelè, cette expression se réfère au contrôle qu’exercent les marchands sur la monnaie en circulation, acceptée dans les paiements au poids d un nombre égal d’étalons locaux correspondant à l’unité de poids (saggio) de Constantinople77. La génération suivante des Zaccaria, représentée par Benedetto II et Martino, tout en se reconnaissant servi imperatoris, met en circulation une monnaie propre, symbole de l’autorité que les deux frères ont acquise et de 74 ASG. Caffa Massaria 1386, f 93 v; Peire Massaria 1391, f. 185; Peire Massaria 1402, f. 50 v. 73 ASG. Caffa Massaria 1386, f. 400 v. 76 ASG. Not. cart. n° 149/11, f. 7; n° 175, doc. du 4 septembre 1319. Cf. D-Promis, La zecca di Scio durante il dominio dei Genovesi, dans Atti dell'Accade mia Reale delle Scienze di Torino, Turin, 1865, série 2, t. XXIII, p. 32; G. Schlumberger, Numismatique, op. cit., p. 413. 77 T. Bertelè, La moneta veneziana, op. cit., p. 112. LES PROBLÈMES MONÉTAIRES 669 l’indépendance qu’ils affirment vis-à-vis du basileus. Il s’agit de pièces d’or, d’excellent aloi, dont le poids représente à peu près le quart du génois d’or; des pièces d’argent calquées sur les gros de Venise ou sur le gros d’argent de Gênes, puis, au nom du seul Martino Zaccaria, des deniers tournois de billon servent de monnaie divisionnaire78. La restauration de l’autorité impériale sur l’île en 1329 fit-elle disparaître ces espèces? C’est vraisemblable, puisque l’on retrouve à Chio en 1348 des hyperpères d’or ad sagium Syi, comme aux premiers temps de la domination des Zaccaria. A cette date, la Mahone a affirmé son pouvoir et conclu avec la Commune de Gênes la convention du 26 février 1347; en matière de monnaie, ce texte accorde au podestat de Chio le droit de frapper une monnaie d’argent, à condition qu’y figurent le nom du doge et la légende placée sur la monnaie génoise îanue dux et Conradus rex romanorum Plutôt que d’imiter les gros matapans de Venise dont la frappe venait de cesser, ou les gros d’argent de Gênes, fort instables, le choix de la Mahone se porta rapidement sur les gigliats des Angevins, très répandus en Orient vers 1350; la frappe dut en être entreprise rapidement, car un trésor provenant de la région de Sidon a livré au jour une pièce de Roger de Pins (1356-1365) surfrappée sur un gigliat portant le sigle de la Mahone ®: donc les premières émissions de P. Lambros, The Coins of the brothers Martino and Benedicius II Zaccaria, the Genoese rulers of Chios U14-U29, dans North American Journal of Numismatics, vol. 7 (1968), pp. 69-79, irad. anglaise d'un travail paru à Athènes en 1886, Meaaieivixà vo(il « 2 s G .ti o -o £ ^ ° S (A ^ en *n c C/3 OJ G CL> -1 r^\ î 682 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE crises passagères ou signes de reprise sans lendemain, qu’il faudra à leur tour analyser. La phase d'expansion s’ouvre avec l’installation des Génois à Péra. En 1275, pour la première fois, les investissements commerciaux en Romanie dépassent le tiers de l’ensemble des fonds placés par les Génois dans le commerce en Méditerranée. Les circonstances sont éminemment favorables: un traité vient d’être conclu avec Michel VIII “, l’Union des Eglises, scellée au concile de Lyon, écarte pour un temps les menaces angevines contre I empire byzantin, enfin, à partir de leur base de Galata, les Génois essaiment en mer Noire et certains vont se fixer en Crimée, sur le site de 1 antique Théodosia. Nulle entrave ne semble plus gêner les hommes d affaires qui partent à la découverte et à l’exploitation de mondes nouveaux, avec 1 espoir d’en accaparer rapidement les ressources. Aussi la part de la Romanie dans l’ensemble du commerce génois en Méditerranée croît-elle très vite: de 1278 à 1288, puis à partir de 1302-1303, plus de la moitié des sommes investies prend la direction de Constantinople ou de la mer Noire. Chaque crise, brève, est immédiatement compensée et jusqu’en 1315, le commerce romaniote se maintient à un très haut niveau. Après cette date, l’insuffisance de la documentation, déjà notée par Mme Liagre de Sturler11, ne permet pas de poursuivre les comparaisons entre les différents trafics. Lorsqu’à partir de 1340 les sources redeviennent abondantes, elles nous montrent l’essor extraordinaire du commerce romaniote: en 1342, les enchères des karati Pcyre laissent prévoir un trafic de près de 1,5 million de livres, compte non tenu des frais d’exploitation et des bénéfices des fermiers adjudicataires-4; en 1348, d après Nicéphore Grégoras, les recettes de la douane de Péra s’élevaient à 200.000 hyperpères, près de sept fois plus de ce que percevaient au même moment les commerciaires de Constantinople25. Autant d’indices d’après lesquels l’apo- 22 D. J. Geanakoplos, Emperor Michael Palaeologus, op. cit., pp. 248-250. 23 L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. dt., pp. XXXV-XXXVI. Il est possible qu’entre 1318 et 1336 l’exil des familles gibelines (Doria, Spinola) ait entraîné le perte d’un grand nombre d’actes commerciaux instrumentés hors de Gênes, par exemple à Savone. Un sondage dans les archives de Savone ne nous a pas permis de retrouver des minutiers notariaux intéressant l’Orient génois. L’archivio di Stato de-Gênes conserve certains actes rédigés à Savone à cette époque; ils ont été utilisés dans cette étude. 24 Cf. supra, p. 422, et graphique n° 44. 25 Les chiffres donnés pas Nicéphore Grégoras ont été discutés par T. Bertelè, Il giro d’affari di Giacomo Badoer. Precisazioni e deduzioni, dans Akten des XI Interna-lionalen Byzantinisten Kongress Miinchen 1958, Munich, 1960, p. 55; l’auteur pense LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 683 gée de 1 activité maritime génoise, traditionnellement fixé autour des années 1290 "6, se prolonge, au moins en ce qui concerne le commerce romaniote, jusqu à la veille de la Peste Noire et des conflits qui mènent à la troisième guerre vénéto-génoise. Ces crises du milieu du XIVe siècle sont à l’origine de la seconde phase, une récession qui dure jusqu’aux premières années du XVe siècle. Dès 1350, année qui précède la guerre des Détroits, le pourcentage des investissements réservés à la Romanie tombe à 42 %. Le renversement peut être encore mieux observé grâce aux enchères des karati Peyre et aux rares valeurs connues du commerchium de Caffa: ces chiffres expriment le mouvement prévisible des capitaux et des marchandises entre Gênes et ses deux grands comptoirs du Levant. En ce qui concerne Péra, le graphique n° 44 montre la chute régulière du trafic attendu sur les rives de la Corne d’Or. En 1351, les enchères des karati tombent au tiers de leur montant de 1342 et malgré un relèvement éphémère en 1361 et en 1370, la chute est continue jusqu’à la fin du siècle. En 1398, la valeur du commerce maritime de Péra n’est plus que le dixième de ce qu’elle était en 1342 et, si l’on tient compte d’un affaiblissement de 13 % du contenu intrinsèque de la livre entre ces deux dates, le déclin est encore plus sensible. Malgré un léger relèvement en 1406, qui semble correspondre à une reprise du commerce en Occident et à Gênes en particulier’7, l’activité maritime de Péra est languissante à l’orée du XVe siècle; les échelles de la Corne d’Or sont quasiment désertées et le comptoir génois, après avoir attiré à lui le commerce de Byzance, sombre dans la médiocrité qui accompagne les dernières décennies peu glorieuses de l’empire. que les 200.000 hyperpères cités représentent la part des Génois pour le trafic de leurs marchands à Péra, et les 30.000 hyperpères la part revenant aux Byzantins pour le trafic des marchands d’autres nationalités à Péra, et non pas à Constantinople. Hypothèse hasardeuse et en contradiction avec les chiffres des karati Peyre. 26 H. Sieveking, Ans Genueser Recbnungs -und Steuerbüchern, Vienne, 1909, pp. 48-52 et R. S. Lopez, Market expansion: thè case of Genoa, dans Su e giù per la storia di Genova, op. cit., pp. 49-50; Idem, Quattrocento genovese, dans Su e giù per la storia di Genova, op. cit., p. 79; R. S. Lopez - H. A, Miskimin, The Economie Dépréssion, op. cit., pp. 422-423. 27 A Gênes, les prix d’affermage des carati maris permettent de mesurer grossièrement l’évolution de la conjoncture; cf. H. Sieveking, Aus Genueser Recbnungs-, op. cit., p. 52; R. S. Lopez et II. A. Miskimin, The Economie Dépréssion, op. cit., pp. 422-423, graphique n° 5; R. S. Lopez, Quattrocento genovese, op. cit., p. 79; J. Day, les douanes de Gênes, op. cit., t. I, pp XVI-XVIII et B. Z. Kedar, Merchants in crisis, op. cit., pp. 18-19 et 139-141. 684 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE En comparaison, Caffa a connu un sort plus enviable, même si son ac tivité s’est trouvée sensiblement réduite à la fin du XIVe siècle. Quoique 1 in troytus pontis et ponderis ne soit pas une excellente mesure du trafic portuaire, le fléchissement des enchères entre 1383 et le début du XV siècle est incontestablement signe de déclin: le montant a, en valeur absolue, i minué de moitié en vingt ans, et d’une proportion plus forte encore, en rai son de la dévaluation de la monnaie génoise 28. Les fluctuations du commer chium de 1 % reflètent mieux la réduction de l’activité maritime de Caffa. En 1345, cette taxe a été affermée au prix de 8.430 livres, c’est-à-dire que la valeur minimale des marchandises que les adjudicataires croyaient pouvoir taxer serait de 843.000 livres de monnaie courante :1. Ce chiffre parait modeste, en comparaison du rendement des karati Peyre en 1342; il est fausse 28 Cf. graphique n° 45. Contrairement à ce que laisse pressentir la courbe des karati Peyre, les oscillations de Yintroytus pontis et ponderis de Caffa sont de faible ampleur entre 1350 et 1383, si l’on excepte le «creux» de 1381, dû à l’affaissement du trafic provoqué par la guerre de Chioggia. 29 ASG. Not. cart. n° 228, f. 145 v: Moruel Pinello verse 1.053 livres 15 sous pour l’achat d’un huitième du commerchium de Caffa, dont le prix d’adjudication a donc été de 8.430 livres. LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 685 par le fait que Caffa vient de connaître l’assaut des Tatars, que tout trafic avec le Kiptchak se trouve suspendu, que les fermiers des gabelles, comme les marchands, hésitent à prendre des risques. La référence n’est donc pas satisfaisante, mais c’est la seule que l’on possède pour l’époque antérieure à 1348. En 1351, les recettes du commer-chium, estimées par les enquêteurs que la Commune envoie en Orient, sont de 800 sommi10, soit, au taux de 8 livres 7 sous par sommo 3!, 6.680 livres; le trafic minimum sur lequel se fonde l’estimation serait donc de 668.000 livres, soit un déclin de 21 % en six ans. D’autres valeurs du commerchium de 1 % sont connues par les registres de la Massaria de Caffa: 2.096 sommi en 1375, 1698 en 1382 et 1315 en 1387 32. Exprimés en monnaie génoise, les chiffres sont les suivants: 16.244, 12.140 et 9.862 livres. Quelle signification leur attribuer? En 1375, à la veille de la guerre de Chioggia, le trafic minimum escompté par les adjudicataires dépasse celui que Péra a connu avant les crises du milieu du XIVe siècle: 1.624.400 livres contre 1.486.800 livres. Il s’approche même du montant total du commerce maritime génois, estimé à près de 2 millions de livres cette année-là33. Comme, par ailleurs, la courbe de Yintroytus pontis et ponderis passe également par un maximum en 1375, force est de conclure que Caffa a mieux résisté que Péra aux difficultés de la seconde moitié du siècle. Le comptoir criméen est adossé à un vaste ensemble continental auquel il sert de débouché; ses hommes d’affaires savent compenser un déclin passager du grand commerce international, en organisant les échanges entre les diverses régions pontiques et en s’introduisant partout où quelque bénéfice peut être tiré du négoce. Le grand rayonnement de son marché régional a permis à Caffa de survivre dans les crises où d’autres emporia s’épuisaient, et même d’égaler presque la métropole par l’ampleur de son trafic. Pour Caffa, les difficultés ne commencent vraiment qu’avec la guerre de Chioggia et sont aggravées par les désordres que connaît le Kiptchak avant l’équipée de Timour. De 1375 à 1387, la valeur des échanges baisse de 60 %. Il est vrai qu’en cette année-là, Caffa sortait à peine d’un long conflit l’ayant opposé aux Tatars de Solgat; les offres des adjudicataires du commerchium étaient donc, pour le moins, hésitantes. La dernière décennie du 30 L. T. Belgrano, Cinque documenti, op. cit., p. 250, et J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit., t. I, p. XXI. 31 Cf. supra p. 663. 32 Cf. supra p. 409. 33 J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit., p. XXIII. Milliers de livres 686 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE \0 O '1- C3 m « u ^3 O a O O /U (H a *5 u O O e e w ’> U « J IA LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 687 siècle dut être mauvaise pour le comptoir criméen: effondrement du produit de 1 introytus pontis et ponderis, lamentations des facteurs de Francesco di Marco Datini34, envois de blé d’Occident en mer Noire illustrent une conjoncture maussade, pour ne pas dire catastrophique, surtout si l’on évoque le pillage de Tana par les hordes de Timour35. Dans ces conditions, le relèvement du trafic au début du XVe siècle est d’autant plus remarquable: en 1410 le cotnmerchium de 1 %, dont l’assiette n’a en apparence pas changé, rapporte aux autorités de Caffa 2.291 sommi, soit un rendement légèrement supérieur à celui de 1375 36. Les difficultés des années 1390 ont été surmontées et le comptoir criméen a retrouvé une activité commerciale tout à fait comparable à celle qu’il a connue avant la guerre de Chioggia. La relative prospérité de Caffa « caput Gazariae » contraste avec le déclin de Péra, organisme portuaire d’une Romanie réduite à peu de chose et de toutes parts menacée. 2 - Les fluctuations courtes. Les mouvements de longue durée ainsi décrits s’accompagnent d’oscillations importantes mais de durée réduite, en d’autres termes, de crises ou de renouveaux éphémères. Dans une phase d’expansion, les crises interrompent l’essor, sans toutefois le compromettre. Les accrocs de la conjoncture n’ont aucune portée durable. Alors qu’en 1275, plus du tiers des investissements avait pris la direction de la Romanie, les incidents mettant aux prises marchands génois 34 P. Massa, Alcune lettere, op. cit., p. 358: « Abiamo trovato questo paese più cattivo a mercatantia che fosse già è grande tenpo » (10 octobre 1392). 35 E. Skrzinskaja, Storia della Tana, op. cit., p. 16. 36 ASG. Caffa Massaria 1410, f. 176 r. Ce chiffre qui, au taux de change alors en vigueur, correspond à 16.609 livres, donne à Caffa une activité maritime supérieure à celle de la métropole, dont le trafic ne dépasse pas, en valeur, un million de livres dans les premières années du XVe siècle (J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit., t. I, p. XXIII). Il faut noter toutefois que, en raison de la guerre contre les Turcs, est levé depuis 1398 un autre cotnmerchium die 1 % (ASG. Archivio Segreto, Diversorum ne-gociorum n° 498, ff. 133 v-134 r et n° 501, ff. 163 r-v) que le gouvernement génois décide de maintenir en 1405: mais comme il est mis aux enchères à Gênes, son produit qui sert à rembourser des parts de la dette publique en métropole et en partie seulement à Caffa, n’a pas lieu d’apparaître parmi les revenus réguliers de la Massaria de Caffa; on peut donc légitimement considérer que les 1.291 sommi du comtnerchiutn de 1410 représentent le centième de la valeur des échanges effectués à Caffa cette année-là. 688 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE et flotte impériale, à propos de l’exportation de 1 alun, font disparaître tout investissement vers Constantinople en 1277. L année suivante, de bonnes relations ont été rétablies entre la Commune et le basileus; aussitôt les fonds placés dans le commerce romaniote s’élèvent a plus de 60 °/o de 1 ensemble des investissements en Méditerranée. Sur le graphique, le « creux » de 127/ est donc immédiatement compensé par un « sommet » beaucoup plus élevé que le «sommet» précédant la crise. Entre 1295 et 1301, 1 essor du commerce romaniote est à nouveau entravé; le conflit vénéto-génois paralyse les hommes d’affaires et les investissements tombent à rien en 1295. Dans les années suivantes, grâce aux placements des Zaccaria nécessaires à l’exploitation de Pho-cée, la courbe se redresse mais de manière irrégulière. Les méfaits de la Compagnie catalane en Orient freinent jusqu’en 1302 le renouveau des affaires que laissait prévoir la fin de la guerre de Curzola. Nouvelle crise en 1308; les armées du khan Tohtu viennent de contraindre les Génois a abandonner Caffa incendiée; aussitôt les investissements dans le commerce romaniote qui, pendant cinq ans avaient représenté plus de 50 % des fonds investis dans le commerce méditerranéen, se réduisent à 5 %. Mais les forces d expansion sont telles que ce revers est vite effacé: les capitaux qui ne se dirigent plus vers Caffa sont utilisés à Péra, à Trébizonde, à Tabriz et, dès 1309, le commerce romaniote retrouve son essor. Tout se passe comme si, en periode d’expansion, chaque crise était immédiatement compensée par un redressement d’une ampleur supérieure, de sorte que la tendance générale n’est guère affectée. En sens inverse, dans une phase de contraction des affaires, les signes de renouveau sont des promesses sans lendemain. Ainsi en est-il à Péra dans les années 1360 et 1370, puis après la guerre de Chioggia: sur le graphique des karati Peyre la courbe descendante laisse place à des paliers étagés; mais bien vite le déclin commercial reprend, accentué par chacun des conflits qui rythment l’histoire orientale dans la seconde moitié du XI\ siècle: guerre des Détroits, expédition de Chypre, guerre de Chioggia, siege de Constantinople par les troupes de Bajazet. Le calme revenu, les investisse ments commerciaux reprennent, mais, chaque fois, avec moins d ampleur. Les tensions politico-militaires n’affectent pas seulement l’essor du commerce oriental; toute l’activité maritime de Gênes en subit les conséquences. De 1370 à 1406, le graphique du commerce maritime génois est exactement symétrique de celui des karati Peyre37 : en période de récession, comme en période d’expansion, l’activité maritime de la métropole reste très dépendante du trafic avec l’Orient. 37 J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit., t. I, p. XXIII. LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 689 II - Les variations saisonnières L organisation des passagia Romanie, les départs groupés des nefs et des coques ont pour corollaire une activité financière fébrile dans les semaines qui précèdent les grands mouvements de bateaux. De fait, si les hommes d’affaires ne désertent jamais totalement le banc du notaire, la concentration des capitaux nécessaires au commerce romaniote s’effectue de préférence à des périodes bien délimitées de l’année. De 1261 à 1408, la répartition saisonnière des actes commerciaux intéressant la Romanie est la suivante: 46 - Les variations mensuelles des investissements génois DANS LE COMMERCE ROMANIOTE Mois Nombre Capitaux % % de Moyenne d’actes investis d’actes capitaux par acte (en livres) (en livres) Janvier 103 34.900 2,91 4,20 338 Février 288 39.202 8,15 4,72 136 Mars 1.016 192.006 28,76 23,13 188 Avril 452 117.147 12,79 14,12 259 Mai 321 62.609 9,08 7,54 195 Juin 148 25.943 4,19 3,13 175 Juillet 246 59.548 6,96 7,18 242 Août 489 173.053 13,84 20,85 354 Septembre 283 64.734 8,01 7,80 229 Octobre H/. 29.946 3,28 3,61 258 Novembre 42 15.885 1,19 1,91 378 Décembre 28 14.886 0,79 1,79 531 Total 3.532 829.859 100,00 100,00 235 Les investissements commerciaux sont donc liés aux deux grands départs de bateaux pour l’Orient, celui du printemps et celui de la fin de l’été ou du début de l’automne. Le premier l’emporte tant par le nombre des actes qui l’intéressent que par le volume des capitaux. Les affaires se raniment fin février après le ralentissement hivernal; en mars, les notaires sont débordés par une clientèle empressée: petits épargnants venant confier quelques économies aux marchands, « capitalistes » sédentaires choisissant leurs hommes de confiance pour faire fructifier en Orient les sommes amassées pendant toute une vie de négoce, marchands enfin et armateurs préparent leur 13 LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 691 départ . Le voyage est parfois différé jusqu’en avril ou au début du mois de mai, et jusqu à la dernière minute l’on recherche les capitaux indispensables ou les marchandises à emporter. De février à mai, plus de 59 % des contrats intéressant le commerce romaniote sont conclus: ils rassemblent environ la moitié des capitaux envoyés en Romanie. Ce premier mouvement de fonds a un caratère plus « populaire » que le second; il fait intervenir de petites gens et 1 aristocratie marchande, des artisans investissant quelques livres et des hommes d affaires qui en confient plusieurs milliers à leurs facteurs; aussi la moyenne des investissements est-elle médiocre, particulièrement en février et en mars. Le second mouvement de capitaux a lieu à l’occasion des grands départs de 1 été. Il s ébauche en juillet, connaît sa plus grande ampleur en août et s’achève en septembre ou dans les premiers jours du mois d’octobre. Il ne regroupe pourtant qu’un tiers des actes commerciaux de l’année, mais près de 40 0 o des investissements. Les sommes mises en jeu sont plus fortes, surtout au mois d août qui, avec moins de la moitié des actes conclus en mars, voit se rassembler presque autant de capitaux qu’au premier mois du printemps. Par rapport à ces deux temps forts de l’année, les autres mois connaissent une activité financière réduite: novembre, décembre et janvier sont des mois calmes où seuls quelques gros marchands (la moyenne des investissements est alors bien supérieure à la moyenne annuelle) préparent leurs affaires du printemps suivant. Une telle répartition saisonnière des capitaux investis dans le commerce oriental est-elle une constante de l’activité commerciale de Gênes ou bien est-elle liée à l’organisation progressive au cours du XIVe siècle des deux « passages » annuels de Romanie? Le classement mensuel des investissements par périodes de dix ans permet d’affiner l’analyse. De la lecture de ce tableau, plusieurs faits ressortent: d’abord l’irrégularité de la répartition mensuelle des investissements d’une période à l’autre. Certes, il ne faut pas oublier la part des hasards de la documentation, mais ce n’est pas la seule explication. Il semble bien que les variations saisonnières ne sont pas constantes: avant 1270, le mouvement des affaires est important dès le mois de janvier mais insignifiant en mars et en avril; peut-être le départ des nefs était-il avancé de quelques semaines par rapport aux décennies 38 L’on s’explique que R. S. Lopez ait choisi le mois de mars pour étudier l’activité commerciale de Gênes en 1253, cf. R. S. Lopez, L’attività economica di Genova nel marzo 1253, secondo gli atti notarili del tempo, dans ASLI, t. LXIV, 1935, pp. 163-270. 692 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE z < X H UJ Q tU Q O 5 stU C- « < P< UJ H O *—i Z < s o 6 tU Z tu Q a *j j tu D c/3 Z tu s z o H « < eu 'U4 > G u < > a o < > G > < 6- U < > N Ph > g vO > o" G o'' o < > G > G o < 00 ^r G G QJ O vaj Q 0 fN (A 0 (N A nO ■^r ON f\ r---< en o' r-H fN A fN i-H «A O O O O fN^ nO 00^ fN rH i-H fN fN fN A iH rH 00 ON O rH fN A nO fN fN fN A A A A A A A 1-H 1-H rH 1-H 1-H tH H 1-H rH rH 1-H 1-H *H rH rH «---4 rH 1---< nO 00 ON O 1-H A -t" A O fN fN fN fN A A A A A A rH 1-H rH 1-H 1-H tH 1-H 1-H 1-H o t/N 00 f ON 1-H A A O IA fN fN NO irC fN fN A C> o" ^r O r- rr fN 00 rH fA 00^ o Z v> £ ’5 c > e .s & o < u < «---• ---H r-« ---i T---J r---i ---■ •---< ---< ---< •---' sû c\ fN A4 rA CN rA rH rH AI fN 'T G' sD o IA rr fN rA NO 00 rH 00 O fN 00 rH t-H rH fN rA rA \0 Tf fN «A rA rA sO I 1 CN Cv CN i i ° Os «A °« 1 °° © NO ©, 1 °° fN CN O r- ©" o' o" o IA rH sQ «A IA IA AJ ON sO AJ IA 00 Tf IA rA tT o" ©" rH TT 1-H O O AJ vO ND IA o "1" fN CN ON !A O fN o ©" fN o" IA rH fA rA (N O r- CN IA AI r-i AI O rA H AI O 'rr I 1 £ ©. 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Al" ia" ia" O O rA fN IA rA rA | CN rH rA IA O © »A fN ON O IA CN ©^ o" «A 00 nO o' IA rA IA vO CN G U D x, 'O a o 4—1 ' z w o S 8 C/D C/) u C/5 y S Q 5 w o c c/) W «u J ^ < ? c Z co W > £ '3 g c/) z o H < S < > o VA 00 CJ Nombre G ! d’actes 03 U H nO £ V r~ u Nombre c d’actes co *H H A «O o'' r-1 O Nombre G d’actes co t-4 H rf sO f U Nombre C d’actes co J-l H fA (U U Nombre G d’actes CO L-i H CN U Nombre G d’actes CO l-i H r-H U Nombre | C d’actes CO tH H t/3 V G G LES INVESTISSEMENTS GÉNOIS EN ROMANIE 699 ■5 g 03 U^.^3 C c oo »h on SO Nû CT ON rH O fA rH CN fA ON IA ON IA On" fA t-H O rA "r, ; 0N 00 00 O ON CN rA CN d 00 1-H 00 CN o IA rA rA 1-H TT rH rA rA rH fN Nû Nû rH Nû rH NÛ rH rH NÛ co" rH rA r»" rH CN rH rH rH rH rH rH rH NÛ * CN rA | Tf fA CN rH t-H CN Nû «A Nû rA IA CN Nû CO O TT r-* IA O O Nû CN 00 p 00 rA ON Nû NÛ CN IA o Nû fN 00 rH IA CN rH rH CN t-H ^ ON ON CN^ CN H CN^ VÛ^ rA «a" ia" oo" IA Cn" Nû nû" ON CNCNCNrArHT-HCNrHCNxr r-ON(NTfTf\OONCN^r OO’-H^OfNONCNONlA M H \û IA rH CN^ oo" T—T oo" H rA CN rH H A CN rH fA^ ce VÛ IA IA ON xf o" Nû" \Û cn" H t-T o" o" H o" IA O IA o rA 00 CN o rA ON CN rH rH IA O rH rA rA ON xr 00 00 00 rA O ON IA O 1^ CN rA 00 rH r-i t-H rA 1---1 rH Tj* 00 IA CN rH rH rA ON ON Nû_ C\ rH VÛ 0\ CN t t p_ CN^ CA CN rH t-T tH rH o" o" O" o" o" o" o" O «A rH rH rH ON O rH rA IA 00 ON rA VÛ rA rA o rA ON IA rA CN rA 00 O q CN ^r CN CN CN rH rH Tt rA 1-H CN ON «A fA rA ^ fN i i i o" o" o" o" o" o" o" o" I I o" I o" 00 O r^> rH o rH rH i i rA 1 ^ rH rH Tf vû CN rH IA rH r-H CN rA CN \r rH l 1 o o o o o r oo on o ' * CN CN CN rA rA vû oo on o CN CN CN CN fA O ON O O O O O O ro O CN Tf IA vû 00 ON o rA rA rA rA rA fA rA ^r rH rH rH rH rH rH rH rH rH rH rH rH rH t-H rH rH rH rA xr IA Vû 00 ON rA rA rA rA rA rA rA rA rH rH rH rH rH rH rH rH 700 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE marchands actifs, qui accroissent à chaque voyage leur richesse mobilière, et l’élite de la fortune dont le capital soutient de plus en plus le commerce maritime avec la Romanie. Celui-ci cesse d’être une aventure pour devenir une activité régulière, aux mains de spécialistes. Nous nous demandions, en ouvrant ce chapitre, si les minutes notariales permettaient d’étudier l’évolution de la conjoncture et la structure des investissements. Avec la prudence qui s’impose, l’usage de la méthode comparative nous a montré que l’on pouvait tirer parti des minutiers pour établit avec une approximation satisfaisante les fluctuations de la conjoncture. L étude des structures nous conduit sur un terrain plus ferme: lorsque la révolution commerciale perd de son élan, et que les affaires deviennent plus difficiles, « l’amateur » qui habituellement faisait fructifier quelques livres lâche pied; l’accumulation du capital favorise l’aristocratie marchande qui, par elle-même ou par ses facteurs, en vient à contrôler tout le mouvement commercial. Le retournement de la conjoncture coïncide avec un changement des structures; dans ces deux domaines, la décennie 1340-1350 a une importance capitale. Elle marque vraiment la professionnalisation définitive de 1 activité commerciale et l’effacement des petites gens. CHAPITRE XIII L’EXPLOITATION DES DENRÉES LOCALES Nous avons évité jusqu’ici d’utiliser le terme de colonie pour qualifier les terres génoises d’Orient. Est-ce à dire que la Commune ne les a jamais considérées comme d’éventuels centres de peuplement et d’exploitation? que les Génois occupant des terroirs souvent fertiles — le Kampos de Chio par exemple — ne s’intéressent guère à la production des denrées locales, à une agriculture vivrière, sans laquelle chacun des comptoirs aurait pu connaître des jours difficiles? En fait, ils ne négligent pas l’agriculture et les ressources de la mer; s’ils ne participent pas directement à la mise en valeur, ils contrôlent celle-ci et surtout se consacrent à la commercialisation des produits du sol et de la mer; ils exportent les excédents et s’efforcent de trouver des ressources complémentaires, lorsque les denrées vivrières sont insuffisantes. I - L’agriculture et la pêche al L’agriculture. L’agriculture occupe une place tout à fait secondaire à Caffa et à Péra, mais est loin d’être négligeable à Chio, où l’existence de quelques bons terroirs et l’abondance des eaux dans la partie nord de l’île rendent possible la mise en valeur agricole. Sur la côte criméenne, aujourd’hui considérée comme la Riviera soviétique, les Génois n’ont guère tiré parti des conditions climatiques favorisant l’agriculture. A la fin du XIIIe siècle, dès que l’on sort de Caffa, on ne rencontre que des bois, des terres en friche, où la construction de granges dénote quelques activités pastorales '. En 1344, au coeur du castrum de Caffa, ii subsiste des terrains vides, à côté d’une terre louée en emphytéose et sur laquelle ont été édifiés quelques bâtiments2. Le premier texte qui parle des activités agricoles des Génois est le traité signe par le consul de Caffa avec 1 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 370, 783, 891. 2 G. Balbi - S. Raiteri, Notai genovesi, op. cit., doc. n° 24, pp. 54-55. 702 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Elias bey, seigneur de Solgat, le 24 février 1381: à côté de clauses politiques et commerciales, figure le droit pour les Génois de semer et de faire paître leurs troupeaux sur les terres de l’empire mongol3. Plus peut-être que d’une pratique quotidienne, il s’agit, c’est probable, d’une formule rituelle que les Tatars, peuple nomade, inséraient dans les pactes d’amitié ou d’alliance conclus avec leurs voisins. Car, même en cette fin du XIVe siècle, où la documentation se fait plus abondante, aucun indice ne révèle que des Génois se livrent eux-mêmes à des activités agricoles: du blé vient de Solgat et des casaux de Gothie, mais il est produit par les Orientaux; les collines qui entourent le comptoir sont couvertes de moulins à vent, mais ceux-ci moulent des céréales venues du Nord ou importées par mer4; des bêtes d élevage sont offertes à des ambassadeurs étrangers, mais on ignore qui les a vendues aux autorités locales5; « l’art » des bouchers est très bien représenté à Caffa, plus d’ailleurs par des Arméniens, Grecs et Tatars, que par des Latins d’origine, mais on ne sait quels sont les fournisseurs. La lourdeur des gabelles frappant l’importation et la consommation du vin a-t-elle incité les Génois à planter quelques pièces de vigne sur les collines étagées du rebord criméen, tourné vers le midi? C’est tout à fait possible, encore que l’on ne possède aucun témoignage direct à ce sujet: pas de vente de vignoble devant notaire, pas de location non plus par des particuliers. En revanche, plusieurs gabelles de 1382 pèsent sur la production de vignobles locaux. Abram Gentile s’est rendu adjudicataire de 1’« ambelli apatiti fmetus vinearum de Locorso et Lobochdocho », terroirs, précise le texte, qui font partie des casaux de Gothie et de la région de Soldaïa6. A Soldaïa meme, la Commune possède des vignes dont le produit s’élève à 14.354 aspres, et, dans la région de Caffa, elle a concédé un vignoble à Sorleone Piccamiglio, qui verse un loyer de 12.000 aspres7; mais, on ne peut préciser si le locataire exploite lui-même le bien communal. 3 C. Desimoni, Trattato dei Genovesi, op. cit., pp. 164-165. 4 ASG. Caffa Massaria 1374, f. 85 r; Massaria 1381, ff. 87 v et 103 v; E. Skrzins-ka, Le colonie genovesi, op. cit., p. 135. 5 ASG. Caffa Massaria 1386, f. 14 r. 6 ASG. Caffa Massaria 1381, ff. 8v, 167 r. 7 Ibidem, ff. 27 r, 117 v, 179 r. D’après Schiltberger, qui voyagea en Crimée au début du XVe siècle, la viticulture est aux mains des Grecs qui y produisent un excellent vin. Le règlement de Caffa de 1449 mentionne d’ailleurs une taxe spéciale sur les vignobles, Yampelopaticum et la suspension des cours consulaires pendant le temps des vendanges: cf. A. Vigna, Codice diplomatico, dans ASLI, t. VII, fase. II, op. cit., p. 629, et V. V. Badian - A. M. Ciperis, Le commerce de Caffa, op. cit., p. 186. L’EXPLOITATION DES DENRÉES LOCALES 703 En dehors du vignoble, les ressources agricoles de Caffa sont négligeables. à preuve, le très faible rapport — 400 aspres par an — de Yintroytus montihs seu seminati, qui est probablement une taxe sur les ensemencements . Au XIVe siècle, comme au temps du dominicain Egidio Dortelli dAscali, un va-et-vient constant de 500 à 1.000 chariots par jour apportait au comptoir son ravitaillement. « La fonte principale della richezza di Caffa è il mare », notait encore le frère mineur9: vérité essentielle qui a conduit les Génois à négliger presque totalement l’agriculture et l’élevage, laissés aux soins des Orientaux. Lors de ses agrandissements successifs, le comptoir de Péra a inclus dans ses murs un grand nombre de pièces de vigne qui constituaient l’unique ressource agricole des pentes de Galata bien exposées au soleil, tant du côté du Bosphore que de la Corne d’Or; plusieurs cessions de biens immobiliers réalisées en 1281 mentionnent ces vignobles, de même que le procès-verbal de mai 1303 . Les limites du quartier génois passent par la vigne de feu Per-dicarius, par celles du monastère de Lips, de Macropita et du logothète Stra-tiotikos. Les constructions faites par les Génois n’ont pas dû favoriser l’essor de la viticulture. Toutefois, à la fin du XIVe siècle, les Pérotes sont encore très attachés à la possession d’une pièce de vigne, à l’exemple de leurs compatriotes qui, en métropole, soignent amoureusement les ceps d’Albaro, du Bisagno ou de la Polcevera. Certains détiennent une parcelle hors des murs, « in valle Columpnatis » ou près des tours défendant les bourgs u. D’autres poursuivent 1 exploitation dans la ville même, au bourg de Spiga où la vigne de Giovanni Falaca jouxte celle du meunier grec Risino, où les sarments se mêlent aux branches des arbres fruitiers pour former cette « coltura promiscua » si chère aux Italiens12. Y a-t-il un vignoble véritablement productif? il est difficile de le dire; le volume élevé des importations de vin atteste surtout que les bourgeois de Péra considèrent leurs pièces de vigne plutôt comme une utile distraction que comme un moyen de satisfaire totalement leurs besoins. En dehors de la viticulture et de l’arboriculture, aucune autre activité agricole n’est à porter à l’actif des Génois de Péra. 8 ASG. Caffa Massaria 1381, f. 99 r et supra p. 413. 9 Cité par E. Skrzinska, Le colonie genovesi, op. cit., pp. 134-135. 10 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 101, 168-169; L. T. Belgrano, Prima Serie, op. cit., pp. 103-104. 11 ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 15 et 77. 12 Ibidem, doc. n° 12 et 12 bis, 24 et 73. Sur la culture mixte et son succès dans l’Italie médiévale, cf. E. Sereni, Histoire du paysage rural italien, Paris, 1964, pp. 90-91, et la miniature du Theatrum sanitatis, ibidem, planche 20. 704 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE « Chio produit les meilleurs et les plus excellents vins de toute la Grèce . . . En dehors des murailles, les beaux faux bourgs (sont) pleins de jardins plaisants et délicieux remplis de divers fruits d’admirable suavité et douceur comme oranges, ponces, citrons, figues, poires, pommes, prunes, abricots, dattes et olives ». Pour Nicolas de Nicolay, Chio est véritablement le jardin d’Eden I3. La fertilité extraordinaire du Kampos, aux portes de la ville, a suscité l’admiration de bien des voyageurs, étonnés des soins prodigués aux arbres et de la minutie des pratiques d’irrigation 1 . Comment la Mahone n’aurait-elle pas souhaité utiliser à son profit cette fertilité naturelle du sol? Après l’échec du complot de 1347, la confiscation des biens des rebelles lui en donna l’occasion. Dès le début de l’année 1348, Simone Vignoso et ses compagnons s’efforcèrent d’attirer des compatriotes en leur livrant des terres chisïlimae à condition que ces Ligures s’installent à Chio avec leur famille l3. Des Génois, mais aussi des gens de Rapallo, de Camogli, de Chiavari, de Zoagli, de Lavagna et de Voltri reçurent ainsi des pièces de vigne, des vergers plantés de figuiers et de mûriers, dans le Kampos et dans toute lîle, depuis Volissos jusqu’au cap Mastico. Plutôt qu’une seule pièce de terre, les immigrants obtinrent des parcelles dispersées, seul moyen pour les Maho-nais d’imposer partout une présence au moins épisodique des Latins. Les actes de concession donnent les mesures des terres, énumèrent les confins, nomment le propriétaire précédent, et définissent avec précision la production du vin et le nombre des mûriers, seul indice du développement, dès cette date, de l’élevage du ver à soie 16. 13 N. de Nicolay, Les quatre premiers livres des navigations et pérégrinations orien taies, Anvers, 1577, pp. 65-67. 14 Par exemple Pierre Belon, Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Paris, 1553; Jérôme Maurand, Itinéraire d Antibes à tantinople, éd. L. Dorez, Paris 1901; André Thévet, La cosmographie universelle,, ris, 1575; Julien Galland, Recueil des Rits et Cérémonies du Pèlerinage de la Mecque, Amsterdam, 1754. Tous les extraits concernant Chio sont publiés per Ph. P. Argenti et St. Kyriakidis,'H Xloç itapà toïç Tsu>ypa(foiç xal 7ispiï)Y7)Taïç, Athènes, 1946, t. I, PP’ 31 et sq. 15 Ces accords sont publiés par Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. clt-> t. III, pp. 485-6, 492-4, 509-510, 512-15, 518-20, 522-23, 528-31. Y ajouter la plus ancienne attribution de biens chisilima (20 février 1348) in ASG. Not. cart. n° 359, f. 171 r-v. 16 Ainsi le jardin de Michali Corexi remis à Giovanni di Gayado di Chiavari comporte 3 mûriers, la terre de Nicheta Corsolora Ogeros à Volissos un mûrier (ASG Not. cart. n° 359, f. 172 r; Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. III, P- 494) et celles de Nicola Tiliano adjugées au rabbin Elias, respectivement trois et quatre mûriers (P. Villa, Documenti sugli Ebrei a Chio, op. cit., p. 124). L’EXPLOITATION DES DENRÉES LOCALES 705 Est-ce à dire que les bénéficiaires de ces concessions se transforment en agriculteurs? Rien n’est moins certain. D’une part, certaines terres sont accordées à des artisans, forgerons, tisserands, et même à un médecin: on voit mal comment de telles personnes, ignorant tout des traditions agraires locales, pourraient mettre en valeur ces terres dans de bonnes conditions. D autre part, certains bénéficiaires reçoivent des Mahonais le droit de naviguer et de commercer six ou huit mois par an 17. Dans ces conditions, ou bien limmigrant se fait aider, et c’est la solution adoptée par Giovanni Restano di Voltri qui prend à son service Stefano de Zara pour cultiver ses terres, ses vignes et ses autres biens18; ou bien il se contente de percevoir les revenus de ses terres qui continuent à être exploitées par des paysans grecs: c’est le cas de Domenico di Voltri qui reçoit une vigne et un jardin ayant appartenu à Vaxili Argenti mais mis en valeur par Théodore Ocavadis, dont les droits sont préservés 19. Les Mahonais eux-mêmes sont de riches propriétaires fonciers, ce qui ne signifie pas qu’ils soient exploitants: leurs maisons de campagne de Sklavia ou de Stous Hephta et les terres d’alentour sont tenues par des parèques, astreints au paiement des redevances20. A l’exception peut-être des pièces de vigne, la terre des comptoirs orientaux n’intéresse pas les Latins pour ses productions. L’agriculture, lorsqu’elle connaît un développement honorable est toute entière aux mains des indigènes, les Génois se contentant de percevoir impôts et rente foncière et de commercialiser les produits du sol. On ne peut donc aucunement parler de colonisation rurale: les concessions de terres faites par la Mahone ne sont qu’un expédient financier servant à retenir des immigrants, indispensables pour la défense de l’île. b/ Les ressources de la mer: poissons et sel. 1 - Les poissons. Les poissons de la mer Noire sont aujourd’hui encore justement renommés sur les marchés d’Istanbul, et il est certain qu’ils étaient aussi appré- 17 Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. III, pp. 513, 518. 18 ASG. Not. Antonio Fellone, III, ff. 155 v et 139 r. 19 Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. III, pp. 518-519. 20 Les plus lourdes redevances sont versées cn nature par les producteurs de mastic. Il en sera traité infra p. 744. 14 706 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ciés par les Grecs de Constantinople 21. Les principales pêcheries étaient localisées aux bouches du Danube et dans la mer de Tana. A 1 embouchure du Danube, Kilia était connue comme un important centre de pêche à 1 esturgeon; le prince de Moldavie y prélevait à la fin du XVe siècle une dîme de plus de 12 tonnes de poissons22. Quoique l’activité des Génois dans cette place danubienne ait été considérable au XIVe siècle, on ne trouve pas trace dans les documents d’une exportation de poissons par nos marchands. Les sources couvrant une période de temps limitée, peut-être qu’Antonio di Ponzo instrumentait les actes qui sont parvenus jusqu’à nous en dehors de la saison de pêche23. Dans la mer de Tana, l’activité des pêcheurs a également un caractère saisonnier. Entre le 23 avril et le 16 mai 1290, sont rédigés à Cafîa huit pactes de nolisement, par lesquels un certain nombre de patrons de navires s engagent à aller charger des poissons à La Copa, à l’embouchure du Kouban . Il y est précisé que les navires affrétés pourront relâcher à La Copa une quinzaine de jours, « fracto bazali ». Bratianu a traduit cette expression curieuse par « jusqu’à la clôture du marché »25: l’historien roumain suppose donc qu’existait à l’embouchure du Kouban un marché temporaire, sorte de foire aux poissons, se terminant fin mai, puisqu’après le 16 mai, aucun marchand ne se rendait plus à La Copa. En juillet et en août, c’est à Tana que les linhs génois vont charger les 21 Ph. Koukoulès, BuÇctvxivüv pîoç xai jroXma|iôç, 8 vol., Athènes, 1947-1957, t. 5, pp. 79-86; C. C. Giurescu, Istoria pescuitului si a pisciculturi în Romania, t. , Bucarest, 1964, pp. 86-93. 22 C. C. Giurescu, Istoria Pescuitului, op. cit., pp. 86-93 et 192; N. Beldiceanu^ I. Beldiceanu - Steinherr, Déportation et pêche à Kilia entre 1484 et 1508, dans Bulletin of the school of Oriental and African Studies, t. XXXVIII, n° 1, 1975, pp. 40-154. 23 G. Pistarino, Notai genovesi, op. cit.; G. Airaldi, I Genovesi a Licostomo, op. cit.; M. Balard, Les Génois dans l’ouest de la mer Noire, op. cit. 24 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 262, 266, 275, 276, 277, 279, 283, 291. L. Balletto, Il commercio del pesce nel Mar Nero sulla fine del Duecento, dans Critica storica, t. XIII/3, 1976, pp. 390-407, analyse les actes notariés de Caffa portant sur les achats et transports de poissons en 1289-1290. 25 G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cifi., p. 245. Pour Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. III, p. 811, le mot bazale est synonyme de forum. Les scribes de la Massaria de Caffa utilisent le mot pour désigner une sorte de marché permanent équivalent des souks, où se regroupent des commerces aussi divers que les bouchers et les marchands de jarres. l’exploitation des denrées locales 707 esturgeons et les poissons du Don 2\ Ils y relâchent quelques semaines, jus-qu à la fermeture du marché, fracto bazali, qui a lieu dans les premiers jours de septembre, date fixée pour le départ des bateaux. Il y a donc, dès la fin du XIII siècle, au fond de la mer d’Azov, un autre marché temporaire de poissons que les Génois fréquentent, après la fermeture de celui de La Copa. Les cargaisons embarquées sont importantes: de 9.000 à 65.000 livres, soit de 3 à 20 tonnes. Nos marchands approvisionnent ainsi Caffa, Trébizon-de, Simisso, Constantinople et même Smyrne, au-delà des Détroits. Au milieu du XIVe siècle, le commerce des poissons est encore actif à Tana; quelques-uns des représentants de la colonie génoise s’y adonnent: Manuel de Guarnerio, Nicoloso Spinola et Andalò Basso en font mention dans leur testamentJ. Les lettres de chargement envoyées à Francesco di Marco Datini par ses facteurs citent fréquemment les « faisceaux » d’esturgeons, les botti de poissons salés et les barils de caviar que rapportent les nefs génoises de Romanie28. Mais ici encore, nos marchands ne sont que des intermédiaires. Il est rare de voir les Latins participer à la pêche: sur les quatre pêcheurs que citent les registres de la Massaria de Caffa, trois sont d’origine orientale, Grecs et Tatars; les trois pêcheurs connus par les livres de trésorerie de Péra portent des noms grecs. Une seule entreprise de pêche réunit à Chio un Ligure et un Grec: en 1404, Battista di Benesia porte plainte contre son associé, Leo Tifelenis, qui est allé deux fois pêcher sans le consentement de Battista et sans remettre à son compagnon la part qui lui revient29. A l’exception de ce dernier document, nous ignorons tout des conditions de la pêche en mer Egée. Ce silence des sources est significatif. Les Génois ne s’intéressent aux 26 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 740, 788, 903. Les pêcheries de la mer de Tana sont sommairement décrites par Barbaro, Viaggic alla Tana (E. Skrzinskaja, Barbaro i Kontarini, op. cit., p. 120, § 21) qui les situe en un lieu-dit Bo-sagaz, à 40 milles de Tana. 27 A. S. Venise, Cancelleria inferiore, B. 19, Not. Bianco Benedetto, 19 octobre et 23 novembre 1362. 28 AS. Prato, B. 1171, 17 mars 1383, 27 mars 1391, 24 décembre 1394, 6 janvier 1395, 11 janvier 1395, 21 mai 1396. Y ajouter la lettre de chargement de deux coques vénitiennes, provenant de Tana: ibidem, novembre 1401, et de nombreuses indications éparses dans le carteggio: ex. n° 506, Pisa da Genova, 20 août 1384 (la nef Vivalda rapporte 2.037 esturgeons de Caffa), 4 octobre 1384 (un panfile avec 3 faisceaux d’esturgeons), 7 novembre 1384 (3 nefs de Romanie portant 14 faisceaux d’esturgeons), etc. 29 ASG. Not. Gregorio Panissaro, 22 mars 1404. 708 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE poissons qu’au stade de la commercialisation, rarement à celui de la production. 2 - Le sel. Il en est de même pour le sel. L’on sait que Gênes ne produisait pas de sel sur les Riviere et avait conclu des accords avec les seigneurs d Hyères et de Toulon, pour se réserver l’exclusivité des exportations du sel proven çal30. Puis la Commune avait réussi à diversifier ses sources d approvisionne ment: vers 1260, Ibiza, la Sardaigne, Alexandrie s’étaient ajoutées à la Pro vence31. Quelques années plus tard, les Génois pouvaient tirer parti des sa lines de Crimée. Leur localisation précise n’est pas simple: en effet d après Barbaro, il n’existe pas moins de 400 lacs salés entre Caffa et Tana, les principaux étant les lacs Kiatskoe et Staroe dans l’isthme même de Perekop • Bratianu, en éditant des actes de Caffa, avait compris qu’une taride d Inghetto della Volta allait charger du sel à « Iumprico », sans pouvoir identifier ce nom Dans d’autres actes de Lamberto di Sambuceto, le lieu du chargement est plus clairement indiqué sous la forme « Luzuprico » ou « Juprico » . Or, 1 Atlan te Luxoro, recueil de cartes nautiques génoises du début du XIV siècle, donc postérieur de quelques années seulement au minutier de Lamberto di Sambu ceto, ignore « Lumprico », mais cite « Lo Ciprico», salines de la rade^ Touzlab, à 50 milles de Caffa, celles-là même que décrit Jean Chardin, qui se 30 D. Gioffrè, Il commercio genovese del sale e il monopolio fiscale nel secolo XIV, dans Bollettino Ligustico, 1958, pp. 3-32; J. Heers, Le commerce du sel en M.editerran occidentale au Moyen-Age, dans M. Moliat, Le rôle du sel, op. cit., pp. 127-132, Y. Malarti , Le commerce du sel d’Hyères en Ligurie du XIIIe au XV£ siècle, dans Atti deI cn gresso storico Liguria-Provenza, Bordighera-Marseille, 1966, pp. 169-178; J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., pp. 605-617. 31 Liber lurium, op. cit., t. I, col. 1277-1278. 32 E. Skrzinskaja, Barbaro i Kontarini, op. cit., pp. 120, § 21 et 129, § 45: à Bosa gaz, à 40 milles de Tana « il sale è grosso come quello da Gieviza (Ibiza)»; sur la droite de la mer de Tana, en allant vers Caffa, Barbaro trouve « un stretto terreno, che continua la insula con terra ferma, come fa quello della ìAorea, chiamato Zuchala. Ivi el se ritrova saline grandissime, le qual se arpiano da sua posta ». 33 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 218 et 278. 34 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 586, 626, 629, 696, 768, 797, 843. l’exploitation des denrées locales 709 rendant en Perse, passe par Caffa et les salines le 30 août 1672 35. Aucun doute n est plus possible: ces salines sont celles de la presqu’île de Kertch, à l’est de la Crimée. Les Génois s’intéressent à cette exploitation des salines dès leur installation en Gazarie. En effet, en 1278, une cargaison de sel venant de mer Noire, est arrêtée à Constantinople par les commerciaires qui en retiennent la moitié et exigent du marchand, Corrado di Rainaldo di Noli, le versement d’une caution36. Quelques années plus tard, un véritable trafic du sel, étendu à toute la mer Noire, s’est organisé; les Génois y participent au premier chef, mais aussi des Alains et des Arméniens de Caffa et de Solgat. Le sel est transporté par bateaux entiers — le S. Salvator, la S. Maria, le S. Nicolaus, le S. Michael — vers les régions méridionales de la mer Noire, et plus particulièrement à Trébizonde. Le Grand Comnène lui-même se porte acquéreur d’une cargaison; avec le produit de cette vente, Giacomo di San Remo s’engage à payer la moitié du linh S. Franciscus acheté à Buonsignore Caffarai-no37. Le sel est une denrée bon marché: 1,75 aspre baricat le muid, au lieu de production 38. Le coût du transport paraît au contraire élevé: 45 % de la cargaison ou bien de 3,50 à 3,75 aspres comnénats le muid, soit, au taux de 1,6 aspre baricat pour 1 aspre comnénat39, de 5,6 à 6 aspres ba-ricats, près de trois fois la valeur du produit! Les Génois achètent ainsi au meilleur prix les denrées locales et les acheminent vers les centres de con- 35 C. Desimoni - L. T. Belgrano, L’Atlante idrografico del Medio Evo posseduto dal prof. Luxoro, dans ASLI, t. V, Gênes, 1867, p. 253; Les voyages de Jean Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient, 2 vol., Paris, 1883, éd. G. Mantoux, t. I, pp. 12-13: « Le 30, notre vaisseau se mit en mer et fit voile (de Cafla) vers un lieu appelé Dousla (Touzlah), c’est-à-dire les Salines. Ce sont de grands marais de sel, sur la plage à 50 milles de Caffa. Nous y arrivâmes le 31 au matin, et aussitôt tout l’équipage se mit à charger du sel; il n’était gardé de personne. On assure qu’il s’en charge là tous les ans deux cents vaisseaux et qu’il s’en pourrait faire deux fois autant s’il en était besoin ...» (cité par J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 29). 36 ASG. Not. cart. n° 79, ff. 269 v-270 r. Rappelons qu’en vertu du règlement de 1317 (L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 120) aucun Génois n’est autorisé à transporter un chargement de sel à Constantinople ou à Péra, afin de l’y vendre. Seule est autorisée l’exportation du sel pontique vers l’Occident sur des bateaux pouvant faire escale à Péra, mais non y décharger. Ce règlement a surtout pour but de préserver les intérêts fiscaux du basileus, plusieurs différends portant sur le blé et le sel ayant provoqué des tensions entre Andronic II et la Commune: cf. A. E. Laiou,: Constantinople, op. cit., pp. 261r263. 37 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 615. 38 Ibidem, doc. n° 696. 39 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 206, 214, 334. 710 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE sommation, les régions méridionales de la mer Noire, c’est-à-dire essentiellement Trébizonde et Cérasonte, où ils les revendent en réalisant de substantiels bénéfices 40. Le sel de Crimée est-il l’objet d’un commerce plus vaste, dépassant les limites de la mer Noire? A Constantinople, force est d’admettre que les Byzantins ont réussi à préserver jusqu’à la fin du XIVe siècle leur monopole fiscal de la vente du sel, et peut-être à le maintenir à Péra même; en effet, nous n’avons rencontré aucune cargaison de sel dans les minutes notariales de Péra, et, fait plus troublant, aucune taxe sur ce produit n apparaît dans les registres de la Massaria de Péra, alors qu’à Gênes les consules salis contrôlent et imposent les chargements de sel41. A Péra à la fin du XIV siècle, apparaît un Officium Salis, dont les bénéfices très modestes 106 hy-perpères 10 keratia en 1390, 603 hyperpères en 1402 — nous laissent perplexe sur le rôle que jouait cet organisme42. Etait-il autorisé, contrairement au règlement de 1317, à importer le sel nécessaire au comptoir, ou se contentait-il de revendre celui qu’il achetait aux commerciales byzantins? La première hypothèse est plus vraisemblable, mais aucun fait precis ne vient l’étayer, si ce n’est l’ampleur des trafics douteux auxquels participent facteurs du basileus et autorités de Péra, trafics qui prouvent la désagrégation de l’administration impériale, incapable d’assurer par elle-même la percep tion des gabelles de Constantinople43. Le sel de Crimée franchit aussi les Détroits et arrive en Occident. Pour Gênes, il n’a pas la même importance que le sel d’Ibiza ou de Provence, en 1358, 75 % des importations proviennent d’Hyères44. Entre le 5 mai et le 14 décembre 1366, sur 33.834 mine de sel débarqué à Gênes, 2.516 seulement viennent de Romanie, soit à peine 7,5 % du total; les années suivantes, aucune cargaison de sel n’est signalée, Chypre et Alexandrie prenant le re lais de la Crimée dans les approvisionnements de Gênes en Orient . 40 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 616: Buonsignore Caffarai no s’engage à racheter le sel à Trébizonde au prix de 6 aspres comnénats le muid. 41 H. Sieveking, Studio sulle finanze, op. cit., pp. 112-119; D. Giofïrè, Il commercio genovese del sale, op. cit., p. 5. 42 ASG. Peire Massaria 1390, f. 162 v et 1402, f. 55 r. 43 ASG. Peire Sindicamenta, t. I, fi. 104r-105v. 44 D. Giofïrè, Il commercio genovese del sale, op. cit., p. 9; J. C. Hocquet, Histoire économique, op. cit., p. 608. 45 ASG. San Giorgio, sala 33/40, Officium salis 1371. La Crimée envoie tout au plus deux ou trois cargaisons de sel à Gênes par an: ce sel est payé 18 sous par mine aux Génois qui l’apportent, alors que le sel d’Ibiza ne rapporte que 17 sous et celui L’EXPLOITATION DES DENRÉES LOCALES 711 Le sel de Touzlah pouvait-il constituer le lest des nefs et des coques, lorsque viennent à manquer des cargaisons plus nobles? c’est possible surtout à la fin du XIVe siècle, au moment où l’activité économique de Caffa devient languissante; mais, en aucun cas, les Génois n’ont imité les Vénitiens, qui ont fait du sel la marchandise propre à rentabiliser l’exploitation des navires et à diminuer le coût du fret des autres produits. En revanche, il n est pas douteux que le sel, et accessoirement les poissons, ont été pour les Génois un atout majeur dans l’organisation de leur commerce en mer Noire. Le sel leur a permis de remplir les navires se rendant à Trébizonde, débouché de la grande route de Tabriz et de la Perse; il a constitué le produit indispensable des échanges dans l’empire des Grands Comnènes; son prix de vente élevé rendait moins coûteux l’achat des épices et de la soie, venues de la lointaine Asie. En ce sens, il existe une solidarité profonde entre les matières pondéreuses et de bas prix, et les produits de luxe, entre les trafics régionaux et le grand commerce international. Le sel, les poissons, les ceréales, l’alun sont objets de spéculation au moins autant que le poivre et les tissus précieux de l’Orient. C’est pour avoir compris cette intime complémentarité dès la fin du XIIIe siècle que les Génois s’assurèrent un succès durable dans le commerce Orient-Occident et firent de leurs trois grands comptoirs des emporia internationaux, mais aussi des marchés régionaux, dominant efficacement l’exploitation et la commercialisation des denrées locales quelles qu’elles soient. II - Les corps de métiers Certaines de ces denrées subissaient-elles une première transformation avant d’être proposées à la vente? Le rassemblement dans les trois comptoirs d’une population relativement aisée d’hommes d’affaires, qui sont aussi des consommateurs, est une condition suffisante pour que se développe un artisanat qui, s’il ne prétend pas rivaliser avec celui des grands centres « industriels » de POccident médiéval, peut néanmoins satisfaire aux besoins de la vie quotidienne et, dans certains domaines, faciliter l’exportation des produits d’origine locale. d’Alexandrie 15 sous. Le prix de revente par 1 'Officium Salis est de 25 sous (ASG. Compere Mutui, Diversorum Negociorum n° 1105, ff. 3v et 9r). Le registre de Y Officium Salis est examiné minutieusement par D. Giofïrè, Il commercio genovese del sale, op. cit., en particulier p. 16. 712 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE L’organisation des métiers dans les trois comptoirs est très mal connue. Il est vraisemblable qu’elle ne doit pas différer beaucoup de ce qu elle est à Gênes. Les corps de métiers sont placés sous la surveillance de « ministri » nommés par les autorités de la métropole46; ils ont à leur tête un consul pouvant rassembler les membres du métier, par exemple pour 1 admission d un nouveau confrère 47. Toutefois, en cas de dispute entre deux « maîtres », le consul s’efface devant le podestat qui, en s’appuyant sur les statuts des « arts », tranche en dernier ressort4a. Les consuls désignent l’un d entre eux comme prieur des arts mais ne lui confèrent qu’un rôle représentatif, en tout point semblable à celui que jouait à Gênes l’abbé du peuple49. L’exercice d’un métier ne présente guère d’originalité dans les trois comptoirs. Les artisans louent et achètent des échoppes, où les notaires viennent fréquemment instrumenter. Des societates .font conclues entre membres dun même art pour une période limitée de deux à trois ans; elles peuvent etre rompues avant terme, avec l’accord des deux parties50. Parfois quelques outils suffisent pour qu’un artisan s’établisse: un tondeur de draps, récemment arrivé à Chio, achète à un « bourgeois » de l’île huit paires de grands ciseaux pour exercer son art51. Pour un débutant un long apprentissage est néces saire: un contrat notarié conclu entre un maître et les parents du jeune ap prenti en définit les conditions52. Celles-ci sont généralement plus rigoureu ses qu’en métropole: le demandeur s’engage à rester auprès de son maître de longues années, huit à dix ans, d’après les contrats que 1 on possède, et ac cepte de ne recevoir rien d’autre que le vivre, le couvert et le vêtement. Au 46 ASG. Not. cart. n° 309/1, ff. 108 v et 115 r. Sur le rôle des ministri, cf. D. Giofïrè, Liber, op. cit., p. 316. 47 ASG. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 64 et 71. 48 Ibidem, doc. n° 68. Le consul de l’art des calfats sert de conseil à 1 un des plaignants, mais laisse le podestat prendre la décision. 49 ASG. Peire Sindicamenta, f. 70 v. Anthoniotus di Levanto prior artium est entendu comme témoin par les enquêteurs envoyés à Péra. Sur l’abbé du peup e a Gênes, cf. V. Vitale, Breviario, op. cit., t. I, p. 86. A Péra, le prieur est également nommé « abbas Peire »: cf. ASG. Not. cart. n° 229, f. 164 v. Sur 1 'abbas Peyre, voir les références réunies par P. Saraceno, L’amministrazione, op. cit., pp. 238-239. 50 ASG. Not. Giovanni Balbi, doc. n° 509; Not. cart. n° 136, f. 204 v. 51 ASG. Not. Antonio Fellone III, f. 153 r. 52 On comparera ces conditions avec celles qui sont en vigueur dans les colonies vénitiennes: cf. E. Santschi, Contrats de travail et d’apprentissage en Crète vénitienne au XIVe siècle, d’après quelques notaires, dans Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, t. 19, 1969, pp. 34-74. L’EXPLOITATION DES DENRÉES LOCALES 713 cune rétribution ne lui est accordée, alors qu’un artisan déjà formé reçoit un salaire, tout en étant entretenu aux frais de son employeur53. Enfin, un esclave affranchi doit promettre de ne pas exercer l’art auquel il a été initié dans les lieux où son maître est établi: on a le souci de garder jalousement les secrets de fabrication et d’éviter une concurrence54. Hormis ce cas, dans les comptoirs d’Orient, comme en Occident, les membres d’un même « art » se regroupent et donnent le nom de leur métier à la ruelle ou à la contrada où la majorité d’entre eux tient boutique55. Ces qualificatifs topographiques témoignent de l’importance de tel ou tel métier dans l’un des trois comptoirs. Y a-t-il à cet égard beaucoup de points communs entre Péra, Caffa et Chio? Les métiers du textile occupent la première place partout: ils regroupent de 22 à 28 % des artisans connus. Cependant aucun des trois comptoirs ne se livre à la fabrication des toiles et des draps qui viennent d’Occident. Il y a bien, particulièrement à Caffa, quelques tisserands et fileurs, mais rien ne prouve qu’ils exercent effectivement leur art; leur petit nombre fait supposer qu’il s’agit d’artisans venus temporairement en mer Noire pour y faire des affaires. Les métiers les mieux représentés sont ceux qui s’occupent de la finition ou de la coupe des tissus: tondeurs de draps, teinturiers et surtout tailleurs. Quelques artisans très spécialisés apparaissent à Caffa à la fin du XIVe siècle: fabricants de camelots, de camocats, et travailleurs de la soie. Un des arts les plus fournis est celui des fabricants de chausses, qui forment de 5 à 8 % de l’échantillon observé. Après le vêtement, l’alimentation. Mettons de côté les taverniers, toujours bien représentés, et les boulangers qui fournissent les deux aliments de base, vin et pain. Plus étonnant est le nombre des bouchers surtout à Caffa: 39 bouchers sur un total de 470 artisans, soit 8,3% de l’effectif. L’élevage dans l’arrière-pays criméen est la principale activité des nomades que sont encore les Tatars du Kiptchak. L’exportation de viandes salées est probable, mais ne saurait tout expliquer: il est fort possible que la consommation 53 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 309 et 656; G. Balbi - S. Rai-teti, Notai genovesi, op. cit., doc. n° 68; ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 68; Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 176. En Crète (E. Santschi, Contrats de travail, op. cit., p. 58) la durée moyenne de l’apprentissage est de l’ordre de six ans et dans 49 % des cas, les prestations des maîtres se réduisent à l’enseignement du métier et à l’entretien de l’apprenti en excluant tout salaire en espèces (Ibidem, p. 68). 54 ASG. Not. Giovanni Balbi, 21 mars 1414. 55 A Péra, l’on trouve la contrada des fileurs; à Caffa la ruelle des pelletiers, celle des fabricants de chausses, la place des banquiers, le pont des bouchers, la contrada des ferronniers; à Chio, la place des banquiers, la contrada des boulangers, etc. 714 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE soit à Caffa supérieure à l’ordinaire; si les menus riches en viande offerts par les autorités du lieu aux ambassadeurs étrangers ne prouvent rien, le fait que trois impôts d’un bon rendement pèsent sur le commerce de la viande — introytus tamoge bestiarum macelli, introytus macellorum, introytus carnium recentium — est l’indice d’habitudes alimentaires propres à Caffa et que l’on ne retrouve ni à Péra, ni à Chio. En revanche, dans ces deux derniers comptoirs, la proportion des marchands d’épices est plus forte, le quart des commerces alimentaires à Péra, le tiers à Chio: il s’agit de revendeurs qui, sans aucun doute, doivent satisfaire les besoins, ici, de la capitale byzantine, là de Chio tout entière et peut-être du littoral micrasiatique voisin. Un autre métier est fort diversement représenté dans les trois comptoirs: celui des pelletiers .Très nombreux à Caffa et à Péra, où ils se placent seconds et premiers de tous les arts, les pelletiers ont un effectif modeste à Chio. Dans les deux comptoirs septentrionaux, ils sont moins d humbles artisans apprêtant les peaux à l’usage de la clientèle locale que des marchands qui par achat ou troc se sont procuré les fourrures exportees ensuite vers l’Occident. Comme l’a montré R. Delort, les Génois, dès les années 1270, ont une part importante dans le commerce des fourrures56. Un autre produit, d’origine locale, donne lieu à Caffa à une importante activité artisanale,^ la fabrication des chandelles, art qui, au contraire, est peu représenté à Pera, et pas du tout à Chio. Quelques autres métiers occupent une place notable dans les trois comptoirs: les « arts » du fer, forgerons et ferronniers, ces derniers contribuant aux fabrications navales en même temps que les calfats, les maîtres de hache et les fabricants de poix, bien connus à Chio grâce au rapport de Niccolò Patinanti, selon lequel ces artisans seraient en 1395 au nombre de soixante-deux dans l’île57. Les trois comptoirs ont également un contingent assez fourni de médecins, chirurgiens, barbiers et phisici, parmi lesquels à Chio les Juifs occupent une bonne place. Quelques pappates, maîtres d’école, et juristes apportent enfin à la population orientale et latine des aliments spirituels et intellectuels, ou interviennent dans les différends juridiques. 56 R. Delort, Le commerce des fourrures en Occident sur la fin du Moyen Age, thèse pour le doctorat ès-lettres, Paris, 1975, 2 tomes, 1367 p. La première mention de 1 arrivée à Gênes d’une cargaison de fourrures venues directement de mer Noire date de 1271 (ASG. Not. cart n° 70, f. 65 r). 57 Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. II, p. 241. La poix de Chio est exportée en Orient et en Occident (ASG. Not. Antonio Fellone III, 19 janvier 1381). En 1404, les gouverneurs de la Mahone s’engagent à mettre tous les ferrarii et maîtres de hache de Chio a la disposition des constructeurs d’une galère (ASG. Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 76). l’exploitation des denrées locales 715 Cette revue des différents « arts » met en évidence à quel point chacun des comptoirs a su s’adapter aux besoins du commerce local et international. Aucun n’a développé une industrie de grande ampleur, n’est devenu un centre de production. Mais, suivant la variété des ressources locales, quelques métiers se sont plus ou moins développés: à Caffa les bouchers, les pelletiers et les fabricants de chandelles; à Péra, les marchands d’épices, les pelletiers et les fabricants de chausses; à Chio, les marchands d’épices, les forgerons et les fabricants de chausses58. Partout, les métiers du textile et les commerces alimentaires l’emportent sur les autres. Partout les métiers de transformation et de finition dominent les arts fournisseurs de produits bruts ou semi-finis. Si les besoins de la vie quotidienne sont aisément satisfaits, les trois comptoirs génois d’Orient dépendent étroitement du grand commerce international pour les matières premières et les denrées alimentaires qui leur sont nécessaires. La domination des fonctions commerciales sur les fonctions de production est illustrée par le nombre élevé des notaires, des courtiers, des banquiers qui représentent au moins 10 % de l’effectif total des gens de métier. Le commerce est bien la raison d’être des trois comptoirs génois d’Orient. 58 En Crète (E. Santschi, Contrats de travail, op. cit., pp. 61-64), viennent en tête les jupiers, tanneurs, pelletiers et cordonniers, suivis par les orfèvres et les forgerons. CHAPITRE XIV PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE Au début du siècle, les travaux de Schaube et de Heyd ont imposé ime image très contrastée des rapports économiques entre l’Orient et l’Occident médiéval. Les ressortissants des républiques maritimes italiennes allaient quérir à Constantinople, sur les côtes pontiques, syriennes et égyptiennes, les denrées précieuses et chères connues sous le nom d’épices, et apportaient sur les marchés orientaux les produits de l’industrie textile occidentale et des métaux précieux, nécessaires pour équilibrer une balance des paiements favorable aux pays du Levant. En ce sens, le trafic des épices serait le principal moteur de l’économie occidentale, la source d’enrichissement des hommes d’affaires italiens, et le stimulant indispensable des activités industrielles de l’Occident. Le poivre, denrée d’une valeur élevée sous un petit volume, serait même devenu un substitut de l’or, une véritable monnaie remédiant à l’insuffisance des moyens de paiement habituels '. Ce schéma traditionnel a été profondément remis en question dans les vingt dernières années. D’une part, il faut tenir compte du fait que le commerce oriental évolue beaucoup: ce qui est vrai de l’époque des croisades ne l’est plus nécessairement au XVe siècle; entre 1250 et 1450, l’économie générale du monde méditerranéen a beaucoup changé; besoins et exportations de l’Occident ne sont plus les mêmes. D’autre part, on tend aujourd’hui à minimiser la part des épices dans ces trafics, au point que R. H. Bautier a pu parler d’un « mythe des épices »2, alors que J. Heers mettait en valeur l’importance de produits comme la soie, l’alun, le blé, les tissus de toute nature dans les échanges entre l’Orient et l’Occident, beaucoup plus complexes au XVe siècle qu’au temps des croisades3. Le cadre chronologique que nous avons choisi nous place au coeur d’une 1 W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit.; A. Schaube, Handelsgeschichte, op. cit. 2 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 309. 3 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 363-497. 718 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE période de transition entre l’âge d’or du commerce italien, qui se prolonge au-delà de la fin des croisades, et le XVe siècle génois, marqué par des modifications importantes dans la nature des trafics orientaux. Y a-t-il véritablement un mythe des épices et faut-il réduire à l’excès la part des denrées précieuses de l’Orient dans les échanges génois? comment, à l’inverse, quelques produits lourds ont réussi à occuper la première place, en provoquant un déplacement des itinéraires traditionnels? comment enfin le dynamisme des hommes d’affaires génois s’est insinué dans des régions jusque là repliées sur elles-mêmes et y a suscité un grand éveil économique? telles sont quelques-unes des grandes questions que pose cette étude. La réponse n’est pas toujours aisée. Bien sûr, grâce au traitement automatique des données fournies par les contrats commerciaux, il est relativement facile d’établir un bilan des exportations génoises vers la Romanie: nature, valeur et provenance des différents produits emportés par les commanditaires ou chargés sur les navires en partance. Mais bien des minutes notariales ne comportent que le montant de l’investissement, et non la marchandise qu’a pu acquérir au départ de Gênes le preneur de fonds; aussi convient-il de souligner, une fois encore, la valeur relative des bilans chiffrés. D’autre part les trafics entre l’Orient et Gênes sont beaucoup moins connus que ceux qui partent de Ligurie; quelques actes commerciaux instrumentés en Orient, quelques reçus rédigés à Gênes par les notaires, quelques lettres de chargement conservées par les archives Datini, à cela se limitent les sources qui jettent quelques faisceaux de lumière dans de vastes zones d ombre. Il n’y a rien à espérer des registres de douane du XIVL siècle qui ne concernent pas les échanges avec l’Orient4. Seuls quelques lambeaux de livres de comptes ayant appartenu à des marchands illustrent l’activité des hommes d’affaires sur les routes de la Romanie5. Plutôt que d’étudier, de manière nécessairement superficielle, tous les produits du commerce oriental6, il est apparu plus judicieux de centrer notre attention sur les plus importants d’entre eux, ceux qui font l’objet de transactions multiples et qui se retrouvent toujours cités dans les lettres 4 J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit.; ce registre ne contient qu’une seule mention d’exportation vers la Romanie, 89 botti de vin, transportées de Naples à Chio (t. I, p. 263). 5 ASG. Antico Comune, Galearum Marinariorum introytus et exitus n° 724, ff-97-114 (cf. M. Balard, Escales génoises, op. cit., pp. 256-257); ASG. San Giorgio 37/16, Notularium Nicolai Pinelli 1350. 6 A. Sapori, I beni del commercio internazionale nel Medioevo, dans Archivio Storico Italiano, t. CXIII, 1955, pp. 3-44. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 719 de chargement, ceux qui animent les trafics orientaux de Gênes et qui permettent d en préciser la nature: les épices et la soie, l’alun et le mastic, les grains et les tissus, les esclaves enfin qui, dès les années 1270, ont afflué vers 1 Occident et vers l’Egypte, sous la conduite d’armateurs génois. I - Les épices et la soie aj Les épices. Le mot recouvre, on le sait, une multitude d’articles de nature et de provenance fort diverse. Au sens large, adopté par les auteurs des manuels de commerce7, le terme englobe les produits condimentaires, pharmaceutiques et tinctoriaux, mais aussi la cire, le corail, le miel, l’huile, le sucre et même quelques métaux comme le plomb et le cuivre: il suffit donc qu’une marchandise provienne d’Orient pour qu’elle soit qualifiée d’épice. Au sens étroit, il faut entendre l’ensemble des drogues que fournissent l’Extrême-Orient et les pays de l’Océan Indien, et qui parviennent aux mains des hommes d affaires occidentaux par l’intermédiaire des marchands arabes et tatars. R. H. Bautier, à juste titre, a distingué soigneusement les productions locales de l’Orient méditerranéen, faisant l’objet d’un commerce libre, et les épices d’Extrême-Orient apportées par de grosses caravanes terrestres et maritimes, contrôlées par les autorités d’accueil et dont l’arrivée détermine l’organisation de convois par les Occidentaux. A la fin du XIVe siècle, précise l’auteur, le trafic des épices tend à se concentrer à Beyrouth et à Alexandrie, où la place des Vénitiens est bien supérieure à celle des Génois et des Catalans. « Seul un très mince filet du courant asiatique des épices passait encore par la mer Noire et par Constantinople »8. Qu’en était-il antérieurement? Au XIIe siècle, la part de la Romanie dans le commerce génois des épices n’est pas encore bien grande: le poivre, le bois de brésil et même l’alun viennent d’Alexandrie et des comptoirs syro-palestiniens9. L’ambassadeur Grimaldi, envoyé par la Commune en 1174 auprès de Manuel Ier Comnène, présente une liste des biens perdus par ses compatrio- 7 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 293-300 et 360-383. 8 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 293-296. 9 M. Chiaudano - M. Moresco, Il cartolare di Giovanni scriba, op. cit., doc. n° 1, 425, 427, 595, 690, 706. 720 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE tes, liste où mention n’est faite que d’une seule « épice », la laque, à côté de nombreux draps de soie et de tissus d’origine occidentale 10. Il faut attendre les années 1270 pour voir arriver par la mer Noire le courant asiatique des épices. Car, grâce à la domination mongole, les Occidentaux arrivent sans peine jusqu’à Tabriz où les produits d’Extrême-Orient passent des caravanes turques aux mains des marchands latins. Des pondi de poivre parviennent ainsi à Caffa dès 1284 et des pondi de laque et de bois de bré-sil font l’objet d’un gage remis à Tabriz par Castellino Lercari à son créancier Raffeto Bucuccio11. La route de Tabriz à Trébizonde est constamment utilisée par les caravanes génoises d’épices, au moins jusqu en 1344, lorsque la capitale des Il-Khans se ferme aux marchands occidentaux . En revanche, Tana n’apparaît guère comme marché des épices dans les actes génois de la première moitié du XIVe siècle. Pourtant Pegolotti mentionne le poivre, le gingembre et les grosses épices qui y sont vendues, au même titre que la soie, les fourrures, les poissons, les cuirs et le caviarI3. Les marchands génois y acquièrent plutôt la soie, des perles, des joyaux, comme ces rubis « balais » du Balakshan qui tiennent une grande place dans les inventaires après décès et dans les transactions commerciales menées en pays tatar14. Tant que le trafic avec le khanat de Perse est librement assuré, Tana n’est que le débouché de la route de la soie. La route des épices, elle, aboutit à Tabriz puis à Trébizonde: l’avantage dun itiné raire terrestre plus court est d’abaisser le coût du transport, donc le prix d’achat payé par les Occidentaux. Les troubles qui secouent le khanat de Perse, à partir de 1338, o i gent les Génois à se retirer définitivement de Tabriz en 1344. Où se ren re désormais pour acquérir les précieuses épices? On a maintes fois remarque que c’est entre 1339 et 1345 que les marchands occidentaux se tournent e 10 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 392. 11 ASG. Not. cart. n° 128, f. 86r-v; Not. ign., B. 8, fr. 93, f. 14 r. 12 ASG. Not. cart. n° 51, f. 153 r (24 pondi d’indigo chargés à Trébizonde); n° 278/2, f. 15 r (16 pondi de poivre et 30 pondi de gingembre dans la succession e Damiano Mediano, rapportée de Romanie en 1330); filza n° 225, doc. 46 (9 pondi e laque en 1333); R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 326 (transport e 4 pondi de poivre de Tabriz à Gênes en 1311). La dernière mention d’un acte instru menté à Tabriz date de 1344 (ASG. Not. cart. n“ 228, f. 57 r). 13 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 24. 14 ASG. Not. cart. n° 219, ü. 149v-151 v (testament du Génois Gabriele Dugo, rédigé à Tana par le notaire Oberto di Bartolomeo en 1315) et AS. Venise, cancelleria inferiore B. 19, Not. Bianco Benedetto, 24 sept. 1360. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 721 nouveau vers l’Egypte et font d’Alexandrie le principal marché des épices en Orient15. Est-ce à dire que la Romanie n’a plus aucune part dans ce trafic? En fait le renversement des courants commerciaux n’a été ni aussi rapide ni aussi total qu’on l’a parfois affirmé16. En 1349, 1351 et encore en 1374, des inventaires après décès et des contrats de commande rédigés à Péra prouvent que le poivre a encore une certaine place dans les exportations pon-tiques vers Gênes 17. A partir de 1380 et jusqu’aux premières années du XVe siècle, les archives Datini fournissent des indications plus précises que résume le tableau n° 51. Il en ressort que le trafic des épices, en provenance des régions pontiques ne s’est jamais totalement interrompu, mais fait preuve d’une grande irrégularité: pas de cargaison de poivre signalée par les sources entre 1385 et 1392, pas de clous de girofle après 1384, pas de gingembre avant 1397, alors qu’il s’agissait des drogues condimentaires les plus utilisées. Lorsqu’on les rencontre dans les lettres de chargement, il s’agit toujours de quantités réduites, sans commune mesure avec les cargaisons venues de Beyrouth ou d’Alexandrie. A titre de comparaison, si 36 pondi de poivre viennent de Romanie en 1385, l’année suivante, la nef de Filippo Scotto a chargé à Alexandrie 481 pondi de poivre, 300' de gingembre, 80 caisses de cannelle, 60 de laque et en outre elle porte 600 cantares de sucre, provenant de Famagouste 18. En 1397, deux nefs de Romanie déchargent à Gênes 46 pondi de poivre, alors que la seule nef de Paolo Lercari transporte d’Alexandrie en Flandre 600 pondi de poivre, 37 de cannelle, sans compter une liste impressionnante de spezie minute 19. A en juger par les lettres de chargement conservées dans les archives Datini, les Génois trouvent dans les régions pontiques à peine 5 % du poivre et des épices lourdes que leurs compatriotes vont charger à Beyrouth et à Alexandrie. Leurs concurrents vénitiens ne sont guère plus heureux. En 1386, leurs galères de Romanie ne rapportent que 14 pondi de gingembre, 59 de semenzina, et quelques pondi de petites épices, de manne, d’aloès et de bois de brésil. En 1404, alors que les marchands reprennent 15 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 285. 16 M. Lombard, Caffa, op. cit., pp. 101-102; R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 296, manifeste plus de prudence. i’ ASG. Not. cart. n° 331/1, f. 120 r; n° 237, f. 308 r-v; n° 319, f. 212 r-v. 18 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 508, 28 octobre 1386. Voir également les calculs de E. Ashtor, Les métaux précieux et la balance des payements du Proche-Orient à la basse époque, Paris, 1971, pp. 75-76. 19 AS. Prato, Busta 1171, 6 janvier 1397. 15 n’ÉPICES SUR LES NEFS ET GALÈRES GÉNOISES DE ROMANIE 51 - Les cargaisons b Dates 17/3/Ì383 (nef d’Ostiano Basso) 4/10/1384 (1 nef) 7/11/1384 (3 nefs) 21/7/1385 (1 nef) 24/7/1386 (1 galère) 14/11/1388 (1 nef - 2 galères) 9/12/1389 (nef de Battista di Zoagli) 27/3/1391 (2 nefs) 19/10/1392 (néf de Lucheto Grillo) 24/12/1394 (nef de Lorenzo Badinella) 6/1/1395 (galère de Gotifredo Doria) 11/1/1395 (galère de Securano Lomellini) 12/1/1396 (2 galères) 21/5/1396 (nef de Nicoloso Usodimare) 21/5/1397 (nef de Nicoloso di Moneglia) 12/6/1397 (nef de Lorenzo Badinella) 2/10/1400 (1 galère) Poivre Clous Noix Can¬ Noix Câpres Macis Manne Bois Galanga Sca- Coche¬ Casse Laque Tutie Orpi¬ Sucre Sang Cen¬ Encens Indigo Gin¬ de de nelle mus¬ de monnée nille ment et de dres gem¬ girofle galle cade brésil poudre dragon bre de sucre 1 caisse caratello 2 sacs 3 caisses 6 caratelli 1 cantare 9 sporte 1 collo 36 pondi 4 jarres 1 fascia 3 fascie X X X 13 pondi 1 pondo 1 jarre 41 pondi 13 pondi 23 pondi 43 sacs 5 pondi 17/5/1401 11 (nef de Nicoloso di Moneglia) pondi 6/2/? 12 (nef d’Ostiano Basso) sacs 23/7/? (nef de Filippo Scotti) 30/7/? 3 30 4 (2 galères) balles pondi pondi 3/10/? 2 1 24 20 (3 galères) pondi faghoto sacs pondi 4 pondi 4 caisses 4 carabie 6 1 balles /aria X X 10 caratelli 6 caratelli 5 caratelli X 6 2 balles caratelli 34 pjppe 3 jarres 2 caisses 3 3 53 6 2 caisses pondi 6 X pondi sacs pezze tonelli 18 400 caisses sacs 1 scatola 5 caisses 4 caisses 40 pondi 10 farde 2 caisses 5 jarres 3 pondi 19 pondi 132 pondi 13 pondi 15 pondi PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 723 Ce qui est vrai du poivre ne l’est pas forcément des autres épices, comme l’indique le tableau suivant: Caffa 1382 24 Gênes 1384 25 Clous de girofle 15 sommi le cantare = 14 sous 4 d. la livre 19 à 22 sous la livre. Noix muscade 11 sommi le cantare = 10 sous 6 d. la livre 16 à 25 sous la livre. Bois de brésil 23 sommi le cantare = 109 livres 12 sous le 70 à 90 livres le cente-centenarium narium. ■ ■£ï | J Les menues épices restent donc avantageuses à Caffa26, alors que le poivre et le bois de brésil y coûtent plus cher qu’à Gênes; aussi n’est-il pas étonnant de retrouver dans les lettres de chargement davantage de spezie minute que de poivre dans les années 1380, les seules pour lesquelles des comparaisons de prix soient possibles. Il n’en reste pas moins qu’après avoir représenté dans les années 1275 à 1340 un trafic important entre Gênes et la mer Noire, les épices n’apparaissent plus qu’épisodiquement dans les chargements des navires de Romanie après 1350. Le flux des drogues d’Extrême-Orient passe désormais par Alexandrie et par Beyrouth; la Romanie a perdu dans la seconde moitié du XIVe siècle son rôle de premier plan dans la circulation internationale des épices27. b/ La soie. La culture du mûrier et l’élevage du ver à soie, pratiqués en Sicile puis en Italie méridionale, restaient insuffisants pour répondre aux besoins en matière première des tisserands toscans, ligures et lombards, lorsqu’à partir de la fin du XIIe siècle, les ateliers italiens furent capables de soutenir victo- 26 La différence de prix entre Caffa et Gênes est de l’ordre de 50 %, soit un bénéfice net d’environ 40 9 o pour l’importateur, ce qui correspond au profit moyen que procure le commerce du poivre et des épices, cf. E. Ashtor, Profits from trade witb the Levant in the fifteenth century, dans Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. XXXVIII, 2, 1975, pp. 269-270. 27 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 295-296, aboutit à la même conclusion après avoir étudié les papiers du vice-consul vénitien en Syrie, Donà Soranzo, de même que J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., pp. 187-191. 724 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE rieusement la concurrence des manufactures orientales, et celles de Byzance en particulier28. Aussi la soie fut-elle activement recherchée par les marchands italiens qui tentèrent de s’approvisionner directement sur les lieux de production levantins et asiatiques. Quelle part ont les Génois dans ce trafic et quelle place la Romanie occupe-t-elle dans l’exportation de la soie grège, lorsqu’elle a perdu le monopole de fabrication des tissus de soie, jalou sement préservé pendant plusieurs siècles ~9? Les minutiers génois et les manuels des marchands distinguent de nom breuses qualités de soie dont les origines ne peuvent être toujours identifiées avec certitude. La traduction en latin d’un toponyme oriental, mal compris par les marchands italiens, donne lieu à des transcriptions fantaisistes, et d’autre part ce toponyme peut désigner aussi bien le lieu de production que la place de commerce où la soie a été acquise par les Occidentaux. Le marché génois est approvisionné par trois grandes régions de production, la Roma nie et l’Asie mineure, les pays riverains de la mer Caspienne et le lointain Cathay. Dès 1262, la soie de Romanie fait son apparition sur le marche génois 30. Faut-il entendre par là une production des régions byzantines ou plus simplement des fardeaux de soie acheminés des régions de la Caspienne jusqu’à Constantinople, où les Génois viennent à peine de prendre la p ace des Vénitiens et n’ont pu encore se rendre eux-mêmes aux débouchés mari times des grandes routes asiatiques? il est difficile de le dire. Certes, la soie dite de Romanie disparaît des minutiers après 1269, c’est-à-dire à I époque où les Génois, installés à Péra, commencent à naviguer en mer Noire et a savoir distinguer les qualités des productions indigènes. Mais, d un autre côté, il est hors de doute que certaines régions de l’empire byzantin et de l’Asie mineure pratiquaient l’élevage du ver à soie. La production de Smyrne arrive à Gênes dès 1263 et s’y maintient jusqu’à la fin du XIIIe siècle. On sait que, par le traité de Nymphée, Michel VIII avait accordé aux Génois sinon la propriété directe de Smyrne, du moins les revenus de la ville et du port31. Aussi voit-on des marchands se rendre à Smyrne et à Nymphée pour 28 A. Guillou, Production and Profits in the Byzantine province of Italy (tenth to eleventh centuries)-, an expanding society, dans DOP, t. 28, 1974, pp. 92-95. 29 R. S. Lopez, Silk industry, op. cit. 30 ASG. Not. cart. n° 71, f. 126 v. 31 ASG. Not. cart. n° 30/2, ff. 114 v, 1161, 126 v; C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., p. 795. La soie n’est pas mentionnée parmi les productions de la région de Smyrne que signale H. Ahrweiler, L’histoire et la géographie, op. cit., pp. 18-19. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 725 y acquérir la production locale32. Les minutiers génois citent fréquemment la seta marrimula, marremoris ou de Marre mollo-, il s’agit peut-être de soie venant des pays riverains de la mer de Marmara, appelée Mamora par Pegolotti33, si l’adjectif marremoris résulte d’une contraction de l’expression Mare di Mamora34. On rencontre aussi quelques mentions de soie tun-que , ainsi que la soie de Mamistra, en Petite Arménie, sans que l’on puisse dire s’il s’agit d’une production locale ou de fardeaux apportés de Tabriz en Petite Arménie par la grande route micrasiatique jalonnée des caravansérails que décrit Pegolottilb. Plusieurs mentions sont faites de la soie de Chio, teinte à la graine ecarlate de cochenille, et attestant le développement dans 1 île de la culture du mûrier . Beaucoup d’incertitude subsiste sur la seta de Chilea dont les rares mentions datent des années 1280 38. Kilia, aux bouches du Danube, n’est pas autrement connue comme centre d’élevage du ver à soie et n’est fréquentée par les Génois qu’après 1350, lorsque décline le rôle de Vicina, principal centre d’activité de nos marchands à la fin du XIIIe siècle. Dès lors la seta de Chilea ne serait-elle pas plutôt une soie des pays de la Caspienne qualifié de Gelachelan par Marco Polo39? C’est de ces régions que provient en effet la majorité des qualités de soie citées dans les actes génois. La plus ancienne mention (1238) est celle de la seta leggia ou ledegia, que l’on croit être de Lajihan, dans la province du Ghilan, au sud de la Caspienne; cette qualité arrive constamment à Gênes, mais surtout avant 1261, sans doute par l’intermédiaire de la Petite Armé- 32 ASG. Not. cart. n° 9/2, f. 30 v et M. Balard,, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 55. Cette soie, venue jusqu’à Gênes, est même exportée vers Clarence, au mépris de la logique des itinéraires commerciaux: ASG. Not. cart. n° 74, f. 149 r (1287). 33 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 369. 34 ASG. Not. cart. n° 70, ff. 18v, 114v (1264); n° 63/1, f. 156v (1282); n° 73, f. 191 r (1284); n° 94, f. 94 v (1286); n° 131, f. 51 v (1288). Cette soie ne devait pas être d’excellente qualité, puisqu’en 1288, elle est achetée 18 sous 6 deniers la livre, soit un prix inférieur à ceux de la soie chinoise et des soies de la Transcaucasie. 35 ASG. Not. cart. n° 109, f. 237 r; Not. ign., B. 6, fr. 69, f. 72 v (1293). 36 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 28-29 et 389-391. 37 ASG. Not. Giovanni Balbi n° 376 et cart. n° 409, ff. 165 v -166 r. 38 ASG. Not. cart. n" 93, f. 118 r (1282); n° 94, f. 242 v (1288); cf. P. Racine, Le marché génois de la soie en 1288, dans Revue des Etudes sud-est européennes, t. VIII, 1970, n° 5, p. 407. 39 M. Polo, Le devisement du monde, op. cit., p. 22. 726 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE nie40. On la rencontre encore à Caffa en 1381, au milieu des marchandises diverses que les Génois ont confisquées aux Vénitiens près de Larbato41. Des mêmes régions provient la soie guelli, portant le nom de la province du Ghilan: elle est l’objet de très nombreuses transactions entre 1280 et 1300, mais particulièrement en 1287-1288, où elle est citée dans vingt contrats42. Il est possible qu’au XIVe siècle, seta leggia et seta guelli aient été confondues, cette dernière origine disparaissant des sources après 1320. Des régions situées à l’est de la Caspienne proviennent la soie manzadiani, négociée à Caffa en 1381, terme dans lequel on peut reconnaître la province de Mazen-deran, ou Taberistan43, la soie mercadasia, produite près de Merv Chadijan en Sogdiane, région qui d’après Aboulfeda exportait beaucoup de soie grège44. A l’ouest de la Caspienne, la Géorgie était le principal fournisseur des Génois: la soie iurea ou iuria est constamment citée dans les minutes notariales et nous paraît devoir être attribuée à la Géorgie et non à la ville de Gorgan au sud de la Caspienne, qui a donné son nom à la soie gorgiana, terme que l’on ne rencontre pas dans les minutes génoises45. La soie canzia, provenant de Gandja, proche de la Géorgie, la soie cannaruia, de la plaine de Karabagh, la soie camiria, produite peut-être à Chamaki en Géorgie, la soie sechexia, venue de Cheki, dans le district d’Arran, la soie talani, que 40 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 297 et 430; W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 671; R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 291. Quelques références archivistiques: ASG. Not. ign., B. 3, fr. 46 (1238); cart. n° 7, f. 237 v (1244); n° 28, f. 136 r (1253); n° 29, f. 155 v (1253); n° 60, f. 349 r (1258); n° 55/2, f. 109 v (1272); n° 238, f. 12 r-v (1353). 41 ASG. Caffa Massaria 1381, f. 393 r. 42 ASG. Not. cart. n° 9/2, ff. 4v, 7r; n° 74, ff. 210 v-211 r, 214 v, 215 v; n° 10, f. 29 r; n° 94, ff. 234 v, 240 v, 246 r; n° 131, ff. 100 v-101 r, 103 v, 104 r-v, 105 r-v, 106 v, 108 r-v, 109 v, 114 v, 115 r, 122 v, 123 v. La soie du Ghilan est fréquemment citée dans les documents lucquois (R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 291, n. 1) et célébrée par Marco Polo {Le devisement du monde, op. cit., p. 22). 43 ASG. Caffa Massaria 1381, f. 393 r; W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 671. 44 ASG. Not. cart. n° 131, ff. 106 r, 111 r; Antico Comune, Massaria Comunis Ianue n° 1, ff. 76v-77r; W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 673; R H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 291; P. Racine, Le marché génois, op. cit., p. 406. 43 Près de trente mentions de la soie iurea ont été repérés dans les minutes notariales entre 1264 et 1293. Sur la provenance de cette soie, cf. R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 291; P. Racine, Le marché génois, op. cit., p. 406. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 727 l’on croit être celle de Talish dans l’Azerbaïdjan, sont les autres variétés provenant des régions comprises entre la mer Noire et la Caspienne 46. Quelques vingt ans après la soie de Lajihan, la soie de Cathay apparaît sur le marché génois. Elle y est vendue par des marchands qui fréquentent J’Aïas en Petite Arménie, d’où ils se rendent peut-être jusqu’à Siwas et Tabriz, en y apportant des draps qu’ils se sont procurés aux foires de Champagne, grâce aux fonds que leur remettent des changeurs lucquois, correspondants de leurs concitoyens qui acquièrent à Gênes la soie du Cathay. Il n’est pas utile d’insister sur ces opérations financières et commerciales longuement décrites par R. S. Lopez et R. H. Bautier47. Néanmoins, la découverte de nombreux documents inédits concernant le Cathay nous permet de prendre position dans la polémique qui a opposé nos deux devanciers. Remarquant le prix modique de la soie chinoise, soumise à des transports terrestres longs et coûteux, R. S. Lopez affirmait que « l’importation directe de la soie chinoise est un commerce de masse, qui se soutient non par la qualité mais par la quantité et le bon marché relatif »48. Au contraire, R. H. Bautier, après avoir déterminé par des sondages dans les comptes de la gabelle de Lucques les quantités importées annuellement par cette ville, qui occupait le premier rang en Occident pour le tissage de la soie, ne pouvait 46 Quelques références archivistiques: pour la soie canzia, ASG. Not. ign., B. 4, fr. 56, f. 4 v (1258); cart. n° 30/2, f. 32 v (1263); n° 94, ff. 237 r, 250 r. Pour la soie cannaruia, Antico Comune, Massaria Comunis Ianue n° 7, f. 328 v; Caffa Massaria 1381, f. 393 r. Pour la soie camiria, ibidem, f. 393 r; pour la soie sechexia, Not. cart. n° 10/1, f. 26 r (1286) et Caffa Massaria 1381, f. 393 r; pour la soie talani, Not. cart. n° 131, f. 115 r (1288); filza n° 272, doc. n° 122, 164, 199; cart. n° 274, ff. 49r-52v (1335). Voir aussi F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 208, 298, 300; W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 672; R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 291 et n. 1; P. Racine, Le marché génois, op. cit., pp. 405-406. On trouvera quelques remarques sur la soie caucasienne in M. K. Starokadomskaja, Les villes de Solkhat et Caffa aux XIIIc-XIVe siècles (en russe), dans Feodal’naja Tavrika - Materialy po istorii i archeologii Kryma, Kiev, 1974, p. '169 47 Aux documents utilisés par R. S. Lopez, Nuove luci, op. cit., pp. 346-354 et 388-390, repris par R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 289-292, il faut ajouter les onze documents suivants, tous antérieurs à 1261: ASG. Not. cart. n° 54, f. 25v (1257); Not. ign., B. 3, fr. 35, ff 8r, 12r, 20r-v, 22r, 27v (janvier-février 1257); cart. n° 35, ff. 9v, 96 v, 27 r, 31 r, 32 v (1259). 48 R. S. Lopez, Nuove luci, op. cit., p. 354. Le même auteur a repris ce problème dans Nouveaux documents sur les marchands italiens cn Chine à l’époque mongole, dans Comptes-rendus de i Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, avril-juin 1977, pp. 445458, cn montrant que la marge du profit réalisé par le marchand approche les 100 %. 728 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE admettre des importations de soie chinoise supérieures à 25.000 livres, soit 225 scibete ou ballettes, le quart des importations annuelles de Lucques; i] minimisait par conséquent l’importance des liaisons directes intercontinentales entre l’Occident et la Chine 49. Cette conclusion n’est acceptable que si elle se réfère aux premiers temps de l’arrivée en Occident de la soie chinoise; il est certain que l’acheminement direct du produit par les steppes mongoles, au moment même où les successeurs de Gengis Khan envahissent la Hongrie et la Pologne, se répandent dans le Caucase et l’Asie mineure et font leur entrée à Bagdad, paraît difficile. Mais les hordes mongoles se retirent aussi vite qu’elles étaient venues et la paix du Grand Khan apporte une certaine sécurité aux communications. La soie du Cathay reparaît abondamment sur le marché génois à partir des années 1276 et jusqu’à la fin du siècle, au moment même où, à partir de Caffa, qu’ils viennent de fonder, les Génois établissent des relations commerciales intenses avec Trébizonde et Tabriz d’une part, Tana de 1 autre. La route de la soie n’est plus celle de la Petite Arménie, mais à partir des régions de la Caspienne, elle se sépare en deux branches, 1 une qui conduit à la capitale des Grands Comnènes, l’autre à l’embouchure du Don. Ne se contentant pas d’attendre à Tabriz ou à Tana l’arrivée des caravanes mongoles, les Génois se risquent sur les routes de l’Asie centrale. Comme nous l’avons montré dans deux articles50, les voyages ont lieu surtout entre 1315 — le retour des Génois à Caffa date de 1313 — et 1344, lorsque se ferment les routes de la Perse et que l’anarchie gagne les Etats mongols. Il ne s’agit pas d’aventuriers s’attachant, sans esprit de retour, au service d’un prince tatar, ou de mercenaires, à l’exemple de ces Génois chargés de construire deux galères pour le khan Argoun51. Ces longs voyages sont le fait de membres de l’aristocratie marchande génoise, qui cherchent à se passer des intermédiaires mongols, turcs ou arabes, tout en satisfaisant sans doute leur goût de l’aventure et du risque: il y a là des Vivaldi, Stan-cone, Spezzapetra, Ghisolfi, Bestagno, Gentile, Ultramarino, Adorno, sans 49 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 289-290. 50 M. Balard, Les Génois en Extrême-Orient, op. cit.; Idem, Precursori di Cristoforo Colombo: I Genovesi in Estremo Oriente nel XIV secolo, dans Atti del Convegno internazionale di Studi Colombiani - Genova 1973, Gênes, 1974, pp. 149-164. 51 R. Ii. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 279-280 et n. 3 p. 279; J. Richard, Les navigations des Occidentaux, op. cit., p. 362. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 729 compter Andalò di Savignone, fascinant personnage qui allie le talent du diplomate à 1 habileté de l’homme d’affaires52. Organiser de telles expéditions vers Khanbaligh en valait-il la peine? R. H. Bautier, constatant la valeur médiocre de la soie chinoise, soumise à de longs transports par voie de terre, a mis récemment en doute la régularité et 1 importance du trafic. Il est certain que la soie du Cathay est moins appréciée à Gênes que celle du Turkestan ou de Transcaucasie; mais on ne peut, pour évaluer l’écart de prix, se fonder sur la seule indication fournie par le registre de la Massaria de 1340, qui concerne une vente effectuée par les soins des trésoriers publics, sans doute aux enchères, et en tout cas à un cours inférieur à celui du marché53. D’après les prix de vente relevés dans les minutiers notariaux, l’écart de prix, sur la place de Gênes, n’est que de 16 à 17 %, moitié moins de la différence indiquée par le livre de comptes des Burlamacchi, société de soyeux lucquois54. Dès lors, l’importation de soie chinoise à Gênes ne se justifie que s’il s’agit de grandes quantités, que Ion peut écouler facilement vers Lucques, mais aussi vers d’autres marchés. De fait, en 1333, si les exécuteurs testamentaires d’Antonio Sarmore, décédé à Pékin trois ans plus tôt, doivent au fisc 475 livres de soie, en raison des lois génoises sur le régime successoral55, cela signifie que l’héritage du défunt comportait un minimum de 4.750 livres de soie, correspondant à peu près au chargement d’un chariot tiré par trois chameaux K. Or Antonio Sarmore n’est qu’un des nombreux marchands, et non des plus illustres, qui 52 M. Baiarci, Precursori di Cristoforo Colombo, op. cit., pp. 155-156 et 160. 53 ASG. Antico Comune, Massaria Comunis Ianue, n° 1, f. 76 v: la livre de soie chinoise est vendue de 23 sous 6 deniers à 25 sous 6 deniers, alors que la soie de Merv est vendue 30 sous 7 deniers; ces chiffres sont utilisés par R. S. Lopez, Nuove luci, op. cit., pp. 353 et n. 35 et 36, pp. 379-380, et par R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 289. En 1343, la soie chinoise est vendue 45 sous la livre, soit 75 % plus cher que le prix obtenu par les trésoriers de la Commune (ASG. Not. cart. n° 229, f. 201 v). 54 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 289. En 1282, la soie chinoise vaut 20 sous la livre, celle de Smyrne 24 sous (ASG. Not. cart. n° 122, f. 184 v; cart. n° 73, f. 113 r). En 1333, le prix passe à 28 sous 1 denier la livre (M. Ba-lard, Precursori di Cristoforo Colombo, op. cit., p. 159), alors que deux ans plus tard, la soie de Lajihan ne vaut que 33 sous (ASG. Not. filza n° 272, doc. n° 122). 55 Une loi du 6 février 1174 (Liber lurium, op. cit., t. I, col. 286) oblige tous les citoyens génois à laisser à l’oeuvre de San Lorenzo de Gênes le dixième de leurs biens patrimoniaux faisant l’objet d’une succession, cf. également M.H.P., Leges Genuenses, Turin, 1901, col. 21-32 et 121-122. 56 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 22. 730 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE se risquèrent sur les routes de l’Asie centrale. Si, comme on l’a signalé57, un membre de la famille Adorno négocie encore en 1372 à Mazar-i-Sharif (Afghanistan) le chargement de soie de sept chameaux, le profit escompté par le marchand génois devait être élevé, et à la mesure des risques encourus à cette date. Enfin, vouloir estimer les importations de soie chinoise à la lumière des seuls documents lucquois nous paraît quelque peu hasardeux. En effet, Gênes a d’autres clients que les tisserands de Lucques: en 1288, 39 % des achats sont effectués par des Placentins, des Florentins et les Aman-nati de Pistoia 38. Trois ans plus tard des balles de soie grège sont transportées par voie de terre jusqu’aux foires de Champagne et en 1343, une grosse societas formée par Scaco Gentile et Lorino Marbiolo expédie en Avignon 32 ballettes de soie de Cathay, pour une valeur de 8.000 livres59. Et il faudrait ajouter les besoins de la métropole ligure elle-même; au XVe siècle, 1 industrie de la soie était de loin la plus importante de la ville60. Ne doit-elle pas son développement à l’essor du commerce de la soie, aux mains de ses marchands? Les débouchés ne se limitent donc pas aux seuls clients lucquois; force est d’admettre, avec R. S. Lopez, qu’entre 1257 et 1344, la soie chinoise a été 1 objet d’un trafic de masse procurant à ceux qui allaient l’acquérir, au terme de longs voyages vers Pékin, de substantiels bénéfices, en dépit de la qualité médiocre du produit. Qu’en est-il après 1344, lorsque les voyages directs vers l’Asie deviennent difficiles et les approvisionnements incertains? On remarque d’abord la hausse brutale du prix de la soie, très sensible aux fluctuations des quantités importées. Avant que ne s’établissent des communications sûres entre 1 Aïas et Tabriz, la soie est chère sur le marché génois: 27 sous 11 deniers la livre de soie de Lajihan en 124461. Après 1260, le prix s’abaisse et se stabilise aux alentours de 24 sous pour les soies de la Transcaucasie et de 20 sous pour la soie chinoise62. En 1333 celle-ci est estimée 28 sous 1 denier 37 Intervention de M. C. Giuliani dans la discussion de notre communication Precursori di Cristoforo Colombo, dans Atti del Convegno internazionale di Studi Colombiani - Genova 1973, Gênes, 1974, p. 165. 58 P. Racine, Le marché génois, op. cit., p. 409. 59 ASG. Not. cart. n" 120/2, f. 155 v et n° 229, ff. 201 v - 202 r. 60 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 236. 61 ASG. Not. cart. n° 7, f. 237 v. 62 En 1282, la soie chinoise coûte 20 sous (ASG. Not. cart. n° 122, f. 184 v), la soie de Smyrne 24 sous (Not. cart. n° 73, f. 113 r); en 1288, la soie de Ghilan 24 sous 9 deniers (cart. n° 10, f. 29 r), celle de Gandja 22 sous 2 deniers (cart. n° 94, f. 237 r) la soie géorgienne 24 sous (cart. n° 94, f. 237 v). 1 RODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 731 la livre, la soie de Talish 33 sous en 1335, soit une hausse de 40 % en cinquante ans, quelle que soit la provenance. En 1353, après les troubles qui secouent le khanat de Perse, les affrontements avec les Tatars, qui ont désorganise les circuits commerciaux, la soie de Lajihan est passée à 62 sous 2 deniers la livre, le double du prix atteint dix ans plus tôt63. A la fin du siècle, d après les mercuriales des archives Datini, le prix est revenu à 59 sous 9 deniers pour les qualités courantes et à 60 sous 1 denier pour la soie de Lajihan, la plus chère 64. Il y a donc eu après 1344-1350, une hausse importante au prix de la soie que n’affecte guère le rétablissement d’un trafic régulier entre l’Occident et la mer Noire. A partir de ces valeurs, est-il possible de déterminer le profit qu’apporte à nos marchands le commerce de la soie? Trois documents concordants fixent 1 ensemble des frais d’emballage, de courtage, de nolis, de douane, acquittés à Péra et à Gênes, au taux de 7 % de la valeur du produit65. A Péra, en 1291, la soie de Géorgie vaut 22 sous la livre, alors qu’elle est estimée à 24 sous à Gênes, ce qui laisserait au marchand un bénéfice de 6 deniers par livre, tous frais payés66. A Caffa, en 1381, la soie de Lajihan est vendue de 42 à 57 sous la livre, celle de Karabagh 40 sous 2 deniers et celle de Mazenderan 54 sous 4 deniers 67; si l’on accepte une moyenne de 50 sous, le profit du négociant serait de l’ordre de 6 sous 4 deniers par livre, soit à peine 10 % du prix de vente. Des marges aussi faibles imposent la conclusion que le bénéfice vient du bas prix d’achat à Tana ou à Trébizonde, et ne peut être 63 ASG. Not. cart. n° 238, f. 12r-v. Deux cent trente ducats le centenarium de Venise (J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., pp. 186 et 195), soit à raison de 96 livres de Gênes pour 100 livres de Venise (F. B. Pegolotti, la pratica della mercatura, op. cit., p. 147) et de 25 sous par ducat, 59 sous 9 deniers de Gênes. Le prix de la soie de Lajihan est donné par la mercuriale publiée par F. Melis, Documenti per la Storia economica secoli XIII-XVI, Florence, 1972, p. 302. 65 ASG. Not. cart. n° 10, f. 4v (1286); filza n° 272, doc. n° 122, et M. Balard, Precursori di Cristoforo Colombo, op. cit., p. 162. Rappelons que d’après le règlement de \'Officium Gazane de 1339, le coût du frêt d’un centenarium de soie était de 50 sous sur les galères armées, c’est-à-dire 6 deniers par livre ou 2 % du prix de vente à cette date (V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 113 et supra p. 627). 66 ASG. Not. cart. n° 64, f. 134 r; n° 94, f. 237 v. On ne peut guère tenir compte des prix de la soie de Sogdiane indiqués par les contrats de change maritime rédigés à Caffa en 1289-1290 (M. Balard, Gcnes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 118, 151 et 152). En effet, le prix (55 aspres et 54 aspres 5/6 soit l’équivalent de 35 sous) se trouve surévalué puisqu’il sert de référence pour le remboursement à Gênes d’un prêt. 67 ASG. Caffa Massaria 1381, f. 393 r. 732 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE calculé d’après la valeur du produit sur les places de Péra et de Caffa, qui ne sont que des escales techniques pour les exportations de soie transcaucasienne vers l’Occident. Reste à se demander si les crises du milieu du XIV^ siècle n ont pas diminué le rôle du marché génois de la soie. Avant 1344, la plus grosse transaction que nous ayons rencontrée porte sur 32 scibete ou ballettes exportées par Lorino Marbiolo vers Avignon, soit, si l’on admet avec R. H. Bautier qu’une ballette représente un poids de 110 livres, l’équivalent de 3.520 livres de soie68. Après 1380, le plus fort chargement importé est celui de la nef Lomellina en 1395 et de deux grosses galères en 1387: 60 fardelli . Pegolotti nous indique qu’un fardello de soie pèse 35 ruotoli de Chypre ou 252 livres, au poids de Gênes70. Même en admettant cette équivalence, qui paraît très élevée71, Gênes n’importerait en 1387 et 1395 qu environ 15.120 livres de soie grège; mais les autres années les nefs et galères de Romanfe n’apportent bien souvent qu’une dizaine de fardelli, quand ce n est pas un seul fardello (la nef Vivalda en 1384, la nef de Niccolò di Moneglia en 1401) . A titre de comparaison, les galères vénitiennes de Romanie ont chargé en 1386 135 fardelli en mer Noire, 6 à Constantinople, 37 à Négrepont, 101 à Modon, et 48 à Corfou, soit au total 327 fardelli, près de six fois la cargaison des galères génoises de 1387 73. La muda vénitienne de 1395 apporte 283 fardelli, celle de mars 1396, 357, celle de novembre 1396, 192, celle de janvier 1400, 259, celle de novembre 1401, 92 et celle de décembre 1404, 425 fardelli Le grand marché de la soie en Occident est donc passé au Rialto, mais la part de la soie pontique dans les approvisionnements vénitiens s est réduite au profit des productions du Péloponnèse et de la Grèce centrale, chargées a Modon et à Corfou, escales d’où les Génois sont en pratique exclus. 68 ASG. Not. cart. n° 229, ff. 201 v - 202 r; R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 289. 69 AS. Prato, Carteggio n° 509, 8 décembre 1387 et n° 518, 9 janvier 1395. 70 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 300 et J. Heers, Il commercio nel Me dit en aneo, op. cit., p. 183. 71 Les minutes notariales signalent des fardelli de soie de 55 livres 7 onces (cart. n° 9/2, ff. 2v-3r) de 34 livres 2/3 (Not. cart. n° 238, f. 12 r), mais aussi de 138 livres 5 onces (cart. n° 56, f. 234 v: 1 fardello de 43 mennae de Siwas, laquelle si 1 on accepte la chaîne d’équivalences proposées par Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 64, 65 et 68, correspond à 3, 22 livres de Gênes). 72 AS. Prato, Carteggio n° 506, 23 août 1384; B. 1171, 17 mai 1401. 73 AS. Prato, Busta 1171. 74 Ibidem et J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., pp. 186-187. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 733 Il ne reste à nos marchands que les ressources des régions transcaucasiennes. On les trouve encore dans les ports de la mer Noire au début du XVL siècle: en 1402 en effet, les trésoriers de Péra ont récupéré à Trébizonde un chargement de soie pour une valeur de 9.000 hyperpères et en 1411, encore, un Arménien de Trébizonde acquiert pour le compte d’un Sarrasin auprès du seigneur de Ghilan, un fardello de soie valant de 100 à 120 sommi et qui est confisqué par le seigneur de Lo Vati (Batoum), lieu vers lequel l’Arménien conduisait une caravane75. Mais, par rapport à ce qu’ils étaient dans la première moitié du XIVe siècle, les arrivages se sont raréfiés; la soie du Cathay disparaît après 1344, la Géorgie et les régions transcaspiennes réduisent leurs fournitures et les Vénitiens, plus solidement installés que les Génois à Trébizonde et à Tana, se rendent maîtres d’un marché de la soie languissant. L’insécurité provoquée par les désordres que connaissent les Khanats mongols, par l’avance des troupes de Timour, a désorganisé des circuits commerciaux fragiles et éloigné pour longtemps les Occidentaux des lieux de production asiatiques. Vers 1400, les épices et la soie ne sont plus les pivots du commerce génois en Romanie. 75 ASG. Sindicamenta Peire, t. I, f. 108 v et Not. Labaino Giovanni 1406, filza n° 1, doc. 36 à 42. Le correspondant génois de Francesco di Marco Datini signale en décembre 1390 qu’est arrivée à Tana une caravane transportant de la soie, de la cire et de l’alun: AS. Prato, Carteggio n° 513, 12 décembre 1390. 734 L'EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE II - Les produits de la forêt, de l’élevage et de l’agriculture Comme les colonies grecques et byzantines qui l’ont précédée sur la côte de Crimée, Caffa, adossée aux immensités de la steppe et de la forêt eura-siatique, en attire vers elle les productions multiples: la cire, les cuirs et les fourrures, qui sont l’objet d’un commerce international dont l’aire géographique s’étend de PAtlantique à l’Oural. De même Chio introduit dans les échanges ses propres productions — le mastic surtout — et celles de l’Asie mineure turque. al La cire. Les mercuriales des archives Datini distinguent habituellement la cire de Romanie et la cire de Bulgarie. Il faudrait ajouter à ces deux provenances la Gazarie, qui donne son nom à l’une des qualités de cire qu’exporte Caffa à la fin du XIIIe siècle. La cire de Constantinople apparaît la première sur la marché génois, dès 1268, c’est-à-dire au moment où la Commune a obtenu que ses ressortissants puissent s’installer à Péra1. A partir de cette date, nefs et galères de Romanie rapportent des pains de cire de Constantinople ou de Péra, qui sont réexportés vers la Provence et vers la Champagne, quoique la cire de Romanie soit moins appréciée que la cire des régions pontiques 2. Celle-ci vient d’abord de Gazarie, l’arrière-pays de Caffa. En 1289-1290, des marchands spécialisés, dont Gabriele di Salario, passent des contrats d’achat avec des facteurs — Bernabò di Mongiardino, Giacomo Calvo — chargés de leur livrer des pains de cire à Caffa, au moment où s’organisent les convois partant pour l’Occident. D’autres hommes d’affaires réunissent d’importantes quantités de cire, pour l’exportation desquelles ils affrètent plusieurs nefs3. Chaque bâtiment emporte des cargaisons de cire, dont on espérait tirer de gros profits, puisque le prix de vente en Ligurie doit permettre 1 ASG. Not. cart. n° 78, f. 30 r. 2 ASG. Not. cart. n° 81, ff. 152v-153r (réexportation vers la Champagne par des Lucquois en 1285); Not. cart. n° 6/2, f. 148 r (réexportation vers la Provence en 1287X En 1340, la dre de Pera coûte de 9 livres 11 sous à 10 livres 4 sous les cent livres-poids, alors que la cire de Bulgarie va de 10 livres 10 sous à 10 livres 15 sous (ASG. Antico Comune, Massaria Comunis Ianue n° 1, ff. 74v-77r). 3 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 384, 431, 793, 796 (activité de Gabriele di Salario); doc. n° 249, 251, 318, 345, 666, 671, 744 , 799, 816, 835, 882 (exportation vers Gênes). PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 735 de fixer le taux de plusieurs opérations de change4. La cire vient également de 1 arrière pays de Tana, comme le signale en 1390, le correspondant génois de Francesco di Marco Datini Les régions danubiennes sont aussi de gros fournisseurs. Il s’agit ici de cire de Bulgarie fréquemment citée, et fort appréciée pour sa qualité 6. Nos marchands vont l’acquérir à Vicina, puis à Kilia où ils s’adressent à des producteurs ou à des intermédiaires indigènes, auxquels ils consentent une avance d argent moyennant la promesse d’obtenir, dans un délai de quelques semaines, la livraison de cantares de cire. Chaque acte porte sur des quantités très moyennes: vingt-quatre cantares en neuf contrats d’achat à terme, soit approximativement onze quintaux. Le miel, autre produit de la forêt, est l’objet de cinq promesses de vente portant sur 119 cantares 1/2 7. Collectée à Tana, à Solgat8, aux bouches du Danube, rassemblée à Caffa et à Péra, la cire est ensuite expédiée vers Gênes. Que représentent ces envois dans l’ensemble du commerce romaniote? A la fin du XIIIe siècle, la cire est incontestablement avec les cuirs et les grains, le principal produit exporté de Caffa. En 1347, lorsque la cocha Grilla fait naufrage dans le port de Gênes, deux marchands récupèrent à eux seuls près de 145 cantares de cire de Bulgarie9. Surtout, d’après la correspondance Datini, il n est pas de nef ou de galère rentrant de Romanie, qui ne rapporte des pains ou des sacs de cire. Le plus gros chargement rencontré est celui de la nef Lomellina qui en janvier 1395 a transporté 2.000 cantares de cire, soit environ 95 tonnes 10. Les lettres de chargement indiquent, toutes, des cargaisons de 200 à 400 pains, auxquels s’ajoute au minimum une cinquantaine de sacs Les cires de Bulgarie et de Romanie sont constamment citées dans 4 Cf. supra p. 614. Voir également la distinction qu’établit Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 43, entre cires de Tana et de Bulgarie. 5 AS. Prato, Carteggio n° 513, 12 décembre 1390. 6 ASG. Not. cart. n° 232, f. 309 v; n° 233, f. 5 r; Antico Comune, Massaria Co-munis Ianue, n° I, ff 74 v, 75 v, 77 r. 7 M. Balard, Les Génois dans l’Ouest de la mer Noire, op. dt., p. 23. 8 M. Balard, Gênes et l'Outre-Mer, op. cit., doc. n° 384. 9 ASG. Not. cart. n° 232, f. 309 v et n° 233, f. 5 r. 10 AS. Prato, Carteggio n° 518, 9 janvier 1395. 11 Ibidem, B. 1171, 17 mars 1383, 27 mars 1391, 19 octobre 1392 (338 colli sur la nef de Luchcto Grillo), 6 janvier 1395 (374 pains et 76 sacs sur la galère de Goti-fredo Doria), 11 janvier 1395 (366 pains et 25 sacs sur la galère de Securano Lomellini), 736 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE les mercuriales de Gênes l2, et chaque arrivée de navire donne l’occasion au facteur de la compagnie Datini de préciser les cours. Gênes, dès la fin du XIIIe siècle est donc devenue un grand marché de la cire en Occident et a gardé ce rôle tout au long du XIVL siècle, pour le plus grand profit de ses marchands. Pour évaluer celui-ci, nous ne disposons que de données assez rares. En 1282, 158 centenaria et 44 livres de cire sont vendus 792 livres 4 sous tournois, c’est-à-dire 1 sou tournois la livre 13. Le rapport entre le sou tournois équivalant à un gros tournois d’argent, et le sou de Gênes étant de 4,0439 gr.: 2,78 gr., à cette date 14, le prix du cantare de cire s’établit à 10 livres 18 sous 2 deniers de Gênes. En 1288, la cire coûte à Caffa 36 aspres la livre grosse, soit à raison de 7 livres grosses par cantare, 252 aspres ou 8 livres 4 sous, selon le change alors en vigueurl5. Les frais de transport reviennent à 4 hyperpères et demi par mille livres, soit 81 aspres ou 52 sous 8 deniers, c’est-à-dire 7 sous 11 deniers le cantare!6. Même si l’on ajoute les frais de courtage, d’emballage et de douane, qui ne dépassent pas 5 % de la valeur du produit1 , le cantare de cire revient donc à moins de 9 livres et laisse au marchand un bénéfice de 21 %. En 1381, le cantare de cire vaut à Caffa 1 sommo 32 saggi, soit, à raison de 7 livres 2 sous 6 deniers par sommo, environ 17 livres 7 sous. En 1383, le centenarium de cire de Romande coûte à Gênes 12 livres 5 sous, soit 18 livres 7 sous le cantare 18. Même si les frais généraux s’élèvent à 8 %, c’est-à-dire à 1 livre par cantare, le profit du marchand s’établit à près de 37 % du prix d’achat. En d’autres termes, le bénéfice des hommes 12 janvier 1396 (160 colli sur deux galères), 21 mai 1397 (206 pains et 72 sacs sur la nef de Niccolò di Moneglia), 12 juin 1397 (16 pains et 57 sacs sur celle de Lorenzo Badinella), 17 mai 1401 (239 pains, 180 sacs sur celle de Niccolò di Moneglia). 12 Ibidem, B. 1171, 17 mercuriales entre avril 1383 et octobre 1404. 13 ASG. Not. cart. n° 63/1, f. 133 v. 14 E. Fournial, Histoire monétaire de l’Occident médiéval, Paris, 1970, pp. 86-87, et G. Pesce - G. Felloni, Le monete genovesi, op. cit., p. 223. 15 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 384 et p. 53; F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 25. 16 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., pp. 53 et 62. Mais une livre le cantare sur les galères armées d’après le règlement de 1 'Officium Gazarie de 1339 (V. Vï tale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 113). 17 ASG. Not. cart. n° 10, f. 4 v. 18 ASG. Caffa Massaria 1381, f. 393 r; AS. Prato, Carteggio n° 505, 14 octobre 1383. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 737 d affaires s est accru en un siècle. La spécialisation du commerce romaniote, délaissant la soie et les épices au profit des produits lourds et de valeur réduite, a largement profité aux Génois. bl Les cuirs. Les cuirs de Romanie entrent également dans cette catégorie de marchandises. Caffa est ici encore le principal exportateur. En 1289-1290, les cuirs sont vendus par des Arméniens, Xacer, Corici, Tarcoxa et quelques Latins à des marchands spécialisés comme Pietro di Bobbio, Oddino Ban-cheta di Ceva, Sorleone Saivago, et font l’objet d’un trafic qui s’étend de Tana à Trébizonde, Simisso, Constantinople et Gênes. De fortes cargaisons partent en effet pour la métropole ligure et certaines constituent une valeur de référence pour des opérations de change maritime19. Dès 1272, les cuirs de Romanie apparaissent sur le marché génois et s’y maintiennent pendant tout le XIVe siècle. Mais ils perdent progressivement dans les cargaisons la place qu’ils occupaient à la fin du XIIIe siècle, lorsque le cuir concurrençait la cire dans les exportations de Caffa vers l’Occident20. En 1357 la cocha de Gianesio de Mari rapporte à Gênes 400 pièces de cuir; trente ans plus tard, d’après les lettres de la compagnie Datini, les chargements s’espacent; celui de la nef de Filippo Scotto qui porte 6.000 cuirs en 1385 est tout à fait exceptionnel21. En vingt ans nous n’avons relevé que six arrivages de cuir de Romanie, alors que chaque navire rapporte de Péra ou de mer Noire une cargaison de cire. Les approvisionnements seraient-ils alors plus difficiles ou les profits diminués? A la fin du XIIIe siècle, le cuir de boeuf valait à Caffa environ 70 aspres le cantare soit 45 sous 7 deniers22; le coût du transport vers Gênes s’établit à 5 hyperpères 1/2 par milliaire (poids de 1.000 livres), soit, à rai- 19 M. Balard, Gênes et l’Outrc-Mer, op. cit., doc. n" 70, 242, 263, 666, 671, 740, 858. 20 Ibidem, doc. n” 666, 671, 740. 21 AS. Prato, carteggio n° 507, 24 juillet 1385. La nef de Niccolò Usodimare dont J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 173, donne k chargement, n'apporte que 1.002 pièces cn 1396. La moyenne étant de 3 pièces de cuir au cantare (M. Balard, Gênes et l’Outrc-Mcr, op. cit., doc. n° 383, 391, 394, 405), la cocha de Giannesio de Mari transporterait environ 2.000 cantares soit 95 tonnes et celle de Niccolò Usodimare seulement 16 tonnes. 22 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 366, 367 , 383 , 391, 405 et p. 53. 16 738 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE son de 18 aspres par hyperpère, à 15 aspres ou 9 sous 8 deniers par cantare A Gênes le prix des cuirs de boeuf passe de 57 à 63 sous 6 deniers au cantare entre 1287 et 1317 24. Si l’on tient compte des frais de courtage et de douane, le profit du marchand est donc extrêmement réduit. La concurrence des cuirs d’Espagne et de Berbérie, les seuls dont les mercuriales des archives Datini donnent régulièrement les cours rend intermittent le trafic des cuirs de Romanie, qui n’a de raison d’être qu’aux moments où les relations commerciales avec l’Afrique du Nord ou l’Espagne sont difficiles, et les productions de ces pays onéreuses. Alors, reprennent les achats auprès des Tatars, et les cuirs de Romanie peuvent être réexportés à des conditions avantageuses jusqu’au Languedoc, plus proche cependant des marchés ibériques 25. Ce sont là des profits exceptionnels; à la fin du XIV1- siècle, le cuir de Romanie a cessé d’être un des produits de base du commerce romaniote. cl Les fourrures. Les pelletiers forment, par leur nombre, le premier des « arts » représentés à Caffa. C’est dire que le traitement et le commerce des fourrures occupent une place de choix dans les activités des Génois de Caffa. Mais est-ce un trafic occasionnel ou permanent? concerne-t-il des espèces rares, demandées par les riches de l’époque, ou des pelleteries provenant d’animaux domestiques et convenant mieux par leur prix aux gens de condition plus modeste? Dans les actes de Caffa de 1289-1290, il est surprenant de ne pas voir de pelleteries mentionnées dans les contrats de nolisement qui portent sur de grosses quantités de grains, de cuirs, de cire ou d’alun. Certes, les marchands ont pu ajouter des « nappes » de fourrures aux cargaisons dont ils énonçaient le composition sommaire devant le notaire. D’autre part des lots de vair et des hermines sont exportés vers Constantinople et Gênes, tandis que des peaux de chèvre teintes prennent la direction de Tana: fourrures riches vers l’Occident, humbles pelleteries transformées par les artisans de 23 Ibidem, doc. n° 666 et 671, et p. 53. En 1339, YOfficium Gazarie fixe à 16 sous par cantare le coût du frêt entre Péra et Gênes (V. Vitale, Le fonti del diritto, op. cit., p. 113). 24 ASG. Not. cart. n° 63/2, f. 143 r; cart. n° 140, f. 104 v. 25 En 1336, Gianotto di Negro fait des achats à Cherchenichi et en 1348 Raffo Gentile vend des cuirs de Romanie à des marchands de Narbonne et de Montpellier (ASG. Not. cart. n° 268/1, lettre insérée entre les ff. 44 v et 45 r; cart. n° 233, f. 92 r). PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 739 Caffa vers 1 Orient2b. Quelques contrats de commande dispersés ne suffisent pas à créer un courant commercial d’importance. Celui-ci existe cependant, mais ne porte que sur des fourrures destinées à des vêtements de luxe et procurant de grands profits aux intermédiaires. Il s agit des peaux de vair, animal qui fait partie de la famille des écureuils et dont les dos et les ventres étaient fort recherchés au Moyen Age 27. Les martres et les hermines étaient destinées à l’ornement des vêtements d’apparat, tandis que les peaux de lynx et de renard servaient à la confection de manteaux que l’on retrouve dans les inventaires après décès des marchands 28. On ne rencontre pas dans les cargaisons de peaux d’animaux domestiques, comme ces « agneaux » dits de Romanie qu’utilise la cour de Bourgogne et dont fait commerce Andrea Barbarigo29. Seules les fourrures sauvages venues des forêts russes sont acheminées par Caffa vers l’Occident. En effet, grâce à l’essor de foires comme celles d’Ovidovo et de Solgat, grâce aussi à la sécurité des liaisons entre la côte criméenne et les grands marchés du Kiptchak, Caffa et, dans une moindre mesure, Tana, sont devenues les grands centres de concentration des fourrures russes et tatares30. Les marchands génois ne se contentent pas d’y attendre les livraisons des Tatars, des Arméniens et des Russes; ils remontent vers les lieux de production, à Solgat, qui n’est pas toujours sûre, et surtout à Saraï où, en 1320, 26 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 53, 132, 201, 357 870 893 895. 27 R. Delort, Un aspect du commerce vénitien au XVe siècle: Andrea Barbarigo et le commerce des fourrures (14304440), dans Le Moyen Age, n° 1-2, 1965, pp. 55-56. Le lecteur trouvera tous renseignements sur les diverses qualités de pelleteries dans la thèse de R. Delort, Le commerce des fourrures, op. cit. 28 ASG. Not. ign., B. 11, fr. 24, f. 6r (1293: biens de Giovanni de Burgaro). 29 R. Delort, Un aspect du commerce, op. cit., pp. 35 et 49. Toutefois, le testament d’un Florentin décédé à Chio mentionne une balle de 500 agnellini (ASG. Not. Giov. Balbi, n° 424). 30 Elie de La Primaudaie, Histoire du commerce de la mer Noire et des colonies génoises de Crimée, Paris, 1848, pp. 134 et 227; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., pp. 242-243; Idem, La mer Noire, plaque tournante du trafic international à la fin du Moyen Age, dans Revue Historique du Sud-Est européen, t. XXI, 1944, p. 66; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 368; R. Delort, Un aspect du commerce, op. cit., p. 58. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 24 fait de Tana un grand centre d’exportation des pelleteries: vair, hermines, renards, martres, zibelines et lynx y sont vendus à la pièce ou par millier. L’auteur d'El libro di mercatantie (éd. cit., p. 63) parle également des vairs et des renards vendus à Tana. Voir aussi M. K Starokadomskaja, Les villes de Solkhat et Caffa, op. cit., pp. 167-168. 740 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE instrumente un notaire latin en faveur de plusieurs hommes d affaires venus prendre livraison de 1.760 peaux de vair 31. Celles-ci devancent nettement toutes les autres qualités de fourrure exportées vers l’Occident: les vairs sont acheminés par des marchands non spécialises et vendus à Gênes à des pelletiers de la ville et des Riviere, et parfois réexportés vers Pise, Florence ou Naples. Les envois se font surtout en carabie ou en balles, les premières pouvant regrouper jusqu’à plus de 2.400 peaux, les secondes seulement un millier. Le marché génois est encore en pleine activité à la fin du XIV siècle: les correspondants de Francesco di Marco Datini signalent régulièrement les arrivages, qui peuvent aller d’un millier de peaux (nef de Niccolò di Moneglia en 1401) à 23 carabie déchargées d’une galère de Romanie en 1391 32. Les autres fourrures sont moins fréquemment citées: en 1374 la cocha de Carloto de Camilla a porté une carabia d hermines de Péra à Naples et plusieurs nefs de Romanie ont joint au chargement habituel de vairs, une carabia de martres, d’hermines, ou quelques centaines de peaux de lynx et de renard33. Ces fourrures précieuses, destinées à une clientèle aisée, rapportaient aux hommes d’affaires des bénéfices substantiels. Quoique les comparaisons soient difficiles, en raison de la diversité des qualités, on peut retenir que le vair coûtait à Caffa environ 1 aspre pièce à la fin du XIIT siècle, soit près 8 deniers34. Le montant des frais de courtage, de douane et de transport ne doit pas dépasser 10 % du prix d’achat, soit l’équivalent d un denier. A Gênes, les peaux sont vendues aux fourreurs 17 a 18 deniers pièce, ce qui assure aux marchands un bénéfice proche de 100 % 3\ L hermine qui coûte cinq fois plus cher que le vair en mer Noire est l’objet de spéculations tout aussi lucratives36. Dans ces conditions, Caffa et Tana sont pour les Génois, 31 ASG. Not. ign., B. II, fr. 57, f. 1 r. En 1386, un lot d’hermines a été rapporté de Solgat et vendu aux enchères à Caffa: ASG. Caffa Massaria 1386, f. 93 v. 32 AS. Prato, carteggio n° 514, 28 novembre 1391 et B. 1171, 17 mai 1401. 33 ASG. Not. ign, B. XXIV, sans n°, 9 avril 1380; AS. Prato, B. 1171, 21 mai 1397, 12 juin 1397, 30 juillet (l’indication de l’année manque). 34 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 132. Encore faut-il remarquer que le prix est peut-être surestimé, puisqu’il sert de reference à un remboursement d une commande à Gênes. 35 ASG. Not. cart. n° 122, f. 9r; n° 71, ff. 171 r et 209v (1282 et 1292). 36 En 1386, à Caffa, l’hermine vaut entre 5 aspres 1/2 et 5 aspres 3/4 pièce et la dizaine de ventres de vair 12 aspres 1/8 (ASG. Caffa Massaria 1386, ff. 11 r, 37 v). Une carabia d’hermines est assurée pour la somme de 600 hyperpères sur le trajet Pera-Naples en 1374 (ASG. Not. ign, B. XXIV, sans n°), mais on ignore combien de pièces contenait cette carabia. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 741 mais aussi pour les Vénitiens, de très gros marchés des fourrures, approvisionnés par les foires de la Russie du Sud et peut-être par des marchands venus de Novgorod, au XIVe siècle comme au XVe siècle37. d/ Le coton. Il est souvent question dans les minutes notariales génoises du coton de Romanie, signalé dès 1267, et encore en vente dans la seconde moitié du XIVe siècle3S. Il s’agit vraisemblablement de la production de l’Asie mineure, venue de la zone comprise entre Brousse et Iconium, passée sous domination turque, de sorte que coton de Romanie et coton de Turquie doivent être synonymes39. Elle ne concurrence pas encore le coton de Petite Arménie, embarqué à l’Aïas, le coton de Chypre, exporté par Famagouste, ni surtout le coton de Syrie, considéré comme l’un des meilleurs 40. Le plus gros chargement est celui de la nef de Lorenzo Badinella, arrivée de Romanie en 1397 avec 95 sacs de coton et 15 balles de coton filé, soit environ 185 quintaux41; on ne sait s’il s’agit, à proprement parler, de coton de Romanie, ou plutôt d’un chargement effectué à Chio qui devient à la fin du XIVe siècle un entrepôt du coton turc, mais aussi peut-être du coton cypriote et syrien, dans la mesure où celui-ci n’est pas envoyé en Flandre par la ligne maritime directe. A la fin du XIVe siècle, les Génois se procurent l’essentiel de leur approvisionnement en coton à Famagouste ou à Beyrouth; le trafic du coton turc ne se développe qu’au XVe siècle, lorsque le commerce en Syrie et en 37 R. Morozzo della Rocca, Lettere di mercanti a Pignol Zuchello (1336-1350) dans Fonti per la storia di Venezia, Venise, 1957, pp. 16-20; T. Bertelè - U. Dorini, Il libro dei conti di Giacomo Badoer, Istituto poligrafico di Stato, Rome, 1956, pp. 206 et 432; J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., pp. 169 et 173; Idem, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 368; R. Delort, Un aspect du commerce vénitien, op. cit., p. 58. 38 ASG. Not. ign, B. 8, fr. 95, f. 114 v; Not. cart. n° 376, ff. 79r-81v. 39 W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 614. 40 Ibidem, p. 612, et F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 63-65. En 1350, le coton de Syrie vaut à Gênes 15 livres 3 sous et 9 deniers le cantare, alors qu’en 1342, le coton de Romanie ne coûte que 10 livres 12 sous le cantare (ASG. Not. cart. n° 235, f. 242 r et n° 228, ff. 80 r et 81 r). 41 AS. Prato, B. 1171, et J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 173. J. Heers attribue (pp. 183-184), un poids de 95 kg. au sac de coton. Plusieurs documents notariés du XIVe siècle donnent au sac de coton un poids compris entre 3,50 et 3,75 cantares de Gênes, soit de 166 à 178 kg. (ASG. Not. cart. n° 228, f. 81 r; n° 235, f. 242 r). 742 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Chypre devient plus difficile pour les Génois, cédant dans ces régions à la concurrence vénitienne42. e I Le mastic. Parmi les monopoles commerciaux que les Génois défendirent avec un soin jaloux, la vente du mastic occupe une place particulière, puisque la production de cette gomme, hautement appréciée au Moyen Age, était exclusivement assurée par les lentisques de Chio. Depuis Pline l’Ancien, tous les voyageurs et géographes n’ont pas manqué de signaler cette particularité de l’île: Idrissi au XIIe siècle, Aboulfeda qui dans sa « Géographie » de 1321 appelle Chio « Gezyré Masthic », c’est-à-dire l’île du mastic, Jordan de Severae en 1329, Ludolph de Suchem en 1333 qui a noté que si des lentisques croissent en d’autres parties du monde seuls ceux de Chio produisent le mastic, Clavijo, Buondelmonti, Tafur, Emmanuel Piloti au XVe siècle, Nicolas de Nicolay et Hieronimo Giustiniani au siècle suivant, de Thévenot et Vincenzo Coronelli au XVIIe siècle, pour ne citer que les plus notables43. L’intérêt du produit se mesure à ses diverses utilisations; en fumigations, le mastic avait, pensait-on, des vertus curatives et purificatrices de l’estomac et du foie; mâchonné comme on le ferait du chewing gum aujourd’hui, il fortifiait et blanchissait les dents; mélangé à la farine en petite quantité, il donnait meilleur goût au pain; il entrait enfin dans la composition d’onguents et de vernis. Aussi était-il très recherché. La production du mastic était localisée dans la partie méridionale de l’île de Chio, la Catamorea; autour de Mesta, de Pyrghi, d’Harmolia et de Kalamoti, jusqu’à l’extrémité sud-est de l’île, appelée précisément cap Mastico, les lentisques parsèment la campagne, petits résineux bien entretenus, qu’entoure une aire plane et dégagée de toute végétation et de toute impureté. Le soin des arbres incombait aux paysans grecs de l’île, auxquels pouvaient s’adjoindre à partir du XVe siècle des immigrants établis par mariage 42 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 393; G. G. Musso, Nuovi documenti dell’Archivio di Stato di Genova sui Genovesi e il Levante nel secondo Quattrocento, dans Rassegna degli Archivi di Stato, t. 27, 1967, pp. 484 et 488; E. Ashtor, The Venetian Supremacy in Levantine Trade: Monopoly or Pre-colonialism? dans Journal of European Economìe History, t. 3, n° 1, 1974, p. 12. 43 Ces témoignages ont été relevés par Ph. Argenti-St. Kyriakidis, 'IIX£oç, op. cit. Ainsi Ludolph de Suchem (Ludolphi Rectoris ecclesiae parochialis in Suchem de itinere Terrae Sanctae liber, éd. Deycks, Stuttgart, 1851): « Haec insula specialiter est nobilis in qua crescit masticus, et non in alia parte mundt, licet arbores ejus in altris partibus bene crescant tamen fructus non reperitur »■ cf. également E. Armao, In giro per il mar Egeo, op. cit, p. 131. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 743 dans la Catamorea 44. La Mahone leur attribuait, selon un système de fermage, un nombre déterminé de pieds à entretenir et les obligeait à lui vendre un poids de mastic proportionnel au nombre d’arbres qui leur avaient été confiés 4\ Des officiers spéciaux, les scribae masticis, veillaient à la culture des lentisques, à la récolte et au stockage du mastic. Ils pouvaient forcer les travailleurs à exécuter leur tâche et avaient un droit disciplinaire sur l’ensemble de la main d’oeuvre46. Sur les modalités de la récolte, les témoignages ne sont pas absolument concordants. Les scribae masticis réunissaient des ouvriers de la ville et des bourgs de Chio pour les envoyer, le moment venu, sur les lieux de production. Armés d’un outil tranchant, ces tâcherons incisaient l’écorce des lentisques en plusieurs points et récoltaient la gomme, quelques semaines plus tard, soit sur l’arbre même, soit à terre. Aboulfeda prétend que ce travail était effectué au printemps, tandis que la plupart des auteurs Nicolas de Nicolay, Hieronimo Giustiniani et Vincenzo Coronelli entre autres, le placent au mois d’août et de septembre47. Un acte de 1348 mentionnant la récolte de février et de mars semble indiquer que l’on recueillait plusieurs fois par an la gomme du lentisque, à moins qu’il ne s’agisse de contingents mensuels débloqués pour la vente, afin de maintenir stables les prix48. Le monopole génois 44 ASG. Archivio Segreto, Materie politiche, 10 décembre 1428, B. 18 B/22; cf. P. LisciandreLli, Trattati, op. cit., p. 146, n° 783, et Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. I, p. 397, n° 5. 45 Nicolas de Nicolay (Les quatre premiers livres, op. cit., p. 66): « La Seigneurie baille aux habitants de chascun casai ou village de ceste partie d’en bas telle portion et quantité du complant et pieds de ces arbres qu’elle advise, sous condition que chacun pour son regard les cultive et esmonde et tienne net le parterre du dessoubs, et que le temps et saison venus de cueillir le mastic, il en vende à la Seigneurie certain poix et quantité selon le nombre d’arbres qui leur sont baillées ». 46 Première mention en 1364 d’un scriba masticis auquel s’adjoint en 1379 un scriba masticis pro vendentibus, cf. Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. I, pp. 396-397. 47 Aboulfeda, Géographie, éd. Reinaud, t. II, p. 26S: « Au printemps l’on fait des incisions à l’arbre et il en découle le mastic. Le mastic qui se durcit sur l’arbre est le plus estimé; celui qui coule à terre est inférieur à l’autre »; Nicolas de Nicolay (Les quatre premiers livres, op. cit., p. 67): «Venant les mois de juillet et d’aoûst, ces villageois avec un ferrement poinctu, picquent et incisent l’escorce des arbres en plusieurs endroits, et d’icelles incisions et piqueurs sort le mastic par larmes comme la gomme. Lequel ils recueillent au mois de septembre ensuyvant »; Vincenzo Coronelli confirme le choix de la période estivale «Si comincia l’incisione de' lentischi nel mese di agosto e si termina in settembre » (cf. E. Armao, In giro per il mar Egeo, op. cit., p. 131). 48 Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. Ili, pp. 490-491. 744 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE était jalousement surveillé dès le stade de la production: de lourdes sanctions financières frappaient les paysans qui ne pouvaient fournir les quantités dues à la Mahone et des peines corporelles s’y ajoutaient pour les voleurs ou les receleurs de mastic. En revanche, les excédents de production procuraient aux paysans des revenus intéressants 49. Les maîtres de l’île s’efforçaient de restreindre la production, pour obtenir les meilleurs prix à l’exportation. Il n’est pas aisé de connaître le montant annuel de la récolte. Sur la foi des deux documents mal interprétés, C. Hopf estimait que la production était limitée à 434 centenaria, c’est-à-dire à 138 quintaux'0. En fait, en 1347, Simone Vignoso s’est obligé à livrer 1500 centenaria, soit 476 quintaux, à Cristiano Spinola sur la récolte de l’année, pour des ventes en Romanie et, en 1348, associé à ce même Cristiano Spinola, il remet à un Florentin 1166 centenaria et 91 livres de mastic de la récolte de 1347, sans qu’il soit possible de dire si cette dernière quantité, équivalant à 371 quintaux, représente ou non une partie de la vente précédente 51. Avec la Nouvelle Mahone, la production est plus strictement réglementée; plusieurs documents inédits des années 1391 à 1410 nous apprennent en effet que les Mahonais vendent en Occident 120 centenaria par an, 114 cantares de Chypre, soit 855 centenaria à l’est de Rhodes, en Syrie et en Egypte, et 200 centenaria en Romanie, Turquie, Gazarie et mer Noire ;’2. La production totale serait alors de 1089 centenaria, soit 346 quintaux. Entre 1347 et le début du XVe siècle, la Mahone a contingenté l’exportation, donc la production, en fonction des besoins de la clientèle répartie en trois zones géographiques. Toute cette production, remise aux officiers de la Mahone, était acheminée vers la « maison du mastic » de Chio, entrepôt où vient instrumenter en 1348 le notaire Pellegrino de Bracellis. Seuls les maîtres de l’île en tiraient revenu. On ignore tout sur la commercialisation du mastic à l’époque byzantine. Mais il est intéressant de noter qu’avant même de s’emparer de Chio, Benedetto Zaccaria semble jouer un rôle non négligeable dans ce 49 Nicolas de Nicolay, Les quatre premiers livres, op. cit., p. 67. Sur la sévérité des peines frappant les producteurs, cf. Ph. P. Argenti, The occupation of Cbios, op. cit., t. II, pp. 192-194. 50 C. Hopf, Storia dei Giustiniani, op. cit., p. 83. 51 ASG. Not. ign., Busta X, fragment 4, janvier 1348; Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., pp. 483-4 où l’on doit lire non pas 1166 cantaria mais centenaria, comme l’indique le minutier de Pellegrino de Bracellis, ASG. Not. cart. n° 317, f. 3 r. 52 Je remercie vivement pour ces précisions A. Rovere qui prépare l’édition des Documenti sulla Maona di Chio dell’archivio Giustiniani. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 745 trafic: en mai 1282, il confirme à Lanfranco Bachermo la quote-part de ce dernier dans une cargaison de mastic transportée de Phocée en Syrie53. Vers 1290, plusieurs Génois ont acheté des couffins de mastic qui leur ont été dérobés au départ de Chio; par l’intermédiaire de l’ambassadeur Niccolò Spinola, ils réclament au basileus réparation pour ce préjudice 54. Il est hors de doute qu’en se rendant maître de Chio, ravagée par les Catalans quelques mois plus tôt, Benedetto Zaccaria n’ait voulu ajouter au monopole de l’alun celui du mastic55. Son fils, Paléologue Zaccaria, toujours à court d’argent, utilise le mastic et l’alun comme gages des emprunts qu’il contracte et qu’il ne peut rembourser: d’autres Génois, dès lors, mettent en vente du mastic à Rhodes et en Occident56. Pour faire face aux grosses dépenses nécessaires pour la défense de Chio, Benedetto II et Martino Zaccaria obtiennent du pape Jean XXII l’autorisation de vendre du mastic à Alexandrie et chez les Sarrasins, privilège qui leur est par deux fois renouvelé 57. Mais dès l’époque des Zaccaria, le mastic est aussi instrument de crédit pour les maîtres de l’île. Des intermédiaires viennent en prendre une grande part. En 1318 et 1333 on voit le célèbre Megollo Lercari s’intéresser de très près à la vente du mastic: celui qu’il transportait en Chypre lui a été dérobé par les galères des Lusignan, et il se porte créancier de Martino Zaccaria, alors emprisonné à Byzance, pour un montant de 332 centenaria de mastic, soit près de 106 quintaux58. Avant sa déportation à Constanti- 53 ASG. Not. cart. n° 40/11, f. 85 r. 54 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp 513, 520, 542. Peut-êtne tombaient-ils sous le coup de l’interdiction faite aux Vénitiens d’exporter du mastic de l’empire, cf. G. Tafel et G. Thomas, Urkunden, op. cit., t. III, p. 335. 55 Pachymère, éd. de Bonn, II, pp. 436 et 558; cf. C. Manfroni, Storia della marina italiana (1261-WÌ), op. cit., t. II, p. 174; W. Miller, The Zaccaria, op. cit., pp. 42-55; R. S. Lopez, Genova marinara, op. et., pp. 224-227; Idem, Storia delle colonie genovesi, op. cit., p. 283; M. L. Heers, Les Génois et le commerce de l’alun à la fin du Moyen Age, dans Revue d’Histoire économique et sociale, t. 32, 1954, p. 42; P. Lemerle, L'émirat d’Aydin, op. cit., p. 51, n. 5; K. Amantos, SujifioXi], op. cit., pp. 153-164; A. E. Laiou, Constantinople, op. cit., p. 153. 56 ASG. Not. cart. n° 149/2, (î. 22r-v, 23r-v, 36v-37r; R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. III, n" 1675. En 1310, la veuve de Manuel Zaccaria et ses fils ont droit à une part de la récolte: ASG. Not. ign., B. IV, pièce 5. 57 G. Moliat, Jeatt XXII, Lettres communes, Paris, 1906-1909, n° 11081, 15644 et 21494; cf. J. Delavillc le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes jusqu’à la mort de Philibert de Naillac (1310-1421), Paris, 1913, pp. 367-368. 58 ASG. Not. ign., Busta 25, fragment 1, VI, doc. n° 2; filza n° 225, doc. n° 102 et 103. 746 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE nople, Martino Zaccaria avait tiré du mastic une richesse enviable, puisque Cantacuzène évalue à 120.000 pièces d’or le revenu annuel de l’île, fourni essentiellement par la production du lentisqueDe 1329 à 1346, les bénéfices du mastic vont de nouveau à la caisse impériale, à moins que ce ne soit à celle de Kalothètos, gouverneur de l’île. Les sources génoises ne mentionnent aucune transaction sur ce produit à cette époque. Le souvenir de la fortune acquise par Martino Zaccaria poussa-t-il Vi-gnoso et ses compagnons à reprendre possession de Chio? Toujours est-il que dès février 1347, la compera de Chio et de Phocée se réserve le droit exclusif de superviser la culture des lentisques, la récolte et la commercialisation du mastic, sans avoir à en référer à la commune de Gênes ou à ses représentants locaux, le podestat et ses officiers60. Le monopole individuel au temps des Zaccaria, est devenu collectif, mais il ne change pas de caractère. Pour éviter toute concurrence et maintenir la solidarité d’intérêt des membres de la compera, le mastic n’est pas partagé entre les bénéficiaires mais vendu en bloc, et les profits de la vente, après déduction des charges d’administration et de défense de l’île, sont alors partagés entre les participants. La formation d’une nouvelle Mahone conduit à des opérations commerciales plus complexes: ancienne et nouvelle Mahone s’attribuent une quote-part de la production et délimitent des zones géographiques où chacune d’elles aurait la quasi exclusivité des ventes à un prix déterminé, et d’autres régions où elles se partageraient les bénéfices. Ainsi, par un accord du 8 février 1359, les deux Mahones constituent une société pour vendre le mastic à l’est de Rhodes, tandis que la nouvelle Mahone accepte de limiter ses ventes en Romanie, en Turquie, en deçà de Rhodes, et en Occident61. Trois ans plus tard, à la suite de divergences entre les deux groupes, douze adjudicataires (appaltatori) reçoivent par la convention du 28 septembre 1362 tous les revenus de la Mahone et du mastic. Les besoins d’argent des Mahonais les amènent souvent à concéder la vente du mastic à des sociétés privées ou même à anticiper sur les récoltes. Dès 1347, un groupe de cinq Génois, menés par Cristiano Spinola a négocié à Péra avec un représentant de Simone Vignoso l’achat de la récolte de 1347, au prix de 23 hyperpères le centenarium62. Dans ce groupe entre en 1348 Pietro Reccanelli, originaire de Voltri, qui pendant près de quarante 59 Cantacuzène, éd. de Bonn, t. I, pp. 371 et 330. 60 Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. ait, t. I, p. 113. 61 Ibidem, pp. 124-125. 62 Ibidem, t. III, pp. 490-491. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 747 ans va dominer le trafic du mastic. En 1360 les Mahonais lui accordent par contrat le droit exclusif de négocier annuellement en Turquie ou chez les Sarrasins 30 cantares de mastic pendant trois ans puis, à partir de 1363, 60 cantares pendant 13 ans, les livraisons ayant lieu à Famagouste, sans doute pour éviter que le mastic ne soit vendu dans d’autres régions contrôlées par d’autres adjudicataires. Pietro Reccanelli obtient peu à peu l’exclusivité des ventes en Syrie où il a lui-même des facteurs, établis à Beyrouth et à Damas: parmi eux, Casano Cigala auquel il a livré 728 centenaria, soit 231 quintaux, au prix de 51 livres 10 sous le centenarium. A sa mort, antérieure à 1392, il possède 2 duodena de la Mahone, plusieurs propriétés dans l’île de Chio et reçoit chaque année une quote-part de la production de mastic 63. L’intermédiaire est devenu en quelques dizaines d’années un membre influent du groupe des Mahonais. A la fin du siècle, la société adjudicataire du mastic est composée de huit personnes qui semblent avoir le monopole de la vente: Luchino de Bo-navey, Dexerino Buscarino, Manuele Ghisolfi, Paolo Gentile, Francesco Giustiniani, Oliverio di Savignone, Guirardo Squarciafico et Vallariano Lomellini, soit sept Génois et un seul membre de la Mahone. D’année en année, cette société ne change guère, puisqu’en l’espace de cinq ans, de 1394 à 1399, seuls Badasal Cibo qui s’est substitué à Guirardo Squarciafico à la mort de celui-ci, et Moruel Cigala qui a remplacé Luchino de Bonavey, sont des hommes nouveaux64. L’adjudication porte sur des sommes considérables: en 1395, Badasal Cibo a affermé la vente d’une partie (4/25) des mastics de Syrie et d’Egypte pour 1.315 livres, c’est-à-dire que l’ensemble de l’adjudication pour cette seule zone géographique représenterait 8.218 livres 15 sous. En 1401, au moment des troubles que l’on connaît, la vente aux enchères de tout le mastic rapporte 43.750 livres aux Mahonais65. Selon l’importance 63 ASG. Not. cart. n° 450, ff. 32 r-35 r. 64 ASG. Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 224; Archivio Segreto n° 500, f. 49 v. 65 ASG. Not. cart. n° 451, f. 306 r; cart. n° 404/2, ff. 18v-19r. Ce dernier chiffre nous permet d évaluer la récolte minimum de mastic; en effet en 1404, le mastic est vendu à Chio 41 1. 10 s. le centenarium (A. Rovere, Documenti, cf. note 52 supra). Les adjudicataires comptaient donc recevoir au minimum 1050 centenaria de mastic. Si l’on ajoute 25 % pour les frais et les bénéfices de la société concessionnaire, c’est environ 1315 centenaria de mastic qui sont réellement mis en vente: 415 quintaux, chiffre à rapprocher des 346 quintaux récoltés vers 1391 (cf. supra, p. 744). Il y a donc une légère augmentation des ventes en 1401. 748 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE de leur participation, ceux-ci reçoivent une quote-part de ce montant en deux versements annuels 66. Solidaires au moment de l’adjudication, les membres de la société concessionnaire se répartissent les ventes, en se réservant un monopole dans une région déterminée. Dès 1360, semble-t-il, trois secteurs géographiques ont été délimités: l’Occident, la Romanie et la côte micrasiatique en deçà de Rhodes, enfin la Syrie, l’Egypte, Chypre et les régions turques au-delà de Rhodes. Pour chacun de ces secteurs, des contingents annuels et des prix minima sont fixés. En 1399, Manuele Ghisolfi et Paolo Gentile ont la concession de la vente en Syrie et en Egypte, alors qu’en 1395 Moruel Cigala et Oliverio di Savignone ont leur champ d’action limité à l’Occident6'. Mais un Occident entendu au sens large et comprenant Négrepont où le mastic est chargé par les galères vénitiennes68. Gênes, où les Giustiniani ont palais et entrepôts, est le marché de gros du mastic: les lettres de chargement des galères génoises citent fréquemment les couffins de mastic, de même que la correspondance des facteurs de Francesco di Marco Datini. De là, la gomme du lentisque est exportée vers la Sicile, la Catalogne, Ceuta et l’Outremont: elle apparaît toujours dans les mercuriales rédigées à Barcelone, Bruges, Paris et Londres pour l’information du marchand de Prato. Vendu à la fin du siècle de 48 à 50 livres de Gênes le centenarium en Ligurie, le mastic valait 48 livres de Barcelone le quintar en Catalogne, 9 sous la livre à Paris et 16 deniers la livre à Bruges: la complexité des changes ne permet pas d’établir entre ces prix des comparaisons qui seraient faussées de toute façon par notre ignorance du coût du transport69. 66 ASG. Not. cart. n° 324, f. 136 r. Toutefois, il arrive que des Mahonais, à court d’argent, engagent auprès de Juifs de Chio quelques cantares de mastic: ainsi en 1386 les Mahonais doivent au Juif maître Elixeus, 450 centenaria de mastic (P. Villa, Documenti sugli Ebrei a Chio, op. cit., p. 140). 67 ASG. Archivio Segreto, n° 499, f. 198 r; Not. cart. n° 402, f. 218 v; n° 313, f. 215 r (assurance pour un transport de mastic de Chio à Gênes par Morruel Cigala et Oliverio di Savignone). Francesco Giustiniani se charge, lui, des ventes dans la péninsule ibérique: en 1405 il fait assurer plusieurs cargaisons de mastic transportées vers Majorque et Valence (ASG. Not. cart. n° 314, ff. 20 v, 37 r, 40 r). 68 AS. Prato, Archives Datini, B. 1171: en novembre 1401, chargement d’un ciurlo de mastic à Négrepont sur une galère vénitienne; en décembre 1404, une galère vénitienne transporte 5 ciurli de mastic chargé à Négrepont. 69 Ibidem, B. 1171. Sur l’exportation de mastic à Ceuta et en Sicile, cf. L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 46 et 300. Quelques exemples de mercuriales dans F. Melis, Documenti, op. cit., pp. 298-320. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 749 En Orient, les principaux points de vente sont Péra, Famagouste, Beyrouth et surtout Damas et Alexandrie. C’est à Péra que les prix sont les plus bas: 23 à 28 hyperpères le centenarium en 1348, 31 florins, soit 38 livres 15 sous le cantare en 1359 70. A Beyrouth et à Damas, le mastic se vend 5.000 dirhems le kintâr, soit environ 440 livres de Gênes; le cantare génois équivalant au quart du kintâr damascène, le prix du cantare serait donc d’environ 110 livres à Damas, trois fois et demie la valeur du produit vendu à Chio. Même s’il faut tenir compte des frais de transport, de douane et de gestion de la société concessionnaire, les bénéfices n’en restent pas moins fort coquets ''.A Alexandrie, le prix de revient du mastic est en 1392 de 47 livres 10 sous le cantare de Gênes; il y est vendu 120 dinars le kintâr djarivl, équivalant à 300 livres de Gênes, c’est-à-dire à 1 cantare 1/2. Le prix de vente du mastic serait donc de 80 dinars le cantare, soit à peu près 90 livres de Gênes: autant dire que le marchand génois fait un bénéfice de 100 % par rapport à la valeur du produit vendu à Alexandrie72. Le travail forcé, le contrôle strict de la production, la vente en gros par une société adjudicataire, un monopole soigneusement préservé depuis la récolte jusqu’à la vente au détail, par toutes ces pratiques, la Mahone a fait vivre Chio en économie de plantation, au sens moderne du terme, même si les paysans grecs astreints à la culture des lentisques restaient en théorie des hommes libres. Le mastic qui représente au XVe siècle la moitié des revenus de l’île a fait la richesse de la Mahone, une richesse qui lui a permis de résister pendant plus de deux siècles à l’avance ottomane. // Le blé. Les besoins en grain d’une ville comme Gênes, qui ne disposait que de rares terroirs céréaliers dans son contado, étaient considérables: il fallait pour- 70 ASG. Not. ign., Busta X, fragment 4, janvier 1348; Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit., t. I, p. 125. 71 ASG. Not. cart. n° 395, f. 195 r; E. Ashtor, Histoire des prix, op. cit., p. 423 indique une valeur de 250 ducats pour le kintâr, dont le prix serait alors de 312 livres 10 sous de Gênes. La minute notariale citée supra fait état d’un autre prix du mastic à Damas: 3.000 dirhems le kintâr soit l’équivalent de 265 livres de Gênes (dans ce même document 1 livre = 11 dirhems 1/3) Pour le poids du kintâr damascène, cf. ibidem, p. 410, note a. A Chio en 1404, le cantare de mastic vaut 25 ducats, soit 31 livres 5 sous. 72 Le prix de revient du mastic à Alexandrie est indiqué par un acte du 19 décembre 1392: ASG. Not. filza n° 449, doc. 85 (190 florins le cantare de Chypre qui équivaut à 750 livres de Gênes, soit à 5 cantares de Gênes). Pour le prix de vente et la valeur du dinar, cf. E. Ashtor, Histoire des prix, op. cit., pp. 329 et 338. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 70 et 75 donne l’équivalence des poids. 750 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE voir au ravitaillement d’une population dépassant 50.000 habitants, approvisionner les bourgs des Riviere dont les ressources locales étaient réduites, disposer des quantités suffisantes pour fabriquer le biscuit de mer, principal aliment des équipages. Pour satisfaire de telles exigences, et maintenir un haut niveau de vie, faisant préférer le froment aux céréales pauvres et aux châtaignes, on devait recourir à des importations abondantes et aux ressources de pays aussi lointains que les régions pontiques ou les Flandres. Pour Gênes, plus peut-être que pour aucune autre ville de l’Occident médiéval le commerce du blé est un commerce de masse73. En mesurer l’ampleur n’est pas chose facile, en dépit des indications que livrent quelques documents fiscaux. En 1341, Andriolo di Savignone achète aux enchères la gabelle de quatre deniers frappant l’importation du grain; il acquitte la somme de 3.707 livres 11 sous74. En d’autres termes, l’acquéreur compte sur l’arrivée à Gênes d’un minimum de 222.453 mines; si l’on admet une marge de 25 % pour tenir compte des frais de perception, des bénéfices du fermier et de la fraude, c’est plus de 278.000 mines, près de 230.000 quintaux, que la ville devait importer73. Même si, par suite de l’épidémie de 1348, la consommation de céréales baissa d’environ 40 %, il ne pouvait être question de se satisfaire de ressources locales ou régionales; avec une population en diminution, Gênes demeurait à la tête d’un vaste trafic du blé. Pour l’organiser fut institué au cours du XIVe siècle YOfficium 'Victualium, à l’image des institutions semblables existant parfois dès le XIIIe siè- 73 R. Romano, A propos du commerce du blé dans la Méditerranée des XIVe et XVe siècles, dans Hommage à L. Febvre, t. II, Paris, 1953, pp. 149-161; J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 323-324 précise les besoins de la ville en céréales au XVe siècle et E. Grendi, Genova alla metà del Cinquecento-, una politica del grano? dans Quaderni Storici, avril 1970, pp. 106-160, la politique céréalière au XVIe siècle. Les droits pesant sur l’importation des grains sont longuement décrits par Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 218-219. 74 ASG. Compere Mutui, Diversorum Negoriorum Comperarum Capituli n° 977, f. 56 r. Il s’agit de la taxe dont parle Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 218 « per la giugnere e entrare al porto di Genova, denari 4 genovini piccioli per mina ». 75 J. Day, Les douanes de Gênes, op. cit., p. XXIX, estime à 185-195.000 mines la consommation annuelle avant 1348, chiffre qui paraît un peu faible: en effet en 1341, la taxe sur la vente en gros des grains rapporte 7.851 livres (Mass. Comunis Ianue n° 1, f. 123 r) et non 7.414 livres, ce qui conduit à majorer d’au moins 6 % l’estimation de J. Day. Pour le XVe siècle, J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., p. 324, suppose un trafic de l’ordre de 250 à 300.000 mines, et E. Grendi, Genova alla metà, op. cit., p. 113, des importations de 350.000 mines. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 751 eie dans les autres villes italiennes: les Ufficiali al frumento, cités dès 1174, puis les Piovveditori delle Biade di San Marco à Venise76, le Magistrato del- I Abbondanza qui apparaît vers 1260, à Florence, les Statuta Victualium qui règlent à Milan dès 1215 l’importation des céréales. A Gênes cette bureaucratie spécialisée est peut-être née à l’occasion de la guerre opposant la Commune à Venise et aux Catalans, conflit qui dut entraver l’acheminement régulier des convois de blé77 entre 1350 et 1355; en tout cas, dès 1361, YOfficium Victualium est en place, sous la forme qu’il garde jusqu’au début du XVe siècle: quatre fonctionnaires élus pour un an par le Doge et le Conseil des Anciens '8. Leur rôle se limite à l’organisation du marché; ils n’ont aucun pouvoir de décision sur les sommes à employer pour l’importation et la distribution du grain, aucune autonomie financière; ils se contentent d’être les intermédiaires entre les patrons de navire et les vendeurs de grain ou ray-baroli. Pour éviter les fraudes, 1 'Officium dispose d’un petit bâtiment qui surveille les côtes 79. L’action de cet organisme revêt diverses formes. En période d’abondance frumentaire, YOfficium passe des contrats avec des particuliers qui s’engagent à apporter telle cargaison de grain à Gênes dans un délai déterminé; il fixe un prix minimum garanti auquel il s’oblige à acquérir le grain, tout en laissant à l’importateur la chance de vendre directement au prix du marché à condition que ce soit à Gênes même; en ce cas, le marchand profitera de la différence entre le prix garanti et le cours du blé, au moment de l’exécution du contrat Lorsqu’il y a disette, YOfficium redouble d’efforts. II propose aux patrons de navires des contrats plus restrictifs, mais aussi 76 G. Luzzatto, Storia economica di Venezia, op. cit., p. 52; F. X. Leduc, Contribution à l’étude quantitative de l’économie vénitienne au Moyen Age-, Les céréales orientales dans l’économie publique de Venise au XIIIe et au début du XIVe siècle, cotnmu-nication présentée au 1er Convegno internazionale di Storia della civiltà veneziana, Venezia e il Levante fino al secolo XV (Venise, juin 1968). 77 H. Sieveking, Aus Genueser Rechnungs, op. cit., p. 5. 78 ASG. San Giorgio 37/26, Gabella grani 1361; Officium Victualium n° 150, f. 96 v. 79 ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 150, f. 87 v. 80 C’est le cas pour Manuel Zaccaria en 1276: il s’oblige à faire venir 15.000 mines de grain de Romanie, payables 22 sous la mine si les nefs de Manuel arrivent à Gênes en mai, et 21 sous si elles arrivent en juin. Manuel est libre de ne pas le vendre à la Commune qui, elle, n’est plus tenue d’acheter si la livraison n’a lieu qu’en juillet: ASG. Not. cart. n° 112, f. 58 r -■ 59 r. Sur ces mécanismes, cf. H. Sieveking, Studio sulle finanze, op. cit., pp. 84-85. 752 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE plus avantageux: livraison obligatoire d’une quantité déterminée dans des délais impératifs, concession aux marchands d’avances à valoir sur le prix de vente de la cargaison, garantie d’un bénéfice sur le transport, quelle qu en soit l’issue. Dans le même temps, les exportations sont interdites, les livraisons en Ligurie étroitement contrôlées. L'Officium envoie même des représentants dans les régions productrices pour négocier directement 1 achat du grain: ainsi en 1375, des procureurs partent pour la Sicile, la Maremme, la Sardaigne, les Pouilles, la Provence et même la Turquie Sl. Dans cette vaste organisation du trafic des blés, quelle place pouvait avoir la Romanie? Deux régions productrices intéressaient particulièrement les Génois: la Thrace byzantine et les régions côtières de la mer Noire. Ce sont celles-là même que décrit Pegolotti vers 1340 s_. La richesse cerealière des campagnes situées à l’ouest de Constantinople a été maintes fois relevée et l’on sait que, depuis la perte de l’Egypte, la Thrace constituait le grenier à blé de la capitale byzantine83; la récolte est-elle insuffisante, le pays occupé par des troupes étrangères? la famine menace la population constantinopo-litaine. Jusque sous les Comnènes, Rodosto était le principal port céréalier de la Thrace. Les Génois s’y rendent encore à la fin du XIIL siècle; après 1300, ils semblent préférer des caricatoria frumenti plus modestes, les uns encore sous le contrôle de Byzance, les autres passés au XIVe siècle sous domination ottomane: ils vont à Sélymbrie (Silivri), Panidi (Panados) au sud de Rodosto, Dani (Daneion), Gori ou Golii, lo Porro et au sud des Détroits, à Carnali et Scorpiata84. Le grain de Thrace était considéré comme le meilleur de toute 81 ASG. Manoscritti n° 104, ff. 3r-4v, 5 r, 6r-7v, 14r-14v, 21r-22r, 42 r - 43 v. Les Florentins demandent à la Commune de pouvoir transporter du grain de Provence à Porto Pisano: on le leur accorde, à condition que le transport se fasse sur des navires génois, et qu’une partie de la cargaison soit déchargée à Genes. ibidem, ff. 15 v -17 v. 82 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 42 et 54-55. 83 G. I. Bratianu, Etudes sur l'approvisionnement de Constantinople et le monopole du blé à l’époque byzantine et ottomane, in Etudes byzantines, op. cit., pp. 127-181; J. L. Teall, The grain supply of the Byzantine Empire 330-1025, dans DOP, 1959, pp-87-140; A. Laiou, The provisioning of Constantinople, op. cit., pp. 91-113. 84 Avant 1294, Ottobuono Boccanegra a acheté du grain de Rodosto pour plus de 5.000 hyperpères, cf. G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 524. En 1390, lane de Dra-periis s’est engagé à livrer à un Vénitien 1.000 muids de grain à Pannidi « seu in una ex scalis Grecie in quibus solita sunt navigia honerari seu in Turchia videlicet in locis et scalis dominationis domini Jhallabi Turchi videlicet a hucha Avis citra ». Deux autres milliers de muids doivent être livrés « in loco de Lo Porro » ou bien « in lotis Ttirchie carregatoriis in uno loco vel duobus tantum ex locis Turchie carregatoriis a Ca- PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 753 la Romanie et le muid valait de 6 à 8 carats plus cher que celui de Caffa. En mer Noire, il n est pas de région céréalière que ne fréquentent les Génois. A l’ouest, sur la côte bulgare, Varna et Anchialos sont en 1317 interdites au commerce byzantin, en raison de la domination bulgare, mais restent ouvertes aux Génois; en 1358 plusieurs cargaisons arrivent d’Anchialos à Gênes s\ Plus au nord, Vicina puis Licostomo constituent les débouchés des plaines danubiennes; quoique le blé de ces régions soit moins apprécié que celui de Thrace ou de Caffa il intéresse néanmoins les Génois 86. En janvier 1361 arrive a Gênes le linh de Gaspare di Pino, chargé de 3.248 mines de grain de Licostomo, dont près de la moitié est immédiatement achetée par quatre gros revendeurs. A cette époque, les actes rédigés à Kilia par le notaire Antonio di Ponzò mentionnent plusieurs Génois exportant vers Péra les céréales de la Dobroudja87. Si l’on en juge par les protestations d’un ambassadeur vénitien à Gênes, il semble bien que les Ligures se réservaient le monopole du commerce céréalier, en empêchant les Vénitiens d’accéder à ces caricatoria frumentifS. La guerre de Dobroudja en 1374-1375 eut peut-être pour cause les prétentions des hommes d’affaires génois. Près de la Crimée, Lifetti ou Leferti (Eupatoria) est un port du blé très fréquenté dès le début du XIVe siècle, quoiqu’ici encore la marchandise ne vaille pas celle de la Gazarie89. Le blé de Caffa, en fait celui qui vient des plaines de la Russie méri- mali et Scorciata citra », cf. ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 39; cf. également ASG. San Giorgio, Victualium n° 169, f. 49 v. Lo Porro et Golii sont aussi fréquentés par des marchands de Chio, importateurs de grain: Not. Giovanni Balbi, n° 411 et 417. 85 L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 120; ASG. Massaria Comunis Ianue. n" 8, f. 7 v. 86 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 42: « grano della Zaorra e di Velina è peggiore grano che neuno degli altri detti di sopra ». Sur ces exportations, cf. ASG. Massaria Comunis lanuc n° 8. fT. 7 v, 45 v, 143 r, 158 v, 164 v, 165 v, 202 v; Magistrorum rationalium n° 52, (T. 10 r, 11 r, 154 r, 155 r, 224 v; San Giorgio, Gabella grani 1361, fi. 4v, 5v, 6v, 7 v, 8v, 13 r, 23 v: au total 824 mines en 1357-1358 et 3.248 mines en 1361. Cf. notre article, Les Génois dans l’Ouest de la mer Noire, op. cit., et O. Iliescu, Nouvelles éditions, op. cit., p. 118. 87 G. Pistarino, Notai genovesi, op. cit., ad indicem, s. v. granum. 88 G. M. Thomas, Diplomatarium, op. cit., pp. 58-59; N. Iorga, Etudes historiques. op. cit., p. 49; Idem, Venezia ed i paesi romeni del Danubio fino al 1600, Venise, 1915, p. 292; S. Papacostea, Venise et les pays roumains au Moyen Age, dans Venezia e il Levante, op. at., t. II, P- 601. 89 AS. Venise, Cancelleria inferiore, Busta 181, Not. Conrado de Sidulo, 28 juillet 1329; cf. F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 42 « (grano) di Lifetti che non si buono grano come quello di Caffa ». 17 754 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE dionale, est tenu au XIVe siècle pour le meilleur de toute la mer Noire, mais l’approvisionnement du comptoir génois par les routes de la presqu’île dépend du bon vouloir des Tatars de Solgat. Plus à l’est, Pegolotti distingue sur la mer de Tana la côte septentrionale de la côte de Zichie. Au nord-ouest de Tana, des Génois comme Andriolo di Murta et Leone Piccamiglio ont des intérêts à Porto Pisano, escale inaccessible aux bateaux d’une portée supérieure à 500 tonnes, à Cabardi (Tagan-rog) et Vosporo (Kertch)90. En revanche, Lobuosom et Ipoli, dont parle la Pratica della Mercatura, n’apparaissent pas dans les actes génois. Sur la côte de Zichie, en dehors des cancatoria frumenti que mentionne Pegolotti, les Génois fréquentent Calinimeno, Aziachon et surtout Matrega et Mapa, dont l’accès est bien nécessaire aux autorités de Caffa, lorsqu’elles sont en guerre contre les Tatars de Solgat. L’on ne sait où placer Cavalari et Cubacuba où se rend Giovanni di San Donato91. Sur la côte sud-est de la mer Noire, Lo Fasso (Batoum) et Savastopoli offrent leurs ressources céréalières à nos marchands 92. En dehors de la mer Noire et de la Romanie proprement dite, la côte occidentale de l’Asie mineure compte aussi parmi les fournisseurs de la Commune: du grain de Phocée et d’Altologo arrive à Gênes en 1381, 1382, 1384, 1391 et 1393 93. Tels sont les lieux de production céréalière que fréquentent nos hommes d’affaires. L’exportation d’un blé, dont Byzance s’est longtemps réservé le monopole, est soumise à certaines limitations, imposées d’ailleurs plus par la pratique que par la lettre des textes. Par le traité de Nymphée, en effet, Michel VIII Paléologue avait autorisé les Génois à exporter de l’empire toutes sortes de marchandises, y compris les céréales94. Concession imprudente, que le basileus ne renouvela pas en faveur des Vénitiens: l’exportation n’était 90 AS. Venise, Cancelleria inferiore, Busta 19, Not. Benedetto Bianco, 18 octobre 1362. 91 ASG. Archivio Segreto, Diversorum filze n° 3021, 26 mars 1393. 92 Ìbidem, 28 avril et 21 mai 1360; ASG. Caffa Massaria 1374, f. 16 v; Caffa Massaria 1386, ff. 400 v, 401 r, 206 r. 93 ASG. Antico Comune, Salvatores portus et moduli n° 198, f. 112; Massaria Co-munis Ianue n° 16, f. 64 r; San Giorgio, Gabella grani 1384, ff. 9mv; Victualium n° 148, f. 93 v; Not. cart. n° 313, f. 135 v; San Giorgio, Victualium n° 149, f. 50 r. Sur les chargements de grain à Phocée et Altologo, cf. Not. cart. n° 110, ff. 208 v-210 r; n° 310, f. 78 v; n° 312, f. 205 r. 94 C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., p. 795: « Victualia et granum permittet (imperium nostrum) extrahere de toto jamdicto imperio omnibus et singulis ianuensibus et defferre libere et expedite sine aliquo impedimento dacite commergii seu exactionis ». PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 755 pour eux licite que si le prix du blé restait inférieur à 12 keratia le modios en 1265 et à un hyperpère en 1277 et 1310 95. Aucune clause de ce type ne se retrouve dans les traités byzantino-génois. Mais en fait, dès 1272, Michel VIII avait imposé la pratique de licences d’exportation pour le blé produit dans 1 empire, c’est-à-dire essentiellement les céréales de Thrace96. Ces licences, qualifiées dans nos textes de mandamentum ou de preceptum étaient cessibles au même titre que plus tard, au XIVe siècle, les bulles pontificales autorisant le commerce avec les Sarrasins 97. Etaient-elles toujours nécessaires pour traiter avec les commerciaires byzantins ou bien seulement lorsque le prix du grain dépassait un certain seuil? il est difficile de le dire, mais on notera que les achats de grain effectués par des Génois à Rodosto et à Mo-nemvasie le sont à des prix allant de 1 hyperpère 14 keratia à 2 hyperpères le modios, c’est-à-dire beaucoup plus cher que le prix de référence au-delà duquel les Vénitiens ne pouvaient plus exporter de blé98. Le privilège des Génois serait alors de bénéficier d’un droit limité d’exportation, même en période de disette. Pourtant ni le texte des traités ni la concession de licences ne réglaient vraiment les problèmes. En 1287, Franceschino Avvocato qui a reçu du basileus un mandamentum ne réussit pas à récupérer le grain qu’il a acquis auprès des autorités impériales, non plus que Benedetto di Albaro auquel un représentant du basileus a vendu 500 modioi de grain, qui restent bloqués à Constantinople ". Les officiers impériaux tiennent-ils seulement compte des 95 F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., p. 160; A. Laiou, The provhioning of Constantinople, op. cit., p. 93; Idem, Constantinople, op. cit., p. 16; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., p. 149, fait erreur en plaçant en 1285 l’élévation du prix de référence de 1/2 à 1 hyperpère. Cf. également J. Chrysostomidès, Venetian commercial privilèges under the Palaeologi, dans Studi Veneziani, t. XII, 1970, pp. 267-356, particulièrement, pp. 312-329. 96 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 507: « Si dominus imperator concesserit alicui Ianuensi extractionem frumenti », le blé ne peut être alors exporté que vers Gênes. 97 Ibidem, p. 525: « Raynerius Bocanigra habuerit et emerit quodam preceptum domini imperatoris et signatum de manibus eiusdem a quodam lanuense », cf. ASG. Not. cart. n° 74, f. 125 v. 98 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 511: Guidetto di Negro achète 2.000 modioi de grain de Rodosto au basileus au prix de 4.000 hyperpères; p. 526: 800 muids achetés au prix de 1 hyperpère 14 keratia le modios-, cf. également A. Laiou, Constan-tinople, op. cit., pp. 72-73. 99 ASG. Not. cart. n" 76, ff. 125v, 158v-159r, 234v (14, 25 février et 15 mars 1287). 756 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ordres de leur maître? L’un d’eux confisque la cargaison d un marchand pour ravitailler un village. Le protovestiaritès livre aux deux frères Portonario du grain gâté que reçoit aussi Ottobuono Boccanegra; Chinamos, le capitaine du port de Constantinople, tient pour nulle la licence concédée à Ottobuono et à Rainerio Boccanegra et refuse de la restituer; le sébaste Andronic Paléologue vend 800 modioi de blé et d’orge, en perçoit le montant mais n’en livre que trois cents 10°. C’est dans ce contexte de tracasseries quotidiennes que les Génois s’efforcent d’exporter le blé qui leur est indispensable. Aussi les hommes d’affaires prennent-ils toutes précautions. Le 9 août 1290, Bianca Balbo di Castello et Montano Squarciafico nolisent à Caffa leur nef pour transporter 5.000 mines de grains en Occident: si les autorités impériales veulent retenir le bateau à Constantinople, ils s’engagent à verser 700 hyper pères pour obtenir une licence — expedicamentum navis et au cas où cette somme ne suffirait pas, à ajouter 500 autres hyperpères, partagés entre eux mêmes et les marchands. Derrière la concision des formules notariales, on devine les longues palabres avec des commerciaires qui se laissent finalement convaincre à prix d’argent101. . Lassés par ces vexations et cette incohérence administrative, les Génois prirent avantage des embarras d’Andronic II, aux prises avec la Compagnie catalane, pour obtenir par le traité de 1304 de plus larges concessions, e sormais ils auraient le droit d’exporter librement le blé produit dans es régions de la mer Noire non soumises à Byzance; l’exportation de blé by zantin reste interdite102. Puis, profitant de l’occupation de la Thrace par les Catalans qui privent la capitale de ses sources d’approvisionnement, les Gé nois de Péra stockent le blé de mer Noire et se livrent dans 1 hiver 1306 1307 à une spéculation effrénée, tandis que Svetoslav qui s est emparé d An chialos et de Mesemvria, empêche l’exportation de grain bulgare vers Cons 100 G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., pp. 514, 516, 524, 525, 526, 532, 533. 101 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., pp. 368-370. Ce document est analyse par L. Balletto, Commercio del grano dal Mar Nero all’Occidente (1290-12)1), dans r/ tica storica, t. XIV/I, 1977, pp. 57-65. 102 L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 109: « Quod ianuenses habere debeant libertatem emendi de terris nostris... omnia victualia preter frumentum et alia semina .. quod de aliis terris que sunt in mari maiori nec sunt subiecte Imperio nostro habeant libertatem ipsi ianuenses extrahere... et portare mercationes quascumque voluerint, et frumentum et victualia... »; cf. A. Laiou, The provisioning of Constantinople, op. cit., pp. 94-95 et Constantinople, op. cit., pp. 149-150. Pachymère (éd. de Bonn, I, p. 419) constate avec rancoeur que dès le règne de Michel VIII le transport du grain des ports de la mer Noire à Constantinople a été abandonné aux Génois. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 757 tantinople. La capitale est à la merci du bon vouloir des Génois; elle souffre alors de la pire famine jamais connue, dit la vie du patriarche Athanase Ie' 103. Au cours des années suivantes, le contrôle impérial se relâche: dans l’accord de 1317, il n’est plus question que du blé de Varna et d’Anchialos dont la vente est interdite à Constantinople, mais autorisée hors de l’empire. L’interdiction d’exporter du blé byzantin ne figure plus dans le texte 104; tout se passe comme si les Génois, qui n’ont plus à craindre la flotte byzantine qu’An-dronic II à démantelée105, étaient devenus provisoirement les maîtres du ravitaillement de Constantinople. Contre cette dépendance économique réagirent, on le sait, Andronic III et Jean Cantacuzène. Les succès de la flotte byzantine contre les Génois de Chio, de Phocée et de Lesbos réduisirent pour un temps au silence la morgue des habitants de Péra 106. Les efforts de Jean Cantacuzène pour construire une flotte, fortifier Byzance, attirer à Constantinople l’activité commerciale, en réduisant les taxes douanières, furent mis en échec; au cours de la « guerre latine », les Génois détruisirent dans les arsenaux mêmes les navires byzantins, établirent un blocus de Constantinople et contraignirent Cantacuzène à capituler107. Après la bataille du Bosphore (1352), il ne semble pas que les basileis aient pu se libérer de la domination économique des Génois de Galata: le traité du 6 mai 1352 impose à tout bateau grec voulant se rendre dans la mer de Tana une escorte génoise ou une autorisation délivrée par le doge de Gênes. Ainsi en un demi-siècle, la situation s est-elle renversée: c’est désormais le gouvernement génois qui contrôle le commerce byzantin en mer Noire l08. 103 Rîoç /.al rcoXiTela ’AOavxalou A', éd. Archimandrite Athanasios Pantokrato-rinos, dans ©paxixà, t. 13, 1940, p. 101; Pachymère, éd. de Bonn, II, pp. 597-605; V. Laurent, Les régestes, op. cit., fase. IV, n° 1649 et 1652; A. Laiou, Constantinople, op. cit., pp. 338-340 (édition de 4 lettres du patriarche Athanase sur la disette); A. M. Maffry Talbot, The correspondence, op. cit., pp. 178-186 et 242-244. Sur la famine de l’hiver 1306-1307, cf. N. Banescu, Le patriarche Athanase I, op. cit., pp. 49-50; G. I. Bratianu, Nouvelles contributions, op. cit., pp. 643-644; A. Laiou, The provisioning of Constantinople, op. cit., pp. 97-98, 104-105. 104 L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 120. 105 H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 377-381. 106 U. V. Bosch, Andronikos III, op. cit., pp. 112-118 et 129-132. 107 H. Ahrweiler, Byzance et la mer, op. cit., pp. 385-387; E. Frances, Quelques aspects, op. cit., pp. 167-176; C. P. Kyrris, John Cantacuzenus 1321-1.148, op. cit., pp. 7-48; Idem, John Cantacuzenus 1348-1354, op. cit., pp. 331-356. 108 Liber lurium, op. cit., t. II, col. 603; cf. C. P. Kyrris, John Cantacuzenus 1348-1354, op. cit., p. 348; C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., p. 711. 758 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE La conquête progressive de la Thrace par les Ottomans, achevée vers 1376-1377 109 retire à Constantinople les ressources céréalières de la région et accroît la dépendance de la capitale envers les Génois. En cas de conflit, ceux-ci arrêtent les navires chargés de grain se dirigeant vers Constantinople no. La paix revenue, ils sont assez habiles pour conclure des accords commerciaux avec l’entourage du basileus, afin de réduire l’opposition byzantine à leur hégémonie. En 1384 la coque de Manuel Cabasilas apporte à Gênes 3.667 mines de grain réparties entre trente-quatre marchands dont vingt-quatre Grecs m. En 1388, le même Cabasilas, qualifié de procureur du basileus, a passé un contrat avec le podestat de Péra, par l’intermédiaire de Luchino de Draperiis, bourgeois de Péra, dont la famille intervient à plusieurs occasions dans le commerce des grains. Il transporte 5.421 mines sur une nef impériale qui arrive à Gênes le 15 avril 1389 "2. En 1402, les trésoriers de Péra sont accusés de s’être associés à un Grec, lane Godelli, qui est allé charger du grain à Chio pour le vendre à Constantinople au prix exorbitant de 31 hvperpères le modios. Les deux officiers s’arrangeaient par ailleurs pour obtenir du grain de la commune de Péra et le revendaient sur le marché de Constantinople par l’entremise de facteurs du basileus, dont un certain Leondarios "3. Ainsi, plus ou moins directement, le basileus — c’était alors Jean VII, régent de l’empire durant le voyage de Manuel II en Occident — trempe-t-il dans les spéculations sur les blés au profit des hommes d’affaires de Péra, mais au détriment de la population de Constantinople. Avant même que les Génois se soient ainsi imposés sur les lieux de production de Romanie et de mer Noire, les grains provenant de ces régions occupent une grande place dans le ravitaillement de leur ville. Dès 1267, c’est-à-dire au moment même où les Génois sont rappelés de leur exil à Hé- 109 I. Beldiceanu - Steinherr, La conquête d’Andrinople par les Turcs: la pénétration turque en Thrace et la valeur des chroniques ottomanes, dans Travaux et Mémoires du Centre de recherche d’Histoire et Civilisation byzantines, t. I, Paris, 1965, pp. 439-461. 110 L. T. Belgrano, Frima serie, op. cit., p. 132. 111 ASG. San Giorgio, Gabella grani 1384, f. 8 r; Victualium n° 143, f. 2 v. 112 ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 100, f. 61 r. Sur ce transport, cf. G. G. Musso, Navigazione e commercio, op. cit., pp. 162, 243-245. ]13 ASG. Sindicamenta Peire 1402, ff. 97r-v, 99r-v, 106 r: lane Godelli, grec de Constantinople, patronnait une nef de deux ponts passée ensuite sous le commandement de Vesconte Spinola. Un Georgius Godelli est témoin de l’accord conclu en 1382 entre les autorités génoises, Jean V et Andronic IV (L. T. Belgrano, Frima serie, op. cit., p. 139). Quant à Leondarios, il s’agit vraisemblablement de Demetrius Lascaris Leontaris, futur conseiller de Manuel II: cf. J. W. Barlcer, Manuel II, op. cit., p. 245. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 759 raclée et installés à Péra, le grain de Romanie arrive à Gênes; l’année suivante, il est probable que pour faire face à la disette générale en Italie, nos marchands suivirent les Vénitiens qui, selon Martin da Canal, allèrent en mer Noire acheter des grains aux Tatars, Alains, Circassiens, Russes, Turcs, Arméniens et Grecs U4. L’installation des Génois à Caffa développe le commerce des céréales, au profit de l’Occident, mais aussi de Trébizonde et de Constantinople. Pendant la première moitié du XIVe siècle, les marchés orientaux approvisionnent Gênes très régulièrement. Lorsqu’il décrit les caricatorïa frumenti de mer Noire et de Romanie, Pegolotti rapporte toujours les mesures utilisées localement au muid de Caffa 115. C’est la preuve que les marchands génois étaient les principaux utilisateurs de ces ports. Des nefs et des coques venues de mer Noire, de Péra ou d’Altologo apportent à Gênes des cargaisons de blé: plus de 9.400 mines en 1345 sur deux seuls bâtiments 116. Après 1350, les registres de la Gabella grani et de YOfficium Victualium permettent de mieux préciser l’importance de ce trafic et de le comparer aux autres sources d’approvisionnement. En 1357-1358, Anchialos, Licostomo et la Romanie fournissent à Gênes 11.097 mines, un peu moins que la flo-tille des petites unités qui vont en Maremme charger 16.297 mines "7. En 1374-75, la disette pousse YOfficium à envoyer des représentants dans toutes les régions productrices; un contrat portant sur 4.000 mines est conclu avec Lanzarotto Cattaneo qui se rend en Turquie; un autre avec Leonardo Tartaro autorisé à y acheter orge et froment au prix qu’il voudra 1IS. Pendant quelques années, la guerre de Chioggia ferme à Gênes les marchés orientaux. D’août 1378 à mai 1379, YOfficium Victualium passe vingt-huit contrats avec des transporteurs et fait venir 30.940 mines et demie de Sicile, de Provence et de Maremme. Aucune cargaison de blé n’arrive alors d’Orient1I9. Les liens reprennent en 1381 et 1382, années où l’on signale l’arrivée de grain de Phocée et de Caffa l2°. 114 Martin da Canal, Les cstoircs, op. cit., p. 328. 115 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 42, 54 et 55. ASG. Not. cart. n” 109,f.206r( 1293) ; n°99,f. 139 v (1303); n° 231, f. 18r-19v (1341); n“ 461, f. 172 v (1343); n° 110, f. 208 v (1344); Antico Comune, Massaria Co-munis Ianue n° 3, ff. 49 v et 53 r (1345); Not. cart. n° 235, f. 115 r (1350), etc. 117 ASG. Antico Comune, Massaria Comunis Ianue n“ 8. 118 ASG. Manoscritti, n° 104, (1. 5 r - 6 r, 42r-43v. 119 ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 139, ff. 4v-5r. 120 Ibidem, Salvatores Portus et Moduli n° 198, f. 112; Massaria Comunis Ianue n" 16, f. 64r; Not. cart. n° 409, ff. 20r, 60r-v. 760 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE A partir de 1383, les lettres envoyées de Gênes par les facteurs de Francesco di Marco Datini apportent une information précise sur le commerce du blé d’Orient: un trafic de masse, mais très irrégulier et très sensible aux changements de la situation politique. Dans les deux dernières décennies du siècle s’organise vraiment une flotte du blé; de lourdes coques — que les facteurs de la compagnie Datini continuent à appeler nefs — se spécialisent dans le transport des grains: celles de Paganino di Blaxia, de Lorenzo Badinella, d’Andrea Lomellini, de Giovanni Todesco di Arenzano, de Giovanni Marcono se rendent régulièrement en Orient. Le blé constitue l’essentiel de leur cargaison, complétée par quelques pains de cire, des épices ou des esturgeons. Il est très rare de voir les galères da mercato, comme les nomment les correspondants de Datini, transporter du blé; on leur réserve les cargaisons légères et de grande valeur. Le caractère saisonnier de ce trafic est remarquable. Officium Victualium propose ses contrats aux transporteurs dans les derniers mois de l’année. Les coques partent de Gênes au printemps et leur retour s échelonne généralement d’octobre au début de février, avec parfois un léger décalage, comme en 1384 où les premières nefs arrivent dès le 17 juillet, les plus lentes rejoignant la métropole dans les premiers jours de décembre. La campagne dure donc tout au plus cinq mois; il n’y a pas d’échelonnement des voyages, car le grain n’est pas stocké dans les comptoirs d Orient; il y est chargé dès la fin de la moisson et arrive à Gênes à l’automne, période d’abondance où les cours sont généralement les plus bas. La production ro-maniote et pontique ne fait qu’approvisionner un marché déjà bien pourvu; il est rare qu’elle facilite la consommation des Génois lors des mois difficiles de soudure, mai et juin. Aussi l’arrivée en avril 1389 de la nef impériale conduite par Manuel Cabasilas dut être appréciée: elle apportait 5.421 mines et demie, alors que Gênes n’avait pas accueilli de navire du blé depuis plus de quatre mois. Il en fut ainsi en juin 1391 pour la coque de Giovanni Marcono, bourgeois de Caffa, transportant 7.070 mines m. Dans ces échanges, les années d’abondance alternent avec les années de pénurie. En 1384, la Romanie avec 31.919 mines, Caffa avec 31.344 mines et Phocée-Altologo avec 3.710 mines fournissent 77 % des importations connues; vingt-deux navires sont alors réservés entièrement au transport du blé d’Orient, la coque de Giovanni Todesco di Arenzano ayant à elle seule chargé 7.553 mines, soit près de 625 tonnes. L’année suivante, le blé est rare dans toutes les régions comprises entre la Romanie et l’Espagne. Aussi 121 ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 100, f. 61 r; n° 102, f. 95 v. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 761 le gouvernement génois envoie-t-il des représentants à Paris et à Bruges pour y acheter de 15 à 20.000 mines de grain m. Il n’en reçoit pas moins du blé d’Orient; en octobre, le facteur de Francesco di Marco Datini signale l’arrivée à Gênes de six navili portant plus de 30.000 mines et deux autres coques ayant un chargement de 6.000 mines123. La pénurie s’aggrave en 1386; Caffa est en guerre contre les Tatars de Solgat et doit faire venir pour ses propres besoins du blé de Bulgarie, de Zichie, d’Asie mineure et même de Romanie. Il est dès lors exclu d’envoyer du grain à la métropole; seuls les marchés turc et cypriote restent de bons fournisseurs, alors que la Sicile voit s’élever le prix du blé à 30 tarins la salme, soit 68 sous la mine; le blé coûte 50 % de plus qu’en année normale 124. En 1387 le trafic reprend; le gouvernement génois donne carte blanche aux autorités de Péra et de Caffa pour conclure des accords avec des transporteurs, auxquels est promise une prime exceptionnellement élevée de trois sous par mine. En 1388, Caffa et la Romanie fournissent 30.524 mines apportées par une dizaine de navires spécialisés 125. Nouvelle pénurie en 1389: Torpeto Malocello, patron d’une coque, s’était engagé envers le podestat de Péra à charger 2.000 mines de grain à Caffa, en mer Noire ou à Phocée pour les porter à Gênes. En raison des mauvaises récoltes et de l’interdiction d’exportation, sans doute imposée par les autorités génoises de Caffa, il est autorisé à remplir son contrat en allant charger en Sicile126. En 1390 et 1391, l’approvisionnement de Gênes est extrêmement diversifié, comme en témoigne le tableau suivant: 122 ASG. Manoscritti n° 856, Officium Monete, ff. 25 v, 28 r. 123 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 507, 13 et 26 octobre 1385: « altra roba non anno salvo da 300 schienali, cera o noce non anno; altri navili vengono assai tutti con grano ». 124 Ibidem, n° 508, 4 septembre 1386: « Ieri venuta qui una delle due ghalee di chonserva di Romania e contano grande guerra... jano a Chaffa quelli Tartari, che ne e stato gran danno di gente dell'una parte e dell’altra e che punto (/'. e niente) di grano possono di là avere anzi che forniscbano Chaffa di Sicilia, il perche qui non sara buono denaro di grano come pensavamo, perchè chi n’avra di Sicilia si fornischono prima, e sentiamo per la nuova di Romania vi è montato a tarini 28 in 30 la salma che verrebe qui soldi 68 la mina, che è grano charissimo ». Le correspondant de Francesco di Marco Datini ajoute que le grain est passé à 65 sous, puis à 70 et 80 sous la mine et il craint que l’on atteigne le prix de 5 livres la mine. 125 Voir le tableau dressé par G. G. Musso, Navigazione e commercio, op. cit., pp. 145-147. 126 ASG. Not. Donato di Chiavari 1389, doc. n° 8 (23 octobre 1389). 762 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Origine du blé Quantité en mines Pourcentage Sicile 31.010 45 % Romanie 11.242 16 % Caffa 9.402 14 % Espagne 6.665 9,5 % Sardaigne 3.772 5,5 % Provenances diverses 6.829 10 % Total: 68.930 100 % Sicile 21.384 61 % Romanie 6.261 18 % Caffa 3.578 10 % Sardaigne 1.971 6 % Espagne 1.692 4,5 % Phocée 163 0,5 % Total: 35.049 100 %127 Huit nefs en 1390, cinq en 1391 transportent à Gênes du blé d Orient dont la part dans les importations connues oscille entre 30 et 40 %. La situation se dégrade dans les années suivantes: de très mauvaises récoltes dans les régions pontiques interdisent toute exportation en 1392 et en 1393: la famine menace Caffa, comme le constatent Rosso di Strozza degli Strozzi, facteur de Francesco di Marco Datini et le témoin d’un différend porté devant les maîtres rationaux de Gênes m. De plus, les armées de Bajazet campent sur les rives des Détroits et gênent les communications. Dans les derniers mois de 1392, deux coques arrivent encore de mer Noire avec du grain, alors que dans les premiers mois de 1393, deux autres navires sont allés charger a Panados, sur la mer de Marmara et à Phocée. En conséquence, 1 ’Officium Victualium fait appel surtout au blé de Sicile et d’Espagne entre décembre 1392 et juin 1393: 127 Sources: ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 147 et 148; Magistrorum rationalium n° 101, fï. 35r-v, 72 v, 136 v; n° 102, ff. 17 r, 32 r, 39 r. 128 « Abiamo trovato questo paese più cattivo a mercatantia che fosse già a grande tempo. E ènne cagione la carestia ci è di vetluaglia che ci è tretanti caro che noi suole esser» (10 octobre 1392); cf. P. Massa, Alcune lettere, op. cit., p. 358 et F. Melis, Aspetti, op. cit., p. 48. En 1393 « dum dictus magister Oddinus esset in Caffa et tunc esset in Caffa et tunc tempore ibidem magna vigeret penuria et fames », déclare Laza-rino de Erzenis devant les maîtres rationaux, ASG. Not. ign., Busta R bis, 14 janvier 1405. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 763 Origine du blé Quantité en mines Pourcentage Sicile 18.316 29,5 % Espagne 11.200 18 % Romanie 7.592 \ 12 % ) Phocée 5.537 \ 16.838 9 % Caffa 3.709 ^ 6 % \ Sardaigne 4.206 6,5 % Provence 162 ) Lombardie 84 j 246 0,5 % Provenances diverses 11.430 18,5 % Total: 62.236 100 % 129 A partir de 1394, Gênes ne peut plus compter sur POrient pour son ravitaillement; jusqu’en 1402, la correspondance adressée à Francesco di Marco Datini continue à signaler l’arrivée des nefs et des galères de Romanie, beaucoup moins nombreuses que dans la décennie précédente; elles ne portent jamais de grain et leur cargaison est réduite 13°. Il faut attendre 1402 pour voir de nouveau sur le marché génois du grain turc, venu de Chio; ce n’est vraiment qu’en 1405 et 1406 que reprend le trafic régulier du blé, mais il se limite chaque année à trois ou quatre nefs, moins du cinquième des échanges réalisés en 1384. Désormais Gênes recherche son ravitaillement en Méditerranée occidentale: Sicile et royaume de Naples, Maremme, Provence et Espagne deviennent ses fournisseurs réguliers131. Les succès des Ottomans et les désordres dans les régions pontiques ont à la fin du XIVe siècle ralenti durablement le trafic du grain oriental, étroitement soumis aux aléas de la situation politique. 129 Sources: ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 149; Antico Comune, Magistrorum rationalium, n° 103, (Î. 54 r, 87 r; Massaria Comunis Ianue n° 23, £f. 53, 61. 130 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 519, 17 janvier 1396: les galères de Romanie sont arrivées à Gênes le 15 janvier « pocha roba ano condotto »; n° 517, 11 février 1394, les galères de Romanie « non ano nulla quasi da farne»; la nef de Giovanni Marcono venant de Romanie apporte du grain mais qu’elle a chargé en Sicile (ibidem, 24 mars 1394). Après 1394, les nefs de Romanie transportent surtout esturgeons, cire, cuirs, alun et menues épices (Ibidem, n° 518 à 521). 131 J. Heers, Gênes au XVe siècle, op. cit., pp. 329-340. Pendant les premières années du XVe siede, les sources d'approvisionnement sont très diversifiées et le trafic est instable, comme le montre le tableau suivant: 764 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Cette dépendance va même jusqu’à provoquer certaines années un renversement des courants traditionnels. Evoquons pour mémoire les nombreux transports de blé sicilien vers Famagouste: 5.500 mines en 1383, 500 en 1386, 2.250 en 1388, deux nefs en 1390, 3.000 mines l’année suivante, 1.500 en 1392 et 1393, 1.000 en 1394, plus de 6.000 en 1397; bref la métropole doit constamment ravitailler son comptoir de Famagouste qui, une année sur deux, ne peut s’approvisionner suffisamment sur les marchés locaux ou faire venir en suffisance du blé turc. Plus étonnants sont les envois de nefs en Sicile pour y charger du grain à destination de Péra et de Caffa: il en va ainsi en 1386, lorsque la guerre contre les Tatars coupe Caffa de ses sources d’approvisionnement 132 et surtout entre 1393 et la fin du siècle. De même que Y Officium Victualium passe des contrats pour faire venir du blé de Romanie, lorsqu’il est abondant, de même, en année de disette, il s’accorde avec des transporteurs pour faire charger du grain en Sicile ou en Provence et le porter en Orient: Caffa est ainsi ravitaillée en 1394 par les coques d’Ansaldo Grimaldi et de Marco Gentile (4.000 à 4.500 mines) et Péra en 1397 par celle de Giuliano di Castello (5.000 mines)133. En janvier 1403, par suite des mau- Années 1402 1405 1406 1408 Origines du blé (mars-décem.) ('mars-décem.) (janvier-avril) (janv.novem.; Quantité % Quantité 0/o Quantité % Quantité % en mines en mines en mines en mines Sicile 736 2 16.902 46 9.672 59 30.398 58 Naples _ - 10.240 28 --- --- 8.968 17 Caffa - - --- --- 5.927 36 11.794 22,5 Chio 184 0,5 --- --- --- --- --- --- Maremme 2.641 7 5.703 15,5 250 1,5 --- --- Provence 25.452 70 190 0,5 287 2 1.305 2,5 Espagne 6.677 18 --- --- --- --- --- --- Sardaigne 332 1 2.040 6 --- --- --- --- Provenances diverses 562 1,5 1.465 4 202 1,5 --- --- Total 36.584 100 36.540 100 16.338 100 52.465 100 Sources: ASG. San Giorgio, Gabella grani 1402; Gabella grani 1405-1406 (seules les importations des mois de janvier à avril 1406 sont connues); Gabella grani 1408. 132 Cf. note 124. 133 ASG. Not. cart. n° 387, ff. 13 v -14 r; Archivio Segreto, Diversorum filze n° 3021, 4 février 1394 et 24 décembre 1397. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 765 vaises récoltes en Romanie et en Turquie, les marchands de Chio vont charger du grain en Pouille et l’année suivante jusqu’en Catalogne I34. Un trafic interrégional complète l’approvisionnement des deux comptoirs: Caffa essaie de se satisfaire des ressources des régions pontiques et Péra, lorsqu’il ne peut compter sur le blé de Thrace, fait venir du grain de Chio, de Phocée ou d’Al-tologo. Aussi le trafic du blé oriental est-il plus complexe qu’il n’apparaît tout d’abord; les courants commerciaux sont influencés par la situation politique, par l’abondance ou la rareté des récoltes; c’est dire qu’ils sont déterminés par les différences de prix existant entre régions productrices et consommatrices à un moment donné. En voici quelques exemples concernant la mer Noire. En 1361, le blé coûte à Licostomo 7 sous 5 deniers par mine de Gênes 13d. Quoique le transport revienne à 20 sous 9 deniers par mine — presque le triple du prix d’achat — ce grain, vendu 36 sous sur le marché génois, laisse encore à YOfficium Victualium, après décompte des dépenses variées (taxes d’importation, frais de portage, de mesurage, d’entrepôt) que l’on peut évaluer à 3 sous 5 deniers par mine I36, un bénéfice de l’ordre de 12 %, sur le prix de revient de la marchandise. A la même date, le blé coûte à Caffa entre 9 sous 11 deniers et 10 sous 5 deniers par mine; les frais de transport étant toujours d’environ 20 sous par mine, il reste avantageux d’importer à Gênes du grain de Gazarie, à condition qu’il s’agisse de grandes quantités: la cargaison de Vesconte Grimaldi rapporte à YOfficium Victualium un bénéfice de 759 livres, soit environ 3 sous 6 deniers par mine 137. Ce sont là des prix moyens. Il en est tout autrement lorsqu’il y a disette soit en Orient, soit en Occident. Laissons de côté l’année 1386 où, en raison des difficultés de ravitaillement et de la guerre, le blé est vendu à Caffa jusqu’à 175 aspres le muid, soit environ 54 sous la mine; aussitôt le prix monte en Occident: 68 sous en Sicile et jusqu’à 80 sous à Gênes13S. En 1374-1375, années de relative abondance frumentaire où Caffa exporte plus 134 ASG. Not. Greg. Panissaro, doc. n° 54 et 121. 135 ASG. San Giorgio, Gabella grani 1361, f. 22 v. 136 Cette évaluation résulte de l’addition des diverses taxes mentionnées par Pegolotti, la pratica della mercatura, op. cit., pp. 218-219, cf. H. Sieveking, Aus Genueser Recknungs, op. cit., p. 5. 137 ASG. San Giorgio, Gabella grani 1361, ff. 1 v et 22 v. >5* ASG. Caffa Massaria 1386, f. 386 v: 1 sommo 4 saggi 6 carati le muid. Le change est alors de 1 1. 10 s. par sommo, dans lequel on taille 160 aspres. Sur les prix en Occident, cf. AS. Prato, Carteggio Pisa da Genova n° 508, 24 septembre 1386. 766 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE qu’il n’importe, les écarts de prix du grain acheté par 1 'Officium Victualium de Caffa sont les suivants: Septembre 1374 69 aspres le muid Octobre 1374 - Novembre 1374 - Décembre 1374 120 aspres le muid Janvier 1375 de 100 à 110 aspres le muid Mars 1375 108 aspres le muid Avril 1375 - Mai 1375 de 100 à 160 aspres le muid Juin 1375 de 120 à 140 aspres le muid Juillet 1375 de 110 à 140 aspres le muid Août 1375 - Si l’on tient compte que cette année là, le sommo, dans lequel on taille 139 aspres 1/4, vaut 135 sous de Gênes139, c’est-à-dire qu’un aspre vaut environ un sou, le cours des blés à Caffa n’est intéressant qu’au moment de la récolte, à condition qu’elle soit assez abondante pour faire baisser les prix. En septembre 1374, le muid vaudrait donc 70 sous et la mine environ 23 sous. C’est dire que des exportations vers l’Occident ne sont avantageuses qu’à condition que le prix du grain à Gênes soit supérieur à 47 sous la mine, si l’on compte les frais de transport, les taxes et les dépenses diverses. Or, si en 1374, en raison de la famine à Gênes, le prix s’est élevé jusqu’à 20 livres la mine, aux dires de l’annaliste Stella140, en année de production normale, 45 à 50 sous constituent un maximum. Un trafic frumentaire entre la mer Noire et Gênes ne peut donc s’établir que si les récoltes sont abondantes dans les régions pontiques, alors que les gros achats pour le compte de la métropole ont lieu en juillet et en août, lorsque les prix sont les plus bas. Ces exportations massives raréfient l’offre à Caffa et font ainsi rapidement monter les prix, qui peuvent doubler pendant les mois de soudure, alors que l’arrivée à Gênes des lourdes coques chargées de grain provoque une baisse des prix qui sont au plus bas de septembre à décembre 141. Ces conditions, on l’a vu, sont rarement réalisées après 1390, en dépit d’un élément nouveau qui aurait pu stimuler le trafic du blé: la baisse du coût du fret. En 1361, le transport d’une mine de blé de Licostomo ou de 139 ASG. Cafïa Massaria 1375, f. 334 v. 140 G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., pp. 127-128. 141 ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 147. Il faut ajouter que le blé oriental est moins apprécié à Gênes que le blé de Sicile ou d’Espagne. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 767 Sous de Gênes 58 57. 56. 55. 54. 53. 52. 51. 50. = 49. -Jl Blé de Romanie Blé « cartaluco » de Cafïa Blé de Sicile Blé d’Espagne Blé de Sardaigne 0 1“-!-i I-1-!-i-1--1-1- Mars Avril Mai luin luilli't Août Septembre Octobre Novembre Dec. 52 - Prix de la mine de blé à Gènes en 1390 768 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Romanie revenait environ à 20 sous. A la fin du siècle, grâce sans doute à l'augmentation constante des tonnages et aux moindres exigences des armateurs, en quête de marchandises, le coût du transport s’abaisse à 14 sous 3 deniers par mine et même en 1394 à 12 sous 6 deniers 14_. Il est vrai que cette diminution est en partie compensée par la hausse des taxes douanières qui passent de 3 sous 5 deniers à 6 sous 6 deniers par mine 14‘. La baisse du coût du fret ne suffit pas à ranimer le trafic du blé. Alors que les prix sur le marché génois restent relativement stables144 — entre 1390 et 1394 les fluctuations saisonnières normales les font passer d’un minimum de 38 sous à un maximum de 55 sous — les brutales variations des cours sur les marchés orientaux désorganisent le commerce: la mine de blé coûte 18 sous 3 deniers à Caffa en 1391, mais 63 sous en 1394; 22 sous 9 deniers à Péra en 1390 mais de 77 à 98 sous en 1401 145. A n’en pas douter, les mauvaises récoltes et la situation politique troublée ont découragé les importateurs. Les courants d’échanges se sont même inversés. Rien, on le voit, n’est plus irrégulier que le trafic du blé oriental à la fin du XIVL siècle. 142 ASG. Not. cart. n° 387, f. 13v-14r; n° 413/1, doc. n 35. 143 H. Sieveking, Studio sulle finanze, op. cit., pp. 173, 181; D- Gioffrè, Liber, op cit., pp. 30-32, 106-122. 144 Prix du grain oriental à Gênes (par mine) Mars 1390 39-47 sous Avril 1390 40 sous Mai 1390 47-55 sous Mai 1391 40-45 sous Mai 1392 38-40 sous Janvier 1393 43 sous Février 1393 46-48 sous Mars 1393 42-49 sous Mai 1393 46-53 sous Juin 1393 55 sous Janvier 1394 42-47 sous Mai 1394 45 s. 6 d. Août 1394 37 sous Septembre 1394: 40 sous Octobre 1394 : 44 sous. Sources: ASG. San Giorgio, Officium Victualium n° 148 et 149; Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 85; AS. Prato, Memoriali da Genova n° 734. 145 ASG. Not. cart. n° 448, f. 145 v; Archivio Segreto, Diversorum filze n° 3021, 4 février 1394; Peire Massaria 1390, f. 3 v; Sindicamenta Peire 1402, f. 105 r. Sur le prix du blé à Péra pendant l’été 1401, cf. G. T. Dennis, Three reports, op. cit., p. 255 (24 hyperpères le modios et seulement 100 aspres à Caffa; sur le marché de Constantinople, le modios de blé a été vendu jusqu’à 31 hyperpères: cf. Sindicamenta Peire 1402, f. 106 r). PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 769 III - Les PRODUITS MINIERS ET MÉTALLURGIQUES al L’alun. Indispensable à l’industrie textile du Moyen Age, l’alun a fait l’objet d’un trafic intense que les Génois s’efforcèrent de contrôler dès la fin du XIIIe siècle; les frères Zaccaria puis la Mahone de Chio tentèrent de se réserver le monopole de ce produit jusqu’au moment où, après la perte de Pho-cée, l’alun de Tolfa prit le relais de l’alun d’Orient L’alun qui, pour reprendre le mot de Vannuccio Biringuccio, « n’est pas moins nécessaire aux teinturiers que le pain à l’homme », est un double sulfate d’aluminium et de potassium ou d’aluminium et d’ammonium. C’est une substance cristalline, sans couleur, qu’on peut trouver soit en blocs, soit en poudre blanche, soit en granulés ou en cristaux. Astringent et légèrement acide, il est soluble dans l’eau chaude. Au Moyen Age, il était utilisé de manière fort diverse. Il servait à affermir la couleur sur l’étoffe qui lui devait sa vivacité et son brillant; on l’utilisait dans le tannage des peaux, dans l’industrie du sucre et du verre; la pierre d’alun arrêtait les hémorragies locales; mais surtout il servait au mordançage des étoffes en stabilisant les matières colorantes sur les fibres textiles2; il dégraissait enfin les draps de leurs impuretés. A tous ces titres, l’alun était au Moyen Age nécessaire à l’industrie textile d’Occident dont l’essor était ainsi largement tributaire de l’état du commerce du Levant. En effet, l’Occident n’était guère riche en alunières aux XIIe et XIIIe siècles: l’île de Vulcano, Ischia, le Monte Argentario fournissaient un produit de mauvaise qualité. Les aluns de Castille, venus des régions de Niebla 1 W. Miller, The Zaccaria, op. cit.; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., pp. 138-139; R. S. Lopez, Genova marinara, op. cit., pp. 23-61; Ch. Singer, The earliest chcmical Industry. An essay in the historical relations of économies and techno-logy illustratcd from the alum trade, Londres, 1948; M. L. Heers, Les Génois et le commerce de l’alun, op cit.; J. Delumeau, L’alun de Rome XVe-XIXe siècle, Paris, 1962, chap. 1 ; C. Cahen, L’alun avant Phocée: un chapitre d’histoire économique islamo-ebrétientte au temps des croisades, dans Revue d’Histoire économique et sociale, 1963, pp. 433.447; L. Liagrc, Le commerce de l'alun en Flandre au Moyen Age, dans Le Moyen Age, t. LXI, 1955, pp. 177-206. 2 « L’alun sans lequel aucun vêtement ne peut être teint » dit Jordan de Séverac en constatant vers 1330 l’activité de Cattaneo della Volta à Phocée, cité par Ch. Singer, The earliest chemical industry, op. cit., p. 92; « “Eem §è àvayxaîov T0^ SeuooiToioïc » renchérit Ducas qui possédait une maison à Phocée (Ducas, Istoria Turco-Bizantina, op. cit., p. 205). 18 770 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE et de Mazarron, et exportés vers l’Italie par Valence et Majorque, ceux de Bougie et du Maroc mentionnés dans les traités conclus par Pise et Gênes avec les Almohades en 1157 et 1161 sont insuffisants. Dès la fin du XIe siècle, l’alun venu du Wahat, en haute Egypte, est vendu par l’Etat fatimide aux Francs commerçant à Alexandrie: il y a parmi eux des Génois, comme l’attestent des minutes notariales de Giovanni scriba et le tarif douanier de Gênes datant de 1140 \ A cette époque, il n’est encore aucunement question des aluns d’Asie mineure et de l’empire byzantin. Ceux-ci apparaissent dans l’histoire du commerce du Levant au XIIL siècle, lorsque l’essor des industries textiles d’Occident pousse à rechercher d’autres fournisseurs que l’Egypte mameluke, où les affaires des Latins sont à la merci des aléas de la situation politique. En 1236, dans un traité conclu entre Chypre et les Provençaux, est mentionné pour la première fois 1 alun d’Asie mineure et dix-neuf ans plus tard un Génois, Niccolò di San Siro, et un Vénitien ont reçu, aux dires de Guillaume de Rubruck, la concession des alunières de la région d’Iconium4. Après la reconquête byzantine de Constantinople, l’entrée en scène des Zaccaria et l’exploitation de Phocée modifient radicalement le commerce de l’alun, sans faire disparaître complètement la production des alunières jusqu’alors exploitées. Il faut encore admettre avec Cl. Cahen en dépit des recherches récentes 3, que l’on n’a aucune preuve de l’exploitation de l’alun de Phocee avant celle des Zaccaria. On ignore à quel moment les deux frères reçurent la concession des mines: 1264, comme l’affirme R. S. Lopez qui rapproche ce don de l’ambassade que conduisit cette année-là Benedetto Zaccaria auprès de Michel VIII6? 1267, comme le déclare Marino Sanudo, d’après lequel Michel VIII déçu par l’attitude des Vénitiens se retourne alors vers Gênes et offre «La Foggia» aux deux frères, en gage de bienveillance7? ou 1275, 3 M. Chiaudano-M. Moresco, 11 cartolare di Giovanni scriba, op. cit., n° 524, 877 et 1321; Liber lurium, op. cit., col. 66. Sur tout ceci, cf. CI. Cahen, L’alun avant Phocée, op. cit. 4 Guillaume de Rubruck, éd. cit., p. 328. Il s’agit sans doute de l’alun de Kutahia, plus proche d’Iconium que l’alun de Koloneia (Karahissar sur le Lycus). 5 M. Angold, A Byzantine government in exile, op. cit., passe très vite (pp. 114-115) sur les relations commerciales de l’empire de Nicée avec l’Occident et ne mentionne pas l’alun. 6 R. S. Lopez, Genova marinara, op. cit., p. 12, hypothèse reprise dans l’article Majorcans and Genoese, op. cit., p. 1167, n. 2 et in Familiari, op. cit. pp. 211-212. 7 C. Hopf, Chroniques gréco-romanes, op. cit., p. 146; cf. P. Lemerle, L'émirat d’Aydin, op. dt., p. 51, n. 2. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 771 comme 1 avancent encore les historiens de l’alun, sur la foi d’un texte de Pachymère ? Deux minutes notariales incitent à avancer de quelques années cette dernière date, généralement acceptée: en effet dès 1268, Benedetto Zaccaria charge un procureur de vendre 350 cantares d’alun qu’il a fait transporter à Aigues-Mortes et, en mars 1271, il accorde quittance à l’un de ses proches pour une cargaison d’alun et de cuir venus sur la nef Sarzana9. Quoique 1 origine précise ne soit pas indiquée, comment ne pas reconnaître là les premiers produits des mines de Phocée? Sur 1 exploitation elle-même, il n’existe pas de description contemporaine des deux frères Zaccaria: Pachymère, dans un passage sur lequel nous reviendrons, se contente de dire que les alunières se trouvaient dans les collines à l’est de la ville I0; quant à Muntaner, lorsqu’il raconte le raid des Catalans contre Phocée en 1307 ou en 1308, il nous apprend seulement que la ville était habitée par trois mille Grecs occupés à la fabrication de l’alun 11. A ces travailleurs grecs, il faut ajouter un personnel d’encadrement latin. En effet les Zaccaria ont recruté des volontaires à Gênes et à Péra: non seulement des pilotes, des marins, des calfats et des scribes pour leurs navires, mais aussi des serviteurs, des soldats, des artisans et manoeuvres, sans compter un médecin qui en 1281 s’est engagé à suivre les Zaccaria à Phocée pour y soigner immigrants et population locale. Beaucoup y ont laissé leur vie: en témoignent les legs testamentaires de quelques livres qu’un des procureurs des deux frères remet aux ayants-droit en janvier et février 1282 12. Toutes ces petites gens ont tenté la fortune outre-mer; ils n’ont amassé que de pauvres biens vendus aux enchères à leur mort, pour une poignée de livres. 8 Pachymère, éd. de Bonn, t. I, V, 30. Cf. supra, p. 166. 9 ASG. Not. cart. n° 72, f. 21 v; Not. ign., Busta 17, fragment 2, f. 48 r. Le premier document est édité par R. S. Lopez et I. Raymond, Medieval trade in the Medi-terranean World, New York, 1955, p. 219 et commenté par R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. dt., pp. 216-217, réimpr. dans Su e giù per la storia di Genova, op. cet., pp. 335-336; le second document est inédit. 10 Pachymère, éd. de Bonn, t. I, V, 30. Il s’agit ici bien sûr de l’Ancienne Phocée, puisque les événements décrits se placent en 1275, alors que la Nouvelle Phocée, située au N.N.E. de l’Ancienne n’a pas été construite avant 1286: cf. R. S. Lopez, Genova marinara, op. cit., p. 222, et P. Lemerle, L’émirat d'Aydin, op. dt., p. 51, note 4. 11 Ramon Muntaner, L’expcdicio, op. cit., p. 156; cf. aussi J.A.C. Buchon, Chroniques étrangères, op. cit., p. 466. Quelques remarques sur le texte de Muntaner in P. Lemerle, L’émirat d’Aydin, op. cit., p. 15-18. La date du raid des Catalans contre Phocée est incertaine: cf. Ibidem, p. 26, note 1. 12 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., p. 91; R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., pp. 339, 364-368. ASG. Not. cart. n° 40/11, ff. 79 v, 85 v. 772 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Sur les techniques de fabrication, à côté des quelques remarques sans grande portée de Jordan de Séverac 13 et du témoignage tardif de Ducas qui fut secrétaire du podestat génois de Phocée 14, la meilleure description reste celle de Pegolotti15. L’extraction de l’alun se fait à un demi-mille de Phocée. Les pierres sont chauffées pendant plusieurs jours, refroidies puis constamment arrosées pendant quatre mois. Elles s’amolissent et on les met dans l’eau bouillante pendant deux jours, à l’exception de blocs trop durs qui sont jetés. On obtient ainsi un liquide laiteux — Y acqua forte, dit Pegolotti qui est versé dans des récipients où l’alun se solidifie en cristaux au bout de deux semaines. L’eau résiduelle est de nouveau utilisée pour la fusion des pièrres d’alun. Par de telles méthodes on obtient plusieurs qualités d alun. La meilleure est l’alun de roche, formé des gros cristaux recueillis en haut des récipients 16; puis vient l’alun de choix — allume di Sorta della buona allumiera — composé d’un mélange d’alun de roche, dans la proportion de 2/5, et d’alun en poudre pour le reste: c’était la qualité habituellement livrée par les Génois de Phocée. L’alun en poudre — allume di corda, di fossa ou minuto — était constitué de tout ce que l’on recueillait au fond des réci pients, après en avoir retiré les cristaux d’alun de roche. L allume di piuma, dans lequel s’associent l’alun et des pyrites de fer, ne se trouve guère en Asie mineure; Pegolotti le fait venir de Berbérie, alors qu une lettre marchande de janvier 1397 mentionne un chargement d'allume di piuma, allant d’Alexandrie en France: ce serait là un nouveau témoignage de 1 activité des alunières d’Egypte que l’essor de Phocée n’a pas condamnées à un total abandon 17. Enfin Pegolotti range parmi les plus détestables qualités d alun, Yallume cassico et Yallume giachile, mais il est vraisemblable que ces noms désignent un produit venu d’autres alunières, moins riches que Phocee, et non pas une qualité particulière. 13 Cattaneo della Volta « fait de l’alun sans lequel aucun vêtement ne peut être teint et d’une manière si merveilleuse que je pouvais à peine croire que c’était une invention de l’ingéniosité humaine, mais plutôt de l’Esprit Saint », cite par Ch. Singer, The earliest chemical industry, op. cit., p. 92. 14 Ducas, Istoria Turco-Bizantina, éd. V. Grecu, Bucarest, 1958, pp. 205-207. 15 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 368-369. 16 A la fin du XIVe siècle, les marchands toscans parlent d'allume grosso qu ils opposent à l'allume minuto: il s’agit bien évidemment d’alun de roche qui coûte 70 à 80 % plus cher que l'allume minuto: cf. AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 506, 6 février 1385; n° 507, 13 décembre 1385. 17 AS. Prato, Busta 1171; lettre de chargement de la nef de Paolo Lercario. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIF 773 L’exploitation de Phocée n’a pas fait disparaître les autres mines d’Asie mineure. Il semble même qu’au cours du XIVe siècle les lieux d’approvisionnement des Génois se diversifient. Il y a d’abord l’alun de Koloneia (Karahis-sar), dans la vallée du Lycus au sud de Trébizonde; les ressources de ces mines sont exploitées très tôt par les Génois; à une date antérieure à mars 1274, la nef « S. Martinus » appartenant aux deux frères Bestagno apporte à Constantinople de l’alun de Trébizonde 18, ainsi qualifié puisque l’exportation de l’alun de Koloneia se faisait par la capitale des Grands Comnènes et, accessoirement, par Cérasonte. Il s’agissait d’un produit d’excellente qualité, susceptible de concurrencer l’alun de Phocée, au point que les Zaccaria cherchèrent, nous le verrons, à en interdire la vente hors de la mer Noire. Les alunières de Koloneia étaient encore en activité à la fin du XIVe siècle, lorsque des cargaisons d’alun de roche entreposées à Péra prennent la route de l’OccidentI9. Pegolotti affirme que la production annuelle était de 14.000 cantares, soit 667 tonnes, mais le goût du marchand florentin pour les chiffres ronds — Phocée, selon lui, en produirait exactement autant — peut être légitimement suspecté20. L’Asie mineure possédait d’autres alunières moins renommées. Kuta-hia, capitale de la principauté turque de Germian, produisait un alun de seconde qualité, exporté soit par Antalya vers la Méditerranée orientale, soit par Altologo, au point que les minutes notariales génoises, comme le manuel de Pegolotti, le nomment fréquemment alun d’Altologo ou d’Ephèse21. 18 ASG. Not. cart. n° 63/1, f. 5 r: la cargaison appartient à Simone de Bulgaro. 19 ASG. Not. cart. n° 176, ff. 120v-121 r. 20 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 369. 21 ASG. Not. cart. n° 235, f. 237 r; n.° 238, f. 10 r; AS. Prato, carteggio Pisa da Genova, n° 506, 27 octobre 1384; n° 512, 24 novembre 1389; F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 369; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 127, 245, 259. Il est aussi question de l’alun de Cristo, ville sur laquelle les documents génois donnent quelque indication: dépendant en 1354 de l’archevêque de Smyrne qui en concède la perception des gabelles à deux Génois (Not. cart. n° 280, fi. 192v-196r) cette ville est en 1382 dans le pays de Saruhan et est l’objet d’un devetum édicté par les autorités génoises: celles-ci interdisent à leurs concitoyens d’y résider, de s’y rendre en bateau et de faire du commerce (Archivio Segreto n° 497, ff. 134 r-v). Nous serions tentés d’identifier cette ville avec Dioshiéron d’Ionie au sud de Colophon. Sur Dioshiéron - Christoupolis, cf. P. Lemerle, L'émirat d’Aydin, op. cit., p. 21, n. 2. L. Liagre de Sturlcr, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 282 fait erreur en comprenant qu’il s’agit de Mytilène, sous la forme Castro. L’alun de Cristo ne serait rien d’autre que l’alun de Kutahia, exporté soit par Altologo soit par Dioshiéron d’Ionie, toute proche. 774 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Au nord de l’Asie mineure, à proximité de la mer de Marmara, deux gisements avaient une certaine importance, Ulubad (Ulek-Abad) produisant Yallumc di Lupai exporté par le port de Trilia, et la péninsule de CyziqLie (Qapu Dagh) d’où était extrait Yallume cassico ou chisico, tous deux de qualité médiocre22. Les Génois se rendent encore à Carnali23, dont les mines fournissent un excellent alun de roche et à Scorpiata. Il faut entendre par là un havre situé sur la côte occidentale de Troade, à quelques milles à l’est de Ténédos, sur le site de l’antique Chrysa24. C’est là que les Génois vont charger l’alun turc à partir des années 1380; s’agit-il du produit d’alunières locales restées jusque là inexploitées? ou plutôt nos marchands cherchent-ils à éviter le passage des Détroits en faisant venir par voie de terre les productions des mines voisines de la mer de Marmara (Ulubad, Cyzique)? Si cela était, pourquoi n’avoir pas choisi Adramytion (Edremit) plus accessible qu’une plage de Troade où les chargements ne pouvaient se faire que par barques? Les fréquentes mentions de l’alun de Scorpiata entre 1384 et 1409 incitent à penser qu’il devait exister en Troade des alunières dont les ressources venaient compléter celles de Phocée25. Non loin de là, on exploitait aussi un gisement à Mytilène, au lieu dit Caloni (Kallones), situé au fond du golfe qui coupe l’île en son milieu; d’importants chargements d’alun de Mytilène prennent à la fin du XIVe siècle la direction de Chio puis de l’Occident26. Enfin à ces diverses mines auxquelles s’intéressent les Génois, il faudrait ajouter ce que l’Asie centrale peut fournir: en effet, en 1390, le facteur de Francesco di Marco Datini signale qu’est arrivée à Tana une caravane transportant de la soie, de la cire — ASG. Not. filza n° 224, doc. F.; F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 369; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 127. 23 ASG. Not. cart. n° 445/2, ff. 93v-94v. 24 E. Armao, In giro per il mar Egeo, op. cit., p. 100; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., p. CLXV, n. 3. Il ne peut y avoir aucun doute sur le site de Scorpiata; en effet un contrat d’octobre 1408 précise qu’une coque partant de Constantinople doit se rendre à Gallipoli puis à Scorpiata charger de l’alun avant d’arriver à Chio (cf. ASG. Not. Giovanni Balbi n° 396). 25 ASG. Not. cart. n° 311, ff. 154 r, 155 r; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 118; Not. Giovanni Balbi, 13 octobre, 17 et 22 octobre 1408; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 457, 499, 500. En 1393, il est interdit de charger de 1 alun à Scorpiata (Ibidem, doc. n° 565). 26 ASG. Not. cart. n° 324, ff. 153 r, 153 v; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 70 et 135. D. Giofïrè, Atti rogati in Chio, op. cit., p. 372; sur Caloni, cf; E. Armao, In giro per il mar Egeo, op. cit., p. 112. L’hypothèse de W. Heyd (Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 567) reprise par L. Liagre de Sturler (Les relations commerciales, op. cit., PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 775 et de l’alun en assez grande quantité27. On en ignore la provenance; sans doute s’agit-il de quelque mine d’Asie centrale, car il n’est guère concevable que l’alun de Koloneia arrive par caravane jusqu’à Tana, alors que l’exportation par Trébizonde en était aisée. Telles sont donc les sources d’approvisionnement des Génois en alun. La production de ces différentes mines ne peut être évaluée avec précision. Selon Pegolotti, Koloneia et Phocée fourniraient annuellement 14.000 cantares, soit 667 tonnes, Ulubad 10.000, soit 476 tonnes, Kutahia 12.000, soit 572 tonnes 2\ On n’accepte pas sans réticence les chiffres de Pegolotti. Pourtant si on les compare aux cargaisons des coques génoises, l’ordre de grandeur qu’ils indiquent paraît satisfaisant. En 1386, selon la correspondance envoyée à Francesco di Marco Datini, cinq grosses nefs transportaient de l’alun en Occident, dont celle de Giovanni Grimaldi chargée de 8 à 10.000 cantares. En 1395, la nef de trois ponts de Gianotto Maruffo portait en Flandre 18.000 cantares soit 857 tonnes, le plus lourd chargement que nous ayons rencontré au XIVe siècle. Et en outre trois autres nefs au moins avaient cette année-là une cargaison d’alun29. Or on admet généralement qu’à la fin du XIVe siècle, le grand commerce oriental est en crise et que les prix de l’alun baissent sur les principaux marchés de l’Occident30: que devait être alors la production des alunières à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle? On peut en avoir quelque idée en ce qui concerne les mines de Koloneia: en effet en 1290, trois contrats de nolisement rédigés à Caffa prévoient le transport vers Gênes d’au moins 8.900 cantares d’alun et parmi les marchands ne figurent pas Niccolò et Paolino Doria dont on sait par ailleurs qu’ils s’intéressaient vivement à 1’« alun de Trébizonde » et prévoyaient d’en faire venir un chargement à Caffa 31. Les chiffres ainsi obtenus sont fort voisins de ceux que donne Pegolotti, dont on retiendra l’évaluation, à défaut de sources plus sûres. Lorsqu’il traite de l’alun, Pegolotti utilise généralement des mesures t. I, p. CXXXVIII) scion laquelle il s’agirait d'alun de Kvpsella ou de Maronia en Thrace ne peut être acceptée. Si Mytilène n’était qu’un port de transit pour l’alun des régions de la Maritza, on ne comprendrait pas que les Génois aillent le charger à Caloni où n’existe pas de hâvre digne de ce nom, plutôt que dans le merveilleux port de la capitale de l’île, alors tenue par les Gattilusio. 27 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 513, 12 décembre 1390. 28 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. rit., p. 369. 29 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 508, 518 et 519. 30 T- Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 209. 31 M. Balard, Géncs et l’Outrc-Mer, op. cit., doc. n° 574, 647, 666, 672 et 813. 776 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE génoises; c’est dire la prépondérance de nos marchands dans ce trafic. Dès la fin du XIIIe siècle en effet, il n’est guère de cargaison d’alun oriental qui ne soit transportée par des navires génois. Ce monopole, les Zaccaria ont été les premiers à l’édifier au détriment même de leurs compatriotes. Leur objectif est de faire interdire l’exportation vers l’Occident de l’alun de Koloneia, de meilleure qualité encore que celui de Phocée; ils interviennent auprès de Michel VIII qui leur accorde en 1275 un édit favorable à leur demande. Mais les Génois de la métropole réagissent; ils construisent une grande nef, apte au transport de marchandises pondéreuses, franchissent les Détroits et pénétrent dans le Pont-Euxin, sans respecter l’étiquette impériale — le salut à l’empereur — en passant devant Constantinople. Entrés en mer Noire, ils se livrent à des actes de piraterie et entassent de grandes quantités d’alun dans leur nef. Le basileus envoie en vain une délégation auprès des habitants de Péra pour les prier d’agir sur leurs compatriotes: ceux-ci s’abstiennent. Alors l’escadre constantinopolitaine, sous le commandement du protovestiarios Alexis Alyattès, est mise sur pied. Les Gasmoules arraisonnent le navire pirate qui est conduit au port du Neorion; l’équipage latin et ses chefs sont aveuglés, châtiment exemplaire à l’égard de ceux qui se sont rendus coupables du crime de lèse-majesté32. Le gouvernement génois réplique par le boycottage des ports de 1 empire; les effets sur le mouvement commercial ne se font pas attendre: à partir de mai 1276 et jusqu’en 1278, nous n’avons plus aucun contrat de commande, de societas, de change ou de nolisement afférent au trafic romaniote. Il est donc vraisemblable que l’événement décrit par Pachymère et Grégoras se place au printemps 1276 33; dès que Gênes a été prévenue de l’incident, elle institue un devetum sur le commerce avec la Romanie. Les conséquences en étant catastrophiques pour les Génois comme pour les Grecs, le basileus repond par une lettre où il se plaint de l’ingratitude des Génois tout en sou- 32 Pachymère, éd. de Bonn, I, pp. 419-420; N. Grégoras, éd. de Bonn, r. I, p. 133 et sq.; G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 511; sur cet épisode, cf. G. Caro, Genova, op. cit., t. I, p. 394; C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., pp. 679-680; G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., pp. 138-140; R. S. Lopez, Genova marinara, op. cit., pp. 35-37. 33 Un de Marini reçoit une somme en commande pour la Romanie en mai 1276 (ASG. Not. cart. n° 122, f. 69 r). Or c’est un membre de cette même famille qui commandait la nef arraisonnée par les Byzantins, cf. G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 511 et C. Manfroni, Le relazioni, op. cit., p. 679, n. 2. Un acte de mars 1274 signale d’autre part de l’alun transporté de Trébizonde à Constantinople sur la nef S. Niartinus des Bestagno (ASG. Not. cart. n° 63/1, f. 5 r). PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 777 haitant la reprise des bonnes relations d’autrefois34. En 1278, Guglielmo di Savignone est envoyé à Byzance pour y contribuer; le pardon est accordé, ledit impérial de 1275 oublié et l’alun de nouveau exporté. En 1278, trois galères appartenant pour partie aux Zaccaria et pour partie à Ughetto Embriaco transportent 1.297 cantares d’alun, de Gênes à Séville puis en Angleterre: l’alun est alors propriété non pas des Zaccaria mais de cinq marchands génois qui ne semblent pas habituellement liés en affaires avec les maîtres de Phocée35. Dès 1281, l’alun de Koloneia arrive à Péra sur une nef d’un de Marini et peut être transporté en Occident36. Les Zaccaria toutefois se remettent de leur échec de 1275 et arrivent à contrôler par d’autres moyens la production des alunières d’Asie mineure: Benedetto marie sa fille à Paolino Doria qui obtient le consulat de Trébizonde et s’intéresse de très près à la commercialisation de l’alun de Koloneia37. D’autre part, les deux frères s’associent à la famille di Negro dont plusieurs membres comptent parmi les principaux exportateurs d’alun à Caffa en 1290. Enfin, par l’intermédiaire d’un système complexe de mandats et de procurations, les Zaccaria contrôlent indirectement le trafic de l’alun 38. Ainsi la réaction des hommes d’affaires génois, leurs concurrents, n’a pas réussi à démanteler le « trust » de l’alun que les Zaccaria ont patiemment construit, avec le soutien du basileus; grâce à ce que nous appellerions aujourd’hui des filiales, le « trust » s’est reconstitué sous d’autres formes et la nef Divizia, symbole de la richesse des deux frères, sillonne les mers d’Orient et d’Occident, forte de lourdes cargaisons d’alun. Au début du XIVe siècle, le monopole génois subsiste, non sans difficultés d’ailleurs. En 1296, les Vénitiens ont cherché à l’abattre en ravageant l’Ancienne Phocée39. D’autre part, un fragment de sentence arbitrale nous ap- 34 L. T. Belgrano, Cinque documenti, op. cit., p. 236. Cette lettre non datée ne nous semble pas être de 1274 ou de 1275, comme le pense G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., p. 139, pour les raisons ci-dessus évoquées. C’est la suspension des relations commerciales, attestée par la disparition totale des actes de commande entre mai 1276 et le début de 1278, qui dut inciter le basileus à écrire au gouvernement génois. La lettre serait donc de l'année 1277. 35 ASG. Not. ign., Busta 12, fragment 113, f. 70 r. 36 G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., p. 88. 37 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 461, 180, 200, 574, 813. Sur les liens entre Benedetto Zaccaria et Paolino Doria, cf. R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., pp. 333 et 334 et R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. II, p. 58. 38 ASG. Not. cart. n° 40/2, ff. 82v-83r, 97 v - 98 r; n° 41, fï. 4r-v, 19v-20r; n° 85, f. 131 r; n" 71, (T. 93v-94r. 39 R. S. Lopez, Genova marinara, op. cit., p. 222. 778 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE prend que des dissensions se sont élevées entre Benedetto et Manuel Zaccaria à propos de Phocée. Pendant son séjour en France, Benedetto a laissé à son frère l’administration de la ville, mais les comptes tenus par le gestionnaire ne lui donnent pas entièrement satisfaction lorsqu’il reparaît en Orient. Les arbitres désignés décident que les deux frères doivent travailler ensemble et posséder Phocée à frais communs pendant douze ans; à partir de 1304, les revenus de la ville qui échoient jusque-là au seul Manuel, seront partagés entre les deux frères40. La mort les sépare en 1307. L’exploitation de Phocée repose désormais sur Manuel pour quelques années — il meurt en juin 1309 — Nicolino, autre frère de Benedetto, et Paleologo, fils de Benedetto41; puis le gendre de ce dernier, Andreolo Cattaneo delia Volta et son fils Domenico se maintiennent dans les lieux jusqu’à la campagne d’Andronic III qui en 1336 réussit à rétablir la souveraineté byzantine sur l’Ancienne Phocée puis sur la Nouvelle, fondée par les deux frères Benedetto et Manuel à la fin du XIIIe siècle. Le retour de Phocée à l’empire ne rompt pas totalement les liens commerciaux: l’alun continue à y être exploité et à arriver à Gênes, quoique à partir de 1330, les Génois aient cherché à s’approvisionner à d’autres sources 4~. En 1346 la décision de Simone Vignoso de s’emparer des deux Pho-cées, après la conquête de Chio, est dictée par le souci des Génois de remettre la main sur les célèbres alunières: la rigueur du traité de capitulation imposé aux habitants ne laisse aucun doute à ce sujet. Désormais 1 exploitation des mines est conduite comme la production du mastic à Chio: 1 alun de Phocée appartient tout entier aux membres de la Mahone. Ceux-ci choisissent au sein de leur société un ou plusieurs fermiers qui reçoivent en adjudication les alunières et le droit d’exporter sans taxe d’aucune sorte pendant la durée de leur fermage. Une fois déduits les frais d’administration, le montant des enchères est partagé entre les Mahonais. Dans la seconde moitié du XIVe 40 ASG. Not. ign., Busta 2, fragment 23, ff. 8 v, 10 v, 16 r-v, 17 r, 18 v, 19 v. Sur les liens entre les deux frères, cf. R. S. Lopez, Familiari, procuratori, op. cit., pp. 331-333. 41 II n’est pas certain que dans la succession Nicolino ait hérité de Phocée et Paleologo de Chio (P. Lemerle, L’émirat d'Aydin, op. cit. p. 52, note 2). En 1311 en effet c’est Paleologo et non pas Nicolino que l’on voit négocier de l’alun de Phocée auprès d’Enrico Suppa et d’Andriolo de Cogorno (ASG. Not. cart. n° 149/2, ff. 7r-8v). 42 ASG. Not. filza n° 224, doc. F; n° 187, f. 30 v; n° 229, f. 269 v; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. nr’ 112. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 779 siècle les gisements de la Nouvelle Phocée ont pris, semble-t-il, le pas sur ceux de l’Ancienne43. Mais ni Andalò Cattaneo en 1381, ni Francesco Giustiniani et ses successeurs, Bernardo et Niccolò Paterio, ne peuvent s’attribuer vraiment le monopole de l’alun, comme les Zaccaria avant 1275 ou le « cartel » mené par Francesco Draperio en 1449 44. Ils se contentent de faire exploiter les alunières et de vendre la production sur place à des Génois, certes, mais aussi à des Catalans et même à un Flamand43. La Mahone ne peut avoir sa propre flotte marchande pour transporter, comme le faisaient la « Divizia » et la « Bonaventura » des Zaccaria, les lourdes cargaisons d’alun vers l’Occident. Il ne semble même pas qu’elle ait tenté de contrôler les autres alunières en s’entendant par exemple avec les Gattilusio; des Génois étrangers au groupe des Mahonais, des Florentins, de Montpelliérains acquièrent et transportent librement l’alun de Turquie et de Mytilène46. Quant aux Vénitiens, ils ne souffrent pas vraiment de la concurrence génoise: par Chypre, et sans doute aussi par Altologo, ils obtiennent l’alun de Kutahia, par leur muda de mer Noire, celui de Koloneia, et par Négrepont, celui de Phocée mis en vente par la Mahone. De plus les autorités candiotes cherchèrent à stimuler l’exploitation d’alunières en Crète, sans grand succès, semble-t-il47. Ainsi les besoins des mosaïstes et des vitriers de Venise étaient satisfaits, sans être trop soumis aux aléas des relations vénéto-génoises. Qu’il vienne de Phocée ou des territoires turcs, l’alun suit les mêmes itinéraires et procure aux marchands de substantiels bénéfices. Jusque vers 1350, Chio et Gênes restent les deux grands entrepôts de l’alun; Chio, à la croisée des routes de Romanie et de Chypre, complète les cargaisons des coques d’Orient et voit s’arrêter dans ses eaux les navires de l’alun qui vont charger directement à Phocée; Gênes rassemble, stocke et exporte pour répondre aux commandes de l’Italie et d’Outremont. En 1278 comme en 1286, les bâtiments des Zaccaria y apportent l’alun qui, par d’autres unités génoises ou 43 ASG. Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 240 et 248. 44 M. L. Heers, Les Génois et le commerce de l’alun, op. cit., pp. 36*42. 45 ASG. Not. cart. n" 176, (1. 119 v -120 r, 121 r, 123 r, 149 r et L. Liagre de Stur-ler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 381, 388, 389. 46 ASG. Not. Gregorio Panissaro, doc. n” 70, 118, 135; Not. Giovanni Balbi, n° 3%; Not. cart. n° 445/2, ff. 93v-94v. 47 H. Noiret, Documents inédits pour servir à l’histoire de la domination vénitienne en Crète, Paris, 1892, pp. 107, 327-28, 410-11; F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., pp. 325, 336, 342, 418; Idem, Délibérations des assemblées, op. cit., t. II, n” 806. 780 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE étrangères, part pour l’Espagne et les Flandres ^. Mais très vite la route directe s’impose: les navires quittent Gênes pour Phocée et de là, passant au large de la Sicile, gagnent l’Atlantique après une escale à Majorque ou à Cadix; le premier exemple de liaison directe que nous ayons rencontré est de 1292, moins de quinze ans donc après l’établissement de liens maritimes réguliers entre l’Italie, les Flandres et l’Angleterre49. Sur cet itinéraire, une variante: les livraisons ont parfois lieu à Aigues-Mortes d’où partaient des convois de bêtes de somme vers la Champagne50. A partir des années 1350, Gênes est décidément mise à l’écart du trafic de l’alun. Les gros chargements vont d’Orient à l’Ecluse, Bruges, Middelbourg, Londres et Southampton 1. Comme le déclare de Gênes l’un des facteurs de Francesco di Marco Datini, « à moins de 60 sous on ne peut trouver d’alun de roche, car tout va en Flandre » "’2. Jugement excessif car la ville demeure un entrepôt pour les ventes d’alun en Italie: par exemple un trafic régulier de barques emporte à Porto Pisano l’alun nécessaire à l’industrie textile de Toscane 5\ Les prix de l’alun ne subissent pas de variations aussi fortes que ceux du blé. Ils sont même stables entre la fin du XIIIe siècle et 1350: si Ion met à part les contrats de vente où se mêle une opération de crédit, les prix relevés sont de 46 sous le cantare à Gênes en 1292, 50 sous en 1297, 39 sous en 1306, 50 sous à nouveau en 1311 et 1312, de 38 à 45 sous entre 1343 et 1349; en d’autres termes, si la valeur nominale n’a guère changé, la valeur réelle s’est abaissée d’environ 40 %, montant de la dépréciation de la monnaie génoise54. Après 1350, les prix montent pour atteindre un maximum de 60 à 70 sous par cantare pour l’alun de roche et de 31 sous pour 1 alun 48 En 1286 une coque d’Arnaldo de Mongoano de Bayonne emporte un chargement d’alun de Gênes et de Majorque vers les Flandres, cf. ASG. Not. cart. nc 41, ff 4 r 5 v; Not. ign., Busta 12, fr. 113, f. 70 r. 49 ASG. Not. cart. n° 71, ff. 93v-94r; n0 149/2, f. 7r-v; cf. R. Doehaerd, Les galères génoises, op. cit., p. 10; R. S. Lopez, Majorcans and Genoese, op. cit., PP-1164-1166. 50 ASG. Not. cart. n° 147/1, ff. 38v-39v; Not. ign., Busta 6, fr. 63, f- 70 v. 51 ASG Not. cart. n° 311, ff. 83 v, 89 v, 154 r, 155 r, 165 v; n° 324, f. 182 v, 194 v; n° 321, f. 253 v; n° 432, f. 153 r, 155 v, 172 v; Not. Gregorio Panissaro, doc. n° 118. L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., doc. n° 282, 376, 381, 389, 418, 419, 451, 457, 492, 499, 521, 526; AS. Prato, carteggio Pisa da Genova, 25 mai 1395, 16 juin 1396, janvier 1397, octore 1398. 52 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova, n° 506, 2 août 1384. 53 Ibidem, n° 513, 27 mars, 21 mai, 3 novembre 1390, 2 février 1391, etc. 54 L. T. Belgrano, Vita privata dei Genovesi, op. cit., pp. 422-423. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 781 minuto en 1384. Suit une baisse qui est générale sur les principaux marchés d’Occident55: l’alun de roche ne vaut plus que 36 à 38 sous le cantare en 1395 et l’alun minuto 27 à 28 sous. Seules les difficultés de communication dues à l’avance des troupes de Bajazet provoquent une hausse temporaire à la fin du siècle: le 18 novembre 1399, le cantare d’alun de roche atteint 100 sous à Gênes et, en mai 1400, 150 sous pour Yallume di piuma56. Qu’en est-il alors en Orient? Sur les lieux de production, Phocée et Mytilène, l’alun minuto vaut de 12 sous 6 deniers à 18 sous 9 deniers le cantare à la fin du XIVe siècle, tandis que l’alun de roche atteint 43 sous en 1398 "’7. Etant donné que le coût du fret est alors de 13 à 14 sous par cantare sur l’itinéraire Chio-Bruges, l’alun minuto rendu en Flandre revient donc à moins de 33 sous de Gênes le cantare et l’alun de roche à moins de 57 sous, auxquels il faudrait ajouter un peu plus d’un gros tournois de taxes diverses58. Or en 1399 une mercuriale de Bruges donne les prix suivants: 1 livre 5 sous de gros la carica d’alun de roche et 19 sous de gros la carica d’alun minuto. D’après les indications de Pegolotti, la carica de Bruges représente un poids de 400 livres de cette ville, soit 556 livres de Gênes ou 3 cantares 70 rotoli59. A la suite de la réforme monétaire de 1389-1390, le gros d’argent renforcé de 30 % est accepté à Gênes à raison de 32 gros le florin60. Le prix de l’alun de roche à Bruges équivaut donc à 63 sous 3 deniers de Gênes, et celui de l’alun minuto à 48 sous 1 denier. Le bénéfice de nos marchands n’est donc pas très important: il nest avantageux quen raison des quantités considérables d’alun que transportent vers les Flandres ou l’Angleterre les nefs génoises. Des exportations ont lieu également vers l’Orient: une mercuriale de Damas signale qu’en 1394, le kintâr d’alun de roche vaut 160 dirhems, et le 55 J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 209. » Tous ces chiffres sont relevés dans la correspondance adressée à Francesco di Marco Datini: AS. Prato, carteggio Pisa da Genova. 57 ASG. Not. Donato di Chiavari 1394, n° 240; Not. Gregorio Panissaro doc. n° 70, 135; D. Gioffrè, Ani rogati in Chio, op. cit., pp. 324 et 359. D. Gioffrè n’a pas fait la distinction entre l’alun de roche et l’alun minuto. 58 F B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 243: 2 gros tournois pour 250 livres de Bruges, soit à raison de 139 livres de Gênes les 100 livres de Bruges (ibidem, p. 221), 2 gros tournois pour 347 livres 1/2 de Gênes. 59 F. Melis, Documenti, op. cit., pp. 314 et 242; F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 221 et 238. M r De Roover, The Bruges Money Market around 1400, Bruxelles, 1968, pp. 39-40; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., pp. LXXVIII - LXXIX. 782 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE kintâr d’alun minuto 110 dirhems61. Une livre de Gênes est échangée pour 11 dirhems 1/3 à la fin du XIVe siècle et le kintâr damascène correspond à 185 kg.; on en déduit que le cantare d’alun de roche, au poids de Gênes, est vendu à Damas 73 sous 8 deniers et l’alun minuto 50 sous62. Comme le coût du fret entre Phocée et Damas doit être comparable à ce qu’il est sur la route des Flandres le bénéfice réalisé à Damas, compte tenu d’une taxe de 3 1/3 %, à l’importation, est beaucoup plus élevé que celui que l’on obtient à Bruges. Il est vrai que les besoins en alun ne sont guère comparables. Tel est donc au XIVe siècle le trafic de l’alun génois. Est-il utile de rappeler, après tant d’autres, qu’il occupe une place considérable dans les échanges entre l’Orient et l’Occident. Il a en effet stimulé les constructions navales et 1 accroissement des tonnages pour répondre aux besoins des industries textiles d’Italie et d’Outremont; il a imposé une rotation régulière des navires, au point que même pendant les dernières décennies du siècle où le commerce oriental languit, il n’est pas d’année pendant laquelle les facteurs du marchand de Prato ne signalent l’arrivée à Gênes ou le passage en Méditerranée des coques de l’alun; car ce trafic a créé de nouvelles liaisons maritimes directes entre l’Orient, les Flandres et l’Angleterre, laissant Gênes à l’écart; il a permis à l’industrie textile occidentale de tourner et de fournir les draps de qualité qu’emportent nos marchands vers l’Orient. Le commerce des draps et des toiles est en effet la contre-partie du commerce de l’alun; en échangeant une matière première contre un produit fini, les Génois ont établi là un trafic de type colonial. b/ Les métaux non-ferreux. En dehors du commerce du fer, sur lequel des travaux récents ont attiré l’attention63, on ne dispose guère d’information sur le trafic des autres 61 F. Melis, Aspetti della vita, op. cit., p. 384. 62 ASG. Not. cart. n° 395, f. 195 r; E. Ashtor, Histoire des prix, op. cit., p. 410, note a. 63 Voir par exemple J. Schneider, Ver et sidérurgie dans l'économie européenne du XIe au XVIIe siècle, dans Actes du Colloque international « Le fer à travers les âges», Nancy, 1956, pp. 111-141; R. H. Bautier, Notes sur le commerce du fer cn Eu rope occidentale du XIIIe au XIVe siècle, dans Revue d’histoire de la sidérurgie„ c. I, 1960, pp. 7-36; Ph. Braunstein, Les entreprises minières en Vénétie au XVe sièclé( dans MEFR, 1965, pp. 529-601; Idem, Le commerce du fer à Venise au XVe siècle, dans Studi Veneziani, t. VIII, 1966, pp. 267-302; R. Sprandel, Das Eisengewerbe im Mittelalter, Stuttgart, 1968; Idem, Le commerce du fer en Méditerranée orientale au PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 783 métaux, surtout lorsque leur lieu de production se situe dans l’espace byzantin Et pourtant les ressources métalliques de l’Asie mineure et des kha-nats mongols parvenaient au XIVe siècle aux mains des Génois et étaient exportées par eux vers l’Occident. Il s agit d abord du plomb, dont on ignore l’origine exacte. L’inventaire des biens de Bartolomeo Vignoso, descendant du conquérant de Chio, signale que le défunt avait constitué une « société » avec Andrea Vignoso et recueilli, entre autres marchandises, 50 cantares de plomb (24 quintaux) quii se disposait à envoyer en Occident65. Plusieurs lettres de chargement des navires de Romanie mentionnent des « pièces » de plomb: 88 sur la nef d’Ostiano Basso en 1383, 191 sur celle de Niccolò Usodimare en 1396 et 83 sur celle de Niccolò di Moneglia en 1397 Avec Candie et Alexandrie, Constantinople est l’une des rares places orientales, où Pegolotti signale des ventes de plomb67. Le commerce du cuivre paraît avoir plus d’ampleur. Le métal vient de Turquie et plus précisément de la région de Kastamonu. En 1390, deux bourgeois de Péra se sont associés pour aller acheter 4.000 cantares de cuivre, plus de 190 tonnes, auprès de Suleyman pacha, le bey de Kastamonu . Quel- Moyeit Age, dans Sociétés et compagnies de commerce en Orient et dans l Océan In-**' ^cles 8e colloque international d’histoire maritime, Paris, 1970, pp. 387-392; Idem, La production du fer au Moyen Age, dans Annales E.S.C., 1969, pp. 305-321. S. Vryonis, The question of the byzantine mines, dans Speculum, t. 37, 1962, PP- 1-17; le livre posthume de M. Lombard, Les métaux dans l’ancien monde du V‘ au X1‘ siècle, Paris-La Haye, 1974, pp. 125-126, montre la médiocrité des ressources métalliques dont disposait l’empire byzantin: quelques mines de fer dans la région d’Uniab entre Trébizonde et Sinope, d’autres aux environs des Portes Ciliciennes ainsi que la pos-abdité d’importer du fer du Caucase; H. Ahrweiler, L’histoire et la géographie, op. cit., P- 18, mentionne quelques mines de fer dans la région de Smyrne. 65 ASG. Not. cart. n° 451, ff. 110v-111 v. . “ AS- Prato, B. 1171; cf. également J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. at-, P. 173. F- B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., pp. 33, 70, 76, 105. 68 ASG. Not. Don. di Chiavari 1389, doc. n° 26. L’article de C. Cahen, Questions à histoire de la province de Kastamonu au XIIIe siècle, dans Selçuklu Arastirmalart Derisi (Journal of Seliuk Studies), t. III, Ankara, 1971, réédité dans Turcobyzantwa et Onens Christianus, Variorum Reprints, Londres, 1974, n’envisage que l’histoire politique de a Province. Dans son livre Pre-Ottoman Turlcey, op. cit., pp. 161 et 320, C. Cahen ne par e J* ^ mines de cuivre de la région d’Eranjan et d’Erqanîn, sur le témoignage de Marco et d’Ibn Battuta. Badoer (Il libro dei conti di Giacomo Badocr, op. cit., c. 56) sintt-reSSaU au cuivre de Kastamonu; cf. également F. Thirict, La Romanie vénitienne, op. “t., p. 427. 784 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ques années plus tard, un armateur de Péra s’apprêtait à aller charger du cuivre dans la région de Sinope, lorsque son « huissier » fut réquisitionné par le capitaine général Gianotto Lomellini69. Le minerai en feuilles est aussi dirigé vers Caffa où l’apportent des Grecs de Sinope70. Mais il est probable qu’il en venait aussi d’Arménie et de l’Asie intérieure par Tana71. Chio est également un entrepôt du minerai que des marchands catalans viennent charger en 1381 pour le porter vers Alexandrie 72. A côté d’un trafic purement oriental du cuivre, existe surtout un courant d’exportation vers l’Occident. En témoignent les lettres de chargement et la correspondance commerciale adressées à la compagnie Datini. La plus grosse cargaison est celle de la nef de Battista di ZoagÜ qui rapporte en 1389 880 pondi de cuivre, c’est-à-dire, si l’on en croit les équivalences déduites du manuel de Pegolotti, environ 80 tonnes73. Mais beaucoup d’autres nefs et galères ont chargé du cuivre en Romanie, soit en feuilles rassemblées en bal-lettes, soit en barres comptées à l’unité, soit en ustensiles qualifiés de « va-xelamina » par les textes74. Etait-il entièrement utilisé en métropole ou partiellement réexporté? Il est significatif qu’une mercuriale de Barcelone parle de « rame viniziano », qui doit être plutôt un minerai venu d Orient \ L’importation en Occident de ces métaux non ferreux a pour contrepartie l’envoi en Orient de fer, ou d’articles en fer, qui occupent un des premiers rangs dans la liste des exportations génoises. 69 ASG. Peire Sindicamenta 1402, reg. n° 2, f. 40 r. 70 ASG. Not. Ognibono Giovanni 1342, f. 43 v. 71 F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 24; J. Heers, Gcnes au XVe siècle, op. cit., pp. 393-394. 72 ASG. Not. Ant. Fellone III, fï. 110v-111 r et 150v. Une mercuriale d’Alexandrie donne le prix du cuivre « de Romanie » : cf. F. Melis, Documenti, op. cit., p. 320. 73 AS. Prato, carteggio n° 512, 9 décembre 1389. Sur l’équivalence du pondo, cf. J. Heers, Il commercio nel Mediterraneo, op. cit., p. 183. 74 AS. Prato, carteggio n° 506, 4 octobre 1384, 7 novembre 1384; B. 1171, 24 décembre 1394, 11 janvier 1395, 21 mai 1396, 21 mai 1397, 12 juin 1397, 17 mai 1401; ASG. Peire Sindicamenta 1402, f. 71 r. 75 F. Melis, Documenti, op. cit., p. 312. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 785 IV - Les esclaves Dans une histoire de la traite qui ne peut être que « panméditerra-néenne»1, Gênes par sa position géographique occupe une place exceptionnelle, quelles que soient les directions des échanges. Aussi n’est-il pas étonnant que les esclaves figurent au premier rang des produits du commerce oriental. Avant la fin du XIIIe siècle, ce n’est pas de l’Orient méditerranéen que proviennent les esclaves que l’on rencontre sur le marché génois: jusque vers 1220, il s’agit de Sarrasins et de Sardes que mettent en vente des étrangers. Considérés comme un produit de luxe, ils sont encore peu nombreux, se répartissent à peu près également entre les deux sexes et leur valeur dépend surtout de l’âge et de l’apparence physique des sujets négociés 2. Dans les décennies suivantes, Gênes continue de recevoir plus que d’exporter. Chaque étape de la Reconquista, particulièrement rapide au XIIIe siècle, amène sur le marché génois un ample contingent d’esclaves sarrasins. Les Maures de Majorque (1229), de Valence (1238), de Murcie (1266), de Minorque (1287) qui n’ont pu se racheter sont vendus aux enchères ou donnés par leurs vainqueurs comme moyens de paiement. Des maquignons catalans et majorquins viennent à Gênes vendre ces prises de guerre et des marchands génois, c’est vraisemblable, vont directement se pourvoir d’esclaves dans les domaines de la couronne d’Aragon, où la marchandise humaine est alors abondante. Une partie de ces esclaves est ensuite redistribuée en Ligurie et dans toutes les grandes villes de l’Italie médiévale3. Gênes devient une véritable plaque tournante de la traite, lorsqu’à partir des années 1270-1275 commencent à arriver en mer Tyrrhénienne les esclaves originaires des régions pontiques. Circassiens, Abkhazes, Bulgares, Turcs, Lazes, Hongrois, Russes, Coumans et Tatars sont transportés de mer Noire soit vers Alexandrie, soit vers le grand port ligure; la traite des esclaves orientaux est à partir du dernier quart du XIIIe siècle exclusivement aux mains des maquignons génois. Même si Vénitiens et Catalans réussissent au cours du XIVL siècle à prendre leur part du marché, les Génois n’en demeurent pas moins, jusqu’à la perte de leurs 1 Ch. Verlinden, L’esclavage dans la péninsule ibérique au XIVe siècle, dans Antia-rio de Estudios medievales, t. 7, 1970-1971, p. 585. 2 G. Balbi, La schiavitù a Genova, op. cit. 3 Ch. Verlinden, L’esclavage dans l’Europe médiévale, op. cit., pp. 249-289; M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit. particulièrement pp. 635-637. 19 786 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE comptoirs pontiques à la fin du XVe siècle, les principaux intermédiaires de la traite4. Tout en conservant une certaine unité, ne serait-ce que par l’utilisation de la main d’oeuvre servile, l’esclavage présente à Gênes des caractères différents tout au long du Moyen Age: origine géographique et ethnique des esclaves, répartition entre les deux sexes, âges et prix varient selon les fluctuations de la conjoncture. L’esclave est en effet une marchandise comme une autre: abondante quand les liens maritimes entre Gênes et l’Orient ne souffrent pas d’entraves, elle se fait rare lorsqu’une guerre prolongée interrompt les circuits commerciaux ou qu’une grave crise démographique, comme la Peste Noire, modifie fondamentalement les besoins de main d’oeuvre. Aussi faudrait-il suivre l’évolution du commerce des esclaves depuis 1270 jusqu’au début du XVe siècle. Nous avons montré dans une autre étude quelle ampleur donnait à la traite l’installation des Génois sur les rives de la mer Noire 5. Plutôt que de reprendre les conclusions que nous avions proposées, il nous est paru plus utile de préciser les grands caractères de ce commerce entre 1300' et 1400; ainsi serait comblée la lacune laissée dans l’histoire de la traite par les études de R. Delort et de D. Gioffrè6. al Les caractères somatiques. Bien qu’étant moins brefs qu’au XIIIe siècle, les contrats notariés de ventes d’esclaves donnent des indications très rapides sur les caractères so- 4 Ch. Verlinden, Aspects de l’esclavage, op. cit.; Idem, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit.; Idem, Medieval « Slavers », op. cit.; R. Delort, Quelques précisions, op. cit.; G. Pistarino, Tra liberi e schiave a Genova nel Quattrocento, dans Anuario de Estudios medievales, t. I, 1964, pp. 353-374; Idem, Sul tema degli schiavi nel ’400 a Genova, daru Miscellanea di Storia Ligure, t. IV, Gênes, 1966, pp. 85-94; D. Gioffrè, Il mercato degli schiavi a Genova nel secolo XV, Gênes, 1971. Le livre de L. Tria, La schiavitù in Liguria, dans ASLI, t. LXX, Gênes, 1947, concerne davantage les problèmes juridiques posés par l’esclavage que les aspects commerciaux du phénomène. 5 M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit., pp. 637-639. 6 Les remarques qui suivent se fondent sur le dépouillement de deux cents minutiers ou filze de notaires du XIVe siècle, soit environ les deux tiers du matériel archivistique de ce type qui nous ait été conservé. Ce dépouillement nous a permis d’individualiser 1.545 esclaves, chiffre tout à fait comparable aux 1.600 minutes utilisées par D. Gioffrè. La répartition chronologique de nos documents est toutefois inégale; les deux premières décennies et la seconde moitié du XIVe siècle sont abondamment illustrées, alors que, malgré de longs dépouillements les minutiers des années 1320 à 1340 se sont révélés moins riches pour notre sujet. D. Gioffrè (Il mercato, op. cit., p. 6) a noté le même déséquilibre dans sa documentation. PRODUITS et ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 787 matiques, qui devaient cependant orienter de manière décisive le choix de 1 acquéreur. Parfois le notaire se contente de préciser que l’esclave est réputé « sain de corps », ce qUj implique que le vendeur garantit ses qualités et encourt des poursuites si des vices cachés se révèlent après la vente; ou bien [ esclave est cédé pro tali qualis est, ou cum omnibus viciis suis, ce qui retire à 1 acheteur tout droit de se plaindre. La garantie qu’offre la première formule entraîne une hausse du prix moyen1. 1. - La couleur de la peau. La clientèle semble attacher peu d’intérêt à la couleur de la peau. Celle- ci n’est signalée que dans 277 minutes, soit à peine le cinquième des contrats étudiés. Encore doit-on émettre quelque réserve sur l’appréciation portée par le notaire, puisqu’une esclave mongole, Archati, âgée de 14 ans, est décrite comme « blanche et brune » et qu'un Zygue de 18 ans est « rouge et blanc » . Dans 1 ensemble, les Génois recherchent surtout les sujets blancs, préférence d’ailleurs plus marquée chez les femmes (74 %) que chez les hommes (54 %). La majorité des Tatars dont on connaît la couleur de la peau entre dans cette catégorie. Viennent ensuite les esclaves olivâtres: 28 % chez les hommes et seulement 19 °/o chez les femmes. Ce qualificatif est attribué surtout à des esclaves circassiens et sarrasins; comme chez ces derniers la proportion des ommes est supérieure à celle des femmes, il n’est pas étonnant que les su- lets olivâtres soient proportionnellement plus nombreux dans le sexe masculin. Viennent enfin les esclaves noirs qui forment à Gênes un groupe parolier d’importance numérique réduite, 5 % à peine de l’échantillon dont °n connaît *a couleur de h peau. En réalité, le pourcentage est plus faible encore, car le notaire et sa clientèle ne manqueraient pas de signaler dans contrats un critère somatique aussi distinctif. Il s’agit de trois femmes Ainsi en 1376 une esclave bulgare de 26 ans est vendue saine 100 lhres, alors J* le ?rix m°Ven de ses compagnes du même âge est alors de 40 à 45 livres; en 1394 e esclave tatare de 20 ans, réputée saine, vaut 100 livres, soit une trentaine de livres Pus que les autres Tatares, à âge égal. En revanche un défaut manifeste diminue Z C°Up la valeur de l’esclave: : la tatare Cotrolla est vendue « avec tous ses défauts » hnnPriX très bas de 2 Iivrcs 10 sous en 1338; un autre sujet de même race, Iacobus, daJT De dépasse pas 22 livres en 1374, soit à peine la moitié du prix moyen a cette aueln m^me contraste de valeur entre esclaves « garantis » et esclaves sou rant dc’faut s’observe au XVe siècle (D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., pp. 1-5-12 ). ASG- Not. ign., Busta 9, fr. 97, f. 66 v; cart. n° 43, f. 61 r. 788 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE et de douze hommes: la disproportion des sexes s’accroît chez les noirs par rapport à ce qu’elle était à la fin du XIIIe siècle9. La provenance elle, est identique: trois esclaves sont originaires de Cyrénaïque monts de Bai-ca 10, un du Fezzan, deux de Tunis et un de Malaga. A cette exception près, Tunis est le lieu de recrutement de ces esclaves noirs, comme en témoignent les actes du XVe siècle, tant à Gênes qu’à Venise 11. Mais dans ces deux grands ports, les Noirs sont loin d’être aussi nombreux que dans le royaume de Naples et en Sicile où leur importance numérique donne à 1 esclavage « un aspect extérieur qui annonce le passage du moyen âge à 1 époque moderne » n. A Gênes, ils ne sont au XIVe siècle qu’une infime minorité excitant la curiosité des voyageurs étrangers 13. 2. - L’origine ethnique. Dans le dernier quart du XIIIe siècle, les Sarrasins et les esclaves orientaux constituaient deux groupes relativement équilibrés. A partir des années 1300, les Sarrasins s’effacent lentement; les Orientaux ont une origine très diversifiée jusqu’en 1350 car, à partir de la seconde moitié du XIV siècle, les Tatars exercent une prépondérance absolue. Précisons les grands traits de cette évolution. a/ Les esclaves sarrasins. Au XIVe siècle, les Sarrasins ne sont plus qu’une survivance parmi les esclaves génois. Leur proportion tombe de 18,1 % entre 1300 et 1320 a 0,5% entre 1381 et 1408, au point que leur disparition est totale en 1420 I4. Les prénoms qu’ils portent fournissent un des signes du vieillissement 9 M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit., p. 646. 10 Sur les esclaves de Cyrénaïque, cf. Ch. Verlinden, Esclavage noir en France me ridionale et courants de traite en Afrique, dans Annales du Midi, t. 78, 1966, PP-335-343. 11 D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., pp. 32-34; Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 179. 12 Ch. Verlinden, L’esclavage dans le royaume de Naples à la fin du Moyen Age et la participation des marchands espagnols à la traite, dans Anuario de Historia Economica y Social, n° 1, 1966, p. 387. 13 Ainsi Pero Tafur s’étonne en 1435 du métissage de la population génoise, en surestimant le rôle de l’élément noir, cf. G. Pistarino, Tra liberi e schiave, op. cit., p- 353. 14 Cf. le tableau n° 53: Répartition par groupes ethniques des esclaves au XIVe siècle et D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., p. 28. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 789 de cette population maure. Au XIIIe siècle, la grande majorité des Sarrasins présents à Gênes conservait un prénom païen, signe d’une récente servitude l5. Dans les deux premières décennies du XIVe siècle, il existe encore des Ali, Fatima, Adala, Saitus et Axia, mais déjà les prénoms chrétiens l’emportent; ils sont même les seuls qui soient portés par des Sarrasins après 1350, à l’exception de sept esclaves, récentes prises de guerre, que vient racheter l’interprète du roi du Gharb 16. Les origines géographiques sont très variées. Certains proviennent de Lucera, célèbre colonie sarrasine des Pouilles où Frédéric II avait transporté plusieurs milliers de ses sujets musulmans révoltés dans la région d’Agrigente. En 1300, pour des motifs financiers, Charles II d’Anjou profite de troubles dans la colonie pour donner l’ordre de la détruire. Des milliers de Sarrasins furent ainsi mis en vente à Naples et à Barletta: quatre d’entre eux apparaissent dans les minutes notariales génoises en 1301 et 1302 n. A ces même dates, il est fait mention de trois Sarra-sines de Minorque, prises de guerre réalisées lors de la conquête de 1 île par Alphonse III en 1287, mais établies depuis quelque temps à Gênes. Cinq Sarrasins proviennent de l’île de Pantelleria: est-ce des Mudéjars réduits en esclavage ou plutôt des Maghrébins ayant transité par l’île? il est bien dif-fice de le dire i8. La Berbérie et la Cyrénaïque fournissent tous les autres: Djerba, Tunis, Sousse, Tripoli sont les lieux d’origine les plus communément cités. Quant aux quelques Maures que l’on rencontre dans les trois 15 M. Balard, Remarqua sur les esclaves, op. cit., p. 648. 16 ASG. Not. cart. n° 328, ff. 28 r et 31 v. 17 ASG. Not. cart. n° 106, (T. 149 r, 181 r; cart. n° 98, f. 9 r; cart. n° 137, f. 99 r. Ce dernier document précise que l’esclave prénommée Saydona a été achetée à Trapani en 1301 par un Génois, Baliano di Recco. Sur la destruction de Lucera, cf. P. Egidi, La colonia sarracena di Lucera e la sua distruzione, dans Archivio Storico per le province napoletane, 1912, pp. 71-89 et 664-696; R. Bevere, Ancora sulla causa della distruzione della colonia sarracena di Lucera, dans Ibidem, 1935, pp. 222-228, E. G. Léonard, Les Angevins de Naples, op. cit., pp. 28 et 190; Ch. Verlinden, L esclavage dans le royaume de Naples, op. cit., pp. 353-361. 18 H. Bresc, Pantelleria entre l’Islam et la Chrétienté, dans Cahiers de Tunisie, t. 19, 1971, pp. 114-115, penche pour la seconde hypothèse en ce qui concerne les esclaves de Pantelleria que l’on rencontre & Palerme dans la première moitié du XIVe siècle: ce ne pouvait être des mudéjars de l’île protèges par la paix royale. A Genes, il n en est pas de même: le notaire prend soin de préciser que deux de ces Sarrasins « fuerunt de insula Pantanaree » expression plus précise que de partibus Pantanaree. Comme le rappelle H. Bresc, les Génois jouent un certain rôle dans l’activité économique de l’île et il n’est pas exclu qu’en dehors du coton ils aient chargé sur leurs vaisseaux quelques Sarrasins, vendus ensuite comme esclaves. 790 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE dernières décennies du siècle, leur origine géographique nous reste inconnue. Face au flux des esclaves orientaux, ils sont alors les rares représentants d’un groupe servile en voie de disparition. Parmi les esclaves venus d’Orient, trois groupes se distinguent: ceux qui sont originaires des bords de la mer Noire, ceux qui viennent des régions balkaniques, enfin les Turcs, victimes des guerres entre Osmanlis et Chrétiens. b/ Les esclaves des régions pontiques. Ils forment de loin le groupe le plus nombreux, mais leur prédominance absolue ne s’affirme que dans la seconde moitié du XIVe siècle. Avant 1350, en effet, ils ne représentent que 40 % de la population servile et appartiennent à des ethnies beaucoup plus variées que dans la seconde moitié du siècle. En tête viennent les Russes. Attestés à Gênes dès l’ouverture de la mer Noire aux marchands occidentaux, les Russes se maintiennent parmi la population servile jusqu’à la fin du XVe siècle, quoique la domination ottomane sur les Détroits ait en partie arrêté le recrutement après 1453. Jusqu’en 1350, ils représentent 1/5 des esclaves originaires des régions pontiques; après cette date, seulement 5 °/o, en raison de l’afflux des esclaves tatars. L’histoire des principautés russes peut expliquer aussi ce relatif effacement: pendant les premières décennies du XIVe siècle, la Horde d’Or, sous l’autorité de Tohtu, d’Ozfoeg puis de Djanibek remporte de vifs succès au détriment des principautés, qui se ressaisissent, lorsque des guerres civiles déchirent le Kiptchak, après la mort de Djanibek. Une domination tatare très proche facilite les réductions des Russes en esclavage; l’affaiblissement de la Horde au contraire les diminue. Ce sont généralement de jeunes sujets, âgés de 14 à 25 ans, parmi lesquels la proportion des hommes est un peu plus élevée que dans les autres races. Venus à Gênes par Caffa, ils ont peut-être été rebaptisés, comme leurs compagnons d’infortune mis en vente à Venise i9; des prénoms comme Martinus, Andreas, Georgius, Maria, Margarita, Crestina, Lucia sont plus fréquents parmi eux que Dimitri, Rubeus, Fimia ou Elena. Beaucoup ont dû être achetés très jeunes sur les rives de la mer Noire: une minute mentionnant un certain Iohannes, âgé de dix-huit ans et arrivé à Gênes à 1 âge de huit ans, tendrait à le prouver, de même que la moyenne d’âges (17,6 ans chez les hommes) nettement moins élevée que dans l’ensemble de l’échantillon examiné. De 1300 à 1320, les Coumans concurrencent en nombre les Russes. Il 19 Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 164. PRODUITS et ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 791 sagit c!un peuple d’origine turque, bousculé en 1238 par l’avance mongole, mais qui îeussit à se fixer soit en Hongrie, soit dans les steppes de la Russie méridionale ou du nord du Caucase, où les rencontrèrent Jean de Plan Car-pin et Guillaume de Rubruck. La rédaction en 1303 du célèbre Codex Cummeus montre que leur langue était largement répandue sur les bords de la mer Noire et qu’il importait aux marchands et aux missionnaires d’en connaître les rudiments :o. A Gênes, les Coumans ne se rencontrent parmi la population servile qu’avant 1350: il s’agit de six hommes portant des prénoms chrétiens et de dix-huit femmes, parmi lesquelles, à côté de prénoms comme Maria, Iacobina ou Margarita, on rencontre encore des Arcona de Zepezacha, Megola de Cuchemane, Cali et Caligia. La dernière mention d’une esclave coumane est de 1354: Giofredo Zaccaria affranchit alors une certaine Catalina. Après cette date, les Coumans disparaissent des minutes notariales: on ne les rencontre plus au XVe siècle tant à Gênes qu’à Venise21. Presque aussi nombreux entre 1300 et 1320 que les Russes et les Coumans, les Circassiens ou Zygues dépassent ces deux ethnies après 1350 22. D après la relation de G. Interiano, les esclaves constituaient l’échelon inférieur de la société tcherkesse, et le commerce dont ils étaient l’objet de la part des princes et des nobles constituait un trait caractéristique de l’économie de ce peuple. Les relations des autorités de Caffa avec les seigneurs de Circassie étaient incessantes: ceux-ci fournissaient des grains et des vivres :o Sur les Coumans, cf. P. Pelliot, A propos des Coumans, dans Journal Asiatique, t. XV, 1920, pp. 125-185; Jean de Plan Carpin, Histoire des Mongols, op. cit., pp. 108, 112, 146, note 25, 166, note 112, et Ch. Verlinden, Esclavage et ethnographie, op. cit.; Idem, Le recrutement des esclaves à Gênes, op. cit., pp. 50-51. Sur le Codex Cumanicus, cf K. Gronbech, Monumenta, op. cit.; Idem, Komanisches Worterbuch, op. cit.; T. I. Grunin, Pamjatniki pnloveckogn jazyka XIV veka, dans Akademiku... Gordlevskomu kego semidesjatipjatiletiju, Moscou, 1953, pp. 90-97. 21 D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., et Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., n’ont pas rencontré d’esclave couman. Ch. Verlinden, Esclavage et ethnographie, op. cit., ne mentionne que dix Coumans cités dans les actes de Leonardo Marcello et de Stefano Bon, notaires à Candie entre 1301 et 1317, et six Coumans vendus à Gcnes ou à Caffa avant 1351, lesquels entrent, bien sûr, dans nos calculs. 22 La synonymie des deux noms est relevée à la fin du XVe siècle par G. Interiano, La vita e silo de ’Zichi, op. cit., p. 1; Jean de Plan Carpin (Histoire des Mongols, op. cit., p. 112) parle du pays des Sic, transcription du nom ancien qui se retrouve dans les sources byzantines sous la forme Ztxjrol et Zt/la, pour désigner le pays des Circassiens. Il s’agit ici des Circassiens de I'Ouest ou Tcherkesses établis dans la région côtière qui s’étend du détroit de Kertch au Caucase et que Guillaume de Rubruck nomme la Ziquia. Sur ce peuple, cf. P. Pelliot, Notes on Marco Polo, 3 vol., Paris, 1959, t. I, pp. 606-608; Encyclopédie de l’Islam, s. v. Tcherkesses. 792 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE au comptoir criméen, sans doute aussi des esclaves, à moins que ces derniers ne soient acquis directement par les marchands génois dans les principales places de Zichie, par exemple à Savastopoli. A Cafïa, comme à Gênes, beaucoup portent encore des prénoms païens, en particulier Carcasia ou Iharca-sius, mot formé sur le nom de l’ethnie. Les adolescentes et les jeunes femmes sont plus nombreuses que les jeunes gens, dont la proportion depasse néanmoins la moyenne des hommes dans la population servile génoise. Après avoir presque disparu entre 1320 et 1370, les Circassiens reviennent nombreux à partir des années 1375, comme si l’élévation générale des prix qui eut lieu alors avait de nouveau stimulé l’importation d’esclaves circassiens. Au XVe siècle, ceux-ci constituent à Gênes le groupe le plus nombreux . Avant d’examiner le cas des Tatars, il convient de dire quelques mots sur les autres ethnies, proches des régions pontiques, représentées dans la population servile génoise au XIVe siècle. On y rencontre des Abkhazes, éléments d’un peuple établi sur le littoral caucasique, au sud de Savastopoli: des femmes, surtout, mentionnées tant au début qu’à la fin du siècle et quelque hommes, tous venus en Ligurie après un passage par Caffa . Leurs voisins, les Mingréliens, installés dans les régions caucasiennes sur une partie du territoire de l’antique Colchide, sont également victimes de la traite, on n’en dénombre que trois à Gênes, dans les deux dernières décennies du XIVe siècle, et, à l’époque suivante, ils occupent la dernière place parmi les groupes ethniques originaires de mer Noire 2\ Toujours dans les régions caucasiennes étaient fixés les Lezghiens ou Lazes, peuple de montagnards formant ce royaume mystérieux du Lak, dont parle Marco Polo, et qu il faut situer sur le rebord occidental de la mer Caspienne, dans le Daghestan. Mais les Lazes ont également débordé en Transcaucasie au premier siècle avant J-C- et certains d’entre eux se sont fixés dans les montagnes à l’est de Trébizonde . : i t 23 D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., p. 22. 24 Contrairement à ce qu’affirme Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 145, note 3, les esclaves abkhazes existent à Gênes au XIVe siècle: avec dix-huit représentants, ils forment 1,5 % des esclaves originaires des régions pontiques. Sur ce peuple, cf. Encyclopédie de l’Islam, n. éd., s. v. Abkhaz. 25 D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., p. 26. Ch. Verlinden n’a rencontré aucun esclave mingrélien à Venise au XIVe siècle (Le recrutement des esclaves à Venise, op- cit., pp. 129 et 145). 26 Sur ces Lezghiens, cf. G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., PP-295-300 et A. Bryer, Some notes on the Laz and Tzan, dans Bedi Kartlisa, revue de Kartvélologie, t. XXI-XXII, 1966, pp. 174-195 et t. XXIII-XXIV, 1967, pp. 161-168; E. Janssens, Trébizonde en Colchide, op. cit. p. 49; E. Honigmann, Die Ostgrenze des byzantinischen Reiches von 363 bis 1071, Bruxelles, 1935, p. 197. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 793 Une esclave lezghienne apparaît à Gênes en 1302, c’est le seul exemple connu au XIV1 siècle; encore l’origine est-elle contestable puisque l’adolescente, tout en se disant de generatione Lachorum porte le nom ethnique de Comana2'. Quelques autres ethnies ne manquent pas d’intérêt, quoiqu’elles soient peu représentées parmi les esclaves génois. Les Alains, lambeau de la grande confédération détruite par les Huns à la fin du IVe siècle, sont un peuple d origine iranienne, parfois désigné sous le nom & Assi (Jean de Plan Carpin) ou d’Ossètes. Ils subsistent aux XIIIe et XIVe siècles dans les steppes du nord du Caucase et dans le Caucase même, autour de la passe du Darial. Fréquemment cités chez les voyageurs jusqu’au début du XVe siècle, ils ont été eux aussi victimes de la traite pratiquée par les Occidentaux: quatre d entre eux apparaissent à Gênes entre 1310 et 1326, trois adolescentes et un jeune garçon de huit ans 28. Provenant de régions voisines, l’on rencontre encore deux esclaves de Majar, la Menjar de Marco Polo, ville située sur la Kuma, au nord du Caucase 29: un homme et une jeune fille, mentionnés en 1303 et 1310. En 1354 apparaît une certaine Margarita, de proienie Ogur; il faut voir en cette adolescente de quinze ans un membre de la tribu des Turcs Ghouz ou Oghouz dont une partie s’installa en Russie méridionale et menaça en 1065 les possessions byzantines. Ils furent ensuite assimilés par les Coumans, alors que les éléments les plus nombreux restés au-delà du fleuve Oural et de la mer Caspienne furent bien connus dans l’histoire sous le nom de Turco-mans . Les Arméniens posent de tout autres problèmes, ne serait-ce qu en raison de leur appartenance à une confession chrétienne. On rencontre pourtant trois esclaves arméniens à Gênes au XIVe siècle; mais déjà ils affirment leur droit à l’émancipation, à l’instar des Grecs. En effet en 1397, le podestat de Gênes reçoit la plainte d’un Arménien de Caffa, Georgius, qui dé- 27 ASG. Not. cart. n° 98, f. 129 v. 28 ASG. Not. ign., Busta 5, fr. 63, f. 62 r; cart. n° 8, ff. 54 r et 135 r. Sur les Alains, cf. P. Pelliot, Notes on Marco Polo, op. cit., t. I, s. V. Alains; Encyclopédie de l’Islam, s- v. Allan, article de W. Barthold, et Ch. Verlinden, Esclaves alains en Italie et dans les colonies italiennes au XIVe siècle, dans Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 36, 1958, pp. 451-457. Les Alains établis dans la région de Cherson nous sont connus Par une lettre de l’évêque Théodore, cf. A. A. Vasiliev, The Goths, op. cit., p. 167. D’autre part les Alains devaient être assez nombreux à Tana puisqu’un testament du 23 novembre 1362 cite le «bain des Alains» à Tana, cf. AS. Venise, Cane, inferiore, B. 19, Notaire Benedetto Bianco: testament du Génois Andalò Basso. 29 G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce, op. cit., p. 229. 30 R. Grousset, L’Empire des Steppes, op. cit., pp. 203-219; Cl. Cahen, Pre-Ottoman Turkey, op. cit., pp. 32-50. 794 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE clare être injustement tenu en servitude par Dexerino Taburono, alors qu’il est libre et né de parents libres. Après témoignage d’un Grec et de deux autres Arméniens, le podestat proclame la liberté du plaignant. Cela n’empêche pas celui-ci de retomber dans les semaines suivantes sous la coupe d’un autre Génois; à la suite d’une nouvelle plainte, le podestat nomme un tuteur pour protéger l’Arménien31. La reconnaissance de la liberté des Arméniens réduits en esclavage dut être généralement admise à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, puisqu’on ne rencontre plus d’esclaves de cette race à Gênes à partir des années 1400. Les Tatars forment la grande majorité du contingent des esclaves orientaux au XIVe siècle. On y adjoint généralement les Mongols. En fait, les notaires génois, comme les anthropologues d’aujourd’hui, distinguent les deux ethnies. Les proto-Mongols constituaient un groupe de tribus vivant au IXe siècle sur le cours supérieur de l’Amour; s’étant déplacés vers le sud-ouest, ils occupèrent finalement la Mongolie orientale où ils se heurtèrent aux Tatars. L’épopée gengiskhanide réalisa leur unification et permit à ce peuple nomade de constituer l’immense « empire des steppes », démembré en différents khanats après 1227. Dans ces « ulus », les Mongols n’étaient qu’une poignée d’hommes dominant des peuples soumis ou ralliés 32. Faut-il entendre que la traite touchait même cette minorité de conquérants? C’est possible puisqu’un des motifs de l’intervention de Tohtu contre Caffa en 1308 fut précisément les réductions en esclavage pratiquées par les Occidentaux au détriment de ses sujets33. Parmi les huit esclaves mongols que l’on rencontre à Gênes avant 1350, trois d’entre eux viennent sans doute d’une région plus lointaine que le Kiptchak34. L’un, en 1303, se dit originaire de partibus Mo- 31 ASG. Not. filza n° 497, doc. 66 et 106. Il faut rappeler qu’un accord conclu entre la Commune et Léon II d’Arménie prévoyait que les esclaves chrétiens ne pouvaient être achetés: cf. Liber lurium, op. cit., t. II, col. 184. 32 Parmi une bibliographie considérable on retiendra B. Spuler, Les Mongols dans l’histoire, Paris, 1961; E. D. Phillips, The Mongols, op. cit., et R. Grousset, L’empire des steppes, op. cit.; plus rapide, Ch. Lemercier Quelquejay, La Paix mongole, Paris, 1970. 33 B. Spuler, Die Goldene Horde, op. cit., p. 84. Il est impossible, comme le fait Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 100 et La colonie vénitienne de Tana, op. cit., p. 16, de faire venir ces Mongols des Kalmouks installés dans la dépression d’Astrakhan, aux embouchures de la Volga, puisque ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’un peuple mongol, les Oïrat, installés à l’cuest du lac Baïkal migra du Tabar-gatai jusqu aux plaines de la Volga, ou on les designa désormais sous le nom de Kalmouks, cf. P. G. Rubel, The Kalmyk Mongols. Study in continuity and change, Bloomington - La Haye, 1967. 34 ASG. Not. cart. n° 137, ff. 49 v, 49v-50r; n° 235, f. 189 r. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 795 golli, c est-à-dire vraisemblablement de la région de Karakorum; les deux autres de partibus Cathay ou Catayo proviennent de la Chine du Nord et ont dû être ramenés dans les bagages des marchands qui, à la suite de Marco Polo, tentèrent la traversée de l’Asie, cette grande aventure. Après 1350, les esclaves mongols n’apparaissent plus dans nos textes; c’est vers cette date que cessent les liens directs entre l’Occident et l’Extrême-Orient35. Alors s affirme à Gênes la présence d’esclaves tatars. Que faut-il entendre par ce terme? S agit-il d’un complexe ethnique où se distingueraient, parmi d autres groupes, les Tatars de Russie et ceux de la Volga, fortement mélangés de Coumans et de Bulgares? ou plutôt simplement d’une dénomination étendue à partir de la célèbre tribu mongolisée des Tatars, écrasée par Gen-gis khan en 1302, à tous les nomades d’Asie centrale? 36. C’est en effet au moment où la dénomination de Tatars se généralise parmi la population servile génoise que s effacent les autres noms ethniques désignant jusque-là les esclaves pontiques. En effet pendant la première moitié du XIVe siècle, rares sont encore les esclaves tatars; la première mention certaine date de septembre 1302 37, et avant 1350 seuls cinq hommes et six femmes sont mentionnés comme tels. Mais il est vraisemblable que les esclaves qui se disent originaires de Gazarie, de Solgat ou de mer Noire peuvent être considérés comme tatars au sens large que nous avons adoptéj8. A partir des années 1350, 1 afflux des Tatars sur le marché génois est brutal: de 1351 à 1380, ils représentent 90,9 % des esclaves originaires des régions pontiques, et leur proportion se maintient aux alentours de 80 % de 1381 à 1408 39. Un tel raz de marée, qui porte sur des effectifs de l’ordre de neuf cents personnes en cin- 35 Sur cette expansion cf. notre article, Precursori di Cristoforo Colombo, op. cit., et F. Surdich, Gli esploratori genovesi, op. cit., pp. 9-117, et spécialement pp. 15-28. 36 Selon L. Hambis (Jean de Plan Carpin, Histoire des Mongols, op. cit., p. 139, note 1), le nom parvint en Occident par l’intermédiaire des Arméniens. La transformation de Tatar en Tartare s’expliquerait par le thème folklorique des « Nations encloses » ou du peuple de Gog et Magog, auquel furent assimilés les Tatars. Le sens étroit est adopté par Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 100. 37 ASG. Not. cart. n° 47, f. 84 v. Nous les avons regroupés sous cette rubrique dans le tableau ci-joint. 39 En 1374, la proportion atteint 87 % (R. Delort, Quelques précisions, op. cit., P- 29). Il en est presque de même en Toscane où Ion rencontre en 13/2 77 % d esclaves tatars (I. Origo, The domestic enemy, op. cit., p. 371), en Sicile dans la seconde moitié du XIVe siècle (Ch. Verlinden, L’esclavage en Sicile, op. cit., p. 60); leur nombre est relativement moins élevé à Venise - 32,5 % entre 1360 et 1399 (Ch. Verlinden, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., p. 126) et dans le royaume de Naples (Idem, L'esclavage dans le royaume de Naples, op. cit., pp. 362-63). 796 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE quante ans a des raisons fort diverses. Après la mort de Djanibek (1357), la Horde d’Or connaît de longues guerres civiles, aggravant la faim et la misère dont souffrent les tribus. Les parents n’hésitent pas à vendre les jeunes enfants pour une bouchée de pain40. En Occident, la Peste Noire qui a vidé les villes d’Italie d’une partie de leurs habitants, a provoqué un appel de main-d’oeuvre nouvelle, alors que les autres sources de la traite pays musul mans — se tarissent. D’où le succès de ces esclaves orientaux, succès qui se prolonge au moins pendant le premier quart du XV siècle, le déclin n inter venant qu’après 1453 41. Objet de la traite la plus active, ce groupe est en constant renouvellement. Le moyenne d’âge, même si elle est plus élevée que la moyenne géné raie d’avant 1350, n’en reste pas moins inférieure à celle des autres groupes ethniques dans la seconde moitié du XIVe siècle: 19,2 ans contre 20,5 ans chez les hommes et 21,8 ans contre 22,1 ans chez les femmes. Celles ci sont beaucoup plus nombreuses que leurs compagnons: 69,5 n/°, al°rs G C3 -I O bû C O P & O o oo •^r CN o o r>> IA IA o o r- 1A o o rA rA O O r^- 00 20 802 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE b/ La répartition par sexe. Le notaire indiquant toujours si le sujet mis en vente est un homme ou une femme 51, l’étude de la répartition par sexes ne présente guère de difficulté, si l’on écarte les décennies mal représentées dans nos documents pour ne tenir compte que de la tendance générale. Sur 1545 esclaves dénombrés, l’on compte 533 hommes, soit 34,57 % et 1012 femmes, soit 65,43 %. Dans l’histoire de l’esclavage à Gênes, le XIVe siècle présente, de ce point de vue, des caractéristiques moyennes. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, la proportion des hommes était légèrement plus forte: 37,1 %. Au contraire, elle tend à décroître, de manière continue jusqu’à la fin du XVe siècle: 28,2 % en 1413, d’après le « Liber venditionum sclavorum », 8,5 % en 1449 d’après la même source et 13,6 % pour l’ensemble du XVe siècle, selon les minutes notariales 52. En d’autres termes, l’esclavage à Gênes se rapproche des modèles toscan et sicilien dont il était encore fort éloigné au XIIIe et au XIVe siècle; il connaît la même évolution qu’à Venise où la proportion des femmes s’accroît entre le XIVe et le XVe siècle53. Dans les comptoirs génois d’Orient, Caffa et Péra surtout, le nombre des hommes est relativement plus élevé: il atteint 43,3 % du total à Caffa en 1289 et 1290, et, s’il est impossible d’établir une répartition précise des esclaves par sexes au XIVe siècle, il est hors de toute que les mâles avaient une certaine importance quand ce n’était pas une prépondérance manifeste54. A Gênes, comme dans les grandes villes d’Occident, l’esclavage domestique tend à l’emporter sur les autres formes d’utilisation de la main-d'oeuvre servile. On pourrait penser qu’une crise démographique aussi grave que la Peste Noire introduit une rupture dans cette évolution. Les besoins de main-d’oeuvre dans les différents métiers pourraient être couverts par des esclaves 51 Une seule exception: en 1349, trois Génois vendent à un Catalan de Majorque dix-sept esclaves sans préciser s’il s’agit d’adolescents ou de jeunes filles: cf. ASG. Not. cart. n° 287, f. 87 v. Ils ont été répartis par moitié entre les deux sexes: huit hommes et neuf femmes. 52 M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit., p. 650 et D. Giofïrè, Il mercato, op. cit., p. 79. 33 I. Origo, The domestic enemy, op. cit., p. 336; Ch. Verlinden, L’esclavage en Sicile, op. cit., pp. 23 et 29; Idem, Le recrutement des esclaves à Venise, op. cit., pp. 113, 126 et 139: 32,5 % d’hommes parmi les Tatars au XIVe siècle mais 28,5 % seulement au XVe siècle; 15,5% chez les Circassiens entre 1375 et 1469, 11 % chez les Russes au XVe. On manque malheureusement de références d’ensemble. 54 Cf. supra, p. 302. PRODUITS et ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 803 venant remplacer les victimes de l’épidémie. Pour mesurer, de ce point de vue, les conséquences de la Peste, il faut examiner la répartition par sexes de dix en dix ans. Pendant les deux premières décennies, la proportion des hommes ne s écarte guère de la moyenne générale: 37,8 à 36,7 %. De 1341 a 1350, elle s’élève au contraire à 61,9 %, mais l’augmentation est surtout due à des contrats instrumentés avant 1348. De 1348 à 1351, les transactions portent sur 9 hommes et 5 femmes, ces dernières étant surtout acquises en 1351, alots quen 1349 et 1350 les achats ne concernent qu’une femme et sept hommes. Il y a donc eu pendant un laps de temps très bref le désir ciez certains artisans — interviennent ces mêmes années un drapier, un lai-nier, un marchand d’épices — le désir de combler des vides. Mais le petit nombre de contrats incite à la prudence d’autant plus qu’au cours des deux écennies suivantes, 1351-1360 et 1361-1370, la proportion des hommes tom e à 21,3 et 27,2 % pour ne se relever à 37,1 % qu’après 1371. Mais de 1381 à 1408, les mâles ne dépassent jamais 35 % de l’effectif total. 55 - Répartition par sexes des esclaves à Gênes au XIVe siècle Hommes Femmes Périodes Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage 1300-1310 56 37,8 % 92 62,2 % 1311-1320 29 36,7 % 50 63,3 % 1321-1330 5 7 1331-1340 4 4 1341-1350 26 + 17 incertains * 61,9 % 16 38,1 % 1351-1360 13 21,3 °/o 48 78,7 % 1361-1370 59 27,2 % 158 72,8 % 1371-1380 128 37,1 % 217 62,9 % 1381-1390 80 30,9 % 179 69,1 % 1391-1400 85 35,3 % 156 64,7 % 1401-1408 31 27,4 % 82 72,6 % Total 533 34,6 % 1.012 65,4 % * Un groupe de 17 esclaves, hommes et femmes, vendus à un seul marchand, échappe à la classification. Ces proportions, nous les retrouvons à peu près constantes dans les différentes ethnies où se recrutent les esclaves: 34,8 % d’hommes chez les Circassiens, autour de 30 % chez les Grecs et les Tatars, 38 % chez les 804 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Russes. Seuls font exception les Turcs et les Sarrasins, qui ont été davantage victimes de razzias et de pirateries, à l’issue desquelles hommes et femmes se mêlent dans les chaînes des vainqueurs, que de la traite qui permet au client de choisir ou au maquignon de sélectionner ses sujets pour répondre aux besoins du marché. Comme les Turcs et les Sarrasins ne représentent que 6,8 % de l’effectif servile, force est d’admettre que dans l’ensemble les Génois ont eu davantage besoin d’auxiliaires domestiques que de main-d’oeuvre artisanale, même après 1348. La distribution des esclaves dans les différentes couches de la société en est une autre preuve. Le notaire nous a transmis la profession de 721 propriétaires d’esclaves, sur les 1545 sujets examinés, soit 46 % des cas. Ces domini répartis en 70 métiers se partagent 472 femmes et 249 hommes: la proportion de ces derniers est ici encore de 34,5 %: c’est-à-dire que dans la population artisanale, la proportion des esclaves mâles n’est pas plus élevée que dans l’ensemble de la population génoise 55. Bien sûr, certains arts font exception; ainsi chez les teinturiers, les couteliers, les meuniers, on emploie davantage d’hommes que de femmes; ce sont là des métiers pénibles où une main-d’oeuvre d’appoint est la bienvenue. Le cas extrême est celui des ortolani, ces paysans du Bisagno ou de la Polcevera, cultivant avec peine de mauvaises terres; aussi ne doit-on pas s’étonner qu ils acquièrent trente-sept mâles et seulement une femme. Ils représentent 5 % seulement des propriétaires d’esclaves dont on connaît l’activité: cest donc un chiffre très modeste qui ne permet pas de parler d’un esclavage agricole, au sens où on le rencontre en Aragon dans les commanderies des Templiers au XIIIe siècle, à Majorque, à Ibiza ou en Sicile, aux XIV" et XV1- siècles =6. A Gênes, comme à Venise ou à Barcelone, il s’agit avant tout d un esclavage domestique et de plus en plus à mesure que l’on avance vers le XVe siècle. Si la pandémie de 1348 n’a guère influencé l’utilisation de la main-d’oeuvre servile à Gênes, en revanche elle a provoqué un vieillissement de la population servile et une hausse des prix, phénomènes que l’on constate d’ailleurs en dehors de la Ligurie. c/ La répartition par âges. La mention de l’âge devient habituelle dans les contrats de vente au XIVe siècle: nous la connaissons pour 1308 esclaves sur 1545, soit pour 55 Même conclusion chez D. Giofïrè, Il mercato, op. cit., p. 85. 56 Ch. Verlinden, L’esclavage dans la péninsule ibérique, op. cit., pp. 581, 588-591. PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 805 84,6 % de l’effectif. Tçutefois elle n’est jamais donnée comme une certitude: le notaire fait suivre l’âge d’une locution restrictive vel circa, pour bien marquer qu’il s’agit d’une approximation, ou bien il laisse un blanc lorsque le vendeur est incapable de préciser le nombre d’années. D’autre part, comme on l’a remarqué dans les minutes des XIIIe et des XVe siècles 3?, la préférence va aux chiffres pairs et aux multiples de cinq; on ignore les esclaves de 19, 21, 23, 27 et 29 ans, alors que l’on rencontre chez les seules femmes tatares soixante-dix sujets âgés de 18 ans, soixante-dix-huit de 20 ans, quarante-quatre de 22 et 25 ans, vingt-huit et vingt-neuf de 28 et 30 ans. Enfin l’on n’oubliera pas que l’âge est toujours indiqué dans les contrats de vente, mais beaucoup moins dans les manumissions, mandats de recherche et autres contrats divers se rapportant à l’esclavage. En conséquence, 1 âge moyen de la population servile doit être plus élevé que celui qui résulte des calculs, car les esclaves âgés de plus de trente ans sont moins objet de négoce que des adolescents. Avant 1350, l’âge moyen s’établit à 17,4 ans chez les hommes et 19,4 ans chez les femmes. Ecart sensible que l’on constatait déjà au XIIIe siècle où il était de 1,3 an et qui se rencontre encore après 1400, quoique les comparaisons soient ici difficiles en raison du petit nombre d’esclaves mâles 8. Les adolescents sont mis en vente en majorité entre 14 et 18 ans, les jeunes filles entre 16 et 20 ans. Aucun sujet mâle ne dépasse trente ans, quatre femmes seulement sont acquises au-delà de cet âge. La jeunesse relative des hommes mis en vente ne saurait étonner. Le vieil esclave, usé par 1 exercice d’un métier artisanal, n’intéresse plus personne et n’apparaît donc pas dans les contrats. D’autre part, il est possible que soient jetés sur le marché des adolescents destinés à être réexportés vers des régions comme la Catalogne et Majorque où les besoins en main-d’oeuvre agricole font rechercher surtout les mâles. Il faudra donc déterminer si les Catalans acheteurs d esclaves à Gênes s’intéressent davantage aux hommes qu’aux femmes 5 . Après 1350, l’âge moyen s’élève beaucoup: 19,2 ans chez les maies tatars, 21,8 ans chez leurs compagnes, et surtout 20,5 chez les hommes et 22,2 ans chez les femmes des autres races. La répartition par tranches d âges met en valeur ce vieillissement. De 1 à 15 ans, pas de différence notable, tant chez les hommes que chez les femmes. La proportion des 16-20 ans 57 M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit., p. 654; R. Delort, Quelques précisions, op. cit., p. 231; D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., pp. 109-110. 58 M. Balard, Remarques sur les esclaves, op. cit., p. 654; R. Delort, Quelques précisions, op. cit., p. 230; D. Gioffrè, Il mercato, op. cit., pp. 113-116. 59 Cf. infra, p. 831. 806 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE C/D Cl» 00 u a 2 E “ 2 SC/i E o £ o" • CA vO 00^ sO ia" ON H rA i---( rH rA CN O ia o CN co (U O S 2 E „ O c» 00 o TT ia rA *-4 -û ia CN IA CN rA \D CN ia CM ia CN o rA CN ia CN IA w X w « < p« H w C/D w O « PS < eu 2 O H « < CU 'W no IA “ o a s § C - r-t E Sh ü s IA f-H ^ IA oo tJ- TT 00 o CN CN ON CN ON rA ■*T CN CN <» IA IA rA ON \D Nû 0N CN rA rH cf IA CN CN IA IA r^> CN CnT IA CD co N tD m J n « o O) GO N (O 10 * co N O IA O (U c «u o "D U bO HH X 3 es G ; de l’alun, de la soie de Romanie sont portés à Narbonne, à Montpellier, à Aigues-Mortes surtout où aboutit la grande voie rhodanienne menant vers la Champagne et l’Ile-de-France46. R. H. Bautier a retrouvé des fragments de comptes du port d’Aigues-Mortes: en 1358, les galères de Filippo di Casavecchia et d’Andrea della Sea apportent de Gênes rien moins que 1.275 balles de produits d’Orient en trois voyages47. A partir de 1285, les Génois mettent à profit les concessions que leur a faites le roi de France: les convois de bêtes de somme partant pour Nîmes se multiplient et les minutes notariales signalent également de nombreux transports de poivre, de gingembre, de bois de brésil de Gênes à Paris par la voie de terre4S. A la fin du XIVe siècle encore, des voituriers, originaires pour la plupart de l’Apennin ligure, passent des contrats avec des marchands pour transporter par bêtes de somme des balles d’épices jusqu’à Paris: la valeur de la marchandise est telle qu’elle peut supporter des frais de transport équivalant à 14 % de son prix au départ de Gênes49. Les transports maritimes vers l’Outremont, moins coûteux, l’emportent cependant. Dès les années 1280, la route de Séville et des Flandres est la grande voie d’exportation des produits orientaux. Les travaux de R. S. Lopez, R. Doehaerd, Ch. Kerremans, L. Liagre de Sturler et M. L. Chiappa vence et la Ligurie au bas Moyen Age, ibidem, pp. 147-168; J. Malattie, Le commerce du sel d’Hyères, op. cit., pp. 169-178. Ainsi E. Baratier, p. 157, note que la fourniture à la Provence de produits du Levant par les Génois est attestée dès le XIIIe siècle. 44 Liber Iurium, op. cit., t. I, col. 1402-1410 (21 juillet 1262). 45 Le texte en est inclus dans une minute notariale de 1278: ASG. Not. cart. n° 112, ff. 21 r - 22 r. 46 ASG. Not. cart. n° 61, f. 134 r; n° 55/1, f. 131 r. 47 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 302. 48 ASG. Not. cart. n° 120/2, f. 66 v (1288), ff. 182 r, 193 v (1291); cart. n° 137, ff. 15 v, 19 v, 37 r, 38 r, 41 r, 47 v, 48 r, 51 r, 59 v, 60r-v, 82 r, 97 v (1302); n° 99, f. 274 v (1303); Not. ign., B. 16, fr. 4, f. 4 v (1300). 49 ASG. Not. cart. n" 311, f. 28 r (1382); n” 321, ff. 188 r, 188 v, 252 v, 257 v (1384); n° 402, ff. 45v-46r (1395); M. L. Chiappa Mauri, Il commercio occidentale, op. cit., pp. 588-589 évalue le coût du transport à 17 % de la valeur des épices. 24 866 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Mauri sont trop connus pour qu’il y ait beaucoup à dire 50. L’alun, la noix de galle, les épices, le coton filé, le cuir, la laque et les bijoux sont avec le vin et le pastel venus d’Italie, les principaux produits d’exportation en direction du Nord, mais aussi de l’Espagne, puisque, malgré la concurrence de Barcelone, Gênes approvisionne en marchandises orientales les escales fréquentées par ses bateaux, Majorque, Malaga, Cadix et Séville. 3. - La voie directe entre l’Orient et les Flandres. La diffusion des produits orientaux est donc très large. Gênes se trouve au centre d’un vaste réseau commercial unissant les villes drapantes de la Flandre aux steppes eurasiatiques. Pas tout à fait au centre, cependant, car à partir du moment où nos marchands disposent d’un outil naval — la co-c^a — capable de transporter de lourdes cargaisons sur de longs itinéraires, la création d’une ligne directe entre l’Orient et les Flandres s’impose à eux. La commercialisation de l’alun en est à l’origine. Pourquoi faire un détour par Gênes, supporter une rupture de charge, un transport ralenti à 1 excès, alors que l’Atlantique peut être rapidement atteint par la route en droiture qui va de la Sicile à Cadix ou à Séville? La première mention certaine d’un voyage direct est de 1292: Carloto et Andalò di Negro nolisent leur cocha à Raffaele, Gottifredo, Avundo di Negro ainsi qu’à Piper Calvo et Angelino Dentuto pour aller charger 6.000 cantares d’alun à Phocée et les porter à Cadix et de là en Flandre31. Parfois la longue route maritime en Méditerranée occidentale est coupée par une escale à Majorque 52. De toute façon, dès la fin du XIIIe siècle, la route directe entre l’Orient et les Flandres est suivie par la flotte de l’alun, transporté ainsi des lieux de production aux grands centres de consommation. Gênes n’est pas totalement laissée à l’écart de ce courant commercial. Jusque vers 1350’, les liaisons directes sont encore l’exception: Phocée est de nouveau au pouvoir de Byzance et le reste jusqu’en 1346; les Génois doivent se contenter de l’alun turc qui passe par Gênes avant d’être envoyé vers 50 R. S. Lopez, Majorcans and Genoese, op. cit.; R. Doehaerd, Les galères génoises, op. cit.; Idem, Les relations commerciales, op. cit.; Idem et Ch. Kerremans, Les relations commerciales, op. cit.; L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit.; M. L. Chiappa-Mauri, Il commercio occidentale, op. cit., pp. 571-612. 51 ASG. Not. cart. n° 71, f. 93 v. Cet important document n’est pas connu de R. Doehaerd, Les relations commerciales, op. cit., t. III: c’est aussi la première mention d’une cocha possédée par des Génois, cf. supra, p. 556. d2 ASG. Not. ign., B. 25, fr. I, pièce 17, f. 3 v (1295). PRODUITS ET ROUTES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE 867 l'Ecluse53. Au contraire, dans la seconde moitié du XIVe siècle, une ligne régulière s’établit entre Phocée-Chio et l’Ecluse, puis l’Angleterre et Middelbourg; au centre, Cadix et Séville prennent une importance singulière comme relais des gros transports d’alun54. Mais aussi Aigues-Mortes, où certaines nefs de Romanie vont décharger, sans s’arrêter à Gênes55. Ainsi se créent entre les comptoirs génois d’Orient et les ports d’Occi-dent des voies maritimes qui évitent la métropole; celle-ci court le risque de perdre les profits des trafics qu’elle organise et qu’elle protège par ses galères armées. Aussi s’efforce-t-elle d’intervenir pour conserver la maîtrise des échanges avec l’Orient; en 1372, le doge et les Anciens, considérant que beaucoup de patrons de navires évitent d’aborder à Gênes pour échapper aux taxes, condamnent les contrevenants à de lourdes amendes et interdisent à tout citoyen de conclure avec eux des pactes de nolisement et des contrats d’assurance. Quelques années plus tard, allant dans le même sens, interdiction est faite à tout Génois de charger des marchandises en Flandre et en Angleterre sur un navire étranger pour les porter directement en Orient56. Ce fut en vain. La Commune a bien du mal à éviter la contrebande et une bonne partie du commerce romaniote commence à lui échapper. 4. - Conclusion. Les routes changent en effet. Leur tracé est imposé par les trafics qui dépendent à leur tour de la situation internationale et de circonstances locales. En ce qui concerne la Romanie, l’importance de la voie maritime des Détroits a beaucoup changé entre le XIIe siècle et les premières années du XV-. Avant 1204, le trafic génois s’arrête à Constantinople et ne bénéficie pas des échanges portant sur les produits pontiques. Nos marchands s’intéressent à la soie, aux épices, aux produits de luxe qu’ils payent avec les béné- 53 L. Liagre de Sturler, Les relations commerciales, op. cit., t. I. p. CXXXIX. 54 Ibidem, doc. n° 381, 388, 389, 418, 451, 457, 492, 499, 500, 521, 526, 565; ASG. Not. Gregorio Panissaro, n° 118 et 138 (la nef de Pietro Natono va de Chio en Flandre et fait escale à Cadix); AS. Prato, carteggio Firenze da Genova n° 658, 16 juin 1396 (nef de Gianotto Maruffo, de Séville en Flandre); carteggio Pisa da Genova n° 519, 25 mai 1395 (la nef de Gianotto Maruffo porte 18.000 cantates d’alun de Romanie en Flandre et se sépare au large de la Sicile d’une autre nef de Romanie qui va décharger à Gènes). 55 AS. Prato, carteggio Pisa da Genova n° 520, octobre 1398. 56 ASG. Archivio Segreto n° 498, ff. 256 r- 257 v et n° 501, f. 83r-v. Les ports-refuge cités dans ces documents sont Savone et Porto-Pisano, où les taxes douanières devaient être inférieures à celles qui étaient perçues à Gênes. 868 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE fices acquis ailleurs. Après 1261, le verrou byzantin des Détroits saute; les pays de la mer Noire offrent leurs ressources agricoles et humaines, tandis que, grâce aux Mongols, arrivent à la Tana les lourds convois qui apportent aux Occidentaux la soie et les épices des marchés d’Extrême-Orient. Des Flandres et de l’Angleterre au coeur de l’Asie se crée une vaste communauté économique. Le libre accès des Génois aux ressources multiples de 1 Asie antérieure donne de 1261 à 1343-1344 son ampleur au commerce romaniote et fait de la route maritime reliant Gênes à la mer Noire la voie royale de 1 expansion marchande de l’Occident. Le retournement des années 1345-1350 n’en est que plus brutal. La désagrégation des khanats mongols et les remous qui ébranlent bientôt la Chine et ses abords brisent l’unité économique jadis realisee entre 1 Occident et l’Extrême-Orient. La route de la Romanie perd de son importance, tandis que croît à nouveau celle qui mène en Syrie et à Alexandrie. Elle change aussi de nature: moins de denrées précieuses et davantage de produits agricoles et miniers y circulent. Il importe de rentabiliser les trafics de marchandises de faible valeur, en réduisant les coûts du transport et en établissant des liens directs entre centres de production et de consommation. La route entre Chio et les Flandres, déjà parcourue à la fin du XIII siècle, passe au premier plan, tandis que se multiplient les liaisons « regionales » qui drainent vers les trois grands comptoirs tout ce qui est commer-cialisable. Ces mutations accroissent le rôle de Chio, que la nature a com blée et qui est toute proche des alunières d’Asie mineure, et de Caffa qui sait faire face à la crise du commerce traditionnel et s’adapter, tandis que Péra s’affaiblit, coupée d’un arrière-pays byzantin qui n’existe plus et d Ottomans trop redoutables pour être affrontés avec d’autres armes que celles de la guerre. Aussi l’axe Orient-Occident par la Romanie et Gênes décline-t-il, tandis que se maintient un réseau commercial pontique et que prennent leur essor les liaisons directes entre Chio et les Flandres. Le déplacement des voies du commerce international est pour 1 Orient la conséquence majeure des crises du XIVe siècle. La Romanie génoise en subit de profondes mutations. CHAPITRE XV RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS EN ROMANIE Lorsque Pachymère affirmait que les Génois « avaient écarté les Romains des voies de la mer » et que Grégoras soulignait que les recettes de la douane de Péra étaient près de sept fois plus élevées que celles de Constantinople, les deux chroniqueurs byzantins constataient avec envie et mépris que le commerce de la Romanie accaparé par les Génois était le fondement de leur fortune 1. Quelle importance ont donc les échanges avec la Romanie dans l’ensemble de l’activité maritime de Gênes? Est-il certain qu’ils procurent des bénéfices élevés et contribuent à cette formidable accumulation de capital qui permet aux Génois de se tourner vers les Espagnes et l’Atlantique et de devenir les banquiers de l’Europe, aux débuts des temps modernes? Du point de vue économique et financier, il faut donc essayer de déterminer la marge bénéficiaire que laisse le commerce romaniote à ceux qui s’y adonnent, puis, sur un plan plus général, se prononcer sur l’épineuse question de la balance des paiements, objet de recherches récentes et de conclusions séduisantes, mais pas toujours fondées sur un matériel documentaire suffisamment vaste2. De la réponse dépend pourtant le jugement que l’on peut porter sur l’exploitation économique de la Romanie par les Génois. Les conséquences ne sont pas seulement d’ordre commercial et financier. Il y a le poids des hommes qui peinent, qui voyagent dans des conditions souvent difficiles, qui risquent parfois leur vie pour s’enrichir le coeur et la bourse et qui, après de longues pérégrinations, reviennent s’établir dans 1 G. Pachymère, éd. de Bonn, t. I, 420; N. Grégoras, éd. de Bonn, t. II, 842. Cf. supra, p. 682. 2 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 301-308; E. Ashtor, Les métaux précieux, op. cit.; R. S. Lopez, Il problema della bilancia •dei pagamenti nel commercio di Levante, dans Venezia e il Levante, Florence, 1973, t. I, pp. 431+452. 870 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE la contrada ou dans le village de leur naissance; ils s’adressent à des institutions religieuses et charitables pour qu’elles gardent, en échange de quelques legs pieux, le souvenir de leur fortune. La diffusion des profits du commerce oriental à travers les bourgades de Ligurie est difficile à saisir, mais combien passionnante: car l’aspect de certains villages peut s’en trouver changé, des terres abandonnées revivre, lorsque rentrent au bercail des émigrés d’Orient, plantant dans le sol qu’ils acquièrent la marque de leur prestige et de leur rang. Le brassage humain c’est aussi l’afflux des Orientaux à Gênes; sans parier des esclaves, dont le poids démographique est loin d’être négligeable, il faut citer tous ceux qui se sont attachés à la fortune de quelque Génois bien nanti: serviteurs de condition libre, rameurs et marins engagés par les autorités coloniales ou par des armateurs privés, artisans croyant trouver dans la métropole ligure l’occasion d’exercer leur métier, affranchis cherchant à s insérer dans un milieu étranger, avec le soutien des petites communautés de même ethnie, et toutes les épaves et les pauvres hères charries jusqu à Gênes par on ne sait quelles vagues de misère, de crime ou de déveine. Le coexistence de Génois et d’Orientaux, qui souvent partagent le même toit, influence les rapports quotidiens, le comportement et 1 état d esprit des citadins. Pour se distinguer on adopte des prénoms étrangers au parfum d’exotisme, on se pare de tissus orientaux. Le vocabulaire s impregne de mots tatars, grecs ou arabes qui donnent à la langue génoise ces consonances curieuses que remarquent aujourd’hui encore tous les étrangers à la région. Une telle orientalomanie influence-t-elle la création humaine dans ce qu’elle a de plus durable, l’oeuvre d’art? La lumière et la couleur de l’Orient, les formes architecturales de Byzance donnent-elles aux artistes génois le goût des oeuvres chatoyantes et des innovations rompant avec les traditions locales? Tels sont quelques-uns des domaines dans lesquels il faut déterminer l’influence de l’Orient. I - Les conséquences économiques et financières Les Génois sont avant tout hommes d’affaires; ils cherchent à investir leurs capitaux là ou l’intérêt est le plus élevé et les bénéfices attendus les plus grands. Que leur laisse espérer à cet égard le commerce romaniote? L’ampleur du bénéfice est liée à la rotation rapide des capitaux. De ce point de vue, un premier fait mérite d’être souligné: l’augmentation considérable du trafic commercial à partir du XIIIe siècle n’a pas été suivie d’un accroissement identique des moyens de paiement métalliques, RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS 871 c’est-à-dire des quantités d’argent en circulation. La pénurie de monnaie est le mal chronique dont souffre l’économie médiévale, en dépit des bonnes émissions d’argent et d’or auxquelles procèdent les républiques maritimes italiennes, Florence, le royaume de France dans le courant du XIIIe siècle. La conséquence en serait la lenteur dans le règlement des affaires commerciales3. Constate-t-on de tels retards dans le trafic génois avec la Romanie? Rares sont dans les minitiers notariaux les notices de remboursement des créanciers; le plus souvent le notaire se contentait de canceller d’un trait de plume le contrat devenu caduc, sans prendre la peine de noter la date à laquelle le débiteur avait satisfait son créancier. Nous avons retrouvé cependant 84 notices de ce genre annulant des contrats de commande enregistrés antérieurement. Les remboursements s’échelonnent de 4 à 52 mois, le délai moyen s’établissant à 13,8 mois et seulement à 12,3 mois, si l’on élimine les quatre contrats dans lesquels le délai dépasse trois ans. En d’autres termes, la rotation des capitaux s’effectue au rythme des voyages aller-retour entre Gênes et la Romanie. Mais il n’est pas toujours nécessaire d’attendre la rentrée des fonds pour réinvestir le capital. Innombrables sont les contrats dans lesquels le marchand actif reconnaît que les sommes qu’il reçoit proviennent d’une autre commande4: il suffit donc qu’il ait remis à son accomandant les bénéfices tirés d’un précédent contrat, ou une partie seulement des profits, s’il porte en un second voyage des fonds confiés par le même bailleur. Ainsi trouve-t-on une solution au problème de la rareté des espèces. Des liquidités ne sont pas nécessaires aux investissements, quand les mêmes parties se lient par des contrats successifs. La rotation des capitaux en est facilitée. Ce qui est vrai à Gênes l’est aussi dans les comptoirs d’Orient: les bénéfices réalisés à l’occasion d’affaires anciennes fournissent en partie l’argent nécessaire à de nouvelles. A Caffa, à la fin du XIIIe siècle, les bailleurs de fonds remboursés remettent d’autant plus vite leurs capitaux en circulation qu’ils recouvrent dans un délai de quelques mois, voire de quelques semaines, les sommes qu’ils ont confies en commande5. Loin de thésauriser, les Génois investissent. Est-il possible d’apprécier, à travers nos actes, l’importance de la rétribution du capital? il faudrait disposer de reçus détaillés. Or, lorsqu’il ac- 3 Voir en dernier lieu les remarques de P. Racine, Storia della banca a Piacenza, op. cit., pp. 46-47. 4 A titre d’exemple 12 commandes sur 17 du minutier n° 75/2 de l’année 1296 proviennent de commandes antérieures. 5 M. Balard, Gcnes et l’Outre-Mer, op. cit., p. 35. 8 72 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE corde une quittance à son débiteur, le bailleur cite le montant des capitaux prêtés mais rarement celui des sommes restituées, à l’expiration du contrat. Le profit n’apparaît dans les textes que lorsqu’il est contesté par l’une des parties, déposant une plainte, ou lorsque les légataires d’un marchand défunt rendent compte de la succession, en présence du vicaire du podestat. Par rapport à ce qu’ils étaient au XIIe et au début du XIIIe siècle 6, les profits du commerce semblent moindres, comme l’indique le tableau n° 73. Ce tableau met en évidence l’extrême diversité des profits, qui peuvent aller des pourcentages les plus insignifiants à près de 100 % 7. Il est difficile ici d’opposer la seconde moitié du XIVe siècle à l’âge d’or de la révolution commerciale, tant sont rares les quittances détaillées après 1350: tout au plus relève-t-on que les contrats portent alors sur des sommes plus élevées, ce que l’étude des investissements nous avait montré. Comme les reçus conservés résultent d’affaires difficiles ayant suscité l’opposition des parties en présence, il n’est guère étonnant que la durée des contrats soit beaucoup plus longue que la durée moyenne précédemment définie. Dans l’ensemble, les bénéfices du commerce romaniote apparaissent singulièrement modestes, surtout si l’on calcule l’intérêt annuel du capital investi. Mais répétons-le, il s’agit là d’affaires ayant fait l’objet de plaintes et de contrôles, le bailleur s’estimant lésé lors de la reddition des comptes. Quelques autres contrats révèlent des marges de profit supérieures. A Caffa, en juin 1290, Pietro Calvo reçoit en commande 55 hyperpères provenant d’une commande de 50 hyperpères, conclue en 1289; si l’on suppose que la totalité du capital et du bénéfice du premier contrat se trouve réinvestie dans le second, le bénéfice représenterait au moins 10 % du capital, compte non tenu de la part de l’accomanditaire, pour une durée d’immobilisation voi- 6 Les comptes d’Inigo della Volta et d’Ansaldo Baialardo, conservés par le mi-nutier de Giovanni scriba, montrent qu’en trois voyages le facteur a réussi à se constituer un capital propre équivalant à celui que lui avait confié son bailleur lors du premier voyage: cf. F. Edler De Roover, Partnership accounts in Xllth century Genoa, dans Bulletin of the Business Historical Society, t. XV, 1941, pp. 87-92. Au début du XIIIe siècle, le notaire Lanfranco (H. C. Krueger - R. L. Reynolds, Lanfranco, op. cit., t. I, p. 291) nous indique qu’une commande de 23 livres de Gênes sur Ceuta a rapporté 29 livres 9 sous, soit un bénéfice de 28 %. 7 Certaines commandes se résolvent à perte, mais nous n’avons pas trouvé de chiffres illustrant ces contrats malheureux. 8 Le bénéfice réel est au moins supérieur de 25 %, puisqu’il faut tenir compte du profit acquis par l’accomanditaire. Comme cette dernière part peut aller de 25 a 50 % et n’est pas mentionnée dans la quittance, il est apparu plus normal de ne citer que le bénéfice de l’accomandant, déduit du capital remboursé. BÉNÉFICES DU COMMERCE Résultats et conséquences du commerce génois 873 CN o > > ^ 'O o ~ Tj- l^- [Q o ►H >*HrA*H>*H.. >oOnO£ia > > ^>00>^>fN(N t-H ia’-1 • *-< ^ u ^aicat—-ia^ajcno \ r^.00.4^lA(\lOrHiAir\(N’-< f t—i lr0 r^l co ~ OsrArA(N,tHfr»H»H O rH rH ^ , ,H rH fA fsj ,-H _ . _ a] M O ........ rA . . A? ’'W . . . .M-l'-W . . 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Kedar, Merchants in crisis, op. cit., pp. 61-66, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat oscille au cours du XIVe siècle de 5 à 10 %, alors que le bénéfice des commandes plus élevé à Caffa et Péra qu’à Gênes, peut néanmoins tomber à 9 %, ce qui expliquerait que l’attrait des emprunts d’Etat ou des prêts privés l’emporte sur celui du commerce. 14 Dans ces calculs, nous n’avons pas retenu les profits de la traite: comment en effet comparer des prix moyens à Caffa et à Gênes, alors que chaque esclave voit sa valeur fixée d’après ses qualités particulières et que la composition de la main-d’oeuvre servile n’est pas la même dans les comptoirs d’Orient et en Occident. 15 A titre de comparaison, on rappellera qu'E. Ashtor, Profits from trade, op. cit., p. 272, estime à 40 0/o le profit des marchands occidentaux dans le Levant au XVe siècle. L’auteur se fonde sur l’analyse du commerce vénitien à Beyrouth, Damas et à Alexandrie; or la nature du commerce génois en Romanie au XIVe siècle est fondamentalement différente: moins d epices et de coton, mais davantage de produits alimentaires et de matières premières. Pourtant, le profit moyen de nos marchands est du même ordre. 876 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE Selon une opinion longtemps admise, les échanges entre les républiques maritimes italiennes et le Proche-Orient auraient apporté aux pays du Levant des sommes considérables en monnaies d’or, nécessaires aux Occidentaux pour payer les précieuses épices: le doge Tommaso Mocenigo n’évaluait-il pas à 300.000 ducats les fonds que ses concitoyens emportaient chaque année en Egypte et en Syrie 16? Aujourd’hui le jugement est plus nuancé; il convient en effet de distinguer entre les époques et les lieux d’échanges. Aux XIe et XIP siècles, l’Europe méridionale parvient à un certain équilibre dans son commerce avec l’Orient: Byzance et l’Islam cessent de frapper des monnaies d’argent, tandis que l’Occident ne frappe plus de monnaies d’or et équilibre ses paiements grâce à l’or « di pagliola » et aux privilèges fiscaux que les Italiens obtiennent à Bj^zance; ils peuvent ainsi concurrencer les sujets de l’empire dans le commerce international et dans les échanges intérieurs et obtenir de gros profits. Au XIIIe siècle, et jusqu’en 1340-1350, l’Europe triomphe; ses marchands pénètrent partout, menacent d’assécher le commerce des pays du Proche-Orient, utilisent leurs bonnes monnaies d’or, tandis que Byzance et les pays islamiques sont contraints d’altérer leurs espèces. Dans une troisième période qui se prolonge jusqu’à la fin du XVe siècle, un nouvel équilibre s instaure; pour exporter d’Egypte les produits de luxe orientaux, les marchands italiens sont contraints de transférer en Orient des métaux précieux qu ils reçoivent de l’arrière-pays européen et de la Berbérie. La balance des paiements redevient favorable aux Orientaux, alors que la balance commerciale de ces échanges reste pour eux déficitaire 17. En fait, cette synthèse séduisante s’applique davantage aux rapports économiques de l’Occident avec la Syrie et l’Egypte qu’aux échanges avec Byzance. Au XIIe siècle, les Génois tirent déjà de gros profits du commerce 16 W. Heyd, Histoire du commerce, op. cit., t. II, p. 440; M. Bloch, Le problème de l or au Moyen Age, dans Annales d’histoire économique et sociale, t. V, l'933, pp. 10-11; F. Braudel, Monnaies et civilisations-, de l’or du Soudan a l’argent d’Amérique, dans Annales ESC, t. I, 1946, p. 9; G. Luzzatto, Sull’attendibilità di alcune statistiche economiche medievali, dans Studi di Storia economica veneziana, Padoue, 1954, pp. 271-284; E. Ashtor, Les métaux précieux, op. cit., pp. 65-66. 17 Sur tout ceci, cf. E. Ashtor, Les métaux précieux, op. cit., pp. 65-96, R- S. Lopez, Il problema della bilancia, op. cit., pp. 438-452 et R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 301-305. En ce qui concerne le cas particulier de Gênes aux XIIe et XIIIe siècles, H. Misbach, Genoese commerce, op. cit., a montré que les exportations d’or et d’argent, entre 1154 et 1253, étaient inférieures aux quantités importées par Gênes qui, en conséquence, s’enrichissait au détriment de l’Orient. RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS 877 romaniote, inférieur pourtant en volume aux échanges avec la Syrie franque et l’Egypte: faut-il rappeler, avec R. S. Lopez, qu’en 1162 le pillage du quartier génois à Constantinople inflige à nos marchands des dommages estimés à près de 30.000 hyperpères et que, à la suite de l’émeute de 1182, la perte est évaluée à 228.000 hyperpères18? En vingt ans, l’enrichissement des Génois dans l’empire a été très rapide: c’est le signe que la balance des paiements commence à leur être favorable. Qu’en est-il après 1261, lorsque Gênes retrouve les positions perdues en 1204 et y ajoute les comptoirs pontiques? Jusqu’en 1340-1350, nos marchands participent à l’exploitation économique de la Romanie et des khanats mongols; Gênes se vide de son métal blanc qui, en barres et lingots, prend le chemin de Tana et de Tabriz, mais thésaurise l’or d’Orient. L’arbitrage entre les métaux précieux, qui favorise l’Occident dans la première moitié du XIVe siècle, est trop connu pour que l’on insistel9. Limitons-nous à quelques exemples: en 1289-1290, quelques exportations d’or vers Gênes répondent à l’afflux du métal blanc à Caffa20. En 1315, le testament de Gabriele Dugo, rédigé à Tana, donne la juste mesure de l’enrichissement d’un marchand d’une classe très moyenne: tout en ayant dans sa caisse 30 sommi d’argent, dont 27 ont été empruntés à un Latin de Constantinople, 6 livres d’or filé, 1 ceinture d’argent et sur le linh de Pietro di Via 20 balles de Scamandrum, il possède dans sa maison de Constantinople 1 guirlande d’or, des perles, une ceinture d’argent pesant deux livres,, et deux rubis du Balak-shan. Le solde de ses legs et de ses dettes laisse à ses légataires un actif d’environ 300 livres, auxquelles s’ajoutent 500 livres laissées à ses héritiers directs et la valeur des biens qu’il possède en Romanie21. En 1324, Capellino Grillo meurt sur la galère qui le ramenait de Romanie: ses biens comprennent 50 besants casanini d’or et 57 sommi d’argent, compte non tenu des marchandises qu’il rapportait22. Un des meilleurs exemples des profits obtenus dans le commerce romaniote nous est fourni par la succession d’Oberto di Bene-sia, dont les comptes parviennent à Gênes en avril 1335; deux ans plus tôt, ce marchand avait quitté sa ville en emportant le montant de quatre commandes, soit 1.638 livres 6 sous 11 deniers. Son légataire rembourse ces sommes en pondi de poivre, en fardelli de soie et en espèces; il détient en outre 18 R. S. Lopez, Il problema della bilancia, op. cit., p. 442. 19 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., pp. 305-307. 20 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 162 et 342. 21 ASG. Not. cart. n° 219, ff. 149v-151 v. 22 ASG. Not. cart. n° 262, f. 134 r. 878 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE 471 livres venant de la vente de laque, de cannelle, de gingembre, d’encens et de soie guelli, et remet aux héritiers 57 files de perles dont la valeur n’est pas précisée 23. Les affaires d’Oberto ont donc été singulièrement prosperes et illustrent, au niveau individuel d’un marchand moyen, l’enrichissement qu’apporte le commerce romaniote aux hommes d’affaires génois. Constamment des perles, des joyaux, des verges d’or fin, des monnaies d’or affluent à Gênes et compensent largement les exportations de métal blanc24. L Orient grec et mongol se vide de son or au profit de nos marchands. Le bouleversement des axes commerciaux dans les années 1340-1350 et le rééquilibrage du rapport or-argent modifient-ils la balance des paiements dans la seconde moitié du XIVe siècle? En ce qui concerne le commerce romaniote, il ne le semble pas. D’une part, les produits de luxe les plus chers — epices et soie — disparaissent des cargaisons venues de mer Noire et de Péra et laissent la place à des marchandises de moindre valeur. Or, R.H. Bautier a montré, d’après les comptes de la douane d’Aigues-Mortes de 1358, qu’à quantités égales, la valeur des balles de draperie exportées de France était bien supérieure à celle des balles d’épices apportées par les navires génois2:>. A plus forte raison, le produit des ventes en Orient des draps et des toiles excède de beaucoup le montant des achats d’alun, de blé, de cire ou de cuirs, de sel ou de poissons, marchandises acquises à un prix très bas et dont la vente en Occident procure à nos marchands des bénéfices élevés. D’autre part, la balance des paiements n’est pas seulement constituée des excédents de la balance 23 ASG. Not. filza n° 272, doc n° 122, 144, 155, 164, 199, 200; cart. n° 274, ff. 49 r - 52 v. 24 La nature de nos sources rend impossible la comparaison entre importations et exportations de métaux précieux. Donnons quelques exemples parmi les plus caractéristiques: en 1263 Giacomo Pinello donne quittance à Bonvassalo Usodimare pour 999 onces d’or 1 denier (ASG. Not. cart. n° 30/1, f. 58 v); en 1306, deux frères Ghisolfi reçoivent 39.637 aspres casanini investis en or et en bocassins (Not. cart. n° 147/2, f. 93 v); en 1343, Scacco Gentile remet à la veuve d’Ingo Cattaneo 23 onces et 55 danga d or (Not. cart. n° 285, f. 107 r); en 1347, deux marchands de Varazze et de Savone reçoivent des frères de Mari 125 onces d’or 4 deniers (Not. cart. n° 232, f. 305 r-v) et, en 1348, Bernabò Bechignone 258 danga d’or et 500 génois d’or en paiement de commandes confiées à Galeotto Bechignone (Not. cart. n° 233, f. 3 v); en novembre 1348, Niccolò Cattaneo contracte une assurance pour un transport d’or de Péra à Gênes (cart. n° 234, f. 213 v) et, l’année suivante, Luchino Lercario remet à Giacomo Lercario 9 verges d’or et 58 pièces de danga d’or venant de Péra (cart. n° 331/1, f. 137v-138r) etc. Pour les importations de bijoux, cf. ASG. Not. filza n° 393, doc. XXII (11 rubis balais, des perles), Not. cart. n° 310, ff. 23r-24r (des perles pour une valeur de 706 livres), Not. cart. n° 399, f. 147 v (perles et turquoises rapportées de Péra), etc. 25 R. H. Bautier, Les relations économiques, op. cit., p. 302. RÉSULTATS et conséquences du commerce génois 879 commerciale; il faut tenir compte aussi du prix des services et en particulier des nolis qu encaissent les Génois lorsqu’ils contribuent au ravitaillement de Constantinople et de Trébizonde et servent d’intermédiaires dans les relations commerciales entre les diverses régions de la mer Noire et entre celles-ci et la Méditerranée orientale. Les profits du commerce régional, s’ajoutant aux excédents acquis par le trafic des matières premières et des denrées alimentaires, laissent aux Génois une balance des paiements extrêmement favorable par rapport à 1 empire byzantin, aux khanats mongols et aux principautés turques, alors même que régresse le grand commerce international qui animait ces régions jusque vers 1350. Ici encore, les Génois se sont adaptés aux conditions nouvelles des échanges et ont maintenu des profits qu’ils peuvent dépenser sur les marchés d’Alexandrie, de Chypre et de Beyrouth, où la balance des paiements ne leur est pas très favorable à la fin du XIVe siècle. La Romanie, comprise au sens large, reste donc pour eux une source de profits, mais dont 1 origine vient plus de l’exploitation « coloniale » des matières premières et du produit des services que des bénéfices du commerce traditionnel entre 1 Orient et l’Occident. L’avilissement continuel de la monnaie byzantine et 1 abandon de la frappe de l’or à Byzance signifient bien que l’empire est passé sous la dépendance économique des Occidentaux. II - Les conséquences sociales Les profits qu’apporte le commerce romaniote sont largement diffusés dans la Ligurie par tous ceux qui, au soir de leur vie, reviennent s’installer dans leur village d’origine ou transmettent à leurs proches restés au pays une partie des biens acquis en Orient. Il ne peut être question de mesurer ces apports. Tout au plus relève-t-on l’importance des legs testamentaires qui profitent à des particuliers et à des institutions ecclésiastiques, charitables ou hospitalières. Donnons quelques exemples. L’administration du port de Gênes touche de manière obligatoire une fraction des biens successoraux faisant l’objet de donations: ces prélèvements permettent aux salvatores portus et moduli d’effectuer les travaux d’entretien et d’agrandissement du port et de l’arsenal26. Les églises 26 En 1289-1290, Guglielmo di Valencia laisse par testament une livre à l’administration du port de Gênes, Rolando di Robino 25 aspres baricats (M. Balard, Gênes et l'Outre-Mer, op. cit., doc. n° 300 et 704). Les étrangers n’échappent pas à cette cou- 880 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE de LA ROMANIE de la Commune et des bourgades ligures sont les principales bénéficiaires des legs testamentaires: à l’heure de la mort, le Génois exilé en Orient se souvient de sa paroisse, de la chapelle familiale qui orne son église et se recommande aux prières des clercs qu’il a côtoyés depuis son enfance, comme à celles des frères mendiants auprès desquels il demande à reposer, à Péra et à Cafïa 27. Un des testaments les plus caractéristiques à cet égard est celui de Pietro di Fontanegli, rédigé à Cafïa en octobre 1399: son auteur désire faire construire un choeur ouvragé d’or en la chapelle Sainte-Anne des Flagellants de Caffa, lègue à l’église Saint-Pierre de Gênes une petite galère d’argent pesant 50 saggi et au couvent des frères prêcheurs de Gênes 4.000 livres pour la réparation de l’église conventuelle 2S. La communauté spirituelle, ainsi tissée entre Génois d’Orient et paroisses de Ligurie, est du même ordre que 1 attachement des membres des alberghi à l’église gentilice, symbole de la solidarité du clan 29. L’attachement à la terre natale s’exprime mieux encore chez tous ceux qui rentrent d’Orient, fortune faite, ou qui investissent leurs gains en acquisitions immobilières. Ainsi Nicolino Rocca, que l’on trouve à Caffa en 1290, possède au lieu-dit Rocca, une terre, une petite maison et des droits sur un moulin, qu’il transmet à son oncle 30. Melchior Italiano, qui est à Chio en 1408, a acquis à Coronata une maison qu’il lègue à son fils et à son frère31. Quant tume: le Montpelliérain Bernardo di Manzodeo en janver 1344 laisse le dixième de ses biens à l’oeuvre du port « selon les statuts de Gênes »: cf. G. Balbi - S. Raiteri, Notai genovesi, op. cit., p. 43. 27 Gabriele Dugo, mort à Tana en 1315, partage ses legs entre les frères prêcheurs et les frères mineurs de Tana, le monastère Sainte-Catherine de Péra, un prêtre de Saint-Michel et l’hospice Saint-Jean de Péra où il habite, l’hospice Saint-Laurent de Gênes, les maisons-Dieu sises entre le phare et Saint-Etienne du Bisagno, des églises de l’Aquas-sola et de S. Petra minuta de Gênes (ASG. Not. filza n° 219, ff. l'49 v -151 v). Manuel di Guarnerio demande par testament, rédigé à Tana en 1362, que l’on célèbre à Gênes mille messes pour le repos de son âme (AS. Venise, Cancelleria inferiore, B. 19, Not. Bianco Benedetto 19 octobre 1362). Par testaments rédigés à Péra en 1281 (G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., pp. 83-86, 158, 170-173), Bertolino Iosono de Sestri Ponente donne quelques sous à l’église Saint-Jean de son village; Giacomino Sacco accorde des legs aux églises de Voltri, Guglielmo di Vignali 150 hyperpères aux pauvres de Gênes et Baldovino di Varazze favorise plusieurs églises, hospices et monastères de Gênes et de sa ville natale. 28 ASG. Not. Cristoforo Revellino, manuale de Pietro di Fontaneggio. 29 J- Heers, Le clan familial, op. cit., pp. 257-259; E. Grendi, Profilo storico, op. cit., pp. 263-265. 30 M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 742. 31 ASG. Not. Giovanni Balbi, doc. n° 409. RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS 881 à 1 évêque de Chio, Giovanni Bapicio, il achète en 1392 une maison à Albenga, après avoir recouvré une créance et la donne à un membre de sa famille 32. Il est hors de doute qu’à l’exemple de Benedetto Zaccaria achevant ses jours à Gênes dans un fastueux palais près de la mer, bien des marchands retirés des affaires ont acquis des maisons en ville ou des terres dans le contado, les biens fonciers constituant encore le signe distinctif de la puissance et de la richesse. Le commerce romaniote est incontestablement source d’ascension sociale: sans parler des Zaccaria, la réussite des Giustiniani, des Demerode ou plus simplement de Buonsignore Caffaraino en est un éclatant exemple. Les mutations sociales qu’entraînent les échanges avec l'Orient favorisent aussi la formation à Gênes de petites communautés orientales proches de tous les marginaux que n’atteint pas le progrès social. Deux catégories surtout sont assez bien connues: les anciens esclaves, sur lesquels il est inutile de revenir, et la chiourme des galères. Rameurs et marins d’origine orientale proviennent surtout des grands comptoirs d’Orient: d’après les livres de compte des recruteurs33, Péra l’emporte avec 394 individus dénombrés, dont 231 Grecs; Caffa vient au second rang avec 169 noms, dont un tiers de Grecs; Chio, Mytilène, Phocée, Trébizonde, Simisso, Cembalo viennent ensuite avec des effectifs plus réduits34. Mais, au hasard des escales, le recrutement a poi té aussi sur des gens de Thessalonique, de Durazzo, de Corfou, de Cla-rence, de Modon et de Coron, de Négrepont et de Candie, de sorte que les colonies vénitiennes contribuent aussi à cette grande internationale des mercenaires qui ignore les antagonismes de cités et d’Etats35. 32 ASG. Not. cart. n° 413, ff. 166 v -168 r. 33 ASG. Antico Comune, Stipendiariorum Officii introytus et exitus, registres n° 228 (1353) à 243 (1401); Galearum soluciones n° 628 à 664; Galearum introytus et exitus n° 690 à 730. 34 Quatre-vingt-seize habitants de Chio, en majorité Grecs; 107 Rhodiens, 38 Chypriotes, Latins et Grecs; 47 habitants de Mytilène, presque tous d’origine grecque; 25 Phocéens; 12 individus originaires de Cembalo, 19 de Simisso, 14 de Trébizonde, mais aussi 5 de Sélymbrie, 1 de Sozopolis, 4 de Mesemvria, 8 de Varna, 2 de Licostomo, 5 de Vicina,, 2 de Soldaïa, 2 également de Solgat, 3 de Tana, 1 de Samastri, 7 de Sinope, 1 de Cérasonte, 4 de Savastopoli, 2 de Lemnos, 1 d’Héraclée, 1 de Ténédos et 9 Arméniens (de Péra et de Caffa). Cette liste comprend, on le voit, presque toutes les places fréquentées par les Génois à la fin du XIVe siècle. 35 Les plus nombreux viennent de Dalmatie et de Zara qui fournissent à Gênes un important contingent de marins et de mercenaires à la fin du XIVe siècle, particulièrement à l’époque de la guerre de Chioggia (114 individus dénombrés); viennent ensuite Candie (47), Thessalonique (30), Raguse (10), Négrepont (9), Clarence (8), Corfou (5), Coron (4), Durazzo (4), Modon (2). 882 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE de LA ROMANIE Entre la guerre des Détroits et 1375, la flotte génoise ne comprend pas encore un grand nombre d’Orientaux dans la chiourme: 3,3 % de l’effectif total des rameurs engagés sur les galères de la Commune. La guerre de Chiog-gia, qui impose un gros effort militaire, accroît les besoins: le pourcentage des Orientaux s’élève à 12,2 % et atteint même 16,4 % à la fin du siècle. Toutefois, le gouvernement génois prend soin de n’admettre aucun Oriental parmi les arbalétriers qu’il recrute, suspectant avec raison la fidélité de ces étrangers: en 1392, le quart des fugitifs des galères de Berbérie n’est-il pas d’origine orientale? De même, pour ses armées, la métropole engage plutôt des gens de Zara et des Hongrois que des Grecs, des Tatars et des Arméniens. En dehors du recrutement naval, on fait appel aux Orientaux pour des travaux pénibles et mal rémunérés: les salvatores portus et moduli leur confient des transports de bois et de pierres, le nettoyage des places, des ruelles et des cales, la construction d’un môle, tâches pour lesquelles ils leur accordent une rétribution allant de 4 à 7 sous par jour en 1387, soit l’équivalent de 6 àlO kg. de blé. Mais il s’agit là de tâches parcellaires et discontinues qui occupent la main-d’oeuvre quelques jours par an seulement36. Aussi n’est-il pas étonnant qu’en dehors des campagnes navales requérant des recrutements massifs, l’existence de ces Orientaux, exilés en métropole, soit fort précaire; certains, qualifiés d'homo vagabondus ou de femina vagabonda viennent accroître les effectifs de la Malapaga, c’est-à-dire de la prison pour dette 37. D’autres contractent de misérables emprunts auprès d’une tenancière d’auberge ou de compatriotes plus chanceux, quelques livres qu’ils auront du mal à rembourser 38. Pourtant, tous ces pauvres hères peuvent compter sur la solidarité profonde des Orientaux de même origine avec lesquels ils partagent souvent le même toit, se regroupent dans les vieux quartiers de la ville, autour de Santa Maria di Castello, de Sarzano ou du Môle. A l’âge du mariage ils pratiquent l’endogamie, épousant souvent d’anciennes esclaves, jamais des Génoises d’origine; ils touchent alors des dots d’un montant très modeste, versées par l’ancien maître ou acquises par emprunt. Rares sont ceux qui possèdent l’expérience d’un métier: un boulanger, un cordonnier, un 36 ASG. Antico Comune, Massaria Comunis Ianue n° 19, ff. 32 r, 41 r, 45 r, 57 r-v, 58 r-v, 61 r, 284 r. 37 De nombreux Orientaux figurent en 1409 sur une liste des prisonniers de la Malapaga, ASG. Compere Mutui, Miscellanea di compere diverse n° 1944/10, ff. 25-70 (D. Gioffrè, Il debito pubblico genovese, op. cit., p. 321) et ASG. Antico Comune, Con-damnaciones, registre n° 359, ff. 46, 55, 100, 127. 38 ASG. Not. cart. n° 395, f. 94 r; cart. n° 470, f. 269 r. RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS 883 teinturier, un calfat, un maître de hache sont l’exception 39. Le plus souvent, s n ont que la force de leurs bras et constituent une main-d’oeuvre sous- emp oyée et turbulente. Dans l’ensemble, la condition de vie de ces déracinés est i cile. Seuls quelques Orientaux arrivent à sortir d’une médiocrité et une misère qui les rend passibles de tous les délits et suspects au milieu de la population citadine. III - Les conséquences culturelles Pourtant entre Génois et Orientaux, des rapprochements s’esquissent, des uences s exercent. Dans la vie quotidienne, il faut bien s’habituer à la présence d une main-d oeuvre dont les traits mongoloïdes, le vêtement à la mode es steppes, 1 idiome étrange donnent quelque pittoresque aux ruelles étroi-u grand port. Gênes est à son tour colonisée. Dans les grandes familles, on se distingue en donnant aux enfants des prénoms turco-mongols. On se vet e tissus orientaux, tels ces camelots, à l’origine faits de poils de chameau puis e poils de chèvre, qui apparaissent si souvent dans les inventaires après ecès, sans parler des camocans, riches soieries damassées 40. On se pare de onnets « alla comanescha », on acquiert des tapis, des « sclavinae », sortes e manteaux faits de peaux de chèvre qui étaient en usage à Byzance41. Le vair e': zibeline ne sont pas exclusivement destinés aux garde-robe des princes mais sont utilisés par l’aristocratie marchande dont les frais d’habillement occupent une place considérable dans les dépenses domestiques: luxe sans ostentation qui recherche le confort plus que l’originalité des costumes et la nouveauté à tout prix4-. C’est en ce sens que les Génois adoptent tissus et ourrures d Orient, plus pour leur commodité et leur faible coût que par goût effréné d’exotisme. ASG. Not. cart. n° 470, ff. 99 r, 218 r; Antico Comune, Stipendiariorum Solu-aones, n° 256, ff. 206, 239. 40 J. Heers, La mode, op. cit., pp. 1101, 1103, 1105 et 1107; G. Airaldi, Studi, op. cit., pp. 63-66; ASG. Not. Cristoforo Revellino, manuale de Pietro di Fontaneggio; Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 186. 41 G. Airaldi, Studi, op. cit., pp. 69-70; ASG. Not. Donato di Chiavari 1394, doc. n° 18; N. Oikonomidès, Quelques boutiques de Constantinople au Xe siècle: prix, loyers, imposition (Cod. Patmiacus 171), dans DOP, t. 26, 1972, p. 347 et n. 12. 42 J. Day, I conti privati della famiglia Adorno, op. cit., pp. 61-62; J. Heers, Le livre de comptes de Giovanni Picamiglio, op. cit., pp. 96, 216-217, 266 et Idem, La mode, op. cit., pp. 1103-1104. 884 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE En dehors de ces modes vestimentaires et de la diffusion de quelques prénoms orientaux dans l’aristocratie marchande, les influences culturelles de l’Orient byzantin sont à Gênes extrêmement limitées. Comme leurs contemporains, les Génois recherchent avidement reliquaires et reliques. La quête commence lors de la première croisade, si l’on en croit une glose marginale du manuscrit de Caffaro, selon laquelle le « corps » de Jean-Baptiste serait parvenu à Gênes en 1098 43, et une autre annotation qui fait venir de Césarée la « sainte coupe » conservée aujourd’hui encore dans le trésor de San Lorenzo . Quoiqu’ils ne participent pas à la IVe croisade, les Génois recueillent quelques dépouilles des églises de Constantinople: en 1204, ils s’emparent d une nef rapportant des reliques envoyées par Baudouin de Flandre au pape. Malgré les protestations qu’adresse Innocent III à l’archevêque de Gênes, il n est pas certain que le destinataire ait obtenu satisfaction 4\ Il est aussi probable qu’en 1267 les Génois eurent leur part des reliques vendues par Baudouin II à Louis IX, et qui ne parvinrent jamais au roi de France46. Trois objets ont une origine byzantine probable sinon certaine. Dans le trésor de San Lorenzo, est conservé un reliquaire en forme d avant-bras, contenant des ossements de sainte Anne, et qui aurait été envoyé de Péra à Gênes au XVe siècle. Une tradition ancienne fait venir de Phocée le reliquaire d or, incrusté d’émeraudes et de rubis, connu sous le nom de croix des Zaccaria. Ticino Zaccaria s’en serait emparé à Phocée en 1308, lorsque furent dérobées les reliques provenant de Saint-Jean d’Ephèse, lors du raid de la Compagnie catalane47. L’église San Bartolomeo de Gênes conserve le célèbre Ha-ghion Mandelion, icône de la Sainte Face. La cadre qui entoure le « Volto Santo » est un travail d’orfèvrerie d’une finesse extrême et comporte dix scè- 43 De liberatione civitatum Orientis, dans Annali Genovesi, op. cit., t. I, p- 102. 44 Ibidem, p. 117, n. 3. 45 Annali genovesi, op. cit., t. II, p. 93; cf. P. E. Riant, Exuviae sacrae, op. cit., t. I, p. CCXXI; t. II, pp. 56, 275-276. 46 E. von Dobschutz, Christusbilder, Leipzig, 1899, p. 186, et C. Dufour-Bozzo, La comice del « Volto santo » di Genova, dans Cahiers archéologiques, t. XIX, 1969, p. 230, n. 17. En 1383, Simone di Solario, qui fait rédiger son testament à Licostomo, déclare qu’il possède un bras de sainte Barbara et souhaite que la relique soit remise en l’église Saint-Ambroise de Varazze, son lieu de naissance (G. Balbi - S. Raiteri, Notai genovesi, op. cit., p. 214). En 1345, Jean VI aurait donné à Rosso Doria le corps de sainte Anastasie: cf. G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 183. 47 G. Banchero, Il duomo di Genova, Gênes, 1855 et C. Marcenaro, Il museo del tesoro del duomo di Genova, Gênes (ces deux ouvrages ne m’ont pas été accessibles). Sur le raid catalan contre Phocée, cf. P. Lemerle, Uémirat d’Aydin, op. cit., p. 26, n. 1. esipirii' :*i«ï r» w :4væ Pl. XIV • La croix des Zaccaria Sanctilfimus Christi Vultus ad , Abatrarum miflus Genu.p inEcleiia oancfiBart«lomaro, il RÉSULTATS ET CONSÉQUENCES DU COMMERCE GÉNOIS 885 nés inspirées de la légende d’Abgar48. Bien que beaucoup d’incertitudes subsistent sur cette oeuvre, il est admis qu’il ne s’agit pas du Saint Suaire donné par l’émir d’Edesse et transporté à Constantinople vers 950, mais d’un travail réalisé à Constantinople au début du XIVe siècle. Selon une tradition, rapportée par l’annaliste Giustiniani en 1537, le Volto Santo aurait été donné par Jean V Paléologue à Leonardo Montaldo en 1362, en récompense de l’aide apportée par celui-ci contre les Turcs; l’icône se trouvait à Gênes en 1388, lorsque les héritiers de Leonardo Montaldo la remirent aux moines de San Bartolomeo auxquels l’avait destinée le doge, par testament rédigé en 1384. Mais, comme le remarque C. Dufour Bozzo, il s’agit plus vraisemblablement d’un vol au détriment de la cour byzantine que d’un don que ne justifieraient pas les services modestes rendus par Leonardo Montaldo à un empereur qui avait été obligé d’engager les joyaux impériaux à la Seigneurie vénitienne49. Ces appropriations d’objets de culte n’ont guère d’importance artistique, à une époque ou Gênes subit l’influence d’artistes toscans, français et espagnols. En revanche, il est étonnant de constater que la sculpture du haut Moyen Age à Gênes, représentée par des pièces provenant des monastères de San Tommaso ou de San Fruttuoso di Capodimonte, a subi des influences byzantines, sans que l’on puisse déterminer comment celles-ci se sont exercées D°. Etrange paradoxe que de voir les artistes génois prendre, à la fin du Xe siècle, des modèles à Byzance, alors que, trois siècles plus tard, c’est vers la Toscane et l’Occident que l’on se tourne, au moment où les rapports économiques avec l’Orient sont les plus intenses! L’exploitation de la Romanie n’a guère modifié le goût artistique des Génois. 48 C. Dufour-Bozzo, La Comice dei "AHON MANAHAION di Genova, Gênes, 1967 ; Idem, La cornice del « Volto Santo », op. cit.; G. Pistarino, recension du 1er travail de C. Dufour-Bozzo, dans ASLI, t. LXXXIII, n. s., t. Vili, fase. 2, 1968, pp. 379-381. 49 O. Halecki, Un empereur, op. cit., p. 229; F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., pp. 172, 176-177; C. Dufour-Bozzo a eu l’obligeance de me communiquer les conclusions de son travail sur le «Volto Santo» (sous presse). 50 C. Dufour-Bozzo, La diocesi di Genova - Corpus della Scultura Altomedievale IV, Spolète, 1966. Ainsi dans son article, Una proposta per i Capitelli di San I ommaso in Genova, dans Bollettino d’arte, sér. IV, t. 48, 1963, pp. 314-315, C. Dufour-Bozzo explique les influences byzantines relevées sur les chapiteaux de San Tommaso par l’appartenance ancienne de Gênes à la sphère culturelle de Byzance et par des rapports « précaires et épisodiques » de la Ligurie avec l’Orient byzantin avant la fin du XIe siècle. CONCLUSION Le propre des Latins est « de placer surtout leurs efforts dans la vie maritime et commerciale », écrivait Nicéphore Grégoras. Le chroniqueur byzantin constatait par là que ceux qu’il détestait menaient une politique dictée par des soucis exclusivement mercantiles. La formation et l’essor de la Romanie génoise répondent tout à fait à cette définition. Parmi toutes les républiques maritimes italiennes, Gênes est la dernière a avoir sollicité des basileis des faveurs commerciales et territoriales dans 1 empire. Dès la première croisade, la Commune avait placé tous ses espoirs dans le développement de ses fondouks en Syrie franque. Des « passages » annuels apportaient aux Latins d’Orient renforts, ravitaillement et fournitures; au retour, les riches épices venaient s’accumuler en Ligurie avant d’être revendues en Italie et Outremont. Les voyages vers Alexandrie complétaient les approvisionnements en denrées orientales. Gênes ne commence à s intéresser au marché constantinopolitain que vers 1150; le commerce alexandrin devient alors moins sûr et la Syrie franque est menacée par la réaction byzantine et le réveil zenguide. Dès lors, il s’agit de rattraper le temps perdu. L’objectif est de bénéficier des mêmes avantages que les concurrents italiens, Pisans et Vénitiens, dont la position à Constantinople est ancienne et solide. Il faut obtenir un comptoir dans la capitale même, et non dans les faubourgs, une liberté totale des échanges et l’exemption des droits de douane. Les ambitions de la politique occidentale de Manuel 1er Comnène, qui a besoin d’appuis et d’alliés en Italie, favorisent Gênes, surtout à partir du moment où le basileus expulse les Vénitiens de l’empire, pour se libérer d’une lourde sujétion économique. Les deux dernières décennies du XIIe siècle sont riches en retournements: après avoir été massacrés ou expulsés de Constantinople en 1182, les marchands génois occupent dans l’empire, sous le règne d’Alexis III, une place au moins égale à celle des Pisans et des Vénitiens; mais leurs activités restent limitées aux zones de l’Egée et des Détroits et assujetties au paiement du kommerkion, il est vrai de taux réduit. Pour Gênes, la quatrième croisade ruine des espérances qui venaient à peine de s’épanouir. Le commerce romaniote passe au pouvoir des Vénitiens, maîtres du « quart et demi » de l’empire latin. Ni la guerre, ni la piraterie, 888 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE ni les traités, ni les alliances ne réussissent à rétablir la situation antérieure à 1204. Losque les positions génoises en Terre Sainte sont ébranlées en 1256-1258, il ne reste plus qu’à passer un accord avec l’empereur schismatique de Nicée pour obtenir une revanche. La reconquête byzantine de 1261 donne à Gênes la place qu’occupait Venise. Le traité de Nymphée, dangereux pour l'indépendance économique de Byzance, est à l’origine des longues guerres qui opposent jusqu’à la fin du XIVe siècle les deux républiques maritimes, et dont l’empire est en fin de compte la victime. Car il ne s’agit plus seulement de dominer Constantinople et les Détroits; la mer Noire, grâce à la « paix mongole », s’est ouverte au commerce occidental et devient le débouché des grandes routes intercontinentales par lesquelles affluent les produits de la lointaine Asie. Le traité de Nymphée donne un essor étonnant aux activités génoises dans les régions pontiques: Gênes entend même y agir seule, dominer la mer, en écarter les « Romains » et les Vénitiens. Ces derniers se ressaisissent, mais les affrontements vénéto-génois se terminent toujours par des « paix blanches ». Les deux adversaires s’épuisent en vain à modifier un équilibre qui s’est établi à la fin du XIIIe siècle; malgré d’incessantes frictions dans les comptoirs pontiques, Génois et Vénitiens se partagent en fait le trafic. Byzance est la victime de ces concurrences commerciales et navales, surtout lorsqu’à partir du règne d’Andronic II elle ne dispose plus d’une marine de guerre pouvant rivaliser avec celle de ses hôtes souvent indésirables. Pour accroître leur part dans l’exploitation de l’empire, Génois et Vénitiens utilisent tous les moyens possibles. Les Génois font payer cher à Byzance le départ de la Compagnie catalane et se chargent d’assurer la défense des marges de l’empire, en s’en rendant maîtres pour eux-mêmes. Andronic III et Jean VI Cantacuzène semblent avoir compris que, pour briser la puissance économique génoise, il fallait disposer d’une flotte et établir de nouveaux règlements douaniers attirant vers Constantinople le trafic qui prenait la direction de Péra. La violence des réactions génoises en dit long sur la faiblesse de l’Etat byzantin, obligé de reconnaître l’autonomie de fait des établissements occidentaux acquis à ses dépens. Puis Gênes joue à sa guise des dissensions dans la famille des Paléologues pour accroître son influence, sans constater à temps qu’affaiblir le pouvoir impérial signifiait faciliter la pénétration turque dans les Balkans, l’encerclement de Constantinople et, à long terme, la disparition même des comptoirs génois. La fulgurante apparition de Timour suspend pour un temps les progrès des Osmanlis auxquels la chrétienté divisée est incapable de s’opposer. Ni la réunion des Eglises, ni les ligues antiturques n’obtiennent de résultats. Gênes, pour sa part, hésite entre une attitude de fermeté, dont on ignore le prix, et des solutions de compromis beaucoup CONCLUSION 889 plus satisfaisantes pour le maintien des intérêts commerciaux de l’aristocratie marchande. La Romanie génoise n’est en effet que le support territorial d’un vaste réseau d’affaires. Un grand nombre de comptoirs dispersés en mer Egée et en mer Noire, trois établissements d’importance — Péra, Caffa et Chio — telle apparaît à la fin du XIVe siècle la Romanie génoise, singulièrement différente de la Romanie vénitienne. Venise a en effet construit un empire d’Outre-Mer, le seul que le monde médiéval ait connu. Après une phase de pénétration économique, marquée par la création de simples comptoirs dans le monde byzantin, les Vénitiens profitèrent du succès de la quatrième croisade pour prendre sous leur contrôle des territoires entiers, comme la Crète, des chapelets d’îles, comme celles de l’Archipel, ou des escales garantissant la sécurité de leur trafic maritime. Avec le démembrement de l’empire byzantin en 1204, s’ouvre la phase impériale de l’expansion vénitienne en Orient. La Dominante mit tout en oeuvre pour maintenir cet empire qu’affecta peu la restauration byzantine de 1261. Elle brisa les révoltes de ses sujets crétois indociles, imposa partout ses cadres institutionnels et une administration fortement centralisée, sut avec vigueur combattre la concurrence génoise, en établissant en mer Egée une véritable thalassocratie et en défendant avec acharnement les positions difficilement conquises dans les régions pontiques. Elle mit au service d’une volonté tenace d’expansion territoriale et commerciale tous les moyens dont l’Etat vénitien pouvait disposer. En bref, elle sut définir une politique impérialiste cohérente et s’y tenir. Rien de tel du côté génois. A peine peut-on parler d’une véritable colonisation en Orient. La conquête de Chio, indirectement soutenue par la Commune, est une entreprise d’armateurs agissant pour leur propre compte et qui entendent bien jouir des bénéfices de leur opération navale. Elle ne s’accompagne ni d’une forte immigration latine ni d’une dense colonisation agricole. Les Mahonais ne s’intéressent qu’à la production du mastic et de l’alun et au port de Chio. Une garnison établie dans le castrum suffit pour dominer l’île; hors du Kampos, l’autorité des Mahonais est légère, sauf quand on prélève le mastic et les impôts. Les villageois grecs ne connaissent de la Mahone que les percepteurs. Au nord de Chio, l’île de Mytilène a connu une domination occidentale de même type. Quoique son histoire intérieure, au temps des Gattilusio, reste peu connue, il semble bien que cette famille d’origine génoise ait tenu l’île grâce à son admirable castrum dominant les deux baies de Mytilène et à quelques rares citadelles dans l’intérieur. En dehors de trouvailles monétaires, attestant que la vie d’échanges ne se limitait pas au port principal, les témoignages d’une quelconque colonisation latine sont inexis- 890 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE tants. En Gazarie intérieure, la situation n’est guère différente à la fin du XIVe siècle. Les conquêtes réalisées après 1365 servent à assurer les liaisons entre Caffa, Soldaïa et Cembalo, et à contrôler les routes reliant la steppe et la riviera criméenne, mieux protégée ainsi des incursions mongoles. D’après nos sources, il n’est jamais question pour les Génois de coloniser ces territoires nouvellement acquis. On se contente d’exiger la fidélité des habitants et le paiement régulier de quelques taxes, en échange d’une protection militaire plus symbolique qu’efficace. Les seuls points de contact entre les populations locales et les Latins sont les ports de la côte. Là, comme sur les autres rives du Pont et de la mer Egée, se sont développés des comptoirs et des relais, situés aux points d’aboutissement des grandes routes continentales et fluviales, et près des passages obligés des lignes de navigation. Toutes ces places, signalées d’une croix de saint Georges sur les portulans de Pietro Vesconte et de ses successeurs, sont les maillons d un réseau commercial fort étendu, maillons d’autant plus nombreux et dispersés qu ils permettent de mieux résoudre les problèmes qui se posent aux hommes d’affaires ligures au cours du XIVe siècle. Alors que l’espace pontique cesse progressivement d’être le débouché de la lointaine Asie, l’intérêt de nos marchands se porte davantage vers tous ces produits locaux ou régionaux, jamais totalement négligés, mais qui tendent à constituer l’essentiel des cargaisons. Quelques grands comptoirs comme Caffa, Tana et Trébizonde, Péra et Chio pouvaient suffire pour organiser le trafic des denrées précieuses d Orient; au contraire, la collecte des blés, des poissons, du sel, de la cire, des fourrures, impose le développement de nombreux emporia régionaux, où puissent affluer les produits d’un arrière-pays dont le contrôle direct par Gênes serait inutile et dispendieux. Une petite colonie permanente établie dans ces comptoirs suffit à assurer la régularité des échanges. Est-ce à dire qu’en raison de la nature de leurs trafics les Génois aient pu se satisfaire d’un réseau de comptoirs et renoncer délibérément à la création d’un véritable empire d’outre-mer? En fait, de toutes ces « autres Gênes », pour reprendre l’expression du poète anonyme du XIIIe siècle, la Commune a cherché à faire un ensemble cohérent, à l’image de la Romanie vénitienne. Elle n’y a jamais pleinement réussi. Une centralisation impliquait une hiérarchie des comptoirs; or celle-ci a été maintes fois remise en question. Dès le début du XIVe siècle, le consul de Caffa acquiert une totale autonomie par rapport au podestat de Péra; puis il cherche à placer sous son autorité les consuls établis dans les autres comptoirs des régions pontiques. Les liens hiérarchiques, assez rigoureux en Gazarie, le sont beaucoup moins dès que l’on s’éloigne de la côte criméenne; les représentants génois à Trébizonde et CONCLUSION 891 à Simisso ne doivent pas grand-chose à leur collègue de Caffa. Le podestat de Chio, qui défend plus les intérêts des Mahonais que ceux de la métropole, n’a aucun compte à rendre au podestat de Péra. Quant à celui-ci, il a certes droit de regard sur le consul de Sinope, mais, à cette exception près, il est à la fin du XIV siècle un général sans troupes. Tous ces comptoirs, aux liens mutuels si lâches, ont adopté toutefois les mêmes cadres institutionnels, hérités de la métropole. L’administration « coloniale » qui, en pr£s ^ cent cinquante ans, s’est beaucoup développée, est-elle devenue un facteur d’unité impériale? Consuls et podestats, pourvus d une grande autorité, accroissent leurs pouvoirs, à mesure que leur tâche augmente et se diversifie. A côté d’eux, des conseils orientent leur action, de même qu a Gênes le conseil des Anciens assiste le doge. Le grand conseil, piévu par les statuts de Péra et de Caffa, a cessé d’exister à la fin du XIVe siècle, il ne subsiste que le petit conseil, sorte de bureau permanent, aux mains de 1 aristocratie marchande, qui seconde consuls et podestats auprès desquels il fait entendre les voeux des vieilles familles coloniales. Si les notables indigènes en sont exclus, ils participent toutefois à l’une ou l’autre des multiples commissions temporaires ou permanentes, qui, sous l’autorité du plus haut magistrat colonial, prennent des décisions dans tel ou tel secteur administratif spécialisé, finances, approvisionnement ou défense. Enfin, une armée de petits fonctionnaires fait exécuter les décisions des consuls et des podestats, tandis que des mercenaires de toute provenance, sauf d’origine orientale, assurent la défense des comptoirs. Pourtant, l’accroissement du nombre des fonctionnaires n’a pas donné plus d efficacité et de cohésion à l’administration coloniale. Les Génois ont transporté outre-mer les défauts institutionnels de la métropole. Par souci d économie, beaucoup de commissions spécialisées n’ont qu’une existence éphémère, alors que leur pérennisation soulagerait la tâche des magistrats coloniaux. L’impuissance financière de l’Etat est criante: les rentrées suffisent à peine aux besoins normaux. Quand une guerre éclate, il faut recourir à de nouvelles taxes, alourdir les anciennes impositions, exiger des emprunts forcés et des contributions extraordinaires, dont le remboursement provoque 1 aliénation de ressources régulières au profit des créanciers de l’Etat. Le système des compere a gagné les comptoirs d’Orient, aggravant leurs difficultés financières, nées aussi d’une contraction des activités économiques à la fin du siècle. Du point de vue politique enfin, les comptoirs orientaux n’échappent pas totalement aux soubresauts que connaît la métropole: Péra refuse le régime guelfe en 1323, la Mahone se rebelle contre la rude domina- 892 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE lion de Boucicault. A travers ces conflits, se trouve posée surtout la question de la cohésion du système colonial génois. Dans quelle mesure Gênes a-t-elle réussi, comme Venise, à imposer sa politique à ses comptoirs orientaux, à transmettre ses ordres, à les faire appliquer et à contrôler la gestion de ses représentants outre-mer? Les concessions faites à la Mahone, les malversations des magistrats coloniaux, les contrôles irréguliers ou trop complaisants, la répétition des mêmes règles administratives, autant de preuves, parmi d’autres, de l’échec d’une centralisation que Boucicault a vainement tenté de restaurer. Comment s’en étonner, alors que la métropole impuissante à surmonter les tensions entre les grands alberghi rivaux, se donne tantôt au roi de Naples, tantôt au roi de France, tantôt à des doges dont l’unique souci est de se protéger des concurrents! L’Etat, ainsi ballotté entre des factions socio-économiques opposées, n a plus d’Etat que le nom. Il ne peut définir ni faire appliquer une politique cohé-lente. Il ne peut construire un empire d’outre-mer, faute de pouvoir exercer une autorité et une surveillance constantes sur les possessions orientales. A peine peut-il faire taire provisoirement les oppositions intestines, lorsque la politique et les flottes de Venise menacent de tout emporter: attitude purement défensive qui, en raison de l’équilibre des forces militaires et de 1 avance turque, ouvre la voie à des compromis, jamais à des avantages territoriaux de quelque ampleur. L’échec d’un empire génois d’Orient est 1 échec même de l’Etat génois. Livrés à eux-mêmes, les comptoirs orientaux, tout en héritant des défauts institutionnels de la mère-patrie, poursuivent une politique plus réaliste et plus continue: survivre dans un monde oriental en pleine effervescence et préserver les intérêts commerciaux de leurs élites. A cet égard, les comptoirs génois d’Orient sont bien d’« autres Gênes ». Quels que soient les affrontements politiques ou idéologiques, le sens des affaires et le pragmatisme commercial caractérisent leurs habitants qui ont fait de leurs villes des places marchandes singulièrement animées même à leurs heures les plus sombres. Si différente de la Romanie vénitienne par bien des aspects, la Romanie génoise est au moins, comme sa rivale, une source de prospérité pour la métropole. Cette prospérité repose sur l’exploitation économique de l’empire byzantin et des régions voisines, égéennes et pontiques. Elle est liée au déplacement des grands itinéraires continentaux et maritimes par lesquels s’organise le grand commerce entre l’Orient et l’Occident. C’est dire qu’elle a une histoire et des caractères différents selon les époques que l’on considère. Au XIIe siècle, le commerce génois s’intéresse surtout aux produits de Byzance elle- CONCLUSION 893 même. Constantinople rassemble denrées agricoles et objets de prix, réexportés ensuite vers d’autres régions de l’empire ou vers l’Occident. A partir des années 1260, de larges espaces s’ouvrent au commerce génois. Péra n’est plus qu’une étape pour des marchands qui se rendent à Tabriz et au fond de la mer de Tana, là où aboutissent les grandes routes mongoles de la soie et des épices, quand ils ne vont pas eux-mêmes s’approvisionner aux sources, dans le lointain Cathay. En même temps les Génois s’intéressent aux produits de l’agriculture, de la pêche et de la forêt. Ils mettent leurs navires au service du ravitaillement de Byzance et de Trébizonde, deviennent les intermédiaires des échanges entre les régions pontiques, l’Asie mineure, Constantinople et la péninsule balkanique. De 1260 à 1345-1350, le commerce romaniote de Gênes connaît une prospérité exceptionnelle; une communauté marchande s’établit de Khanbaligh à Londres ou à l’Ecluse, de Caffa à Gênes et même à Alexandrie, en dépit des interdits pontificaux limitant le commerce avec les Sarrasins. Vers 1350, le retournement de la conjoncture est brutal. Les routes de l’Asie mineure se ferment; celles de l’Egypte et de la Syrie tardent à se rouvrir. Des mutations s’imposent. Comment les Génois s’adaptent-ils et que devient la Romanie dans un monde d’échanges bouleversés? Comme les Vénitiens, nos marchands reprennent peu à peu la direction d’Alexandrie et de Beyrouth. Mais cela ne signifie pas pour autant que cesse l’exploitation économique de l’espace byzantin. Si les denrées précieuses de l’Orient ne comptent plus guère dans le commerce romaniote, les produits agricoles et miniers — l’alun par exemple — emplissent les cales des bateaux. D autre part, les relations interrégionales se développent: les Génois s’insinuent partout, créent de petites communautés sur les rivages pontiques, partent de Chio à la conquête des marchés micrasiatiques, exploitent tout ce qui est commercialisable. Les trois grands comptoirs d’Orient peuvent perdre, au début du XVe siècle, une partie de leur rayonnement international; ils renforcent leur rôle de marchés régionaux et développent la politique qui leur paraît convenir le mieux à la défense de leurs intérêts propres. Par là, ils s’isolent les uns des autres; ils se séparent insensiblement de la métropole qui, de plus en plus, se tourne vers l’Occident, et ne trouve jamais les moyens nécessaires pour répondre aux besoins de ses lointaines communautés orientales. Vers les années 1400, les liens demeurent encore, mais apparaissent fragiles. Dans un monde mouvant, les Génois d’Orient tirent leur épingle du jeu; ils font payer chèrement leurs services aux Byzantins, aux Tatars et aux Turcs; ils obtiennent en outre des bénéfices élevés sur des denrées achetées à vil prix sur les lieux de production et revendues au plus haut cours dans 894 L’EXPLOITATION ÉCONOMIQUE DE LA ROMANIE tout le bassin méditerranéen. Si la Romanie ne peut être politiquement considérée comme une colonie génoise, au sens moderne du terme, le commerce romaniote de Gênes revêt incontestablement des formes d’exploitation coloniale. Et c’est par là que Byzance paie lourdement le prix de l’alliance qu’elle a recherchée et maintenue avec Gênes. Avant la mainmise des Occidentaux sur l'économie byzantine, le commerce de l’empire avait toujours eu un caractère passif: les marchands russes, sarrasins, arméniens venaient trafiquer à Constantinople, alors que l’on n’a guère d’exemple d’hommes d’affaires byzantins dépassant les horizons de leur Etat. Mais alors ces marchands étrangers acquittaient le kommerkion, au taux élevé, et l’installation de foires aux frontières de l’empire permettait d’accumuler dans la capitale l’or dont une partie seulement servait à régler les achats aux étrangers. Avec les Occidentaux, et surtout les Génois, la situation change du tout au tout à partir du XIII1- siècle. Le kommerkion est supprimé en leur faveur, le ravitaillement de Constantinople passe en leurs mains, et les sujets grecs sont défavorisés par rapport aux Génois jusque dans le commerce intérieur de l’empire. L’appauvrissement de Byzance, sa dépendance à l’égard de l’étranger en résultent. En ce sens, plus que d’un processus de féodalisation qui reste à démontrer, le déclin de Byzance vient en grande partie de l’exploitation économique de la Romanie par les Génois. APPENDICES APPENDICES 897 Tableau des poids et mesures Unités usuelles 1 livre = 12 onces = 317,664 gr 1 cantare = 150 livres = 47,65 kg 1 cantare = 100 rotoli = 47,65 kg 1 rubbo = 25 livres = 7,94 kg 1 mine (pour le grain) au XIVe s. = 105,7 1. = 82,434 kg 1 mine (pour le grain) au XVIe s. = 116,53 1. = 90,895 kg 1 mine (pour le sel) = 120 à 130 kg 1 baril (pour le vin) = 50 pintes = 47,65 1. au XIVe s. 1 metreta ou mezarola = 2 barils = 95,3 1. 1 palmo = 0,2477 m 1 goda (pas) = 3 palmi = 0,743 m 1 canna = 12 palmi = 2,973 m Sicile 1 salme = 2,5 mines de Gênes = 247,302 kg Chio 1 muid (grain) = 3,06 mines de Gênes = 252,248 kg Constantinople 1 modios (grain) = 307,512 1. = 239,82 kg Péra 1 muid (grain) = 3,08 mines de Gênes = 325,555 1. = 253,89 kg Références P. Rocca, Pesi e misure, op. cit., p. 108. Ibidem. Ibidem. Ibidem. Ibidem. Guerra e Commercio, op. cit., t. I, pp. 10- 11. J. C. Hocquet, Métrologie du sel, dans Annales ESC, 1974, pp. 416-418. P. Rocca, Pesi e misure, op. cit., p. 108. Ibidem. Ibidem. Ibidem. Ibidem. F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 112, et ASG. Archivio Segreto n° 3021, 10 avril 1391. ASG. Gabella grani 1402, f. 38. E. Schilbach, Byzan-tinische Metrologie, op. cit., p. 105. F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 48 *. 26 898 APPENDICES Lieux Unités usuelles Licostomo 1 muid (grain) = 3 mines de Gènes = 247,30 kg Savastopoli 1 muid (grain) = 0,9829 modios de Constantinople = 235,719 kg Caffa 1 muid (grain) = 16 capizi = 360,97 1. = 281,51 kg Solgat 1 muid (grain) = 1,275 muid de Caffa = 358,92 kg Soldaïa 1 muid (grain) = 0,765 muid de Caffa = 215,35 kg Zichie 1 muid (grain) = 1,0285 muid de Caffa = 289,53 kg Famagouste 1 muid (grain) = 3 mines de Gênes = 247,302 kg Références ASG. Massaria Com. Ianue n° 8, f. 158 v. ASG. Caffa Massaria 1386, f. 401 r. F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, op. cit., p. 26, et ASG. Caffa Massaria 1386, f. 382v2. ASG. Caffa Massaria 1381, f. 87 v. ASG. Caffa Massaria 1386, f. 177 v. Ibidem, f. 401 v. ASG. Not. Cart. n° 321, f. 331 r. 1 Les équivalences ne sont pas sûres: E. Schilbach, op. cit., p. 105, montre que le muid de Péra est supérieur de 6 à 7 % à celui de Constantinople, alors que d’après ASG. Caffa Massaria 1386, f. 400 v l’écart serait de 9%. 2 Ce chiffre ne concorde pas avec d’autres que fournissent les registres de la Gabella grani, d’après lesquels le muid de Caffa équivaut tantôt à 3,05 mines de Gênes (251,42 kg) tantôt à 3,5 mines (288,51 kg): cf. Gabella grani 1361, f. 71 v et 1405, f. 39 v. APPENDICES 899 Les podestats de Péra (1261-1410) Années Noms Références 1264 Guglielmo Guercio Annali Genovesi, op. cit., t. IV, p. 65. 1272 Inghetto Spinola ASG. Not. cart. n° 56, f. 254 v. 1273 Oberto Sardena Annali Genovesi, op. cit., t. IV, p. 157. 1276 Gianotto Spinola E. Dalleggio d’Alessio, Le pietre sepolcrali, op. cit., n° 64. 1278 Ausuisio Spinola E. Dalleggio d’Alessio, Listes des podestats, dans REB, 1969, p. 153. 1279 Nicola Doria E. Dalleggio d’Alessio, Le pietre sepolcrali, op. cit., n° 32. 1280 Bonifacio Embriaco ASG. Not. cart. n° 40/1, f. 49 v. 1281 Giacomo Squarciafico G. I. Bratianu, Actes des notaires, op. cit., p. 105. 1284 Guideto di Negro ASG. Not. cart. n° 81, f. 106 v. 1285 Alberto Spinola ASG. Not. cart. n° 10, f. 4 v. 1286 Lamba Doria Annali Genovesi, op. cit., t. V, p. 73 et E. Dalleggio d’Alessio, Lis¬ tes, op. cit., p. 154. 1290 Percivalle Spinola ASG. Not. cart. n° 42/1, f. 26 v. 1290 Balduino Avvogario G. Bertolotto, Nuova serie, op. cit., p. 513. 1300 Bernabò Spinola L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 102. 1301-1302 Gavino Tartaro Ibidem, p. 102. 1304 novembre Rosso Doria ASG. Not. cart. n° 119. f. 10 r. 1308 Bernabò Spinola L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 113. 1313 Nicola Spinola ASG. Not. cart. n° 190/1, f. 32 v. 1315-16 Montano Je Marini L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 116. 1317 Simone Doria ASG. Not. cart. n° 280, f. 72 r. 1319 septembre Andrea Embriaco ASG. Not. cart. n° 280, f. 72 r. 900 APPENDICES Années Noms 1319-1320 Napoleone de Mari 1324 Barisone Spinola 1332 fév. Federico Spinola di Luccoli 1332-1333 Eliano Spinola 1335 Andalo de Mari 1337 Costantino Doria fin 1337-1338 Argono Spinola 1343 Eliano Spinola 1348 Benedetto de Arco 1356 Lanzaroto de Castro 1357 Bartolomeo Rosso 1361 Stefano de Mezzano 1367 Tommaso de Illionis 1376 Bartolomeo Pindeben di Vernazza 1378 Luciano di Negro 1379 Nicola de Marco 1380 Antonio de Bracelli 1382 Lorenzo Gentile 1386-87 Eliano de Camilla Raffaele Doria Références Ibidem, f. 72 r. ASG. Not. ign. B. VIII, pièce 2, fr. 4, f. 12 r. ASG. Not. cart. n° 51, f. 204 r. ASG. Not. cart. n° 280, f. 75 r. L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 123. ASG. Not. cart. n° 325/1 f. 125 r. ASG. Not. cart. n° 280, f. 77 r. ASG. Not. cart. n° 280, f. 78 v. ASG. Not. cart. n° 110, f. 226 r. E. Rossi, Le lapidi genovesi delle mura di Galata, dans ASLI, t. 56, p. 165, et L. T. Belgrano, Seconda serie, op. cit., p. 936. L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 126. Ibidem, p. 128. ASG. Not. cart. n° 375, f. 135 r. E. Dalleggio d’Alessio, Listes, op. cit., p. 154. Liber lurium, op. cit., t. II, col. 819-821. ASG. Manoscritti n° 104, f. 142 r et Not. cart. n° 400, f. 109 v. L.T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 132. E. Dalleggio d’Alessio, Listes, op. cit., p. 154. ASG. Arch. Segr. n° 497, f. 38 v. et L.T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 133. ASG. Mass. Com. Ian. n° 18, f. 33. ASG. Mass. Peire 1390 b, f. 87 r. APPENDICES 901 Années 1387 1388 novembre 1389 juillet 1390 mai-juillet septembre 1391 juillet -octobre 1392 oct. 1393 1396-97 1398 février 1399 novembre 1400 mars 1401 1402 mai 1403 janv. - sept, nov. 1404 1405 1408 oct. 1410 Noms Giovanni de Mezzano Pietro Ultramarino Pietro Ultramarino Antonio Leardo Leonardo de Rosio Domenico Doria Brancaleone Grillo Nicola di Zoagli Dorino Usodimare Luchino de Bonavey Gentile Grimaldi Tommaso Imperiale Tommaso Imperiale Tommaso Imperiale Lodisio Bavoso Lodisio Bavoso Bartolomeo Rosso Gianotto Lomellini Gregorio Cigala Giovanni Sauli Giovanni Botto Napoleone Saivago Niccolò di Moneglia Tommaso di Campofregoso Références L. T. Belgrano, Lapidi dei Genovesi, op. cit., p. 325 et Prima serie, op. cit., p. 145. ASG. Mag. Rat. n° 100, f. 61 r. ASG. Mag. Rat. n° 101, f. 35 r. Ibidem, f. 136 v. ASG. Mass. Peire 1390 b, f. 55 r. Uh;*:: ' ASG. Mag. Rat. n° 102, f. 39 r. ASG. Mass. Peire 1391, f. 171. ASG. Mass. Peire 1390, f. 56; ASG. Mass. Peire 1391, f. 1. ASG. Mass. Peire 1391, f. 65. L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 175 et E. Rossi, Le lapidi, op. cit., p. 146. ASG. Not. filza n° 487, d. 23; Arch. Segr. n° 3021, 22/5/1398. ASG. Arch. Segr. n° 500, f. 25 v. ASG. Mass. Peire 1402, f. 50 v. ASG. Sindicamenta Peire, t. II, f. 52 v. Ibidem, t. I, f. 1-7. Ibidem, t. II, f. 13. Ibidem, t. II, f. 2. Ibidem, t. II, f. 2. Ibidem, t. II, f. 20 r. ASG. Arch. Segr. n° 501, f. 60 v. L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 181. ASG. Arch. Segr. n° 501, f. 158 r et L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 182. ASG. Not. ign. B. O bis, 27 nov. 1408. L. T. Belgrano, Prima serie, op. cit., p. 183. 902 APPENDICES Années 1284 avant 1289 1289 1290 1335 1343 1344 v. 1357 1357 1358 1365 1369 1373 1374-1375 1380 1381 1382 1383 1384 1385-1386 1386-1387 Liste des consuls génois de Caffa (1284-1410) Noms Lucheto Gambono Alberto Spinola Paolino Doria Oliverio Doria Antonio Pezono Carloto Grimaldi Dondedeo de Iusto Gotifredo di Zoagli Guglielmo de Fumo Enrico de Gregorio Bartolomeo de Iacopo Tedisio Fieschi Aimone Grimaldi Giuliano de Castro Giannono de Bosco Iuanixius de Mari Pietro Cazano Giacomo Spinola Pietro Cazano Benedetto Grimaldi Giovanni de Innocentibus Références ASG. Not. cart. n° 128, f. 86 r. M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 55. Annali Genovesi, op. cit., t. 5, p. 95. M. Balard, Gênes et l’Outre-Mer, op. cit., doc. n° 467. ASG. Not. cart. n° 309/1, f. 108 v. G. Balbi, Notai genovesi, op. cit., doc. n° 65. Ibidem, doc. n° 66. G. Stella, Annales Genuenses, op. cit., p. 156. ASG. Antico Comune, Magistrorum rationalium n° 52, f. 52. Ibidem, f. 52. G. Stella, Annales Genuenses, cit., p. 159. ASG. Mag. rationalium, n° 55, f. 25 v. ASG. Caffa Massaria 1374, f. 161 v. Ìbidem, f. 188 r. ASG. Caffa Massaria 1381, f. 402 r. ASG. Not. ign. B. XXIV. ASG. Caffa Massaria 1381, f. 1 r. E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 55. Ibidem, p. 49. ASG. Caffa Massaria 1386, f. 191 r. Ibidem, f. 47 v. APPENDICES 903 Années 1388-1389 1390 1392 1395 1399-1400 1401-1402 1402-1403 1404 1410 Date avant 1390 1390 1391 1392 avant déc. 1401 déc. 1401-janv. 1403 mars 1403 Noms Antonio de Marini Gentile Grimaldi Giovanni de Montessoro Eliano Centurione Antonio de Marini Inoffio Piccamiglio Rabella de Franciscis Costantino Lercari Giorgio Adorno Références ASG. Not. cart. n° 321, f. 91 v. ASG. Antico Comune, Magistrorum Rationalium n° 102, f. 37 r. ASG. Peire Massaria 1391, f. 86. Ph. P. Argenti, The occupation oj Chios, op. cit., t. II, p. 141. ASG. Arch. Segreto n° 500, f. 37 v. ASG. Sindicamenta Peire, f. 1. ASG. Arch. Segr. n° 501, f. 8 r. Ibidem, f. 60 v. ASG. Caffa Massaria 1410, f. 1 r. Les consuls génois de Sinope Noms Antonio Giribaldo Paolo di Castiglione Paolo Griffioto Raffaele di Albaro Filippo de Corsio Paolo de Montenigro Agostino Ricio Benedetto Cibo Giovanni Spinola Références ASG. Peire Mass., 1390 bis, f. 3 v, 5 v. ASG. Peire Mass., 1390, f. 168 v. Ibidem, f. 174 r. ASG. Peire Mass., 1391, f. 182. ASG. Peire Mass., 1402, f. 90 v; Ibidem, f. 201 v. ASG. Sindicamenta Peire, f. 128 r. et Peire Mass., 1402, f. 242 v. ASG. Peire Mass., 1402, f. 50 v; Ibidem, f. 132 v. 904 APPENDICES Date 1371 1374-75 1378 1380-81 1381-82 1385 1385-86 1386-87 1387-88 1388-89 1392 1394 1398 1400 1404 1408 1409 consuls génois de Soldaïa jusqu’au début du XVe SIÈCLE Noms Leonardo Tartaro Lodisio di Montaldo Raffaele Doria Raffaele Ultramarino Bartolomeo Grillo Giacomo Torsello Federico Astaguerra Rogerio di Savignone Giovanni Marcono Battista di Zoagli Pasquale Giudice Baldo de Guarco Antonio Lercari Filippo Marchesano Corrado Cigala Babilano Saivago Luchino Fieschi Rérérences E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 107. ASG. Caffa Mass., 1374, f. 329 v. E. Skrzinskaja, Iscrizioni genovesi di Sudak, dans Miscellanea Storica ligure III, Gênes, 19,63, pp. 60-61. ASG. Caffa Mass., 1381, f. 409 v. Ibidem. E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 108. ASG. Caffa Mass., 1386, f. 351 r. Ibidem, f. 455 v. E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 111. Ibidem, p. 112. Ibidem, p. 114. Ibidem, p. 115. ASG. Arch. Segreto n° 498, f. 178 v. ASG. Antico Comune n° 336. E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 117. ASG. Arch. Segreto n° 502, f. 23 r. E. Skrzinska, Inscriptions latines, op. cit., p. 118. APPENDICES 905 ORIGINES DES ÉMIGRANTS LIGURES INSTALLÉS A CHIO (1380-1410) GÊNES: « Contrade » et « Conestagie » Carignano 1 Croce 1 Platea 1 Porta 1 S. Biagio 1 S. Martino 1 S. Matteo 1 S. Stefano 1 S. Teodoro 1 La Banlieue Coronata 2 Aggio 1 Albaro 3 Fegino 1 Bavari 2 Nervi 2 Multedo 1 Molassana 3 Quarto 3 Pegli 1 Murta 4 Quinto 1 Sampierdarena 2 Pino 2 Sestri P. 2 Promontorio 4 Veltri 6 Struppa 1 Riviera du Ponent La mer La montagne Albenga 2 Cairo 1 Andora 2 Montechiaro 1 Celle 1 Montalto 2 Cervo 2 Pareto 1 Diano 2 Rezzo 2 Finale 4 Rocchetta 1 Monaco 1 Sassello 1 Noli 4 Spigno 1 Porto Maurizio 1 Savone 14 Toirano 1 Vintimille 2 906 APPENDICES Riviera du Levant La mer La montagne Camogli 1 Bozzolo 2 Caperana 3 Godano 2 Chiavari 1 Pignone 1 Corniglia 1 Pontremoli 4 Lavagna 2 Roccatagliata 1 Levanto 5 Rondanina 1 M°neglia 3 Testana 1 Passano 3 Tortiglia 1 P*eve 1 Uscio 1 Portofino 6 Zignag0 x Portovenere 2 Rapallo 5 Recco 2 Sestri Levante 2 Vernazza 3 Zoagli 4 Apennin au Nord de Gênes Campo 4 Persi 1 Sant’Olcese 4 Savignone 3 Voltaggio 3 APPENDICES 907 La flotte de Caffa en 1289-1290 Nom du Tonnage Références bateau (en tonnes Type Noms des patrons métriques) San Luca Mugetto San Michele San Donato San Niccolò Sant’Andrea San Giovannino San Giuliano San Giorgio San Francesco San Salvatore 98 152 Taride Giacomo di Albaro Luchetto Fontana Linh Vivaldino Lavaggio Taride 428 Nef Fulcone di Albenga Nicoleta di Albenga Manuele Figallo Bianca Balbo de Castro Taride Simone Fulcherio Bragita Taride Corrado Ceba Rollando di Pegli Taride Gualterio di Arenzano Bigetto di Varazze Taride Niccolò di Quarto Carrocio Linh Ansaldo Maniavacca Giannino di Prè Linh Niccolò Lomellini Nef Benedetto di Albaro Galvano Gecio Taride Giannino della Valle Bucius Bonifacio Piccamiglio Pagano di Savignone Nef Barthélémy de Lovel Galère Andrea de Mari Linh Leonardo di Rivarolo Taride Niccolò Ceba Bonifacio Grillo Ughetto di Sestri Lev. Taride Giacomo di Augusta Taride Manuele Marciano Linh Guiotto Torrello Linh Buonsignore Caffaraino puis Giacoma di S. Remo Galère Baliano della Porta Niccolò Gallo M. Balard, Gênes et l’Ou-tre-Mer, op. cit., doc. n° 1. doc. n° 5. doc. n° 27. doc. n° 671. doc. n° 48 et 412. doc. n° 71, 110. doc. n° 107. doc. n° 438. doc. n° 442. doc. n° 837. doc. n° 585 et 586. doc. n° 220. doc. n° 244. doc. n° 333. doc. n° 664 et 667. doc. n° 750 et 751. doc. n° 346 et 365. doc. n° 471. doc. n° 668. doc. n° 876 et 877. doc. n° 467, 615, 617. doc. n° 470, 478. 908 APPENDICES Nom du Tonnage bateau (en tonnes Type Noms des patrons Références métriques) 281 Taride Niccolò di Tommaso doc. n° 168, 169 et 410. Cardinale Bonaventura Alberto Malocello Linh Romanino di Camogli doc. n° 626. Linh Federico Salvago doc. n° 740. Francesco di Mangano Sant’Antonio 197 Sandal Bigetto di Varazze doc. n° 502. ' Linh Giovanni Piccamiglio doc. n° 501. Giovanni Canecha Linh Giovanni Garibo doc. n° 526. Nef Buonsignore CaÉfaraino Giacomo di San Remo doc. n° 639. Benedetto di Albaro 288 Nef Minnaldo di Negro doc. n° 666. Linh Stefano di Chiavari doc. n° 788. Palamide et Giacomino Boiachese San Giovanni Galère Oglerio Mabilia doc. n° 72, 148, 151, 152. Manuele Zaccaria Caccianemico della Volta 112 Linh Bonifacio Tornello doc. n° 843. Pietro di Omodeo di Chiavari San Guiforte p ? doc. n° 529. Santa Maria Taride Francesco di Quarto doc. n° 629. Linh Niccolò Macia doc. n° 724. San Pietro 138 Nef Raffo Maniavacca doc. n° 647, 654 et 816. Rollando di Pegli San Matteo 500 Nef Bianca Balbo de Castro doc. n° 886. 197 Galère Nef Linh Linh Galère Galère Taride Manuele Figallo Montano Squarciafico Andrea di Pagano Oberto di Vigaiano Guglielmo Lercari Bonifacio Grillo Sardo Barborino Niccolò et Tedisio Doria Lanfranco Spinola Vivaldo Lavaggio Sorleone della Croce doc. n° 7. doc. n* 37. doc. n° 65. doc. n° 64. doc. n° 149 et 799. doc. n° 149. doc. n° 230. APPENDICES 909 Nom du Tonnage bateau (en tonnes Type Noms des patrons Références métriques) ? Linh Jean Pallamides doc. n° 254. ? Nef Raffaele Embriaco doc. n° 278. ? Galère Guglielmo Ferrari doc. n° 461. ? 225 Taride Inghetto della Volta doc. n° 477. Daniele Grillo ? 197 Linh Bernardo Zabarrio doc. n° 505. p Nef Giacomo di Ugolino doc. n° 58. ? Galère Raffo Muscula doc. n° 203. ? Nef Andrea Bestagno doc. n° 858. ? Linh Giacomo Moaldo doc. n° 680. ? Nef Enrico et Guglielmo di doc. n° 755 et 835. Camesana ? Linh Manuele di Bonifacio doc. n° 903. ? Nef Riccobono di Finale doc. n° 625. Giovanni di Casaleto ' 0 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 912 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ABRÉVIATIONS USUELLES Annales ESC Annales. Économies Sociétés Civilisations. ASG Archives d’État de Gênes. ASG. Not. Archives d’État de Gênes. Fonds notarial (Sezione Notai). ASG. Not. ign. Archives d’État de Gênes. Dossiers des notaires « inconnus ». ASG. SG Archives d’État de Gênes. Archives du Banco di San Giorgio. ASI Archivio Storico Italiano. ASEI Atti della Società ligure di Storia patria. AS. Prato Archives d’État de Prato. Archives Datini. AS. Venise Archives d’État de Venise. B. « Busta » (dossier). BZ Byzantinische Zeitschrift. cart- « cartolare » (minutier notarial) c°h colonne. OOP Dumbarton Oaks Papers. EEBS ’Etcsttjpîç 'ETcapeîocç tmv BoÇocvtivcov SttouSwv, Athènes, f- folio, fr- fragment. JESHO Journal of Economie and Social History of the Orient. Mass. Massaria (Trésorerie) de Péra, de Caffa. MEFR Mélanges d’Archéologie et d’Histoire publiés par l’École Française de Rome. MGH Monumenta Germaniae Historica. Scriptores. MHP Monumenta Historiae Patriae. n. note. n° numéro, n.s. nouvelle série. P.G. j. Migne, Patrologiae cursus completus. Series graeca. REB Revue des Études byzantines. RHC Recueil des Historiens des Croisades. RIS L. A. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores. ROL Revue de l'Orient latin. SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 913 SOURCES MANUSCRITES 1° - Archives d’état de Gênes (abrégé ASG.). a/ Manoscritti et Membranacei. — n° 102, 103, 104: documents variés des XIIIe et XIVe siècles, d’origine notariale. — Liber Jurium II et VIII: recueils de conventions et traités, en partie inédits. — Regule Consulum callegarum n° 78: législation douanière du XIVe siècle. — Officium Monetae n° 856, 857, 858: magistrature financière créée au début du XVe siècle. — Sommario delle materie contenute nei registri Diversorum Comunis ]anue dal 1373 al 1405, n° 673: rubrique composée au début du XVe siècle. b/ Archivio Segreto. — Diversorum negotiorum cancellarie ducalis Comunis Janue (abrégé Diversorum negotiorum), registres n° 496 (1380), 497 (1382), 498 (1398), 499 (1399), 500 (1399), 501 (1403-1405): minutes des réunions du doge et du conseil des Anciens. — Diversorum Comunis Janue 1375-1409, n° 3021: délibérations diverses. — Materie politiche, Buste 1 à 11: originaux des traités passés par la Commune. c/ Antico Comune (Voir désormais le livre de V. Polonio, L‘amministrazione della res publica genovese fra Tre e Quattrocento. L’archivio «.Antico Comune», dans AS LI, t. XCI, n. s., XVII, 1, 1977. — Massaria Comunis Janue, registres n° 1 à 32 (1340-1407): comptabilité de la Commune. — Magistrorum rationalium introytus et exitus, registres n° 44 (1340) à 61 (1395): comptabilité de la Commune. — Magistrorum rationalium debitores, registres n° 62-64 (1364-1387-1408): contrôle de la comptabilité de la Commune par les « maîtres rationaux ». — Magistrorum rationalium sententie, registres n° 65 à 88 (1354 à 1402): contrôle de la comptabilité. — Magistrorum rationalium apodixiae, registres n° 97 à 104 (1378 à 1399): contrôle de la comptabilité. — Ambasciatorum expensae, registres n° 116 à 122 (1367 à 1403): dépenses des am-bassades — Officium victualium, registres n° 139 à 155 (1378-1379 à 1403-1406): magistrature s’occupant des approvisionnements. — Salvatores portus et moduli, registres n° 191 à 205 (1350 à 1394): magistrature s’occupant du port et des fournitures navales. _ Darsinae Massaria, registres n» 206 à 213 (1357 à 1402): comptabilité des arsenaux maritimes. 27 914 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE — Officium Guerre, registres n° 215 à 227 (1351 à 1382): magistrature s’occupant des armements et des fortifications. —. Stipendiariorum Officii introytus et exitus, registres n° 228 à 243 (1353 à 1401): registres d’enrôlement de mercenaires. — Galearum solutiones, registres n° 628 à 664 (1351 à 1405): paiements effectués pour l’armement des galères de la Commune. — Galearum introytus et exitus, registres n° 690 à 730 (1351 à 1404): comptabilité tenue pour l’enrôlement des équipages. — Massaria Comunis Peire (abrégé Peire Massaria) 1391, registre n° 22: comptabilité de Péra. d/ Compere Mutui. — Comperae magnae salis introytus et exitus, registres n° 135 à 151 (1342 à 1391), nouveau classement. — Comperae magnae mutuorum veterum introytus et exitus registres n° 545 à 560 (1349 à 1406), nouveau classement. — Comperae magnae pacis introytus et exitus, registres n° 824 à 846 (1343 à 1393) et Comperae salis et pacis introytus et exitus n° 847 à 857 (1394 à 1409), nouveau classement. — Compera S. Pétri, registres n° 1426 à 1430 (1398 à 1406), nouveau classement. — Miscellanea di compere diverse, n° 1935 à 1964 (1394 à 1405), nouveau classement. — Compera vetus Mahone Cipri, registres n° 1512 à 1516 (1394 à 1405), nouveau classement. — Compera nova Mahone Cipri, registres n° 1520 à 1524 (1403 à 1427), nouveau classement. — Visitatorum Officium, registres n° 977 à 996 (1342 à 1408), nouveau classement. — Comperae magnae Venetorum introytus et exitus, registres n° 1067 à 1070 (1356 à 1430), nouveau classement. — Comperae veteris S. Pauli introytus et exitus, registres n° 1190 à 1204 (1378 à 1405), nouveau classement. Ces divers fonds ont fait l’objet, depuis notre travail aux Archives de Gênes, d’une réorganisation totale par D. Giofïrè: Il debito pubblico genovese, Milan, 1967: voir cet ouvrage pour la description de chacun des fonds. e/ San Giorgio. — Salle 34/45, Peire Massaria 1390, 1390 bis, 1402: comptabilité de Péra. — Salle 34/39, Caffa Massaria 1374, 1381, 1386: comptabilité de Caffa. — Salle 37/26, Gabella grani, registres des années 1361, 1384, 1402, 1405, 1408: taxes sur les importations de grains à Gênes. f/ Archivio notarile. Ont été dépouillés tous les minutiers notariaux des XIIe et XIIIe siècles, tant les minutiers inventoriés que le dossiers (Buste) des Notai ignoti (150 registres). Pour le XIVe et les premières années du XVe siècle, notre dépouillement a porté sur environ les deux tiers des minutiers inventoriés (450) et des Buste des Notai ignoti (plusieurs séries successives: 1 à 29, I à XXIV, puis A, A bis, B, B bis etc....). SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 915 2° - Bibliothèque universitaire de Gênes. Manoscritti E VII, 9 (copies d’actes intéressant l’Orient). 3° - Bibliothèque municipale Berio de Gênes. Manoscritti m.r. I, 1-21: Istoria di Scio. Manosdritti F ant. m.r. V I, 1, 16: acquisitio insule Mitileni. 4° - Archives Datini de Prato (abrégé AS. Prato). Carteggio n° 505 à 521: correspondance envoyée de Gênes à Pise par les facteurs de Francesco di Marco Datini de 1383 à 1401. - Carteggio n° 648, 658, 704, 733, 734, 735, 754, 783: correspondance envoyée de Gênes à Florence et correspondance diverse. Busta n° 1171: lettres de chargement. Quaderno di ricevute delle balle n° 378: reçus de marchandises transportées de Gênes à Pise. 5° - Archives d’état de Venise (abrégé A.S.V.). Cancelleria inferiore B. 19: actes du notaire Benedetto Bianco, instrumentés à Tana de 1359 à 1363. B. 117: actes du notaire Medico Lucio, instrumentés à Tana de 1362 à 1367. B. 117: actes du notaire Marco Morello, instrumentés à Caffa en 1358. B. 132: actes du notaire Niccolò prete di S. Silvestro, instrumentés à Trébizonde en 1411-1412. 916 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE I. - PUBLICATIONS DE SOURCES Aboulfeda, Géographie, éd. J.T. Reinaud, 2 vol., Paris, 1848. Acropolite (G.), Historia, éd. Bonn, 1837, éd. A. Heisenberg, Leipzig, 1903. Adam (G.), De modo Sarracenos extirpandi, dans Recueil des Historiens des Croisades, Documents arméniens, t. II, Paris, 1906. Adler (M.N.), The itinerary of Benjamin of Tudela, Londra, 1907. Airaldi (G.), Studi e documenti su Genova e l’Oltremare, Gênes, 1974. Al-Umari, Voyages des yeux dans les Royaumes de différentes contrées, dans Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du Roi, t. XIII, Paris, 1838. Annales ecclesiastici ab anno MCXCVIII, éd. Odoricus Raynaldus, Lucques, 1/47. Annali genovesi di Caffaro e dei suoi continuatori, éd. L.T. Belgrano et C. Imperiale di Sant’Angelo, 5 vol., Rome, 1890-1929. Anonimo Genovese, Poesie, éd. L. Cocito, Rome, 1970. Argenti (Ph. P.) et S. 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Adorno, 251, 252, 253, 261, 262, 640, 728, 730; Antoniotto, 436, 488; Badasa-le, 154, 425, 429; Battista, 380; Costantino, 623; Gabriele, 260, 633; Meliado, 670. Adrien IV (pape), 23. Agélasto (famille grecque de Chio), 274, 345, 346; Georges, 276, 345, 435. Agimachomet (seigneur de Solgat), 460. Alains, 155, 212, 287, 288, 299, 337, 709, 759, 793, 799, 801. Alamanopoulos, Girardus, 35. Alamanus, Moises, 281. Alba, Giovanni di, 296. Albanais, 798, 799, 800. Albaro, Benedetto di, 340, 755; Raffaele di, 131, 336. Albenga, Fulcone di, 579; Giacomo di, 451. Alexandre III (pape), 25, 27. Alexis (protosébaste), 32. Alexis Ier Comnène (basileus), 14, 18, 19, 20, 587. Alexis II Comnène (basileus), 31, 32. Alexis III Ange (basileus), 36, 37, 38, 40, 41, 181, 269, 589, 887. Alexis IV Ange (basileus), 37. Alexis II (empereur de Trébizonde), 135, 136. Alexis III (empereur de Trébizonde), 137, 665. Ali bey (seigneur de Qaraman), 97. Ali pacha (envoyé turc), 97. Allemagne, Domenico d’, 324, 472. Allineriis, Ettore di, 427- Almohades, 770. Alparius, Percival, 230. Alphonse III (roi d’Aragon), 789. Al-Umari, 170. Alyattès, Alexis, 776. Amannati (de Pistoia), 730, 863. Amastridos, Joseph (métropolite de Chio), 324. Amaury Ier (roi de Jérusalem), 26. Amédée VI de Savoie, 85, 91. Amédée Vili de Savoie, 103. Andrea (drogman), 138; Martino di, 261. Andronic Ie1' Comnène (basileus), 32, 33, 34, 38, 110. Andronic II Paléologue (basileus), 55. 57, 59, 60, 61, 62-68, 119, 120, 171, 184, 186, 196, 312, 322, 437, 466, 491, 544, 569, 591, 594, 619, 649, 656, 709, 756, 757, 850, 888. Andronic III Paléologue (basileus), 57, 66-75, 82, 83, 121, 163, 169, 171, 188, 259, 345, 466, 469, 470, 656, 757, 778, 888. Andronic IV Paléologue (basileus), 87-90, 92, 94, 95, 437, 594, 657, 758. Angelina, Cali, 438. Angelino (banquier), 118. Angelo, Maffeo de, 429; Raffaele de, 595. Angelos (despote), 106. Angevins de Naples, 15, 50-55, 57, 67, 464, 646, 669, 672, 682. Anne Comnène (fille d’Alexis Ier), 17, 18, 19. Anne de Savoie (impératrice régente), 71, 74-79, 81, 122, 123, 437, 463, 466, 469, 656. Ansaldo, Ansaldo di, 432. Antipapas (interprète grec), 147. Apokaukos (dignitaire byzantin), 72, 77, 78. 954 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Aquilée (patriarche d’), 89. Arabes, 320, 719, 728, 870. Arangio (famille membre de la Mahone), 260, 261; Francesco, 226, 313. Archerio, Angelo, 324, 435. Archevêque de Gênes, 21, 23, 25, 35, 517, 884. Ardimento, Antonio, 425; Argono, 425. Arenzano, Ambrogio Bernichono di, 306; Giovanni Todesco di,.760. Argenti (famille grecque de Chio), Antonius, 336; Baptistus, 274; Julianus, 274; Leonidas, 274; Pietro, 336; Vaxili 274 346, 705. Argoun (khan mongol), 58, 134 139 728 860. Arméniens, 8, 137, 148,155,179,198 ,200, 204, 214, 215, 230, 256; 269, 272, 274, 279, 283-285, 291, 296,’299, 302, 308, 310, 311, 314, 316, 317, 320, 321, 326, 327, 328, 334, 337, 338, 351, 352, 353^ 398, 403, 414, 418, 436, 442, 443, 451, 545, 546, 561, 572, 702, 709, 733, 737, 739, 759, 784, 793-794, 795, 799, 801, 862, 881, 882, 894. Arnaldo, Guglielmo di, 31. Arpano, Paolo, 423. Arsegni, Constantinus, 271. Asan, Irène, 72. Asti, Crescino d’, 200; Milano d’, 298; Samuele d’, 266, 315. Athanase Ier (patriarche de Constantinople), 64, 65, 757, 854. Augustino, Nicoloso, 48. Auramisera, Cristodorus de, 375. Avafìsto, Sergi, 331. Avvocato, Franceschino, 755; Pietro, 48. Avvogario, Pietro, 541. Axuch, Alexis (envoyé byzantin), 24, 27. Ayna (envoyé mongol), 457. Baaderi, habitant de Caffa, 199. Bachermo, Lanfranco, 745. Badinella, Lorenzo, 736, 741, 760. Badoer, Giacomo, 783. Bagador (envoyé turc), 97. Bagnara, Branca de (notaire), 637. Baiacanis, habitant de Péra, 231. Baiacharonus, Mohamed, 317. Baialardo, Ansaldo, 872. Bajazet (sultan ottoman), 8, 88, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 150, 192, 307, 342, 364, 395, 396, 401, 407, 40S, 452, 467, 471, 472, 475, 544, 637, 688, 762, 781, 798, 858. Balaban (envoyé turc), 97. Balayrono Ferrer (marchand catalan), 832. Balbi, Giovanni (notaire), 249, 275, 280, 435, 483. Balbo, 235; Simone, 369. Banca (de), famille membre de la Mahone, 261. Bapicio, Giovanni (évêque de Chio), 324, 881. Barbarigo, Andrea (marchand vénitien), 739. Barbaro, Giosaphat (voyageur vénitien), 707, 708. Barbiere, Giovanni, 529. Barca, Guglielmo, 21. Barcelai, Isac, 278. Bardi, Giovanni (notaire), 222, 249, 471, 636. Bardi, compagnie florentine, 666. Barlaria, Andrea, 144; Percival, 230. Baronus, maître (Juif de Péra), 278, 350. Bartolomeo, Andriolo di, 374; Germano di, 366; Oberto di (notaire), 152, 720. Basile II (basileus), 6. Basso, Andalò, 155, 707, 793, 846; Andriolo, 827; Ostiano, 783. Battosi, compagnie lucquoise, 862. Baudouin de Flandre (empereur latin de Constantinople), 884. Baudoin II (empereur latin de Constantinople), 46, 884. Bavière, Louis de (empereur germanique), 68. Bavoso, Lodisio, 198, 329, 365-366, 480, 483. Beccorosso, Aldo, 231. Bechi^nono, Bernabò, 878; Galeotto, 878; Niccolò, 592. Beiaminus (Juif de Chio), 331. Bekkos, Jean (patriarche de Constantinople), 53. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 955 Bellignano, Dexerino di, 442, 841; Niccolò di (notaire), 210, 370, 371, 380, 435. Beltrame, Niccolò (notaire), 205, 206, 248, 258, 266, 298, 321, 371; tailleur à Péra, 183. Bembo, Marco (baile vénitien de Constantinople), 60. Benedetto, Francesco di, 155. Benesia, Battista 'di, 707; Oberto di, 877. Benoit XII (pape), 74. Benvenuto, Guglielmo, 819; Niccolò, 366. Berdi, Coia (envoyé mongol), 457. Berdibeg (khan du Kiptchak), 86, 150, 154, 155, 158. Berengerio (marchand de Majorque), 831. Bergogno, Baldizzo di, 107. Berké-khan (khan du Kiptchak), 115, 659, 660. Bernardini, compagnie lucquoise, 862. Bernardo, habitant de Péra, 265. Bernichono, Ambrogio, 305, 306. Bertolotto, habitant de Péra, 265. Bertono, Giovanni di, 140. Besacia, Gianotto, 667; Raimondo, 435; famille, 253. Bestagno, 728, 773, 776; Domenico, 151; Giovanni, 429; Guglielmo, 429. Bianco, Benedetto (notaire vénitien), 76, 154, 300, 796, 819, 826, 845; Giovannino, 530. Biezdzfedea, Broniovius de (voyageur polonais), 157. Biringuccio, Vannuccio, 769. Blanes, Guglielmo (marchand de Valence), 310. Blaxia, Paganino di, 760. Bobbio, Giovanni di, 237; Pietro di, 737. Bocacio, Niccolò, 152. Boccanegra, 130, 527; Guglielmo, 43, 45, 47; Marino, 44, 47, 541; Ottobuono, 564, 756; Rainerio, 756; Simone, 73, 527. Boga, Segurano, 399. Bohémond (prince normand), 19. Boleto, Ribaldo, 616. Bologne^ Giovannino de, 474. Bon, Giovanni, 301; Stefano, 791. Bonacia, Andriolo, 151. Bonavei (ou Bonavey), Luchino de, 190, 417, 747. Bonaventura, 231; Lorenzo, 530; Marchisio, 551. Bonavita, Samaria, 283, 336. Boneto, Mondino, 537. Boniface Vili (pape), 59. Bono, Ambrogio, 399. Bonoiohane, Tommaso di, 819. Bonsegno, Vidal de (Juif de Chio), 281. Bontempo, Giacomo, 147. Bonusannus, habitant de Péra, 231. Bonushomo, habitant de Péra, 231. Borborino, Lanfranco, 541. Bosco, Giannono, 93, 370. Bosono, Niccolò, 343. Botaniate (palais de), 111, 112, 181, 589. Boucicault (gouverneur français de Gênes), 8, 99, 100, 103, 172, 193, 195, 330, 342, 357, 365, 367, 373, 379, 380, 394, 396, 416, 452, 456, 462, 472, 483, 484, 485, 488, 488, 489, 492, 493, 542, 583, 595, 597, 638, 817, 823, 830, 835, 892. Bozzolo, Domenico di, 586. Bracellis, Giorgio de, 96; Paganino de, 313; Pellegrino de (notaire), 744. Branas, Alexis (dignitaire byzantin), 34. Branchaleonus, Saladinus, 230. Brescia, Oberto di, 270. Biondo, Giorgio, 429. Broquière, Bertrandon de la, 114, 194, 195. Bocuccio, Raffeto, 720. Bufferio, Antoniotto, 429; famille, 234. Bulgaro, Simone de, 530; famille, 258. Buondelmonti, Cristoforo, 190, 742. Burlamacchi, compagnie lucquoise, 729. Burone, 505, 523, 678; Guglielmo, 463. Buscarino, Dexerino, 747. Buzotus, Colla, 309. Cabasilas, Manuel (patron de navire byzantin), 337, 758, 760. Cacanachi, Iohanes (Juif de Caffa), 279. Cachador (tudun à Caffa), 286. Caffaraino, Buonsignore, 199, 200, 236, 339-341, 530, 548, 579, 623, 641, 709, 710, 881. 956 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Caffaro (annaliste génois), 17, 18, 19, 21, 24, 26, 107, 108, 115, 116, 234, 884. Caito, Andriolo (notaire), 636. Calario, Domenico, 300. Caligepalio, Luchino, 316. Calo, maître (Juif de Péra), 278, 335. Calocetos (envoyé byzantin), 98. Calocetus, Théodore (banquier grec de Chio), 276, 347. Calogeri, Elias (Juif de Chio), 283. Calvo, Francesco, 426; Giacomo, 734; Luchino, 425, 426; Pietro, 872; Piper, 866; Simone, 48. Camilla, Carloto di, 740; Eliano di, 89, 92, 441; Franceschino di, 50, 51, 116; famille, 235, 259. Camogli, Giovannino di, 299; Margherita di, 255. Campanario, Giovanni, 537, 560. Campi (ou de Campis), Andreolo de, 260; Carlo de, 430; Domenico de, 275; Facino de, 609; Francesco de, 152; famille, 527. Campofregoso, Bartolomeo di, 408; Giacomo di, 483; Pietro di, 87, 542, 582; Rollando di, 488; Venerio di, 260; famille, 260. Campremoldo, compagnie piacentine, 864. Canella, Giuliano, 220, 442. Caneto, Niccolò di, 260, 408, 422. Canevario, Giovanni, 48. Canichios (envoyé byzantin), 61. Carena, Antonio, 828; Gabriele, 422. Carignano, Giovanni di, 374. Cario, Giacomo di, 369. Carmadino, Benedetto di, 297; Simone di, 168. Carpina, Bernabò di, 146, 147. Carrare, Francesco de, 89, 90. Carretto, 240, 818; Bonifacio del, 622, 679. Carvo, Raffaele di, 823. Carvogni, Michali (Grec de Chio), 275. Casanova, Tommaso di (notaire), 623. Casatiani, Melica (Juive de Péra), 305. Casavecchia, Filippo di, 865. Casellis, Oberto de, 529. Cassan (ambassadeur turc), 97. Cassan Bassa (envoyé turc), 97. Cassano, Lanfranco, 48. Cassina, Percivalle, 300, 434. Castagna, Percivalle, 139; Ugolino, 168. Castello, 232; Bianca Balbo di, 563, 756; Fulco di, 232, 234; Gherardo di, 232; Giuliano di, 764; Guglielmo di, 547; Lanzaroto di, 80. Castiglione, 241; Antonio di, 305; Domenico di, 398; Giacomo di, 832; Giovanni di, 223, 429, 438; Guadagnino di, 256; Guglielmo di, 530; Oliverio di, 874; Paolo di, 130; Pietro di, 430. Castro, 527; Giuliano de, 92, 370, 429, 487. Catalans, 54, 57, 63, 64, 65, 73, 82, 83, 119, 155, 168, 186, 188, 198, 243, 265, 266, 267, 268, 270, 279, 280, 299, 303, 304, 310, 339, 351, 365, 389, 436, 441, 444, 489, 492, 511, 533, 558, 560, 564, 575, 593, 598, 629, 630, 634, 688, 719, 745, 748, 750, 756, 765, 771, 779, 784, 785, 802, 805, 813, 832. Capriata Antonio di, 366. Casale Monferrato, Francesco di, 828; Giovanni di, 381. Catiari, Georgius (Grec de Chio), 330; Jane (Grec de Chio), 330. Catom, Jagot (Syrienne de Caffa), 350. Cattaneo, 169, 249, 250, 253, 257, 348, 524; Andalò, 779; Andriolo, 71, 168, 169, 526; Cattaneo dei, 80; Dagnano, 426; Domenico, 72, 73, 169, 171, 186, 188; Guirardo, 256; Ingo, 878; Lanza-rotto, 759; Leonello, 617; Matteo, 374; Niccolò, 878; Paolo, 822; Taddeo, 428; Tommaso, 586; Troppes, 429; cf. Volta (della). Cavalcanti, Oberto, 224. Cavali, Criti (banquier grec de Chio), 276, 347. Cavallario, Guglielmo, 36. Cavaronco, Pagano, 647. Cavezzali, compagnie piacentine, 864. Cayrano, Calojane (envoyé byzantin), 101. Cazano, Pietro, 208, 211. Cazela, Bartolomeo, 828. Cazulo, Tommaso, 303. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 957 Ceba, 249, 250; Andalò, 154; Napoleone, 300. Ceffelixio, Abrano di, 374, 440. Centurione, 253, 483, 527; Antonio, 638; Elliano, 551; Giovanni, 367, 483; Ricciardo, 586. Cerchi Bianchi, compagnie florentine, 863. Ceva, Biasino di, 305; Oddino Bancheta di, 737; Pagano di, 200, 314. Champagne, Thibaut (comte de), 38. Chardin, Jean (voyageurs français), 708. Charles Ier dAnjou (roi de Naples), 50, 51, 52, 53, 57, 65, 113, 864. Charles II dAnjou (roi de Naples), 61, 789. Charles IV (roi de France), 68. Charles VI (roi de France), 467, 492. Châteaumorant, Jean de, 99, 462, 483, 638. Chiapponi, compagnie piacentine, 864. Chiavari, Donato di (notaire), 192, 222, 249, 257, 258, 270, 275, 277, 278, 342, 363, 367; Entico di, 404, 405, 406; Giovanni di Gayado di, 704. Chiavica, Niccolò, 828. Chiladici, Georgios (Grec de Caffa), 314. Chinamos (capitaine du port de Constantinople), 756. Chivigo, Théodore (Grec de Caffa), 337. Choniatès, Michel, 590; Nicétas, 27, 29, 31, 33, 113, 587, 590. Cibo, 235, 236, 259, 524; Agamelone, 587; Anfreono, 423; Badasal, 428, 747, 798; Brancaleone, 423; Carlo, 593; Francesco, 428; Giovanni, 184; Gotifredo, 406, 424, 427; Luchino, 423( 610; Te-disio, 441. Cicconia, Niccolò, 425. Cigala, 234, 235, 236, 252, 253, 524; Ballano, 625; Casano, 230, 747; Gregorio, 393, 396, 481; Moruel, 747, 748; Perci-val, 230; Simone, 623. Cimemaris, 524. Cina, Leonardus de (notaire), 152. Circassiens, 157, 272, 288, 291, 294, 297, 299, 300, 301, 303, 308, 310, 759, 785, 787, 791-792, 799, 801, 802, 803, 811, 824. Claritea, Giorgio di, 422, 423. Clavexano, Antonio, 316. Clavijo, Ruy Gonzales de, 114, 130, 131, 138, 194, 197, 252, 462, 466, 742. Clément V (pape), 298. Clément VI (pape), 76, 77; 81, 122, 123, 207, 208, 463, 469. Cocco, Negro, 595. Cocherello, Rizardo, 424. Codino, Sestino, 164. Cogorno, Andriolo di, 778. Cogotoios, Théodore (Grec de Caffa), 337. Coia Begi (habitant de Caffa), 209. Coia Nagin (habitant de Caffa), 314. Coiha Toghan (ambassadeur de Sinope), 132. Colomer, Francesco (marchand catalan), 832. Comacari, Iohana (Grecque de Péra), 320. Comexi, Théodore (Grec de Chio), 330. Comnènes, 38, 587, 643, 752; Michel, 41; cf. Anne, Jean II, Manuel Ier. Compagnie catalane, 62-65, 688, 756, 884, 888. Compagnono, Giacomo di, 575. Coneto, Galgano di, 138. Confortus (habitant de Péra), 231. Conradin (Staufen), 50. Conrado, lavello de, 828. Contarmi, Giacomo (consul vénitien de Tana), 155. Coressi (famille grecque de Chio), 274, 346; Criti, 275; Johanes, 275, 276; Mi-chali, 345, 704; Nicoforus Cavalo, 276; Sevaste, 345. Corici (Arménien de Caffa), 737. Coronata, 239, 880; Giovanni di, 223; Manfredo di, 324. Coronato, Giacomo, 336. Coronelli, Vincenzo, 742, 743. Coroni, Georgios (envoyé byzantin), 62. Corrado, frère (évêque de Caffa), 325. Corsolora, Nicheta, 274; Nicheta Ogeros, 704; Stilianus, 275. Corte (della), 235, 236. Costa, Alamanno, 40, 590; Costantino della, 261, 320, 436; Cristoforo della, 276; Giovanni della, 321. 958 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Cottolbogha (seigneur de Solgat), 161, 319, 661; cf. Cotrobogha. Cotrobogha (seigneur de Solgat), 396, 461; cf. Cottolbogha. Cotromil (dux byzantin), 18. Coumans, 30, 288, 290, 291, 299, 326, 568, 785, 790-791, 793, 795, 799, 801. Courtenay, Catherine de (impératrice titulaire de Constantinople), 65. Cozardo, Pietro di, 551. Crapi, Durante di, 309. Crémone, Giovanni de, 265; Petruzolus de, 256. Crivelario, Giovanni, 798. Croce, Cristoforo della, 428, 429, 457; Ottobono della, 37, 38, 111; Ospineìlo della, 139. Cydonès, Demetrius, 85, 89, 92, 323. Dandolo, Andrea, 80, 81; Giberto, 48. Datini, Francesco di Marco (marchand de Prato), 137, 473, 474, 536, 539, 566, 567, 577, 579, 581, 585, 593, 597, 624, 629, 638, 687, 707, 718, 721, 722, 731, 734, 735, 736, 737, 738, 740, 748, 760, 761, 762, 763, 774, 775, 780, 781, 782, 784, 833, 863. Dei, Benedetto, 567. De la Roche, 121, 468. Delomede (famille de Péra), 405. Demerode (famille de Péra), 196, 197, 252, 262, 342, 390, 881; Benedetto, 342, 366; Filippo, 84, 257; Giovanni, 342; Jane, 321; Stefano, 197. Demetrius, despote, 72. Dentuto, 253, 267; Angelino, 866; Bernabò, 336, 350, 840. Dichaios (dignitaire ecclésiastique de Chio), 277, 323, 327. Dimitri (prince russe), 457. Djagataïdes, 155. Djanibek (khan du Kiptchak), 75, 76, 86, 154, 207, 258, 457, 790, 796, 862. Dobrotitch (despote), 88, 93, 145, 146, 147, 397, 401, 409, 416, 450, 545. Domo, Pietro de, 530. Domoculta, Ansaldo di, 610; Tommaso di, 610. Donato, Andrea, 257; Benedetta, 257; Corrado, 257; Giacomo, 826; Meliano, 257. Dondedeo, Benedetto, 617. Doria, 51, 66, 155, 234, 235, 236, 249, 250, 252, 253, 255, 257, 339, 348, 491, 524, 525, 526, 530, 682; Ambrogio, 542, 543; Babilano, 525; Baldo, 115; Corrado, 59, 493; Domenico, 170, 360, 361, 417; Egidio, 63; Gaspare, 555; Giacomo, 482; Gotifredo, 735; Iacopo, 54, 56, 560; Illario, 148, 250, 461; Lamba, 61, 138, 541; Luciano, 542; Manfredo, 67; Manuel, 843; Niccolò, 134, 775; Nicola, 50; Obertino, 541; O-berto, 52; Oddoardo, 541; Oliverio, 236, 286, 340, 341, 369, 525; Paganino, 81, 107, 188, 303, 304, 451, 453, 471, 476, 482, 542, 543, 544, 545, 797, 823; Paolino, 134, 236, 340, 341, 369, 525, 526, 602, 609, 775, 777, 852; Raffaele, 190, 667; Raffo, 61, 62, 68, 250; Rosso, 62, 63, 358, 364, 369, 884; Segurano, 425; Simone, 68; Stefano, 155, 250; Te-disio, 535, 547. Dortelli, Egidio d’Ascali, 703. Dotto, Niccolò, 488. Douchan, Stefan, 80. Dragus, Benisse, 141; Michele, 142. Draperiis (famille de Péra), 192, 196, 197, 252, 262, 342, 390, 405; Giovanni de, 342; Jane de, 97, 342, 406, 752; Lodi-sio de, 367, 393; Luchino de, 257, 320, 342, 758. Draperio, Francesco, 779, 847. Drizacorne, Bartolomeo, 827; Giovannino, 152. Ducas Jhistorien), 769, 772; Isaac, 46; Jean, 22. Dugo, Gabriele, 152, 720, 841, 877, 880. Dulcert (cartographe), 147. Durante, Manuel, 136. Edouard Ier (roi d’Angleterre), 134, 138. Elia, Petino (Juif de Chio), 283. Elias (rabbin), 282, 283, 317, 330, 335, 336, 350, 704. Elias, fils de Salomé (Juif de Chio), 335. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 959 Elias bey (seigneur de Solgat), 396, 460 702. Elixeus, maître (Juif de Chio), 336, 350, 748. Embriaco, 23, 235, 236, 257; Giacomo, 139; Guido, 62; Montano, 144; Niccolò, 40; Pambello, 343; Raffaele, 118; U-ghetto, 777. Entença, Berengar d’, 63. Ermineus, Georgius, 284; Guirardus, 284; Manuel, 284; Nicolaus Ferrarius, 284. Erminio, Balduino, 34; Raffo, 80, 81, 86, 133, 144, 364, 482. Erzenis, Lazarino de (notaire), 400, 762. Evedochia, Calogrea (Grecque de Chio), 313. Exinbey (Tatar de Solgat), 286. Facio, Giovanni de, 343. Falaca (ou Falacca), 193, 197, 198, 312; Alberto, 367; Giovanni, 703; Pietro, 320, 595; Tedisio, 367. Fallamonica, 236. Fano, Giovanni de, 487; Palmerio de (podestat de Gênes), 47. Fatimides, 770. Fatinanti, Niccolò, 253, 263, 328, 330, 352, 404, 411, 436, 488, 714, 844. Feihano, Beiamino (Juif de Chio), 280; Leonino (Juif de Chio), 280. Fellone, Antonio (notaire), 222, 224. Ferechio, Giovanni, 299. Ferrando, Antonio, 422; Giovanni, 823. Ferrari, Accursino, 62. Ferrario, Guglielmo, 530. Ferrarius, Nicolaus Ermineus, 284. Ferrier, Ramon (patron de navire catalan), 586. Fieschi, 42, 51, 250, 252, 254, 259, 818; Bernabò, 134; Carlo, 66; Ettore, 137, 393; Lodisio, 818; Lodovico, 542; Niccolò, 156; Tedisio, 370, 443. Figallo, Manuele, 563. Finale Lig, Riccobono di, 568. Fior, Roger de (chef de la Compagnie catalane), 62, 63. Fogiono, Auraca (Juif de Chio), 280; Elias (Juif de Chio), 280, 283; Joseph (Juif de Chio), 280. Fontaneggio (Fontanegli), Pietro di, 343, 435, 880. France, Agnès de, 31. Francus, Georgius Carvogni, 321; Nicola, 321. Frangalexi, Manoli (banquier grec de Péra), 271, 335. Frédéric Ier Barberousse, 22, 24, 25, 26, 27, 29, 34, 108, 678. Frédéric II, 40, 41, 42, 789. Frédéric III (roi de Sicile), 63. Fregoso, 251, 252, 253; cf. Campofregoso. Furneto (famille membre de la Mahone), 261; Benvenuto de, 321; Raffaele de, 260. Gafforio (Kaphourès), pirate génois, 35, 36, 37, 588, 589. Gaiano, Manuel de, 442. Galiceto, Théodore, 223. Gallatula, Georgios (Grec de Chio), 275; Sevasto (Grec de Chio), 274. Gallo, Galeotto, 476. Gambaro, Ilario, 425. Gambone, 252; Andriolo, 530; Luchetto, 118; Luchino, 530. Gandolfi, Guglielmo de, 112. Ganduccio, Antonio, 425. Garibaldo, Domenico di, 125; famille membre de la Mahone, 261. Gasmoules, 48, 320, 776. Gattilusio, 129, 150, 171, 172, 174, 235, 236, 476, 595, 622, 671-672, 775, 779, 889; Dorino, 672; Enrico, 843; Francesco I, 83, 84, 95, 171, 671; Francesco II, 172, 395, 452, 471; Giacomo, 671; Niccolò, 174; Oberto, 74, 80, 81, 133, 144, 364, 482. Gazan (U-Khan), 666. Gazano, Pietro, 481. Gebetelo, marchand génois à Lwow, 862. Gengis-Khan, 315, 665, 728, 794, 795. Gentile, 249, 250, 253, 267, 275, 329, 527, 728; Abram, 702; Branca, 429; Giannisio, 458; Giovanni, 404; Ingo, 860; Lorenzo, 93; Marco, 764; Matteo, 960 INDEX DES NOMS DE PERSONNES 824; Nicola, 429; Paolo, 747, 748; Raf-fo, 738; Scaco, 730, 878; Tommasino, 860. Ghetto, Lamberto, 18. Ghisi (seigneurs de l’Archipel), 121, 468. Ghisolfi, 236, 249, 252, 524, 527, 529, 530, 728, 878; Alaonus de, 230; Andrea, 151; Buscarello de’, 139; Gianotto, 151; Giovanni de, 430, 577; Leo-nel de, 418, 419; Manuele de, 430, 747, 748; Ottobono de, 430. Gianetto, Michele, 465. Gigans (habitant de Péra), 231. Gille, Pierre, 195. Giovanni scriba (notaire), 254, 463, 601, 609, 616, 675, 676, 677, 770, 872. Giudice, Galeotto, 423; Guarnerio, 43; Leonardo, 154, 610; Luchino, 828; Per-civalle, 152. Giustiniani, 253, 260, 329, 335, 382, 445, 748, 881; Agostino (annaliste), 114, 116, 885; Ambrogio, 596; Ansaldo, 842; Antonio de Rocca, 324, 443; Battista, 384; Daniele olim Longo, 276; Enrico, 313; Francesco, 747, 748, 779; Francesco de Campis, 282, 321, 384; Genevra de Fur-neto, 321; Giovanni de Campis, 224, 313, 384; Giovanni de Furneto, 321; Giustiniano, 186, 227; Jérôme (Hiero-nimo), 218, 220, 222, 223, 281, 346, 433, 742, 743; Leonardo, 419; Ottobuono, 384, 393; Raffaele olim Arangio, 261; cf. Mahone. Glacono, Ambrogio, 97. Goano, Luchino de, 309; Niccolò de, 86. Goarterius (rabbin de Chio), 283. Godeli (envoyé turc), 97. Godelli, Georgius (Grec de Péra), 758; lane (Grec de Péra), 336, 758. Gotifredo (pirate génois), 588. Grancio, Lanfranco, 107. Grands Comnènes (dynastie de Trébizonde), 63, 134, 136, 142, 664-665, 709, 711, 728, 773, 852. Grappo, Niccolò di, 595. Grasso, Guglielmo, 35, 588. Grava, Théodore, 320. Gravaygo, Dagnano de, 428. Grecs, passim. Grégoire II de Chypre (patriarche), 56. Grégoire X (pape), 52. Grégoras, Nicéphore (chroniqueur), 46, 51, 54, 68, 69, 72, 73, 114, 116, 121, 169, 199, 205, 394, 466, 501, 682, 776, 869, 887. Griffiotto, Ambrogio, 424, 425; Raffo, 89. Grillo, 234, 235, 236, 250, 253, 524, 526, 735; Accllino, 541; Baliano, 632; Bran-caleone, 360, 406, 427; Capellino, 877; Cosmael, 321, 451; Gabriele, 393; Giovannino, 236; Lucheto, 735; Nicolino, 837; Ottaviano, 422; Pietrino, 236; Richeto, 474; Samuele, 428; Simone, 541; Tommasino, 549. Grimaldi, 21, 51, 235, 236, 252, 253, 524, 595; ambassadeur génois à Constantinople, 25, 30, 107, 110, 234, 463, 506, 568, 677, 719; Aimone, 373, 428; Ansaldo, 399, 406, 407, 427, 428, 764, 837; Benedetto, 208, 211, 212, 300, 481; Bonifacio, 168; Carlo, 186, 481; Gaspare, 66, 393; Gentile, 93, 336; Giovanni, 775; Lucheto, 541; Pietrino, 48, 541; Pietro, 428; Percivalle, 427; Ra-bella, 428, 827; Vesconte, 765. Groppo, Niccolò di, 300; Oberto di, 828. Groto, Bernabò di, 579; Pietro di, 366. Guadagnabene, compagnie piacentine, 864. Gualterio, Arguisio di, 606. Guarco, 251; Antonio di, 595. Guarnerio, Manuel de, 707, 880. Guasco, Corrado di, 457; Enrico di, 74, 75; Isnardo di, 542. Guecio, Daniele, 118. Guercio, 235; Balduino, 31, 34, 40, 464; Enrico, 25, 108; Giovanni, 647; Guglielmo, 49, 113, 680; Simone, 541. Guglielmo Cassinese (notaire), 601, 609, 613. Guillaume Ier (roi de Sicile), 22, 24. Guirardo, Francesco di, 152. Guiso, Antonio di, 316, 317. Guntardo, Ido, 464. Gyllius (voyageur), 190. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 961 Hassan (Syrien de Caffa), 201, 286. Henri (patriarche latin), 77. Herchogolbei Jhalabi (seigneur d’Altolo-go), 471. Hieronymus, frère (évêque de Caffa), 204, 325, 327. Hizir (émir d’Aydin), 81, 84, 174, 471. Holobolos, Manuel (orateur byzantin), 43. Honestus, Iohanes, 137. Hospitaliers (ordre des), 70, 71, 72, 95, 96, 99, 121, 150, 169, 171, 172, 452, 468, 471, 472. Humbert du Viennois (dauphin), 77, 123, 207, 469. Huns, 793. Iaritea, Simone di, 48. l'on Battuta, 114, 194, 207, 214, 326, 462, 463, 783. Idrissi, 742. Imola, Dondedeo d’, 312. Imperiale, 197, 249, 250, 252, 253, 258, 527; Antonio, 147, 344; Lodisio, 425; Marco, 424; Pellegro, 424. Innocent III (pape), 884. Innocent IV (pape), 42, 116, 290. Innocent VI (pape), 84, 85. Innocentibus, Giovanni de, 161, 370, 475. Interiano, Giorgio, 291, 791. Iosono, Bertolino, 880. Isa (fils de Bajazet), 97, 102. Isaac II Ange (basileus), 29, 33, 34, 36, 37, 110, 180, 269, 464, 588. Ismaël, maître (Juif de Chio), 278, 282, 335, 350. Isuf (envoyé turc), 97. Italiano, Daniele, 261; Melchior, 880; famille, 253. Ivan Alexandre (tsar bulgare), 74. Ivanko: cf. Juanco. Jacques II (roi d’Aragon), 63. Jalamadino (habitant de Caffa), 200, 314. Jean II Comnène (basileus), 20, 21. Jean III Vatatzès (basileus), 40, 41, 54, 644, 656, 670. Jean V Paléologue (basileus), 15, 74, 75, 81, 83, 84, 85, 87, 90, 91, 92, 94, 95, 96, 123, 126, 171, 172, 323, 330, 364, 379, 437, 470, 594, 656, 657, 672, 758, 885. Jean VI Cantacuzène (basileus), 57, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 105, 107, 119, 121, 123, 125, 163, 169, 171, 188, 220, 257, 275, 312, 333, 345, 407, 462, 468, 470, 501, 746, 757, 797, 884, 888. Jean VII Paléologue, 92, 94, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 364, 365, 758. Jean XXII (pape), 66. Jerra, Symon de, 310. Jhacha, Guilchi, 321. Jhansi (envoyé turc), 97. Jhaosius (envoyé turc), 97. Jharcas (gouverneur de Solgat), 457. Jordan de Séverac, 742, 769, 772. Juanco (ou Ivanko), fils de Dobrotitch, 93, 145, 364. Juifs, 8, 126, 149, 179, 198, 212, 224, 227, 277-283, 302, 305, 310, 311, 312, 313, 327, 329, 330, 331, 333, 334, 335, 336, 337, 350, 352, 353, 365, 389, 392, 403, 417, 418, 436, 714, 748. Justo, Dondedeo de, 373, 486. Kalamanos (palais de), 111. Kalékas (dignitaire byzantin), 77. Kalergis, Alexis (rebelle crétois), 59. Kalothètos, Leon (gouverneur de Chio), 70, 71, 122, 345, 470, 746. Kaphourès: cf. Gafforio. Khazars, 118. Khidhrbeg (émir d’AUologo), 470. Kinnamos, Jean, 17, 27, 465. Kriviziotès, Théodore (envoyé byzantin), 46. Kubilay (khan mongol), 57. Lacanas, Elia (Juif de Chio), 283; Samuel (Juif de Chio), 283. Lackfi, André (voïvode), 144. Lambertis, Bernardo de, 298. Landcla, Marchio, 568. Landulf (dux byzantin), 18. Lanfranco (notaire), 602. Langasco, Bartolomeo di, 98, 147. 30 962 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Langley, Geoffroy de (ambassadeur d’Edouard Ier), 134. Lava, Georgius, 337. Lavoraben, Raffaele, 138. Lazarino, Giovanni, 367. Lazaro, Anthonius de, 141. Lazes (Lezghiens), 272, 291, 785, 792-793, 799, 801. Leardo, Antonio, 361, 481; Guirardo, 393. Leccavella, Leonel, 434; Simone, 551. Leccacorvo (banquier), 864. Léon, archidiacre (envoyé byzantin), 46. Leo, maître (Juif de Caffa), 279. Leonardo (évêque de Chio), 281. Leondarios (envoyé byzantin), 95, 96, 337, 758. Lercari, 235, 236, 250, 252, 253, 257, 371, 483, 524, 526, 529, 530, 536; Ambrogio, 423; Andronicus, 230; Bartolomeo, 303, 828; Bonifacio, 535; Castellino, 720; Franceschino, 151; Giacomo, 878; Luchino, 878; Manfredo, 138; Megollo, 133, 745; Niccolò, 423; Paolo, 721, 772; Pietro, 92, 487. Levanto, Antonio di, 405; Anthoniotus de, 712; Lazarino di, 147; Venturino Bosenga di, 603. Linodari, Calojane (Grec de Constantinople), 320, 342. Lips (monastère de), 703. Lluria, Roger de (amiral catalan), 58. Lo Gramatichi, Georgios de, 321. Lomellini, 236, 252, 253, 524, 526, 527, 528, 530, 531, 535, 536, 732, 735; Andrea, 305, 594, 760; Brandelina, 528; Cigolina, 528; Corrado, 419; Cosmael, 425, 430; Cristiano, 586; Francesco, 201; Gianotto, 305, 365, 366, 393, 396, 417, 474, 481, 579, 595, 784; Giovanni, 566, 583; Gotiffredo, 583; Michele, 434, 843; Niccolò, 425; Obertino, 605; Pietro, 528; Securano, 735; Simonino, 528; Ughetto, 528; Vaiariano, 747. Longo, 261, 524; Giacomo, 261, 610; Giovanni, 660; Tommasino, 610; Tommaso, 261, 424, 429. Lorenzo, Francesco, 831. Louis Ier (roi de Hongrie), 90, 144. Louis IX (roi de France), 52, 502, 540, 548, 553, 554, 560, 561, 565, 884. Luciano, Francesco, 586; Melchior, 483; Raffaele, 425. Lucques, Giacomo de, 312, 366. Ludolph de Suchem, 742. Luna, Giovanni de, 226, 313; Nicolosa de, 226. Lusignan (dynastie de Chypre), 7, 745. Luxardo, Antonio, 424. Maccia (ou Macia), Antonio, 645, 839; Giovanni, 438. Macometus, Coia de Boberli, 335, 418. Macropita (monastère de), 703. Maggiolo, Teramo di (notaire), 471, 636. Magnerri, Antonio di, 423; Giovanni di, 423; Niccolò di, 423, 542. Mahone, Mahonais de Chio, 7, 84, 95, 96, 99, 103, 120, 124-126, 150, 169, 172, 174, 218, 221, 222, 223, 224, 253, 260-261, 262, 268, 275, 281, 282, 283, 308, 309, 314, 316, 321, 323, 324, 329, 330, 331, 332, 334, 335, 336, 343-345, 346, 347, 350, 352, 353, 357, 358, 376-386, 392, 402, 404, 411, 412, 413, 414, 417, 431, 432, 433, 436, 437, 442, 443, 445, 446, 448, 449, 450, 451, 452, 456, 459-472, 473, 475, 476, 480, 485, 487, 488, 489, 490, 491, 492, 493, 494, 546, 572, 646, 669-671, 704-705, 743-749, 769, 778, 779, 844, 857-858, 889, 891, 892; Mahonais de Licostomo, 146-147. Mairana, Andrea, 96; Andriolo, 366. Makrembolitès, Alexis, 13, 56, 65, 79, 80, 106. Malfante, Giovanni, 827. Malfigliastro, Guglielmo, 463; Inghetto, 48. Mallone, 235, 236, 255, 505, 506, 523, 524, 528, 678; Ansaldo, 26; Franceschino, 48; Francesco, 67; Gabriele, 236; Giovannino, 201; Goleto, 67; Ido, 463; Nicola, 33, 236; Nicolino, 236, 555; Pesceto, 48, 541; Raffaele, 236; Tur-chus, 230; Valeriano, 874. Malocello, 139, 235, 236, 524, 526; Fre- . INDEX DES NOMS DE PERSONNES 963 xone, 49; Giuliano, 156; Luciano, 483; Torpeto, 761. Mamaï (émir tatar), 161, 286, 372, 457. Mameluks, 58, 298, 302, 770, 860. Manco, Antonio, 194. Manente, Giovanni, 544. Manescarco, Andriolo, 92. Manfred (roi de Sicile), 49, 50, 54, 113. Manfredo (habitant de Péra), 184. Maniavacca, 524. Mansur, Ibraim (Syrien de Péra), 288. Manuel (magistros), 109, 180. Manuel Ier Comnène (basileus), 7, 14, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 30, 31, 34, 35, 38, 40, 106, 108, 110, 111, 233, 254, 269, 465, 587, 719, 887. Manuel II Paléologue (basileus), 15, 87, 90, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 364, 365, 456, 647, 656, 657, 758. Manuel III (empereur de Trébizonde), 137. Manzodeo, Bernardo di, 874, 880. Maraboto, Peliegro, 576. Marangone (annaliste pisan), 33. Marbiolo, Lorino, 730, 732. Marcello, Leonardo, 791. Marchesano, Bartolomeo, 430; Daniele, 426. Marciano, Manuele, 369. Marco, Bartolomeo di, 144; Niccolò di, 90, 416, 419; Nicoloso di, 465. Marcono, Giovanni, 760, 763. Mari (de), 235, 236, 249, 250, 252, 253, 348, 524, 526, 878; Alaono, 430; Andato, 188, 594; Andrea, 428, 429; Bo-rael, 430; Carloto, 410, 429; Cosma, 414, 429; Daniele, 529; Gassino, 136; Gianeso, 361, 737; Giacomino, 339, 363; Ingueto, 136; Inoffius, 141; Juanixius, 211, 436; Luchetto, 139, 168; Manfredo, 168; Raffo, 68. Marie Porphyrogénète, 32. Marie-Xena (basilissa), 32. Marignolli, Giovanni, 74. Marini, 250, 253, 257, 524, 776, 777; Francesco de, 541; Montano de, 186, 193; Silvestro de, 576. Marione, 530; Segurano, 555. Marmocu, Stefanus, 330, 336. Marsupino, Gregorio di, 488, 489, 492. Martin V (pape), 281. Martin da Canal, 47, 759. Martini, compagnie lucquoise, 862. Marnilo, 253; Dagnano, 424; Giacomo, 430; Gianotto, 539, 775, 867; Guglielmo, 610; Merualdo, 380; Niccolò, 155, 610. Matteo, frère (évêque de Cafla), 326. Maurand, Jérôme, 197. Maures, 785, 789. Maxio, Giannone, 827, Mazurro, Antonio, 161, 488; Giacomo, 425, 429. Mediano, Damiano, 720. Medicis, Cavalchabove de’, 59. Mehmed (fils de Bajazet), 102. Melicha, Jhera, 282. Mentone, Antonio di, 98. Mésopotamitès, Constantin (envoyé byzantin), 34. Michel Vili Paléologue (basileus,), 13, 15, 43, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 58, 61, 63, 113, 115, 116, 117, 144, 164, 165, 166, 167, 182, 185, 270, 278, 290, 312, 357, 461, 464, 590, 591, 644, 647, 648, 649, 656, 680, 682, 688, 724, 754, 755, 756, 770, 776, 849, 859. Michel IX (co-empereur), 656. Michelina, Jhera, 313. Michiel, Marco (amiral vénitien), 59. Mignardo, Matteo, 528, 530, 605; Quiri-co, 617. Milan, Odo de, 264; Pietro de, 266, 315, 374. Millesimo, Guglielmo di, 298. Milocaracti, Manoli (Grec de Péra), 271. Mingréliens, 308, 310, 792, 799, 801. Mircea (voïvode), 150. Mismilandi, Costa (banquier grec de Chio), 347. Mocenigo, Tommaso (doge de Venise), 876. Molinis, Bonifacio de (marchand vénitien), 169. Moneglia, Andrea di, 304; Niccolò di, 103, 964 INDEX DES NOMS DE PERSONNES 381, 393, 595, 732, 736, 740, 783; Pagano di, 852; Paolo di, 427. Moncmvasie, Axia de, 321. Mongiardino, Bernabò di, 734. Mongio, Bartolomeo, 422. Mongka (khan mongol), 57, 115. Mongoano, Arnaldus de, 556, 780. Mongols, 57, 75, 82, 101, 105, 116, 128, 141, 144, 150, 155, 230, 256, 291, 311, 319, 326, 339, 437, 441, 456, 457, 458, 459, 461, 598, 665, 720, 728, 733, 783, 791, 794, 799, 801, 839, 841, 842, 845, 846, 847, 854, 868, 877, 879, 883, 888, 893. Monleone, Giovanni di, 438; Lanfranco di, 443; Niccolò di, 481. Monojane, Jane de (Grec patron de navire), 338, 398. Monomaque, Constantin IX (basileus), 279 Montaldo, Carlino di, 434; Cosmael di, 299, 414; Leonardo di, 549, 885; Niccolò di, 90; Tommaso di, 300, 301. Monte, Pietro di, 200. Monteguardino, Lodisio di, 268, 366. Montenigro, Angelo de, 596, 828. Monterosso, Giovanni di, 48. Montessoro, Giovanni di, 426. Montferrat, Boniface de, 590; Conrad de, 34; Théodore de, 67; Yolande de, 56. Montfort, Philippe de, 42. Montpellier, Jacques de, 200. Monucus (envoyé turc), 97. Morando, Giovanni, 557. Morbiolo, Lorino, 422. Mordecastelli, compagnie lucquoise, 862. Moriconi, compagnie lucquoise, 862. Morisco, Andrea, 64. Moro, Niccolò, 373. Morosini, Domenico (doge de Venise), 22; Ruggiero (amiral vénitien), 59, 60, 184, 592. Morozzo, Losidio, 300. Mosca, Simone, 138. Moscambario, Niccolò, 316. Mosconi, Judah ben Moses, 282. Mossi (rabbin de Chio), 282. Mostafïa, Cagi (Turc de Brousse), 317. Mudazzo (gouverneur vénitien de Téné-dos), 91. Mudéjars, 789. Muntaner, Ramon, 167, 771. Murad Ier (sultan otoman), 83, 87, 88, 89, 90, 92, 94, 95, 97, 98, 798. Murrino, Giacomino, 113, 303. Murta, Amico di, 24, 28, 29, 30, 108, 109; Andriolo di, 754, 827; Lavagnino di, 368; Tommaso di, 530. Musca, Peliegro, 426, 429. Musso, Giovannino, 605. Natam (Juif de Chio), 336. Natono, Pietro, 366, 367, 393, 867. Nazaro, Antonio di, 147. Négrepont, Sibylle de, 303. Negro (di), 234, 235, 236, 250, 253, 255, 267, 483, 524, 525, 526, 527, 528, 530, 556, 777; Andalò, 236, 526, 556, 563, 866; Antonio, 551; Avundo, 866; Bonifacio, 526, 529; Carlotto, 236, 526, 556, 563, 866; Cassino, 605; Clarixia, 605; Galvano, 134; Gianono, 140; Gianotto, 645, 738, 839; Guideto, 526, 530, 544, 609, 755; Gottifredo, 866; Luchetto, 526; Luchino, 260, 429; Luciano, 147; Manuel, 54, 482; Mirualdo, 842; Pietro, 526, 529; Raffaele, 866; Segurano, 488; Solognis, 617. Negrone, 236, 253, 530; Giovannino, 314. Niccolò (envoyé byzantin), 36. Nichixia, Giovanni fils de Petiti, 324. Nichofforo, Papa (Grec de Cembalo), 316. Nicolay, Nicolas de, 704, 742, 743. Nogaï (émir tatar), 58. Noitorano, Antonio, 88. Noli, Corrado di Rainaldo de, 709. Normands, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 33. Notara, Nicola, 272, 337, 347-349. Novarre, Guido de, 264. Novello, Giovanni, 430; famille, 258. Noytorano, Antonio, 430. Oberto (tanneur) 184. Oberto cancelliere (annaliste génois), 26, 29. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 965 Oberto scriba de Mercato (notaire), 601, 609, 613. Ocavadis, Théodore, 705. Octaviani (famille de Péra), 192, 197. Oderico (historien génois), 115. Ogerio (notaire), 52. Ogerio Pane (annaliste génois), 39. Oghouz, 793. Ognibono, Giovanni (notaire), 210. Oliva, Niccolò di, 818; Simone di, 160. Oliverio, Pietro, 260. Olliverio, Niccolò di, 336. Ologar, Benoit de (Juif de Chio), 224, 281, 282. Onesto, Giovanni, 428. Opiciis, Antonio de, 316, 381. Orhan (sultan ottoman), 73, 79, 84, 85, 174, 667. Orto (dell’), 116, 235, 252, 258; Andrea, 298; Antonio, 116; Bonifacio, 369; Carlo, 148, 461; Luchetto, 200, 201; Luchino, 298, 314; Manfredo, 399; Niccolò, 818, 822; Pietro, 74; Simone, 157. Osmanlis: cf. Ottomans. Ossètes, 793. Ottaviano, Matteo, 431. Ottomans, 81, 83, 84, 90, 95, 97, 98, 101, 104, 142, 150, 162, 174, 305, 308, 319, 364, 455, 471, 472, 475, 476, 477, 598, 749, 752, 758, 763, 790, 799, 814, 828, 868, 888. Ôzbek (khan mongol), 74, 75, 151, 202, 790. Pace, Domenico della, 481; Nani de, 392. Pachymère, Georges, 45, 46, 48, 51, 52, 119, 135, 166, 171, 182, 186, 270, 466, 468, 501, 580, 581, 647, 756, 771, 776, 869. Pagana, Paganino de, 132, 874; famille, 253. Pagano (ou de Pagano), 527; Andrea, 568; Guglielmo, 170; Percival, 230. Palamide, Luchino, 610. Paleologina, Jhera, 320, 342. Paléologues, 111, 114, 171, 235, 333, 462, 648, 672, 888; Andronic, 756; Marie, 83; Michel, 22, 23, 106; cf. Jean V, Jean VII, Michel Vili Paléologue. Pallavicino, 155, 236, 253, 483; Abraino, 426; Antonio, 303, 828; Cristoforo, 429; Gabriele, 842; Raffo, 140. Palma, Giuliano di, 305. Palmerio, Riccobono, 152. Panarétos, 135. Pancia, Giovanni, 48. Pandeneni, Erini (Grecque de Chio), 275. Panissaro, Giuliano, 315; Gregorio (notaire), 219, 223, 224, 249, 276, 280, 380. Pansiano, Antonio de, 827. Panzano, 235; Benedetto, 536; Lanzaroto, 410, 429; Michele, 430; Nicola, 429; Percival, 230; Simonino, 46. Paphlagoniens, 32. Paraschena (Grec de Caffa), 337. Pardevignano, Elias (Juif de Chio), 282. Parme, Lodovico de, 268; Oglerio de, 266, 374. Parmesano, Giovanni, 822; Oberto, 822. Passano, Giacomo di, 313. Passio, Anfreono, 444. Pasteca, Ogerino, 320; Tedisio, 145. Pastino, Corrado di, 405. Pasturellus, Percival, 230. Paterio (famille membre de la Mahone), 261; Bernabò, 779; Niccolò, 779; Toma, 338; Tommaso, 314, 345, 347, 382. Patmos, Théoctiste de (moine), 587. Paverio, Gaspare di, 423; Giovanni di, 423; Niccolò di, 424. Pavie, Ansaldo de, 264. Pépagoménos, Nicéphore (dignitaire byzantin), 35. Pegli, Francesco da, 660. Pegollo, Bartolomeo, 399. Pegolotti, Francesco B, 152, 154, 156, 624, 645, 648, 659, 661, 666, 670, 720, 725, 732, 735, 750, 752, 754, 759, 772, 773, 775, 781, 783 , 784, 843, 845, 847. Pelato, Andreolo, 530. Perdicarius, 703. Persio, Pietro di, 260, 399; Juanixius de, 316. Peruzzi, compagnie fiorentine, 863. 966 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Pescatore, Enrico (comte de Malte), 40, 590. Pessagno, Giovanni, 406, 424, 426. Pessina, Riccardo di, 84. Pétronas, Léon (gouverneur de Phocée), 125, 169. Pevere, Lanfranco, 33. Phakèolatos (dignitaire byzantin), 78. Philanthropène, Alexis (gouverneur de Mytilène), 73, 171. Philippe-Auguste (roi de France), 502. Philippe III le Hardi (roi de France), 865. Piazzalunga, Bonifacio di, 548; Federico di, 116, 134. Picaluga, 48. Piccamiglio, 234, 524; Damiano, 422; Dan-gano, 625; Federico, 75; Giovanni, 640; Inoffio, 373; Leone, 754; Leonello, 625; Marcellino, 184; Sorleone, 702; Thobia, 623; Urbano, 96, 416, 428. Pichono, Nicolino, 575. Pierre II (roi de Chypre), 87. Pierre III (roi d’Aragon), 54. Pierre IV (roi d’Aragon), 81. Pietrarossa, Melchio di, 93. Pieve, Giacomo della, 374. Pignolo, Oglerio, 48. Piloti, Emmanuel, 302, 742. Pinello, 253, 524; Cattaneo, 306; Delome-de, 526; Giacomo, 878; Illario, 408; Moruel, 684; Niccolò, 551, 594, 640. Pinerolo, Pietro di, 68. Pino, 239; Agostino di, 305; Galeazzo di, 823; Gaspare di, 753; Gianotto di, 638. Pipercia (Grecque de Caffa), 256. Pisani, Niccolò (amiral vénitien), 81. Pise, Giovanni de, 474. Pian Carpin, Jean de, 116, 325, 791, 793. Piine l’Ancien, 742. Podio, Giovanni di, 157, 300; Leonardo di, 465; Paolo di, 147, 157; Venerio di, 406. Polanesi, Giovanni di, 320, 438. Policino, Guido, 40. Polo, Marco, 139, 140, 291, 725, 783, 792, 793, 795, 860. Ponteracchia, Johaninus de, 317. Ponzò, Antonio di (notaire), 145, 259, 706, 753; Niccolò di, 827. Porco, Guglielmo, 590. Porta, Bernabò della, 374. Portagioia, Pietro, 231. Portavacarum, Bartolomeo de, 359. Portonario, 329, 756; Antonio, 136; Costantino, 300, 426; Niccolò, 442. Portovenere, Percival di, 535. Prassino, Georgius, 338, 347. Predono, Gabriele di (notaire), 144, 182, 183, 235, 265, 270, 277, 302, 366, 462, 850. Promontorio, 239, 394, 489, 508, 511; Giovanni di, 430. Putheo, Inoffius de, 133, 430, 481. Quarto, Francesco di, 623; Simone di, 541. Quattuordecim, Baliano, 623. Ramadan (noyan de Crimée), 86. Ramfredo, Bonifacio de, 21. Rapallo, Filippo Fasceto di (notaire), 133; Niccolò di, 316. Raymond de Poitiers (prince d’Antioche), 20. Recanelli (ou Reccanelli), 261, 328, 344, 350, 382, 383; Gabriel, 345; Pietro, 260, 746, 747. Recco, Baliano di, 789; Lucheto di, 139; Pietro di, 197. Rechana, Antonio, 860. Reggio, Giovanni di Partissolo di, 140, 151. Restano, Francesco, 316. Revellino, Cristoforo (notaire), 435. Reza, Antonio de, 429; Quilico de, 449. Riccio (ou Ricio), 235, 252; Agostino, 131, 132; Bernabò, 426; Gianoto, 426; Giovanni, 316; Leonardo, 537. Risino (meunier grec), 703. Robert (roi de Naples), 66, 491, 667. Robino, Rollando di, 297, 879. Roboreto, Rodolfo di, 359. Rocca (de), Ardizonus, 237; Lazarino, 260; Nicolino, 201, 880; Ortolanus, 237. Rodulfo, Niccolò di, 26; Rainaldo di, 18. INDEX DES NOMS DE PERSONNES 9Ó7 Roger (fils de Guillaume Ier, roi de Sicile), 24. Roger II (roi de Sicile), 22. Roger de Pins, 669. Romanie, Manoli de, 149, Romano, Azzelino (notaire), 140. Romanos, fils d’Isuf (Grec de Caffa), 338. Romeo, Siretus de, 141. Rossano, Niccolò di, 822. Rosso, 524; Bartolomeo, 102, 365, 366, 368, 393, 481; Guglielmo, 530; Guide-to, 527, 531; Pietro, 842. Rovegno, Giacomo di, 200; Giovanni di, 529. Roverino, Niccolò, 823. Rubeus, Bonifacius, 287; Gabriel, 287; Guilielmus, 287; Iohanes, 287; Raimon-dus, 287. Rubruck, Guillaume de, 117, 169, 325, 770, 791. Ruffo, Ottone, 25. Rustico, Enrico di, 303. Rustigazzi, compagnie piacentine, 864. Ruthènes, 116, 290. Sacco, Giacomino, 880; Giuliano, 827. Sagimbene, Antonio, 434. Saint Thomas dAquin, 323. Sala, Gustamonte della, 138. Saladin, 33, 35, 588, 678. Salario, Gabriele di, 734. Saliceto, Rolando (notaire), 240. Saluchan (Juif de Péra), 278. Saivago, 236, 253, 257, 524; Antonio, 824; Bernabò, 67; Segurano, 202, 298; Sor-leone, 737. Salvo, Oberto di, 156. Samarias (rabbin de Chio), 282. Sambuceto, Lamberto di (notaire), 118, 151, 199, 201, 205, 236, 242, 255, 272, 279, 286, 290, 292, 296, 369, 374, 708, 852. San Donato, Giovanni di, 754. San Giorgio, Lanfranco di, 52, 482; Trian-daffilo di, 828. San Giovanni, Achi di, 212. San Luca, Antonio di, 320, 365. San Pietro della Porta, Michele di, 200. San Remo, Giacomo di, 200, 201, 236, 340, 341; Simone di, 236, 340, 341, Sorleone di, 236, 340, 530. San Salvatore, Bartolomeo di, 424. San Siro, Francesco di, 201; Giacomo di, 315, 366; Niccolò di, 169, 770. San Teodoro, Niccolò di, 260. Sant’Andrea, Filippo di, 315, 316. Sant’Olcese, Dondedeo di, 261. Santo Stefano, Niccolò di, 223, 331. Sanudo, Marino l’Ancien, 166, 167, 550, 591, 770; Niccolò (gouverneur des Cyclades), 71. Sarchis (Arménien de Kilia), 148. Sardella, Ugolino, 547. Sarmore, Antonio, 729. Sarrasins, 58, 116, 126, 132, 196, 211, 230, 288, 289, 291, 301, 303, 308, 311, 316, 317, 403, 451, 572, 733, 745, 747, 755, 785, 788-790, 799 , 800, 804, 810. 811, 840, 893 , 894. Satoni (envoyé mongol), 458. Saudji (fils de Murad), 87. Sauli, Giovanni, 190. Savasto, Demerode de, 316. Savignone, Andalò di, 729, 860; Andriolo di, 750; Argono di, 157; Giacomo di, 827; Guglielmo di, 54, 777; Oliverio di, 747, 748; Pietro di, 578; Tommaso di, 828; Vesconte di, 422. Savina, Niccolò, 367. Scaffa, Giovanni di, 205, 208. Scalia, Filippo, 423. Schilizi (famille grecque de Chio), 275; Chesseni Sgropoli, 275; Georgios, 275. Schiltberger, Iohann, 212, 214, 702. Scolari, Micheli (Juif de Péra), 278. Scora, Manuel (pansébaste), 62. Scotto, 864; Argono, 530; Benedetto, 530: Clemente, 827; Filippo. 721, 737. Scutariotès, 46. Scythes, 114. Sea, Andrea della, 865. Sepsi, Criti (banquier grec de Chio), 276, 331, 347, 392. Serefedin (envoyé turc), 97. Serra, Oberto di, 602, 605. Serrino, Enrico di, 298. 968 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Sicile, Frédéric II (roi de), 58. Siderus, maître (habitant de Chio), 321. Sigismond (roi de Hongrie), 98, 150. Sigismondi, Corso (envoyé génois), 26. Sigulfo, Tommaso di, 135. Simeone, Niccolò, 828. Sinope, Bachi de, 132, 301. Sirichari, Théodore (banquier grec de Chio), 276, 347. Skylitzès, Jean, 275. Sola, Bertolino, 286. Solario, Simone di, 884. Soliman (fils de Bajazet), 97, 100, 102, 471, 472. Soranzc, Dona (vice-consul vénitien), 723. Sori, Bonifacio da, 84. Soziglia, Giovanni Amico di, 139. Spano, Michali maistro (habitant de Chio), 224. Speda, Andriolo, 530; Raffo, 530. Spezzapetra, 728; Andrea, 151. Spigno, Giacomo di, 367. Spinola, 51, 59, 67, 234, 235, 236, 250, 252, 253, 255, 257, 258, 329, 348, 405, 483, 491, 524, 525, 535, 682; Antonio, 64; Ansaldo, 157, 209; Argono, 422; Battista, 394; Bernabò, 65; Carlo, 156; Corrado, 59; Cristiano, 744, 746; Da-gnano, 416; Federico, 68; Gaspare, 404, 488; Gerolamo, 473; Giacomina, 69; Giacomo, 481; Giorgio, 157, 209; Giovanni, 73, 595, 597; Giuliano, 306, 325; Guideto, 298; Guido, 34, 36, 50, 110; Inghetto, 359; Jacopo, 208, 211; Lanfranco, 525; Lanfranco Dugo, 48; Marco, 404; Niccolò, 56, 482, 544, 569, 594, 745; Nicolino, 450; Nicoloso, 707; Oberto, 52; Opicino, 65; Percival, 230; Sorleone, 136; Vesconte, 758. Squarciafico, 235, 236, 253, 524; Cosmael, 425, 465; Giacomo, 363; Guirardo, 747; Montano, 563, 568, 578, 756; Niccolò Antonio, 430; Oberto, 399. Stalia, Niccolò, 430. Stancone, 728. Staufen, 23, 42, 50. Steiriòmès (pirate), 589. Stella, Giorgio (annaliste génois), 73, 101, 115, 116, 171, 207, 211, 212, 586, 766.’ Strategopoulos, Alexis (césar), 46. Stratiotikos (logothète), 703. Streggiaporco, Andriolo, 605; Silvestrino, 605. Strozzi, Rosso di Strozza degli, 400, 762. Struppa, Aron di, 542; Neapolionus di, 141; Simone di, 138. Süleyman (fils d’Orhan), 85. Süleyman pacha (bey de Kastamonu), 783. Suppa, Enrico, 632, 778. Suriano, Jacques, 102. Susardo, Pietro de, 430. Svetoslav (tsar bulgare), 144, 147, 756. Synadènos (protostrator), 68. Syrgiannès (dignitaire byzantin), 68, 72. Syricarius, Jane, 313. Taburono, Dexerino, 794. Taddeo, frère (évêque de Caffa), 326. Tadeis, Quilico de, 94, 100, 426, 551; Raffaele de, 427. Tafur, Pero, 114, 193, 263, 742, 788. Tana, Nichetas, 314. Tancrède (chef normand), 19. Tangriberinis (envoyé turc), 97. Tanto (envoyé génois), 34. Tarcoxa (Arménien de Caffa), 737. Tarente, Philippe de (empereur titulaire de Constantinople), 69, 70, 468, 491. Tarigo, Dagnano, 425; Giuliano, 425; Luchino, 860. Tartaro, 235; Amiceto, 236; Arrigo, 71; Baliano, 236; Gavino, 62, 63, 358, 360, 369, 478; Leonardo, 759; Manuele, 236; Valentino, 236. Tatars, 8, 57, 76, 86, 93, 101, 103, 114, 115, 117, 119, 123, 130, 144, 149, 154, 155, 158, 159, 161, 162, 179, 198, 199, 205, 207, 208, 212, 256, 265, 269, 272, 279, 285-288, 291, 298-302, 304, 306, 308, 310, 311, 315, 316, 319-321, 325- 328, 337, 338, 351-353, 365, 372, 376, 390, 397, 398, 401, 403, 409, 417, 418, 441, 443, 444, 446, 450, 452, 455, 458, 460, 461, 486, 494, 546, 56l’ 572, 645, 646, 658-662, 664, 685, 702, 707, 713, INDEX DES NOMS DE PERSONNES 969 719, 720, 728, 731, 738, 739, 734, 761, 764, 785, 787, 788, 790, 792, 794-796, 798, 799, 801-803, 805, 806, 808, 810, 811, 814, 819, 822, 823, 825, 847 870, 882, 893. Tavano, Antonio, 429. Tcherkesses, 791. Telia, Pietro di, 426. Teleboga (khan mongol), 58. Templiers, 804. Teortobogha (seigneur de Zichie), 461. Terracia, Giovannino, 609. Terrafoco, Gherardo, 200. Théodore (évêque de Cherson), 793. Théodose (patrice), 111, 180. Thessalonique, Eustathe de, 31, 32, 33. Thévenot (voyageur), 220, 742. Thévet, André (moine cordelier), 218, 220, 221, 222, 223, 225. Tibère Ier (basileus), 107. Tifelenis, Leo, 707. Tiliano, Nicola, 283, 704. Timour (khan mongol), 57. Timour (souverain turc d’Asie centrale, Tamerlan), 7, 93, 100, 101, 102, 103, 155, 307, 364, 407, 408, 409, 467, 472, 477, 664, 685, 687, 733, 810, 814, 830, 854, 858, 888. Tinibeg (fils du khan Ôzbeg), 74, 75. Todeschi, Jane, 338. Tohtamis (khan mongol), 457. Tohtu (khan mongol), 65, 151, 179, 202, 256, 688, 790, 794. Tolomeo, Germano di, 102; Tolomeo di, 422. Tondo, Giovanni, 316, 381. Tornello, Guglielmo, 34, 36, 110. Torre (della), Antonio, 316; Benedetto, 91; Oberto, 21; Paolo, 162. Torselli, Giacomo, 160, 427. Trandasalo, Criti (Grec de Chio), 282. Triandafilus, Stefanus, 330. Trinocasi (envoyé turc); 97. Tudèle, Benjamin de, 277, 278, 280. Turca, Rosso della, 42. Turcomans, 471, 793. Turcs, 7, 8, 14, 15, 57, 61, 62, 64, 68-71, 73, 75, 76, 78, 82, 83, 85, 88, 91-105, 120-122, 126, 132, 136, 137, 142, 150, 163, 165, 167, 169, 170-172, 174, 192, 198, 215, 263, 269, 272, 279, 285-286, 291, 299, 301, 304, 306-308, 314, 317, 318, 335, 365, 366, 379, 390, 396, 397, 407, 441, 444, 445, 450, 452, 453, 455, 467-470, 472, 487, 492, 493, 592, 593, 595, 597, 638, 664, 687 , 720, 725, 728, 759, 761, 763, 764, 774, 779, 785, 790, 791, 797-800, 804, 810, 811, 830, 850, 866, 879, 885, 888, 893. Tyr, Guillaume de, 33. Tzaconiens, 48. Tzybos, Caloianni, 80, 124, 125, 219, 274, 323, 345; Constantin, 345. Ugolino, Giacomino, 236; Giovanni, 236: Pietro, 135, 136; Ugolino, 236. Ulmo, Antonio di, 315. Ultramarino, 329, 728; Daniele, 426, 606; Gabriele, 593; Giovanni, 826; Raffaele, 159, 161. Umur (émir d’Aydin), 73, 74, 174, 667. Urbain III (pape), 33. Urbain IV (pape), 47, 49. Urseto, Francesco, 59, 482. Urus (khan mongol), 457. Usodimare, 236, 250, 252, 253, 361, 371, 505, 506, 523, 524, 678, 737; Alaono, 423; Bonvassalo, 878; Daniele, 551; Dorino, 429; Jeronimus, 138; Luca, 147; Niccolò, 783, 828; Pascalino, 90; Pietro, 423, 425. Vairolo, 252; Giovanni, 315; Lodisio, 416. Valaques, 150, 308, 475, 798, 799, 800. Val di Taro, Rubaldo di, 366. Valence, Guglielmo di, 879. Vallario, Simone di, 343. Vallencia, Giacomo di, 237; Guglielmo di, 237. Valois, Catherine de, 69; Charles de, 65, 66. Varagine, Jacques de, 186, 202, 450, 541. Varazze, Baldovino di, 339, 880; Simone di Solario di, 146. Varese, Antonio di, 828. 970 INDEX DES NOMS DE PERSONNES Vaiolo, Niccolò, 399. Vassalo, Giovanni di, 843. Vassilao, Callojane, 314. Vastarchi, Leon, 316. Vedereto, Andriolo di, 843; Gabriele di, 152. Vento, 505, 523, 678; Dagnano, 151; Luigi, 595; Ottone, 47, 48, 541; Raffo, 151. Verduno, Niccolò di, 46. Veri (habitant de Chio), 223. Verna, Andriolo, 351. Verone, Percivalle de, 266, 315. Vesconte, Pietro, 890. Vestarchi, Sergios, 276. Vetrano, Leone, 39, 590. Via, Antonio di, 442; Donato di, 223, 261; Pietro di, 877. Viglioni, Pietro (marchand vénitien), 138. Vignali, Guglielmo di, 880. Vignoso, Andrea, 783; Bartolomeo, 783; Simone, 77, 78, 122-124, 169, 171, 215, 220, 225, 259, 274, 313, 323, 328, 331, 345, 346, 352, 377, 378, 403, 431, 443, 443, 469, 470, 543, 545, 704, 744, 746, 778. Vilanucio, Bartolomeo di, 315, 316. Villani, Giovanni (chroniqueur florentin), 555. Villehardouin, Geoffroy de (chroniqueur de la IVe Croisade), 28. Vincenzo, Thomas, 832. Vintimille, Bagaterio de, 48. Virmilia, Giorgio, 313. Visconti, 82, 491; Guglielmo, 43; Matteo, 61. Vivaldi (ou de Vivaldo), 348, 524, 527, 536, 547, 728, 732; Alaone, 419; Facino, 201; Francesco, 430; Pervical, 578; Tommasino, 465. Vlasto, Nicola (Grec de Chio), 274, 275. Volta (della), 234, 235, 236, 505, 506, 523, 524, 678; Andreolo Cattaneo, 168, 769, 772, 778; Domenico, 778; Inghetto, 708; Inigo, 872. Voltaggio, Bartolomeo de Ursetis de, 144. Voltri, Andriolo Verna di, 351; Baldo di, 296; Domenico di, 705; Giovanni Restano di, 705. Xaba (habitant de Caffa), 199. Xacer (Arménien de Caffa), 737. Zaccaria, 51, 53, 55, 66, 71, 73, 120, 122, 124, 166, 169, 171, 235, 236^ 250, 255, 259, 274, 308, 324, 468, 522, 524, 525, 526, 527, 528, 530, 531, 535, 544, 550, 555, 556, 563, 591, 602, 603, 609, 626, 669, 688, 746, 769, 770, 776, 777, 11% 837, 884; Ambrogio, 236, 526; Andreolo, 525; Baldassare, 526; Benedetto, 49, 54, 63, 69, 118, 119, 120, 165, 166, 167, 168, 171, 230, 236, 340, 468, 522, 525, 526, 529, 535, 555, 602, 623, 668, 744, 745, 770, 771, 777. 778, 857, 881; Benedetto II, 69, 70, 71, 121, 122, 220, 668, 745; Clarisia, 168; Giannono, 168; Giovannino, 168, 236, 526; Giofredo, 408, 791; Leonardo, 525; Manuel, 118, 120, 165, 166, 167, 168, 236, 340, 522, 525, 526, 535, 563, 581, 623, 745, 751, 778; Martino, 69, 70, 71, 76, 11, 121, 122, 165, 174, 219, 274, 468, 469, 470, 668, 669, 745, 746, 827; Niccolò, 139; Nicolino, 168, 526, 778; Oddoardo, 525; Opicino, 526; Paléologue, 69, 120, 164, 166, 168, 230, 468, 526, 581, 623, 632, 668, 745, 778; Tedisio, 120, 168; Ticino, 884; Tommasino, 525. Zagora, Ovadia de, 280. Zalabi (émir de Sinope), 67. Zalapi (prince turc), 100. Zara, Stefano di, 705. Zazelli, Calo Jane, 350. Zélotes, 164. Zeno, Carlo (amiral vénitien), 90. Zignaigo, Domenico de, 430; Tommaso de, 305. Zoagli, Battista di, 430, 784; Gotifredo di, 208, 209; Niccolò di, 360, 361, 474; Raffaele di, 425. Zolfo, Costa, 212. Zygues, 291, 300, 303, 787, 791, 824; cf. Circassiens. INDEX DES NOMS DE LIEUX Abydos, 545, 569, 586. Achaïe: cf. Morée. Acqui, 242, 251, 267. Acre, 7, 17, 19, 23, 42, 43, 115, 355, 590, 680. Adramyttion, 44, 119, 165, 171, 568, 589, 774, 850, 859. Adriatique (mer), 90, 542, 545, 831. Aenos, 174. Afghanistan, 730. Agirioti, 437. Agrigente, 789. Aigues-Mortes, 632, 771, 780, 835, 839, 865, 867, 878. Alba, 237, 242. Albaro, 703. Albenga, 239, 251, 324, 542, 830, 881. Albissola, 239. Alep, 169. Alexandrie d’Egypte, 20, 128, 169, 294, 301, 302, 351, 391, 479, 501, 569, 576, 580, 594, 595, 638, 675, 678, 679, 680, 708, 710, 711, 719, 721-723, 745, 749, 770, 772 783-785, 848, 850, 857-859, 868, 879, 887, 893. Alexandrie (Piémont), 237, 242, 265, 266, 444, 831. Alghero, 82, 542. Allemagne, Allemands, 267, 268, 838. Almaligh, 860. Alméria, 625, 675. Almyros, 30, 164, 568, 797. Alpes, 515. Altavilla, 242. Altologo (Ephèse), 170,174, 268, 271, 470, 471, 482, 754, 759, 760, 765, 773, 779, 850, 851, 857. Amalfi, 13, 267, 558, 565, 581, 831. Amastris: cf. Samastri. Amasya, 102. Amour (fleuve), 794. Anatolie, 162, 169-170, 262, 467 , 469, 472, 857. Anchialos, 753, 756, 757, 759. Ancóne, 22, 27, 29, 243 , 266, 267, 475. Andalousie, 846. Andora, 239. Andrinople, 850. Andros, 321. Anémas (tour d’), 87, 88. Angleterre, 502, 503, 547, 567, 569, 777, 780, 781, 782, 835, 849, 858, 864, 867, 868. Angora (bataille d’), 8, 100, 101, 408, 472. Angourion (monastère de 1’), 109. Ania, 44, 165, 591, 850, 859. Antalya, 773. Antikythira, 586. Antioche, 19, 20, 21, 23, 24. Aoste, 242. Apanomorea (Chio), 383. Apennin ligure, 8, 240-241, 244, 248, 249, 251, 253, 501, 507, 508, 511, 512, 516, 531, 540, 830, 864, 865. Apologothètes (monastère des), 109, 111, 181. Ara (Mytilène), 672. Aragon, 58, 785, 797, 804, 832. Archipel (Egée), 72, 99, 472, 546, 586, 889. Archistratège (monastère de 1’), 111. Arenzano, 239, 246, 249, 253, 511, 515, 830. Arezzo, 243, 265. Argentario (mont), 769. Argolide, 48. Arquata, 251. Arran, 726. Artois, Artésiens, 264. Asie centrale, 57, 114, 140, 141, 154, 155, 256, 339, 728-730, 774, 775 , 784, 795, 839, 852, 859-862, 868, 890. 972 INDEX DES NOMS DE LIEUX Asie mineure, 6, 7, 43, 57, 69, 100, 103, 119, 121, 130, 134, 142, 162, 170, 172, 307, 467, 468, 469, 569, 724, 728, 734, 741, 748, 754, 761, 770, 772, 773, 774, 777, 783, 828, 851, 857, 859, 868, 893. Asprè Petra (Mytilène), 672. Asti, Astesans, 237, 242, 265, 266, 267, 444, 511, 515, 831. Astrakhan, 860. Atira (golfe d’), 306. Atlantique (océan), 734, 780, 839, 866, 869. Ato (mer Noire), 162, 594. Avignon, 74, 472, 730, 732. Aydin, 73, 81, 84, 471, 593, 667. Azerbaïdjan, 727. Aziachon (Zichie), 754. Azov (mer d’), 28, 150, 151, 152, 156, 175, 399, 707. Bagdad, 140, 728. Balakshan, 139, 720, 877. Balkans, 6, 7, 14, 83, 174, 310, 407, 475, 790, 797-800, 888, 893. Barca (monts de), 788. Barcelone, 309, 533, 573, 594, 628, 748, 784, 804, 823, 828, 832, 866. Bargagli, 240. Bargono, 241. Barletta, 789. Batoum: cf. Lo Vati. Bavari, 239. Bayburt, 138. Bayonne, 552, 555, 556, 780. Beauvais, 628, 836. Belgrade (forêt de), 449. Bénévent, 27, 50. Berbérie, 501, 674, 680, 738, 789, 876, 882. Bergame, 242, 266, 444, 511, 836. Bergeggi, 239. Berrhoia, 278. Beyrouth, 7, 103, 128, 355, 719, 721, 723, 741, 747, 749, 875, 879, 893. Biana, 242. Biassa, 241. Bisagno, 208, 239, 540, 703, 804, 815, 819, 821, 880. Biscaye, 593. Blachernes (palais des), 106. Bobbio, 242, 246, 511, 515, 830. Bogliasco, 239, 830. Bohême, 651. Bologne, 242, 363. Bonifacio, 229, 237, 244, 245, 340. Borgo San Donnino, 242. Borzoli, 239. Bosnie, Bosniaques, 308, 651, 798, 799, 800. Bosphore, 186, 192, 257, 263, 405, 451, 466, 492, 586, 703; bataille du, 188, 476, 757. Bosphore Cimmérien, 28. Bougie, 625, 675, 678, 680, 770. Bourgogne (cour de), 638, 739. Bragno, 240. Brescia, 242, 265. Brie, 835. Brindisi, 847. Brousse, 93, 94, 100, 317, 335, 741, 828, 851, 858. Bruca, 399. Bruges, 168, 268, 556, 563, 632, 748, 761, 780, 781, 782, 835, 875. Bruxelles, 835. Bude (Hongrie), 150, 475. Bulgarie (Zagora), Bulgares, 6, 116, 149, 280, 287, 288, 290, 291, 304, 306, 308- 310, 317, 338, 364, 399, 451, 586, 734-735, 753, 756, 761, 785, 787, 795, 797- 800, 810, 811, 821, 859, 863. Busalla, 824. Byzance, byzantin (empire), 13, 14, 15, 17, 18, 23-26, 30-32, 35, 37, 38, 45, 50, 53, 57, 59, 61, 63, 65, 68, 69, 71, 73-76, 78, 80-83, 85, 87, 93, 94, 97, 104, 105, 114, 119-123, 126, 128, 144, 145, 162, 169, 171, 174, 183, 257, 263, 270, 274, 277, 280, 304, 307, 322, 323, 325, 345, 355, 359, 360, 364, 378, 379, 393, 406, 437, 443, 455, 456, 462-466, 469, 470, 491, 501, 502, 505, 506, 522, 559, 568, 587-592, 597, 644, 647, 648, 656-658, 664, 668, 674, 678, 679, 682, 683, 710, 714, 724, 745, 752, 754, 756, 757, 770, 776, 778, 783, 793, 797, 849, 851, 859, INDEX DES NOMS DE LIEUX 973 866, 870, 876, 879, 884, 885, 887, 888, 889, 892, 893, 894. Cabardi (Taganrog), 754. Cabella, 251. Cadix, 556, 780, 866, 867. Caffa, passim; abattoir, 199, 200, 204, 212, arsenal, 208; bains, 212; bazar, 211, 284; bourgs, 204, 207, 211, 215, 284, 314, 316, 329, 350, 414, 415, 461; cathédrale Sainte-Agnès, 213, 284; citadelle, 205, 207, 209, 314, 315, 329; civitas, 207, 208, 209, 214, 215; contrade, 200, 214-215; églises Saint-Akindy-nos, 214, Saint-Anastase, 214, Saint-An-ge, 213, Sainte-Anne des Flagellants, 213, Saint-Antoine, 213, des Saints-Apô-tres, 212, 213, Sainte-Barbara, 214, Saint-Basile, 214, Sainte-Catherine, 213, Saint-Christ, 213, Sainte-Claire, 213, Sainte-Croix, 213, Saint-Cyriaque, 214, Saint-Daniel, 213, Saint-Démétrius, 213, Saint-Dominique, 206, 213, Saint-Fran-çois, 201, 206, 213, Saint-Georges, 213, Saint-Grégoire, 214, 284, Saint-Jacques, 213, Saint-Jéricho, 213, Saint-Laureni, 213, Saint-Lazare, 213, Sainte-Marie, 206, 211, 213, 214, Sainte-Marie de Coronato, 213, Sainte-Marie Madeleine, 213, Saint-Michel, 213, 350, Saint-Ni-chétas, 214, Saint-Nicolas, 206, 209, 213, Sainte-Paraschévé, 214, Saint-Qui-ricus, 213, Saint-Sarchis, 214, 284, Saint-Symon, 213, Saint-Théodore, 214, Sain-te-Trinité, 214, 284; fossés, 199, 203: 208, 212; hôpital Saint-Jean, 201, 213: hospice Saints Còme et Damien, 206; Judecha, 279; logia, 201, 205, 207, 208, 209, 212; maisons, 201; murailles, 199, 202, 203, 205, 207, 208-209, 211-212; octroi, 210, 211; port, 206, 207, 214; portes, 199, 203, 208, 209-210, 212, 214, 350; palais de la Commune, 201, 205, 208, 210; tours, 199, 203, 205, 207, 208-209, 212. Cairo, 240, 244. Calabre, 366, 575, 843. Calinimeno, 754. Calosso, 242. Carnali, 752, 774. Cambiano, 242. Caminata, 241. Camogli, 241, 515, 704, 830. Campanie, 628. Cammello, 242. Campo Lig, 240, 244, 246, 253. Candie, 86, 159, 268, 280, 288, 779, 783, 791, 824, 843, 844, 881. Canelli, 242. Capriata, 242. Carcassonne, 267, 351. Carie, 593. Carpeneto, 241. Carro, 241. Carrosio, 240. Carystos (Négrepont), 60. Casale Monferrato, 511, 515. Casola, 251. Caspienne (mer), 724, 725-727, 728, 733, 792, 793, 860. Cassandria, 44, 164. Cassino, 243. Castelnuovo Scrivia, 242. Castille, Castillans, 168, 267, 351, 769. Catamorea (Chio), 383, 742, 743. Catane, 399, 444. Cathay, 155, 503, 724, 727-730, 733, 795, 838, 859-862, 868, 893. Caucase, 290, 291, 294, 303, 304, 306, 310, 727, 728, 783, 791-793, 860. Cavalari (mer Noire), 754. Cecina, 511. Celle Lig, 239. Cembalo, 157, 161,250,288,316,373,395, 443, 444, 461, 479, 545, 854, 881, 890. Céphalonie, 586. Cérasonte, 710, 773, 844, 852, 881. Césarée, 17, 18, 859, 884. Ceuta, 376, 675, 678, 748, 872. Châlons-sur-Marne, 836, 837. Chamaki (Géorgie), 726. Champagne (foires de), 616, 727, 730, 734, 780, 835, 836, 838, 839, 863, 864, 865. Cheki (Arran), 726. Cherchenichi (mer Noire), 738. Cherson, 372, 457, 793. 974 INDEX DES NOMS DE LIEUX Chersonèse taurique, 325. Chiappa, 241. Chiavari, 241, 246, 253, 515, 540, 542, 704, 830. Chine: cf. Cathay. Chio, passim; bazar, 222, 226, 227, 313; bourgs, 216, 218, 219, 220, 223, 224, 226, 275, 282, 312, 313, 344, 433, 488; castrum, 215-220, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 281, 282, 312, 313, 330, 344, 345, 346, 380, 444, 445, 446, 493; chancellerie, 221, 224; contrade, 224-225; douane, 222; églises: Saint-Antoine, 222, 223, 224, Saint-Athanase, 224, Saint-Bla-sius, 225, Saint-Démétrius, 224, Saint-Do-minique, 224, 324; Saint-François, 324, Saint-Nicolas, 224, Saint-Stratus, 224, Sainte-Marie d’Egypte, 224; enceinte, 219-220, 221, 225; forum, 222; hospice Saint-Antoine, 224, 324; Judaica, 224, 278; Kampos, 225-226; logia, 221; maisons, 225-227; maison du mastic, 222; palais du podestat, 221; Paleocastro, 218-219; Parrichia, 313; poids et mesu-res, 222; port, 220, 223; portes, 220, 221; tours, 219-220; Vlattaria, 313. Chioggia (guerre de), 88-91, 159, 174, 267, 332, 347, 353, 397, 403, 407, 409, 410, 441, 443, 444, 451, 452, 461, 478, 487, 489, 542, 545, 571, 574, 575, 582, 592, 638, 684, 685, 687, 688, 759, 814, 830, 881, 882. Chis (golfe Persique), 139. Christoupolis, 68, 170. Chrysa (Troade), 774. Chypre, 7, 30, 87, 96, 103, 120, 122, 16e), 170, 172, 271, 288, 298, 348, 396, 397, 452, 470, 471, 542, 543, 582, 588, 594, 628, 670, 688, 710, 732, 741, 742, 744, 745, 748, 761, 770, 779, 797, 848, 859, 879, 881. Ciprico (Crimée), 337, 569, 623, 708, 852, 859. Clarence, 163, 645, 725, 881. Clazomènes, 73. Cogoleto, 830. Cogorno, 511, 515. Colchide, 792. Colophon (Ionie), 773. Còme, 511, 836. Comines, 835. Conestasi (Crimée), 568, 852. Constantinople, 7, 9,14,17,20-22,24-39,41-46, 49-57, 64, 65, 68, 70, 71, 73-80, 83, 87, 88, 90-92, 96, 99, 100, 105-107, 113, 116, 120-122, 135, 143, 148, 149, 162, 163, 165, 170, 179, 180, 182, 184, 188, 192, 194, 196, 198, 233-235, 245, 246, 254, 255, 256, 264, 269, 270, 272, 278, 289, 290, 303, 304, 305, 311, 312, 320, 322, 340, 355, 358, 359, 360, 364, 369, 393, 394, 398, 437, 456, 463-467, 469, 474, 475, 491, 501, 502, 506, 568, 569, 582, 588-591, 594, 601, 602, 613, 616, 623, 625, 627, 637, 638, 645, 648, 649, 651, 656, 668, 675, 677-680, 682, 688, 706, 707, 709, 710, 717, 719, 724, 732, 734, 737, 738, 745, 752, 755-759, 768, 770, 773, 774, 776, 783, 797, 843, 847, 849-851, 854, 857-859, 867, 869, 877, 879, 884, 885, 887, 888, 893, 894. Coparion (quartier génois de Constantinople), 29, 30, 35, 109-111, 179-182, 234, 264, 269, 506. Corfou, 18, 22, 40, 50, 58, 590, 732, 881. Corne d’Or, 32, 96, 106, 107, 109, 180, 182, 184, 185, 190, 237, 252, 267, 355, 398, 405, 643, 683, 703, 850. Corniglia, 241. Cornouailles, 841. Coron, 59, 594, 595, 881. Coronata, 239, 880. Corse, Corses, 237, 243, 266, 267, 511, 824, 831, 832. Cortemilia, 240, 244. Cortona, 511. Corvara, 251. Corvo (cap), 501. Cosmidion, 106. Cotrone, 843, 845. Courtrai, 628, 835. Crémone, 242, 265, 266, 511, 515. Cresea (Porte Dorée de Constantinople), 95. Crète, Cretois, 40, 44, 86, 120, 165, 271, INDEX DES NOMS DE LIEUX 975 275, 276, 288, 309, 351, 415, 586, 590, 594, 715, 779, 797, 843, 844, 858, 889. Crimée: cf. Gazarie. Cristo (Ionie), 170, 773. Crovara, 241. Cubacuba (mer Noire) 754. Cuneo, 242, 251, 267. Curletto, 240. Curzola (guerre de), 59-61, 69, 184, 441, 450, 541, 544, 592, 688, 813. Cyclades, 71. Cythère, 594. Cyrénaïque, 787, 789. Cyzique (Qapu Dagh), 774. Daghestan, 792. Dalmatie, 29, 163, 267, 881. Damas, 128, 629, 747, 749, 781, 782, 875. Dani (Daneion), 752. Danube, 57, 74, 88, 93, 143-150, 450, 545, 706, 725, 735, 753, 850, 851, 854, 857. Daphnonas (Chio), 313. Daphnusia (mer Noire), 46. Darial (passe du), 793. Déabolis (traité de), 19. Despitra (Gothie), 160. Diano, 240, 542, 558. Didymotique, 70, 79, 188. Dioshiéron d’Ionie, 170, 773. Djerba, 789. Dniepr (fleuve), 162, 399. Dniestr (fleuve), 147, 148. Dobroudja, 145, 398, 418, 753. Don (fleuve), 28, 118, 151, 152, 154, 457, 707, 728, 827, 859. Draguignan, 831. Drongaire (porte du), 106. Durazzo, 163, 243, 475, 881. Edesse, 885. Egée (mer), 6, 7, 15, 56, 57, 60, 61, 64, 67, 81, 87, 104, 120-124, 126, 162-175, 223, 280, 308, 337, 338, 351, 379, 441, 452, 455, 473, 493, 556, 568, 569, 573, 574, 579, 588-593, 597, 645, 668, 671, 707, 797, 849, 857-859, 887, 889, 890. Egnatia (Via), 163, 475. Egypte, 7, 27, 35, 58, 117, 118, 120, 139, 170, 288, 289, 294, 296, 298, 302, 308, 309, 351, 588, 717, 719, 721, 722, 744, 747, 748, 752, 770, 772, 827, 828, 859, 876, 877, 893. Elbe (Mahone de l’île d’), 840. Emilie, 242. Engremos (bourg de Chio), 345. Ephèse, 667, 773; Saint-Jean d’, 884; cf. Altologo. Epire (deposte d’), 41, 42. Erqanin (Asie mineure), 783. Erzerum, 138, 859. Erzinjan (Asie mineure) 139, 783, 859. Espagne, 196, 237, 265, 267, 280, 296, 574, 625, 674, 675, 678, 680, 738, 748, 760, 762, 763, 764 , 766 , 780, 831, 849, 864, 866, 869, 885. Eubée: cf. Négrepont. Exartysis (Constantinople), 182, 185, 192, 195, 448, 544. Extrême-Orient, 130, 137, 138, 140-142, 152, 407, 719, 720, 723, 795, 852, 862, 868. Famagouste, 7, 87, 100, 267, 268, 570, 574, 577, 628, 638, 721, 741, 747, 749, 764, 827, 851, 857, 859. Faxium: cf. Lo Vati. Fegino, 239. Fenossia (mer Noire), 474. Feodosia: cf. Caffa. Fezzan, 788. Finale Lig, 240, 246, 251, 252, 254, 515, 542, 548, 679, 798, 830. Flandre, Flamands, 168, 172, 264, 268, 502, 503, 515, 547 , 550, 556, 563, 567, 569, 620, 625, 636, 721, 741, 750, 775, 779-782, 835, 836, 839, 844, 849, 858, 864-868. Florence, Florentins, 98, 102, 132, 155, 223, 243, 256, 265-267, 309, 393, 458, 474, 511, 515, 533, 628, 629, 730, 740, 744, 751, 752, 773, 779, 831, 836, 862, 863, 871. Foggia, 280. Fontanarossa, 251. Fontanella, 540. Fossano, 242, 515. 976 INDEX DES NOMS DE LIEUX Framura, 251. France, Français, 26, 193, 237, 243, 267, 339, 417, 452, 462, 492, 493, 515, 571, 772, 778, 817, 835, 839, 849, 871, 878, 884, 885, 892. Frangovouni (Chio), 345. Frioul, 89. Gaëte, 636, 638, 847. Galata: cf. Péra. Galice, Galiciens, 243, 267, 306, 366. Galicie, 147. Gallipoli, 64, 83, 85, 90, 102, 774. Gandja (Caucase), 726, 730. Gavi, 240, 246, 297, 515, 830. Gazarie (Crimée), 6, 7, 9, 86, 93, 105, 114, 115, 117, 118, 142, 149, 150-162, 202, 237, 245, 257, 263, 290, 294, 321, 326, 356, 373, 399, 408, 409, 413, 449, 451, 456, 457, 461, 473, 476, 530, 577, 581, 614, 626, 640, 660, 682, 701, 702, 708-711, 734, 739, 744, 753, 765, 792, 795, 847, 850, 852, 854, 857, 859, 862, 890. Gelachelan (mer Caspienne), 725, 860. Gênes, passim; Canetto, 238; Castelletto, 238; Castro, 238; Chiavica, 238; Croce, 238; Domoculta, 238; Fossatello, 238; Luccoli, 238; Maddalena, 238; Molo, 238, 248; Palacio, 238; Piazza Banchi, 634; Platea, 238; Platea Longa, 238; Porta, 238, 248; Porta S. Andrea, 238; Porta dei Vacca, 238; Prè, 238; Predono, 238; Ripa, 238; San Branca-cio, 238; San Bartolomeo, 884-885; San Donato, 238; San Francesco, 238; San Giorgio, 238, 248; San Giovanni, 238; San Lorenzo, 238, 729, 884; San Martino, 239; San Matteo, 238, 248; San Nazzaro, 238; San Pancrazio, 238; San Pietro, 238, 343; San Siro, 238; San Tommaso, 191, 238, 885; San Vincenzo, 238; Sant Agnese, 238; Sant’Am-brogio, 238; Sant’Antonio, 238; Santo Stefano, 191, 238; Sarzano, 238, 540, 543, 882; Soziglia, 238; delle Vigne, 238. Géorgie, Géorgiens, 8, 209, 287, 310, 314, 316, 334, 418, 436, 726, 730, 731, 733. Germian (principauté de), 773. Gharb, 789. Ghiazo (Chio), 345. Ghilan, 725, 726, 730, 733. Gibelet, 23, 267, 355. Gibraltar (détroit de), 515. Gone (mer Noire), 545. Gorgan, 726. Gori, 752. Gothie, 86, 149, 151, 160-161, 288, 326, 413, 442, 449, 458, 460, 461, 702. Grasse, 831. Grèce, 306, 307, 569, 732, 858. Gubbio, 243. Haghia Eleni (Chio), 219. Halys (rivière), 132. Harmolia (Chio), 447, 742. Harsit (vallée du), 138. Harz, 651. Fléraclée (Thrace), 49, 92, 113, 166, 182, 303, 461, 680, 758, 827, 850, 881. Héraclée pontique, 79. Hiéron, 77. Hongrie, Hongrois, 91, 93, 144, 149, 150, 209, 256, 291, 296, 395, 475, 638, 728, 785, 791, 798, 799, 800, 810, 882. Horde d’Or, 57, 58, 118, 150, 155, 158, 202, 267, 285, 325, 372, 396, 409, 455, 457, 458, 459, 460, 645, 660, 790, 796. Hyères, 636, 708, 710. Hypsilis (monastère de 1’), 109, 180. Iaïla (monts), 151. Ibiza, 708, 710, 804. Icaria, 859. Iconium, 169, 741, 770. Ile-de-France, 836, 865. Illice (mer Noire), 162, 267, 399, 857. Imbros, 174. Imola, 242. Indes, 140, 860. Indien (océan), 139, 719. Ioniennes (îles), 33, 163; (mer), 162, 163. Ipoli, 754. INDEX DES NOMS DE LIEUX 977 Ischia, 593, 769. Isola, 240. Istanbul, 705. Italie, 22, 24, 30, 32, 50, 54, 76, 85, 229, 234, 235, 243, 248, 249, 265, 268, 279, 280, 296, 303, 309, 310, 321, 339, 361, 377, 444, 455, 474, 491, 503, 507, 511, 512, 516, 574, 587, 631, 717, 723, 759, 770, 779, 780, 785, 796, 830, 831, 832, 836, 843, 845, 846, 847, 862, 864, 866, 887. Ithaque, 17. Jérusalem, 17, 40, 42, 116, 290, 355, 469; roi de, 23. Kalamoti (Chio), 742. Kalloni (Mytilène), 172, 672, 774, 775. Kamelou Gephyra, 77. Kaménos Pyrgos (Chio), 314. Kampos (Chio), 225, 226, 276, 313, 344, 345, 445, 488, 701, 704, 889. Karabagh, 726, 731. Karahissar: cf. Koloneia. Karakorum, 795. Karamit, 272. Karatay-Hani, 859. Kastamonu, 783, 851. Kastoria, 277. Kertch, 156, 461, 709, 791, 859; cf. Vos-poro. Khanbalig (Pékin), 503, 729-730, 860, 893. Kiatskoe (lac), 708. Kiev, 116. Kilia, 145-147, 148, 149, 259, 706, 725, 735, 753. Kiptchak, 58, 105, 151, 155, 267, 285, 405, 406, 409, 441, 457, 458-461, 482, 659, 660, 664, 666, 685, 713, 739, 790, 794, 810. Koini (Chio), 345. Koloneia (Karahissar), 770, 773, 775, 776, 777, 779, 852. Kop Dag (montagne), 138. Kossovo (bataille de), 95, 395. Kouban (rivière), 272, 706, 852. Koukounaria (Chio), 345. Kuma (rivière), 793. Kutahia, 770, 773, 775, 779. Kypsella (Thrace), 774. La Canèe, 59. La Copa, 156, 568, 569, 706-707, 852. Lagirio (bourg de Péra), 182, 188, 189, 194, 195, 196, 271, 305, 312, 322; église Sainte-Marie de, 322. L’Aïas, 7, 59, 134, 284, 594, 727, 730, 741, 859. Lajiban, 725, 729, 730, 731. Lak 792. Languedoc, 265, 675, 678, 738, 831, 836, 864, 865, 874. Laodicée (Syrie), 23. Larbato (mer Noire), 726. La Rochelle, 556. Larsu, 845. La Spezia, 244, 251. Lastrego, 239. Latium, 233, 660. Lavagna, 251, 704, 818. Le Caire, 294, 595. L’Ecluse, 503, 627, 630, 635, 780, 835, 839, 867, 893. Lefïecti (mer Noire), 132, 301. Lemnos, 94, 95, 271, 320, 594, 850, 881. Léontokastron (Trébizonde), 135, 137. Lesbos: cf. Mytilène. Levanto, 241, 254, 515, 830. Liccstomo, 145-147, 148-150, 162, 26/, 288, 397, 398, 409, 442, 753, 759, 765, 766, 881, 884; mahone de, 146-147. Lifetti (Eupatoria), 753. Ligurie, Ligures, 7, 8, 9, 17, 29, 44, 127, 133, 141, 148, 229-264, 292, 303, 310, 311, 315, 320, 322, 329, 351, 354, 363, 444, 460, 474, 487, 489, 507 , 508, 512, 515, 516, 542, 545, 573, 574, 704, 70/, 718, 723, 734, 748, 752, 753, 785, 792, 796, 804, 817, 826, 830, 831, 832, 839, 842, 852, 862, 870, 879, 8S0, 887. Lillebonne, 838. Limina, 844. Lisbonne, 832. L isore, 241. 31 978 INDEX DES NOMS DE LIEUX Lisvori (Mytilène), 646, 672. Lithi (Chio), 314, 345, 383. Lobuosom (mer Noire), 754. Lo Carcanigro (mer Noire), 451. Lo Fasso (Batoum), 754. Lombardie, Lombards, 17, 26, 52, 242, 571, 588, 723, 763, 836, 838, 864 Londres, 474, 748, 780, 893. Longobardie, 20. Lo Porro (Thrace), 752. Loreto, 240. Lo Sdafo (Gothie), 160. Lo Teodoro (mer Noire), 594. Louviers, 836. Lo Vati (Batoum), 399, 733, 852, 857. Lucera, 789. Lucques, Lucquois, 67, 243, 265, 351, 491, 660, 727-730, 734, 831, 862, 863. Lunigiana, 862. Lwow, 147, 862. Lycus (rivière), 770, 773. Lys (rivière), 836. Macédoine, 64, 163. Macronesos, 61. Magnésie du Sipyle, 667. Magra, 511. Majar (Menjar), 793, 799, 801. Majorque, 267, 309, 340, 351, 389, 526, 556, 623, 674, 748, 770, 780, 785, 802, 804, 805, 827, 828, 831, 832, 866. Malaga, 625, 788, 866. Malapaga (Gênes), 826, 882. Malée (cap), 18, 586. Malines, 628, 630, 835. Malte, 40, 590. Malvoisie, 102, 460, 842, 843, 845. Mamistra, 725. Mandylon (monastère du), 111. Mantoue, 242. Mapa, 399, 754. Marche, 843, 847. Maremme, 752, 759, 763, 764. Maritza (rivière), 775. Marmara (mer de), 113, 303 569, 588, 725, 762, 774, 844, 850, 851. Maroc, 770. Maronia, 774. Marseille, 533, 627, 831, 842, 845. Masticochora (Chio), 353, 447. Mastico (cap), 704, 742. Matrega, 28, 156, 267, 443, 450, 754, 845, 852. Mazar-i-Sharif (Afghanistan), 730. Mazarron (Castille), 770. Mazenderan, 726, 731. Méditerranée, 15, 35, 41, 45, 60, 95, 150, 235, 248, 249, 251, 264, 283, 289, 297, 304, 341, 351, 410, 441, 474, 502, 533, 539, 545, 552, 555, 565, 567, 576, 585, 587, 590, 593, 624, 678, 681, 682, 688, 717, 763, 773, 782, 785, 813, 830, 840, 848, 858, 866, 879, 894. Megapotamo (Gothi'e), 160. Mélitiade, 94. Melanios (Chio), 314, 383. Meloria (bataille de la), 13, 58. Mentèchè (émirat de), 471. Merv Chadijan, 726, 729. Mesemvria, 756, 881. Mésopotamie, 57. Messine, 243, 265, 266, 303, 574, 586, 626, 831, 858. Mesta (Chio), 742. Meydan (Trébizonde), 135. Middelbourg, 780, 867. Milan, Milanais, 26, 234, 242, 265, 266, 267, 309, 444, 491, 511, 515, /51, 831, 836, 838, 864; traité de, 61, 82, 85, 86, 154, 158. Millesimo, 240, 246. Minorque, 785, 789. Mirabello, 242. Modon, 103, 732, 881. Mogano (Perse), 140. Moldavie, 148, 150, 475, 706, 856. Moltedo, 234. Monaco, 123, 240, 501. Moncastro, 143, 147-148, 155, 162, 250, 461. Moneglia, 241, 249, 508, 511, 515, 830. Monemvasie, 48, 58, 594, 755, 850. Monleone, 241, 244, 830. Montalto, 240. Montebalzone, 242. Montechiaro, 240. INDEX DES NOMS DE LIEUX 979 Montecucco, 240. Monte Moro, 239. Monterosso, 241. Monteverde, 241. Montferrat, 68, 103, 242, 381, 491, 493 Montaggio, 240. Montpellier, 266, 738, 779, 831, 865, 874, 880. Morée, 42, 47, 50, 53, 163, 270, 276, 320. . Morinellus (lieu-dit de Caffa), 199. Mossoul, 140. Multedo, 239. Murcie, 267, 444, 785, Murta, 234, 239. Myrioképhalon (bataille de), 38. Mytilène, 7, 9, 15, 44, 72, 73, 84, 95, 96, 97, 99, 119, 129, 150, 163, 165, 169, 170-172, 188, 268, 276, 336, 452, 471, 476, 568, 586, 594, 595, 646, 671-672, 757, 774, 775, 779, 781, 857, 858, 859, 881, 889. Naples, 267, 309, 411, 442, 444, 472, 574, 586, 625, 636, 680, 718, 740, 763, 764, 788, 789, 795, 831, 843, 847, 858, 892. Narbonne, 268, 351, 738, 831, 836, 865. Naxos, 169, 171, 594, 797, 850. Nea Moni (Chio), 279, 334, 345, 346. Négrepont, 42, 44, 61, 123, 482, 591, 593, 645, 679, 732, 748, 779, 797, 859, 881. Neorion (port du), 109, 776. Nervi, 239. Neufchâteau, 628, 838. Nicaria, 546. Nice, 831. Nicée (empire de), 14, 39, 41-45, 169, 680, 770, 888. Nicopolis (bataille de), 98, 172, 407, 638. Nicosie, 7, 628. Niebla (Castille), 769. Nîmes, 865. Noire (mer), passim. Noli, 240, 254, 830. Nord (mer du), 339. Normandie, 836. Novarre, 234, 242, 267. Novgorod, 741. Nuremberg (diète de), 34. Nymphée (traité de), 42-45, 50, 52, 55, 57, 74, 82,113, 115, 164, 169, 170, 290, 332, 437, 573, 590, 680, 724, 754, 888. Ochrida, 282. Oneglia, 240, 249. Orcu (quartier génois de Constantinople), 28, 108, 109. Orléans, 838. Ormuz, 860. Orvieto (pacte d’), 53, 54. Ottante (canal d’), 13, 858. Ottone, 241, 246, 830. Oural, 734, 793. Outremont, 264, 503, 507, 512, 515, 5 1 6, 571, 748, 779 , 835, 839 , 849, 862 , 865, 887. Ovada, 240. Ovidovo (foires d’), 739. Padoue, 89, 309. Palatia, 667. Paierme, 789, 831. Palestine, 7, 20, 21, 23, 33, 42, 115, 286, 302, 501, 522, 555, 587, 622, 678, 679, 719, 888. Palmaria, 241. Palo, 240. Pamphylie, 588. Panidi (Panados), 752, 762. Panormos, 850. Pantelleria, 789. Paphos, 588. Paralimè, 844. Pareto, 251. Paris, 748, 761, 836, 838, 865. Parme, 243, 265 , 266, 267 , 444, 511. Pasechia, 568, 850. Patara (Lycie), 587. Patras, 586. Pavie, 243, 266, 299 , 444 , 511, 515, 650, 660, 824, 831, 864. Pégées (faubourg de Constantinople), 190. Pegli, 239, 511, 515, 557. Pékin: cf. Khanbalig. Pélagonia (bataille de), 42. 980 INDEX DES NOMS DE LIEUX Péloponnèse, 18, 593, 732, 858. Pentapole, 24. Péra, passim; abattoir, 194, 197; arsenal, 195; bourgs, 188, 190; cimetière, 183, 192, 198; contrade, 192, 193; églises des Saints Anargyres, 185, Saint-Benoit, 196, Saint-Dominique, 183, 192, 196, 257, 322, Saint-François, 183, 192, 196, 197, 322, 342, Saint-Georges, 185, 196, 322, 326, Sainte-Hélène, 183, Sain-te-Irène, 183, 185, Saint-Jean, 185, Saint-Lazare, 192, Saint-Michel, 183, 192, 195, 196, 312, 322, 880, Sainte-Marie, 183, 192, 196, 278, 342, Saint-Nicolas, 185, Saint-Théodore, 185, Saint-Théodule, 185; fossés, 186, 190, 19*1; hospice Saint-Antoine, 196, 198, 278, 312, 322; hospice Sainte-Hélène, 182; hospice Saint-Jean, 196,, 322, 880; Ju-decha, 278; logia, 182, 186, 192, 193, 194; maisons, 183, 197; monastère Sainte-Catherine, 192, 196, 278, 312, 322, 880; murs, 186, 187, 188, 190, 191, 192, 194, 198; palais de la Commune, 186, 193; port, 194-195, 198; portes, 192, 198, 462; prison, 194; rues, 188, 192; tours, 107, 188, 190,191, 195, 462. Pérama (porte de), 106. Perekop (isthme de), 708. Perpignan, 267. Perse, 57, 58, 75, 130, 134, 138, 141, 142, 666, 709, 711, 720, 722, 728, 731, 851, 859, 860. Persi, 240, 251, 527. Persique (golfe), 139, 140. Pescara, 22. Petite Arménie, 7, 139, 170, 577, 725, 727, 728, 741, 859. Philadelphie, 170. Phocée, 9, 53, 55, 60, 63, 72, 73, 74, 80, 82, 105, 119, 123, 124, 125, 126, 159, 163, 165-169, 171, 174, 188, 288, 309, 336, 377, 433, 468, 469, 472, 526, 556, 563, 569, 570, 595, 623, 635, 636, 670, 672, 688, 745, 746, 754, 757, 759-763, 765, 770-782, 847, 857, 859, 866, 867, 881, 884; Ancienne Phocée, 125, 168, 169, 771, 777, 778, 779; Nouvelle Phocée, 71, 125, 167, 471, 488, 596, 670, 771, 778, 779. Piana, 240. Piémont, 237, 242, 264. Pietra Lig., 251. Pietrasanta, 243. Pieve Lig, 241. Pigneroles, 243. Piombino, 243, 586. Pise, Pisans, 13, 19, 20, 22, 23-29, 31, 32, 35-39, 44, 58, 67, 105-109, 111, 116, 180-182, 197, 234, 235, 243, 254, 264, 265, 267, 289, 355, 359, 491, 511, 515, 568, 574, 588, 590, 625, 675, 740, 770, 824, 831, 863, 887. Pistola, 511, 730, 862, 863. Plaisance, Placentins, 148, 243, 256, 265,- 266, 511, 515, 730, 836, 838, 864. Pô (plaine du), 17, 242-243, 244, 246, 265-268, 339, 444, 507, 511, 512, 516, 831, 862. Pochi, 594. Podenzano, 241. Polcevera, 239, 703, 804, 815, 821. Pologne, 728, 862. Polyknitos (Mytilène), 672. Pont, pontique: passim. Pontedecimo, 241, 244. Ponteracchia (Bender-Eregli), 272. Pontremoli, 242, 246, 253. Ponzone, 240, 244. Poperinghe, 835. Portanova, 243. Portes Ciliciennes, 783. Porto Delfino (Chio), 450. Portofino, 251, 254. Porto Longo, 82. Porto Maurizio, 798, 830. Porto Pisano, 752, 780, 863, 867; (mer Noire), 754. Portovenere, 241, 511, 540, 592, 597, 830. Pouille, 24, 25, 389, 752, 765, 789, 843, 847. Pozzolo, 241. Prato (Ligurie), 239. Prato (Toscane), 862, 863. INDEX DES NOMS DE LIEUX 981 Promontorio, 239, 394, 489, 508, 511. Propontide, 32. Provato (Crimée), 86. Provence, Provençaux, 17, 265, 511, 568, 625, 675, 678, 680, 708, 710, 734, 752, 759, 763, 764, 770, 831, 842, 862, 864, 865. Provins, 660, 836. Pyrghi (Chio), 314, 383, 742. Qaraman, 97. Quarto, 239, 515. Quercia Lunigiana, 242. Quinto, 239. Raguse, 475, 881. Rapallo, 241, 246, 253, 254, 465, 515, 704, 819, 830. Recco, 241, 515, 542, 549, 824, 830. Recovere (Chio), 314. Reggio d’Emilie, 511, 515. Reggio de Calabre, 586. Reims, 139, 628, 838, 839. Rej (Perse), 860. Revello, 243. Rezzo, 240, 246. Rhodes, 19, 35, 40, 41, 64, 95, 99, 120, 121, 122, 150, 169, 171, 172, 267, 268, 271, 288, 396, 452, 468, 470, 489, 568- 570, 577, 588, 591, 592, 594, 744, 745, 746, 748, 837, 850, 851, 857, 859, 881. Rhône (fleuve), 515, 865. Rialto, 732. Rivarolo, 239, 830. Riviere de Gênes, 8, 148, 239-242, 248, 309, 351, 501, 506-508, 512, 524, 531, 539, 542, 573, 574, 708, 740, 750, 830, 842, 863; Riviera du Levant, 241-242, 245, 246, 251, 253, 254, 507, 508, 511, 512, 516, 540, 574, 830; Riviera du Ponent, 239-240, 245, 246, 251, 252-254, 507, 508, 511, 512, 516, 540, 574, 830. Rocca, 261, 527. Roccabruna, 237. Roccaforte, 237. Roccatagliata, 235, 242. Rodosto, 92, 569, 752, 755, 850. Romanie, passim. Rome, 83, 85, 631. Ronco, 241, 246. Rossia, 28. Rossiglione, 241. Rovereto, 241. Russie, Russes, 22, 79, 204, 287, 288, 291, 299, 303, 308, 326, 460, 739, 741, 753, 759, 785, 790, 791, 793, 795, 799, 801, 802, 804, 811, 854, 894. Saint-Démétrius des Paléologues (monastère de), 111. Saint-Dominique, église de Licostomo, 146; église de Tana, 155. Saint-François, église de Licostomo, 146. Saint-Jacques, église de Tana, 155. Saint-Jean des Grecs, église de Kilia, 146. Saint-Marc, église de Tana, 154. Saint-Sépulcre (monastère du), 517. Sainte-Croix (château de), 107, 188, 191, 195, 278. Sainte-Marie, église de Cembalo, 157; église de Tana, 155. Sainte-Sophie de Constantinople, 79. Salerne, 511, 675. Saliceto, 240. Saluces, 243, 267. Samastri, 130-131, 288, 360, 372, 399, 857, 881. Samos, 165, 591, 828, 859. Samothrace, 174 , 591. Sampierdarena, 239, 517, 540, 543, 544. Sancta Cruce (embolos génois de Constantinople), 107, 234, 264, 506. San Fruttuoso di Capodimonte, 885. San Gimignano, 515. San Giorgio (mer Noire), 156, 854. San. Iohanis (Gothie), 160. San Remo, 240, 244, 339, 515. Sant’Olcese, 241, 253. Santo Stefano (mer de Marmara), 271. Sapientza, 82, 827. Sarai, 75, 151, 326, 458, 458, 739, 860. Sardaigne, 13, 82, 558, 565, 651, 678, 680, 708, 752, 763, 764, 785 , 831. Saruhan, 73, 667, 773. Saseno, 554. Sassello, 240. 982 INDEX DES NOMS DE LIEUX Sattalia, 170, 568, 679. Savasto: cf. Siwas. Savastopoli, 141-142, 272, 396, 399, 570, 668, 754, 792, 854, 857, 881. Savignone, 241, 244, 253, 508, 511, 524, 729, S30. Savoie, 85, 91. Savone, 201, 234, 240, 246, 249, 251, 253, 465, 508, 511, 515, 540, 542, 557, 682, 830, 867, 878. Scorpiata, 752, 774, 857. Sélymbrie, 92, 94, 752, 881. Selvano, 243. Serbie, Serbes, 119, 651. Serravalle, 251. Sesta Godano, 242. Sestos, 589. Sestri Levante, 241, 246, 253, 540, 542, 573. Sestri Ponente, 234, 239, 351, 880. Séte, 831. Sette Pozzi (bataille des), 48. Séville, 267, 444, 636, 777, 832, 836, 847, 865, 866, 867. Sicile, Siciliens, 15, 24, 26, 49, 51, 53, 58, 198, 292, 389, 399, 411, 433, 491, 541, 563, 568, 580, 581, 586, 596, 597, 675, 678, 680, 723, 748, 752, 759, 761, 762-766, 780, 788, 795, 802, 804, 843, 866, 867. Sidon, 669. Sienne, 267, 515, 831. Simisso, 132-134, 138, 142, 250, 288, 337, 338, 351, 360, 373, 395, 399, 400, 443, 444, 569, 570, 668, 707, 737, 828, 852, 854, 857, 860, 881, 891. Sinope, 67, 69, 101, 131-132, 136, 272, 301, 360, 372, 396, 420, 461, 491, 569, 594, 623, 668, 783, 784, 828, 852, 854, 857, 874, 881, 891. Siwas, 134, 138, 139, 159, 288, 727, 732, 835, 859, 860. Skamniou (Mytilène), 672. Sklavia (Chio), 313, 705. Skopélos, 591. Smyme, 44, 77, 119, 122, 165, 170, 174, 324, 379, 469, 472, 569, 625, 707, 724, 729, 730, 773, 850, 857, 859. Sogdiane, 726, 731. Solario, 242. Soldaïa, 58, 86, 116, 117, 133, 151, 157- 160, 200, 259, 272, 286, 314, 316, 325, 336, 343, 395, 400, 413, 443, 444, 457, 460, 461, 479, 702, 852, 859, 881, 890. Solgat, 93, 115, 130, 148, 159, 161, 205, 211, 212, 272, 284, 285, 286, 287, 288, 299, 311, 319, 353, 372, 376, 390, 391, 396, 398, 399, 409, 415, 417, 443, 446, 450, 455, 457, 458, 460, 461, 594, 661, 685, 702, 709, 735, 739, 740, 754, 761, 795, 814, 845, 847, 852, 881. Sophien (port de Constantinople), 79. Sort, 234, 241, 515, 540, 830. Sorrente, 444, 586, 831. Sousse, 789. Southampton, 780. Sozopolis, 79, 881. Spetzai (bataille de), 48. Spiga (bourg de Péra), 188, 189, 190, 192, 194, 198, 271, 312, 322, 342, 703. Spigno, 240, 244, 246. Spiladia (Chio), 345. Sporades, 467. Staroe (lac), 708. Stous Hephta (Chio), 313, 705. Struppa, 239, 256. Sturla, 234. Sultan-Hani, 859. Sykae (Constantinople), 182. Syracuse, 40. Syrie, 7, 18, 21, 23, 41, 43, 45, 58, 115, 120, 200, 215, 243, 272, 286-287, 288, 297, 302, 308, 309, 314, 317, 320, 337, 350, 351, 355, 501, 502, 522, 527, 549, 555, 568, 587, 601, 609, 622, 625, 628, 638, 675, 679, 680, 717, 719, 723, 741, 744, 745, 747, 748, 826, 857, 868, 876, 877, 887, 893. Taberistan, 726. Tabriz, 128, 130, 136, 137, 138-141, 142, 151, 288, 326, 527, 666, 688, 711, 720, 725, 727, 728, 730, 837, 852, 859, 860, 877, 893. Taggia, 540. Tagliolo, 251. INDEX DES NOMS DE LIEUX 983 Talaros (Chio), 345. Talish, 727, 731. Tana, 7, 15, 28, 75, 76, 82, 86, 93, 128, 132, 150, 151-156, 159, 162, 267, 299, 300, 301, 340, 388, 409, 451, 473, 474, 569, 570, 576 , 625-627 , 645 , 687, 706- 707, 708, 720 , 722 , 728, 731, 733, 735, 737, 738-740, 754, 757, 774, 775, 784, 793, 796, 819, 827 , 830, 837, 839, 841, 845, 846, 847 , 848 , 851, 854, 857, 859, 860, 868, 877, 880 , 881, 890, 893. Tarabya (Bosphore), 192, 366. Tarragone, 832. Tauride, 116. Tchechme (presqu’île de), 467. Ténédos, 78, 85, 87-89, 91, 174, 594, 774, 859, 881. Terpi, 239. Terre-Ferme (de Venise), 91. Terre Sainte: cf. Palestine. Thasos, 168, 591, 850. Théodosia, 114, 115, 118, 208, 682: cf. Caffa. Thermopeges (Mytilène), 672. Thessalie, 30. 859. Thessalonique, 32, 33, 44, 72, 80, 81, 94, 164, 271, 475, 569 , 579, 588, 594, 679, 797, 850, 881. Thrace, 64, 83, 91, *174, 342, 398, 751 753, 755, 756, 758, 765, 775. Tigre (fleuve), 139. Toirano, 240. Tolfa, 769. Torriglia, 830. Tortona, 267, 268, 366, 831. Tortosa, 675. Toscane, Toscans, 198, 268, 292, 339, 515, 610, 617, 634, 670, 723, 772, 795, 802, 831, 862, 863 , 885. Toulon, 708. Touzlah (rade de), 708, 709, 710, 711. Transcaucasie, 725, 729, 730, 732, 733, 792. Trapani, 243, 265, 574, 789, 831. Trébizonde, 64, 69, 74, 88, 101, 130, 134-138, 139, 142, 202, 272, 284, 338, 340, 341, 351, 369, 373, 399, 473, 474, 525, 553, 568, 569 , 576, 579 , 594, 623, 625, 626, 627, 641, 664-665, 688, 707, 709, 710, 711, 720, 722, 728, 731, 733, 737, 759, 773, 775, 776, 777, 783, 793, 797, 852, 854, 857, 859, 860, 879, 881, 890, 893. Trilia, 460, 774, 844, 845. Tripoli (Cyrénaïque), 789. Tripoli (Syrie), 355. Troade, 774. Tropea, 366, 586, 636, 843, 845. Trypétos Lithos (Constantinople), 106. Tunis, 625, 678, 680, 788, 789. Turin (paix de), 91, 156, 159, 174, 267. Turkestan, 729. Turquie, 6, 96, 133, 169, 170, 301, 471, 741, 744, 746, 747, 748, 752, 759, 765, 779, 783, 837, 851, 858. Tyr, 42, 355. Tyrrhénienne (mer), 25, 550, 573,579,581, 785. Ulubad (Ulek-Abad), 774, 775. Uniab (Asie mineure), 783. Urgendj, 860. Uscio, 242. Val di Taro, 242, 244, 246, 511, 515. Valence, 265, 266 , 267 , 310, 444 , 748,, 770, 785, 832. Valperga, 243. Val Trebbia, 139, 511, 515. Vara, 511. Varazze, 240, 246 , 249, 251, 253 , 511,, 515, 540, 542, 543, 830, 878, 880. Varese Lig., 515. Varna, 267 , 271, 443 , 753 , 757, 797, 881- Vaticano (cap), 586. Vatiza, 134, 340. Vedereto, 530. Venise, Vénitiens, 5, 6, 8, 13-15, 17, 19, 20, 22, 24-30, 32, 33, 34, 36, 38-42, 44, 45, 47-50, 52, 53, 55, 58-61, 65, 67, 69, 70,75-78,80-93,95,98-100,102,103,105, 106, 109, 110, 112, 113, 116, 117, 120, 122, 123, 134, 137, 138, 144, 148, 152, 154-157, 159, 162-164, 167, 169, 170, 171, 174, 184, 185, 188, 200, 207, 234, 235, 243, 254, 256, 264-267 , 290, 299- 984 INDEX DES NOMS DE LIEUX 301, 303, 323, 325, 332, 338, 351, 352, 355, 356, 358, 359, 362, 365, 376, 397, 403, 415, 431, 441, 444, 451, 464, 465, 467-470,473,474,475,479,482,489,491, 493, 501, 529, 533, 536, 541, 548, 550, 552, 557, 558, 560, 564, 568, 571, 575, 580,582,585,589,590,592-596,598,602, 60S, 624, 625, 629, 630, 643, 645, 646, 650, 651, 657-659, 667-669, 671, 675, 679, 680, 707, 711, 712, 719, 721-724, 726, 731, 732, 733, 740, 745, 748, 751- 755, 759, 770, 777, 779, 785, 788, 790- 792, 795, 796, 802, 813, 819, 826, 831, 838, 843, 845, 847, 852, 859, 881, 885, 887-889, 892, 893. Vénétie, 242. Véra (golfe de), 172. Vercelli, 266. Vernazza, 830. Vérone, 243, 797. Vervicq, 628, 838, 839. Vicence, 243. Vicina, 143-145, 267, 288, 444, 649, 725, 735, 753, 850, 854, 859, 881. Vierge des Blachernes (église de la), 79. Vignali, 243. Vignole, 241. Viki (Chio), 314, 383. Vintimille, 249, 251, 511. Viterbe (traité de), 50, 591. Vitry, 276, 838. Volga (fleuve), 118, 795, 860. Volissos (Chio), 314, 344, 383, 445, 704. Voltaggio, 253, 511, 830. Voltri, 239, 249, 253, 255, 511, 515, 704, 746, 815, 830, 880. Voniticha (bourg de Caffa), 212. Vosporo (Kertch), 156, 157, 388, 443, 444, 451, 754, 845, 852, 859. Vronthados (Chio), 383. Vulcano, 769. Wahat (Egypte), 770. Würzbourg, 24. Ypres, 835. Zagora: cf. Bulgarie. Zara, 475, 881, 882. Zichie, 156, 300, 338, 372, 396, 397, 399, 457, 461, 594, 754, 761, 792, 857. Zigana (passe de), 138. Zoagli, 241, 251, 253, 254, 704. INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES Abbé du peuple, 363, 712. Accomandants, 139, 530, 531, 601, 602- 606, 871, 873. Accoraanditaires, 519, 525, 601-603, 605- 607, 872, 873. Achat (contrat d’), 611-612. Acier, 636, 840. Affermage, 222, 299, 307, 339, 342, 365, 371, 381, 400, 402, 404, 408, 410, 414, 433, 490, 682, 684, 685, 750, 778, 815- 817, 828, 830, 844. Affranchissement d’esclaves, 296, 297, 303, 304, 305, 308, 310, 791, 797, 798, 805, 818, 822, 824-826, 832. Agents du commerce, 234, 262, 339, 502, 505, 506, 511-515, 523 , 529, 604, 606, 616, 640, 691, 696, 707, 710. Agriculture, 334, 335, 701-705, 734-768, 818, 832, 893. Akrostichon, 260, 403, 446. Albergo (clan familial génois), 248-250,252, 253" 257, 262, 275, 508, 516, 523, 525, 529-531, 536, 818, 880, 892. Alexiade, 18, 587. Aloi (de la monnaie), 644, 646, 648, 651, 656, 659 , 661, 665 , 666, 668, 669. Alun, 53, 55, 120, 128, 133, 165-169, 172, 298, 338, 369, 468, 469, 471, 491, 522, 526, 535, 547, 555, 556, 561, 565, 568, 572, 598 , 610, 623 , 627 , 629, 630-632, 635, 688, 711, 717, 719, 738, 745, 763, 769-782, 828, 839, 843, 846, 852, 857, 863-868 , 875 , 878 , 889, 893. Ambassades génoises, 18, 21, 22, 24, 25, 26, 28, 30, 33, 34, 36, 37, 40, 43, 50, 54, 56, 59, 62, 65, 74, 75, 80, 84, 86, 88-93, 96-98, 101, 106, 107, 108, 110, 111, 116, 129, 136, 141, 147, 148, 151, 166, 202, 342, 364, 395, 396, 457, 475, 482, 486-487, 541, 569, 588, 589, 677, 679, 719, 745. Ampelopaticum, 702. Angaria (impôt), 330, 352, 378, 383, 403, 404, 411. Apanage, 92-94. Apodixia (acte sous seing privé), 600, 608, 621, 639. Apprentissage, 712-713. Approvisionnements, 133, 142, 283, 310, 331, 337, 338, 356, 384, 388, 392, 397- 400, 420, 421, 482, 661, 894. Arbalétriers, 205, 231, 232, 249 , 328, 351, 370, 394, 397 , 444 , 446, 487 , 551, 557, 574, 596, 661, 8S2. Arbitrage, 333, 334, 363, 378, 433-434, 436, 437, 440. Arboriculture, 703, 704. Archontes grecs, 274, 321, 345-346, 353, 493. Argent (métal), 98, 118, 139, 152, 154, 156, 271, 341, 343, 350, 614, 628, 632, 635, 645 , 646, 649-651, 656-662 , 664, 666-670, 672, 694, 814, 841, 842, 851, 871, 874, 876, 877, 878, 880. Aristocratie marchande, 43, 68, 148, 234, 237, 262, 267, 311, 348, 353, 356, 391, 483, 484, 485, 491, 494, 689 , 690, 694, 696, 698, 700, 728, 883, 884, 889, 891. Armement, 44, 80, 191, 193, 209, 273, 342, 390, 396-397, 441-443, 455, 636, 840, 841. Artisans, 226, 232 , 258, 259 , 260 , 265, 268, 272, 279, 283, 306. 309, 311, 318, 352, 368, 445, 446, 506, 508 , 516-521, 531, 604, 691, 694, 705, 711-715, 738, 771, 803, 804, 805, 819-821, 830, 832, 841, 870. Aspre (aqce) abagatus, 666; baricat, 117, 118, 159, 160, 161, 200-202 , 204 , 208, 210, 212, 256, 291, 294, 296, 297, 299, 300, 301, 302, 339, 343, 351, 369, 372, 373, 375, 391, 395, 396, 397, 402, 412, 413, 415-417, 433, 446, 449, 479, 595, 613, 617, 623, 645, 658-664, 665, 667, 986 INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 709, 736, 737, 740, 765, 766, 768, 796, 838, 844, 845, 859, 874, 879; comnénat, 136, 137, 623, 625, 664-665, 709, 710; de Tana, 152; turc, 132, 133, 664-668. Assurances maritimes, 170, 172, 336, 339, 350, 471, 537, 596, 597, 600, 614, 615, 631-639, 748, 843, 867, 875, 878. Avaria (impôt), 403, 542; avaria capitum, 402; avaria mobili, 402. Baile vénitien, 60, 86, 122, 137, 359. Bailleurs de fonds, 507, 511, 512, 515, 516, 519, 521, 522, 525, 527, 528, 529, 530, 603, 605-609, 611, 613, 614, 616, 617, 619, 647, 689, 871. Balance des paiements, 717, 839, 841, 869, 875-879. Banquiers, 211, 250, 265, 271, 276, 303, 335, 347, 366, 374, 392, 440, 517, 519, 521, 713, 715, 819, 869. Barbiers, 197, 232, 714, 819. Barque, 102, 337, 338, 449, 451, 541, 545, 553, 561, 569, 850, 863. Bateaux: constructions navales, 539-546; noms des, 534-536; parts ou carats, 543-544; prix, 547, 557, 559; temps de navigation, 576-581; types de, cf. bucius, coque, brigantin, galéasse, galère, galiot-te, linh, nef, panfile, saiète, sandal, taride; utilisation des, 621-631. Bénéfices du commerce, 127, 129, 132, 227, 297-298, 603-606, 608, 614, 619, 624, 632, 677, 696, 698, 723, 727, 731-732, 736-737, 740, 749, 765, 781, 782, 827, 837, 846, 869-881. Besant, 616, 666, 670, 677, 877. Bijoux, 85, 86, 101, 137, 140, 343, 405, 628, 635, 720, 845, 866, 877, 878, 885. Biscuit, 400, 450, 451, 470, 471, 482, 574, 750. Blé: cf. grains. Bocassin, 412, 571, 628, 878. Bois, 161, 191, 390, 449, 540, 543, 545, 701, 851; de Brésil, 571, 636, 719, 720, 721, 723, 865. Bombardes, 396-397, 442. Bouchers, 181, 197, 204, 212, 232, 269, 271, 274, 278, 284, 286, 287, 702, 706, 713, 715. Bougran, 571, 859. Boulangers, 231, 232, 265, 266, 271, 278, 329, 713, 882. Bourgeois de Caffa, 248, 255, 258, 259, 328, 329, 388, 485; de Chio, 261, 268, 313, 330, 379, 485, 488, 493; de Constantinople, 465; de Péra, 257, 267, 268, 329, 366, 394, 465. Brigantin, S8, 96, 156, 214, 306, 388, 397, 449, 450, 451, 452, 544, 545. Bucius, 561, 562. Cabella capitum à Péra, 412; carcerum à Péra, 413; vini à Caffa, 411, 413, 414; à Péra, 411, 418, 844. Calfats, 232, 267, 271, 272, 273, 318, 335, 404, 438, 448, 521, 545, 714, 771, 883. Camelot, 96, 350, 458, 460, 628, 713, 859, 883. Camocat, 285, 286, 287, 350, 412, 440, 458, 713. Canluchi (sujets du khan), 461, 494. Cannelle, 721, 878. Capitaine des bourgs à Caffa, 211, 376, 432; à Chio, 383, 432, 445, 446. Capitaine des murailles à Caffa, 376. Caravanes, 128, 139, 140, 141, 143, 719, 720, 728, 774, 775. Caroubes, 369, 848, 851. Castrum de Caffa, 205, 207, 701; de Chio, 215-220, 259, 260, 313, 352, 493, 889; de Licostomo, 146; de Mytilène, 173, 889; de Soldaïa, 159, 160; de Trébizonde, 135. Caviar, 707, 720. Change, 118, 139, 149, 340, 602, 607, 608, 612-621, 632, 638, 639, 641, 646, 647, 657, 658, 662, 664-667, 687, 694, 735, 736, 765, 776, 837, 845; lettre de, 363, 378, 397, 417, 453, 490, 608, 616-621; change maritime, 612-615, 631, 632, 639, 731, 737. Châtelain, 157, 158, 368, 386, 444; de Chio, 380, 381, 383, 431, 445, 448. Chevaliers du podestat, du consul, 368, 372, 432, 433. Chisilima (biens confisqués à Chio), 225- INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 987 226, 259, 276, 328, 331, 344, 346, 352, 704. Chreokoinonia (contrat), 601. Cire, 128, 137, 149, 164, 229, 298, 351, 563, 568, 614, 626, 627, 632, 719, 734- 737, 738, 760, 763, 774, 845, 851, 854, 863, 864, 875, 878, 890. Clan familial: cf. albergo. Clercs, 322-327, 517, 519, 531, 608, 694, 819, 821. Clous de girofle, 721, 723. Cochenille, 624, 725. Codex Cumanicus, 318, 319, 791. Commande (contrat de), 117, 118, 139, 151, 166, 170, 235, 338, 341, 347, 369, 522, 526, 527, 529-531, 579, 599, 600- 608, 610, 612, 614, 634, 639, 641, 648, 674, 679, 694, 739, 740, 776, 777, 826, 833, 841, 845, 856, 859, 871, 872, 874, 875, 877, 878. Commerchium de Caffa, 99, 132, 232, 319, 362, 369, 404, 408-409, 411, 412, 414, 418, 683, 684, 685, 687; de Chio, 378, 410-411; de Gazarie, 413, 459; de Li-costomo, 146, 149, 409; de Péra, 342, 405-408, 416, 420; sancti Antbonii, 299, 300, 412; de Tana, 155, 287; de Trébizonde, 135. Commerciane, 210, 372, 459, 466, 682, 709, 710, 755, 756. Commissio, 360, 477, 478, 480, 482. Compagnies toscanes, 529, 610, 616, 864. Compere (associations des créanciers de 'a Commune génoise), 135, 342, 347, 377, 383, 410, 417, 439, 486, 489, 517, 746, 817, 891; compere Comunis S. Michae-lis, 418; compera nova S. Pauli 490; compera vetus Gazariae, 409. Conestagia, 214, 245, 248, 250, 573. Conjoncture, 570, 572, 598, 630, 673-688. Conseils: des Anciens à Gênes, 476, 477, 478, 484, 485, 487, 488, 751, 867, 891; du consul de Caffa, 370-371, 375, 387, 388, 392, 485, 487; de la Mahone de Chio, 379, 383, 384, 389, 392, 485,493; du podestat de Péra, 361, 362, 387, 392, 485. Consuls: d’Alexandrie, 479; d’Altologo, 170; de Caffa, 86, 98, 118, 127, 129, 133, 138, 142, 159, 162, 201, 202, 203, 205, 208, 210, 211, 212, 232, 248, 262, 273, 287, 299, 315, 316, 317, 321, 326, 328, 332, 334, 360, 368-376, 378, 388, 393, 400, 408, 415, 431, 433, 434, 435, 440, 441, 442, 444-446, 450, 456-460, 475, 476, 480, 481, 486, 487, 494, 525, 594, 595, 623, 661, 701, 818, 890; de Cembalo, 157, 373, 479; de ICilia, 146; de La Copa, 479; de Licostomo, 146, 147; des métiers, 712; de Samastri, 130, 373, 479; de Savastopoli, 141, 479; de Simisso, 132, 134, 138, 373, 479; de Sinope, 131, 132, 479, 874, 891; de Sol-daïa, 158, 159, 160, 479; de Tabriz, 140, 141; de Tana, 151, 152, 155, 156, 479; de Thessalonique, 164; de Trébizonde, 134, 136-138, 369, 373, 479, 525; de Vicina, 144. Contado de Gênes, 264, 501, 508, /49, 830, 832, 881. Contrada, 192, 196, 198 , 200, 214 , 215, 224-225, 236, 245, 246, 248, 252, 713, 870. Convois navals, 74, 361, 370, 480, 546, 571, 576, 581-585, 586, 596, 626, 638, 689, 691, 694, 719, 734, 780, 864, 865, 868. Coque (cocha), 128, 223, 301, 336, 338, 350, 399, 502, 537, 539, 540, 550, 553, 555-557, 559-564, 566-568, 570-573, 576- 578, 580, 583, 585-587, 592, 594, 597, 598, 610, 625, 627, 630, 689, 701, 711, 735, 737, 740, 758-762, 764, 766, 774, 775, 779, 780, 782, 827, 843, 866. Corail, 571, 628, 719, 848. Cordonniers, 231, 715, 882. Coton, cotonnades, 613, 628, 629, 741-742, 789, 839, 852, 866, 875. Cotumum (impôt), 402, 403. Courtiers, courtage, 273, 285, 286, 337, 347, 362, 375, 404, 405, 413, 418, 715, 819. Couteliers, 519, 804, 819, 821, 826. Croisade, 40, 75, 76, 99, 115, 121, 163, 172, 174, 175, 467, 468, 492, 493, 502, 622, 638, 679, 717, 718, 858; première 988 INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES croisade, 7, 17, 464, 884, 887; troisième croisade, 33, 34, 38, 523, 601, 678; quatrième croisade, 14, 28, 37, 38, 39, 40, 112, 179, 277, 356, 859, 884, 88?! 889; croisades de Louis IX, 52, 540, 548, 554, 565. Cuirasses, 396-397, 441, 442, 443, 841, 842, 859. Cuirs, 229, 284, 298, 563, 568, 604, 614, 626, 632, 720, 734, 735, 737-738, 763, 771, 845, 852, 854, 857, 863, 866, 878. Cuivre, 132, 719, 783-784, 841, 851. Défense des comptoirs, 396-397, 441-453. Dévaluation, 650-651, 656, 658, 660-662, 664, 665, 667, 672, 683, 684, 694, 698 780, 814. Devetum (interdiction de naviguer), 39 53, 86, 93, 154, 156, 158, 362,'364,’ 369, 379, 388, 451, 571, 582, 592, 679, 773, 776. Disette frumentaire, 64, 76, 387, 389, 398, 399, 757, 759, 761, 762, 765, 766,’ 796.’ Drapiers, 232, 274, 519, 521, 803, 819. Draps, 96, 97, 98, 101, 102, 131, 132, 155, 276, 319, 335, 339, 350, 366, 393,’ 405, 412, 413, 458, 460, 571, 604, 610, 613, 627-630, 632, 635, 636, 645, 713, 727, 769, 782, 834-838, 839, 850, 874, 878. Ducat, 75, 171, 226, 227, 305, 310, 335, 336, 338, 347, 350, 351, 389, 414, 417, 418, 449, 471, 472, 617, 620, 643, 645, 646, 658, 661, 667, 668, 670-672, 731, 749, 813, 844, 876. Ecarlate (drap), 98, 458, 628, 629, 834 863. Elevage, 701-702, 703, 713, 734-740. Embolos, 23, 25, 26, 106, 108-112, 179- 181. Empire latin de Constantinople, 40, 41, 42, 50, 65, 112, 356, 468, 679. Encens, 571, 854, 878. Epices, 76, 102, 128, 137, 140, 141, 150, 268, 338, 521, 583, 630, 636, 711, 717, 718, 719-725, 737, 760, 763, 845, 851, 857, 863, 865-868, 875, 876, 878, 887, 893; marchands d’, 183, 211, 232, 343, 715, 803, 819, 837. Equipages, 259, 353 , 402 , 404, 449-456, 548, 550-551, 554, 557, 559, 560, 563, 572-575, 823, 881-882. Esclaves, 65, 93, 102, 116, 118, 132, 141, 149, 155, 204, 224, 235, 270, 272, 284, 285, 288, 289-310, 350, 366, 368, 374, 394, 404, 412, 413, 468, 636, 660, 713, 719, 7S5-833, 845, 857, 870, 875, 881, 882. Esturgeons, 706-707, 760, 763, 854, 863. Etain, 628, 635, 841. Evêché latin de Chio, 71, 222, 346; de Soldaïa, 159, 200, 286, 314, 325. Fabricants de chandelles, 232, 274; de chausses, 211, 232, 256, 265, 270, 278, 286, 519, 713, 715, 819; de cloches, 232; d’épées, 232, 519; de rames, 181, 269, 368. Femmes, 231, 255-256, 271, 280, 292, 294, 296, 303, 306, 309, 320-322, 438- 439, 517, 519, 531, 608, 636, 694, 787, 791, 792, 795, 796, 798, 802-804, 805, 806-810, 812-814, 821-823, 824, 825, 832. Féodalité, 310-311, 463-465, 894. Fer, 628, 629, 636, 782, 783, 784, 821, 840. Ferronniers, 215, 284, 286, 713, 714. Fileurs, 192, 274, 713. Fiscalité, 310, 402-430, 452, 482, 488. Florin, 67, 85, 89, 91, 99, 154, 300, 306, 307, 383, 402, 490, 619, 637, 645, 661, 670, 671, 749, 781, 815, 816, 818, 824, 828, 829, 830, 833, 874. Flotte angevine, 591; byzantine, 18, 19, 22, 41, 48, 57, 58, 70, 73, 78, 79, 82, 90, 121, 169, 184, 587 , 588 , 592, 757, 776, 888; génoise, 17-20, 29, 43, 44, 46, 47, 48, 56, 58, 59, 61, 64, 67, 87, 113, 123, 129, 166, 186, 353, 450-452, 491, 540-542, 562-567, 568, 571, 573, 582; pisane, 19, 20; vénitienne, 30, 42, 45, 59, 81, 103, 150, 172, 590, 591, 592, 892. Foenus nauticum, 613, 631. INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 989 Fondouk, 201, 236, 255, 286, 337. Forgerons, 109, 181, 211, 232, 266, 269, 271, 273, 335, 352, 705, 714, 715, 827. Fourrures, 96, 98, 102, 155, 343, 571, 614, 626, 632, 714, 720, 734, 738-741, 845, 851, 854 , 875 , 883 , 890. Futaine, 351, 835, 839. Gabella capitum, 306, 307. Gabella grani, 759, 764. Gabelles, 100, 146, 157, 160, 161, 188, 204, 229, 263, 283, 299, 300, 306, 307, 332,336, 339, 342, 347, 353, 362, 365, 366,371, 388, 393, 394, 397, 400, 402, 404, 405, 407, 409, 412, 413-417, 419, 434, 489, 685, 702, 710, 750, 773, 815, 817, 828, 830, 844, 847. Galeasse, 552, 565. Galères, 48, 56, 73, 85, 88, 94, 98-101, 123, 137, 146, 157, 168, 172, 194, 195, 209, 214, 215, 223, 244, 245, 249, 250, 259, 271-273, 284, 300, 306, 321, 326, 332, 340, 343, 350, 351, 353, 356, 361, 370,376, 377, 384, 388, 390, 394, 396, 397, 399, 402, 404, 416, 417, 418, 419, 441, 442, 444, 448, 449-453, 455, 474, 480, 483, 489, 490, 501, 502, 521, 534, 537, 540-546, 547-553, 555, 559, 561, 562, 564, 565, 567-572, 574-578, 580, 581, 583, 585, 587, 589, 590, 592-594, 596, 597, 598, 602, 623, 625, 627, 628, 638, 646, 721, 722, 731, 732, 734, 735, 736, 740, 748, 760, 763, 777, 784, 823, 826, 828, 833, 843, 865, 867, 877, 880. Galiotte, 95, 96, 214, 336, 449, 536, 544, 545, 546, 552, 570. Gardes nocturnes à Caffa, 376, 395, 421, 432; à Péra, 390, 395, 420, 432, 445. Génois d’or (genovino), 139, 643, 644, 651, 658, 669, 670, 672. Gibelins, 25, 50, 52, 66, 67, 68, 73, 122, 186, 257, 392, 477, 491, 492, 525, 541, 593, 682. Gigliat, 646, 667, 669-670, 672. Gingembre, 137, 351, 720, 721, 722, 863, 865, 878. Gouvernail detambot, 534, 552, 554, 555, 557. Gouverneurs de la Mahone de Chio, 384, 402, 411, 412, 417, 433, 449, 450. Grains, 31, 45, 47, 56, 58, 63, 64, 65, 66, 76, 80, 100, 118, 128, 130, 133, 134, 138, 146, 149, 155, 164, 215, 272, 287, 298, 319, 336, 337, 338, 342, 346, 365, 372, 389, 392, 393 , 397-400, 404, 405, 412, 415, 416, 420, 421, 451, 461, 489, 538, 545, 547, 553, 561, 563, 564, 565, 568, 569, 570, 597 , 598 , 623 , 625, 628, 629, 630, 638, 687, 702, 711, 717, 719, 735, 738, 749-768, 780, 791, 814, 815, 837, 850, 851, 852 , 854, 857 , 875 , 878, 882, 890. Gréement des navires, 534, 548, 551-552, 555, 560, 578, 579. Greffiers, 232, 267, 366, 374. Gresham (loi de), 671. Griparia, 336, 399, 451, 572. Gros d’argent, 643, 644 , 645, 650, 651, 658, 659, 666, 669, 672 , 736, 781. Guelfes, 43, 45, 50, 66, 67, 73, 122, 186, 257, 392, 477, 491, 492, 541, 593, 891. Guerres vénéto-génoises, 58-61, 76, 81-83, 87-91,112,184,207, 326, 441, 444, 450- 452, 541, 542, 573 , 582, 589 , 590, 592, 680, 683, 688, 751, 813, 814, 815, 888. Hermines, 571, 738, 739, 740, 848. Hivernage, 473-474, 578-580. Hommage féodal, 52, 331, 463-465. Hommes d’armes (mercenaires), 361, 370, 395, 397, 398, 400, 419, 441, 443-448, 449, 455, 480. Huile, 164, 208, 342, 412, 413 , 434, 538, 625, 636, 719, 842, 846-847, 851. Huissier (fonction), 232, 317, 321, 334, 368, 375, 381, 386, 400, 434, 435. Huissier (type de bateau), 542, 544, 595, 784. Hyperpères, 23, 25, 29 , 32 , 34 , 44 , 60 , 62, 68, 94, 98,100.101,107, 109,117, 125, 126, 145, 146, 149, 163, 181, 183, 184, 191, 196, 197, 198, 226, 265, 269, 283, 305, 307, 322, 337, 339, 342, 343, 344, 350, 351, 352, 363, 365, 366, 367, 368, 381,391,393,394-397,400,401,403-408, 411, 412, 413, 415-418, 432, 436, 439, 990 INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 440, 442, 446, 449, 452, 453, 464, 470, 478, 479, 483, 489, 506, 588, 610, 613, 617, 618, 619, 623, 625, 626, 643, 644, 645, 646, 647-658, 659, 661, 663, 664, 665, 667, 668, 669, 670, 671, 677, 682, 683, 710, 733, 736, 737, 746, 749, 755, 756, 758, 768, 837, 844, 850, 872, 874, 877. Il-Khan, 57, 58, 75, 138, 666, 667, 720, 860. Immigration latine en Orient, 126, 179, 225-227, 232, 254-264, 265, 352. Indigo, 571, 720, 722. Intérêt de l’argent, 132, 612, 613, 616-620, 632, 646, 875. Interprète, 131, 147, 157, 158, 196, 266, 287, 315-317, 318, 322, 362, 368, 374, 375, 381, 386, 434, 458. Introytus baratarie, 413. Introytus carnium recentium, 714. Introytus censarie sclavorum S. Anthonii, 299. Introytus domus sclavorum, 299. Introytus logie et carceris, 413. Introytus macellorum, 714. Introytus montilis seu seminati, 413, 703. Introytus ponderis Peyre, 406. Introytus pontis et ponderis Cafïe, 211, 409-410, 429-430, 684-687. Introytus tamoge bestiarum macelli, 319, 714. Introytus terraticorum novorum (à Caffa), 414; veterum (à Caffa), 204, 414. Introytus tolte sclavorum Peyre, 306. Investissements commerciaux, 31, 117, 140, 144, 151, 163, 164, 165, 255, 264, 356, 508, 511, 512, 519, 524-530, 600, 601-604, 607-609, 611, 614, 615, 618, 620, 621, 637, 673-700, 718, 853, 854, 859, 871, 872. Isopoliteia, 465. Isqa, 601. Judaica (quartier juif de Chio), 224, 281, 282, 313, 350; Judecha (à Caffa), 279; contratta Judeorum (à Péra), 278, 312. Juristes, 434, 435, 714, 819. Jus solli (impôt foncier à Péra), 403. justice, juges, 195, 332-333, 362-363, 365, 371-372, 378, 384, 387, 431-441, 488, 519. Karati Peyre, 405-408, 422-428, 682-684, 688. Képhalètion (capitation), 279. Khan mongol, 105, 115, 116, 134, 139, 141, 150, 151, 152, 154, 202, 256, 258, 267, 285, 286, 311, 315, 319, 372, 396, 413, 437, 455, 456, 458, 459, 460, 482, 659, 661, 662, 688. Kommerkion, 22, 23, 28, 29, 35, 37, 44, 52, 165, 319, 405, 887, 894. Laque, 571, 626, 720, 721, 863, 866, 878. Lentisque, 120, 353, 742, 743, 746, 749. Lettres de chargement, 137, 718, 719, 721, 723, 735, 748, 772, 783, 784. Liber Gazarie, 548, 552, 558, 559, 574, 582, 629. Liber venditionum sclavorum, 802, 818. Lin, 412, 834, 838-839. Linh (type de navire), 134, 337, 338, 340, 451, 537, 544, 545, 548, 558-559, 562, 564, 565, 567, 569, 570, 571, 572, 579, 581, 623, 625, 706, 709, 850, 863, 877. Livre tournois, 632, 736. Luoghi (parts de la dette publique), 124, 342, 348-349, 377, 383, 419, 490. Magistrato dell’Abbondanza, 751. Maîtres d’école, 268, 283, 375, 819. Maîtres de hache, 159, 271, 273, 278, 442, 448, 521, 544, 545, 549, 714, 819, 883. Maîtres rationaux, 418, 481, 490, 491, 762. Mandelion (Haghion), 884-885. Marins, 215, 244, 249, 262, 268, 273, 284, 311, 321, 351, 363, 386, 390, 394, 444, 449, 521, 531, 555, 573-575, 583, 612, 621, 694, 771, 860, 870, 881. Massaria (Trésorerie), 229, 230, 248, 250, 415,440,474,480-481 ; de Caffa, 130,141, 158, 160, 162, 204, 206, 207, 210, 213, 215, 233, 249, 258, 267, 269, 272, 285, 287, 288, 300, 301, 317, 318, 319, 321, 323, 337, 368, 371, 375, 394, 397, 399, INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 991 400, 409, 412-416, 419, 442, 457, 461, 481, 618, 685, 687, 706, 707, 828; de Genes, 4874 491,729; de Licostomo, 147; de Péra, 95, 100, 101, 103, 134, 191, 193, 195, 249, 263, 269, 270, 271, 307, 323, 342, 364, 394, 406, 408, 413, 414, 415, 417, 431, 445, 452, 481, 618, 658, 668, 707, 710. Massarius: cf. Trésorier. Mastic, 63, 120, 126, 167, 168, 222, 274, 283, 314, 331, 335, 344, 345, 353, 383, 404, 432, 491, 522, 610, 635, 705, 719, 734, 742-749, 778, 837, 875, 889. Médecins, 159, 269, 278, 283, 329, 350, 368, 375, 519, 705, 714, 771, 819. Menuisiers, 109, 181, 269, 404. Mercerie, merciers, 519, 604, 841. Métiers, 133, 271, 273-274, 711-715. Meuniers, 149, 271, 804, 821. Miel, 149, 164, 412, 636, 719, 735, 847, 851. Mil, 134, 162, 191, 338, 398, 399, 400, 623. Ministri, ministeriales, 133, 375, 446, 712. Minutes notariales, 37, 46, 48, 51, 53, 59, 117, 118, 121, 130, 133, 135, 136, 140, 144, 148, 151, 158, 166, 167, 183, 197, 199, 202, 205, 207, 218, 219, 220, 221, 223, 224, 225, 229, 230, 232, 233, 236, 248, 249, 254, 255, 260, 266, 280, 289, 294, 308, 318, 323, 325, 333, 335, 339, 341, 342, 359, 368, 371, 434, 438, 462, . 471, 505, 507, 517, 522, 534, 537, 547, 552,558,560,573,577,585,599-600,613, 615, 631, 634, 637, 638, 639, 644, 647, 648, 649, 652-655, 657, 659, 660, 663, 666, 670, 673, 675, 677, 678, 679, 681, 682, 694, 700, 706, 710, 718, 724, 725, 726, 729, 732, 741, 749, 770, 771, 773, 786, 787, 789, 790, 791, 802, 819, 822, 823, 827, 830, 833, 851, 859, 862, 865, 871. Monnaies, 121, 171, 362, 379, 388, 643-672; cf. aspre, besant, change, dévaluation, ducat, génois d’or, gigliat, gros d’argent, hyperpères, livre tournois, se-quin, sommi. Moulins, 149, 157, 181, 194, 200, 213, 219, 225, 226, 271, 702. Muda (à Venise), 582, 625, 732, 779. Mûriers, 704, 723, 725. Mutuum: cf. Prêt. Naufrages, 585-587. Nefs byzantines, 337, 338, 398, 758; génoises, 21, 33, 107, 128, 172, 186, 244, 336, 340, 342, 367, 379, 398, 399, 450, 474, 501, 534, 536, 537, 539, 540, 541, 545, 547, 549, 551, 552, 553-555, 556, 557, 558, 559, 560, 561, 562-569, 572, 573, 577-581, 585, 586, 589, 592, 593, 595, 596, 597, 622, 623, 625, 627, 638, 689, 691, 707, 711, 721, 732, 734, 735, 737, 740, 741, 751, 756, 759-764, 771, 773, 775, 776. 777, 783, 784, 833, 837, 840, 842, 843, 863, 867, 884; vénitiennes, 554. Nobles, noblesse, 361, 370, 371, 392, 477, 485, 486, 505, 506, 527, 528, 531, 542, 821. Noix muscade, 723. Nolis, 85, 326, 366, 621, 622, 623 , 624- 630, 635, 731, 736, 737, 738, 740, 765, 766, 768, 781, 827, 837, 845, 863, 865, 879. Nolisement (contrat de), 165, 166, 340, 369, 384, 526, 537, 538, 553, 554, 562, 566, 568, 578, 621-631, 634, 641, 706, 738, 751, 756, 775, 776, 833, 845, 846, 848, 852, 855, 859, 867. Notaires, 116, 120, 125, 131, 132, 134, 135, 136, 139, 140, 141, 144, 147, 148, 149, 151, 152, 154, 156, 157, 158, 182, 192, 193, 200, 205, 206, 210, 211, 220, 221, 222, 229, 230, 232, 235, 249, 250, 253, 257, 258, 259, 262, 266, 268, 269, 270, 271, 272, 274, 275, 277, 279, 280, 282, 290, 291, 298, 300, 305, 308, 311, 317, 318, 320, 336, 343, 344, 352, 359, 363, 365, 367, 369, 371, 374, 380, 381, 386, 393, 422, 423, 425, 429, 434, 435, 438, 439, 483, 502, 517, 519, 521, 537, 561, 599-600, 603, 606, 607, 608, 611, 612, 616, 621, 634, 636, 639, 647, 651, 658, 673, 674, 689, 694, 702, 712, 715, 992 INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 718, 740, 786, 787, 789, 794, 802, 804, 805, 819, 845, 854, 860, 871. Nourrices, 310, 822. Officiales capitum S. Anthonii, 299, 300, 391, 404. Officium Balie à Gênes, 390; à Péra, 390, 391. Officium expensarum Peyre, 387. Officium fugitivorum, 575. Officium Gazarie, 132, 138, 140, 147, 150, 152, 179, 202, 204, 208, 258, 314, 315, 325, 328, 358, 369, 374, 388, 408, 414, 477, 480, 485, 548-549, 550, 564, 570, 571, 576, 581, 583, 596, 597, 625, 626, 627, 731, 736, 738, 828. Officium Guerre de Caffa, 371; de Gênes, 573; de Péra, 342, 390. Officium Maris de Gênes, 567. Officium Mercancie de Péra, 388; de Ta-briz, 141. Officium Misericordie à Caffa, 391; à Péra 391. Officium Monete de Caffa, 159, 370, 387, 487; de Gênes, 387, 542; de Péra, 362’ 387. Officium ponderis de Simisso, 133 Officium procuratorum S. Georgii, 817. Officium Protectorum Comperarum, 486. Officium Provisionis de Caffa, 371, 388, 389; de Chio, 283, 331, 336, 389, 391, 392; de Péra, 388, 389, 390. Officium Provisionis Romanie, 478, 487, 493, 596. Officium Salis de Péra, 391, 710. Officium super rebus Grecorum à Caffa, 391. Officium super Sarracenorum à Caffa, 391; à Chio, 391. Officium Victualium de Caffa, 388-389, 415; de Gênes, 149, 397, 750, 751, 752, 759, 760, 762, 764, 765, 766; de Péra, 368, 388-389, 415. Oliviers, 126, 226, 344. Or, 47, 54, 62, 79, 139, 271, 343, 350, 418, 645, 649-651, 657, 658, 660, 664, 666, 667, 669, 670, 671, 672, 694, 717, 746, 814, 841, 871, 876, 878, 879, 894. Orfèvres, 662, 715, 841. Or filé, 624, 628, 635, 842, 877. Ordres mendiants, 146, 154, 155, 183, 196, 204, 210, 224, 287, 323, 324, 325, 351. Orge, 134, 399, 756, 759. Orguxius, 157, 158, 273, 287, 318, 375, 399, 432. Orthodoxie, 122, 126, 196, 213-214, 223, 259, 270, 273, 276, 3Ù4, 322-327. Ortolani (jardiniers), 804, 819. Pallium (drap de soie d’apparat), 23, 25, 29, 35, 44, 97. Panfile, 162, 399, 451, 537, 545, 558, 561, 565, 567, 570, 571, 572, 603, 623, 707. Papauté, 43, 45, 50, 53, 61, 76, 77, 84, 87, 121, 122, 128, 139, 163, 174, 291, 298, 325, 467, 468, 469. Pappates, 196, 273, 275, 276, 313, 322, 324, 714. Parèques, 260, 331, 346, 350, 705. Parlamentum (assemblée des colons), 361, 370. Partitio Romanie (de 1204), 39. Passagium Romanie: cf. convois. Pastel, 864, 866. Pêche, pêcheries, 706-708. Pelletiers, 192, 231, 265, 271, 274, 285, 312, 329, 335, 521, 713, 714, 715, 738-740, 819. Perles, 128, 155, 350, 405, 602, 605, 628, 720, 848, 877, 878. Peste Noire de 1348, 81, 299, 683, 750, 786, 796, 802-803, 804, 810, 813, 825. Pirates, piraterie, 35, 38, 52, 56, 60, 63, 64, 73, 103, 111, 156, 167, 172, 237, 245, 305, 314, 383, 441, 448, 452, 468, 474, 533, 561, 569, 576, 587-598, 678, 776, 799, 804, 860. Plomb, 719, 783. Podestat, 127, 262, 356, 359-368, 371, 373, 384, 385, 435, 443, 455, 476, 481, 485; de Chio, 220, 221, 263, 268, 275, 330, 331, 332, 346, 378-379, 380, 381, 383, 384, 389, 404, 411, 431, 432, 433, 434, 435, 446, 450, 472, 476, 479, 480, 483, 488, 489, 491, 493, 669, 891; de Famagouste, 87, 479; de Gênes, 50, 51, 59, INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 993 135; de Péra, 48, 51, 52, 66, 74, 92, 95, 96, 97, 98, 101,102, 113,137, 138,142, 182, 186, 188, 190, 193, 194, 195, 196, 197, 198, 249, 265, 304, 305, 306, 309, 312, 315, 322, 329, 333, 358, 359-368, 378, 380, 387, 388, 392, 393, 396, 400, 406, 409, 415, 416, 417, 431, 432, 433, 434, 437, 439, 440, 451, 462, 474, 475, 476, 478, 479, 480, 481, 483, 525, 582, 596, 712, 758, 761, 890, 891; de Phocée, 772. Poids et mesures, 137, 149,180, 185,197, 397,398,411,538-539,563,564,565,566, 625, 627, 629, 648, 649, 656, 659, 665, 722, 728, 731, 732, 736, 737, 741, 749, 761, 766, 767, 768, 781, 782, 814, 837, 842, 843, 844, 845, 897. Pois chiches, 134, 319, 399. Poissons, 76, 128, 155, 272, 340, 570, 625, 705-708, 711, 720, 837, 845, 850, 851. 852, 854, 857, 878, 890. Poivre, 137, 351, 626, 628, 629, 636, 711, 717, 719-723, 863, 865, 877. Popolani, populares, 251, 352, 354. 361, 370, 377, 392, 477, 485, 486, 492, 527, 542. Portulans, 131, 534, 708, 890. Preneurs de fonds, 507, 511-515, 520, 522, 523, 529, 530, 531, 607, 609, 614, 616, 617, 619, 621, 689, 718. Prêt, 48, 75, 78, 89, 94, 133, 227, 279, 283, 335, 336, 339, 350, 418, 420, 421, 448, 489, 599, 605, 608, 611-612, 613, 614, 615, 617, 621, 632, 633, 639, 652, 731, 874. Prêt maritime, 601, 602, 612-613, 621, 674, 833. Prieur des arts, 712. Procuration, 125, 166, 168, 235, 258, 333, 341, 363, 367, 371, 374, 378, 434, 439, 517, 522, 526, 529, 606, 640-641, 771, 777, 797, 823 , 862. Protêt, 617-618. Provveditori delle Biade di San Marco (à Venise), 751. Pyrgos (tour de défense à Chio), 314, 345, 445. Qirad (contrat), 601. Quittances, 118, 139, 363, 371, 639-640, 641, 771, 872, 878. Rabbin, 704; cf. Elias, Goarterius, Mossi, Samarias. Reconquista, 289, 785. Reçu, 639-640, 662 , 718, 859 , 871, 872. Routes commerciales, 124, 127, 130, 136, 137, 141, 150, 155 , 268 , 308 , 475 , 502, 567-570, 586, 593 , 636, 779 , 839, 849-868, 888, 890, 892-894. Rubis balais, 139, 720, 878. Sabarbarius (préposé à l’arsenal.), 304, 318, 368, 442, 448. Safran, 571, 848. Saiète (type de navire), 541, 553, 567, 622. Salvatores portus et moduli (de Gênes), 879, 882. Sandal (type de navire), 47, 553, 562, 564. Scamandrum (étoffe), 850, 852, 877. Scribes, 131, 132, 138, 151, 157, 158 , 220, 248, 316, 318, 329, 363, 365, 367, 368, 371, 373, 374, 375 , 380, 383 , 393 , 435, 439, 440, 446, 449 , 476 , 481, 483 , 521, 551, 600, 612, 647 , 743 , 771, 819, 823. Sel, 64, 66, 76, 99, 128, 157, 272, 284, 288, 337, 340 , 341, 412, 415 , 416, 420, 486, 545, 547, 555 , 558 , 560, 565, 570, 594, 598, 623 , 630 , 636 , 708-711, 850, 852, 854, 857 , 864 , 878, 890. Sequin, 362, 658, 671. Sindicamenta Peire, 329, 363. Sindicatores, sindici, 99, 304, 306, 367, 373, 374, 381, 384 . 394 , 409, 431, 434, 439, 440, 453 , 456, 470 , 480-485 , 487, 579. Societas (contrat de), 117, 125, 139, 151, 336, 350, 463, 526, 529 , 601, 602, 608- 611, 621, 674, 694 , 730 , 776 , 783 , 83 3, 856, 875. Soie, 23, 25, 29, 35 , 76, 97, 127, 128, 137, 140, 141, 150, 155, 163, 268, 283, 285, 336, 338, 339, 350 , 351, 412 , 571, 614, 624, 626, 627 , 628 , 632 , 638 , 645 , 711, 713, 717, 719, 720, 723-733, 737, 774, 834, 837, 839, 845 , 850 , 859 , 862, 863, 32 994 INDEX DES PRINCIPALES MATIÈRES 864, 865, 867, 868, 875, 877, 878, 893. Sommi d’argent, 132, 133, 137, 141, 152, 154, 155, 158, 159, 161, 279, 299, 300, 301, 326, 335, 343, 350, 372, 373, 374, 375, 391, 393, 394, 397, 398, 401, 403, 409, 412, 413, 416, 418, 440, 442, 446, 449, 450, 451, 479, 613, 617, 618, 619, 638, 645, 646, 658-664, 668, 685, 687, 722, 723, 736, 766, 841, 844, 846, 874, 877. Stallia (imposition), 138, 360, 373, 478-480; burgorum de Lagirio, 402; burgorum de Spiga, 402. Stazia vini à Cafia, 411, 413. Subasi (gouverneur turc), 472. Sucre, 96, 98, 628, 629, 719, 721. Synagogues à Caffa, 212; à Chio, 224, 281, 282. Tailleurs, 183, 231, 274, 713, 852. Tamga tatare, 318, 662. Tanneurs, 184, 715. Tapis, 351, 851, 854, 883. Taride (type de navire), 369, 537, 545, 559-560, 561, 562, 564, 565, 567, 569, 579, 580, 581, 623, 708. Taverniers, 713, 819. Techniques commerciales, 502, 522, 599-641 et passim. Teinturiers, 713, 804, 821, 883. Tisserands, 232, 265, 274, 352, 705, 713, 723, 730. Tissus, 128, 319, 369, 711, 712, 717, 719, 720, 724, 769, 834-839, 883. Toiles, 139, 155, 319, 335, 369, 458, 571, 604, 609, 613, 628, 636, 645, 713, 782, 834, 838-839, 845, 878. Tolta canluchorum (à Caffa), 286. Tolta censarie à Chio, 413; à Péra, 342. Transports maritimes, 533-598 et passim. Trésoriers, 387, 388, 392-430, 476, 480, 481, 490; de Caffa, 130, 142, 160, 204, 208, 210, 211, 229, 273, 350, 371, 373, 374, 375, 384, 388, 401, 417, 418, 419, 441, 449, 451, 481; de Chio, 335, 382, 384, 392; de Licostomo, 147; de Péra, 137, 193, 229, 335, 337, 362, 367, 368, 384, 401, 406, 417, 462, 481, 482, 483, 491; de Simisso, 133; de Soldaïa, 158. Troc, 645, 837. Trompettes, 232, 265, 368, 373, 386, 400. Tudun (titanus), 286, 459, 461. Ufficiali al frumento (à Venise), 751. Union des Eglises, 27, 49, 50, 53, 83, 84,, 85, 122, 682, 888. Usance, 617. Vacheta (type de navire), 545, 569, 863. Vair, 152, 571, 738, 740, 863, 883. Velours, 98, 412, 413, 458, 460. Vente (contrat de), 183, 200, 226, 290, 302, 308, 363, 367, 378, 459, 462, 633-634, 638, 780, 786, 805. Vêpres Siciliennes, 54. Vicaire, 262, 386, 387, 434, 435; du consul de Caffa, 205, 210, 299, 332, 333, 334, 343, 371, 372, 373, 374, 375, 460; du podestat de Chio, 222, 268, 283, 378-379, 435; du podestat de Gênes, 304; du podestat de Péra, 96, 193, 195, 329, 358, 363-364, 366, 393, 439, 440, 478, 483. Vignes, viticulture, 126, 160, 192, 198, 224, 226, 245, 259, 270, 312, 322, 344, 363, 390, 702, 703, 705. Vin, 56, 100, 102, 131, 133, 138, 141, 146, 155, 157, 160, 161, 164, 188, 229, 342, 369, 393, 398, 400, 404, 405, 411, 412, 413, 414, 460, 461, 538, 563, 564, 566, 572, 574, 604, 627, 633, 635, 636, 702, 703, 704, 713, 718, 842-846, 847, 850, 851, 858, 866, 875. Viretons, 389, 396, 441, 442. Vixitatores Gotie, 160, 375. Voiles, 448, 551, 552, 553, 554, 555, 560. Volto Santo, 884-885. 995 TABLE DES ILLUSTRATIONS HORS-TEXTE Pl. I: La mer Noire dans l’Atlante Luxoro. Pl. II: Le ’ Castrum ’ des Gattilusio à Mytilène. a - Le Caslnun et son enceinte (face nord-est); b - Le donjon du Castrum des Gattilusio. Pl. III: Le ’ Castrum ’ des Gattilusio à Mytilène. a - Plaque armoriée des Paléologues et des Gattilusio; b - Plaque armoriée des Paléologues et des Gattilusio. Pl. IV: Tours et enceintes de Péra. a - Tour de la rue Luleci Hendek (côté sud); b - Tour de la rue Luleci Hendek (côté est). Pl. V: Tours et enceintes de Péra. a - Tours de la rue Yemeneciler^mur maritime); b - Restes du mur génois en arrière de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Pl. VI: Plaques armoriées de Péra. a - Plaque de la tour Hisar Dibi; b - Pierre tombale d’Ingo et de Cristiano Cattaneo. Pl. VII: Le port et la ville de Chio au XVIe siècle. Pl. VIII: La colonisation génoise à Chio. a - Ruines du Castrum d’Harmolia; b - Le Kaménos pyrgos. Pl. IX: Porte génoise à Sklavia près de Daphnona (Chio). Pl. X: Tours et enceintes du ’ Castrum ’ de Chio. a - L’enceinte maritime; b - L’enceinte du Castrum (face nord). Pl. XI: Tours et enceintes du ’ Castrum ’ de Chio. a - Tour isolée du Castrum de Chio; b - L’enceinte du Castrum (face nord-ouest). Pl. XII: Tours et enceintes du ’ Castrum ’ de Chio. a - Détails d’une tour: constructions génoise et turque; b - L’entrée du Castrum de Chio. Pl. XIII: Le palais des Giustiniani à Chio. a - Vue extérieure; b - La voûte intérieure. Pl. XIV: La croix des Zaccaria. Pl. XV: Le « Volto Santo » de Gênes. 996 TABLE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES 1 2 3 4 5 6a: 6b: 7: 8: 9: 10: 11: 12: 13: 14: 15: 16: 17: 18: 19: 20: 21: 22: 23: 24: 25: 26: 27: 28: 29: 30: 31: 32: 33: 34: La Gazarie génoise...... Plan du château des Gattilusio à Mytilène . Les murs de Galata en 1861..... Plan de Péra..... Plan de Caffa......... Plan de situation du Castrum et des bourgs de Chio Plan du Castrum de Chio au XVIe siècle . Croquis de l’enceinte du Castrum de Chio . Origine des émigrants ligures installés à Caffa (1289-1290) Répartition par âges des esclaves à Caffa en 1289-1290 . Prix des esclaves à Caffa en 1289-1290 ..... Parts de la dette publique génoise détenues par Nicola Notar Carte de l’île de Chio....... Budgets de Péra .... Budgets de Caffa........ Les Karati de Péra....... L 'introytus pontis et ponderis Caffè..... Un exemple de forteresse génoise dans la Mastichochora: le plan du castrum d’Harmolia...... Salaires des magistrats orientaux..... L origine géographique des bailleurs de fonds (tableau) L origine géographique des bailleurs de fonds (carte) . Investissements des Ligures dans le commerce romaniote L origine géographique des preneurs de fonds (tableau) L origine géographique des preneurs de fonds (carte) . Sommes emportées par les marchands ligures en Romanie Origine géographique commune des bailleurs et preneurs de fonds ............ L origine professionnelle des agents du commerce oriental a - Les bailleurs de fonds....... L’origine professionnelle des agents du commerce oriental b - Les marchands itinérants....... La participation des clans familiaux au commerce romaniote Durée des voyages vers l’Orient de quelques navires génois Les « passages de Romanie »....... Dates des départs des navires de Romanie . . . . pp Dates des retours des navires de Romanie .... » Répartition des contrats de commande selon la part de bénéfice . L’utilisation du contrat de commande aux XIIIe-XIVe siècles p. 153 » 173 » 187 » 189 » 203 » 216 » 216 » 217 » 247 » 293 » 295 » 349 » 385 » 420 » 421 » 422 » 429 » 447 » 479 » 507 » 509 » 510 » 512 » 513 » 514 » 516 » 518 » 520 » 524 » 577 » 584 598-599 598-599 p. 604 » 607 TABLE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES 997 35: L’utilisation du contrat de societas maris aux XIIIe-XIVe siècles p. 611 36: L’utilisation du contrat de change maritime aux XIIIe-XIVe siècles.............» 615 37: L’utilisation du contrat de change aux XIIIe-XIVe siècles . . » 620 38: La part de la Romanie dans les assurances maritimes (1370- 1409).............» 637 39: Le rapport or-argent à Gênes (1261-1405).....» 650 40: Valeur de l’hyperpère en livres de monnaie courante . . » 652 41: Valeur du ’ sommo ’ de Cafïa en livres de monnaie courante » 663 42: Les investissements génois dans le commerce méditerranéen d’après le minutier de Giovanni scriba (1155-1164) . . » 676 43: Les investissements génois en Romanie par rapport aux autres investissements génois en Méditerranée d’après les minutiers notariaux (1261-1315).........» 681 44: Le commerce maritime de Péra d’après les karati Peyre (1341- 1406)............ . » 684 45: L’activité maritime de Cafïa d’après Y introytus pontis et ponderis de Cafïa (1341-1406)........» 686 46: Les variations mensuelles des investissements génois dans le commerce romaniote.........» 689 47: Répartition saisonnière des investissements génois en Romanie (1261-1408) ...........» 690 48: Répartition mensuelle des investissements dans le commerce romaniote par périodes de dix ans.......» 692 49: Répartition des investissements par classes d’investissements . » 695 50: Variations décennales des classes d’investissements a - suivant le nombre des contrats.......» 697 b - suivant les capitaux investis . .....» 699 51: Les cargaisons d’épices sur les nefs et galères génoises de Romanie ............pp. 722-723 52: Prix de la mine de blé à Gênes en 1390 ......p. 767 53: Répartition par races et sexes des esclaves à Gênes au XIVe siècle.............» 799 54: Répartition par races des esclaves à Gênes au XIVe siècle a - Récapitulation..........» 800 b - Les esclaves balkaniques........» 800 c - Les esclaves pontiques.........» 801 55: Répartition par sexes des esclaves à Gênes au XIVe siècle . . » 803 56: Répartition par âges et par sexes.......» 806 57: Répartition par âges des esclaves à Gênes (1301-1350) . . » 807 58: Répartition par âges des esclaves tatars à Gênes (1351-1408) » 808 59: Répartition par âges des esclaves non-tatars à Gênes (1351- 1408).............» 809 60: Prix moyen des esclaves à Gênes au XIVe siècle . . . . » 811 61: Prix des esclaves selon l’âge (1381-1386).....» 812 62: Prix moyen des esclaves (par races et sexes) . . . .pp. 812-813 63: Enchères de la gabelle d’un demi-florin sur la possession des esclaves (tableau)...........p. 816 998 TABLE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES 64: Enchères de la gabelle d’un demi-florin sur la possession des esclaves (graphique)........ . .p. 818 65: Nombre d’esclaves par corps de métiers......» 820 66: Enchères de la gabelle de deux florins sur la vente des esclaves (tableau)............» 829 67 : Enchères de la gabelle de deux florins sur la vente des esclaves (graphique)...........» 833 68: Les exportations de textiles vers la Romanie.....» 834 69: Les investissements commerciaux des Génois de Caffa en mer Noire (1290)............» 853 70. Les grandes directions du commerce génois en mer Noire d’après les contrats de nolisement (1290).......» 858 71. Les directions du trafic génois en mer Noire d’après les contrats de commande et de societas........» 856 72: Les routes de l’Extrême-Orient au XIVe siècle . . . . » 861 73: Les bénéfices du commerce romaniote......» 873 TABLE DES MATIÈRES . TABLE DES MATIÈRES 1001 Tome I Introduction ...... Première Partie: La formation de la Romanie génoise 11 Chapitre I: L’évolution de la politique génoise dans l’Orient byzantin ............. 17 I - De la première croisade à 1261 a/ - Avant 1155....... b/ - Le chrysobulle de 1155 et son application c/ - La reprise des relations byzantino-génoises (1168- 1170) ......... d/ - Gênes et la dynastie des Anges , e/ - Les Génois et la Romanie de 1204 à 1261 » » » » » 17 17 22 26 33 38 il - De 1261 à 1355 a/ - L’application du traité de Nymphée: les relations byzan-tino-génoises sous le règne de Michel VIII Paléologue b/ - Puissance génoise et faiblesse byzantine: le règne d An-dronic II (1282-1328) c/ - Réactions byzantines et résistance génoise: Gênes et Byzance de 1328 à 1355 ....... 1 - De 1328 à 1341 ........ 2 - De 1341 à 1347 . ...... 3 - Vers la guerre des détroits...... III - Byzance à la merci des Latins et des Turcs..... a/ - De 1354 à 1376 b/ - De 1376 à 1390 c/ - De 1390 à 1409 » » » 45 45 55 69 69 74 78 83 83 88 95 Chapitre II: Les origines des trois grands comptoirs: Péra, Caffa et Chio ............ 105 1002 TABLE DES MATIÈRES I - L’établissement des Génois à Constantinople . . . . p. 105 II - Les origines de Cafïa.........» 114 III - L’établissement des Génois à Chio......» 119 Chapitre III: Tableau des comptoirs génois dans l’Orient byzantin au XIVe siècle...........» 127 I - Les Génois et le littoral pontique de l’Asie Mineure . . » 130 II - Les Génois dans les régions du Bas-Danube.....» 143 III - Le nord de la mer Noire et la Gazarie génoise » 150 IV - Les Génois en mer Égée et en mer Ionienne . . • . » 162 Deuxième Partie: Les trois grands comptoirs génois d’Orient: Cafïa, Péra et Chio...........» 177 Chapitre IV: Le paysage urbain: trois autres Gênes .... » 179 I - La topographie du comptoir génois de Constantinople et de Galata ............» 179 II - La cité de Cafïa..........» 199 a/ - Cafïa à la fin du XIIIe siècle . . . . • . » 199 b/ - Cafïa dans la première moitié du XIVe siècle . • » 202 c/ - La cité de Cafïa à la fin du XIVe siècle . » 207 III - Chio ............» 215 Chapitre V: Génois d’Outre-Mer, Latins et Orientaux .... » 229 I - Génois et Ligures..........» 229 a/ - Problèmes de méthode........» 230 b/ - La population ligure de Constantinople au XIIe siècle . » 233 c/ - La population ligure de Péra et de Cafïa à la fin du XIIIe siècle..........» 235 d/ - L’évolution aux XIVe siècle.......» 248 1 - La population ligure de Cafïa à la fin du XIVe siècle » 250 2 - La population ligure de Péra à la fin du XIVe siècle » 252 3 - La population ligure de Chio à la fin du XIVe siècle » 253 e/ - Modalités de la colonisation.......» 254 1 - A Péra et à Cafïa........» 254 2 - A Chio..........» 259 II - Les autres Occidentaux.........» 264 III - Les Orientaux...........» 269 a/ - Les Grecs...........» 269 b/ - Les Juiïs...........» 277 c/ - Autres ethnies..........» 283 IV - Les esclaves...........» 289 a/ - A Cafïa...........» 290 TABLE DES MATIÈRES 1003 b/ - A Péra...........P- c/ - A Chio...........* V - Les rapports des collectivités........* \ ^ a/ - Les rapports quotidiens........»312 1 - L’habitat..........» 312 2 - Les échanges linguistiques......» 315 3 - Les mariages mixtes.......» 320 4 - Les contacts religieux.......»322 b/ - Droit et coutumes juridiques: biens et personnes . . »327 c/ - Le rôle économique des Orientaux.....» 334 VI - Esquisse de stratification sociale.......» 338 Chapitre VI: Les institutions des comptoirs génois d’Orient . . . » 355 I - Podestat, consul et leurs auxiliaires......» 357 a/ - Le podestat de Péra et ses auxiliaires . . . . » 35e) b/ - Le consul de Caffa et ses auxiliaires.....» 368 c/ - L’administration de Chio.......» 376 II - Les commissions spécialisées........» 387 III - Les trésoriers et la gestion financière......» 392 a/ - Les dépenses..........» 394 b/ - Les ressources ..........» 402 IV - La justice............» 431 V - La défense de l’Orient génois........» 441 Chapitre VII: La place des comptoirs génois dans le monde méditerranéen ............» 455 I - Les comptoirs génois au sein du monde oriental . . ^ » 455 a/ - Caffa au sein du monde tatare......» 456 b/ - Péra et les autorités impériales . . . ._ •_ • » 461 c/ - Chio: un pont entre l’Occident chrétien et l’Asie mineure turque...........y> 467 II - Gênes et l’Outre-Mer: les limites d’une centralisation . . » 473 Tome II Troisième Partie: L’exploitation économique de la Romanie . . p. 499 Chapitre VIII: Les agents de l’activité commerciale . . . . » 505 I - Au XIIe siècle...........» 505 1004 TABLE DES MATIÈRES II - De 1261 à 1408 ..........p. 506 a/ - L’origine géographique des agents du commerce oriental » 507 1 - Les investisseurs........» 507 2 - Les marchands itinérants......» 511 b/ - L origine professionnelle des agents du commerce orien- tal......^......» 516 1 - Les bailleurs de fonds.......» 516 2 - Les marchands itinérants......» 519 c/ - L origine familiale des agents du commerce oriental . » 522 Chapitre IX: Les transports maritimes.......» 533 I - Les constructions navales........» 539 II - Les types de bateaux.........» 546 a/ - Les vaisseaux longs . •........» 547 b/ - Les vaisseaux ronds........» 553 c/ - Autres types de navires.......» 558 III - L’utilisation des navires.........» 562 a/ - Les tonnages..........» 562 b/ - Spécialisation des navires.......» 567 c/ ' Les conditions de la navigation......» 572 1 - Le recrutement et la solde de l’équipage . . » 572 2 - Le rythme de la navigation......» 576 3 - Les risques de la navigation......» 585 a/ - Les naufrages........» 585 b/ - Course et piraterie......» 587 Chapitre X: Les techniques commerciales.......» 599 I - La commande...........» 600 II - La societas maris..........» 608 III - Le contrat d’achat et le prêt........» 611 IV - Le prêt maritime et le change maritime.....» 612 V - Le contrat de change et la lettre de change.....» 615 VI - Les contrats de nolisement ........» 621 VII - Les assurances maritimes........» 631 VIII - Reçus et quittances..........» 639 IX - Mandats et procurations.........» 640 Chapitre XI: Les problèmes monétaires.......» 643 I - Monnaie génoise et hyperpère........» 647 II - L’aspre de Gazarie..........» 658 III - Les autres aspres..........» 664 IV - Monnaies en mer Egée.........» 668 TABLE DES MATIÈRES 1005 Chapitre XII: Les investissements génois en Romanie . . . P- 673 I - La part de la Romanie dans les investissements commerciaux génois.............» 675 a/ - Au XIIe siècle: des investissements médiocres . . » 675 b/ - L’effondrement du commerce romaniote (1204-1261) . » 679 c/ - Le commerce romaniote après 1261.....» 680 1 - Les mouvements de longue durée . . . » 680 2 - Les fluctuations courtes.......» 687 II - Les variations saisonnières........» 689 III - La structure des investissements génois en Romanie ...» 694 Chapitre XIII: L’exploitation des denrées locales.....» 701 I - L’agriculture e la pêche.........» 701 a/ - L’agriculture..........» 701 b/ - Les ressources de la mer: poissons et sel . . . . » 705 1 - Les poissons.........» 705 2 - Le sel...........» 708 II - Les corps de métiers.........» 711 Chapitre XIV: Produits et routes du commerce génois en Romanie » 717 I - Les épices et la soie.........» 719 a/ - Les épices...........» 719 b/ - La soie...........» 723 II - Les produits de la forêt, de l’élevage et de l’agriculture . . » 734 a/ - La cire...........» 734 b/ - Les cuirs...........» 737 c/ - Les fourrures..........» 738 d/ - Le coton...........» 741 e/ - Le mastic...........» 742 f/ - Le blé............» 749 III - Les produits miniers et métallurgiques . . . '. . » 769 a/ - L’alun...........» 769 b/ - Les métaux non-ferreux.......» 782 IV - Les esclaves...........» 785 a/ - Les caractères somatiques.......» 786 1 - La couleur de la peau.......» 787 2 - L’origine ethnique........» 788 a/ - Les esclaves sarrasins......» 788 b/ - Les esclaves des régions pontiques . . . » 790 c/ - Les esclaves des régions balkaniques . . . » 797 d/ - Les esclaves turcs.......» 798 1006 TABLE DES MATIÈRES b/ - La répartition par sexe........P- 802 c/ - La répartition par âges........» 804 d/ - Le prix des esclaves........» 810 e/ - Le nombre des esclaves........a 815 f/ - L’utilisation des esclaves à Gênes.....» 821 g/ - Le marché des esclaves........» 826 V - Les exportations génoises vers la Romanie . . . • » 833 a/ - Draps et toiles..........» 834 b/ - Les produits métalliques.......» 840 c/ - Les produits alimentaires 842 1 - Le vin . » 842 2 - L’huile 846 3 - Autres produits alimentaires.....* 847 VI - Les routes du commerce romaniote......» 849 a/ - L’organisation de marchés régionaux.....^ 849 1 - L’espace pontique . ......» 849 2 - L’espace égéen..........» 857 b/ - Les routes du commerce romaniote . . • » 858 1 - En Orient..........» 858 2 - En Occident..............» 862 3 - La voie directe entre l’Orient et les Flandres . • » 866 4 - Conclusion.........» 867 Chapitre XV: Les résultats et les conséquences du commerce génois en Romanie ...........» 869 I - Les conséquences économiques et financières • » 870 II - Les conséquences sociales........* ®79 III - Les conséquences culturelles........^'> Conclusion . .....» 887 Appendices.............» 895 - Tableau des poids et mesures.......» 897 - Les podestats de Péra (1261-1410) . . . . • » 899 - Liste des consuls génois de Cafïa (1284-1410) ...» 902 - Les consuls génois de Sinope............^ ^03 - Les consuls génois de Soldaïa jusqu’au début du XVe siècle » 904 - Origines des émigrants ligures installés à Chio . ■ . » 90.’ - La flotte de Cafïa en 1289-1290 ......» 90/ Sources et bibliographie...........» 911 - Abréviations usuelles.........» 912 - Sources manuscrites.........» 913 - Publications de sources........» 916 - Études et travaux..........» 923 TABLE DES MATIÈRES 1007 Index des noms de personnes Index des noms de lieux . Index des principales matières . Table des illustrations hors texte . Table des cartes, tableaux et graphiques . . p. 951 . » 971 . » 985 . » 995 . » 996 1008 ERRATA Page 9, 1. 8, lire sources Page 9, 1. 12, lire ont Fage 43, n. 101, lire Holobolos Page 79, n. 249, 1. 3, lire par Page 82, 1. 1, lire 1352 Page 88, n. 288, 1. 3, lire avec Page 107, 1. 17, lire construit Page 112, n. 45, lire A. Carile Page 124j 1. 2, lire Tzybos Page 152, 1. 8, lire puisque; 1. 9, lire Drizacorne Page 179, 1. 11, lire Tohtu Page 209, 1. 5, lire nom Page 211, 1. 17, lire extérieure Page 224, 1. 9, lire Saint-Démétrius Page 231, 1. 13, lire Dans les colonies génoises, cette tradition se perd dès la fin du XIIIe siècle. A Péra en 1281, onze personnes, sur un échantillon de 637 habitants recensés, portent également le nom de baptême de leur père sans être autrement désignées; parmi elles, trois notaires, Guglielmo fils de Gandolfo, Giovanni, fils du teinturier Oberto, Giovanni fils de Benedetto. De même à Cafïa en 1289-1290, etc.... (en supprimant les lignes 19-22). Page 253, 1. 20, lire Squarciafico Page 260, 1. 29, lire Persio Page 260, n. 78, lire II a paru inopportun de publier ces tableaux avant que ne paraisse l’ouvrage d’A. Rovere, Documenti sulla Maona di Chio dell’Archivio Giustiniani, dont les nombreux documents jusqu’ici inédits rendraient caducs nos tableaux construits à partir de la publication de Ph. P. Argenti, The occupation of Chios, op. cit. Page 267, n. 96, lire R. Callura Cecchetti - G. Luschi - S.M. Zunino, Genova e Spagna nel XIV secolo. Il « drìctus Catalanorum » {1386, 1392-93), Gênes, 1970; S.M. Zunino-N. Dassori, Genova e Spagna nel XV secolo. Il « drictus Catalanorum » (1421, 1453, 1454), Gênes, 1970. Page 273, 1. 20, lire pappates Page 274, 1. 23, lire Tzybos Page 320, 1. 16, lire Gasmoules Page 345, 1. 15, lire Tzybos Page 350, 1. 18 lire rabbin Page 366, 1. 28 lire Monteguardino Page 387, 1. 22, lire jusqu’aux Page 422, 1. 16, lire Caneto Page 460, 1. 25, lire Trilia Page 470, 1. 17, lire et obtinrent de Jean V Page 471, n. 46, lire p. 373. Cet Herchogolbei Page 648, n. 16, 1. 5, lire Pegolotti, p. 289. /